Accueil / Écriture / Blogue ŕ desseins / Articles selon une catégorie
>>> Accčs aux archives
>>> Fil RSS Abonnez-vous au flux RSS


Mardi, le 15 avril 2008
Article supprimé
(...)


Samedi, le 2 juin 2007
Blanche
Blanche, comme la nuit que je viens de passer à terminer un article scientifique tout juste avant la date limite, le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne, et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir le coup et avoir les neurones en Ă©veil, mais je connais trop bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter... contrairement aux Ă©tudiants (ou profs ?) de la Ville Ă©ternelle. Du coup, je me suis dopĂ© aux thĂ©s Ă  la menthe super sucrĂ©s et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite, n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo, la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène du mĂ´me qui les offrait Ă  sa maman. Merde, c’est la fĂŞte des mères demain. Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyĂ©es Ă  bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une de mes sculptures de couleur bronze.


Mardi, le 1er mai 2007
Les bains de lune

Une faible lueur se glisse sous la porte du dortoir. Soucieux de ne pas rĂ©veiller mes compagnons, je m’extrais sans bruit de mon lit pour enfiler chaussettes et baskets. Ă€ dĂ©faut de pouvoir me coiffer, je passe une casquette sur mes cheveux en bataille. ArrivĂ© dans le couloir, je prends conscience de ma mĂ©prise : privĂ© de repères dans l’obscuritĂ© de la chambre, j’ai Ă©tĂ© abusĂ© par la lune et je n’avais pas pu voir Ă  ma montre qu’il n’était que deux heures du matin. Je me sens pourtant en pleine forme et m’étais rĂ©veillĂ© avec l’intention de faire un footing autour du lac avant le petit dĂ©jeuner. Il me faudra cependant encore patienter quelques heures avant l’aube.

Hésitant à retourner me coucher, je remarque à d’infimes détails que parmi les fauteuils organisés en cercle au bout du couloir, celui qui fait face à la fenêtre – et dont je ne distingue que le volumineux dossier de là où je me trouve – semble occupé. Je m’approche, calmement, m’apprêtant à retrouver un ami atteint d’insomnie, mais en prenant place sur un siège voisin, je découvre que la personne, une jeune femme d’une vingtaine d’années, ne m’est pas familière.

Ne dĂ©sirant pas m’imposer Ă  une inconnue auprès de laquelle je me suis assis par erreur, je chuchote un maladroit bonjour et m’apprĂŞte Ă  me relever mais le sourire charmant avec lequel la demoiselle m’accueille a tout lieu d’indiquer que ma compagnie n’a pas l’air de la dĂ©ranger. Elle relève une de ses longues boucles cuivrĂ©es d’un geste gracile qui fait frĂ©mir sa lĂ©gère robe de chambre bordĂ©e de dentelles et me demande d’une voix douce :

« Bonsoir. Vous n’arrivez pas Ă  dormir ?

— Ce n’est pas ça. Je crois que j’ai assez dormi. Je me suis couchĂ© trop tĂ´t et, du coup, je suis complètement dĂ©calĂ©. Sans doute la fatigue accumulĂ©e au cours d’une semaine de travail vraiment Ă©prouvante. Et vous ?

— Je prends un bain de lune. Â»

Elle a raison. Sa ravissante peau de lait n’est pas faite pour le soleil. Si l’astre du jour nous colore d’un hâle d’or, celui de la nuit nous donne-t-il une apparence argentĂ©e ?

« Je ne vous avais pas encore vu. Je croyais que notre groupe Ă©tait le seul Ă  ĂŞtre hĂ©bergĂ© au château cette nuit…

— Oui et non, m’explique-t-elle. Vous êtes les seuls étrangers.

— Ah ! Vous n’êtes pas lĂ  en touriste ? Â»

Notre discussion à voix basse se poursuit des heures durant. J’apprends qu’elle se prénomme Blanche mais tout ce qu’elle me raconte d’autre de sa vie est irréel. Fasciné par son extraordinaire imagination, je joue le jeu et m’interdis de la contredire. Je ne me lasse pas de son étrange accent, de ses expressions désuètes, de sa délicieuse fraîcheur. À l’arrivée des premiers rayons de soleil, elle se lève pour prendre congé.

« Merci de m’avoir tenu compagnie Â», me souffle-t-elle encore en abandonnant un baiser sur ma joue. Un peu pantois, je reste assis seul un moment. L’air se charge de lumière et de chaleur, je me dĂ©cide enfin Ă  sortir du château pour courir le long du lac.

Plus tard, je rejoins mes amis dans la salle à manger. Ce n’est pas Blanche qui nous sert le petit déjeuner. Je suppose qu’elle travaille en cuisine.

Nous retrouvons notre guide qui nous fait visiter les autres pièces du château. Nous déambulons dans le petit musée où sont enfermés les trésors remontant au Moyen Âge, et je m’arrête devant une antique peinture devant laquelle mon regard ne peut s’échapper. La stupeur m’empêche de suivre le début de l’histoire.

« La fille unique du seigneur, abandonnĂ©e par son fiancĂ©, un chevalier aussi beau qu’il Ă©tait cruel, se laissa mourir de chagrin. Avec Blanche s’éteignit la lignĂ©e des De NĂ©restang qui avaient fait du château leur demeure seigneuriale depuis le XIIIe siècle. La lĂ©gende raconte que Blanche passait toutes ses nuits Ă  attendre celui qu’elle aimait, assise face Ă  la fenĂŞtre du donjon. Ă€ sa servante qui la suppliait de rejoindre son lit, elle rĂ©pondait qu’elle prenait un bain de lune, trop honteuse d’avouer un improbable retour. Elle fut retrouvĂ©e morte un petit matin… Â»


© Fabrice MĂ©reste, 2007.

