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Mercredi, le 9 mai 2018
Intelligence artificielle et salade russe
Hier soir, sur le site de l’Université Lyon 3, a eu lieu le débat de clôture de Pop’Sciences Forum : « Intelligence artificielle, demain commence aujourd’hui ». Après une présentation d’Olivier Nerot sur les difficultés à tracer des frontières entre le vivant et le non-vivant, ce dernier a été rejoint par Jean-Claude Dunyach et Sylvie Allouche pour une table ronde. Après un démarrage troublé par le robot dinosaure de la fille de Nerot, les différents intervenants ont présenté leurs visions du futur de l’IA. Le débat a assez vite dérapé pour passer trop rapidement sur les points intéressants du sujet (qui sont revenus brièvement dans les remarques et les questions de la salle, à la toute fin) pour aborder des sujets assez éloignés tels que le transhumanisme, la notion de singularité ou la vallée dérangeante...
À titre personnel, c’est plutôt le transhumanisme qui me dérange. Je préfère de loin la vision de Joël de Rosnay sur l’hyperhumanisme.
C’est du moins ce que je vise dans mes propres travaux de recherche dans le domaine de l’IA où la finalité est de favoriser la diversité (en particulier au niveau culturel), de croiser les regards (entre les différentes disciplines scientifiques), de s’ouvrir aux autres… bref, d’être plus humain.
Mais bon, cette soirée aura quand même été l’occasion de revoir quelques membres lyonnais de la Gang : Sylvie Lainé et Nicolas Le Breton. Il faut dire que le groupe a un peu explosé avec les départs des uns et des autres aux différents coins de la France (en région parisienne, au sud, au nord, dans l’ouest), voire dans le reste de la francophonie (Suisse, Canada).
Tiens, petit message personnel à celui qui fut le Capitaine de la Gang, le désormais bordelais André-François Ruaud qui travaille dans la traduction de l’anglo-russe des mémoires d’un certain détective : hier après-midi, je n’ai pas pu me rendre chez moi et j’ai dû faire un gros détour parce que le Prince Charles et la duchesse Camilla sont allés faire des dégustations à quelques pas de chez moi, aux Halles Bocuse. Quel rapport avec l’intelligence artificielle ? A priori aucun si ce n’est qu’au cours de son histoire, l’IA a connu de nombreux « hivers ». Un exemple frappant présenté comme un échec de l’IA concernait les problèmes de la traduction automatique (il faut remonter au temps de la guerre froide et à l’époque où la DARPA finançait largement les laboratoires de recherche en IA aux États-Unis). Une phrase en anglais telle que « l’esprit est fort, mais la chair est faible » passée de l’anglais au russe, puis du russe à l’anglais revenait sous la forme de « la vodka est forte, mais la viande est avariée ! »


Mercredi, le 13 septembre 2017
Alien : Covenant, c’est toute ma vie
La semaine dernière, ma vie ressemblait beaucoup trop à Alien : Covenant.
Tout avait commencé par des collègues croisés dans les bureaux. La période des vacances estivales ressemble vraiment à une sorte de grand sommeil dans les habitudes professionnelles, avec au réveil quelques personnes qui ne font plus partie de l’équipe (néanmoins celles-ci connaissent un sort plus enviable que celui du commandant de bord du film de Ridley Scott). Grosse responsabilité sur nos épaules : même si nous ne transportons pas des milliers de passagers en hibernation, nous avons à notre charge des centaines d’étudiants que nous poussons à acquérir un savoir scientifique et technique au cours de cette année universitaire afin qu’ils puissent valider un diplôme, à défaut de s’établir sur une nouvelle planète à terraformer et à coloniser.
Sur le campus, des herbes folles ont envahi les abords des bâtiments, les jardiniers ne se sont pas encore occupés de l’entretien. Cela fait penser au champ de blé laissé à l’abandon sur la planète découverte par le Covenant.
Et soudain, en passant à côté de ces hautes herbes, je me suis fait infecter, à la manière des nano-machines à l’allure de spores du dernier opus en date de la saga Alien.
Essayez d’imaginer un instant qu’un corps étranger entre dans votre oreille et cherche à creuser un chemin jusqu’à votre cerveau... Vous aurez ainsi une petite idée de mon état de panique en rebroussant chemin, affolé, interpelant des collègues afin de trouver de l’aide. Bien entendu, rien n’était visible dans mon oreille, mais le bourdonnement dû à des battements d’ailes contre mon tympan avait de quoi expliquer ma crise. Incompréhension, appel sans succès auprès des pompiers et médecins urgentistes, attente insoutenable... J’ai décidé de régler le problème tout seul, un peu à la manière décrite dans « la Bête à Maît’ Belhomme » (comme quoi, les lectures de l’enseignement secondaire peuvent avoir une utilité inattendue), c’est-à-dire en vidant une bouteille d’eau dans mon oreille. Néanmoins, j’ai eu moins de chance que pour le paysan normand dépeint par Maupassant : la bête semblait toujours vivante et pas décidée à quitter mon oreille. En vitesse, je me suis rendu sur un autre bout du campus afin d’informer les collègues — qui m’attendaient pour un jury — de mon infortune et de mon retard, et j’ai réussi à trouver une infirmière à qui expliquer mon problème. Je me suis donc retrouvé allongé sur un lit d’auscultation, la tête sur le côté, l’oreille remplie de sérum physiologique. Cela a eu pour effet de faire cesser les battements d’ailes, mais pas moyen de sortir l’insecte noyé de mon conduit auditif.
La chemise trempée, j’ai retrouvé mes collègues et j’ai chamboulé l’ordre de passage des soutenances afin de quitter rapidement le campus pour rentrer chez moi et trouver un médecin.
Ce n’est que le lendemain matin que j’ai pu voir mon médecin traitant qui m’a confirmé voir un cadavre d’insecte volant collé à mon tympan. Son extraction avec une pince s’étant avérée à la fois inefficace et très douloureuse, mon médecin a réussi à m’obtenir un rendez-vous avec un spécialiste pour la fin d’après-midi. Les heures se sont écoulées lentement durant toute la journée avec cette gêne jusqu’au moment où j’ai pu voir l’ORL. Un petit coup d’aspirateur dans l’oreille, et hop, en un rien de temps, mon problème était réglé. J’étais soulagé de voir qu’il ne s’agissait que d’une banale mouche, et non d’un des multiples avatars du célèbre xénomorphe.
C’est ici que s’arrêtent les points de comparaison entre ma vie et le film Alien : Covenant.
Ou presque.
Oui, tout comme Peter Weyland, j’effectue des travaux de recherche qui ont des applications dans le domaine de l’intelligence artificielle...


Lundi, le 12 juin 2017
Nice, le gâteau 100 fois bon et la Servante écarlate
En ce moment passe The Handmaid’s Tale, une série télévisée diffusée sur la plateforme de VOD Hulu. J’avais eu l’occasion de voir précédemment La Servante écarlate, le film de Volker Schlöndorff sorti en 1990, mais pas de lire le roman de la Canadienne Margaret Atwood dont le film et la série sont inspirés.
L’univers dystopique est plutôt bien rendu. Il faut dire que, dans la réalité, la montée sournoise du populisme dans le monde politique n’est malheureusement plus aussi invraisemblable qu’elle pouvait l’être dans la fiction, en témoigne le passage des présidents Obama à Trump aux États-Unis (cf. la critique de PILOTE, la chronique série).
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de croiser Margaret Atwood. C’était à Nice, lors du colloque « La science-fiction dans l’histoire, l’histoire dans la science-fiction » co-organisé par l’ami Ugo Bellagamba, en 2005. Margaret Atwood était venue y parler de sa vie et des liens avec la science-fiction.
Lors de cette rencontre, j’étais venu y présenter un article que j’avais écrit avec le compère Jean-Jacques Girardot sur « le Steampunk : une machine littéraire à recycler le passé ». Nous avions conclu notre propos ainsi :
Notre article débutait par une liste, se voulant impressionnante, d’ingrédients, dont la seule accumulation laissait présager du pire. Mais le steampunk n’est pas le Gâteau cent fois bon (Jindra Capek, Le Gâteau cent fois bon, Flammarion, Paris, 1986), il se bonifie avec chaque nouveau condiment, mais aussi avec chaque nouvelle façon de l’accommoder, et se décline aujourd’hui en plus d’un parfum (...).
Le Gâteau 100 fois bon
La référence au Gâteau cent fois bon, un livre pour enfants dont la trame se résume à l’idée que si l’on réalise un gâteau pour des amis, il sera 100 fois meilleur si l’on mélange 100 bons ingrédients, avait échappé à la plupart des auteurs et universitaires présents à ce colloque, dont Margaret Atwood. Je me rappelle ainsi qu’au moment du dîner de gala, j’avais dû raconter à l’assemblée cette histoire, et que cela avait fini par un véritable sketch quand mes paroles étaient simultanément traduites en anglais par Daniel Tron pour l’autrice canadienne.
Voilà pourquoi, dans mon esprit tordu, quand je regarde un épisode de The Handmaid’s Tale, même au moment d’une scène particulièrement dramatique, je ne peux m’empêcher de repenser au rire de Margaret Atwood lorsque j’avais donné la recette de ce gâteau concocté par des animaux. En effet, les pâtissiers amateurs de l’histoire, imaginant qu’en mélangeant ce que chacun préférait (l’os du chien, le ver de terre de la poule, l’herbe tendre de la vache, la carotte du lapin...), ils auraient dû obtenir un gâteau merveilleux... Bien entendu, le résultat culinaire avait déçu leurs attentes car leur mixture s’était avérée immangeable.
La morale de cette histoire ? Je ne sais pas. Tout dépend si on l’applique aux domaines de l’humour, de la cuisine, ou à la politique...


Mercredi, le 28 décembre 2016
Car... de 2016 Ă  1983, 1984
En tapant les premières lettres de « Carrie Fisher », le moteur de recherche m’a proposé « Careless Whisper » de George Michael...
Macabre clin d’œil du destin.
La princesse Leia vient de rejoindre les étoiles peu après le départ de celui qui fut l’incarnation du séducteur à la super-classe de mon adolescence.
La période entre Noël et Nouvel An est toujours pleine de nostalgie et m’anime d’un mélange de sentiments excessifs et contradictoires, les retrouvailles familiales avec les différentes générations faisant écho aux différents âges de ma vie. Mais cette année, ça fait beaucoup.
Je me rappelle que pour mes dix ans, ma mère m’avait accompagné au train se rendant à la ville. Alors qu’elle allait faire des courses avant Noël, j’allais —  pour la première fois ! — voir un film tout seul au cinéma. Sur le quai de la gare, j’avais rencontré une fille de mon club de judo qui, âgée d’un an de plus, était déjà au collège. Avec des copines, elle se rendait également au cinéma.
« Tu vas aussi voir E.T. ? » avais-je demandé avec candeur.
« Euh, non. On va voir La Boum ! »
À ce moment-là, j’avais compris que même si je me sentais grand d’avoir un âge à deux chiffres, j’étais encore un petit garçon par rapport aux centres d’intérêt de ces fraîches adolescentes...
Ma chambre comportait des photos de fusées, de satellites et des dessins d’artistes du projet de la navette spatiale européenne Hermès. Ce n’est que plus tard que j’ai punaisé un poster de George Michael dans ma chambre, essayant de copier l’allure et la coiffure du chanteur britannique, mes cheveux naturellement blonds n’ayant pas besoin d’être décolorés ; je ne savais pas encore que, chez cet artiste, la séduction auprès de la gent féminine était aussi factice que sa couleur de cheveux... Combien de slows ai-je dansés sur la musique de Careless Whisper et de son troublant solo de saxophone, tombant souvent amoureux de mes cavalières, ou sur les accords de guitare de Purple Rain de Prince ? Les années 1983 et 1984 virent aussi la sortie du Retour du Jedi dans les salles. Et de Let’s Dance de David Bowie dans les bacs. Et d’Hallelujah de Leonard Cohen sur son album Various Positions.
Durant cette année 2016, vilaine Faucheuse, tu n’as vraiment pas chômé. Puisses-tu te calmer un peu pour 2017...


Dimanche, le 15 mai 2016
Intergalactiques de Lyon 2016
Cette année, mon passage aux Intergalactiques de Lyon aura été très bref, limité au seul samedi après-midi. J’arrive à l’ENS, amphi Charles Mérieux, on fouille mon sac, je récupère mon bracelet vert d’inscrit à l’accueil : bizarre de venir en ce lieu pour un événement SF alors que je me rends ici de temps à autre pour des rendez-vous professionnels.

Le hall est occupé par les exposants. Je rencontre Olivier Paquet, j’aperçois Jean-Claude Dunyach (sans masque de troll) qui s’en va déjeuner, je viens saluer Markus Leicht, de la librairie Temps-Livres, toujours fidèle au poste, et je vois Jérôme Vincent reprendre sa place au stand des Indés de l’imaginaire armé d’un sandwich... La conférence d’ouverture débute à 13h30, dans 10 minutes, j’entre alors dans l’amphithéâtre et je m’installe dans un des fauteuils, pas trop loin de la scène. Je remarque Sylvie Lainé et Dominique Douay prendre leurs places à quelques rangs devant moi. Trois anglophones viennent s’assurer que c’est bien là qu’aura lieu la conférence et vont s’asseoir à quelques places, à ma gauche. Leurs têtes me disent quelque chose. Je rallume mon téléphone portable pour vérifier la liste des invités : ce sont Peter F. Hamilton, Alastair Reynolds et Paul J. McAuley...
Dans mon sac, j’ai rapporté quelques exemplaires de ma bibliothèque : des ouvrages de Christopher Priest (L’Archipel du rêve, La Machine à explorer l’espace et son Livre d’or en Pocket), mais aussi l’anthologie Destination 3001 dirigée par Robert Silverberg et Jacques Chambon (sortie en 2000 chez Flammarion) avec Priest, mais aussi Paul McAuley. Et ce dernier est là, juste à côté. Comment dit-on « dédicace » en anglais ?
Je regarde la couverture de Destination 3001 dont la typographie était reprise du texte d’ouverture de la saga Star Wars. Pincement au cœur : la liste alphabétique des auteurs commence par Ayerdhal et se termine par Roland C. Wagner, deux personnes dont j’ai lu et aimé les textes, deux très grands de la science-fiction d’expression française qui ont su rester accessibles et avec qui j’avais eu l’occasion d’échanger quelques mots et de déjeuner en compagnie de la Gang, lors d’une édition du festival de la science-fiction de Roanne pour le premier ou d’une convention nationale française de science-fiction dans le sud de la France pour l’autre. Deux auteurs qui m’ont tant apporté, le militantisme et l’engagement écologique dans Demain, une oasis, l’humour et l’imagination débridée dans la conception de l’IA (aya) Gloria dans la série des Futurs Mystères de Paris. Yal et Roland, vous nous manquez tant...


Christopher Priest et Stéphane, le traducteur, entrent sur la scène. Un Julien Pouget — que la Nuit des Séries (sans sommeil) n’a pas laissé au meilleur de sa forme — nous présente Priest et les tables rondes à venir.
Aux premiers mots de Priest débutant sa conférence par l’évocation de ses souvenirs d’enfant en période de guerre, l’incipit du Monde inverti (« J’avais atteint l’âge de mille kilomètres ») me revient en mémoire, des mots qui m’avaient amené à reconsidérer les notions d’espace et de temps. Je crois que c’était Sylvie qui m’avait fait découvrir Priest. Puis, surprise : les souvenirs très précis du vrombissement des avions, du visage angoissé de sa mère ou du lieu exigu sous l’escalier où ils s’étaient protégés n’étaient que des fabrications de son esprit : Priest n’avait pu connaître les bombardements des grandes villes par l’aviation allemande durant la Deuxième guerre mondiale car il n’est né qu’en 1943 et vivait en banlieue de Manchester, au nord-ouest de l’Angleterre, loin du lieu où les bombes étaient tombées, et ces bombardements avaient cessé au printemps 1941. Introduite par cet exemple de faux souvenir, « Reality, Memory and Doubt », la conférence de Priest se poursuit, pleine de réflexions intéressantes sur l’imaginaire, les jeux sur les points de vue. Je comprends mieux comment l’auteur du Prestige a construit son roman et peint avec un tel brio l’histoire de la rivalité entre les deux prestidigitateurs Alfred Borden et Rupert Angier.


Première table ronde : « De l’empire britannique à l’imperium galactique ? »
Intervenants : Peter Hamilton, Alastair Reynolds et Sara Doke ; modérateur : Anudar Bruseis. L’empire galactique est une constante du genre space opera. Des parallèles entre la Grande-Bretagne, du temps où elle était un empire sur lequel ne se couchait jamais le soleil, et un éventuel empire galactique ?
Points de vue et visions optimistes ou pessimistes s’enchaînent.
Sara (dont j’apprécie le travail de traduction des œuvres de Paolo Bacigalupi, un de mes coups de cœur de ces dernières années) sursaute aux maladresses de Stéphane : le cycle « culturel » (sic) de Ian Banks au lieu du cycle de la Culture ou le « guide pour auto-stoppeur de la galaxie » au lieu du Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. Un empire, ou au moins une structure fédératrice de nations, nécessite un partage de valeurs communes... mais comment tenir compte des spécificités des minorités ? Ce questionnement me renvoie aux réflexions qui avaient longtemps trotté dans ma tête à la suite de la lecture de la Notion de génocide nécessaire de Thomas Day, au milieu des années 2000. Question toujours d’actualité, en témoigne la récente victoire de l’Ukrainienne Jamala à l’Eurovision et sa chanson évoquant le drame de la population tatare de Crimée en 1944, et faisant évidemment écho au conflit toujours présent entre l’Ukraine et la Russie...



Deuxième table ronde de l’après-midi sur un sujet apparemment plus léger : « Jamais sans ma serviette, l’humour dans la science-fiction britannique » avec comme intervenants les auteurs Catherine Dufour et Jean-Claude Dunyach ainsi que Nicolas Botti (promoteur de l’œuvre de Douglas Adams en France), et comme modérateur François « Le-Fossoyeur-de-films » Theurel.
Jean-Claude Dunyach cabotine un peu, Catherine Dufour parle des Annales du Disque-monde de Terry Pratchett, Nicolas Botti parle de H2G2, et avec Sylvie Lainé assise à mes côtés, nous échangeons quelques bons mots.
Pour Jean-Claude Dunyach, l’humour anglais est issu d’une élite (les humoristes ayant fait leurs classes dans les universités de Cambridge ou d’Oxford), ce qui fait que les humoristes sont mieux acceptés par la classe dirigeante qu’en France, c’est aussi un humour qui joue sur l’autodérision et qui n’a pas de limite (il illustre ses propos notamment par la série télévisée Black Mirror et son épisode pilote The National Anthem) ; Nicolas Botti évoque aussi un humour plus trash et plus populaire apparu à la suite des années Thatcher ; Catherine Dufour raconte comment les Monty Python et leur Vie de Brian ont forgé sa conscience politique et lui ont fait comprendre l’inanité de certaines formes de militantisme.
L’humour anglais passe-t-il en françaisa ? Nicolas Botti en veut à Jean Bonnefoy d’avoir mis dans ses traductions des jeux de mots graveleux qui n’étaient pas présents dans le texte originel de Douglas Adams, Catherine Dufour au contraire défend l’idée que le travail de traduction est une œuvre de création et cite, en plus de Poe traduit par Baudelaire, l’exemple, chez Pratchett, d’un elfe ressemblant à s’y méprendre à un chanteur rock ’n’ roll bien connu : he looks Elvish (pour « il avait l’air elfique/Elvis ») et qui, en français, avait été traduit par quelque chose comme « il avait l’air presque laid ».
Références de livres, de films et de séries télévisées s’enchaînent et terminent sur la façon dont l’humour britannique a imprégné la culture française...

Je ressors de cette table ronde un peu assommé. L’absurde et l’humour anglais ont quelque chose de désespéré. Il est presque 18h00... Je me sens soudain très seul. Les personnes que je voulais voir sont parties ou occupées. Tant pis, je n’aurais pas de dédicace. Tant pis, je n’aurais pas eu l’occasion de saluer des personnes que je n’ai plus vues depuis des années et avec lesquelles je ne suis plus lié qu’à travers le faible lien des réseaux sociaux virtuels. Morose, je ne me sens plus trop faisant partie de cet univers. Je rallume mon téléphone. Ma femme a essayé de me joindre. Mes enfants s’amusent à l’aire de jeux. Je prends le tramway pour les rejoindre... et retrouver une vie normale.


Samedi, le 23 mai 2015
Adoptez un Artiste !
Il y a bientĂ´t 13 ans, je crĂ©ais mon weblog (appelĂ© Ă  l’époque « Avis singuliers ») et mon deuxième billet concernait le dernier ouvrage de l’artiste multiforme (auteur, directeur de collection, compositeur, multi-instrumentiste...) Francis ValĂ©ry.
Depuis, Francis a connu des hauts et pas mal de bas, jusqu’à ne presque plus écrire de fiction, et il fallait suivre ses carnets sur le Journal d’un Homme des Bois pour avoir quelques nouvelles de ses activités.
Mais le Cousin Francis se remet Ă  Ă©crire ! Alors, pas d’hĂ©sitation : soutenez son beau projet, il en a vraiment besoin, en allant voir ici et en renvoyant le formulaire lĂ .
Merci Ă  vous !


Lundi, le 19 novembre 2012
L’IA, les robots et moi (créateurs, créatures, et cætera)
Il y a 10 ans, je venais de crĂ©er ce blogue. À cette Ă©poque, je m’apprĂŞtais Ă  soutenir une thèse dans un domaine dĂ©rivĂ© de l’intelligence artificielle et je me posais des questions sur mon avenir. Dix ans plus tard, je suis toujours autant intĂ©ressĂ© par l’intelligence artificielle et mon mĂ©tier d’enseignant et chercheur me permet de faire de jolies rencontres, comme revoir le mois dernier lors d’une confĂ©rence quelqu’un qui avait Ă©tĂ© l’auteur d’un essai fondamental sur l’IA que j’avais lu avec passion dans mes premières annĂ©es d’études universitaires, puis, bien des annĂ©es plus tard, avait Ă©tĂ© un de mes professeurs du temps oĂą j’étais encore un Ă©tudiant parisien, et qui est dĂ©sormais un collègue. Il m’avait alors confiĂ© qu’il devait participer en tant qu’invitĂ© aux dernières Utopiales afin d’intervenir sur une table ronde dĂ©diĂ©e au sujet des morales humaines et lois robotiques dans l’œuvre d’Isaac Asimov...
En mars 2012 s’était dĂ©roulĂ© Ă  Lyon le sommet europĂ©en de robotique « InnoRobo ». Mon intĂ©rĂŞt pour l’intelligence artificielle (l’IA) et la robotique ne date pas d’hier : tout jeune adolescent, j’étais dĂ©jĂ  fascinĂ© par les œuvres de science-fiction Ă©voquant des crĂ©atures artificielles, qu’il s’agĂ®t de grosses machines avec de simples boutons lumineux clignotants – comme le « Colossus » du film le Cerveau d’acier de Joseph Sargent sorti en 1970 (et adaptĂ© du roman Colossus de Dennis Feltham Jones) –, de robots vaguement humanoĂŻdes – comme « Robby » de la Planète interdite de Fred McLeod Wilcox en 1956 –, ou que les machines fussent si semblables aux ĂŞtres humains que seuls des tests très poussĂ©s permettaient de les distinguer de nous – comme les « rĂ©plicants » dans Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982 (adaptĂ© des AndroĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques ? de Philip K. Dick).
J’éprouvais dĂ©jĂ  pour les crĂ©atures artificielles une rĂ©elle fascination, un mĂ©lange curieux d’admiration et de crainte, que je dois Ă  la tradition judĂ©o-chrĂ©tienne et Ă  l’hĂ©ritage culturel grĂ©co-romain qui m’ont façonnĂ©. Or c’est peu dire que la Bible n’est pas tendre avec ceux qui se permettent de rĂ©aliser des crĂ©ations qui nous ressemblent, car cet art est rĂ©servĂ© Ă  Dieu seul : « Dieu crĂ©a l’homme Ă  son image, il le crĂ©a Ă  l’image de Dieu, il crĂ©a l’homme et la femme. » (Genèse 1:26). L’Ancien Testament est bourrĂ© d’interdits sur la rĂ©alisation de crĂ©ations nous ressemblant : « Tu ne te feras point d’image taillĂ©e, ni de reprĂ©sentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre » (Exode 20:4, mais on retrouve des propos similaires aussi en LĂ©vitique 26:1, en DeutĂ©ronome 4:25 ou 5:8, etc.). À ce propos, je devrais aussi m’interroger pour mon attrait pour les arts plastiques, et en particulier pour la sculpture et le modelage de l’argile... Dans la mythologie grecque, le destin est tragique pour l’être lĂ©gendaire qui aurait Ă©tĂ© Ă  l’origine de l’humanitĂ©, Ă  savoir le Titan PromĂ©thĂ©e. Après avoir crĂ©Ă© les hommes Ă  partir d’argile et d’eau, il vole le Feu de l’Olympe (symbolisant la connaissance) aux dieux pour en faire don aux hommes, dĂ©clenchant le courroux des dieux qui l’enchaĂ®nèrent Ă  un rocher oĂą un aigle venait chaque jour lui dĂ©vorer le foie.
De fait, les histoires de créatures intelligentes se terminent mal, en général, et les créateurs qui osent braver l’interdit sont remis à leurs places de simples mortels le plus souvent de manière très cruelle.
Les premières crĂ©atures appelĂ©es « robots », qui sont plutĂ´t des androĂŻdes, sont celles que l’on retrouve dans la pièce de théâtre R.U.R. de l’auteur tchèque Karel Capek... Je pense que ce n’est pas trop dĂ©florer l’histoire que de dire que, Ă  la fin de la pièce, les robots se rĂ©voltent et finissent par anĂ©antir l’humanitĂ©.
Les crĂ©atures artificielles qui ressemblent Ă  l’homme, on en retrouve aussi des traces dans la tradition juive avec le Golem, ce « second Adam » d’argile prenant vie par le pouvoir magique du rabbin le Maharal de Prague. En dĂ©truisant le Golem, le rabbin aurait Ă©tĂ© Ă©crasĂ© par la masse de sa crĂ©ature.
Dans Frankenstein ou le PromĂ©thĂ©e moderne, Ă©crit en 1818 par Mary Shelley, la science reprend la place qu’occupait auparavant la magie, et on sent dans ce texte que l’arrivĂ©e de l’électricitĂ© permettait d’imaginer toute forme de pouvoirs, dont celui de donner vie Ă  une crĂ©ature composĂ©e de parties de corps humains dĂ©cĂ©dĂ©s. LĂ  encore, le rĂ©cit se termine par la mort du crĂ©ateur (qui traquait sa crĂ©ature qui ne faisait que semer la dĂ©solation autour d’elle), et l’horreur inspirĂ©e par cette histoire Ă©tait telle qu’une confusion a fini par s’établir entre la crĂ©ature et le crĂ©ateur, « Frankenstein » dĂ©signant pour la plupart des gens le monstre au lieu du scientifique qui Ă©tait parvenu Ă  crĂ©er une telle abomination.
Au moment oĂą l’homme mettait le pied sur la Lune, Stanley Kubrick sortait son film 2001, l’OdyssĂ©e de l’espace (au scĂ©nario inspirĂ© de nouvelles Ă©crites par Arthur C. Clarke). Le vaisseau spatial Ă©tait assistĂ© par une intelligence artificielle appelĂ©e HAL 9000. Les astronautes, comprenant que l’IA Ă©tait en train de dĂ©railler, avaient dĂ©cidĂ© de la dĂ©sactiver... mais celle-ci, ayant pu lire leurs intensions sur les lèvres, avait essayĂ© de les supprimer.
On peut noter que la seule manifestation de HAL, outre sa voix et son contrĂ´le du vaisseau spatial, est son œil rouge, nĂ©cessairement menaçant, comme l’est celui du robot Terminator quand il est dĂ©barrassĂ© de son enveloppe humaine.
Dans la saga des films Terminator, dont le premier volet avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par James Cameron en 1984, le concept est toujours le mĂŞme – des mĂ©chants robots viennent pour dĂ©truire l’humanitĂ© et il ne reste qu’une poignĂ©e d’humains pour lutter contre les machines – mais l’histoire se complique par des voyages dans le temps pour revenir dans le passĂ© afin de changer l’issue de cette bataille. Suivant les Ă©pisodes, le Terminator venait du futur soit pour tuer le leader de la rĂ©volution, soit pour le protĂ©ger.
Dans les annĂ©es 1970 et 1980, mĂŞme si on rencontrait en Occident des robots moins mĂ©chants (comme « R2D2 » et « C6PO » de la saga la Guerre des Ă©toiles), c’était surtout les influences orientales (oĂą le robot est vu plutĂ´t comme un compagnon que comme une crĂ©ature soumise Ă  un maĂ®tre) qui vinrent changer le regard que nous portions sur les crĂ©atures artificielles, comme Astro le petit robot (Astroboy dans sa version originale japonaise) ou « Nono » de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e d’animation franco-nippone Ulysse 31.
On commençait Ă  faire apparaĂ®tre des robots plus gentils Ă  partir du moment oĂą ces derniers devenaient plus « humains », ou en tout cas quand ils perdaient un peu de leur rationalitĂ© initiale au profit de l’émotion. On trouvait ainsi « Johnny 5 », dans Short Circuit de John Badham, sorti en 1986, qui est un exemple intĂ©ressant de recyclage de la crĂ©ature de Frankenstein. C’est Ă  nouveau l’électricitĂ© qui provoque la vie en changeant un robot militaire et en lui donnant des capacitĂ©s Ă©motionnelles que l’on ne retrouve pas chez les artefacts ordinaires. Le robot est considĂ©rĂ© comme Ă©tant un humain parce qu’il est capable d’avoir de la sensibilitĂ© et de l’humour.
Bien plus tard, il y eu aussi « Andrew », le robot domestique de l’Homme bicentenaire de Chris Columbus, sorti en 1999, et adaptĂ© de la nouvelle Ă©ponyme d’Isaac Asimov. Tout au long des deux siècles oĂą se dĂ©roule cette histoire, le robot Ă©volue, il subit des modifications qui le font paraĂ®tre de plus en plus humain, et ce dernier se bat juridiquement pour chercher Ă  ĂŞtre reconnu comme un ĂŞtre humain Ă  part entière par l’humanitĂ©. Il y parvient au moment oĂą il acquiert enfin une caractĂ©ristique essentielle pour tout ĂŞtre vivant, c’est-Ă -dire la possibilitĂ© de mourir...
C’est d’ailleurs intĂ©ressant de voir que, dans les œuvres de fiction traitant de l’intelligence artificielle, les oppositions de base entre la vie et la mort, le crĂ©ateur et sa crĂ©ature, l’amour et la haine, ou le fait de donner la vie ou de tuer semblent perdre leurs frontières pour se mĂŞler, car on a un peu l’impression qu’une crĂ©ature artificielle ne peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme intelligente que si elle est aussi vivante, et que donc elle a aussi la capacitĂ© Ă  mourir. C’est ainsi que Frankenstein finit par se faire tuer par sa crĂ©ature, ou que Tyrell, le crĂ©ateur des rĂ©plicants de Blade Runner, se fait Ă©craser la tĂŞte après un baiser de la mort donnĂ© par une de ses crĂ©atures qui souhaitait l’obliger Ă  modifier son caractère gĂ©nĂ©tique afin de prolonger sa durĂ©e de vie...
Ces jeux curieux entre la vie et la mort, la crĂ©ature et son crĂ©ateur, le fait de donner la vie et de tuer se retrouvent chez ce mĂŞme rĂ©alisateur qu’est Ridley Scott dans d’autres œuvres cinĂ©matographiques. DĂ©jĂ , dans le premier Alien sorti en 1979, on rencontre, en plus d’une intelligence artificielle assez basique chargĂ©e de piloter le vaisseau spatial et appelĂ©e « Maman », un androĂŻde cachĂ© parmi les humains appelĂ© « Ash ». Sans vouloir interprĂ©ter tout de façon freudienne, il est difficile de manquer dans ce film les jeux multiples sur la reproduction et la sexualitĂ©, avec une certaine obsession pour l’orifice buccal : les ĂŞtres humains sont contaminĂ©s par les aliens qui leur pondent un fœtus de crĂ©ature dans la bouche, les aliens sont pourvus d’une tĂŞte phalloĂŻde ainsi que d’une deuxième bouche rĂ©tractile dans leur bouche, l’androĂŻde Ash cherche Ă  Ă©touffer Ripley en lui introduisant un magazine dans la bouche en une parodie de scène de fellation, les androĂŻdes sont des machines dont les circuits sont alimentĂ©s par un liquide blanc et gluant...
On dirait vraiment que ces idĂ©es hantent le rĂ©alisateur amĂ©ricain car dans Prometheus, son dernier film en date, ces obsessions sur les modes de reproduction et sur l’artificiel sont encore plus criantes : si les machines androĂŻdes sont des crĂ©ations des humains, nous, les ĂŞtres humains, serions les crĂ©ations d’une espèce extra-terrestre appelĂ©e les « IngĂ©nieurs » ; l’origine de la vie sur Terre serait due au sacrifice d’un IngĂ©nieur qui aurait mĂŞlĂ© l’ADN de son organisme Ă  l’eau Ă  travers l’action de nanorobots ; ces mĂŞmes nanorobots seraient capables de contaminer un ĂŞtre humain pour le transformer en crĂ©ature zombiesque parvenant Ă  fĂ©conder une femme stĂ©rile ; un IngĂ©nieur sorti de son hibernation cherchera Ă  dĂ©truire les humains que son espèce est parvenue Ă  crĂ©er... Cette fois-ci, les monstrueuses crĂ©atures, ce sont nous, et nos crĂ©ateurs cherchent Ă  nous dĂ©truire comme avait tentĂ© de le faire le Docteur Frankenstein.
Sans dresser une liste exhaustive des œuvres de fiction (cinĂ©matographiques) oĂą sont prĂ©sentĂ©es des intelligences artificielles et leurs incarnations sous forme de robot (j’aurais pu parler d’I, Robot d’Alex Proyas qui est sorti en 2004 ou d’A.I. de Steven Spielberg qui est sorti en 2001), je crois que l’une des visions les plus rĂ©alistes mais nĂ©anmoins tordues qui soient sur les liens entre la nature et l’artificiel, le modèle et sa copie, se rencontrent dans le du film de science-fiction franco-espagnol Eva rĂ©alisĂ© par Kike MaĂ­llo et sorti en 2011 oĂą se mĂŞlent les sentiments humains d’amour, de jalousie et de haine dans un monde de petits gĂ©nies de l’intelligence artificielle et de la robotique.
Enfin, pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là. Les robots que j’ai croisés au mois de mars de cette année sont plein de potentialités en terme de capteurs et de capacités d’action mais, à mon sens, ils sont encore loin d’être dotés de programmes pouvant leur donner un semblant de comportement intelligent...
Nao
« Nao » d’Aldebaran Robotics

Reeti
« Reeti » de Robopec

RoboThespian
« RoboThespian » de Engineered Arts Limited




Lundi, le 20 aoűt 2012
IA et SF
En ce moment, je suis en train de lire Zendegi de Greg Egan. Le mystérieux et très discret écrivain australien de hard science est aussi l’auteur de quelques articles scientifiques, en particulier dans le domaine de la physique (et plus particulièrement en relativité générale et en cosmologie quantique, comme cet article dont le sens m’a largement échappé).
J’avoue avoir un net penchant pour les œuvres de fiction qui essaient de s’intĂ©resser de très près aux avancĂ©es scientifiques et technologiques et qui cherchent Ă  voir quelles pourraient ĂŞtre leurs implications sur la sociĂ©tĂ©, en poussant ces avancĂ©es Ă  leurs limites, genre dans lequel excelle Egan mĂŞme si cela donne parfois Ă  la lecture de ses textes une certaine âpretĂ©.
Le premier auteur à m’avoir ainsi touché est sans conteste René Barjavel, dont la culture scientifique restait modeste, mais qui avait d’extraordinaires capacités d’imagination et qui s’est fait le spécialiste de la thématique de la fin du monde.
J’ai découvert Barjavel lors de mes années au collège, mais l’auteur qui m’avait le plus marqué à la fin du lycée est Jean-Michel Truong qui, en plus d’être auteur de fictions et d’essais, est aussi un expert en intelligence artificielle. Son roman Reproduction interdite, paru en 1988, m’avait fait une impression durable, d’une part parce qu’il était le premier du genre sur le clonage humain, d’autre part parce qu’il se déroulait en Alsace, lieu natal de l’auteur et où j’ai moi-même vécu mon enfance, mais encore parce qu’on y découvrait de manière finement décrite le système expert (un outil d’intelligence artificielle) utilisé par le personnage principal pour mener son enquête. J’avoue avoir été moins intéressé par son roman le Successeur de pierre, paru en 1999, car l’auteur y poussait loin, et peut-être trop loin à mon goût, ses idées post-humanistes.
La semaine dernière, le 15 aoĂ»t 2012, nous quittait l’auteur Harry Harrison. Connu notamment pour son roman dystopique Soleil vert, paru en 1966, et adaptĂ© au cinĂ©ma par Richard Fleischer en 1973, il avait aussi Ă©crit en collaboration avec Marvin Minsky, un des « pape de l’IA » le roman Le problème de Turing en 1992. Ce roman d’aventures science-fictives avait le don de plonger le lecteur au cœur des mystères de l’intelligence, artificielle ou non, et s’avĂ©rait ĂŞtre un mariage vraiment rĂ©ussi entre la science et la fiction, une rencontre bien trop rare et si prĂ©cieuse...


Vendredi, le 10 aoűt 2012
En souvenir d’un auteur de SFF mutant
Dimanche dernier, Roland C. Wagner nous quittait. Je pensais ne reprendre ce blogue que pour annoncer une naissance, et c’est finalement pour parler d’une disparition que je reviens ici...
Roland est le tout premier auteur de science-fiction que j’aie rencontrĂ©. C’était en 1998, j’étais alors Ă©tudiant dans la capitale, et je dĂ©couvrais la faune curieuse du fandom SF lors d’un Ă©vĂ©nement parisien (le festival Visions du Futur ? les Rencontres du Club PrĂ©sence d’Esprit ?) au cours duquel Laurent Kloetzer (*) se voyait remettre le prix Julia-Verlanger. Une amie m’avait fait venir Ă  cette manifestation et me prĂ©sentait Ă  tout un tas de gens en tant que « Fabrice », un jeune auteur qui devait sortir un roman dans la collection Abysses aux Éditions du Masque, et nous n’imaginions pas que cette collection s’arrĂŞterait peu de temps après sans avoir eu le temps de me publier. DĂ©tail amusant, les personnes rencontrĂ©es me prenaient souvent pour Fabrice Colin (*) car nous avons le mĂŞme âge en plus du mĂŞme prĂ©nom. C’est donc lĂ  que j’ai croisĂ© Laurent Genefort dont j’avais lu les Chasseurs de sève ainsi que Roland C. Wagner dont je n’avais encore rien lu.
En 1999, je quittais Paris pour Lyon. J’ai fait la connaissance d’AndrĂ©-François Ruaud (*) et j’ai Ă©tĂ© adoptĂ© par la Gang. Les annĂ©es du tournant du siècle et du millĂ©naire ont Ă©tĂ© extraordinairement riches en rencontres et en dĂ©couvertes, j’ai connu de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, j’ai beaucoup lu, j’ai Ă©crit des nouvelles, j’ai repris mon roman non publiĂ©, j’ai dĂ©butĂ© ce blogue, j’ai commencĂ© Ă  faire de la cuisine... C’est ainsi que, avec mes amis, je suis allĂ© Ă  quelques conventions de science-fiction, celles de l’Isle-sur-la-Sorgue en 2000, de Saint-Denis en 2001, de Tilff-Esneux en 2002, d’Entraigues-sur-la-Sorgue en 2004, et plus rĂ©cemment celle de Nyons en 2008. Lors de la plupart de ces rendez-vous, j’ai pu rencontrer Roland et Ă©changer avec lui quelques mots. Je me rappelle avoir eu l’occasion de lui parler d’intelligence artificielle, domaine informatique qui est ma spĂ©cialitĂ©, et qu’il appelait « ayas » dans sa sĂ©rie des Futurs Mystères de Paris et qu’il reprĂ©sentait sous l’une des plus formes les plus dĂ©jantĂ©es de la littĂ©rature SF. Lors d’un passage Ă  Lyon avec sa compagne Sylvie Denis en 2003, il avait mĂŞme mangĂ© de mon gâteau Ă  l’ananas et rĂ©cupĂ©rĂ© mon nez de clown fĂ©tiche...
Entre temps, j’avais lu pas mal de ses textes, dont le recueil de nouvelles Musique de l’énergie, les premiers tomes des Futurs Mystères de Paris et plus rĂ©cemment la version hardcover de PoupĂ©e aux yeux morts publiĂ©e par les moutons Ă©lectriques... J’ai toujours passĂ© des moments de lecture agrĂ©able, j’ai souvent beaucoup ri, mais j’étais toujours un peu frustrĂ© de ne pas trouver dans l’œuvre de Roland un sentiment d’intĂ©rĂŞt aussi important que la sympathie que j’éprouvais pour ce bonhomme si attachant. Et cela Ă©tait vrai jusqu’à... la semaine dernière. Le mois dernier, j’ai empruntĂ© Ă  mon beau-frère – grand amateur de SF – le roman uchronique RĂŞves de gloire. J’en avais entendu beaucoup de bien, j’avais entendu Roland parler de son roman Ă  l’émission « Mauvais genres » de France Culture. Bref, j’ai attendu avec impatience que mon emploi du temps me permette de commencer la lecture mĂŞme si le sujet ne semblait pas m’intĂ©resser vraiment a priori (la Guerre d’AlgĂ©rie et de ses consĂ©quences). Et j’ai dĂ©vorĂ© ce pavĂ© de près de 700 pages. À la fin juillet, alors qu’il ne me restait plus qu’une petite moitiĂ© du livre Ă  lire, AndrĂ©-François Ă©tait venu me donner un coup de main pour monter le lit de mon futur bĂ©bĂ©. Tout en bricolant, nous avions Ă©voquĂ© ce roman oĂą Roland mettait vraiment toutes ses tripes, ses passions, ses blessures, tous ses fantasmes... ce qui en faisait un roman dĂ©coiffant pour le lecteur, et expliquait aussi le fait qu’il rafle la plupart des prix littĂ©raires en SFF.
Et dimanche matin, j’avais terminé Rêves de gloire, j’en parlais avec enthousiasme au téléphone à mon beau-frère qui avait éprouvé des difficultés à se plonger dans l’univers uchronique et que les nombreux narrateurs et le contexte algérien trop mal connu de nous avaient un peu rebuté. En raccrochant, j’étais content d’avoir pu le convaincre de reprendre la lecture du roman.
Comment imaginer que, quelques heures plus tard, Roland dĂ©cĂ©derait dans un accident de voiture ?

En 2000, à la convention SF de l’Isle-sur-la-Sorgue



En 2001, Ă  la convention SF de Saint-Denis



En 2002, Ă  la convention SF de Tilff



En 2002, toujours Ă  Tilff, Roland rappelant notre discussion sur les AI/IA (ou ayas)



En 2003, à Lyon, chez Markus Leicht, Roland évoquait mon nez de clown fétiche

Au revoir, Roland.
Merci pour tes textes, merci pour ton humour, ta joie de vivre et les idées que tu nous auras fait partager.
Mes plus sincères condoléances à Sylvie et à ta famille.




Mercredi, le 18 janvier 2012
À l’écoute de la science-fiction
En ce moment, je n’écris plus grand chose, en tout cas en science-fiction, et je n’en parle pas beaucoup (mĂŞme si j’en lis !) mais je reste Ă  l’écoute.
Voici donc, en ce dĂ©but d’annĂ©e, la liste de quelques podcasts SF (ou assimilĂ©) que j’écoute très rĂ©gulièrement :
  • Salle 101, l’émission science-fictionnesque sur FrĂ©quence Paris Plurielle : chroniques inspirĂ©es de la famille Abdaloff, parfois des interviews d’auteurs, le tout enregistrĂ© en public au Nul Bar Ailleurs (un bar Ă  bières parisien). S’intĂ©resse aussi « Ă  tout ce qui sort de la tĂŞte des gens ». Musiques qui pulsent, jingles absurdes et remise de prix (les « testicules d’or ». Si, si ! Vous avez bien lu).
  • Le Palais des dĂ©viants (iTunes) : podcast francophone d’Étienne Barillier et Laurent Queyssi consacrĂ© Ă  l’imaginaire, sous toutes ses formes. Et d’autres choses encore. ForcĂ©ment. (C’est eux qui le disent. On les croit.)
  • Les Lyonnes de la SF : de très chouettes interviews d’auteurs, des retours sur les grands rendez-vous des littĂ©ratures de l’imaginaire, des chroniques de bouquins...
  • La Bibliothèque orbitale, le blog de Bifrost (le BĂ©lial’ Ă©ditions) (iTunes) : la chronique de Philippe Boulier, critique de la revue Bifrost, en direct d’une station spatiale russe dĂ©saffectĂ©e (mais quand mĂŞme pleine de bouteilles de vodka).
  • La Planète Bleue (flux RSS) : l’émission de Couleur3 (la radio suisse romande), animĂ©e par Yves Blanc, qui recycle le futur (Ă©cologie, recherche, espace, nouvelles technologies, politique...) avec des interventions parlĂ©es qui privilĂ©gient les sujets singuliers, dĂ©calĂ©s, les points de vue et les points d’écoute radicalement diffĂ©rents, dissidents, dĂ©viants, et les musiques les plus innovantes, en provenance des bouts du monde. Musiques superbes. Et ce qui avait Ă©tĂ© dit lors de l’émission 718 rejoint un peu mes propos ici.
  • Mauvais Genres : Ă©mission de France Culture animĂ©e par François Angelier qui parle parfois de SF, mais aussi de polars, mangas, comics, et autre littĂ©rature Ă©rotique et fantastique. (L’émission du 31/12/2011 Ă©tait assez grandiose.)



Lundi, le 5 septembre 2011
La Planète des singes : évolution et nouvelle génération
Avant d’aller voir le film La Planète des singes : Les Origines, un intelligent prĂ©quel de La Planètes des singes de Pierre Boulle, je vous conseille de revoir les vidĂ©os des adaptations cinĂ©matographiques prĂ©cĂ©dentes de l’auteur français de science-fiction, en particulier la version de 1968 rĂ©alisĂ©e par Franklin J. Schaffner et celle de 2001 rĂ©alisĂ©e par Tim Burton.
Dans la version de 1968, quatre astronautes quittent la Terre en 1972 pour un voyage d’exploration spatiale et arrivent sur une planète inconnue 20 siècles plus tard. Sur cette planète, les ĂŞtres humains sont dĂ©nuĂ©s de parole et de raison et les grands singes (des primates non humains) en sont les maĂ®tres. Sur les quatre voyageurs, un premier (la seule femme de l’équipage) meurt durant le voyage Ă  cause d’un problème dans le système d’hibernation, un deuxième est tuĂ© Ă  l’occasion d’un safari (organisĂ© par des gorilles) et un troisième est lobotomisĂ© par une Ă©quipe de savants chimpanzĂ©s. Le colonel George Taylor, le seul rescapĂ©, guĂ©rit d’une blessure Ă  la gorge qui l’avait rendu temporairement muet, attire l’attention de Zira (une guenon scientifique) qui l’aide Ă  s’échapper, puis dĂ©couvre au milieu de fouilles archĂ©ologiques la preuve que l’humain pouvait parler autrefois sur cette planète (avec une poupĂ©e humaine qui dit : « Maman ! »). Le film se termine lorsque Taylor, fuyant les singes avec une indigène nommĂ©e Nova dans la « zone interdite », dĂ©couvre avec stupeur les restes de la Statue de la LibertĂ©, comprenant ainsi que cette planète est la Terre et que les humains se sont autodĂ©truits avec la bombe atomique...
(En apartĂ©, l’astronaute Taylor aurait pu s’en douter un peu : les singes parlaient le mĂŞme anglais que lui et utilisaient le mĂŞme système d’écriture ! Par contre, ils ne maĂ®trisaient ni l’électricitĂ© ni les machines Ă  vapeur, la seule force motrice Ă©tant issue d’espèces domestiquĂ©es telles que le cheval... ou l’homme.)
Contrairement au roman de Boulle, dans le film de Schaffner, les Ă©vĂ©nements se dĂ©roulent sur une planète qui est la nĂ´tre (mĂŞme si on ne le sait qu’à la fin du film, dĂ©solĂ© de spoiler) après une Ă©volution de deux mille ans. Dans le roman de Boulle, la « planète des singes » est bien diffĂ©rente de la Terre... mais lors du retour sur sa planète d’origine, le seul astronaute terrien rescapĂ© dĂ©couvre que les singes sont aussi parvenus Ă  dominer notre planète.
Dans un cas comme dans l’autre, je m’étais interrogĂ© sur la manière dont cette sorte d’évolution Ă  l’envers aurait Ă©tĂ© possible puisque, en scientifique adepte de la thĂ©orie de l’évolution, j’ai toujours considĂ©rĂ© ceux de mon espèce comme des lointains cousins des grands singes. Dans les films suivants de la saga aux scĂ©narios Ă©crits principalement par Paul Dehn (qui est aussi scĂ©nariste de quelques aventures cinĂ©matographiques de James Bond), que sont le Secret de la planète des singes de Ted Post sorti en 1970, les ÉvadĂ©s de la planète des singes de Don Taylor sorti en 1971, la ConquĂŞte de la planète des singes de J. Lee Thompson sorti en 1972 ou la Bataille de la planète des singes de J. Lee Thompson sorti en 1973 et rescĂ©narisĂ© par Joyce Hooper Corrington et John William Corrington, l’idĂ©e mise en avant est qu’une guerre nuclĂ©aire aurait ravagĂ© la Terre, dĂ©truisant l’essentiel de la population humaine, les survivants Ă©tant soit des humains dĂ©pourvus d’intelligence et de langage et vivant dans la nature, soit des mutants tĂ©lĂ©pathes adorateurs de la bombe automique et vivant terrĂ©s dans les dĂ©combres du mĂ©tro. Une telle explication Ă©tait plausible pour l’époque, on Ă©tait alors en pleine guerre froide et on vivait au sein de l’équilibre de la terreur formĂ© par les blocs de l’Ouest et de l’Est tous deux dĂ©tenteurs de l’arme atomique. NĂ©anmoins cette idĂ©e de cataclysme nuclĂ©aire qui aurait permis, d’une part, de dĂ©truire presque entièrement une espèce (les humains) et permettre Ă  une autre de les supplanter (bon, OK : ça s’est dĂ©jĂ  vu, les mammifères ont dominĂ© la Terre après la disparition des dinosaures), d’autre part, d’apporter des mutations rapides et bĂ©nĂ©fiques majeures Ă  des espèces (les singes pouvant parler, les humains devenant tĂ©lĂ©pathes), et mĂŞme de crĂ©er des failles spatio-temporelles (permettant Ă  trois singes Ă©voluĂ©s du futur de revenir dans le passĂ© — c.-Ă -d. notre prĂ©sent — et ainsi de laisser la possibilitĂ© Ă  CĂ©sar, le fils du couple de chimpanzĂ©s, d’amener les singes domestiques Ă  se rĂ©volter et battre les humains). Mouais, pas très convaincant...
Dans le film de 2001 rĂ©alisĂ© par Tim Burton, avec un scĂ©nario Ă©crit par William Broyles Jr., Lawrence Konner et Mark Rosenthal, la suprĂ©matie des singes sur la planète Ashlar serait liĂ©e Ă  une sorte de « contamination » de cette planète par des singes intelligents et agressifs rescapĂ©s du crash d’une station spatiale terrienne. LĂ  encore, j’avais du mal Ă  accepter une telle justification.
La Planète des singes : Les Origines remet au goĂ»t du jour les idĂ©es science-fictives des versions prĂ©cĂ©dentes. DĂ©jĂ , Rupert Wyatt, le rĂ©alisateur, est un Britannique nĂ© en 1972, c.-Ă -d. pendant la sortie des films de la saga de la Planète des singes. Des idĂ©es telles qu’une destruction globale par une catastrophe nuclĂ©aire militaire, nous n’y croyons plus tellement depuis le dĂ©clin de l’Union soviĂ©tique. Et au niveau des catastrophes nuclĂ©aires civiles, Tchernobyl ou Fukushima ont provoquĂ© des dĂ©veloppements de cancers mais pas de mutations « positives » amenant Ă  des superpouvoirs Ă  la manière des X-Men. Nous ne croyons plus trop non plus Ă  l’exploration spatiale (un vol spatial habitĂ© vers Mars semble dĂ©jĂ  le bout du monde), et encore moins aux voyages dans le temps. Et puis, il y a eu les annĂ©es SIDA, la brebis Dolly, le projet sĂ©quençage de l’ADN humain... Du coup, les idĂ©es en vogue sont plutĂ´t Ă  puiser du cĂ´tĂ© du domaine mĂ©dical et des sciences cognitives, avec des attentes fortes dans les retombĂ©es des travaux menĂ©s en gĂ©nie gĂ©nĂ©tique, en virologie et dans la recherche destinĂ©e Ă  lutter contre les maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives.
Prenez ces ingrĂ©dients, mĂ©langez le tout et secouez bien et vous obtiendrez un cocktail assez cohĂ©rent comme base du film La Planète des singes : Les Origines sorti en salle cet Ă©tĂ© 2011. Le rĂ©sultat est un divertissement vraiment plaisant et assez bien ficelĂ©, les singes sont bien plus rĂ©alistes que ceux obtenus par les acteurs grimĂ©s dans les versions des annĂ©es 1968 Ă  1973, ou mĂŞme que la version de 2001. On se laisse assez facilement emporter par l’histoire, les personnages et les effets spĂ©ciaux, et on s’amusera des clins d’œil multiples aux anciennes versions.


Mardi, le 7 juin 2011
Trois quarts d’heure pour vous faire aimer l’histoire (et plus si...)
Si l’Histoire, la grande ou les petites, vous intĂ©resse, ou au contraire si vous regrettez d’avoir Ă©tĂ© dĂ©goĂ»tĂ© par cette matière qui se rĂ©sumait pour vous Ă  une suite de dates et d’évĂ©nements dĂ©nuĂ©s de sens Ă  apprendre sur les bancs de l’école, je vous conseille l’excellente Ă©mission Au cœur de l’Histoire d’Europe 1 animĂ©e par Franck Ferrand.
Et si, en Ă©coutant le podcast du 15 avril intitulĂ© Il y a un demi-siècle, le Putch d’Alger, vous avez des envies d’uchronies, laissez vous tenter par RĂŞves de Gloire de Roland C. Wagner.


Jeudi, le 18 novembre 2010
Huit ans
Lundi, le 18 novembre 2002, je postais mon avis d’arrivée sur la planète WebLog.
Ces derniers temps, j’ai volontairement rĂ©duit le rythme de mise Ă  jour de mon blogue afin que cet anniversaire tombe très prĂ©cisĂ©ment Ă  l’occasion de l’article numĂ©ro 500. PlutĂ´t qu’un nouveau bilan de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e, ou une rĂ©flexion sur l’intĂ©rĂŞt de tenir un blogue sur mon site, je prĂ©fère parler de deux petits Ă©vĂ©nements rĂ©cents qui m’ont fait sentir de manière assez frappante le passage du temps...
La semaine dernière, avec le « Capitaine » AndrĂ©-François, je me suis rendu Ă  la Marquise, une pĂ©niche amarrĂ©e sur les quais du RhĂ´ne, pour assister au concert du groupe stĂ©phanois French Kitch. Premier coup de poing dans la face de Monsieur-le-Temps-qui-passe : le batteur de ce groupe de rock est Alain, le fils de Jean-Jacques Girardot, mon ami et collègue, mais aussi l’auteur de science-fiction avec qui j’avais Ă©crit « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », mon premier texte publiĂ© professionnellement (il y a... près de huit ans, lĂ  encore). Les premières fois oĂą j’avais croisĂ© Jean-Jacques furent notamment les Conventions de Science-Fiction Française, et ce dernier venait accompagnĂ© d’un garçonnet, un drĂ´le de lutin blond qui faisait chuter la moyenne d’âge des personnes prĂ©sentes aux conventions SFF, lieux de rassemblement des grands enfants que sont souvent les amateurs du genre. Le lutin avait bien grandi, et ce soir-lĂ  Ă  la Marquise, j’ai pu voir qu’il se dĂ©pensait avec une belle Ă©nergie pour rythmer de la musique qui fait du bruit. Deuxième coup de poing : la musique jouĂ©e par les groupes actuels est un revival des annĂ©es 1980, c’est-Ă -dire de « mes » annĂ©es, de la musique que j’écoutais en tant qu’adolescent. Ben mince alors, moi qui avais du mal Ă  comprendre que des amis un peu plus âgĂ©s ne juraient que par la musique des annĂ©es 1960 ou 1970, voilĂ  que je me trouvais face Ă  des gamins, enfin des tout jeunes adultes, qui ont pour influence Cure ou TĂ©lĂ©phone...
Enfin, avant-hier, en prenant le train pour rentrer Ă  Lyon, j’ai vu un vieux monsieur aux cheveux gris qui ne m’était pas inconnu. Celui-ci, voyant mon regard un peu insistant, m’a aussi regardĂ©. À son air, sans beaucoup entrer dans le jeu des mĂ©ta-reprĂ©sentations, j’ai compris qu’il avait compris qu’il Ă©tait reconnu comme familier, sans pour autant ĂŞtre identifiĂ©. Je l’ai donc croisĂ©, hĂ©sitant un peu avant de passer sans oser le saluer, me trouvant trop gĂŞnĂ© de ne pas pouvoir lui donner un nom. Ce n’est que dans le train que je me suis souvenu de qui il s’agissait : Jean-Claude Bourret, l’ancien prĂ©sentateur des journaux tĂ©lĂ©visĂ©s de TF1 dans les annĂ©es 1970 et 1980. Ouch ! À nouveau, le temps avait fait son effet : dans mes souvenirs, le journaliste n’avait pas les cheveux gris, mais la dernière fois que j’avais dĂ» voir une image de lui remontait Ă ... une Ă©poque bien lointaine oĂą je vivais encore chez mes parents qui disposaient d’un poste de tĂ©lĂ©vision.