Ce texte a été écrit le dimanche matin, lors de mon atelier d’écriture du week-end dernier, après avoir passé la nuit dans un château. L’inducteur était "le revenant, le spectre, l’incube ou le succube rencontré cette nuit"


Jeudi, le 8 février 2007
HĂ©liophobe
C’est sans doute une histoire de gènes, ou un truc comme ça.
Toujours est-il que, avec ma peau claire, je crains le soleil. Écran total, indice de protection 200 XXL. Et pourtant, ça ne suffit pas. Pour me baigner, lorsque j’avais passĂ© des vacances aux Antilles, j’avais dĂ» garder mon tee-shirt. Vous y croyez, vous ?
Foutus gènes. Je comprends la douleur des albinos.
Et mes yeux... De couleur bleu-gris. Toujours obligé de porter des lunettes noires dès que le moindre rayon parvient à percer les nuages. Il y en a qui disent que je fais ça pour la frime. Les imbéciles, s’ils savaient.
Et mon intolĂ©rance alimentaire. Impossible de manger de la tarte aux poireaux. Et Dieu que ça me donnerait pourtant envie ! Quand je suis au restaurant, je dois toujours veiller au grain pour fuir tous les plats prĂ©sentant de l’oignon ou de l’ail. Ou de l’échalote. Ou de la ciboulette. Un vĂ©ritable casse-tĂŞte. Le tri nĂ©cessaire de ce qui se trouve dans mon assiette. Du coup, par nĂ©cessitĂ©, je suis devenu un expert en cuisine, et vous ne trouverez pas chez moi toutes ces Ă©pices ou ces lĂ©gumes de la famille des liliacĂ©es qui me rendent malade comme un chien.
D’ailleurs, quand je fais la cuisine, j’ai pour habitude de ne pas beaucoup faire cuire la viande. Certains de mes invités la trouvent même crue, à leurs goûts.
Heureusement qu’ils n’ont jamais fait un tour sur Google Image pour voir mon véritable visage.
Dommage pour eux, oui dommage surtout si c’est moi qui trouve leurs viandes et leurs sangs à mon goût.


Dimanche, le 28 janvier 2007
Kikoolol attitude
Ça y est, j’ai ouvert mon SkyBlog site sur MySpace.
C’est amusant, j’ai retrouvé des gens déjà croisés ici ou là dans la vraie vie à l’occasion d’événements en rapport avec l’écriture (Markus Leicht, Sire Cédric, Laurent Queyssi, Fabrice Colin, Mélanie Fazi, Natacha Giordano...) et j’ai fait la connaissance d’autres personnes sympathiques et fort intéressantes.
En plus, comme c’est tout neuf pour moi, j’ai postĂ© quelques billets ces jours derniers :
– Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
– Une justice au royaume pourri du cinĂ©ma ?
– Pourquoi Ă©crire ?
– Mylène et moi
Donc maintenant, j’ai une vĂ©ritable excuse si je suis un peu silencieux sur mon weblog, non ?


Mardi, le 21 novembre 2006
Le week-end de Monsieur Malchance
Jeudi, soirée bien sympa avec chez un couple d’amis... mais le lendemain, avec un cours à 8h00, pas assez de sommeil et un furieux mal de crâne. Du coup, je ne suis pas allé au concert de l’ami chanteur à Lyon. Dommage.
Samedi, réveil avec la bizarre impression qu’il fait très frais. En effet, la chaudière est éteinte, sans possibilité de la rallumer. Pas moyen d’appeler l’agence logement, le week-end sera ainsi sans chauffage ni eau chaude. Gasp.
Samedi midi, je me prĂ©pare un osso buco. La sauce tomate cuit dans une casserole, je me retourne un instant et la casserole – en position instable sur la gazinière – se retrouve par terre, repeignant d’écarlate tout ce que je possède de meubles, murs et sol dans un rayon de deux mètres. Zen, je dĂ©cide de manger ce qui est encore mangeable avant de me mettre Ă  la corvĂ©e nettoyage.
Dimanche matin, les copains avec qui je devais aller voir le Prestige (d’après l’excellent roman éponyme de Christopher Priest) au cinéma me font faux bond. Tant pis pour eux, le film est génial.
Lundi, après m’être douché à l’eau froide, je me mets à mon ordinateur pour travailler un peu avant de partir au boulot. Coupure net d’électricité. Je sors de mon appartement. Des électriciens me disent que c’est normal, qu’ils avaient prévenu les locataires par affiche, mais l’affiche en question a été ôtée par d’autres ouvriers s’occupant de la nouvelle boutique d’en bas.
Au bureau, j’envoie un petit courrier électronique à une amie pour lui rappeler que je fête mon anniversaire bientôt et que son compagnon et elle sont invités. Une heure plus tard, je reçois une réponse laconique de sa part m’indiquant que son petit ami est décédé vendredi et que l’enterrement aura lieu jeudi. Stupeur face à l’horreur de la situation. Se trouver bien coup d’avoir mis aussi sauvagement les pieds dans le plat. Mes petits problèmes du week-end sont soudain si dérisoires...


Mercredi, le 15 novembre 2006
Top chrono, boulot, c’en est fini du dodo !
Le chrono est lancé. Dans un mois, ce sera mon anniversaire, et d’ici là j’aurai envoyé le tapuscrit de mon roman à un éditeur (au futur antérieur, pas au conditionnel, je ne me laisse pas d’échappatoire).
Parce que, il faut se le dire, je vieillis. Si, si. La gentille dame qui organisait les ateliers d’écriture auxquels je participais il y a deux-trois ans ne m’avait pas reconnu, du moins pas avant que je n’ôte mes lunettes de soleil (qu’elle avait d’ailleurs dans les yeux... le soleil, pas les lunettes !).
Samedi dernier, au salon du livre de Lyon, j’ai eu l’occasion de revoir Sire Cédric, auteur aussi sympathique que ses textes fantastiques sont horrifiques, rencontré lui aussi il y a trois ans de cela lors d’une convention de science-fiction. Entre temps, le garçon a publié d’intéressants recueil et roman fantastiques et prend l’apparence d’un vampire lorsqu’il dédicace ses écrits.
Enfin, après ce passage dĂ©cisif Ă  la Poste, l’esprit libĂ©rĂ© de mon roman, pas de temps pour le baby blues : les projets ne manquent pas. Avec mon compère Jean-Jacques, nous reprendrons la suite des aventures du professeur Challenger dans l’univers steampunk que nous avions Ă©laborĂ© dans « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », notre première nouvelle en commun parue il y a – lĂ  aussi ! – trois ans.


Mercredi, le 11 octobre 2006
Je suis... aux anges !

Hier, je suis allĂ© rĂ©cupĂ©rer un colis Ă  la Poste. À l’intĂ©rieur, mes exemplaires d’auteur de l’anthologie dirigĂ©e par A.-F. Ruaud intitulĂ©e les Anges Ă©lectriques, Fiction SpĂ©cial, tome 1, publiĂ©e chez les moutons Ă©lectriques Ă©diteur.
Outre « Des ailes dans la tĂŞte », le très joli (si si !) texte de votre serviteur, vous trouverez des nouvelles de Jean-Pierre Andrevon, Richard Kearns, Jean-Louis Trudel (blog), Kelly Link (site officiel), RenĂ© Beaulieu (blog), Rhys Hughes (blog), Paul Di Filippo (site officiel), Jean-Jacques Girardot, Christian VilĂ , Jamil Nasir, Johan Heliot, Xavier MaumĂ©jean, Fabio Nardini, Sylvie Denis, Roland Fuentès (blog), Andrew Weiner ainsi qu’un article d’AndrĂ©-François Ruaud (blog) et des illustrations de Letizia Goffi et SĂ©bastien Hayez.
Disponible dès maintenant sur le site de l’éditeur et à partir du 27 octobre 2006 en librairie ou ici ou là.