Samedi, le 2 octobre 2010
Rentrée littéraire
Oui, je ne mets plus très souvent ce blog Ă  jour : mon activitĂ© crĂ©atrice du moment se limite Ă  mon boulot de chercheur (dont je ne souhaite pas parler ici), ou alors Ă  la cuisine, d’oĂą l’aspect de blog culinaire que prennent ces notes...
Il n’empĂŞche que je lis quand mĂŞme des œuvres de fiction. J’ai terminĂ© tout dernièrement le premier tome de Bodichiev d’AndrĂ©-François Ruaud. Je n’ai jamais Ă©tĂ© un grand fan des enquĂŞtes policières mais, ici, les affaires du dĂ©tective imaginĂ© par Ruaud se dĂ©roulent dans un monde uchronique, ce qui donne une saveur particulière Ă  l’ouvrage. On apprĂ©cie ainsi autant la dĂ©couverte de cet univers — oĂą, de nos jours, la Russie des tsars s’étendrait sur la majeure partie du monde (de l’archipel britannique Ă  la cĂ´te occidentale de l’AmĂ©rique du Nord) — que des personnages ayant rĂ©alisĂ© tels ou tels mĂ©faits, la manière dont ils ont procĂ©dĂ© ainsi que leurs motivations. Je recommande vivement la lecture de ce recueil de nouvelles, d’autant que les expressions et mots un peu prĂ©cieux qu’emploie Ruaud pour peindre son monde s’accordent Ă  merveille avec le temps de son livre, mĂ©lange d’un prĂ©sent et d’un passĂ© dĂ©calĂ©.
Après Bodichiev, j’ai débuté avec un autre grand bonheur la lecture de La tête en arrière de Violaine Schwartz, comédienne et cantatrice qui narre avec un humour caustique l’histoire d’une chanteuse lyrique, sans travail depuis des mois et des mois, qui... (allez plutôt suivre le lien pour la suite du résumé ou découvrir les premières pages du roman). Ensuite, je vais attaquer Cent Seize Chinois et quelques de Thomas Heams-Ogus. Je crois que je vais aussi beaucoup aimer ce livre. En tout cas, j’ai eu l’occasion de rencontrer ces deux jeunes auteurs jeudi dernier à la Villa Gillet, et ils m’ont donné très envie de lire leurs textes... et aussi de me remettre à l’écriture.
Ah oui, et ce n’est pas ma faute, la carte Wi-Fi de mon ordinateur portable s’est remise à déconner, alors j’ai acheté une petite clé USB-Wi-Fi et je n’ai pas pu m’empêcher de prendre aussi Lunar Park de Bret Easton Ellis. J’avais vu les adaptations cinématographiques d’American Psycho, Les Lois de l’attraction et Zombies et j’ai lu cet été Moins que zéro... alors je me suis dit que ce serait mieux de connaître aussi ce roman d’autofiction avant de commencer Imperial Bedrooms dont j’avais fait l’acquisition sous sa forme anglaise lorsque j’étais au Canada.
Problème, avec tout ça : il va me falloir une nouvelle bibliothèque... Mes rayonnages dĂ©bordent de partout !


Samedi, le 1er mai 2010
Le prix de la fin du monde
J’ai un petit frère qui vit au Canada, dans la partie anglophone, et j’ai voulu lui envoyer un cadeau il y a quelques jours Ă  l’occasion de son anniversaire. J’ai eu du bol car je m’y suis pris en avance et j’ai ainsi Ă©vitĂ© de pas grand chose de voir mon colis bloquĂ© en raison de l’interruption du trafic aĂ©rien (le volcan en Islande, vous vous rappelez ?) Cependant, mon frère a eu la mauvaise surprise de dĂ©couvrir qu’il devait aux livreurs une quinzaine de dollars de frais de taxe et de douane pour pouvoir rĂ©cupĂ©rer son prĂ©sent, alors que j’avais bien pris Ă  mes frais tout ce qui concernait le transport.
Petite explication : je souhaitais offrir quelque chose reprĂ©sentant de la culture française. Tout d’abord, de la littĂ©rature. J’ai donc pensĂ© Ă  Big Fan, l’excellent roman de Fabrice Colin. Outre le fait que je connaisse un petit peu l’auteur, que j’avais recueilli son tĂ©moignage sur la co-Ă©criture pour un article dans le tome 2 de la revue Fiction et que l’on m’ait pris pour lui Ă  un rendez-vous parisien sur les littĂ©ratures de l’imaginaire il y a une dizaine d’annĂ©es (nous partageons le mĂŞme prĂ©nom et la mĂŞme annĂ©e de naissance), Big Fan est vraiment un bel ovni littĂ©raire, parlant de musique, et plus particulièrement du groupe Radiohead (en plus, mon petit frère reprend Creep et My Iron Lung avec son groupe de rock dans les bars de Toronto) et de la plongĂ©e dans la folie d’un fan ultime. La seconde partie de mon cadeau concernait un autre aspect de la culture de notre beau pays, Ă  savoir la cuisine, et donc je lui ai fait parvenir un kit de cuisine molĂ©culaire (le mĂŞme que je me suis achetĂ© et dont je me suis servi dans la prĂ©paration du plat dont je parle dans mon billet prĂ©cĂ©dent).
De ce fait, un livre sous-titrĂ© « Radiohead, la fin du monde et moi » et un kit de cuisine ressemblant davantage Ă  une boĂ®te du petit chimiste avaient de quoi rendre les douaniers quelque peu mĂ©fiants...


Samedi, le 2 janvier 2010
Meilleurs voeux pour 2010 !
Amie lectrice, ami lecteur, reçois tous mes vœux en cette nouvelle annĂ©e.
Pour moi, l’annĂ©e 2009 s’est achevĂ©e de manière très atypique, avec NoĂ«l que je n’ai pas fĂŞtĂ© en famille, et le 31 dĂ©cembre que je n’ai pas fĂŞtĂ© du tout, pas plus que mon anniversaire, d’ailleurs.
Cependant, l’an 2010 commence bien parce que, après des mois oĂą, dĂ©bordĂ© de boulot, je n’ai pu me plonger dans la lecture de textes de fiction, je viens enfin de poster mon chèque de rĂ©abonnement Ă  la revue Bifrost du BĂ©lial’ et d’acquĂ©rir le dernier recueil de nouvelles d’un de mes maĂ®tres, Ă  savoir OcĂ©anique de Greg Egan. Et c’est un recueil bourrĂ© d’inĂ©dits : je salive dĂ©jĂ  !
Sensation amère pourtant : l’endroit oĂą j’ai achetĂ© le bouquin de l’auteur australien est situĂ© Ă  quelques mètres d’un hypermarchĂ© oĂą, il y a quelques jours, des vigiles voulant jouer les gros bras ont tuĂ© un malheureux marginal...


Dimanche, le 8 novembre 2009
The Box de Richard Kelly
Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.

Arthur C. Clarke (1917—2008)

Dans son nouveau film, le réalisateur et scénariste Richard Kelly rend un bel hommage à l’âge d’or de la science-fiction.
Tout d’abord, le film repose sur la nouvelle Button, Button de Richard Matheson (Le journal d’un monstre, Je suis une lĂ©gende, Échos, etc.), dĂ©jĂ  adaptĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©vision sous la forme d’un Ă©pisode de la Cinquième Dimension ; l’ambiance est terriblement seventies (mĂŞme par le travail sur l’image et la lumière) ; les numĂ©ros d’Amazing et Astounding Stories apparaissent dĂ©jĂ  dĂ©fraĂ®chis ; le contexte, avec le monde des chercheurs et ingĂ©nieurs de la NASA au moment du programme Viking, Ă©voque un passĂ© oĂą tout semblait encore possible dans le domaine de la conquĂŞte spatiale... et l’histoire dĂ©bute le 16 dĂ©cembre 1976, jour anniversaire de feu Arthur C. Clarke (ainsi que de ceux de Philip K. Dick et du mien, par la mĂŞme occasion).
Rapidement, le dĂ©but de l’histoire : Quelques jours avant NoĂ«l de l’annĂ©e 1976, un colis est dĂ©posĂ© devant la porte de la maison qu’occupent les Lewis. Dans ce colis se trouve une boĂ®te noire surmontĂ©e d’un bouton-poussoir. L’après-midi, un homme arrive pour expliquer le fonctionnement de la boĂ®te aux Lewis : s’ils appuient sur le bouton, une personne qu’ils ne connaissent pas mourra, mais ils recevront un million de dollars. Ils ont vingt-quatre heures pour se dĂ©cider..
AnnoncĂ© comme cela, on dirait Ă  mauvais pitch Ă  la M. Night Shyamalan (qui — mais cela ne regarde que moi — n’a pas fait grand chose de bien depuis Sixième sens). Cependant, il n’en est rien car, très vite, ce qui aurait pu n’être qu’une simple histoire fantastique assez fumeuse se transforme en un vĂ©ritable scĂ©nario de science-fiction qui prend autant aux tripes qu’au cortex, avec l’installation d’une pesante ambiance d’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ©, et nous retrouvons lĂ  l’excellent Richard Kelly de Donnie Darko, regonflĂ© Ă  bloc après l’épisode plutĂ´t malheureux de Southland Tales.


Jeudi, le 13 aoűt 2009
Journée évianaise
Excursion bien agrĂ©able, hier, Ă  Évian-les-Bains avec des amis.
Ravissante petite bourgade en bord du lac LĂ©man, en face de Lausanne, la ville accueillait l’exposition Rodin et les Arts dĂ©coratifs dans le cadre de son Palais Lumière. Superbe exposition, grand moment d’émotion, et quelques souvenirs un peu nostalgiques aussi : j’ai toujours Ă©tĂ© un grand admirateur du travail de l’auguste Auguste et, durant mon annĂ©e parisienne, j’allais souvent me ressourcer auprès du jardin de l’hĂ´tel Biron.
Après avoir entendu mes amis discuter de leurs envies communes d’acquĂ©rir un tĂ©lĂ©phone mobile « intelligent », en contemplant la sculpture de crĂ©atures mythiques, une naĂŻade enlevĂ©e par un satyre, j’ai pensĂ© que fantasy et nouvelles technologies pouvaient enfin de se mĂŞler avec succès : l’invention de l’i-faune.
Plus tard, autre source d’amusement en passant Ă  cĂ´tĂ© d’une buvette au bord du lac. Nous avons entendu la serveuse s’esclaffer après avoir pris une commande : « Une Vittel-menthe ? À Évian ! »
Un comble, en effet...



Vendredi, le 7 aoűt 2009
Pan ! Dans ta face de bouc !
On ne se moque pas : j’ai un compte sur Facebook.
C’est ici :
Fabrice MĂ©reste
Fabrice MĂ©reste
Créez votre badge
Pourquoi moi ? Et pourquoi maintenant, après tant de rĂ©ticences ? Il se trouve que le cousin Francis (aka Francis ValĂ©ry) avait dĂ©cidĂ© de crĂ©er son blog au moment oĂą la blogosphère se dĂ©sagrĂ©geait (contrairement Ă  moi qui en avais un dès 2002). Alors lĂ , quand Francis m’a invitĂ© Ă  rejoindre le cĂ©lèbre rĂ©seau social, tant qu’à aller Ă  contre-courant, je me suis dit : « pourquoi pas ? »


Dimanche, le 5 juillet 2009
L’ami cause
Ugo Bellagamba, champignon du mĂ©lange entre science-fiction et histoire, et personnage extraordinairement humain que j’ai l’honneur de compter parmi mes amis, parle de son roman uchronique Tancrède dans l’émission « Mauvais Genres » de France Culture. Allez l’écouter, c’est ici (mais disponible seulement pendant une semaine), et courez vite acheter et lire son roman qui vous plongera Ă  l’époque des Croisades, dans un univers Ă©pique de batailles sanglantes, de crises mystiques, d’amour... et d’un chouilla de steampunk.
Ugo et moi l’an dernier à Nyons, durant l’Olicon, la convention de science-fiction spécialement dédiée à René Barjavel



Vendredi, le 8 mai 2009
Pas si méchant
Dure journée que celle d’hier.
Tout d’abord, il me restait Ă  Ă©valuer des dossiers de jeunes candidats. Ah lĂ  lĂ , non ! Par rapport Ă  d’autres dossiers de candidature vus les jours plus tĂ´t, ils n’étaient vraiment pas bons du tout : pas de publications scientifiques de grande valeur, ou des travaux de recherche situĂ©s dans des thèmes trop Ă©loignĂ©s de ceux souhaitĂ©s par le laboratoire d’accueil et qui amenaient Ă  penser que ces jeunes docteurs auraient de grosses difficultĂ©s d’intĂ©gration pour le poste convoitĂ©. Dommage pour eux.
Après avoir traitĂ© ces derniers dossiers, j’ai eu Ă  Ă©valuer un article proposĂ© Ă  une revue scientifique internationale qui m’a choisi pour faire partie de son comitĂ© de rĂ©daction. Ouille ouille ouille, une catastrophe, cet article ! Tout avait l’air brouillon, de la prĂ©sentation au style, pas de respect de la typographie, plein de fautes et, surtout, cette proposition d’article n’avait aucune pertinence scientifique. Je ne suis pas parvenu Ă  trouver quelque chose Ă  sauver dans ce fouillis. Too bad again.
Je suis ressorti un peu amer du laboratoire. Faire avancer la science, c’est aussi séparer le bon grain de l’ivraie.
Pas grand monde dans le tramway. J’ai trouvĂ© une place libre, isolĂ©e, idĂ©ale pour poursuivre ma lecture des critiques de livres dans le dernier Bifrost. Un peu plus tard, le tram s’est retrouvĂ© plein. J’ai cĂ©dĂ© ma place Ă  une vieille dame. Ouais, j’ai fini ma journĂ©e par une bonne action. Je ne suis pas si mĂ©chant, hein ?


Samedi, le 30 aoűt 2008
Images de la convention SF 2008 (l’OliCon), suite...
Eh oui, c’est la rentrée.
Alors, histoire de se redonner du courage en se rappelant des bons moments de la convention nationale de science-fiction, je vous invite Ă  aller voir les nouvelles photos mises en ligne : celles de Bruno Para, de Gilles Massardier et de Jean-Jacques RĂ©gnier...


Mercredi, le 27 aoűt 2008
Compte rendu de l’OliCon, la convention SFF 2008
La 35e convention nationale de science-fiction s’est déroulée la semaine dernière à Nyons, charmante bourgade de la Drôme provençale, pays de l’olive (ce qui lui a valu d’être rebaptisée l’OliCon). Et j’y étais. :-)
Les conventions constituent l’occasion privilĂ©giĂ©e d’assister Ă  des confĂ©rences, de participer Ă  des tables rondes et Ă  des dĂ©bats, de rencontrer des auteurs avec lesquels on peut discuter librement (et non juste une seule minute, le temps d’une dĂ©dicace, comme cela peut arriver dans un salon du livre et qui est vraiment très frustrant), d’assister Ă  des expositions (cette annĂ©e, ce fut les photographies de Sylvain Renault, les illustrations de Jeam Tag, les mobiles et autres machins inclassables de Tim Rey, et les surprenantes crĂ©ations de Didier Cottier), de trouver des livres intĂ©ressants, neufs ou d’occasion, de dĂ©couvrir des nouvelles productions – qu’elles soient issues de professionnels ou du fanzinat – du paysage littĂ©raire SF... mais aussi et surtout de retrouver des copains avec qui partager un bon moment.

jour J - 1
En voiture : ma compagne au volant, Sylvie LainĂ© et le chien Ă  l’arrière, moi en co-pilote (mais moins fort que le GPS). Sommes arrivĂ©s Ă  Nyons après 22h30. Tout le monde Ă©tait très fatiguĂ©. Petit couac : nous ne pensions pas ĂŞtre attendus, mais la mère d’Ugo Bellagamba avait prĂ©parĂ© un repas. Du coup, nous Ă©tions en retard. Oups. DĂ®ner ensommeillĂ© en prĂ©sence de Marie-Claude « la-Mama » Bellagamba, d’Ugo, de Didier « le-sculpteur-qui-met-en-forme-ses-visions-cauchemardesques » Cottier et de son amie Nicole.

premier jour
VoilĂ  Ă  quoi ressemble Nyons :
Nyons, depuis les hauteurs
Le jeudi, c’est jour de marchĂ© (avec le dimanche). Beaucoup de monde Ă  Nyons. Trois quart d’heure d’attente au(x) restaurant(s), mais le plat de spaghetti al pesto genovese se trouvait ĂŞtre l’incarnation parfaite du bonheur gastronomique faite pâtes. Je ne suis arrivĂ© Ă  la Maison de Pays, oĂą se tient la convention, qu’au cours de l’après-midi, pendant l’intervention (prĂ©-enregistrĂ©e) de Laurent Queyssi intitulĂ©e « Regard français sur les sĂ©ries TV des annĂ©es 2000 ».
PrĂ©sent juste Ă  temps pour animer la rencontre-dĂ©bat avec Sylvie LainĂ© sur le thème : « Une œuvre Ă©perluette, entre Science et Science-Fiction ». StupĂ©fait de la manière dont il est possible de donner des rĂ©ponses intelligentes (bravo Sylvie) Ă  des questions stupides (les miennes). DĂ©couverte (un peu dans la douleur) que l’animation d’une rencontre n’est pas un exercice facile.
Ensuite, confĂ©rence instructive de Jean-Claude Dunyach sur « La publication des auteurs français Ă  l’étranger : trucs et astuces ». En rĂ©sumĂ©, mĂŞme si c’est possible et très gratifiant (parce que cela permet Ă©ventuellement d’être lu par des auteurs Ă©trangers que l’on apprĂ©cie), c’est le contraire de la loterie : c’est difficile, ça coĂ»te cher (en Ă©nergie, en rĂ©seautage et en prix de traduction) et ça ne rapporte pas bien gros.

deuxième jour
ConfĂ©rence de ClĂ©ment Pieyre, conservateur Ă  la BNF, sur : « Les archives du futur, ou comment la Science-Fiction entre Ă  la Bibliothèque Nationale de France ».
Clément Pieyre, conservateur à la BNF
Inauguration officielle de l’OliCon et des Journées Barjavel en présence des représentants de la municipalité (le maire s’est fait désirer, mais il y avait Nathalie Fert-Rifaï, l’adjointe chargée de la culture), le sous-préfet ainsi que Pierre Creveuil, président de l’association des Amis de René Barjavel et collaborateur du barjaweb, le site Internet de référence sur Barjavel.
Ugo Bellagamba, le chef d’orchestre de l’OliCon, et, au micro, Pierre Creveuil, membre essentiel des Journées Barjavel
Quand est venu le temps de l’apéritif (avec les inévitables olives), je me suis sauvé dans le centre-ville pour retrouver ma belle.
L’après-midi, Joseph Altairac a donné une conférence sur Van Vogt dont j’ai oublié le titre (il avait changé par rapport à celui du programme).
Une table-ronde, animĂ©e par Jean-Claude Dunyach, a suivi : « Regards croisĂ©s sur le futur lointain ». Y participaient : Ugo Bellagamba, Fabrice MĂ©reste (ah oui, tiens, j’y Ă©tais !), Catherine Dufour, Sylvie LainĂ© et Michel Jeury. Jean-Claude nous a lancĂ© sur le thème de la SingularitĂ©. Catherine prenait tranquillement des notes pendant que parlaient Sylvie, Ugo et Michel, puis est intervenue soudain avec une pluie d’idĂ©es brillantes. Quant Ă  moi, je n’ai dĂ» raconter qu’un truc ou deux car le futur lointain, ce n’est pas trop ma tasse de thĂ©, je suis plutĂ´t du genre Ă  m’intĂ©resser au futur proche (m’enfin, je ne suis mĂŞme pas capable de savoir comment je vais m’habiller le lendemain).
Après, les (très) attendus jeux de l’OliCon, avec le « champion de la SF », animĂ©s par Raymond MilĂ©si. Questions Ă©rudites, mauvais jeux de mots, pouĂŞt-pouĂŞt, tout va trop vite pour que j’aie la moindre chance de sortir une bonne rĂ©ponse... Bravo Ă  TimothĂ©e Rey, aussi Ă  l’aise dans le verbe que dans la mise en espace d’objets Ă©tranges (il exposait des sculptures Ă©tonnantes durant la convention).
Retard sur le timing : le « Barjaquizz » que j’étais censĂ© animer est reportĂ© au dimanche. Bon, dommage. Mais pas grave.
Rencontre-débat avec Jean-Pierre Andrevon animée par Ugo Bellagamba. L’auteur-phare de la SFF de la fin des années 1960 au début des années 1990, et considéré par René Barjavel comme son fils spirituel, est toujours un artiste très actif, il vient de sortir un album de chansons et termine un nouveau roman...
Jean-Pierre Andrevon et Ugo Bellagamba
Jean-Pierre Andrevon
Retour au centre-ville, Ă  la MĂ©diathèque, pour voir l’exposition de Didier Cottier, le « sculpteur de l’imaginaire ».
les créations de Didier Cottier
les créations de Didier Cottier
les créations de Didier Cottier
Didier Cottier discutant avec une jeune femme qui lui confie qu’elle a été remuée par la découverte de son travail
Que dire du travail de Didier ? Personnellement, j’adore ! On aime ou on n’aime pas, mais ses aliens, ses compositions Ă  la fois organique, minĂ©rale, vĂ©gĂ©tale et Ă©lectronique ne laissent pas indiffĂ©rent.
SoirĂ©e théâtrale sur le thème « PrĂ©histoire et Science-Fiction ». ConfĂ©rence sur Francis Carsac par FrĂ©dĂ©ric Boyer et spectacle de palĂ©o-fiction « MĂ©moires d’Hommes » avec la charmante Vanessa Bellagamba, la sœur d’Ugo. En plein air. Fallait prendre une p’tite laine. ;-)
Retour à la Maison de Pays. Jean-Pierre Andrevon a poussé la chansonnette accompagné de sa guitare (euh, honte à moi, j’ai manqué cette soirée, mais l’adorable Joëlle Wintrebert, rencontrée dans le restaurant de l’hôtel le lendemain, m’a tout raconté au moment du petit déjeuner).

troisième jour
Promenade matinale au lieu d’assister à l’assemblée générale de l’association Infini (ce n’est pas la mort, je ne suis pas membre de l’association).
Rencontre-dĂ©bat avec Catherine Dufour sur le thème « Des goĂ»ts et des Dieux, discutons-en ! », animĂ©e par Jean-Jacques RĂ©gnier.
Après-midi : table-ronde sur « La publication Ă©lectronique, quel avenir pour la science-fiction française ? »
La publication électronique, quel avenir pour la science-fiction française ?
Participants (de gauche Ă  droite sur la photographie ci-dessus) : Sylvie LainĂ©, Florence et Selene (les Lyonnes de la SF), Jean-Luc Blary (des Ă©ditions Eons) et ClĂ©ment Pieyre. Animateur : Ugo Bellagamba. Les sujets abordĂ©s Ă©taient aussi divers qu’intĂ©ressants : quel prix payer pour un support Ă©lectronique, l’importance du travail Ă©ditorial absent dans le cas d’une auto-publication sur Internet, la lecture des textes sur e-book, etc.
Vote pour la convention SF de 2010...
Gilles Goullet, Frédéric de la librairie Omerveilles et Raymond Milési
RĂ©sultat : la convention SF se dĂ©roulera en 2010 Ă  Grenoble, organisĂ©e par la Librairie Omerveilles et une petite Ă©quipe en train de se constituer (avec dĂ©jĂ  Gilles Goullet, traducteur).
Informations sur la convention SF de 2009 qui se déroulera à Bellaing (dans le Nord de la France).
Pour la suite des Ă©vĂ©nements, la convention SF a retrouvĂ© le centre-ville oĂą Michel Jeury, après une rencontre-dĂ©bat sur le thème « Des Ă©toiles au certif en passant par le terroir... » a signĂ© son recueil La VallĂ©e du temps profond, paru aux Moutons Ă©lectriques en 2008.
Alors que tout le monde quittait le salon de thĂ© (par ailleurs tenu par Dany Jeury, la fille de Michel) oĂą s’étaient dĂ©roulĂ©es les signatures, mon amie et moi avons investi les lieux, rejoint peu après par Markus Leicht. Pendant ce temps, Ă  quelques pas de lĂ , se dĂ©roulait la remise officielle des prix littĂ©raires :
  • Prix Rosny-AĂ®nĂ©, catĂ©gorie romans : Élise FONTENAILLE, avec Unica (Stock)
  • Prix Rosny-AĂ®nĂ©, catĂ©gorie nouvelles : Jean-Claude DUNYACH, avec « Repli sur soie » (in Bifrost, NumĂ©ro 47, Le BĂ©lial’)
  • Prix Merlin, catĂ©gorie romans : Élodie TIREL, avec Les HĂ©ritiers du Styrix, (Ă©ditions Milan/Grands romans)
  • Prix Merlin, catĂ©gorie nouvelles : Virginia SCHILLI, avec « Dernier soupir » (in Solstice, Volume 1 : Facettes d’Imaginaire, Ă©ditions Mille saisons)
  • prix Cyrano : Michel JEURY, pour l’ensemble de son œuvre
  • PĂ©pin d’or : TimothĂ©e REY, avec « DĂ©veloppement du râble »
En soirĂ©e, retour Ă  la Maison de Pays pour le dĂ®ner de gala (mon amie et moi nous trouvions Ă  la table oĂą Ă©taient prĂ©sents Sylvie LainĂ©, Jean-Claude Dunyach, Anne Lanièce et Gilles Massardier). Remise du prix Versins (du plus mauvais jeu de mots fait durant la convention) par JĂ©rĂ´me « Globulle » Lamarque Ă  Bruno Para. Vente aux enchères animĂ©e par Georges Pierru. CrevĂ©s, avec ma compagne, nous allons nous coucher dès le dessert avalĂ©.

quatrième et dernier jour
Le dimanche, ainsi qu’une partie de l’après-midi du samedi (avec la rencontre-débat avec Michel Jeury), le programme de la convention de science-fiction était commun avec les Journées Barjavel.
Fabrice MĂ©reste relisant ses notes, Ugo Bellagamba jouant Ă  Monsieur Loyal
J’ai animĂ© la dernière grande table-ronde sur le thème : « La place de RenĂ© Barjavel dans le patrimoine de la science-fiction française » oĂą participaient Nathalie Fert-RifaĂŻ, Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie LainĂ© et Pierre Creveuil. Un regret : l’absence de Jean-Pierre Andrevon, qui aurait eu tout un tas de choses intĂ©ressantes Ă  dire sur RenĂ© Barjavel, mais Michel Jeury a quand mĂŞme eu l’occasion d’évoquer des anecdotes Ă©mouvantes sur la relation qu’il avait eu avec l’auteur nĂ© Ă  Nyons, Michel appelant respectueusement celui-ci « Mon cher Barjavel » et se voyait rĂ©pondre « Mon cher Jeury ». Petite gĂŞne de la Nyonsaise Nathalie lorsque l’érudit Pierre Ă©voquait l’attachement ambivalent de Barjavel Ă  son pays (le petit RenĂ© avait Ă©tĂ© plus ou moins obligĂ© de quitter Nyons durant son adolescence).
Fabrice Méreste, Nathalie Fert-Rifaï, Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie Lainé et Pierre Creveuil
Après cette table-ronde, en compagnie de Pierre Creveuil, nous avons animĂ© un questionnaire très spĂ©cial (ce n’est rien de le dire) sur RenĂ© Barjavel, le fameux barjaquizz, Pierre se chargeant des questions Ă©rudites sur l’auteur et son œuvre (on peut retrouver ces questions sur le barjaweb ici). De mon cĂ´tĂ©, je me suis occupĂ© des titres d’ouvrages de Barjavel Ă  retrouver après avoir Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s sous la forme de synonymes approximatifs (Ă  la manière des jeux SF animĂ©s par Raymond MilĂ©si le vendredi soir). Je me permets de vous les proposer Ă  nouveau dans la liste ci-dessous. Pour ceux qui donnent leur langue au chat, passez votre curseur sur les titres afin de voir apparaĂ®tre la solution...
  • l’esquimau du lac
  • Fraise en quĂŞte de l’épouse d’un acteur qui jouait James Bond
  • Danseuse gĂ©nisse
  • Pas tĂ´t en sous-prĂ©fecture du Jura
  • le 24 novembre 1929
  • Les routes du Brahmane, du Kshatriya, du Vaishya et du Shudra
  • Le futur chĂŞne diabĂ©tique
  • Le fromage de Hollande frappe quand le cri de chasse se fait entendre
  • Un mauvais cheval chez les beaux-parents de Johnny Depp
  • La femme de l’oncle a des vents
  • TĂ©nor pas rapide
  • Le leurre (sonore) de ces souverains russes
Le grand gagnant du barjaquizz était Georges Bormand, d’autres habitués des jeux SF (comme Bernard Dardinier) ont aussi remporté un des livres proposés par notre sponsor les Moutons électriques, éditeur, mais également quelques personnes qui étaient venues spécifiquement pour les Journées Barjavel (dont un jeune fan de Grenoble qui gagna le droit de participer à la conférence organisée dans l’après-midi par Pierre Creveuil).
Dernier repas pris Ă  la Maison de Pays. MĂŞme Margot Bellagamba, quatre ans, la fille d’Ugo, Ă©tait mobilisĂ©e (elle rĂ©cupĂ©rait les tickets repas). Ça sentait les au revoir.
Retour au centre-ville, cour du collège Roumanille. Pierre Creveuil et son jeune assistant Ă©voquaient « RenĂ© Barjavel, Ă©cologiste de la science-fiction ».
le jeune fan grenoblois et Pierre Creveuil
La clĂ´ture de l’OliCon et des JournĂ©es Barjavel s’est faite en beautĂ© : Vanessa Bellagamba et Claude Ecken ont lu des textes de RenĂ© Barjavel, Michel Jeury, Sylvie LainĂ©, Catherine Dufour et Jean-Pierre Andrevon.
Claude Ecken et Vanessa Bellagamba lisant un texte de Catherine Dufour
Vanessa Bellagamba lisant un texte de Sylvie Lainé
le public attentif durant les lectures
Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Après les lectures et quelques rafraîchissements, il a fallu se séparer...
Envie de rester encore, de prolonger ces bons moments, encore une glace, encore quelques souvenirs de Nyons (de l’huile d’olives et du miel de garrigue), profiter encore et encore du soleil de la Provence. Et puis, quand même, il a fallu reprendre la voiture pour rentrer à Lyon...
En rĂ©sumĂ©, d’une certaine manière, cette convention SF aura Ă©tĂ© pour moi paradoxale car, en tant que co-organisateur (j’étais dĂ©jĂ  venu Ă  Nyons afin de prĂ©parer l’OliCon avec Ugo Bellagamba en novembre 2007 et j’en avais parlĂ© ici), je m’y sentais plus fortement impliquĂ© qu’aucune autre rencontre science-fictive prĂ©cĂ©dente, mais, comme j’étais venu Ă  Nyons avec mon amie, et que nous souhaitions très naturellement nous rĂ©server un peu de temps rien qu’à nous, je me suis finalement rĂ©vĂ©lĂ© ĂŞtre un « olico-participant » assez peu prĂ©sent, ayant manquĂ© quelques grands rendez-vous de cette manifestation et la quasi-totalitĂ© des repas pris en commun... (Que celui qui, Ă  ma place, aurait souhaitĂ© ne pas vivre les dĂ©licieux dĂ©jeuners, goĂ»ters ou dĂ®ners que nous avions pris en amoureux loin de tout le monde me jette la première pierre.) Emmener Ă  Nyons la fleur qui embaume sa vie du parfum de l’amour, c’est ĂŞtre avec une rose...
Une Rose...
...au Paradis !
...au Paradis

Pour voir d’autres images prises par Markus Leicht lors de l’OliCon, vous pouvez aller ici (le 21 août) et là (le 22 août).
Pour vous rendre sur le compte rendu de la convention réalisé par Catherine Dufour, c’est ici.
D’autres liens sur des comptes rendus et photos de la convention peuvent se trouver sur la page d’accueil du site ActuSF.
Pour rĂ©cupĂ©rer les photos en grand format, il suffit de m’adresser un courrier Ă©lectronique (Ă   fabrice arobase mereste point net). Et si vous vous reconnaissez sur une photo et que vous ne voulez pas apparaĂ®tre sur ce site web, il suffit de me contacter de la mĂŞme manière.


Mardi, le 19 aoűt 2008
En route pour l’Olicon 2008 !
Vous n’êtes pas sans savoir – du moins, je l’espère ! – que la 35econvention nationale de science-fiction va avoir lieu Ă  Nyons (dans la DrĂ´me provençale) du 21 au 24 aoĂ»t 2008.
Je laisserai donc mon nouvel appartement lyonnais, mes meubles non installés et mes cartons non déballés pour quelques jours, partant dès demain soir avec la femme de ma vie et sa chienne, ainsi que Sylvie Lainé (Bénie soit l’invention du GPS, car ce sera moi qui prendrai le volant).
Sylvie est l’invitĂ©e dont je m’occupe plus spĂ©cifiquement en tant que co-organisateur de la convention, vous pouvez lire ses rĂ©ponses Ă  mon questionnaire proustien ici, avec une rencontre-dĂ©bat Ă  son sujet prĂ©vue le jeudi après-midi intitulĂ©e « Une œuvre-Ă©perluette, entre Science et Science-Fiction » dont je me charge de l’animation (ouh la la, qu’est-ce que ça va donner !)
En attendant un compte rendu des Ă©vĂ©nements (si je trouve un peu de temps), voici l’affiche rĂ©alisĂ©e par l’illustrateur Jeam Tag :
Affiche de l’Olicon, © Jeam Tag, 2008
J’espère vous voir très prochainement à Nyons...


Vendredi, le 1er aoűt 2008
Article supprimé
(...)


Dimanche, le 24 février 2008
T-shirt spécial Barjavel
Je viens de terminer de peindre un tee-shirt que je compte porter à l’occasion de l’OliCon 2008, la prochaine convention nationale de science-fiction.
Cet événement sera consacré à l’auteur René Barjavel et aura lieu au mois d’août à Nyons, la ville de Drôme provençale d’où est natif l’écrivain.
t-shirt personnalisé René Barjavel


Mercredi, le 23 janvier 2008
Anticipation, anti-, si, passions
Pff...
À la moitiĂ© du film Impostor de Gary Fleder (inspirĂ© de l’œuvre de Philip K. Dick), je me doutais bien – malgrĂ© la chute Ă  rebondissements – de qui Ă©tait le rĂ©el imposteur.
Dans l’improbable Alien vs. Predator de Paul W. S. Anderson, il ne m’a pas fallu plus de 10 minutes pour imaginer quel personnage allait ĂŞtre le survivant.
Et dans la nouvelle PV de Lucas Moreno, au sommaire du numĂ©ro 49 de Bifrost (qui vient juste de paraĂ®tre, un numĂ©ro spĂ©cial Robert Silverberg), dès la quatrième page, au moment oĂą le personnage principal se demande ce que veut dire l’énigmatique inscription « P V », j’avais eu une idĂ©e assez nette de la signification de cet acronyme... et cette hypothèse, dĂ©voilĂ©e 10 pages plus loin, s’est avĂ©rĂ©e ĂŞtre la bonne.
Bref, aucune surprise ! Ou si peu...
Mes connaissances et capacitĂ©s de raisonnement – par dĂ©duction, induction, analogie ou autres – me gâchent de plus en plus le plaisir de la dĂ©couverte et l’émerveillement face Ă  la nouveautĂ©.
Merde alors : je suis en train de perdre le regard d’enfant que je portais sur le monde...


Lundi, le 5 novembre 2007
Week-end en familles
La seule différence entre Nyons et le paradis,
c’est qu’à Nyons, on est bien vivant.

Je ne saurais mieux exprimer mes sentiments que RenĂ© Barjavel Ă©voquant la ville qui l’a vu naĂ®tre, ce petit joyau situĂ© au cœur de la DrĂ´me provençale oĂą je viens encore de passer un inoubliable sĂ©jour.
Vendredi 2 novembre, après quelques heures de train, d’attente de correspondance et de car – que les pages de bons bouquins et l’enchanteresse vision des paysages automnaux ne rendaient nullement fastidieuses –, j’ai retrouvĂ© Ugo Bellagamba et sa famille dans cette magnifique ville mĂ©diĂ©vale. L’ami niçois, entre dix mille projets professionnels, d’écriture, et bientĂ´t une nouvelle paternitĂ©, est Ă  la tĂŞte du comitĂ© d’organisation de l’OliCon 2008, la prochaine convention nationale de science-fiction (Ă  dĂ©faut de trouver des informations concernant cet Ă©vĂ©nement sur le site, pas encore activĂ©, je vous conseille d’aller sur le blog de la convention), et nul ne saurait rĂ©sister Ă  l’enthousiasme communicatif d’Ugo quand il vous demande de le rejoindre dans cette aventure. Comme nous Ă©tions le jour de la « FĂŞte des Morts », je lui ai proposĂ© d’aller Ă  Tarendol voir la tombe de l’auteur Ă  qui la convention SF 2008 souhaite rendre hommage, et, après nous ĂŞtre engagĂ©s sur quelques fausses pistes (comme suivre la dĂ©partementale D185 au lieu de la D185b ou aller au cimetière de Bellecombe-Tarendol au lieu de celui de Tarendol), alors que le soleil se couchait, nous avons pu nous recueillir auprès de la demeure paisible de l’auteur qui nous a tant marquĂ©.
René Barjavel, 1911-1985, écrivain


Samedi 3 novembre a dĂ©butĂ© par une belle balade sur les hauteurs environnantes de Nyons. Après le dĂ©jeuner, alors que nous faisions la vaisselle, nous avons Ă©coutĂ© Ă  la radio Catherine Dufour (une invitĂ©e de l’OliCon 2008) en direct des Utopiales de Nantes qui venait d’obtenir le Grand Prix de l’Imaginaire pour sa nouvelle (Ugo, qui Ă©tait nominĂ© pour son texte Quirites, n’avait ainsi pas remportĂ© de nouveau prix). L’après-midi s’est poursuivi en se promenant dans Nyons tout en discutant de science-fiction et de l’organisation de la convention. Le dĂ®ner a consistĂ© en un dĂ©licieux pot-au-feu que nous avons partagĂ© avec l’autrice Dany Jeury – la fille de Michel (autre auteur invitĂ© Ă  la convention) – son mari et son fils et, après le dessert, nous avons jouĂ© Ă  reconnaĂ®tre des films Ă  partir de leurs musiques (Ugo, tais-toi ! tu es trop fort...)
Dimanche 5 novembre, au matin, ayant décidé d’avancer plus sérieusement la préparation de la convention, Ugo et moi nous sommes rendus à la Place des Arcades pour nous installer au salon de thé une Rose au Paradis que tient Dany Jeury.
Une Rose au Paradis, le salon de thé tenu par Dany Jeury

Dany a donnĂ© Ă  son charmant Ă©tablissement le nom d’un roman de Barjavel – le lieu ne pouvant mieux s’y prĂŞter ! – et, pour la petite histoire, on retrouve en quatrième de couverture de ce livre une critique signĂ©e de son papa dans Sud-Ouest.
Dans ce cadre idĂ©al, les thĂ©s Marco Polo et Casablanca stimulant nos neurones, des schĂ©mas ont rempli peu Ă  peu mon bloc-notes, nos ordinateurs ont vu leurs fichiers de donnĂ©es se complĂ©ter... Quelle agrĂ©able façon de travailler !
Avec Ugo Bellagamba, au salon de thé Une Rose au Paradis

Et puis, après le dĂ©jeuner, il a fallu ranger son sac de voyage et nettoyer la maison. Nous nous sommes quittĂ©s avec un petit pincement au cœur, Ugo et les siens laissant le « petit Nice » qu’est Nyons pour rejoindre le grand, plus au sud, et j’ai repris le car et les trains qui m’ont ramenĂ© chez moi.
Durant le trajet, alors que le soleil dĂ©clinant rendait la lecture difficile et que je me remĂ©morais des moments vĂ©cus auprès de ces familles de cœur, partageant mon goĂ»t des livres et de l’écriture, je ne pouvais m’empĂŞcher de penser que le Paradis, pour Barjavel et pour nous, c’est peut-ĂŞtre cela : rester vivant dans l’esprit des gens en leur apportant un peu de bonheur Ă  travers quelques pages Ă©crites avec passion...


Lundi, le 15 octobre 2007
Qui dîne dort peu
Ouais, l’expression française « qui dort dĂ®ne » – du moins dans son acception actuelle et non celle que lui donnaient les aubergistes d’autrefois – n’a pas vraiment pu s’appliquer Ă  moi, la semaine dernière. Les rares soirs consacrĂ©s Ă  une activitĂ© qui ne soit ni sportive ni artistique, je me suis retrouvĂ© en bonne compagnie pour des dĂ®ners sympathiques.
Mercredi, j’ai retrouvĂ© AndrĂ©-François Ruaud – le « capitaine » des moutons Ă©lectriques, Ă©diteur – Ă  la gare de Châteaucreux... Nous sommes allĂ©s ensemble voir et Ă©couter l’étonnant spectacle musical et humoristique Laissez votre science au bestiaire des Kazoo’s Belli, le groupe auquel participe notre ami le prof/chercheur/auteur/musicien Jean-Jacques Girardot. J’avais dĂ©jĂ  assistĂ© Ă  une reprĂ©sentation des Kazoos, il y a près d’un an maintenant, mais comme Jean-Jacques a adaptĂ© le spectacle au thème du congrès dont il constituait la clĂ´ture peu commune, de la fantasy avait Ă©tĂ© introduite dans cet ensemble plutĂ´t hard science par l’entremise du « bon gĂ©nie des procĂ©dĂ©s ». Plaisir de voir des copains, le chanteur RĂ©mi Garin, l’autrice Sylvie LainĂ© venue en famille, le sculpteur Didier Cottier... mais les uns doivent rentrer Ă  Lyon ou ailleurs, les autres ne peuvent Ă©viter le dĂ®ner de gala officiel, aussi AndrĂ©-François et moi sommes retournĂ©s au centre-ville Ă  la recherche d’un petit restaurant. Il Ă©tait cependant dĂ©jĂ  plus de vingt-deux heures, et en semaine, dans notre bonne ville de Saint-Étienne, c’était peine perdue. MalgrĂ© tout, je suis parvenu Ă  faire quelque chose d’assez convenable pour mon invitĂ© avec les crevettes et filets de poisson qui traĂ®naient encore dans mon congĂ©lateur.
Jeudi soir, après une rĂ©union pĂ©dagogique, dĂ®ner en compagnie de collègues dans un restaurant japonais. Le repas s’éternisait, les plats mettant un temps considĂ©rable Ă  nous parvenir : la prĂ©paration des sushi, maki et sashimi ne semble pas bien s’adapter aux grands groupes de personnes. NĂ©anmoins, l’ambiance Ă©tait chaleureuse : je suis ravi de pouvoir travailler avec des infographistes, magiciens de l’art et des nouvelles technologies, et des profs pour le moins atypiques.
Samedi midi, Ă  mon retour de la salle de gym, j’ai rencontrĂ© Jean-Jacques par hasard dans un magasin de surgelĂ©s (il fallait que je reconstitue le stock de mon congĂ©lateur). DĂ©jeuner impromptu en sa compagnie, nous Ă©voquons son spectacle de mercredi dernier et son retour Ă  la vie « normale » car il va cesser pour un temps ses activitĂ©s musicales. Chouette, il se peut que nous Ă©crivions enfin la suite de notre nouvelle steampunk !
Samedi soir, j’étais invitĂ© par Gilles Massardier, un Ă©ducateur spĂ©cialisĂ©, mais aussi diacre et auteur amateur de science-fiction (voir les Yeux pour pleurer) que j’avais rencontrĂ© le mois dernier lors de l’évĂ©nement organisĂ© par les Lyonnes de la SF. La soirĂ©e s’est dĂ©roulĂ©e au Passage de Saint-Chamond, un « lieu de vie », c’est-Ă -dire une structure oĂą, avec son Ă©pouse et ses enfants (ainsi que, durant la semaine, d’autres Ă©ducateurs et travailleurs sociaux), ils accueillent jusqu’à huit enfants « Ă  problèmes » dont ils s’occupent en se dĂ©marquant des projets classiques des grosses institutions et des familles d’accueil. Que dire d’autre que durant ces quelques heures en prĂ©sence de Gilles, de son Ă©pouse, de ses gamins, des enfants du Passage et de la charmante psychologue, j’étais entrĂ© dans un autre univers ? La science(-fiction) Ă©voque des univers parallèles, mais il n’est pas nĂ©cessaire de recourir Ă  de tels subterfuges pour dĂ©boucher dans d’autres mondes, en tout cas « autre » pour moi qui ai vĂ©cu une enfance heureuse et très protĂ©gĂ©e au sein d’une famille aimante. Le travail que Gilles et ses collègues effectuent est formidable, je suis admiratif de la force qu’ils dĂ©ploient Ă  chaque instant pour vivre au quotidien avec des mĂ´mes dont les malheurs font ensuite trouver bien dĂ©risoires les inimaginables horreurs rapportĂ©es par les mĂ©dias ou certaines planches dessinĂ©es par Jiho. Étudiant en psychologie pendant quelques annĂ©es, je n’ai jamais Ă©tĂ© spĂ©cialement attirĂ© par les aspects cliniques, m’intĂ©ressant davantage aux aspects expĂ©rimentaux et aux thĂ©ories cognitives. Cela m’avait permis d’échapper Ă  la brutale rĂ©alitĂ© rencontrĂ©e par ceux qui travaillent dans le « social »... Pourtant, la vraie vie, ce n’est pas l’Île aux enfants : les monstres existent et ils ne sont pas gentils.
Dimanche, enfin, j’ai pu rattraper mon manque de sommeil. Mais cela ne m’a pas empêché de terminer une sculpture.
Naviguons sur la vie avec légèreté...
Sur les flots



Samedi, le 22 septembre 2007
Les contraintes créatrices
Je suis d’accord avec David et Umberto. (Attention, article long, plus de 1500 mots, mais ça compense le fait que mon dernier billet date du dĂ©but de la semaine...)
J’ai terminĂ© depuis peu Dans les coulisses du roman, le dernier essai de l’excellent Ă©crivain britannique David Lodge. Dans ce livre fort instructif, Lodge commence par raconter l’histoire mouvementĂ©e de l’écriture et de l’accueil par le public de L’auteur ! L’auteur !, sa biographie romancĂ©e d’Henry James (parue en 2005 en France), histoire mouvementĂ©e en effet car, peu avant la sortie de son roman, un autre (a priori très bon) livre Ă©tait malencontreusement paru en Grande-Bretagne traitant du mĂŞme sujet...
Le chapitre de l’essai de Lodge qui m’a cependant le plus interpellé concerne l’histoire de l’écriture du Nom du la rose d’Umberto Eco (roman paru en 1980 en Italie et en 1982 pour la traduction française), livre dont Eco lui-même avait déjà parlé dans son essai Apostille au Nom de la Rose (1983).
À l’origine, Eco voulait placer son histoire dans l’Italie contemporaine, mais il a finalement choisi la fin du Moyen Ă‚ge, a repris des Ă©lĂ©ments classiques du roman policier en situant l’intrigue principale dans un lieu isolĂ© (une abbaye) et, tout en produisant un texte Ă©rudit qui continue de faire le dĂ©lice des intellectuels, a rendu un hommage appuyĂ© Ă  Conan Doyle – dont l’œuvre a connu et connaĂ®t encore un incontestable succès populaire – Ă  travers son hĂ©ros dĂ©tective (qui a d’ailleurs pour nom « Guillaume de Baskerville », comme le fameux chien). Pour Eco, la construction du roman s’est effectuĂ©e Ă  travers l’apparition d’un ensemble de contraintes crĂ©atrices afin de garder toute sa cohĂ©rente, ainsi l’histoire devait-elle se dĂ©rouler au cours du XIVe siècle, dont il Ă©tait peu familier (Eco maĂ®trisait davantage les XIIe et XIIe siècles) puisqu’il fallait que l’esprit philosophique de Roger Bacon et Guillaume d’Occam (dont est animĂ© le hĂ©ros) ait existĂ© au temps du rĂ©cit, ou encore l’abbaye devait-elle ĂŞtre situĂ©e en altitude afin de faire coĂŻncider deux Ă©lĂ©ments temporels, le premier concernant un Ă©vĂ©nement non fictif (ayant eu lieu en novembre 1321), le second un effet du roman (un cadavre retrouvĂ© la tĂŞte enfoncĂ©e dans du sang de cochon – en rĂ©fĂ©rence Ă  l’Apocalypse –), ce qui n’était possible qu’en hiver (en une autre saison, il Ă©tait trop difficile de conserver la viande de cochon avant de pouvoir la prĂ©parer, et les cochons n’étaient ainsi abattus que par temps très froid) ou un peu plus tĂ´t dans les lieux situĂ©s en altitude.
Je reprends les propos de David Lodge dans Dans les coulisses du roman (Rivages, 2007) traduits de l’anglais par Marc Amfreville, Ă  la page 261 :

En d’autres termes, pour raconter une histoire, il faut construire un univers qui a une relation cohĂ©rente et logique avec le monde rĂ©el, le dĂ©fi pour le romancier consiste Ă  explorer et Ă  dĂ©velopper sa ou ses idĂ©es de rĂ©cit Ă  l’intĂ©rieur de ces contraintes. Les relations entre l’univers fictionnel et le monde rĂ©el ne requièrent pas nĂ©cessairement l’imitation rĂ©aliste (l’allĂ©gorie, par exemple, entretient avec le monde rĂ©el une relation logique cohĂ©rente mais sans aucun caractère rĂ©aliste) ; toutefois, pour ce qui concerne Le Nom de la rose, c’est le cas.

Avec mon ami auteur Jean-Jacques Girardot, nous avions rencontrĂ© le mĂŞme type de phĂ©nomène lors de l’écriture de notre nouvelle intitulĂ©e « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... » (parue en 2003 dans l’anthologie PassĂ©s recomposĂ©s, sous la direction d’AndrĂ©-François Ruaud, aux Ă©ditions Nestiveqnen).
Tous deux chercheurs en informatique dans le « civil » et spĂ©cialisĂ©s en hard science-fiction, je n’imaginais pas que ma collaboration avec Jean-Jacques Girardot se jouerait sur le registre du steampunk, cette science-fiction essentiellement situĂ©e Ă  l’ère victorienne ou Ă©douardienne qui prĂ©sente un univers diffĂ©rent du nĂ´tre Ă  travers quelques traits distinctifs, tels l’apparition d’élĂ©ments fantastiques, ou bien Ă  travers l’énergie qui n’est plus associĂ©e Ă  l’arrivĂ©e de la fĂ©e Ă©lectricitĂ© mais Ă  des sources diffĂ©rentes comme une intensification de la force caractĂ©ristique de la rĂ©volution industrielle qu’était la machine Ă  vapeur (d’oĂą vient d’ailleurs le terme steam au lieu du cyber de cyberpunk).
Puisque nous avions l’opportunitĂ© de proposer un texte dans une anthologie uchronique, et donc de travailler sur une histoire Ă  la structure cohĂ©rente mais dĂ©calĂ©e de l’Histoire (vĂ©ritable) par l’apparition d’un Ă©vĂ©nement non rĂ©el (ou la non production d’un fait historique avĂ©rĂ©), Jean-Jacques m’avait fait part de son envie de se laisser guider par des Ă©lĂ©ments inspirĂ©s par ses lectures de jeunesse. Il souhaitait ainsi retrouver dans notre texte la sociĂ©tĂ© de dirigeables ABC dĂ©crite par Rudyard Kipling – le cĂ©lĂ©brissime auteur du Livre de la jungle (1894) – dans ses nouvelles « As Easy as ABC » ou « With the Night Mail », mais aussi dĂ©sirait employer un personnage de fiction inventĂ© par sir Arthur Conan Doyle, Ă  savoir le professeur Challenger (le hĂ©ros du Monde perdu, un peu moins connu il est vrai que Sherlock Holmes).
Tout d’abord, les propositions de Jean-Jacques m’avaient assez dĂ©concertĂ©. N’étant pas de la mĂŞme gĂ©nĂ©ration que lui, je n’avais pas eu ce genre de lectures durant mon enfance, et je me sentais un peu mal Ă  l’aise Ă  manier un univers issu d’un matĂ©riel littĂ©raire que je ne maĂ®trisais pas. J’ai pourtant lu les quelques textes proposĂ©s par Jiji, rafraĂ®chissants comme des bonbons acidulĂ©s, et – de mon cĂ´tĂ© – j’ai fait des recherches sur la pĂ©riode du dĂ©but du XXe siècle pour apporter ma propre pierre Ă  l’édifice que nous construisions, et je suis tombĂ© sous le charme de cette Ă©poque oĂą bouillonnaient de nouvelles visions scientistes du monde. L’image Ă  laquelle tenait Jean-Jacques Ă©tait celle d’un dirigeable s’arrimant Ă  la tour Eiffel. Nous avions donc une contrainte de lieu, Paris, et une contrainte de date, après l’Exposition universelle de Paris de 1889. Des auteurs passionnĂ©s avaient analysĂ©s les textes de Conan Doyle et avaient situĂ© la rencontre du professeur Challenger et du journaliste Malone (au cours du Monde perdu) vers 1905. Il fallait donc que l’histoire ait lieu un peu plus tard, et comme nous pensions que l’Exposition universelle Ă©tait un Ă©vĂ©nement qui aurait bien pu s’accompagner d’une rencontre entre des hommes de sciences de tous les pays, nous avions imaginĂ© une nouvelle exposition Ă  Paris en 1909 (au lieu de celle qui eut lieu Ă  Seattle). Le contexte politique trouble Ă  la veille de la Grande Guerre (au sein des grands pays d’Europe, ou dans leurs colonies) que connaissait l’annĂ©e 1909 Ă©tait intĂ©ressant Ă  plus d’un titre et nous permettait de mettre en avant un certain nombre d’évĂ©nements diffĂ©rents de l’Histoire, ces diffĂ©rents faits Ă©tant des consĂ©quences de la divergence uchronique que nous avions situĂ©e quelques annĂ©es plus tĂ´t. Clin d’œil Ă  Sherlock Holmes, nous avions aussi mis en place un lieu clos oĂą un crime avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© (le meurtre et la disparition de l’équipe lyonnaise du docteur Claudius Regaud dans l’École militaire du Champs de Mars oĂą Ă©taient consignĂ©s tous les savants). Il Ă©tait vraiment très curieux de se rendre compte que plus nous faisions des recherches pour ancrer notre histoire dans le rĂ©el (tout en considĂ©rant les effets possibles de la divergence uchronique que nous nous Ă©tions imposĂ©s), bien que des contraintes se soient mises en place, l’essentiel des informations trouvĂ©es avaient plutĂ´t une vertu crĂ©atrice et nous donnaient plein d’idĂ©es pour rebondir au niveau de l’intrigue. C’était impressionnant : plus nous grattions le passĂ©, plus nous dĂ©couvrions des personnages historiques ou des Ă©vĂ©nements rĂ©els qui ne faisaient que renforcer nos idĂ©es d’un passĂ© alternatif qui aurait pu se produire.
Pour les lecteurs intĂ©ressĂ©s, vous trouverez l’article retraçant de façon plus dĂ©taillĂ©e cette histoire de crĂ©ation littĂ©raire sous forme papier dans « Le steampunk, une machine littĂ©raire Ă  recycler le passĂ© », parue dans La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction, Actes du Colloque, Nice – 10-11-12 mars 2005, dir. D. Terrel, Revue Cycnos, Volume 22, NumĂ©ro 1, p. 55-66, 2005 (en collaboration avec Jean-Jacques Girardot) ou directement sous forme Ă©lectronique ici.
NĂ©anmoins, mĂŞme si Ă©crire est une activitĂ© passionnante (je commence Ă  avoir Ă  prĂ©sent assez de matière pour donner une suite Ă  cette nouvelle, j’attends avec impatience que Jean-Jacques soit un peu plus disponible pour se lancer dans l’aventure), et qu’il est tout aussi plaisant de lire les romans de David Lodge et Umberto Eco que leurs essais, il faut malgrĂ© tout ne pas se leurrer : il y a de moins en moins de lecteurs (en dehors de quelques phĂ©nomènes moutonniers de PotterMania touchant essentiellement le jeune public) et paradoxalement de plus en plus d’auteurs, pas nĂ©cessairement de talent... C’est ainsi que les derniers Ă©diteurs publiant de la littĂ©rature de l’imaginaire ne proposent plus vraiment de science-fiction ambitieuse, je n’ai rĂ©ussi Ă  en trouver aucun capable de miser un kopeck sur quelqu’un qui, comme moi, cherche Ă  faire publier un roman exigeant transcendant les genres de la science-fiction, de l’espionnage et du thriller, un texte qui va de la hard science fiction jusqu’aux interprĂ©tations Ă©sotĂ©riques de la Bible tout en passant par la critique sociale.
Las, cela ne m’empêchera pas d’écrire, même si je ne rencontre mon public que par l’intermédiaire de ce site Web.