Mardi, le 26 septembre 2006
Historique des événements, la fin d’un mythe
Lorsque j’avais entendu parler pour la première fois des termes « weblog » et « blog », on m’avait dit que cela venait du journal de bord des capitaines de navire qui consignaient tous les Ă©vĂ©nements de la traversĂ©e en mer, avec des calculs, et en particulier des logarithmes. Des logarithmes, donc, d’oĂą log, qui Ă©tait devenu « weblog » avec son usage par des particuliers sur Internet, abrĂ©gĂ© par la suite en « blog ».
Cela m’avait un peu Ă©tonnĂ© car, de formation scientifique, j’imaginais bien que les navigateurs devaient ĂŞtre en mesure d’effectuer des calculs trigonomĂ©triques, mais je ne savais pas trop ce qu’ils auraient pu faire avec des logarithmes. Cette croyance a pourtant persistĂ© jusqu’à la semaine dernière, lorsque je me suis mis Ă  visionner les Ă©pisodes de la sĂ©rie Mystères Ă  Twin Peaks de Mark Frost et David Lynch (oui, je sais, mieux vaut tard que jamais). Alors, me diriez-vous, quel rapport avec la choucroute ? Il se trouve que dans le gĂ©nĂ©rique est crĂ©ditĂ©e une certaine « Log Lady », la fameuse « Femme (ou Dame) Ă  la bĂ»che ». Un petit coup d’œil sur mon dictionnaire français-anglais et je dĂ©couvre que « log » signifie « rondin de bois » dans la langue de Shakespeare. Je suis perplexe : un weblog serait une bĂ»che Ă©lectronique ? Heureusement Wikipedia vient Ă  mon secours. Ce qui Ă©tait consignĂ© par les navigateurs n’étaient pas des logarithmes, mais les vitesses du bateau, exprimĂ©es en nœuds nautiques, vitesses calculĂ©es en jetant par-dessus bord un bouĂ©e – le plus souvent un rondin de bois, un log – Ă  laquelle Ă©tait accrochĂ©e une corde comportant des nœuds Ă  intervalles rĂ©guliers dont le dĂ©roulement Ă©tait chronomĂ©trĂ© avec un sablier (le rapport distance et temps donnant ainsi la vitesse)...


Mercredi, le 30 aoűt 2006
Cinéma d’été
Des quelques films que je suis allé voir cet été, je retiendrai simplement le fait que ce que je préfère, c’est le cinéma français.
La Tourneuse de Pages de Denis Dercourt nous entraĂ®ne dans l’univers d’une vengeance nourrie par des annĂ©es de rancœur. De bonnes trouvailles. De plus, comme le film se dĂ©roule dans le monde de la musique, certaines scènes ont lieu Ă  la Maison de la Radio, ce qui a rappelĂ© de nombreux souvenirs Ă  RĂ©mi, un ami qui m’accompagnait au cinĂ©ma, et qui avait Ă©tĂ© membre du Chœur de Radio France avant de devenir soliste.
Le film que je viens de voir à l’instant, Selon Charlie de Nicole Garcia, est une peinture où se mêlent plusieurs portraits, des hommes un peu perdus, trompés et trompeurs, égratignés par la vie, un clair-obscur de destins croisés.
Mais le rĂ©alisateur dont je me promets de ne plus voir le prochain film, c’est bien M. Night Shyamalan. J’avais adorĂ© l’ingĂ©nieux Sixième sens et Ă©tĂ© intĂ©ressĂ© par Incassable, mĂŞme si j’avais trouvĂ© les idĂ©es vraiment malsaines dans ce dernier film. J’avais pardonnĂ© la navrante reprise champĂŞtre de la Guerre des Mondes qu’est Signes. La tragique utopie du Village m’avait troublĂ©. Mais que dire de la Jeune Fille de l’Eau ? Peut-on prendre un ridicule conte pour enfant au pied de la lettre et l’adapter dans notre monde ? Night pense que oui. Et le scĂ©nario n’est hĂ©las que cela, ce qui est bien dĂ©cevant.


Dimanche, le 23 octobre 2005
Tim, tam, toum
Samedi, je suis allé voir au cinéma Les Noces funèbres de Tim Burton (Tim Burton’s Corpse bride).
RĂ©sultat : un peu plus d’une heure de bonheur dans un univers complètement dĂ©jantĂ©, un conte Ă©tonnant racontĂ© Ă  travers la technique du stop-motion, une folie gĂ©niale que l’on doit, entre autres, Ă ... euh... au rĂ©alisateur Mike Johnson, aux scĂ©naristes John August, Caroline Thompson et Pamela Pettler, Ă  la voix de Johnny Depp (c’était en V.O.), Ă  la musique de l’incomparable Danny Elfman...
Tim, je t’adore. Mais mĂŞme si l’on te considère comme l’un des cinĂ©astes les plus inventifs de sa gĂ©nĂ©ration, mĂŞme si tu as Ă©tĂ© l’un des producteurs du film, mĂŞme si les Noces funèbres se sont faites sur une idĂ©e qui tu as eue avec Carlos Grangel, mĂŞme si tu as participĂ© Ă  la rĂ©alisation, en te mettant autant en avant comme tu l’as fait ici, en allant jusqu’à ajouter ton nom dans le titre du film (car, bien entendu, ce n’est pas Burton qui se marie de manière funèbre !), je me demande...
Dis-moi, Tim, tu n’aurais pas pris un peu le melon ?


Mardi, le 27 septembre 2005
Différences de points de vue et mélange des genres
De la Russie, mes parents m’ont rapportĂ© l’image d’un pays oĂą de superbes Ă©glises orthodoxes cĂ´toient aussi bien des immeubles modernes apparus avec le capitalisme que des lourds bâtiments Ă  l’inesthĂ©tique mais fonctionnelle architecture soviĂ©tique. À Moscou, des bateaux de tourisme voguent sur le canal menant Ă  la Volga, et il semble difficile de passer un jour dans les belles rues de la capitale sans voir une scène de mariage et des limousines. À peu de choses près, j’y retrouvais la vision qu’en avait donnĂ©e CĂ©dric Klapisch dans son film les PoupĂ©es russes.
Mais quand ce sont les Russes qui parlent de leur pays, comme le réalisateur Timur Bekmambetov dans le film Night Watch, le Moscou d’aujourd’hui devient le terrain de chasse des vampires, un lieu où s’affrontent les Forces du Bien et du Mal, où des tourbillons de corbeaux annoncent des événements funestes, et où la sorcellerie est encore toute-puissante...
L’image réfléchie par les miroirs n’est pas celle que l’on trouve dans le regard des autres.


Samedi, le 4 juin 2005
J’aime bien...
Il est des personnages qui ne peuvent pas laisser indifférent. Pour moi, le réalisateur et scénariste Jean-Pierre Jeunet est de ceux-là.
Mercredi dernier, j’ai eu la chance de le voir au cinĂ©ma Le France de Saint-Étienne. De 18 heures au lendemain, rien que du bonheur... Cela a dĂ©butĂ© par les premiers courts mĂ©trages de Jeunet : L’évasion (1978) et Le Manège (1980), des films d’animation oĂą le travail de son complice Marc Caro fait des merveilles et annonce la superbe CitĂ© des Enfants perdus (1995), Pas de repos pour Billy Brakko (1984) et Foutaises (1989), oĂą on retrouve les prĂ©mices d’élĂ©ments qui seront exploitĂ©s dans Delicatessen (1991) et Le fabuleux destin d’AmĂ©lie Poulain (2001).
Ce type est fascinant. On sent bouillonner en lui une crĂ©ativitĂ© extraordinaire. Pour passer d’Alien IV (1997) Ă  AmĂ©lie Poulain, il faut vraiment ĂŞtre un magicien. Et le mĂ©lange des genres, il l’a transcendĂ© dans son dernier film, Un long dimanche de fiançailles, qui mĂŞle avec brio Ă  la fois la romance, le film de guerre et l’enquĂŞte policière.
De Jean-Pierre Jeunet, j’adorais l’œuvre, maintenant je suis aussi admiratif de l’homme, un immense artiste, et un ĂŞtre fondamentalement humain.
Et si vous tenez à voir d’autres créatifs, aux réalisations plus modestes, certes, pensez à faire un tour à Saint-Victor sur Loire. C’est le dernier jour du Fest’Uval Jean Mon’Arts où vous pourrez assister à une multitude de spectacles, de la danse, de la poésie, de la chanson française, de la musique chorale, du trip hop, du rock... et même assister à une exposition où votre serviteur présente quelques une de ses sculptures.