Lundi, le 17 septembre 2007
Rencontres ambigrammées (sens dessus dessous)
Samedi soir s’est déroulé le Lyonnacolo, une rencontre science-fictive franco-italienne organisée par les Lyonnes de la SF.
Un peu avant 17 heures, j’arrive Ă  Temps Livres, l’antre de Markus Leicht, oĂą se trouve dĂ©jĂ  Georges Bormand. Un peu plus tard, d’autres gens arrivent : des Français, des Italiens, un Espagnol... Nous collons des Ă©tiquettes (« I speak English » et « Je parle français » dans mon cas) sur nos badges. LĂ , trop la classe : je sors mon propre badge avec mon pseudo « MĂ©reste » sous forme d’ambigramme (celui-ci). Les gens ne peuvent s’empĂŞcher de tourner mon badge Ă  l’envers parce que ça les intrigue...
Notre petite troupe quitte la boutique en laissant Markus, qui a l’air bien fatiguĂ©, et qui ne nous rejoindra pas pour la soirĂ©e, dommage. Il y a aussi d’autres absents : Franco Ricciardiello ne pourra pas venir. Et m... ! J’avais prĂ©vu de lui faire signer deux bouquins amenĂ©s tout exprès, dont PassĂ©s recomposĂ©s oĂą se trouve Ă©galement une de mes nouvelles : il Ă©tait l’un des derniers auteurs de cette anthologie dont je n’avais pas encore la dĂ©dicace...
Nous passons auprès des bouquinistes du quai de la PĂŞcherie, puis traversons la SaĂ´ne, quai Fulchiron, pour aller chez le Père Penard. Mon sac est prĂŞt Ă  exploser... j’ai emportĂ© ma trousse de toilette et un minimum de vĂŞtements (mon petit frère lyonnais a prĂ©vu de m’hĂ©berger pour la nuit). Par consĂ©quent, avec les livres dĂ©jĂ  emportĂ©s, les « nouveaux » bouquins (d’occasion) achetĂ©s, ça n’va pas l’faire...
Un peu plus de 19 heures, nous arrivons au CafĂ© de la Cloche. Nous retrouvons d’autres gens, dont Sylvie LainĂ©, une amie qui faisait – comme moi – partie de la Gang, au dĂ©but des annĂ©es 2000 (ben mince, ça semble super loin, dit comme ça !). Sylvie sera invitĂ©e Ă  la prochaine convention nationale de science-fiction, l’OliCon, dont je suis l’un des organisateurs. Je lui montre l’ambigramme que j’ai fait Ă  partir de son nom :
Sylvie Lainé

Ça a toujours quelque chose d’étonnant...
À propos de l’OliCon qui aura lieu Ă  Nyons en 2008, l’auteur RenĂ© Barjavel (nĂ© dans cette ville) fera partie du programme Ă  travers une table ronde lui Ă©tant consacrĂ©e (et que votre serviteur se devra de modĂ©rer) et oĂą participera, outre Sylvie (ah, tu n’étais pas au courant ?), Pierre Creveuil, l’un des principaux animateurs du barjaweb, le site Web le plus complet sur ce grand monsieur.
Hop, voici l’ambigramme que j’ai fait pour Pierre :
Pierre Creveuil

AppelĂ© par la faim, nous rejoignons une crĂŞperie, et je fais la connaissance de Gilles Massardier, un Ă©ducateur spĂ©cialisĂ© (mais portant aussi bien d’autres casquettes !) qui est l’auteur de quelques petits textes de SF, dont celui-ci. Le personnage est fort intĂ©ressant, et comme c’est un « voisin » saint-chamonais, plutĂ´t que de passer la nuit chez mon frère, il s’est proposĂ© de me raccompagner Ă  Saint-Étienne et nous avons pu poursuivre sur le chemin du retour vers la Loire la discussion que nous avions entamĂ©e au restaurant puis en revenant au cafĂ©.
Voici ce que donne son nom en ambigramme :
Gilles Massardier

En rĂ©sumĂ©, cette soirĂ©e Lyonnacolo s’est passĂ©e de manière assez curieuse, je n’ai pas tellement eu l’occasion de discuter avec les amateurs italiens de science-fiction (je ne me suis pas retrouvĂ© Ă  cĂ´tĂ© de l’un d’eux, Ă  table ou au cafĂ©), mais pas de rĂ©el regret : j’ai retrouvĂ© des anciens amis et fait la connaissance de personnages intĂ©ressants, tel Gilles, mĂŞme s’il Ă©tait bizarre de se rencontrer Ă  Lyon alors que la distance qui sĂ©pare Saint-Étienne de Saint-Chamond n’est que d’une douzaine de kilomètres...


Jeudi, le 13 septembre 2007
La double double-vie de Fabrice M.
L’excellent et regrettĂ© Polonais Krzysztof Kieślowski avait rĂ©alisĂ©, en 1991, un film Ă©tonnant : la Double Vie de VĂ©ronique. Dans ce petit bijou cinĂ©matographique, une femme, après la mort de son impossible double, voyait sa vie curieusement changer...
En ce qui me concerne, j’ai deux doubles vies : une d’enseignant/chercheur qui m’occupe durant une bonne partie de la pĂ©riode diurne des jours ouvrables (et bien souvent davantage) oĂą je suis le « docteur Fab M. », et une autre d’auteur/sculpteur – que j’exerce le reste du temps – sous le pseudonyme de Mister « F. MĂ©reste ».
Parfois, ces deux vies se mĂŞlent. Hier matin, avant de coiffer ma casquette de prof et de passer la journĂ©e Ă  participer Ă  des jurys de soutenance de stage ou Ă  donner des cours, j’étais devant l’ordinateur afin de concevoir l’affiche annonçant la prochaine exposition d’arts plastiques de mes collègues et moi-mĂŞme (cela se passera Ă  l’atrium de la Bibliothèque universitaire du site de TrĂ©filerie « Droit, Lettres », Ă  Saint-Étienne, du 13 au 28 septembre 2007, voir ici). Et tout Ă  l’heure, je vais installer cette expo avant de retourner bosser « pour de vrai » Ă  mon labo.
Samedi, cette fois en tant qu’auteur, j’irai à Lyon pour participer au Lyonnacolo, une soirée-débat avec quelques auteurs et animateurs du petit monde science-fictif de France et d’Italie, un événement organisé par les Lyonnes de la SF.
Bref, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer...
Enfin, petite nouveautĂ© : j’ai dĂ©cidĂ© de ne plus indiquer directement mon pseudonyme sur les Ă©tiquettes des œuvres plastiques que je vais exposer. DĂ©sormais, seuls seront prĂ©sents le nom de la sculpture, l’URL permettant d’accĂ©der Ă  ce site Web et, en guise de signature, le nouvel ambigramme de mon nom d’artiste :
Méreste, l’ambigramme me servant désormais de signature




Mardi, le 4 septembre 2007
Rencontre SF : Lyonnacolo le 15/09/2007 Ă  Lyon
Pour la rentrĂ©e, voici le rendez-vous Ă  ne pas manquer pour les amateurs de science-fiction de la rĂ©gion lyonnaise : Lyonnacolo, la rencontre science-fictive franco-italienne organisĂ©e le 15 septembre 2007 au CafĂ© de la Cloche, 4 rue de la CharitĂ©, Ă  Lyon. Avec : Cet Ă©vĂ©nement est organisĂ© par les sympathiques Lyonnes de la SF.


Dimanche, le 26 aoűt 2007
Ambigrammes, quand il n’y en a plus...
Faut croire qu’il n’y a que les imbĂ©ciles qui ne changent pas d’avis. En ce dimanche oĂą je n’avais guère envie de sortir, je me suis dit que je devais relever le dĂ©fi et essayer de faire un ambigramme avec un nom qui m’avait rĂ©sistĂ© (du moins, jusqu’à hier). Eh bien, c’est chose faite. Certes, J’ai toujours des problèmes quand il y a trop de diffĂ©rences de lettres entre les noms et prĂ©noms, mais j’ai quand mĂŞme rĂ©ussi Ă  faire un ambigramme avec le nom de l’ami auteur, essayiste et Ă©diteur AndrĂ©-François Ruaud :
André-François Ruaud


RenĂ© Barjavel, l’auteur qui – alors que j’étais tout petit – m’a donnĂ© le goĂ»t de la lecture, de l’écriture et de la science-fiction (je fais d’ailleurs partie de l’équipe organisant l’Olicon en 2008, l’évĂ©nement couplant la prochaine convention française de science-fiction et les JournĂ©es Barjavel) :
Barjavel


Christopher « Chris » Yukna, un ami prof d’anglais (pas très orthodoxe, comme il le dit lui-mĂŞme) et auteur amateur de science-fiction :
Chris Yukna


Emmanuelle « Manue » Beaunis, une amie architecte rencontrĂ©e lors de mon rĂ©cent sĂ©jour aux Antilles :
Manue Beaunis


Bon, hein, je vais me calmer avec les ambigrammes durant ces prochains jours.
Enfin, je vais en tout cas essayer...


Jeudi, le 23 aoűt 2007
Am, stram, gram, ambigramme (tribute to friends)
Pendant que Dean nous coupait du reste du monde, à défaut de pouvoir sortir profiter de la mer des Caraïbes, de la piscine ou des autres charmes des Antilles, il a bien fallu nous occuper.
Avec mes amis, nous n’avons sans doute jamais autant jouĂ© aux jeux de sociĂ©tĂ© que durant cette pĂ©riode d’attente, et j’ai dĂ©couvert Ă  cette occasion que j’étais un champion du Trivial Pursuit. Bon, mon ego en a quand mĂŞme pris un coup, car il s’agissait de l’édition « Junior » – c’est-Ă -dire rĂ©servĂ©e aux 7 Ă  15 ans –, ce qui nuançait grandement ma soi-disant culture...
J’ai donc eu du temps pour lire, mais aussi pour écrire (et pas que des cartes postales, postées longtemps avant l’annonce du cyclone) et pour dessiner.
J’ai ainsi réalisé de nouveaux ambigrammes, comme ceux réalisés la dernière fois.
Alors les voici :

Markus Leicht, un ami auteur.


Francis Valéry, un autre ami auteur.


J’en ai encore dessiné quelques autres depuis. Je les mettrais en ligne un de ces jours...


Mardi, le 8 mai 2007
Le théoricien
[Voici un texte reflétant mes angoisses en rapport avec l’état du monde et de mes connaissances personnelles très spécialisées sur le domaine.
Espérons que cela ne restera que de la fiction...]

Ă€ l’UniversitĂ©, les Ă©tudiants l’appelaient entre eux « Professeur Tournesol Â». Au laboratoire, bien qu’il n’ait pas portĂ© de surnom officiel, il Ă©tait considĂ©rĂ© par ses collègues comme une espèce de dinosaure. Ses derniers doctorants avaient soutenu leurs thèses depuis bien longtemps, ses sujets de recherche Ă©taient aujourd’hui complètement dĂ©suets. Le directeur lui avait fait savoir Ă  de multiples reprises que la seule manière pour lui de s’en sortir aurait Ă©tĂ© de demander un CRCT, un « congĂ© pour reconversion et congĂ© thĂ©matique Â», mais il s’obstinait Ă  ne rien changer Ă  son mode de fonctionnement. Travaillant en Ă©lectron libre, il poursuivait son petit bonhomme de chemin dans le domaine le plus thĂ©orique qui soit de l’apprentissage automatique, ce thème de l’intelligence artificielle qui cherchait Ă  rendre les machines plus « intelligentes Â» Ă  travers des processus d’apprentissage. Tout juste tolĂ©rĂ© – car il publiait quand mĂŞme chaque annĂ©e son lot d’articles dans des revues qui avaient en commun de contenir en sous-titre les termes « theoretical issues Â» â€“, il occupait le bureau le plus exigu du campus, avec pour seul mobilier une armoire bancale pleine de vieux livres accumulĂ©s au fil des annĂ©es, une chaise, une table de classe et une antiquitĂ© d’ordinateur dont la dĂ©plorable dĂ©finition d’écran fatiguait ses yeux dĂ©sabusĂ©s.

L’époque était à la recherche appliquée. Ainsi, chaque fois qu’il demandait des crédits pour partir en mission, il se voyait répondre une fin de non recevoir, les conférences où il souhaitait se rendre ne se trouvaient jamais parmi celles de la liste que le laboratoire finançait. Un jour, à sa grande surprise, on parla de lui. Un de ses articles avait été cité dans un papier d’une équipe américaine qui essayait de mettre au point un système d’analyse des blogs d’étudiants. L’objectif affiché était de prévenir une tragédie telle que l’absurde carnage qui s’était produit en Virginie, à la mi-avril 2007. Ses travaux purement théoriques en apprentissage automatique avaient ainsi quelque espoir d’être réutilisés dans des applications concrètes. Seulement, il n’y avait qu’aux États-Unis que cela pouvait se produire.

Il fit quand mĂŞme une chose qu’il n’imaginait possible : il rĂ©pondit Ă  un appel Ă  projet initiĂ© par le Ministère dĂ©lĂ©guĂ© Ă  la Recherche et aux Nouvelles Technologies. L’enveloppe budgĂ©taire de ces projets avait sensiblement gonflĂ© peu après les Ă©lections prĂ©sidentielles et lĂ©gislatives. MalgrĂ© son ignorance des chiffres et le peu de contact qu’il avait avec ses collègues du mĂŞme ou d’autres laboratoires, sa proposition reçut une rĂ©ponse favorable. Il pouvait Ă  prĂ©sent monter une Ă©quipe rien qu’à lui, incitant des Ă©tudiants brillants Ă  venir Ă  ses cĂ´tĂ©s pour les encadrer en thèse, accueillir des stagiaires de master de recherche et faire travailler des ingĂ©nieurs… Ses collègues jaloux se dirent que la comète avait tardĂ© Ă  s’écraser sur Terre et que le dinosaure, au lieu de disparaĂ®tre, s’était en fin de compte adaptĂ©, prĂŞt Ă  dĂ©vorer les mammifères.

Boostés par l’argent, les travaux qu’il dirigeait avancèrent au pas de charge. Les algorithmes fondamentaux qu’il avait développés trouvaient une application idéale dans la fouille de données multiformes telles que les informations présentes sur l’internet. Peu soucieux de ses semblables, il ne se rendit pas compte que le nouveau président de la République avait fait passer en douceur tout un ensemble de mesures inspirées de l’USA PATRIOT Act.

Les jeunes docteurs qu’il avait formés ne trouvèrent pas de postes dans la recherche ou l’enseignement supérieur mais dans une autre instance ministérielle, celle de l’Intérieur.

Lorsque les mesures liberticides mises en place par le gouvernement furent trop visibles, lorsque les forums et les blogs commencèrent Ă  s’enflammer sur l’internet, avant que le feu de la rĂ©bellion ne descende dans la rue, il ne fallut qu’un instant Ă  la Police pour l’étouffer en arrĂŞtant quelques centaines de meneurs. Grâce aux outils de veille dont elle disposait pour prendre le pouls de la conscience de la France, elle avait pu remonter jusqu’aux principaux fauteurs de trouble potentiels : les petits moucherons, en s’agitant sur la Toile, croyaient s’en servir pour communiquer alors qu’ils ne faisaient qu’attirer Ă  eux la vorace araignĂ©e.

Quand le professeur vit le lendemain les arrestations des blogueurs aux journaux télévisés, il eut la désagréable impression qu’il avait peut-être été un des innombrables engrenages d’une énorme machine répressive, mais cette idée s’envola aussi rapidement qu’elle était apparue. Après tout, il n’était qu’un théoricien.


© Fabrice MĂ©reste, 2007.



Mercredi, le 28 mars 2007
Une grenouille et des agents secrets dans une uchronie 60’s
Neurotwistin’ de Laurent Queyssi, voilĂ  un livre qu’il est bien : une grenouille gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©e devient auteur de romans Ă  la OSS 117 ou James Bond 007. Mais cette grenouille, malgrĂ© son succès populaire, n’est vraiment pas heureuse : elle se morfond de ne pas ĂŞtre homme, alors qu’elle a pourtant des sentiments bien humains...
Neurotwistin’ est le premier roman de Laurent "Mars Hotel" Queyssi (dont on retrouve le blog ici, ou qu’on retrouve sur Myspace lĂ ) qui, bien que se trouvant encore en "vrai" papier en librairie ou sur le site de son Ă©diteur, les moutons Ă©lectriques, (ou mĂŞme dans ma propre bibliothèque !) peut maintenant se trouver Ă©galement sous forme de fichier PDF sur le site de l’éditeur ici. On peut aussi Ă©couter le monsieur causer de ses projets d’écriture lĂ . A lire, voir et entendre 


Mardi, le 27 février 2007
À la mĂ©moire de Patrice
Désolé de ne répondre ni aux messages ni aux commentaires, je suis pris par le boulot... et je n’ai pas trop le moral pour cela en ce moment.
Dimanche, à savoir hier, j’étais à Lyon. Je devais voir là-bas des amis et connaissances du petit monde de la littérature de l’imaginaire (science-fiction et fantastique), et parmi eux, Patrice Duvic, un de ces géants de la SF francophone qui, même s’il était resté discret en tant qu’auteur (avec quand même une poignée de romans, dont même un adapté au cinéma, et quelques nouvelles), avait eu l’occasion de cotoyer et interviewer les plus grands auteurs de SF américains (Philip K. Dick par exemple) et avait travaillé en tant que directeur de collection pour Denoël ou Pocket.
Patrick et son épouse se faisaient attendre. André-François Ruaud, notre hôte, a cherché à les contacter pour prendre des nouvelles. Les larmes aux yeux, il a reposé le téléphone pour nous apprendre le décès de Patrice. C’était un choc car, même si nous savions tous que Patrice était malade, il était sorti de l’hôpital et semblait mieux aller.
Adieu Patrice... Voilà un grand vide. Nous pensons tous à Monique et à sa douleur. Cette soirée, à la mi-décembre, sera donc la dernière où j’aurais vu Patrice vivant. Nous avions eu une discussion en aparté intéressante, il m’avait donné des conseils au sujet de la publication de mon roman. Je lui avais envoyé un courrier électronique dernièrement qui poursuivait cette discussion. Mais il n’y aura plus jamais de réponse.


Mardi, le 6 février 2007
Après Fiction SpĂ©cial, le Fiction W !
L’excellente maison d’éditions les moutons électriques vient de sortir un numéro spécial (et promotionnel) de sa revue Fiction.
On le trouve en téléchargement gratuit ici
Y’a bon !


Dimanche, le 28 janvier 2007
Kikoolol attitude
Ça y est, j’ai ouvert mon SkyBlog site sur MySpace.
C’est amusant, j’ai retrouvé des gens déjà croisés ici ou là dans la vraie vie à l’occasion d’événements en rapport avec l’écriture (Markus Leicht, Sire Cédric, Laurent Queyssi, Fabrice Colin, Mélanie Fazi, Natacha Giordano...) et j’ai fait la connaissance d’autres personnes sympathiques et fort intéressantes.
En plus, comme c’est tout neuf pour moi, j’ai postĂ© quelques billets ces jours derniers :
– Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
– Une justice au royaume pourri du cinĂ©ma ?
– Pourquoi Ă©crire ?
– Mylène et moi
Donc maintenant, j’ai une vĂ©ritable excuse si je suis un peu silencieux sur mon weblog, non ?


Samedi, le 27 janvier 2007
Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
Il est assez amusant de voir que de nombreux auteurs de science-fiction sont complètement "largués" au quotidien par la technologie, offrant dans leurs textes des visions se situant à des années-lumière du tout-venant mais carburant dans la vraie vie au low-tech.
Un de mes amis auteurs travaille encore avec un vieil ordinateur avec un modem en bois, et transfère ses fichiers avec une disquette... à la plus grande perplexité de certains éditeurs qui ne savent plus comment récupérer les données binaires sur ce type de support archaïque.
Moi-même, pourtant chercheur en intelligence artificielle, je me refuse à des éléments considérés comme "indispensables" à la vie moderne, et je passe pour un extra-terrestre auprès de ceux qui font ma connaissance.
1) Je n’ai pas de télévision. Moyen d’interactivité nul, on passe trop de temps à regarder des bêtises. Non, la vie est trop courte pour perdre du temps devant la pub. Aujourd’hui, il est vrai que j’arrive à avoir les chaînes de la TNT sur mon ordinateur, mais je me limite aux titres des journaux de 20 heures et à de rares émissions enregistrées de temps à autres.
2) Je n’ai pas de voiture. Je suis de l’espèce hyper-urbaine qui vit avec les transports en commun, ou le roller en cas de grève ou de beaux jours. J’ai pourtant mon permis avec tous ses points et j’avais une voiture pendant une dizaine d’années, mais habitant en centre-ville, je prends bus et tramway pour me déplacer au quotidien, ou train et avion de temps en temps. Je n’ai jamais beaucoup aimé conduire une voiture, je ne suis pas fan de la vitesse, et j’ai toujours un bouquin dans la poche ou mon sac. Les transports en commun, c’est du stress en moins, et du temps de lecture en plus.
3) Je n’ai pas de tĂ©lĂ©phone portable. Bien sĂ»r, j’ai un tĂ©lĂ©phone fixe chez moi et Ă  mon bureau, et je consulte très rĂ©gulièrement mes courriers Ă©lectroniques. Mais quelle idĂ©e saugrenue que de faire croire que l’on a besoin d’être contactĂ© dans l’instant mĂŞme, Ă  tout moment ? J’avais d’ailleurs Ă©crit une nouvelle au sujet des tĂ©lĂ©phones portables, il y a de cela quelques annĂ©es :
Cellulaire sans en avoir l’air
Ce qui est pratique n’est pas toujours nĂ©cessaire... Il faut faire des choix dans la vie. :-)


Mardi, le 23 janvier 2007
Anges et vieux démons
Reçu hier, dans ma boîte aux lettres (car je suis abonné, si si...) le dernier numéro en date (le 45) de la revue Bifrost. Et dedans, pages 101 et 102, une critique de l’anthologie les Anges électriques par Thomas Day.
D’ordinaire, ça dĂ©mĂ©nage sec quand cet Ă©crivain joue au critique (surtout quand il endosse le pseudonyme collectif de « Cid Vicious » !) mais, mĂŞme en signant son article sous son nom de plume, cela ne l’empĂŞche pas de tailler dans cette anthologie parfois Ă  la hache, et pas nĂ©cessairement sans raison. Quand on arrive Ă  la nouvelle Ă©crite par votre serviteur, cela donne :
« (...) Seule bonne surprise francophone, Fabrice MĂ©reste, qui frĂ´le l’excellence, avec un texte trop sensuel pour ĂŞtre qualifiĂ© d’eganien, mĂŞme s’il y a un peu de Greg Egan dedans ; dommage que la chute, qui pourrait ĂŞtre facilement considĂ©rĂ©e comme un tract catho anti-avortement, ajoute au texte une morale nausĂ©abonde. »

Euh, que dire ? Bon, il y a du compliment, certes, et on me rapproche inĂ©vitablement de Greg Egan parce que j’écris de la hard science sur la problĂ©matique de la nature de la conscience. Cependant, cette thĂ©matique n’est pas l’exclusivitĂ© de l’auteur australien car, Ă©tant chercheur et ayant une formation en sciences cognitives, il n’y a rien de plus normal Ă  ce que j’aborde aussi le problème de la nature de l’esprit. D’ailleurs, mon ami et compagnon de plume Jean-Jacques Girardot Ă©tait aussi considĂ©rĂ© comme « eganien » dans certains de ses textes.
La fin de la critique de Thomas Day est plus difficile Ă  interprĂ©ter avec son conditionnel ambigu. Me prendre pour un catholique intĂ©griste adepte d’une position anti-avortement est ridicule (il suffit de me connaĂ®tre). Ma nouvelle « des Ailes dans la tĂŞte » aborde cependant la question des cellules souches, un sujet sensible auquel j’ai tentĂ© de donner une rĂ©ponse optimiste : quand des cellules embryonnaires, voire fœtales, ne peuvent donner lieu Ă  la constitution d’un nouvel ĂŞtre en raison des circonstances, au moins peuvent-elles avoir une utilitĂ© pour des individus qui en auraient un besoin vital. À ce titre, cela rejoint l’idĂ©e plus gĂ©nĂ©rale du don d’organe, et on peut dĂ©jĂ  retrouver des Ă©lĂ©ments similaires dans la fin mĂ©taphorique de l’étonnant film quĂ©bĂ©cois JĂ©sus de MontrĂ©al de Denys Arcand (1989).


Dimanche, le 17 décembre 2006
Un de plus
Jeudi matin, grand moment : j’ai postĂ© mon roman Ă  un Ă©diteur. Des heures de travail, des annĂ©es de maturation, des espoirs et des dĂ©ceptions, et voilĂ  enfin mon bĂ©bĂ© envoyĂ© entre les mains du comitĂ© de lecture. Croisons les doigts...
Vendredi, prĂ©paration des gâteaux destinĂ©s au lendemain matin. Plus tard, je me suis retrouvĂ© Ă  Lyon avec l’ami Jean-Jacques Girardot Ă  l’occasion de la soirĂ©e culturelle, littĂ©raire et festive organisĂ©e par Sylvie. Moment vraiment Très sympa. Discussions plaisantes avec les anciens de la (et non « le ») Gang, ainsi que Jean-Marc Ligny, Patrice Duvic (qui m’a donnĂ© des idĂ©es d’éditeurs Ă  qui proposer mon thriller si jamais la maison d’éditions Ă  qui j’ai proposĂ© mon texte le refuse), j’ai fait dĂ©dicacer quelques ouvrages et j’ai eu moi-mĂŞme l’occasion de dĂ©dicacer quelques exemplaires des Anges Ă©lectriques oĂą se trouve ma nouvelle « des Ailes dans la tĂŞte ». Quelques photos sur le blog de Markus Leicht.
Samedi matin, rĂ©veil avec un an de plus. Mauvaise nouvelle en partant faire du sport, chargĂ© de mes gâteaux faits maison et bouteilles de jus de fruits et d’alcool : pas de tram ni de bus en raison de la grève. Eh meeeeeeeerdeeeeeeee... Fort heureusement, je ne suis pas arrivĂ© en retard Ă  mon club de sport, mais ma promenade imprĂ©vue chargĂ©e comme un mulet a remplacĂ© le temps que je comptais passer sur le step. Nous avons bien transpirĂ© et les gâteaux Bagdad et pomme-amande (ce dernier Ă©tant cuit au four Ă  micro-ondes) accompagnĂ©s de clairette de Die et de crĂ©mant d’Alsace nous ont permis de rĂ©cupĂ©rer les calories brĂ»lĂ©es durant l’effort. Arf !
Et puis ce fut la course pour faire tous les magasins, la fromagerie de la PrĂ©fecture, Centre 2 avec un retour chargĂ© de bouteilles, les pains rustiques de Paul, le marchand de primeurs, les gâteaux d’anniversaire commandĂ©s chez Nelson, l’épicier du coin... tout ça en ne pouvant circuler qu’à pied. Gnurf.
Samedi soir, tout Ă©tait Ă  peu près prĂŞt (j’étais en train de finir de prĂ©parer mes toasts) quand est arrivĂ©e la première invitĂ©e, suivie de peu par des Lyonnais (famille et amis) et mon appartement s’est rempli petit Ă  petit. SoirĂ©e vraiment très chouette, j’ai Ă©tĂ© gâtĂ© par tout le monde, et bien entendu j’ai prĂ©vu Ă  boire et Ă  manger avec excès, j’ai de bonnes rĂ©serves de bouteilles (une pseudo-cave avec un Ă©ventail acceptable de rouges, blancs et vins pĂ©tillants, mais pas de rosĂ©, beuh) et mon rĂ©frigĂ©rateur est encore plein Ă  craquer. Le lendemain a Ă©tĂ© un peu violent. Non, pas de gueule de bois, j’ai Ă©tĂ© raisonnable mĂŞme si je n’ai pas dĂ©daignĂ© le très agrĂ©able pinotage sud-africain (moi qui d’ordinaire n’aime pas trop le rouge) et l’excellent gewurztraminer vendanges tardives, il se trouve simplement qu’il y avait beaucoup de vaisselle et encore pas mal de choses Ă  ranger et nettoyer. Mais avec un peu de courage, tout a pu rentrer dans l’ordre et j’ai Ă  prĂ©sent plein de nouvelles choses Ă  lire, voir et entendre avec tous les cadeaux de mes invitĂ©s... Yes !


Vendredi, le 1er décembre 2006
En dĂ©dicace Ă  Lyon le 15/12/06 Ă  partir de 19 heures
Je vous fais suivre l’annonce officielle :

Soirée culturelle, littéraire et festive à Lyon le vendredi 15 décembre, à partir de 19 heures

L’imaginaire dans tous ses états

Au programme : rencontres, discussions, dĂ©dicaces (certains ouvrages seront disponibles sur place, surprises promises...), musique, exposition photos, dans un cadre convivial

Le lieu : restaurant Le Saint-Amour, 77 rue Villeroy, 69 003 Lyon – tel. 04 78 60 81 17 – MĂ©tro Saxe-Gambetta, sortie place Victor Basch (*)

Avec les Ă©ditions Moutons Électriques (revue Fiction, collection Rouge, Beaux livres...) et les Ă©ditions ActuSF-les Trois Souhaits

Et la participation d’auteurs dans les domaines de la Science-fiction et de l’imaginaire, proches de Lyon par le cœur ou l’esprit :
Exposition photographique de Patrice Duvic

Ponctuation musicale : première apparition publique du groupe Rockin’ James Trio (Rockabilly) : James Baddams (chant, guitare), Jean-Marc Tomi (guitare lead), Dominique Garcia (batterie)

Kir de l’amitié offert - boissons et restauration possible sur place.
Photographies, podcasts, demandes de dédicaces chaudement encouragées...

(*) Pour les personnes se dĂ©plaçant en voiture, parking Ă  proximitĂ© : place des Martyrs de la RĂ©sistance, près piscine Garibaldi.