Dimanche, le 12 septembre 2004
Les films de l’été
Impressions subjectives des quelques films que j’ai eu l’occasion de voir lors de ces vacances estivales...
  • J’me sens pas belle de Bernard Jeanjean. Regard intelligent, Ă  la fois tendre et fĂ©roce, sur la vie des trentenaires cĂ©libataires, leurs dĂ©sirs, leurs difficultĂ©s Ă  s’engager dans une relation sentimentale... Meuh non, je ne me sens pas concernĂ©... ;-) À noter les excellentes performances de Marina FoĂŻs (que je n’apprĂ©cie pourtant guère parmi les Robins des Bois) et de Julien Boisselier dans le huis clos d’un appartement parisien.
  • Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. Documentaire engagĂ© sur le prĂ©sident actuel des États-Unis d’AmĂ©rique, son Ă©lection foireuse, ses liens troubles avec les magnats du pĂ©trole saoudiens, le 11 septembre 2001, les interventions en Afghanistan et en Irak. Et dire que Kerry a perdu son avance face Ă  ce type, ça fout froid dans le dos. Indispensable.
  • Shrek 2 de Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon. Le retour de l’ogre vert pĂ©tomane, avec sa fiancĂ©e, son âne... et de nouveaux personnages. L’humour est toujours au rendez-vous, les critiques et parodies aussi. Jubilatoire. Aussi bon que le premier, ce qui n’est pas peu dire.
  • Hellboy de Guillermo Del Toro. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les nazis mĂŞlent sciences et occultisme pour faire revenir des tĂ©nèbres de l’Enfer des dĂ©mons pouvant les aider Ă  vaincre les AlliĂ©s. L’arrivĂ©e des soldats US fait Ă©chouer ce plan... mais un bĂ©bĂ© dĂ©mon (Hellboy) a traversĂ© la porte des deux mondes, et est pris en charge par un scientifique du gouvernement des États-Unis. De nos jours, une organisation dĂ©cide de remettre ça et rĂ©veille un monstre endormi dans une urne d’un musĂ©e. Seul Hellboy et d’autres crĂ©atures mutantes pourront s’opposer Ă  ces derniers. Il s’agit ici d’un bel exemple d’histoire secrète (l’Histoire ne s’est pas dĂ©roulĂ©e exactement comme nous le croyons) reposant sur quelques bases vĂ©ridiques (la sociĂ©tĂ© de ThulĂ©, groupe Ă©sotĂ©rique d’extrĂŞme droite d’oĂą sortirent les chefs de file du parti nazi). Les scènes de combat avec les monstres Ă  la "Spectroman" sont parfois ridicules, le Bien et le Mal sont prĂ©sentĂ©s un peu de façon caricaturale, mais la nature ambiguĂ« d’Hellboy, dĂ©moniaque par essence mais mettant sa force au service des humains, sauve toutefois la vision manichĂ©enne du film. À suivre (oui, la sortie du numĂ©ro 2 est en effet dĂ©jĂ  annoncĂ©e).
  • Le Village de M. Night Shyamalan. Un petit village perdu au milieu de nulle part, avec sa douceur de vivre et ses règles. Tout autour, des bois oĂą vivent "ceux dont on ne parle pas", empĂŞchant par la mĂŞme tout contact hors de la micro-sociĂ©tĂ© du village... Argh, un sixième sens m’avait prĂ©venu de ne pas aller voir ce film. Ce rĂ©alisateur est vraiment malsain. Shyamalan, dans Incassable, dĂ©veloppait la fumeuse thĂ©orie selon laquelle les hommes costauds Ă  mâchoire carrĂ©e sont destinĂ©s Ă  devenir des super-hĂ©ros au service du Bien alors que les ĂŞtres atteints de tares gĂ©nĂ©tiques ne pouvaient qu’être les nĂ©gatifs de ceux-ci, leurs âmes Ă©tant assortie Ă  leurs couleurs de peau. Beurk. Et puis il y a eu le très peu convaincant Signes, prĂ©sentĂ© comme un Independance Day vu d’après des paysans du Middel West perdus dans leurs champs de maĂŻs. Et lĂ , avec le Village, sous le prĂ©texte fallacieux de nous faire peur car le film est annoncĂ© comme un thriller fantastique (ce qui est une sombre escroquerie : il n’y a pas la moindre part d’irrationnel dans tout le film), Shyamalan nous prĂ©sente sans nuance une sociĂ©tĂ© sectaire et les règles (cruelles) qu’elle s’impose pour assurer son existence. Si c’est ça que vous cherchez, regardez plutĂ´t la Plage, c’est plus intelligent, plus beau, et il y a la charmante Virginie Ledoyen (ou Leonardo DiCaprio, si vous prĂ©fĂ©rez). Enfin, c’est dĂ©cidĂ©, je n’irai plus voir un film de M. Night Shyamalan. :-(
  • Le Tour du monde en 80 jours de Frank Coraci. Adaptation (très libre) du roman Ă©ponyme de Jules Verne. Surprise en m’installant dans la salle de cinĂ©, je suis l’un des rares adultes (du moins, qui ne soit pas accompagnĂ© d’un gamin). Je m’étonne de l’intĂ©rĂŞt portĂ© par les mĂ´mes Ă  l’auteur des cĂ©lèbres romans d’"anticipation scientifique". Mais, c’est vrai, il y a Jackie Chan (dans le rĂ´le du domestique français Passe-Partout, si, si !). Pourtant, le film n’en est pas un enchaĂ®nement de combats d’arts martiaux pour autant, le texte de Verne est respectĂ© dans les grandes lignes, avec quelques amĂ©nagements, bien sĂ»r, les clins d’œil Ă  l’Histoire sont nombreux (les rencontres de Phileas Fogg avec Van Gogh, les frères Wright ou la reine Victoria), et la pĂ©tillante CĂ©cile de France rajoute son charme et sa bonne humeur Ă  ce gentil divertissement.
  • Le Roi Arthur de Antoine Fuqua. Ami spectateur qui recherche la lĂ©gende arthurienne, ne va pas voir ce film, tu seras déçu : Arthur est un soldat romain, point de Camelot mais un avant-poste en (Grande-)Bretagne situĂ© au niveau du mur d’Hadrien, la frĂŞle Genièvre est devenue une farouche guerrière (et elle combat avec une espèce de bikini du plus bel effet), le champion Lancelot est un mercenaire Sarmate obligĂ© de se mettre au service de Rome pendant une quinzaine d’annĂ©es, et point de Graal, d’Excalibur ou de magie... Fuqua a essayĂ© de mettre en scène une vision historique plus que lĂ©gendaire du roi Arthur, et mĂŞme si ça ne tient pas la route (les historiens soulignent en effet de criantes invraisemblances historiques et erreurs chronologiques), l’intention est louable et le rĂ©sultat intĂ©ressant. À ceux qui prĂ©fèrent la "vraie" (?) lĂ©gende Ă  cette tentative historisante, je ne peux que conseiller de revoir l’excellent film Excalibur de John Boorman qui n’a pas trop mal vieilli bien qu’il date du tout dĂ©but des annĂ©es 1980...
  • I, robot de Alex Proyas. Dans un futur proche, les robots sont prĂ©sents partout, au service de l’humanitĂ©. Un dĂ©tective enquĂŞte sur l’accident (meurtre ou suicide ?) d’un chercheur en robotique... qui le mène sur la piste d’un robot, machine qui, par construction, est dans l’incapacitĂ© de faire du mal. Gentil film inspirĂ© de l’œuvre d’Asimov, avec quelques dĂ©fauts navrants (comme l’omniprĂ©sence de la publicitĂ© pour des produits curieusement d’aujourd’hui) mais de jolis effets spĂ©ciaux et un scĂ©nario plutĂ´t rĂ©ussi. Attention, le fait de regarder ce film ne vous dispense pas de lire les livres du bon docteur Isaac Asimov ! :-)


  • Mardi, le 16 septembre 2003
    Avis publicitaire : PassĂ©s recomposĂ©s, anthologie uchronique dirigĂ©e par AndrĂ©-François Ruaud
    Samedi matin, je suis allĂ© Ă  la Poste chercher une lettre qui, d’après mon facteur, ne rentrait pas dans la boĂ®te. Effectivement, je venais de recevoir des Éditions Nestiveqnen les exemplaires d’auteur de mon premier texte de fiction publiĂ©.
    Émotions...
    Les uchronies, ainsi que les prĂ©sente l’anthologiste AndrĂ©-François Ruaud, ces sont ces « histoires alternatives », des utopies temporelles. Treize auteurs se sont intĂ©ressĂ©s Ă  ce qu’aurait pu ĂŞtre l’Histoire Ă  partir d’un point de divergence, un Ă©vĂ©nement qui ne s’est pas rĂ©alisĂ© mais qui aurait pu l’être.
    Et si, et si...
    • et si, en l’an 500 de notre ère, l’Égypte des Pharaons avait pu maintenir sa puissance en faisant alliance avec les autres peuples de la MĂ©diterranĂ©e contre Rome ? (« Tels le Jonc et l’Abeille », P.J.G. Mergey) ;
    • et si, en 1618, dans une contrĂ©e perdue d’Autriche, un paysan avait recueilli un ĂŞtre Ă©trange, venu d’on ne sait oĂą, et ayant la curieuse propriĂ©tĂ© de transpirer un gaz hilarant, pour le prĂ©senter Ă  son prince ? (« Quelques Ă©pluchures de politique », Roland Fuentès) ;
    • et si, en 1748, les grands savants, artistes et aventuriers d’Europe s’étaient rĂ©unis Ă  la cour du roi FrĂ©dĂ©ric II pour mettre leurs talents en commun afin de tenter de crĂ©er le nouvel Adam ? (« La VĂ©nus anatomique », Xavier MaumĂ©jean) ;
    • et si, en 1793, les Anglais avaient fait alliance avec des crĂ©atures surnaturelles pour Ă©touffer la jeune RĂ©publique française ? (« Comment Gaby dĂ©livra La Caroline avec l’aide du Triton Garglogote », Marie-Pierre Najman) ;
    • et si, en 1796, le jeune gĂ©nĂ©ral Bonaparte s’était entourĂ© de nouvelles machines de guerre lors de ses conquĂŞtes transalpines ? (« La Rose blanche de Bonaparte », Franco Ricciardiello, traduit par Éric Vial) ;
    • et si, en 1909, une sociĂ©tĂ© de dirigeables, qui avait su gagner sa puissance grâce Ă  une nouvelle source Ă©nergĂ©tique, s’intĂ©ressait de trop près aux travaux prĂ©sentĂ©s Ă  Paris par les plus grands savants du monde entier ? (« Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », Jean-Jacques Girardot & Fabrice MĂ©reste) ;
    • et si, en 1914, Pierre Curie, rescapĂ© d’un accident qui aurait dĂ» le tuer, avait conçu, avec l’aide d’autres savants, une arme formidable pour alerter l’opinion internationale de la catastrophe que serait une guerre mondiale ? (« Pour l’exemple », Jean-Baptiste Capdeboscq) ;
    • et si, en 1920, la France avait pu disposer d’une Ă©nergie de pile Ă  hydrogène et que la Grande Guerre avait dĂ©butĂ© avec quelques annĂ©es de retard ? (« Der des ders », Jean-Jacques RĂ©gnier) ;
    • et si, en 1940, au Mexique, le savoir des Aztèques et les connaissances naissantes en biologie molĂ©culaire avaient pu tenter de ramener Ă  la vie LĂ©on Trotski victime d’un attentat ? (« Le MausolĂ©e de chair », Jonas Lenn) ;
    • et si, en 1968, le monde Ă©tait devenu le terrain d’une guerre entre humains et loups-garous Ă  la suite de la dispersion d’un virus mutagène par l’armĂ©e nazie quelques 23 ans plus tĂ´t ? (« Lupina satanica », RaphaĂ«l Colson) ;
    • et si, en 1993, une grenouille bioamĂ©liorĂ©e pouvait Ă©crire des romans populaires, parler et penser comme un ĂŞtre humain ? (« Neurotwistin’ », Laurent Queyssi) ;
    • et si, en 2121, au large d’Uranus, les armĂ©es rĂ©publicaines de la Terre et des Colonies ÉmancipĂ©es, hĂ©ritières de ceux qui firent tomber l’Empire que Bonaparte avait sĂ» maintenir pendant plus de deux siècles après sa conquĂŞte de la terre des Pyramides, devaient livrer bataille Ă  la puissante flotte des Ramessides, ces extraterrestres qui furent considĂ©rĂ©s par des dieux sous l’Égypte des Pharaons ? (« La StratĂ©gie Alexandre », Ugo Bellagamba).
    En plus, la couverture de Formosa est très jolie :
    Alors, qu’attendez-vous pour courir l’acheter ?!
    PassĂ©s recomposĂ©s, anthologie uchronique dirigĂ©e par AndrĂ©-François Ruaud, collection Science Fantasy, Nestiveqnen Éditions, septembre 2003, ISBN : 2-910899-80-2, 17,70 euros (prix conseillĂ©).


    Dimanche, le 25 mai 2003
    Ah... We are the young Americans
    Samedi matin, devant le cinéma UGC de la rue de la République. La foule. Je me joins à celle-ci et je sors un bouquin.
    Une dame fait une enquête. Elle prend les numéros de téléphone des gens qui, comme moi, patientent.
    « Vous avez l’intention de voir Matrix ? »
    « Certainement pas ! »
    Ma réponse la surprend un peu.
    Mais le premier Matrix m’avait paru comme une Ă©norme bouffonnerie, je n’allais pas me coller la suite sous prĂ©texte que j’aime la science-fiction et le genre cyberpunk. Toutefois, je reconnais que je n’ai peut-ĂŞtre pas vu le premier opus dans des conditions optimales : j’habitais Ă  l’époque dans un foyer parisien occupĂ© par un paquet d’étudiants en informatique, et ces derniers avaient rĂ©cupĂ©rĂ© sur le Net une version pirate de Matrix, filmĂ© dans une salle de cinĂ©ma, avec un son dĂ©plorable et une qualitĂ© d’image laissant Ă  dĂ©sirer (les ombres des tĂŞtes apparaissaient sur le bas de l’écran). De plus, regarder ce film sur le moniteur d’un PC qui a le mauvais goĂ»t de redĂ©marrer lors de la projection, c’est dur, mĂŞme si on peut ensuite se vanter d’avoir vu le film tant attendu quelques semaines avant sa sortie nationale...
    Et comme M. Reloaded est, semble-t-il, un peu moins bien que le premier, je ne m’y suis pas risqué.
    Non, je suis allĂ© voir Dogville de Lars van Trier.
    Un très bon choix ! Trois heures, le double du temps de Matrix Reloaded, et pourtant ce film nous tient en haleine, sans pour autant passer par des effets spĂ©ciaux, des scènes de combat hallucinantes ou des plastiques avantageuses (une Nicole Kidman guère mise en valeur vs. le duo de choc Monica Bellucci & Carrie-Anne Moss).
    Le décor de cette petite ville est minimaliste. Quelques traces de peinture au sol indiquent le nom des rues, délimitent les maisons, figurent le chien. Les bruitages donnent corps à ce vide théâtral.
    L’histoire : en un prologue et sept chapitres, nous dĂ©couvrons la vie d’une petite bourgade perdue dans les Rocheuses, au nom improbable de Dogville, et la vie de ses habitants, au cours des annĂ©es trente. Un soir, des coups de feu se font entendre au loin, et Tom, l’apprenti-auteur et philosophe de la ville, recueille Grace, une jolie jeune femme traquĂ©e par des gangsters. Les habitants de Dogville, sur la proposition de Tom, consentent Ă  cacher Grace et Ă  la faire vivre auprès d’eux en Ă©change de quelques travaux. Grace va tout faire pour que la communautĂ© de ces gens simples l’accepte.
    Critiques : Sublime ! Quel tour de force ! Lars von Trier parvient Ă  peindre ces hommes et ces femmes qui font l’AmĂ©rique avec une terrible sincĂ©ritĂ©, les petits riens qui font leurs vies, leurs valeurs, leur esprit communautaire, leur dĂ©tresse... Il s’agit aussi et surtout d’une allĂ©gorie de la violence humaine, ou comment, malgrĂ© tous nos idĂ©aux, nous finissons toujours par nous en prendre aux plus faibles. Ce n’est pas un film optimiste, certes, mais d’une cruelle luciditĂ©.
    LuciditĂ©, lux... Oui, d’ailleurs, dans ce film, Lars von Trier joue beaucoup sur la lumière, la lumière qui met en valeur la profondeur des personnages, du soleil Ă©clatant de la joie partagĂ©e au cours de la fĂŞte nationale, au clair de lune rĂ©vĂ©lant toute l’horreur des ĂŞtres humains dans la terrible scène finale.
    Dogville est vraiment un film singulier... Allez le voir !