Vendredi, le 27 octobre 2006
Le monde est parfois mal foutu, et parfois bien quand mĂŞme
La semaine prochaine, je vais aller Ă  Bordeaux dans le cadre de mon mĂ©tier-que-j’aime-bien. Trois jours de pris pour voir un Ă©tudiant pendant 3 heures, normal avec le train qui met 10 heures pour faire le trajet aller (et autant retour), normal que ce soit pendant les vacances car, autrement, comment pouvoir dĂ©gager trois jours d’affilĂ©e ?
Pas de problème, me suis-je dit, je vais pouvoir travailler sur mon roman dans le train, c’est sympa. Et, en plus, je vais pouvoir retrouver à Bordeaux des connaissances.
Mais... et meeeeeeeerdeeeeeee, les copains que j’avais prévu de voir n’y seront pas. Déjà, il y a les Utopiales à Nantes au même moment, donc tant pis pour voir M’sieur Queyssi. Par ailleurs, l’ami Francis Valéry (qui a mis en ligne son weblog et sa boutique) animera un spectacle avec sa copine dans la région stéphanoise (un comble). Donc je serai soli-solo à Bordeaux, dommage.
Ouais, parfois, dans la vie, ça ne l’fait pas.
Autre annonce, le frangin Ugo Bellagamba s’est lancĂ© dans l’organisation de la convention de SF de 2008 qui aura lieu Ă  Nyons (dans la magnifique DrĂ´me provençale). J’y serai, bien sĂ»r (je viens d’envoyer mon bulletin d’inscription Ă  Ugo) et je devrais normalement prĂ©senter quelque chose sur RenĂ© Barjavel et animer une table ronde. Ça sera bien marrant.
Enfin, à partir de demain, le samedi 28 novembre, vous devrez trouver l’anthologie les Anges électriques dirigée par A.-F. Ruaud dans toutes les bonnes librairies, avec dedans un texte-qu’il-est-de-moi-et-qu’il-est-top-bien.
Dans la vie, ça l’fait quand même, après tout...


Samedi, le 21 octobre 2006
Il faut lire ! (comme dirait Dany)
La FĂŞte du Livre Ă  Saint-Étienne ?
Très bien, merci. J’y retourne dans un instant.
Les rencontres littĂ©raires qui s’y dĂ©roulent me ramènent aux impressions que j’ai eues l’an dernier lors dans la confĂ©rence de Nice sur « L’histoire dans la SF, la SF dans l’histoire ».
Les actes sont Ă  prĂ©sent en ligne et vous trouverez l’article que j’ai Ă©crit (en collaboration avec J.-J. Girardot) ici. Bonne lecture !


Mercredi, le 11 octobre 2006
Je suis... aux anges !

Hier, je suis allĂ© rĂ©cupĂ©rer un colis Ă  la Poste. À l’intĂ©rieur, mes exemplaires d’auteur de l’anthologie dirigĂ©e par A.-F. Ruaud intitulĂ©e les Anges Ă©lectriques, Fiction SpĂ©cial, tome 1, publiĂ©e chez les moutons Ă©lectriques Ă©diteur.
Outre « Des ailes dans la tĂŞte », le très joli (si si !) texte de votre serviteur, vous trouverez des nouvelles de Jean-Pierre Andrevon, Richard Kearns, Jean-Louis Trudel (blog), Kelly Link (site officiel), RenĂ© Beaulieu (blog), Rhys Hughes (blog), Paul Di Filippo (site officiel), Jean-Jacques Girardot, Christian VilĂ , Jamil Nasir, Johan Heliot, Xavier MaumĂ©jean, Fabio Nardini, Sylvie Denis, Roland Fuentès (blog), Andrew Weiner ainsi qu’un article d’AndrĂ©-François Ruaud (blog) et des illustrations de Letizia Goffi et SĂ©bastien Hayez.
Disponible dès maintenant sur le site de l’éditeur et à partir du 27 octobre 2006 en librairie ou ici ou là.


Lundi, le 26 juin 2006
DĂ©crochage local
Argh, je ne parviens plus à alimenter régulièrement mon weblog.
Pourtant, j’ai Ă  nouveau l’ADSL Ă  la maison, et j’écris depuis un tout nouvel ordinateur. Mais ça doit ĂŞtre aussi ça : ma machine est dotĂ©e de tout un tas de trucs dernier cri dont un bidule qui permet d’avoir (et de voir) la TNT. Or la tĂ©lĂ©vision, tout comme la voiture et le tĂ©lĂ©phone portable, est un accessoire de la vie moderne dont j’ai toujours rĂ©ussi Ă  me passer jusqu’à aujourd’hui. Cependant, je suis restĂ© un gamin, et lĂ , c’était comme le lendemain de NoĂ«l, des heures Ă  passer en revue les chaĂ®nes tĂ©lĂ©visĂ©es jusqu’à me rendre compte que, malgrĂ© la qualitĂ© numĂ©rique, malgrĂ© le nombre consĂ©quent de chaĂ®nes (chez mes parents, on pouvait voir les six chaĂ®nes nationales plus trois chaĂ®nes allemandes), je crois en avoir fait le tour : rien de bien neuf sous le soleil. En plus, j’ai de la chance : il y a du football Ă  la tĂ©lĂ©, donc rien qui puisse attirer mon attention devant l’écran en ce moment, n’éprouvant aucun intĂ©rĂŞt pour le ballon rond.
Enfin, voilà, il n’y a pas eu que des plongées dans le virtuel car ces derniers jours ont quand même été l’occasion de voir des copains auteurs.
Tout d’abord, il y a dĂ©jĂ  trois semaines de cela, l’ami Francis ValĂ©ry Ă©tait de passage Ă  Saint-Étienne. Francis, avec qui, en compagnie de Jiji, nous avions dĂ®nĂ© dans une crĂŞperie qui fait d’excellente râpĂ©es, a parlĂ© de tout et de rien, et de son nouveau bouquin Chroniques du Premier Ă‚ge, mais peut-ĂŞtre avec un peu moins de cohĂ©rence que lorsque nous Ă©tions chez moi pour prendre l’apĂ©ritif et qu’il y avait encore des bouteilles de Soho et de Malibu dans mon rĂ©frigĂ©rateur. Francis, bien que grand amateur de whiskies, s’est avĂ©rĂ© ĂŞtre aussi un vĂ©ritable exterminateur de mes alcools de filles.
Et puis, vendredi dernier, à Lyon, j’étais dans un bar de la Croix-Rousse pour fêter le lancement des Minuscules Flocons de Neige depuis Dix Minutes de David Calvo. Cadre sympa, un peu techno-branchouille, et même si je n’ai pas eu l’occasion de vraiment discuter avec David car pas mal de monde voulaient lui parler (pas grave, nous avions déjà eu l’occasion de parler autour d’une pizza quelques jours plus tôt chez André-François Ruaud), j’en ai profité pour entamer la discussion avec le sympathique Markus Leicht dont je viens de découvrir le blog.


Dimanche, le 5 mars 2006
Ma vie est un roman : 4. DĂ©mĂ©nagement
L’incipit de la semaine n’est pas très caractéristique du roman. Il faut attendre la troisième phrase pour voir apparaître le nom du héros, la quatrième pour supposer qu’il s’agit de science-fiction et la cinquième phrase pour ressentir un certain malaise. Le titre est une date.

C’était une journée d’avril froide et claire.


Je ne sais si la fin de l’hiver sera froide mais je me trouverai à ce moment-là dans mon nouvel appartement. Il est un peu moins clair que le loft que j’occupe encore jusqu’à la fin du mois de mars et il a sans doute un peu moins de charme (mon appartement actuel a un haut plafond, des murs recouverts de chaux vénitienne, du parquet à bâtons rompus et de grandes fenêtres donnant sur une bonne partie du ciel depuis le quatrième étage), pourtant je sens que je vais me plaire dans cet espace plus grand et plus fonctionnel, avec son chouette salon et ses pièces qui deviendront ma chambre, mon bureau-bibliothèque et mon atelier de sculpture. Je vais avoir les clés dans dix jours et j’aurai deux semaines pour déménager...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur ici.


Samedi, le 18 février 2006
Ma vie est un roman : 2. les sĂ©parations
Nouvel incipit pour me raconter, celui de La Nuit des Temps de René Barjavel, un livre qui m’avait boulversé aux premiers moments de mon adolescence...

Ma bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t’ai laissée là-bas au fond du monde, j’ai regagné ma chambre d’homme de la ville avec ses meubles familiers sur lesquels j’ai si souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses livres qui m’ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi mon enfance et où, cette nuit, j’ai cherché en vain le sommeil.

Ce n’est jamais simple de perdre celle que l’on aimait. Lorsqu’une histoire d’amour se meurt, on regarde l’autre avec incompréhension, on se demande pourquoi on l’a aimé, ou on ne parvient pas à comprendre pourquoi l’autre nous aime encore. Parfois, quand on comprend et accepte le malentendu réciproque, on peut se pardonner mutuellement et rester bons amis. La regarder faire sa vie avec quelqu’un d’autre sans jalousie, sans amertume, et se réjouir de son bonheur, c’est possible quand on fait le deuil de la relation passée. C’est rare, mais ça m’est pourtant arrivé alors que j’avais pourtant été très amoureux d’elles. Je suis un grand lecteur, alors je sais tourner la page...


Mardi, le 13 décembre 2005
La clé laxienne est celle du Paradis
Triste nouvelle.
Robert Sheckley, l’auteur Ă©tats-unien de SF qui savait mettre une bonne dose d’humour dans ses œuvres, vient de nous quitter.
Sheckley, c’est l’auteur de pas mal de romans, de recueils, de nouvelles... C’est lui qui a écrit la nouvelle le Prix du Danger qui a été adaptée en film en 1983 avec Gérard Lanvin, Marie-France Pisier et Michel Piccoli.
Sheckley, c’est un grand monsieur que j’ai rencontré il y a de cela un peu plus d’un an, à la convention SF de l’Îsle-sur-la-Sorgue de 2004.
J’avais eu l’occasion de lui parler de l’écriture en collaboration, un thème qui m’est cher, car il avait publié la trilogie du démon Azzie avec Roger Zelazny, peu avant le décès de ce dernier. Sheckley m’avait confié ne s’être pas réellement prêté au jeu de la coécriture étant donné que, dans cette aventure, l’un s’était simplement occupé de développer un synopsis que l’autre avait pris comme base pour rédiger le texte de A à Z.
Un peu désolé d’apprendre ce demi-échec sur le procédé d’écriture en collaboration, je lui ai alors fait part de mon idée qu’écrire à deux, quand cela fonctionne, produit quelque chose qui n’est le reflet ni de l’un ni de l’autre des auteurs, mais une nouvelle entité unique qui va vivre sa propre histoire, un peu comme un enfant.
Ă€ cet instant, nous nous sommes regardĂ© en souriant, imaginant tous deux que les textes Ă©crits en collaboration auraient pu ĂŞtre l’œuvre d’un auteur virtuel, un individu ayant les traits de chacun des co-auteurs, un ĂŞtre impossible malgrĂ© les prospectives technologiques du clonage et des manipulations gĂ©nĂ©tiques.
« Yes, it’s a child, m’avait alors confirmĂ© Bob avec malice. It’s a magic child... »


Lundi, le 12 décembre 2005
Dont acte
Bonne nouvelle. Les actes du Colloque SF de Nice – qui s’était dĂ©roulĂ© du 10 au 12 mars 2005 – viennent enfin de me parvenir. Ils ont Ă©tĂ© Ă©ditĂ©s dans la revue Cycnos, volume 22, dans les numĂ©ros 1 et 2. Vous trouverez l’article « Le steampunk, une machine littĂ©raire Ă  recycler le passĂ© » que Jean-Jacques Girardot et moi-mĂŞme avons Ă©crit dans le numĂ©ro 1, des pages 55 Ă  66.
En espĂ©rant que vous aurez l’occasion de le lire, que cela vous divertira tout en vous apprenant des choses... En tout cas, Jiji et moi nous sommes bien amusĂ©s en l’écrivant, presque autant que s’il se fĂ»t agi de fiction !



Mercredi, le 30 novembre 2005
Comme Phil et Arthur
Ouais, comme tout bon Ă©crivain de science-fiction, je suis nĂ© un 16 dĂ©cembre. Et pas les moindres des auteurs : ceux, entre autres, de 2001, l’OdyssĂ©e de l’Espace et de la nouvelle Les androĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques (la base du film Blade Runner).
Meuh non, ce n’est mĂŞme pas pour qu’on pense Ă  me souhaiter mon anniversaire dans deux semaines !
Et puis, tant que j’y suis, bonne fĂŞte papa !


Mercredi, le 23 novembre 2005
Rendez-vous manqué
Du jeudi 10 au dimanche 13 novembre 2005, à Nantes, se sont déroulées les Utopiales, le festival international (?!) de science-fiction.
Encore un rendez-vous sympa manquĂ©. Mais des photos très originales ont Ă©tĂ© prises des participants. J’y ai reconnu nombre de copains et/ou auteurs, en particulier :
  • photo 3 : l’autrice Catherine Dufour
  • photo 7 : les "docteurs" jumeaux improbables Igor et Grishka Bogdanov
  • photo 8 : Igor ou Grishka
  • photo 9 : Grishka ou Igor
  • photo 10 : l’auteur et chercheur Francis Berthelot (dont je suis en train de lire le guide de lecture sur les transfictions
  • photo 13 : le fan, auteur et photographe de conventions SF Mathieu Walraet
  • photo 14 : l’autrice de fantasy Claire Alix-Panier
  • photo 24 : le plasticien dĂ©jantĂ© Didier Cottier (ces sculptures d’aliens sont tous simplement extraordinaires :!)
  • photo 25 : l’auteur Xavier MaumĂ©jean
  • photo 26 : l’auteur Johan Heliot
  • photo 49 : l’auteur, essayiste, critique et traducteur Patrick Marcel
  • photo 55 : l’auteur Jean-Marc Ligny
  • photo 56 : l’auteur Serge Lehman
  • photo 57 : l’auteur Michel Pagel
  • photo 58 : la traductrice Michèle Charrier
  • photo 59 : l’autrice et traductrice MĂ©lanie Fazi
  • photo 62; : l’érudit Joseph Altairac
  • photo 63; : l’auteur Thomas D(um)ay
  • photo 64 : l’autrice et critique Sara Doke
  • photo 65 : l’auteur Christopher Priest
  • photo 71 : l’auteur Ugo Bellagamba
  • photo 74 : l’auteur Laurent "Mars Hotel" Queyssi
  • photo 78 : l’auteur Roland C. Wagner
  • photo 85  l’auteur Norman Spinrad
  • photo 86 : l’auteur et critique Claude Ecken
  • photo 87 : l’auteur David Calvo
  • photo 96 : l’autrice Sylvie LainĂ©
  • photo 99 : l’auteur, anthologiste, critique et scĂ©nariste Patrice Duvic
  • photo 114 : l’auteur, anthologiste, critique, dirlit (etc.) AndrĂ©-François Ruaud
  • photo 144 : l’auteur Bruno B. Bordier
Ben ouais... j’ai encore loupé un truc...


Dimanche, le 16 octobre 2005
Quelques mots en passant...
Ben tiens, ça fait maintenant plus d’une semaine que je n’ai pas mis de nouveau post sur mon weblog. Pourtant, des trucs, il m’en est quand même arrivé un paquet depuis.
DĂ©jĂ , j’étais malade. Ça a commencĂ© en dĂ©but de semaine passĂ©e par une sensation bizarre au niveau de la gorge, puis au crâne. Puis le rhume, la grosse fatigue et la voix qui s’en va. Ouais, j’étais presque aphone, alors je rĂ©servais ma voix pour le boulot, ce qui fait que mes interlocuteurs au tĂ©lĂ©phone avaient l’impression de discuter avec le mime Marceau. Pas terrible. Aujourd’hui, ça va un peu mieux, mĂŞme si je dois toujours encore pas mal tousser.
J’aurais aussi pu parler de la sortie du Tome 2 de la revue Fiction auquel j’ai modestement collaborĂ© par le recueil des tĂ©moignages des sieurs Fabrice Colin, Ugo Bellagamba et Thomas Day, tous trois ayant expĂ©rimentĂ© la coĂ©criture dans leurs parcours d’auteurs.
Je pourrais aussi raconter que cela va faire bientĂ´t trois ans que je tiens un weblog, dĂ©butĂ© sur Blogger, poursuivi sur un site perso installĂ© sur Free et maintenant en place ici. Le problème, c’est que les nouveaux posts s’ajoutent aux anciens sans aucun souci d’archivage et le texte brut finit Ă  prĂ©sent par atteindre le poids de 100 ko (c’est pas bien), sans compter que les anciennes archives n’ont pas Ă©tĂ© rapatriĂ©es. Et il y a aussi toute la section sculpture Ă  reprendre, avec de meilleures photos, l’ajout de mes nouvelles crĂ©ations, etc.
Bon, ben, il y a du travail ! Mais ce ne sera pas pour tout de suite car, maintenant que je retrouve peu Ă  peu la forme et que mon temps n’est pas pris par mon job officiel, je vais poursuivre la rĂ©Ă©criture de mon roman...


Samedi, le 4 juin 2005
J’aime bien...
Il est des personnages qui ne peuvent pas laisser indifférent. Pour moi, le réalisateur et scénariste Jean-Pierre Jeunet est de ceux-là.
Mercredi dernier, j’ai eu la chance de le voir au cinĂ©ma Le France de Saint-Étienne. De 18 heures au lendemain, rien que du bonheur... Cela a dĂ©butĂ© par les premiers courts mĂ©trages de Jeunet : L’évasion (1978) et Le Manège (1980), des films d’animation oĂą le travail de son complice Marc Caro fait des merveilles et annonce la superbe CitĂ© des Enfants perdus (1995), Pas de repos pour Billy Brakko (1984) et Foutaises (1989), oĂą on retrouve les prĂ©mices d’élĂ©ments qui seront exploitĂ©s dans Delicatessen (1991) et Le fabuleux destin d’AmĂ©lie Poulain (2001).
Ce type est fascinant. On sent bouillonner en lui une crĂ©ativitĂ© extraordinaire. Pour passer d’Alien IV (1997) Ă  AmĂ©lie Poulain, il faut vraiment ĂŞtre un magicien. Et le mĂ©lange des genres, il l’a transcendĂ© dans son dernier film, Un long dimanche de fiançailles, qui mĂŞle avec brio Ă  la fois la romance, le film de guerre et l’enquĂŞte policière.
De Jean-Pierre Jeunet, j’adorais l’œuvre, maintenant je suis aussi admiratif de l’homme, un immense artiste, et un ĂŞtre fondamentalement humain.
Et si vous tenez à voir d’autres créatifs, aux réalisations plus modestes, certes, pensez à faire un tour à Saint-Victor sur Loire. C’est le dernier jour du Fest’Uval Jean Mon’Arts où vous pourrez assister à une multitude de spectacles, de la danse, de la poésie, de la chanson française, de la musique chorale, du trip hop, du rock... et même assister à une exposition où votre serviteur présente quelques une de ses sculptures.



Jeudi, le 19 mai 2005
JournĂ©e pas type (mais j’aimerais bien !)
Hier, réveil à 4 heures du mat’.
Non, ce n’est pas pour faire la queue afin de voir la « revanche des suites » au cinĂ©, je devais aller Ă  Lyon oĂą j’étais conviĂ© Ă  un jury.
Auditions, discussion, vote... de 8h30 à 15h30. Au final, j’ai été heureux de faire basculer la majorité dans le sens qui me semblait le plus juste.
Petit coucou à mes anciens collègues.
Passage pour voir le copain André en train de bosser avec son pote Rafu.
Un bref bonjour à mon ex copine, une fille charmante qui est restée ma meilleure amie.
Un peu de temps pour acheter de la nourriture pour mes poissons exotiques et du matériel pour mon aquarium.
Puis la course pour arriver Ă  la gare et attraper le train du retour.
ArrivĂ© Ă  Saint-Étienne, je croise la miss avec qui j’ai failli sortir, l’an dernier. Ah, les hasards...
Soirée à finaliser un article sur le steampunk avec le compère Jean-Jacques.
Je me suis couché, très tard, avec la satisfaction d’avoir eu une journée remplie, et bien remplie.


Mardi, le 19 avril 2005
Dernières lectures
Voici un Ă©tat de mes dernières lectures depuis que je suis revenu du 5e Colloque International de Science-Fiction de Nice :
  • L’Ère du Dragon de Xavier MaumĂ©jean, Éditions MnĂ©mos, 2003.
    Dans cette suite de La Ligue des Héros où l’arrivée de Peter Pan et du peuple de Nulle Part en plein Londres avait changé la face du monde, Xavier Mauméjean nous décrit un monde alternatif dans lequel rien ne va plus. L’intrigue débute à Pékin en 1900 où les représentants des puissances de l’Occident sont aux abois, menacés par les forces chinoises aidées des créatures de l’Internationale Féerique. Une nouvelle Ligue des Héros est alors formée pour aller à leurs secours...
    Gasp, MaumĂ©mjean est complètement fou ! Ce roman steampunk, qui joue avec brio du mĂ©lange des genres, est incroyable : jamais le lecteur n’a le temps de souffler en lisant cet ovni littĂ©raire Ă  la fois drĂ´le et teintĂ© d’une certaine ironie. L’intrigue est fouillĂ©e, avec plĂ©thore de rĂ©fĂ©rences rĂ©elles et imaginaires, et on sort de cette lecture tout abasourdi. Une grande claque.
  • Jhereg de Steven Brust, Éditions MnĂ©mos, 2005.
    Vlad Taltos est un assassin. C’est un mĂ©tier comme un autre qu’il exerce dans la citĂ© d’Adrilankha oĂą se cĂ´toient diffĂ©rentes races organisĂ©es en Maisons. Mais lĂ , Taltos, cet Oriental de la Maison du Jhereg, a un problème avec son prochain contrat : il s’agit d’un piège qui risque de dĂ©clencher la guerre entre la Maison du Dragon et celle du Jhereg...
    Univers Ă©tonnant que celui de Brust, une fantasy avec ses monstres, sa magie, sa sorcellerie, ses complots, ses combats Ă  l’épĂ©e... et un peu de science-fiction quand mĂŞme, avec un empire galactique, des pouvoirs psi, des manipulations gĂ©nĂ©tiques... Vraiment rafraĂ®chissant. [Eh merde, AndrĂ©, pourquoi tu m’as passĂ© ce livre ? Si ça continue, par ta faute, je vais finir par aimer la fantasy !]
  • Fiction, tome 1, Moutons Électriques Ă©diteur, printemps 2005.
    • « Jusqu’à la pleine lune » de Sean McMullen. Carlos, un jeune linguiste espagnol est appelĂ© par son oncle pour participer Ă  une enquĂŞte criminelle. En fait, de crime, il s’agit de la dĂ©couverte d’une jeune femme qui semble tout droit Ă©chappĂ©e de l’âge des cavernes. Carlos tente alors de communiquer avec elle pour comprendre ce qui lui est arrivĂ©...
      Ouah ! La première nouvelle de Fiction commence fort ! Des idĂ©es fortes vraiment bien traitĂ©es par cet auteur australien, un très grand moment de lecture.
    • « # Critical Mass in the Quantum Cathedral 1.1. », « 3.1. En plusieurs soirs d’étĂ© » et « 4.0. Kat Onoma » de Jim Dedieu.
      Euh ?... Pour les amateurs de short-short stories saugrenues.
    • « Sous terre » de Roland Fuentès. Deux hommes. Une poule. Une taupe. Des plants de tomate. Peut-ĂŞtre les seuls rescapĂ©s de l’univers.
      Humour noir.
    • « DĂ©dales » d’Alex Nikolavitch.
      Visite caverneuse et mortelle. D’ennui.
    • « CrĂ©ation » de Jeffrey Ford. Une fantasy forestière contant la crĂ©ation d’un bonhomme de bois.
      Joli.
    • « Solitude » d’Ursula K. Le Guin. La vie d’une petite fille dans une sociĂ©tĂ© primitive et post-cataclysmique envoyĂ©e par sa mère ethnologue pour collecter des informations, les adultes ne se parlant pas dans cette culture.
      Une belle petite histoire de science-fiction ethnologique.
    • « L’anniversaire du monde » d’Ursula K. Le Guin. La vie d’une petite fille destinĂ©e Ă  devenir une dĂ©esse Ă  sa majoritĂ©.
      Ursula Le Guin, toujours dans le mĂŞme registre.
    • « Le bretteur qui n’était pas mort » d’Ellen Kushner. Dans une citĂ©, les bretteurs vivent en provoquant des duels. Le champion Richard acceptera-t-il d’enseigner son art Ă  une jeune recrue ?
      Une histoire sympathique de cape et d’épée.
    • « Voyage au centre de l’univers » de Juan-Miguel Aguilera. Quand le jeune Pierre Theilhard de Chardin rencontre Jules Vernes...
      Une curieuse rĂŞverie.
    • « Charge utile » de Jean-Jacques RĂ©gnier. Dans cette suite d’« Ernest et les cas mĂ©taphysiques » (nouvelle parue dans le numĂ©ro 131 de Yellow Submarine), Raymond, le convoyeur de l’espace, et son intelligence artificielle Ernest sont Ă  nouveau confrontĂ© Ă  un problème : les passagers qui devaient bien tranquillement voyager en Ă©tat d’hibernation se rĂ©veillent les uns après les autres. L’espace vital du petit vaisseau est de plus en plus menacĂ©...
      Charmante histoire, un brin longuette mais pleine d’humour et de verve.
    • « Échos » de Marie-Pierre Najman. Dans les alentours de Lyon, des drĂ´les de clochards se rendent Ă  la soupe populaire. Le problème, après la bouffe, c’est de se limer les cornes...
      Une curiosité. Des faunes dans notre quotidien. Ou bien...
    • « Presque chez soi » de Terry Bisson. Trois copains trouvent que les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments qui entourent le stade abandonnĂ© du village ressemblent Ă  un aĂ©roplane. Et si, justement, il pouvait voler ?
      Une histoire étrange, un très beau conte fantastique.
    Pari gagnĂ© avec ce premier tome de la nouvelle anthologie pĂ©riodique de Fantasy & Science Fiction. En plus de ces nouvelles chocs, des articles originaux, des dossiers intĂ©ressants, une ligne Ă©ditoriale soignĂ©e. Encore !
  • Bifrost, numĂ©ro 38, Éditions du BĂ©lial’, avril 2005.
    • « Spatterjay » de Neal Asher. Sur une Ă®le Ă  la nature des plus hostiles, une Ă©quipe d’humains et de mutants mène une expĂ©dition. Mais qui peut rester encore humain au contact d’une telle nature ?
      Une très chouette nouvelle.
    • « Perdre son temps » de Philippe Curval. GĂ©rard aime Ludmilla. Mais il n’est plus tout jeune. Alors il va voir le professeur Lindström qui lui propose un traitement rĂ©volutionnaire pour le faire rajeunir.
      DĂ©lirant.
    • « La VĂ©ritable toute première affaire » de Johan HĂ©liot. Passepartout accompagnait Phileas Fogg dans son tour du monde de 80 jours parce qu’il Ă©tait un agent secret. Et le voyage de Fogg n’était pas qu’un pari fou, il Ă©tait aussi le moyen de retrouver certains de ses « frères » afin de rĂ©aliser une sinistre mission...
      Johan Heliot reviste avec bonheur certaines références littéraires dans un bel univers steampunk.
    • « Boucherie modèle » de AndrĂ© Ruellan. Comme son nom l’indique.
      Une short-short story qui donne faim si on est carnivore et pas très sensible.
    • « Le Fil de l’épĂ©e de bois » de Victor Conde. Le Patriarche fait des rĂŞves. Il a peur de n’être plus qu’une machine de guerre destinĂ©e Ă  anĂ©antir les exths.
      Une lente et sombre plongée dans l’irréalité.
  • Les Trois Crapules du Klahgann d’Alexis Nevil, Éditions Eons, 2005.
    Des barbares édentés à la peau bleue cherchent à s’emparer de la Source d’Abondance que gardent des moines. Mais voilà qu’un golem arrive pour défendre la Source.
    Alexis Nevil, dans son premier roman, dĂ©crit un univers peuplĂ© des personnages qui ont marquĂ© son imagination. On retrouve du Conan dans les barbares, des Ă©lĂ©ments de science-fiction, et bien sĂ»r des rĂ©fĂ©rences japonisantes, ce qui donne un curieux mĂ©lange pas vraiment dĂ©sagrĂ©able. [Au fait, Niouk, ce sont qui, finalement, les trois crapules ? Moi, j’en compte quatre, pas une de moins : Languelame, Od-Go, Rha-Ghensh et GhrĂ´en].
    Le court roman de Nevil est suivi d’une nouvelle (une amusante short-short) de Markus Leicht intitulĂ©e « le Gnok ».
  • Sunk de David Calvo & Fabrice Colin, Moutons Électriques Ă©diteur, 2005.
    L’île de Sunk coule. Ou c’est l’eau qui monte. Arnaud et son frère Sébastien, sur demande du Maire du Village, vont monter une expédition pour aller voir ce qui se passe dans les hauteurs avant que tout ne soit noyé et dévoré par les requins.
    Colin et Calvo s’y sont mis à deux pour nous peindre un univers de folie, un roman inclassable écrit avec une verve rabelaisienne, avec des références de fantasy, des Champigolos, des Orques, de la pizza, du Picon bière, des canards. Et beaucoup d’eau.
    Drôle. Délirant. Suprenant. Et, bien sûr, sombre...



Mardi, le 22 mars 2005
Soli solo
Je viens de recevoir aujourd’hui le contrat des moutons Ă©lectriques pour la publication de ma nouvelle « Des ailes dans la tĂŞte » dans l’anthologie les Anges Ă©lectriques. Une nouvelle Ă©trange, curieusement hard science pour une antho dont le titre fait croire Ă  un recueil de nouvelles de fantasy, et ceci sera le premier texte que je publie professionnellement seul, tout seul, comme un grand. C’est assez paradoxal, parce que pour un prochain numĂ©ro de Fiction – la cĂ©lèbre revue F & SF de langue française qui vient de faire son retour –, je dois terminer un article sur l’écriture en collaboration. L’écriture Ă  plusieurs, ça me connaĂ®t, outre un texte de fiction Ă©crit avec Jean-Jacques Girardot, en tant que scientifique, j’ai publiĂ© presque tous mes articles avec des « pairs », directeur et co-directeur de thèse ou autres collègues chercheurs. Mais bon, voilĂ  : « Des ailes dans la tĂŞte » est le premier texte publiĂ© sous mon seul nom de plume, un texte qui traite de l’identitĂ©, du processus de crĂ©ation, de la sculpture, des neurosciences... et des anges.
En plus de cet article et d’autres textes à avancer, je dois aussi faire évoluer ce site. J’y ai ajouté des expositions virtuelles de mes sculptures (mais il faut que je corrige certaines instructions javascript qui ne fonctionnent pas correctement avec des navigateurs sous Linux), et je dois aussi reprendre l’ensemble de mes archives, des posts publiés sur mes weblogs depuis octobre ou novembre 2002, ça commence à faire beaucoup...


Lundi, le 17 janvier 2005
Rancard publicitaire
Après les moutons Ă©lectriques, signalons les Éditions de l’Homme Montagne de Yama Otoko.
Au catalogue de cet Ă©diteur bordelais (car derrière la montagne se cache l’homme Francis ValĂ©ry) : un ensemble de textes de qualitĂ© sur des supports imprimĂ©s et façonnĂ©s artisanalement.
Jugez plutĂ´t avec cet extrait des titres dĂ©jĂ  parus :
  • A & A, le « Magazine des Survivants » qui, rĂ©apparu aux Utopiales 2004 au numĂ©ro 138, en est Ă  prĂ©sent au numĂ©ro 141 pour sa 29ème annĂ©e de publication (abonnement : 20 €)
  • Collectif — MĂ©langes 01 (20 €), MĂ©langes 02 (15 €), MĂ©langes 03 (15 €)
  • Louis Maillard — Fruits et LĂ©gumes conservĂ©s (7,50 €)
  • Francis ValĂ©ry — Fariboles animalières (5 €), le Livre du CĂ©leri (4 €), Vingt manières de cuisiner le CĂ©leri (4 €)
  • Robert Abernathy — l’IntĂ©grale (30 €)
  • Syllabaire : MĂ©thode Nouvelle de Lecture et Écriture (7,50 €)
Souscriptions :
  • Taxi de l’Espace, Volume 1 (10 €)
  • Collectif — MĂ©langes 04 (15 €)
  • Pour les commandes, les chèques sont Ă  Ă©tablir Ă  l’ordre de Francis P. Valeri-Dostert et Ă  adresser aux Éditions de l’Homme Montagne, c/o Francis P. Valeri-Dostert, 3 Le Canton, 33620 CUBNEZAIS.

    Et c’est sur cette publicitĂ© pour Francis ValĂ©ry, « Ă©crivain-Ă©diteur-musicien-cuisinier-jardinier-consultant en Feng Shui » passionnant et passionnĂ©, que ces avis singuliers vont se refermer quelque temps pour cause de travaux. Il Ă©tait plus que temps, la page devenait impossible Ă  charger pour des petits modems avec tous ces textes et images en page d’accueil.
    Retour prochainement ailleurs, sur un site plus grand, plus beau... et surtout plus moi. Fini le layout bleu clair, vestige d’une première version issue de Blogger, adieu les limitations du site gratuitement hébergé chez Free, je vous accueillerai bientôt dans un nouveau domaine...


    Vendredi, le 14 janvier 2005
    Culture pub
    MAUVAIS GENRES : Science fiction et fantasy.
    Production : François Angelier
    Avec : AndrĂ©-François Ruaud, Xavier MaumĂ©jean.
    Livres : "le panorama illustrĂ© de la fantasy & du merveilleux" par AndrĂ©-François Ruaud (Ă©dition les Moutons Ă©lectriques) ; la "VĂ©nus anatomique" par Xavier MaumĂ©jean (Ă©ditions MnĂ©mos).

    En direct samedi 15 janvier 2005 de 21 heures Ă  22 heures dans l’émission « Mauvais Genres » sur France Culture ou en diffĂ©rĂ© ici.


    Dimanche, le 2 janvier 2005
    Let’s talk about sex!
    En ce moment, je lis Sexomorphoses d’Ayerdhal (que le monsieur m’avait dĂ©dicacĂ© lors de sa venue Ă  SaintĂ©, en octobre dernier, Ă  la FĂŞte du Livre). Un peu compliquĂ©, surtout quand on n’a pas lu le premier tome (l’Histrion) : space opĂ©ra avec stratĂ©gies impĂ©riales galactiques, pouvoirs psy... et un hĂ©ros/hĂ©roĂŻne qui, Ă  travers des mutations, passe d’un genre Ă  l’autre. Et c’est pas mal...
    Je viens de terminer d’écrire une nouvelle et ce serait vraiment gĂ©nial de la voir publier, pour bien dĂ©buter l’annĂ©e. Je suis content des thèmes qui y sont abordĂ©s, de l’histoire, des personnages... Et surtout, j’ai tout particulièrement soignĂ© une scène d’amour qui y est dĂ©crite (car nous Ă©tions vraiment très, voire trop, soft dans « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », la nouvelle Ă©crite avec Jean-Jacques Girardot).
    Entendue hier soir, mais que l’on trouve encore sur le site de Mauvais Genres (l’émission de France Culture qu’elle est bien), une heure consacrĂ©e au sexe bizarre. À Ă©couter sans attendre... parce que, Ă  partir de samedi prochain, le 8 janvier, ce sera trop tard !
    Au hasard des clics, je suis tombĂ© sur un quizz sympa : Sex Quiz for Dummies. Bon, c’est en anglais, mais c’est rigolo et instructif. En plus, le rĂ©alisateur du quizz, un prof (qui doit ĂŞtre un sacrĂ© original, apparemment), donne des explications Ă  chacune des rĂ©ponses, avec rĂ©fĂ©rences Ă  la clĂ©.
    Et puis, que faisiez-vous au moment de passage de la nouvelle annĂ©e ? Pour ma part, avec mes amies, nous Ă©tions surpris en pleine partie de Love Trivia...

    Voilà une année qui s’annonce donc sous d’agréables auspices érotiques.

    [Certes, je ne suis pas insensible aux horreurs qui touchent le monde en ce moment. Mais mĂŞme sans ĂŞtre licenciĂ© en psychologie, vous n’êtes pas sans savoir que Thanatos s’accompagne de l’autre pulsion : Éros...]


    Vendredi, le 29 octobre 2004
    Citation
    AgrĂ©able surprise : j’ai dĂ©couvert que j’étais rĂ©fĂ©rencĂ© par Luc Dutour (dont la lecture de la dĂ©lirante nouvelle a failli me coĂ»ter mon sac, voir le post d’hier) dans son article « Steampunk, le vertige rĂ©tro » prĂ©sent dans le Panorama illustrĂ© de la fantasy & du merveilleux, aux moutons Ă©lectriques, Ă©diteur, 2004.
    Je cite, page 311 :

    (...) La boucle est bouclĂ©e entre romans populaires et pulps magazines, hommages aux pionniers de l’imaginaire et de l’aventure de l’âge d’or de la science-fiction. Mais le steampunk ne s’arrĂŞte pas lĂ  : en fait, il ne cesse de convoquer et de brasser des personnages historiques (Ă©crivains, politiciens, scientifiques, etc) et des hĂ©ros littĂ©raires emblĂ©matiques (Sherlock Holmes, Bouvard et PĂ©cuchet, Fu Manchu, Peter Pan ou bien Dracula), qui sont en gĂ©nĂ©ral placĂ©s sur un mĂŞme plan de rĂ©alitĂ©. Ainsi par exemple, le professeur Challenger (hĂ©ros crĂ©Ă© par Sir Arthur Conan Doyle) assiste-t-il Ă  une confĂ©rence scientifique en compagnie de sommitĂ©s telles que Ivan Pavlov, Marie Curie et Max Planck (dans la nouvelle « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... » de Jean-Jacques Girardot et Fabrice MĂ©reste, in anthologie PassĂ©s recomposĂ©s, 2003). En fertilisant sa fiction de figures de rĂ©fĂ©rence, rĂ©elles ou imaginaires, le steampunk ancre sa pratique dans la culture de ses lecteurs, tout en travaillant sur une certaine pertinence avec le monde rĂ©el (passĂ© historique), mais il va plus loin encore, en tentant de crĂ©er une vĂ©ritable nouvelle mythologie, un corpus mythique moderne. La littĂ©rature steampunk revisite les icĂ´nes du XIXe et du XXe tout comme les autres littĂ©ratures du merveilleux rĂ©investissent les lĂ©gendes anciennes et les contes de fĂ©es. (...)


    Bien vu, la rĂ©fĂ©rence Ă  Conan Doyle ! Mais, bizarrement, la rĂ©fĂ©rence Ă  un autre Ă©lĂ©ment important de notre nouvelle, un quasi-personnage, la multinationale ABC (pour Aerian Bord of Control) que Jean-Jacques et moi avions empruntĂ© Ă  Rudyard Kipling (dans « With the Night Mail », 1909, et « As Easy as A.B.C. », 1912) semble passĂ©e inaperçue auprès des lecteurs... C’est dommage car l’auteur du Livre de la Jungle avait dĂ©crit avec une Ă©tonnante finesse au dĂ©but du XXe (soit l’époque oĂą sont classiquement censĂ©es se dĂ©rouler la plupart des histoires de steampunk) une sombre world company qu’il situait un siècle et un siècle et demi plus tard, c’est-Ă -dire dans notre monde actuel. Or ces fameuses multinationales sont, avec les rĂ©seaux de communication Ă©lectroniques, des Ă©lĂ©ments omniprĂ©sents de l’univers cyberpunk, le genre science-fictif qu’a cherchĂ© Ă  parodier le steampunk Ă  ses origines. Quand la boucle bouclĂ©e reboucle encore plus loin que ça, la mise en abyme tient presque de la fractale...


    Dimanche, le 12 septembre 2004
    Les films de l’été
    Impressions subjectives des quelques films que j’ai eu l’occasion de voir lors de ces vacances estivales...
  • J’me sens pas belle de Bernard Jeanjean. Regard intelligent, Ă  la fois tendre et fĂ©roce, sur la vie des trentenaires cĂ©libataires, leurs dĂ©sirs, leurs difficultĂ©s Ă  s’engager dans une relation sentimentale... Meuh non, je ne me sens pas concernĂ©... ;-) À noter les excellentes performances de Marina FoĂŻs (que je n’apprĂ©cie pourtant guère parmi les Robins des Bois) et de Julien Boisselier dans le huis clos d’un appartement parisien.
  • Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. Documentaire engagĂ© sur le prĂ©sident actuel des États-Unis d’AmĂ©rique, son Ă©lection foireuse, ses liens troubles avec les magnats du pĂ©trole saoudiens, le 11 septembre 2001, les interventions en Afghanistan et en Irak. Et dire que Kerry a perdu son avance face Ă  ce type, ça fout froid dans le dos. Indispensable.
  • Shrek 2 de Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon. Le retour de l’ogre vert pĂ©tomane, avec sa fiancĂ©e, son âne... et de nouveaux personnages. L’humour est toujours au rendez-vous, les critiques et parodies aussi. Jubilatoire. Aussi bon que le premier, ce qui n’est pas peu dire.
  • Hellboy de Guillermo Del Toro. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les nazis mĂŞlent sciences et occultisme pour faire revenir des tĂ©nèbres de l’Enfer des dĂ©mons pouvant les aider Ă  vaincre les AlliĂ©s. L’arrivĂ©e des soldats US fait Ă©chouer ce plan... mais un bĂ©bĂ© dĂ©mon (Hellboy) a traversĂ© la porte des deux mondes, et est pris en charge par un scientifique du gouvernement des États-Unis. De nos jours, une organisation dĂ©cide de remettre ça et rĂ©veille un monstre endormi dans une urne d’un musĂ©e. Seul Hellboy et d’autres crĂ©atures mutantes pourront s’opposer Ă  ces derniers. Il s’agit ici d’un bel exemple d’histoire secrète (l’Histoire ne s’est pas dĂ©roulĂ©e exactement comme nous le croyons) reposant sur quelques bases vĂ©ridiques (la sociĂ©tĂ© de ThulĂ©, groupe Ă©sotĂ©rique d’extrĂŞme droite d’oĂą sortirent les chefs de file du parti nazi). Les scènes de combat avec les monstres Ă  la "Spectroman" sont parfois ridicules, le Bien et le Mal sont prĂ©sentĂ©s un peu de façon caricaturale, mais la nature ambiguĂ« d’Hellboy, dĂ©moniaque par essence mais mettant sa force au service des humains, sauve toutefois la vision manichĂ©enne du film. À suivre (oui, la sortie du numĂ©ro 2 est en effet dĂ©jĂ  annoncĂ©e).
  • Le Village de M. Night Shyamalan. Un petit village perdu au milieu de nulle part, avec sa douceur de vivre et ses règles. Tout autour, des bois oĂą vivent "ceux dont on ne parle pas", empĂŞchant par la mĂŞme tout contact hors de la micro-sociĂ©tĂ© du village... Argh, un sixième sens m’avait prĂ©venu de ne pas aller voir ce film. Ce rĂ©alisateur est vraiment malsain. Shyamalan, dans Incassable, dĂ©veloppait la fumeuse thĂ©orie selon laquelle les hommes costauds Ă  mâchoire carrĂ©e sont destinĂ©s Ă  devenir des super-hĂ©ros au service du Bien alors que les ĂŞtres atteints de tares gĂ©nĂ©tiques ne pouvaient qu’être les nĂ©gatifs de ceux-ci, leurs âmes Ă©tant assortie Ă  leurs couleurs de peau. Beurk. Et puis il y a eu le très peu convaincant Signes, prĂ©sentĂ© comme un Independance Day vu d’après des paysans du Middel West perdus dans leurs champs de maĂŻs. Et lĂ , avec le Village, sous le prĂ©texte fallacieux de nous faire peur car le film est annoncĂ© comme un thriller fantastique (ce qui est une sombre escroquerie : il n’y a pas la moindre part d’irrationnel dans tout le film), Shyamalan nous prĂ©sente sans nuance une sociĂ©tĂ© sectaire et les règles (cruelles) qu’elle s’impose pour assurer son existence. Si c’est ça que vous cherchez, regardez plutĂ´t la Plage, c’est plus intelligent, plus beau, et il y a la charmante Virginie Ledoyen (ou Leonardo DiCaprio, si vous prĂ©fĂ©rez). Enfin, c’est dĂ©cidĂ©, je n’irai plus voir un film de M. Night Shyamalan. :-(
  • Le Tour du monde en 80 jours de Frank Coraci. Adaptation (très libre) du roman Ă©ponyme de Jules Verne. Surprise en m’installant dans la salle de cinĂ©, je suis l’un des rares adultes (du moins, qui ne soit pas accompagnĂ© d’un gamin). Je m’étonne de l’intĂ©rĂŞt portĂ© par les mĂ´mes Ă  l’auteur des cĂ©lèbres romans d’"anticipation scientifique". Mais, c’est vrai, il y a Jackie Chan (dans le rĂ´le du domestique français Passe-Partout, si, si !). Pourtant, le film n’en est pas un enchaĂ®nement de combats d’arts martiaux pour autant, le texte de Verne est respectĂ© dans les grandes lignes, avec quelques amĂ©nagements, bien sĂ»r, les clins d’œil Ă  l’Histoire sont nombreux (les rencontres de Phileas Fogg avec Van Gogh, les frères Wright ou la reine Victoria), et la pĂ©tillante CĂ©cile de France rajoute son charme et sa bonne humeur Ă  ce gentil divertissement.
  • Le Roi Arthur de Antoine Fuqua. Ami spectateur qui recherche la lĂ©gende arthurienne, ne va pas voir ce film, tu seras déçu : Arthur est un soldat romain, point de Camelot mais un avant-poste en (Grande-)Bretagne situĂ© au niveau du mur d’Hadrien, la frĂŞle Genièvre est devenue une farouche guerrière (et elle combat avec une espèce de bikini du plus bel effet), le champion Lancelot est un mercenaire Sarmate obligĂ© de se mettre au service de Rome pendant une quinzaine d’annĂ©es, et point de Graal, d’Excalibur ou de magie... Fuqua a essayĂ© de mettre en scène une vision historique plus que lĂ©gendaire du roi Arthur, et mĂŞme si ça ne tient pas la route (les historiens soulignent en effet de criantes invraisemblances historiques et erreurs chronologiques), l’intention est louable et le rĂ©sultat intĂ©ressant. À ceux qui prĂ©fèrent la "vraie" (?) lĂ©gende Ă  cette tentative historisante, je ne peux que conseiller de revoir l’excellent film Excalibur de John Boorman qui n’a pas trop mal vieilli bien qu’il date du tout dĂ©but des annĂ©es 1980...
  • I, robot de Alex Proyas. Dans un futur proche, les robots sont prĂ©sents partout, au service de l’humanitĂ©. Un dĂ©tective enquĂŞte sur l’accident (meurtre ou suicide ?) d’un chercheur en robotique... qui le mène sur la piste d’un robot, machine qui, par construction, est dans l’incapacitĂ© de faire du mal. Gentil film inspirĂ© de l’œuvre d’Asimov, avec quelques dĂ©fauts navrants (comme l’omniprĂ©sence de la publicitĂ© pour des produits curieusement d’aujourd’hui) mais de jolis effets spĂ©ciaux et un scĂ©nario plutĂ´t rĂ©ussi. Attention, le fait de regarder ce film ne vous dispense pas de lire les livres du bon docteur Isaac Asimov ! :-)


  • Lundi, le 23 aoűt 2004
    Rencontres Remparts / Convention nationale de science-fiction 2004
    Visions subjectives de ces deux événements. Je n’ai pas pris de notes, aussi la chronologie n’est-elle peut-être pas correcte, veuillez par conséquent pardonner les erreurs de ma mémoire dues à la richesse des moments vécus en ces occasions.
    Samedi 14 aoĂ»t. DĂ©part en fin d’après-midi. Il faut environ deux heures au car pour se perdre dans l’Ardèche septentrionale. Pas vu le temps passer, pas eu le temps de lire une page : je reconnais Alain Huet, organisateur de la convention SF de Saint-Denis, en 2001, et nous n’arrĂŞtons pas de discuter de science-fiction, des fanzines, de l’encyclopĂ©die Ă  venir de Jacques Goimard, de ses projets fous comme la publication d’un index du fanzine Satellite ou des pseudonymes avĂ©rĂ©s des auteurs du milieu... Nous arrivons Ă  Saint-Agrève, Jean-Jacques Girardot vient nous rĂ©cupĂ©rer et nous entraĂ®ne dans un lieu oĂą un chemin de terre, de pierres et de flaques d’eau traĂ®tresses nous garantit une tranquillitĂ© Ă  toute Ă©preuve.
    Dimanche, lundi, mardi, mercredi... Les jours filent, les amis du fandom SF arrivent. Petit Ă  petit, de façon très dĂ©cousue, une pièce de théâtre se construit, mĂ©lange curieux de clins d’œil science-fictifs et de jeux de mots (laids). Mais l’ambiance n’est pas au travail studieux, mĂŞme si Remparts est d’ordinaire une pĂ©riode d’atelier d’écriture, et mĂŞme si les orages nous retiennent la plupart du temps enfermĂ©s dans une grande bâtisse : nous profitons de ces instants pour discuter entre nous, lire un peu au calme, voir des films ou jouer sur nos ordinateurs, et je dĂ©couvre que les dernières pièces du sculpteur Didier Cottier ont vraiment pris de la maturitĂ©.
    Jeudi 19 aoĂ»t. C’est le dĂ©part. Nous quittons l’Ardèche pour le Vaucluse, les uns après les autres. Je pars dans la voiture des Girardot. Après un passage par l’hĂ´tel, nous retrouvons le lieu de la convention. L’organisateur n’est pas lĂ , obligĂ© de faire la navette entre les diffĂ©rentes gares et la salle des fĂŞtes, mais nous retrouvons dĂ©jĂ  des connaissances, et les rayons de livres sont lĂ  pour ceux qui recherchent la perle rare... Première confĂ©rence : Francis Saint-Martin Ă©voque l’histoire des fanzines, ces magazines rĂ©alisĂ©s par des fans. Après le repas, Yann Minh nous parle de cyberpunk et de ses travaux multimĂ©dias pour la tĂ©lĂ©vision, nous plongeons alors dans son univers qui fait autant appel Ă  l’intellect (avec de multiples anecdotes) qu’aux sens (souvent Ă  travers l’érotisme). Retour Ă  l’hĂ´tel sous une pluie torrentielle. Nous devinons la route cachĂ©e par les eaux, les Ă©clairs illuminent une nuit de dĂ©luge, sensations de fin du monde.
    Vendredi 20 août. Conférence de Joëlle Wintrebert sur l’évolution de la sexualité dans les textes de science-fiction et de fantasy.
    Je me rappelle qu’au cours du déjeuner, des jeunes gens tout de noir vêtus sont entrés dans la salle, et parmi les personnes attablées, beaucoup se demandaient qui étaient ces gens-là, imaginant qu’il s’agissait d’une secte ou autre bizarrerie. En fait, point du tout, il s’agissait des membres des éditions de l’Oxymore, à savoir Léa & Greg Silhol, Natacha & Anthony Giordano, ainsi que Sire Cédric. Parmi l’assemblée des fans de SF, il faut dire qu’ils détonnaient un peu, par leur aspect vestimentaire, leur recherche d’une certaine classe, le fait de venir en couple, leur goût marqué pour la fantasy plutôt que la SF... En effet, la plupart des membres du fandom SF sont, caricaturalement, moins soucieux de leurs personnes, très souvent d’éternels célibataires (d’où peut-être le sentiment de "famille" qu’ils ressentent les uns envers les autres), et leur intérêt pour le seul genre SF semble parfois friser l’obsession.
    Dans l’après-midi, confĂ©rence de Eric Henriet sur l’uchronie. L’auteur de l’Essai, qui avait intelligemment critiquĂ© la nouvelle que j’avais Ă©crite avec Jean-Jacques Girardot, nous prĂ©sente sous forme statistique les diffĂ©rents points de divergence de l’histoire qu’il a recensĂ© dans les textes uchroniques et pose une question intĂ©ressante : quels sont les points de divergence que les auteurs auraient pu exploiter ?
    En fin d’après-midi, avec les membres de Remparts, nous présentons notre pièce de théâtre. Je joue le rôle du "sous-genéral Dennté", et le seul nom de ce personnage au grade peu commun vous donne déjà une idée de ce qu’a pu être notre représentation...
    Retour à l’hôtel au cours de la nuit. Je vais à la piscine. Je ne suis pas seul à nager sous les étoiles, les hommes en noir de l’Oxymore profitent avec moi de la fraîcheur de l’eau.
    Samedi 21 août. Nous manquons la conférence du matin (j’ai demandé à Gilles Goullet de me ramener à l’hôtel, j’avais en effet égaré mes clés... et pensais les avoir perdu au bord de la piscine). J’entame la conversation avec Sire Cédric, ce jeune homme (je peux dire "jeune", il a deux ans de moins que moi) qui me fait irrésistiblement penser, aussi bien par son allure que ses ambitions littéraires, à une sorte de Francis Valéry idéal, ou idéalisé, ce qui me le fait trouver des plus sympathiques. Je regrette soudain de n’avoir encore rien lu de lui. Je mange à la table des "gens en noir" dont je me sens finalement proche, même si mes vêtements sont aussi clairs que les leurs sont sombres, et même si mon genre littéraire de prédilection est la science-fiction et non la fantasy. Mais, au-delà de ces différences mineures, c’est la même foi qui nous anime en l’écriture, le même souci de toucher le lecteur, les mêmes désir et besoin mêlés de défendre ce qui nous semble beau et qui nous émeut.
    Après le déjeuner, conférence du dessinateur Philippe Caza en hommage à René Laloux. Puis vient la conférence de Robert Sheckley. Le nom de cet auteur américain ne me disait pas grand chose, et puis je me suis rappelé que j’avais adoré l’humour de ses nouvelles, telle la clef lanxienne ou de ses romans, comme la Dimension des miracles, et que le film français le Prix du danger des années 80, qui m’avait marqué lorsque je l’avais vu à la télévision, était en fait adapté d’un de ses romans.
    Jeux SF animés par Raymond Milési et Roland C. Wagner. Même pas gagné un point (les autres sont trop érudits ou trop rapides).
    Dîner de gala. Remise des prix Merlin à Mélanie Fazi pour son roman Trois pépins du fruit des morts et Sylvie Miller et Philippe Ward pour leur nouvelle Le survivant (le prix était une illustration de Didier Cottier). Remise du prix Rosny Aîné à Roland C. Wagner pour son roman La saison de la sorcière et à Claude Ecken pour sa nouvelle Eclats lumineux du disque d’accrétion (le prix était une statue réalisée suivant un modèle dessiné par Caza). Remise du prix Cyrano (aussi une sculpture d’après Caza), un nouveau prix récompensant une personnalité du monde de la science-fiction présent à la convention, à Robert Sheckley. Remise du prix Versins du plus mauvais jeu de mots de la convention à Sylvie Laîné (le prix consistait en une figurine en plastique). Vente aux enchères. Rien acheté cette fois-ci. Terriblement fatigué.
    Dimanche 22 aoĂ»t. Alors que tout le monde semble encore endormi, Greg Silhol et moi discutons au bord de la piscine. Après le petit dĂ©jeuner, quelques longueurs de brasse, puis il faut faire sa valise. Sylvie m’emmène jusqu’à l’hĂ´tel oĂą se trouve Robert Sheckley. Nous y croisons Roland C. Wagner, Yann Minh, Didier Cottier, et d’autres. ArrivĂ© sur le lieu de la convention, JĂ©rĂ´me "globule" Lamarque me donne un coup de main pour connecter mon PC portable au Mac de Yann Minh afin de pouvoir rĂ©cupĂ©rer la vidĂ©o de la pièce de théâtre (2 giga, quand mĂŞme). Et puis, c’est le moment des aux revoirs, dĂ©sagrĂ©able sensation de fin de colonie de vacances. Je me retrouve ensuite dans la voiture de Sylvie, en compagnie de MĂ©lanie Fazi (qui prendra un TGV Ă  Avignon) et de Robert Sheckley. Tiens, amusant, je me rends compte Ă  l’instant que, des occupants de la voiture, je suis le seul des quatre Ă  ne pas avoir Ă©tĂ© primĂ© lors de la soirĂ©e de gala. Après quelques bouchons du cĂ´tĂ© de Valence, nous arrivons Ă  Lyon. Je prends le mĂ©tro, j’arrive Ă  la gare. Le car me ramène Ă  Saint-Étienne. À dix mètres de chez moi, je croise un collègue qui me dit : « À demain ! ». DĂ©jĂ  ? Mon rĂ©pondeur est plein de messages d’une gamine inconnue qui a dĂ» se faire offrir un tĂ©lĂ©phone portable et qui m’a appelĂ© par erreur. Ma plante verte a besoin d’eau. Mon petit frère m’a fait parvenir un ensemble de CD souvenirs de son mariage. Parmi les e-mails, il y en a un de mon père qui me souhaite ma fĂŞte...
    Bref, c’est la fin des vacances.