    Dimanche, le 16 février 2003
    Avirtuel sur la vie réelle
    [Message personnel Ă  la personne qui se connecte assez rĂ©gulièrement depuis Stanford.edu... Allez, Nono, reviens sur la liste de diffusion de la Gang ! C’est frustrant de te voir disparaĂ®tre (joli paradoxe) Ă  chaque fois que la discussion devient intĂ©ressante. Fin du message perso.]
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "avenir". Je suis officiellement qualifiĂ© aux fonctions de maĂ®tre de confĂ©rences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir s’accrocher dans la course aux postes...
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "recherche". J’ai reçu les retours du comitĂ© de rĂ©daction d’une revue scientifique internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire. Youpi ! Mon papier est acceptĂ©. Rien de mĂ©chant Ă  corriger sur le plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un native English pour rĂ©gler les problèmes de langue.
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "enseignement". Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai en charge les travaux dirigĂ©s, j’ai indiquĂ© Ă  mes Ă©tudiants de maĂ®trise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet, ces derniers (qui sont très occupĂ©s par leur stage) en ont dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une partie de ma salle de TD et je me suis retournĂ© vers l’autre. Un peu trop vite. Du coup, j’ai vu une Ă©tudiante (fort charmante, ma foi) qui faisait mine de m’embrasser (« M’sieur, on vous adore ! »). Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en faut peu pour ĂŞtre aimĂ©... (euh, youpi ?)
    Nouvelles littĂ©raires. Le numĂ©ro 29 de Bifrost est enfin arrivĂ© dans ma boĂ®te aux lettres. Avec les excuses d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnĂ©e qui n’est autre que la pub pour la CitĂ© du Soleil (et autres rĂ©cits hĂ©liotropes) du frangin Ugo. DĂ©jĂ  presque terminĂ© de lire la revue. Parmi les fictions, une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu très personnel des Utopiales de Nantes par Francis ValĂ©ry, alternant avec des passages de son roman Ă  venir, le Talent ressuscitĂ©, la suite du Talent assassinĂ©. D’ailleurs Francis doit arriver Ă  Lyon ce soir. La semaine prochaine, il est prĂ©vu de passer quelques soirĂ©es sympas en sa compagnie.
    Nouvelles de ma vie d’être humain. CatĂ©gorie "douleur". Je ne sais comment, je me suis fait mal Ă  l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est qu’un bobo ridicule, qui a Ă  peine saignĂ©, qui a presque cicatrisĂ© maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gĂŞnant ! Je me sens vraiment handicapĂ© de la main gauche. Je viens enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait Ă  introduire des aiguilles brĂ»lantes Ă  cet endroit. Brrrr...
    Nouvelles de ma vie de cĂ©libataire. CatĂ©gorie "Saint Valentin". Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous avions prĂ©vu de terminer la soirĂ©e dans un bar après notre habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout Ă©tait prĂ©vu, nous avions l’intention de nous affubler de signes distinctifs tels que des "cœurs Ă  prendre" avec des planches anatomiques de l’organe en question ou des gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche. Pas de très bon goĂ»t, certes, mais il faut bien ça pour lutter face Ă  la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien de tel n’a Ă©tĂ© fait... PYM est retombĂ© dans une phase down, il n’est pas venu Ă  la rando roller, j’ai essayĂ© de l’appeler mais le message sur son rĂ©pondeur donne une bonne idĂ©e de son humeur noire... PYM, arrĂŞte de te regarder le nombril, c’est pas parce que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire Ă  tout le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup tous les deux mois).
    Nouvelles cinĂ©matographiques. CatĂ©gorie "horreur". J’ai vu Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au dĂ©but, j’ai eu peur... mais peur que le film soit un navet car il commence comme un de ces films pour adolescents au scĂ©nario sans surprise. Mais passĂ©es les dix premières minutes oĂą une jeune fille raconte Ă  sa meilleure amie une lĂ©gende urbaine sur laquelle repose l’histoire, le film dĂ©marre comme une enquĂŞte journalistique avec un oppressant fond fantastique. Pas du grand cinĂ©ma, certes, mais le film remplit son rĂ´le : j’étais calĂ© au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
    Nouvelles citoyennes. CatĂ©gorie "je milite". Samedi, 14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans (contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participĂ©es). Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme. J’ai retenu ce message, bien trouvĂ©, Ă©crit sur une pancarte : « Bush, si tu veux du pĂ©trole, viens le chercher sur nos plages ».


    Jeudi, le 9 janvier 2003
    À Wishangton, tombe la pluie plus que de raison
    Non, pas "Washington" la capitale, celle du District de Colombia, mais l’État de Washington, dans le nord-ouest des States, sinon j’aurais dit un truc du genre "Ă€ Wishangton, tombe un avion".

    Bon, bref, je voulais parler d’Un amour d’outremonde de Tommasio Pincio, un roman publiĂ© dans la collection "Lunes d’Encre" de DenoĂ«l, traduit par Éric Vial. Attention, ce bouquin ne sortira que la semaine prochaine en librairie, j’ai eu la faveur de le lire en avant-première (merci Ugo !).

    Homer "Boda" Alienson (le bien nommĂ©) vit sa vie asociale Ă  Aberdeen, un bled paumĂ© de bĂ»cherons, dans l’État de Washington, oĂą il n’arrĂŞte pas de pleuvoir.
    Gamin, Homer collectionne les jouets débiles (lance-soucoupes volantes en plastique et pistolet-laser en fer blanc). Un jour, après avoir visionné un film sur les body-snatchers, il décide d’arrêter de dormir pour ne pas devenir différent (les body-snatchers s’emparant des corps pendant le sommeil).
    Il passe ainsi plus de 18 ans sans dormir, ce qui lui permet entre autre d’obtenir un emploi de gardien de nuit dans la bibliothèque municipale jusqu’au jour oĂą il comprend qu’il est plus simple de gagner sa vie en revendant ses babioles futuristes aux troglodytes coincĂ©s dans la nostalgie.
    Une nuit, il rencontre Kurt, un clochard céleste qui vit sous un pont et qui pêche des poissons dans la rivière empoisonnée. Homer lui parle de son problème d’insomnie et Kurt, qui le comprend, lui donne un sachet "d’arrangement".
    Les années passent, Homer s’arrange de plus en plus, Kurt crée, dans la peinture et la musique et finit par monter un groupe de punk rock qui prend comme nom l’idéal recherché par le bouddhisme.

    Une recherche de l’amour ? Difficile Ă  dire, ces amours prenant l’apparence de Laura Palmer, de l’HĂ©roĂŻne ou de l’extraterrestre Molly.
    Chronique d’une dĂ©chĂ©ance ? Pas vraiment car, quand on part de rien, on peut difficilement aller plus bas.
    Biographie fantasmĂ©e de Kurt Cobain ? Non plus, car, comme il est indiquĂ© en prĂ©face, "dans ce roman, les personnes, les Ă©vĂ©nements et les lieux ne correspondent en aucun cas Ă  des personnes et Ă  des Ă©vĂ©nements du monde rĂ©el. La vĂ©ritĂ© biographique n’existe pas, et mĂŞme si elle existait, nous ne saurions qu’en faire".
    Un livre féroce et drôle.


    Mardi, le 19 novembre 2002
    Avyrel Sifranc (et trois sous...)
    Le Talent assassiné est le dernier roman de Francis Valéry, publié dans la collection "Lune d’Encres" de Denoël (Paris).
    Francis est un auteur de science-fiction, mais pas seulement. Il est aussi critique et essayiste (il a écrit de nombreux bouquins pour les fans des séries télévisées, ainsi qu’un "guide de lecture" SF), auteur pour la jeunesse, éditeur de la revue CyberDreams (hélas disparue aujourd’hui), musicien, bref, un véritable homme-orchestre...
    Ce qui le caractĂ©rise ? Pour avoir un peu discutĂ© avec lui, je dirai : l’identitĂ© d’artiste. Cela agace parfois certains, cette façon d’être et de se dire "je ne suis pas comme tout le monde". Qu’on l’aime ou qu’on le dĂ©teste, mais surtout qu’on ne l’ignore pas. Et Francis ne passe pas inaperçu : c’est un colosse habillĂ© de noir, longs cheveux bruns (avec parfois des ajouts capillaires), ongles souvent vernis de noir, bagues gothiques, parfois du maquillage. Quant Ă  ses propos, il masque une grande sensibilitĂ© par des avis provocants et des prises de position jusqu’au-boutistes.
    Voilà pour le personnage. Quant au Talent assassiné, c’est un roman plus ou moins autobiographique, une somme de réflexions sur l’identité d’auteur et le milieu de l’édition, une enquête policière faisant figure de quête de soi, avec un humour proche du "grand" Desproges.
    Qui plus est, pour ceux qui connaissent un peu le fandom SF, c’est vraiment à mourir de rire car toute ressemblance avec des personnages existants n’est pas que pure coïncidence.
    Un texte décalé, désopilant, délicieux.

    Archives

    Chronologie :

    >>> Amis
    Parce que rien ne vaut le fait d’avoir de bons copains et de partager avec eux des joies simples.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Animaux
    Au sujet de nos amies les bĂŞtes.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Critiques
    Article critique. Point de vue personnel sur une œuvre. Coup de cœur ou coup de gueule.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> CuriositĂ©s linguistiques
    À propos de la langue française ou d’autres langues, dialectes et parlers rĂ©gionaux. RĂ©flexions sur les usages linguistiques de la communautĂ© francophone. Aspects insolites de la langue. Jeux de mots.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Dessin / Arts graphiques et numériques
    Dessins réalisés de manière traditionelle (crayon, stylo, feutre, fusain, pastel, pierre noire ou sanguine, craie, plume, encre de Chine, etc.) ou traités par ordinateur à travers des logiciels d’infographie. Curiosités calligraphiques. Ambigrammes (figures graphiques de mots devenant d’autres mots à partir d’une symétrie ou rotation). Anamorphoses. Peintures. Arts en deux dimensions.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> ÉvĂ©nements / Grands rendez-vous
    Comptes rendus ou programmes de grandes rencontres : conventions, festivals, confĂ©rences et soirĂ©es thĂ©matiques.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Famille
    Parce qu’on est le fils, le frère, le cousin ou le neveu de quelqu’un.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Fantastique
    De tout ce qui a trait Ă  ce genre artistique oĂą intervient le surnaturel.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Films / TĂ©lĂ©vision / VidĂ©o
    À propos des productions artistiques essentiellement visuelles : films (court, moyen ou long mĂ©trage), animations, dessins animĂ©s, mangas, sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, vidĂ©o-clips, etc.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Histoires / LĂ©gendes
    Au sujet de l’Histoire et des histoires. Faits avérés ou non. Mythes.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Humour / Insolite / BĂŞtises
    Impressions insolites. Histoires drĂ´les ou surprenantes. Blagues.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Internet / NTIC / Informatique
    De tout ce qui a trait aux « nouvelles technologies de l’information et de la communication ». Informatique (aspects matĂ©riels et logiciels). Internet, aspects du Web, HTML. MultimĂ©dia.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Livres
    Livres, revues, recueils de nouvelles et anthologies.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Musiques / Radio / Audio
    À propos des productions artistiques essentiellement auditives : musiques, chansons, concerts, opĂ©ras, Ă©missions de radio, etc.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Projets / Avenir
    RĂ©flexions sur le devenir de la Terre ou, plus modestement, de ma petite personne...
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Quiz
    Questionnaires et sondages, le plus souvent ludiques.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Recettes / Gastronomie
    De tout ce qui a trait à l’art culinaire. Recettes de cuisine. Bonnes tables. Grandes bouffes.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Regards sur le monde
    Impressions et réflexions sur notre société.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Science–fiction
    De tout ce qui a trait au genre artistique qui incorpore dans son imaginaire des réflexions scientifiques (plus ou moins poussées). Par excès, si on considère que les mythes et la magie peuvent tenir lieu de science, peut englober le genre fantasy.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Sculptures / Arts plastiques
    Taille de pierres ou modelage, mais aussi peinture, architecture, etc. Expositions. Vernissages. Musées.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Textes de fiction
    Productions littéraires personnelles, de la short short story à la nouvelle.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Tranches de vie
    Impressions à la première personne.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Travaux d’écriture
    Au sujet de l’art d’écrire, que ce soit sous forme romanesque, documentaire ou émotionnelle. Travaux personnels d’écriture en cours. Réflexions d’amis auteurs.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]
    >>> Vie professionnelle
    Au sujet de mon travail d’enseignant-chercheur.
    [voir les 5 derniers articles] ou [voir tous les articles]