    Dimanche, le 18 juillet 2004
    Albator
    Il y a quelques jours, j’ai terminĂ© de visionner les Ă©pisodes de la sĂ©rie Albator, dans sa version 78, dessin animĂ© connu aussi sous son nom japonais de « UchĂ» Kaizoku » ou anglais de « Captain Harlock ».
    Il y a deux mois, j’avais parlĂ© d’une sĂ©rie, San Ku KaĂŻ, dans laquelle j’avais retrouvĂ©, outre un brin de nostalgie, de nombreux points commun avec les premiers Star Wars de George Lucas. Mais quel intĂ©rĂŞt allais-je trouver Ă  regarder 5 DVD de plus de 3 heures chacun totalisant 42 Ă©pisodes ?
    Certes, une telle épreuve aurait été impossible au sujet de Goldorak ou du Capitaine Flam. Le premier parce que chaque épisode était construit de manière stéréotypée, le second parce qu’il se voulait trop hard science alors que tout cet enrobage scientifisant (vu avec le recul et une culture scientifique acquise par des années d’études et de curiosité) n’était qu’une ridicule fumisterie.
    Et Albator, alors ? Remettons nous dans le contexte : À l’aube du 31ème siècle, l’humanitĂ© asservie par la technologie des robots vit dans l’opulence et ne voit pas arriver la menace d’invasion de la terre par les terribles Sylvidres. Le capitaine Albator Ă  la tĂŞte de son Ă©quipage, incompris de tous et placĂ© au rang de renĂ©gat s’aperçoit du grand danger menaçant les terriens et part en direction de l’espace...
    Albator, c’est certes un manga où les dessins de Kazuo Komatsubara peuvent paraître bien éloigné de la richesse à laquelle nous ont habitués les studios Disney car la plupart des personnages principaux sont caricaturalement grands et minces alors que les autres sont petits et gros. Mais il n’y a pas que ça. Ce n’est pas non plus la simple transformation science-fictive des classiques aventures de pirates. Non, Albator, c’est une réinterprétation originale de nombreux mystères de l’humanité dans un ensemble cohérent.
    En effet, les traces de civilisations disparues telles que les pyramides d’Egypte ou d’Amérique précolombienne, les cités englouties et le triangle des Bermudes, résulteraient, dans la vision proposée par l’auteur original Leiji Matsumoto, d’un témoignage d’une civilisation extraterrestre terriblement avancée par rapport à l’humanité et qui aurait visité la planète Terre il y a des milliers d’années. L’invasion des Sylvidres, au quatrième millénaire, s’avérerait ainsi facilité par une excellente connaissance du terrain, la mise en place d’un énorme service de renseignement, et surtout par l’indifférence d’une population terrienne réticente à tout type d’effort et à toute décision.
    Albator, c’est aussi une critique sociale : face Ă  l’attitude aveugle d’une civilisation post-industrielle dĂ©cadente, la seule voie de salut est la rĂ©bellion. Le drapeau noir Ă  tĂŞte de mort des pirates devient alors la bannière de la libertĂ©.
    Albator, c’est enfin une grande finesse de jeu psychologique, bien loin d’une vision manichĂ©enne trop souvent prĂ©sentĂ©e aux enfants, les premiers spectateurs de ce type de divertissement. Le capitaine Albator a beau sembler un homme très froid, il est prĂŞt Ă  jouer la vie de son Ă©quipage pour sauver Stelli, la petite fille dont il est le tuteur. Vilak, le ministre de la dĂ©fense terrienne et ennemi jurĂ© d’Albator, ne voit d’abord dans le capitaine qu’un vulgaire pirate... mais dĂ©couvrant la vraie nature du combat d’Albator, il se rallie Ă  lui jusqu’à la mort. Les Sylvidres, ces amazones de l’espace, sont des femmes au charme trouble mais cela ne les empĂŞche pas d’user des pires mĂ©thodes employĂ©es en temps de guerre. Au sein mĂŞme des rangs de ces femmes soldats, l’ambiguĂŻtĂ© est aussi de mise : la reine Sylvidra aussi doute du rĂ´le qu’elle a Ă  jouer envers son peuple et ne peut faire autrement que de se rĂ©soudre Ă  sacrifier une amie qui s’est rebellĂ©e ; il y a des civils, hommes et femmes, que convoient les Sylvidres dans leur armada  et parmi les femmes militaires, nombreuses sont celles qui finissent par ne plus croire au bien-fondĂ© de leur mission de colonisation de la Terre. Car l’ambiguĂŻtĂ© des sentiments règne en force dans Albator, que ce soit un sentiment envers un parent (Ă  noter qu’un Ă©pisode s’intitule mĂŞme « le complexe d’Œdipe » !), envers un ami ou envers l’être aimĂ©. Je tiens enfin Ă  ajouter que de nombreux Ă©pisodes se terminent par le sacrifice d’un personnage, soit dĂ©couvert dans l’épisode, soit suivi dès le dĂ©but de la sĂ©rie. MĂŞme si, pour les Japonais, cela reprend un Ă©vĂ©nement bien particulier de leur histoire, Ă  savoir le comportement courageux mais suicidaire des aviateurs kamikazes, une telle attitude a Ă©galement une rĂ©sonance particulière dans notre civilisation occidentale, oĂą, baignant dans des valeurs judĂ©o-chrĂ©tiennes, la notion de sacrifice a aussi son importance.


    Dimanche, le 11 juillet 2004
    Les copains
    Ça y est, j’ai reçu dans ma boĂ®te aux lettres le nouveau Bifrost, la « revue des mondes imaginaires ». Dans ce numĂ©ro, le 35ème, un spĂ©cial « aventures spatiales ».
    Au menu, des nouvelles de Thomas Day, James Patrick Kelly et Michael Swanwick, ainsi qu’un long article de Robert Silverberg sur la profession d’auteur de science-fiction.
    Mais aussi...
    Mais aussi un entretien de l’ami Jean-Jacques Girardot...
    Mais encore, dans l’édito, l’annonce de la crĂ©ation d’une nouvelle maison d’édition, spĂ©cialisĂ©e dans le domaine des littĂ©ratures de l’imaginaire et dont le directeur littĂ©raire n’est autre que le « Capitaine » AndrĂ©-François Ruaud. Cette maison d’édition, appelĂ©e les moutons Ă©lectriques Ă©diteur et dont la premier titre paraĂ®tra Ă  la rentrĂ©e 2004, nous promet du bon et du beau (nous n’en doutons point, avec A.-F. Ruaud Ă  la barre, l’esthĂ©tique et l’intelligence des textes seront au rendez-vous).
    Longue vie aux moutons Ă©lectriques !


    Jeudi, le 27 mai 2004
    Petites annonces
    Ami lecteur, vous avez des droits.
    Enfin, vous avez au moins la possibilité de manifester votre goût pour un texte francophone de science-fiction paru l’année passée et de le mener jusqu’aux pré-sélections du prix Rosny-Aîné.
    Ça ce passe ici et c’est auprès de Joseph Altairac qu’il faut s’adresser en indiquant au moins deux titres de romans et autant de nouvelles parmi les listes indiquĂ©es.
    Bien entendu, je pourrais parler de l’excellente nouvelle "Quand s’envoleront ma vie et ma conscience..." de Jean-Jacques Girardot et d’un certain Fabrice MĂ©reste, parue dans l’anthologie PassĂ©s recomposĂ©s de Nestiveqnen, mais bon, je dis ça, je dis rien, car il y a aussi d’autres textes très bons dans cette anthologie, comme "La stratĂ©gie Alexandre" (suite de "l’Apopis RĂ©publicain") du compère Ugo Bellagamba (et père tout court depuis quelques jours d’une petite Margot, l’heureux homme !). L’ami Ugo a aussi quelques autres textes remarquables Ă  son actif en 2003 dans son recueil la CitĂ© du Soleil paru au BĂ©lial’, en particulier la nouvelle Ă©ponyme. Parmi les textes courts que j’ai aussi lus et bien aimĂ©s en 2003, il y a Ă©galement "Si ThĂ©baldus rĂŞve..." de Sylvie Denis, dans son recueil Jardins virtuels paru chez Gallimard. Il faut encore compter avec des nouvelles d’auteurs divers publiĂ©es dans la revue Bifrost.
    En ce qui concerne les romans, il faut noter l’audacieux Double corps du roi de Thomas Day et Ugo Bellagamba (chez Mnémos) ou le troublant Eternity Express de Jean-Michel Truong (chez Albin Michel).
    Bref, pensez Ă  voter !
    Deuxième petite annonce : AndrĂ©-François Ruaud a Ă©tĂ© interviewĂ© par ActuSF oĂą il nous annonce la crĂ©ation d’une maison d’édition appelĂ©e les moutons Ă©lectriques, Ă©diteur et dont le premier titre doit paraĂ®tre Ă  la rentrĂ©e 2004. Une affaire Ă  suivre...


    Dimanche, le 30 novembre 2003
    Ce qu’ils en pensent...
    Quelques critiques de professionnels du domaine de la nouvelle « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... » (Ă©crite en collaboration avec Jean-Jacques Girardot) et de l’anthologie uchronique PassĂ©s recomposĂ©s dont elle est issue (textes rĂ©unis et sĂ©lectionnĂ©s par AndrĂ©-François Ruaud, et publiĂ©s dans la collection Science Fantasy des Éditions Nestiveqnen en septembre 2003) :
    • la critique de l’érudit Pascal J. Thomas sur la liste de discussion TiF (Time in Fictions), Ă  paraĂ®tre dans KWS ;
    • la critique du terrible expert Éric B. Henriet sur le site de Markus Leicht.
    À noter aussi, PassĂ©s recomposĂ©s est le coup de cœur de la Porte des Mondes.


    Samedi, le 18 octobre 2003
    Avis de dĂ©cès : lorsque j’étais mort...
    En ce moment, Ă  Saint-Étienne, se dĂ©roule l’évĂ©nement Livres en FĂŞte.
    Au programme : auteurs venus dĂ©dicacer leurs ouvrages, stands de libraires et bouquinistes, ateliers et animations diverses.
    Hier, j’ai fait un petit tour sur le lieu de cette manifestation culturelle en essayer de voir si certains auteurs m’étaient familiers et j’ai vu le nom de Fabrice Colin, récemment primé (tout comme Jean-Jacques Girardot, voir post ci-dessous) au Grand Prix de l’Imaginaire.
    Fabrice Colin et moi-même avons comme points communs d’être nés la même année, d’avoir le même prénom, et d’écrire tous les deux dans le domaine de la littérature de l’imaginaire, bien que lui soit un auteur bien plus publié que moi et qu’il écrive davantage dans le domaine de la Fantasy.
    Il y a de cela quelques années, j’étais étudiant à Paris, et lors d’une rencontre organisée par le Club Présences d’Esprits, on m’avait pris pour lui...
    C’est toujours ennuyeux d’être pris pour quelqu’un d’autre.
    Voici une anecdote qui m’est arrivée justement à cette époque où je poursuivais mes études à Jussieu.
    Un jour de novembre, mes parents eurent la surprise de recevoir une lettre d’une dame d’un village voisin, cette dame s’avĂ©rant ĂŞtre la mère d’un de mes anciens camarades de classe de collège. Un dĂ©tail aurait pu mettre la puce Ă  l’oreille de mes parents : le nom de famille Ă©tait mal orthographiĂ© (« MĂ©reste » est un pseudonyme, mon vĂ©ritable patronyme Ă©tant trop difficile Ă  Ă©crire correctement par le commun des mortels). Dans cette lettre, une carte indiquant : « Sincères CondolĂ©ances » avec une image de fleurs tristes comme il convient dans ce genre de situation.
    En ouvrant la carte, mes parents purent lire le texte suivant, en caractères d’imprimerie :

    « Le livre de la vie

    est le livre suprĂŞme

    qu’on ne peut ni fermer

    ni ouvrir Ă  son choix.

    On voudrait revenir

    à la page que l’on aime

    et la page du chagrin

    est déjà sous nos doigts.


    Sincères CondolĂ©ances. »


    Puis, Ă©crit Ă  la main :
    « Je suis bouleversĂ©e par le deuil qui vous frappe. Croyez en ma sympathie bien attristĂ©e. »
    Suivis du nom de la mère de mon ancien copain de classe et d’un post-scriptum : « Si je peux vous aider... »
    Passé le premier moment d’émotion et de surprise, mes parents m’ont quand même appelé par téléphone pour prendre de mes nouvelles, et comme je me portais comme un charme, ma mère s’est décidée à prévenir la personne à l’origine de la lettre afin de la rassurer.
    L’explication Ă©tait simple : quelques jours plus tĂ´t, un malheureux homonyme (Ă  une lettre près dans l’écriture du nom de famille), du mĂŞme âge et de la mĂŞme rĂ©gion natale que moi, s’était tuĂ© dans un accident de voiture. L’avis de dĂ©cès avait Ă©tĂ© publiĂ© dans les pages nĂ©crologiques du journal local.
    Certaines personnes ont cru qu’il s’agissait de moi, comme des habitants du village de mes parents, mais voyant que ma mère ne semblait en rien touchĂ©e par le dĂ©cès de son fils aĂ®nĂ©, ils ont vite compris qu’il ne s’agissait pas de moi : une lettre de diffĂ©rence dans le nom de famille ainsi que l’activitĂ© du dĂ©funt (serveur dans un restaurant) avait fini par lever le doute.
    Quoi qu’il en soit, apprendre que j’avais Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme mort aux yeux de certains est une drĂ´le d’expĂ©rience : cela permet de relativiser les problèmes divers qui nous touchent car ceux-ci sont toujours bien dĂ©risoires face Ă  la chance que nous avons d’être vivants.


    Dimanche, le 12 octobre 2003
    Avis spĂ©cial : tribute to J.-J.
    Pendant des annĂ©es, Ă  ceci depuis le milieu des annĂ©es soixante-dix, Jean-Jacques Girardot plaçait ses nouvelles dans tous les supports de publication disponibles : fanzines, revues, recueils...
    Mais cet auteur restait trop rare et n’avait pas encore publiĂ© son recueil de textes. Cette chance allait lui ĂŞtre donnĂ©e en 2001 lorsque les membres du jury du prix Alain-DorĂ©mieux, rĂ©uni aux Utopiales de Nantes, firent de Jean-Jacques Girardot leur laurĂ©at. En effet, le prix Alain-DorĂ©mieux a pour objectif d’aider un « jeune » auteur en lui permettant d’éditer son premier recueil de nouvelles (ou son premier roman).
    C’est ainsi que Jean-Jacques put sortir, l’annĂ©e suivante, ses DĂ©dales virtuels (Éditions Imaginaires Sans Frontières).
    Le jury du prix Alain-DorĂ©mieux ne s’était pas trompĂ© : l’annĂ©e suivante, au cours de la convention nationale de science-fiction organisĂ©e Ă  FlĂ©malle (en Belgique), une nouvelle inĂ©dite extraite de ce recueil et intitulĂ©e « les Visiteurs de l’éclipse – Gris et amer (1/2) » obtint le prix Rosny ainĂ© (ex æquo avec une nouvelle de Sylvie LainĂ©, prix Alain-DorĂ©mieux 2002 !), saluĂ© ainsi par les lecteurs de science-fiction.
    Et enfin, tout récemment, Jean-Jacques s’est vu décerner le Grand Prix de l’Imaginaire pour son recueil, récompensé ainsi par un jury composé pour sa plus grande partie de professionnels du milieu tels que des auteurs et des directeurs de collection.
    Par ailleurs, en plus de ses qualités d’auteur, Jean-Jacques est un homme d’une énorme gentillesse, quelqu’un d’attachant, de cultivé et d’un peu fou, quelqu’un avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire une nouvelle, mais aussi quelqu’un de sensible que j’ai stupidement blessé, grosse nouille que je suis, parce qu’un jour, après une semaine stressante, j’étais sur les nerfs...
    VoilĂ , petit hommage Ă  Jean-Jacques Girardot, parce qu’il le vaut bien !


    Dimanche, le 7 septembre 2003
    Compte-rendu (bien singulier) de la XXXème Convention nationale de Science-fiction française
    1. Introduction

    Ça l’air d’un film :

    Sara et la Convention perdue

    ...mais, non, il s’agit de la convention S.-F. nationale de 2003, ou plutĂ´t de la « Convention transnationale d’imaginaire francophone » puisque celle-ci s’est dĂ©roulĂ©e du 28 au 31 aoĂ»t 2003 au Centre wallon d’art contemporain de la Châtaigneraie, Ă  FlĂ©malle, au sud de Liège.
    Une convention hors norme, en quelque sorte, puisque hors de France (même si quelques conventions S.-F. avaient déjà eu lieu auparavant en Belgique ou en Suisse) mais aussi hors du simple domaine de la science-fiction car les autres genres de la littérature de l’imaginaire (fantasy et fantastique, et même polar) étaient aussi à l’honneur.
    Hors norme enfin par le jeu de rôles dans lequel se sont retrouvés plongés les participants et invités à la convention.


    2. Au cours du mois de juillet...

    Dans un document attachĂ© Ă  un courrier envoyĂ© par Sara Doke, il est indiquĂ© :
    « Joueur : MĂ©reste, Fabrice
    Groupe : Agents du Vatican (reprĂ©sentants des gardiens de l’Aggartha)
    Membres : Jean-Claude Dunyach, Fabrice MĂ©reste
    AlliĂ©s : Personne !
    Ennemis : Tout le monde
    Signe distinctif : chemise blanche et accessoire noir (n’oubliez pas que vous ĂŞtes des prĂŞtres) (...) »
    Sont aussi indiqués les personnages connus et reconnus, missions et historique.
    Ouh lĂ  ! Je ne comprends pas grand chose, c’est la première fois que je participe Ă  un jeu de rĂ´les. Bon, ça peut ĂŞtre drĂ´le. Je mets dans mon sac de voyage un jeans noir et une chemise blanche...


    3. Jeudi 28 aoĂ»t 2003 : le dĂ©part

    Jean-Jacques Girardot, son fils Alain, et moi-mĂŞme, Ă  savoir les StĂ©phanois de la Gang, retrouvons les Lyonnais chez Sylvie LainĂ© Ă  7 heures du matin.
    Tout le monde est dĂ©jĂ  lĂ  (AndrĂ©-François Ruaud, Gizmo Mergey, ainsi qu’un fan et auteur suisse prĂ©nommĂ© Vincent) mais ce n’est pas pour autant que nous partons pour la Belgique : nous discutons entre copains en prenant le petit dĂ©jeuner.
    Les StĂ©phanois prennent place dans la voiture de Jean-Jacques et les autres (Sylvie, Vincent, AndrĂ© et Gizmo) dans la Gizmobile, nous voilĂ  enfin sur le dĂ©part alors que le jour tarde Ă  se lever : nous ne sommes plus habituĂ©s aux gros nuages gris après cette canicule.
    Nous quittons la région Rhône-Alpes, traversons la Bourgogne, entrons en Champagne-Ardenne, passons par la Lorraine (avec nos sabots) et déjeunons à Luxembourg où Georges, un ami d’André-François qui travaille dans cette ville, nous montre quelques bien beaux endroits le temps d’une visite-éclair.
    Nouveau changement de frontière : la Belgique. Le chemin semble long pour aller jusqu’à Liège. Jean-Jacques quitte l’autoroute Ă  un moment pour prendre de l’essence dans une bourgade appelĂ©e « Vaux-sur-SĂ»re ». Ce nom curieux nous rappelle la blague au sujet des manifestations de mai 68 Ă  Bruxelles : du cĂ´tĂ© des Ă©tudiants, on criait : « CRS, SS ! » et du cĂ´tĂ© des forces de l’ordre : « Étudiants, -diants, -diants ! »
    Liège nous accueille sous une pluie battante. Nous suivons la voiture de Gizmo. Nous arrivons en centre-ville, tournons, hésitons... il est dur de trouver son chemin lorsque les panneaux sont difficiles à voir ou lorsqu’une route prévue dans l’itinéraire est barrée.
    En fin d’après-midi, nous parvenons enfin Ă  l’hĂ´tel, Ă  Rocourt, dans la pĂ©riphĂ©rie de Liège. Nos chambres ont bien Ă©tĂ© rĂ©servĂ©es. Mais c’est Anne Smulders qui a nos factures (et le numĂ©ro du code pour ouvrir le portail de nuit). Elle a bien fait : arrivĂ©s trop tard, nous n’aurions pu trouver quelqu’un Ă  l’accueil de l’hĂ´tel. Nous nous rendons au lieu de la convention, et le chemin n’est pas moins simple que pour aller jusqu’à l’hĂ´tel (doux euphĂ©misme).
    Il pleut, il fait froid, nous sommes fourbus. Je ne remarquerai la beauté de la Châtaigneraie que plus tard, petit manoir entouré d’un parc qui n’est pas sans évoquer le Moulinsart de Tintin.
    Nous avons manquĂ© le programme de l’après-midi, tant pis. Dommage pour la confĂ©rence de l’auteur britannique Brian Stableford sur « l’Imaginaire du XIXème siècle », celle de Patrick Marcel sur le fantastique (auteur, entre autre, du guide Atlas des brumes et des ombres sur le Fantastique en Folio S.-F., ah, ben non, en fait, cette confĂ©rence n’a pas eu lieu m’a-t-on rapportĂ©), et la rencontre avec Jean-Marie Buchet, cinĂ©aste et historien du cinĂ©ma au sujet de « CinĂ©ma et Science-fiction ». De toute manière, les conventions, ce n’est pas seulement assister Ă  une sĂ©rie de rencontres, confĂ©rences, tables rondes et dĂ©bats, c’est aussi et surtout l’occasion de retrouver des copains, de rencontrer des auteurs, de faire de nouvelles connaissances avec des personnes qui partagent le mĂŞme intĂ©rĂŞt pour la science-fiction, ou, d’une manière plus globale, pour la littĂ©rature de l’imaginaire.
    À l’accueil, c’est Jean-Claude Dunyach, mon partenaire dans le jeu de rĂ´les, qui s’occupe de la caisse : tickets repas et « delsemmes » pour les boissons. Comme l’annĂ©e passĂ©e, les bières et cafĂ©s se paient avec une monnaie de singe : le delsemme, en l’honneur de Serge, cet auteur de S.-F. liĂ©geois rĂ©cemment disparu.
    À peine le temps de dire bonjour aux copains prĂ©sents, de jeter un coup d’œil aux œuvres exposĂ©es Ă  l’étage (sculptures, peintures et collages d’inspiration science-fictionnelle ou fantastique) et c’est dĂ©jĂ  l’heure de dĂ®ner (ou plutĂ´t de « souper » car, en Belgique, le terme « dĂ®ner » s’applique Ă  ce que nous, Français, appelons le « dĂ©jeuner »). Nous nous retrouvons sous une grande tente pour nous restaurer : soupe, puis boulet (?) de viande et... frites, bien entendu, et enfin dessert ou fromage, je ne me rappelle plus.
    Il est bien tard lorsque nous avons terminĂ© de manger, la confĂ©rence prĂ©vue par le professeur Tassilo Von Töplitz est reportĂ©e au lendemain.
    Vincent, notre nouvel ami helvète, plutôt que d’aller dormir à l’auberge de jeunesse, souhaite rester en compagnie de la Gang, il partagera donc ma chambre pendant ces trois nuits. Retour à l’hôtel (en suivant les voitures de ceux qui connaissent le chemin), puis dodo...


    4. Vendredi 29 août 2003

    Petit dĂ©jeuner dans la salle Ă  manger de l’hĂ´tel. Les habituĂ©s (qui sont dĂ©jĂ  debouts) occupent les lieux : Raymond MilĂ©si, Pierre Stolze, Alain Huet, JĂ©rĂ´me Baud...
    Nous suivons les voitures pour arriver jusqu’au lieu de la convention.
    Assemblée générale de l’association Infini.
    [J’échappe pour un moment Ă  la convention car je dois retrouver un de mes meilleurs amis que je n’ai plus vu depuis plus de... dix ans, ami que j’avais connu au temps d’un stage rĂ©alisĂ© Ă  Seraing, ville voisine de FlĂ©malle. Cet ami, Africain d’origine rwandaise, est justement de passage aux Pays-Bas et en Belgique, et il a pu s’arranger pour venir Ă  Liège au moment oĂą j’étais aussi prĂ©sent. Vers 11 heures, ce sont les retrouvailles. Avec un de ses compatriotes habitant maintenant la rĂ©gion, nous quittons FlĂ©malle en voiture pour le centre de Liège, dĂ©ambulons dans les rues du « CarrĂ© » et nous dĂ©cidons d’aller manger dans un restaurant de poissons. Le temps est bien trop court pour se raconter les milliers de choses qui nous sont arrivĂ©es et que nous n’avions pu communiquer ni par courrier postal ni par courrier Ă©lectronique. Juste le temps de faire un tour Ă  la cathĂ©drale de Liège oĂą je tenais temps Ă  revoir la sublime statue de l’ange dĂ©chu sur la Chaire de la VĂ©ritĂ© de Guillaume Geefs.
    Mon ami doit prendre le train pour aller à Bruxelles, il faut déjà se dire au-revoir, je suis raccompagné à Flémalle...]
    J’arrive Ă  la Châtaigneraie alors qu’AndrĂ©-François Ruaud dĂ©bute sa confĂ©rence sur l’initiation Ă  la fantasy. Devant moi, je reconnais quelqu’un de dos, en chemise Ă©carlate, assis Ă  cĂ´tĂ© de Gizmo : Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d’Encre de DenoĂ«l (et Ă©galement auteur sous pseudonyme).
    Au grĂ© de mon humeur, j’assiste Ă  des confĂ©rences (Joseph AltĂ©rac remplaçant Tassilo Von Töplitz pour nous parler de « Terre Creuse et Monde souterrain » et du fameux « roi du monde »), je vais voir les livres neufs ou d’occasion proposĂ©s Ă  la vente (j’en profite pour complĂ©ter ma collection Histoires, l’anthologie de science-fiction du Livre de Poche), je participe sans trop comprendre au jeu de rĂ´les (oĂą semblent beaucoup s’amuser le jeune Alain Girardot et Sylvie LainĂ©), j’écoute Gilles Dumay parler de tĂ©lĂ©travail (il vit Ă  prĂ©sent dans un coin perdu des montagnes de ThaĂŻlande et exerce ses fonctions depuis un cyber-cafĂ©), j’échange quelques mots avec Thomas Day au sujet du Double Corps du Roi (aux Éditions MnĂ©mos) qu’il a Ă©crit en collaboration avec mon copain Ugo Bellagamba...
    Repas. En face de moi, Ă  table, Raymond MilĂ©si n’est qu’à moitiĂ© content du plat de rechange qui lui a Ă©tĂ© servi au lieu des haricots, lĂ©gumes qu’il abhorre (qu’a-t-il eu Ă  la place, des concombres cuits ?!).
    Après le repas, Raymond prend sa guitare et nous gratifie d’un concert (chansons parodiques avec paroles de sa composition) mais certains d’entre nous ont bien du mal à en profiter en raison de la fatigue.
    Retour à l’hôtel, dodo.


    5. Samedi 30 août 2003

    P’tit dèj’. Voiture. Flémalle.
    PrĂ©sentation des candidatures pour les conventions 2004 et 2005. On prend les mĂŞmes et on recommence : la convention de 2004 sera organisĂ©e par JĂ©rĂ´me Baud et aura lieu Ă  l’Isle-sur-la-Sorgue (comme en 2000, première convention Ă  laquelle j’avais participĂ©), la convention de 2005 sera organisĂ©e par l’équipe d’Alain le Bussy Ă  Tilff (Ă  nouveau en Belgique, comme en 2002, oĂą je n’avais pu ĂŞtre prĂ©sent pour cause de rĂ©daction de thèse).
    Conf’versation sur la « structure du conte » animĂ©e par Claude Mamier et Philippe Dulauroy, deux personnes qui dĂ©cident de mener le projet assez fou de raconter et collecter des contes pendant près de trois ans (voir leur projet ici). ConfĂ©rence sur les OVBI prĂ©sentĂ©e par Jean Etienne. Non, je n’ai pas dit les OVNI mais bien OVBI : Objets Volants Belges IdentifiĂ©s. À propos, saviez-vous pourquoi il y a tant d’OVNI recensĂ©s en Belgique ? Il paraĂ®t que c’est un des pays les plus brillants de la Terre car les autoroutes y sont Ă©clairĂ©es... Et ce n’est pas une blague. Revenons aux OVBI. Historique et petit cours de physique sur les lifters, Ă©tranges dispositifs qui parviennent Ă  voler Ă  l’aide d’une haute tension. Nous assistons Ă  une dĂ©monstration surprenante de cet engin.
    Après le repas (buffet froid), dĂ©bat sur « l’Histoire de la S.-F. » animĂ© par Jean-Claude Vantroyen, Jean-Pierre Fontana et Jean-Claude Dunyach.
    Je croise Sara Doke qui s’inquiète de la disparition de Gilles Dumay (qui est l’invité mystère) et d’André-François Ruaud. Ces derniers étaient à Liège à la recherche d’un distributeur de billets acceptant les cartes bancaires du type dont est pourvu le Gillou.
    Autres conférences et rencontres, je ne comprends toujours rien au jeu de rôles, je m’accroche un bout de plastique vert fluo autour du poignet afin d’indiquer que je participe à la murder party. Je repère Michel Pagel qui est lui aussi affublé de ce signe distinctif mais, peine perdue, nos missions n’ont rien en commun, nous avons l’impression qu’il y a plusieurs histoires indépendantes emmêlées dans ce jeu de rôles.
    AndrĂ©-François et Gilles sont de retour. Le dĂ©bat sur « la Guerre des Étiquettes » peut dĂ©buter. Il ne sera pas animĂ© par Catherine Dufour (qui n’est pas encore lĂ  en raison d’un problème de voiture) mais par Patrick Marcel (qui traduit aussi les propos de Brian Stableford). Le dĂ©bat est très intĂ©ressant. Brian Stableford nous parle des attentes des Ă©diteurs (« Ă©crivez-nous la mĂŞme chose, donc le mĂŞme genre, parce que ça marche ! ») et des envies des auteurs ; l’idĂ©aliste Gilles Dumay de la nĂ©cessitĂ© commerciale de prĂ©senter le genre des livres (science-fiction, fantasy avec nains de jardin, fantasy sans nains de jardin...) mais que ce qui compte, selon lui, est de publier et dĂ©fendre un auteur et une œuvre, qu’importe son Ă©tiquette ; AndrĂ©-François Ruaud et Patrick Marcel, tous deux auteurs d’un guide respectivement sur la fantasy et le fantastique commandĂ©s par... Gilles Dumay (j’en profite pour saluer Francis ValĂ©ry, auteur du guide de lecture sur la science-fiction dans la mĂŞme collection qui n’a malheureusement pu venir pour des raisons de santĂ©... nous te souhaitons un prompt rĂ©tablissement, Francis !), Ă©voquent les difficultĂ©s qu’ils ont eu Ă  dĂ©finir les genres (fantastique, science-fiction, fantasy) et Ă  classer des textes dans l’un ou l’autre de ceux-ci, certains relevant de la fusion des genres...
    Nous quittons ensuite la Châtaigneraie pour aller au Préhistosite, non loin de là. Et c’est dans la reconstitution d’une caverne qu’ont lieu les remises de prix, dont le prix Rosny Aîné (auteur de la Guerre du feu), prix dont s’occupe Joseph Altérac et qui est établi selon le vote des lecteurs afin de récompenser le meilleur texte francophone de science-fiction de l’année écoulée.
    Roulement de tambour...
    Le prix Rosny de la nouvelle de science-fiction est attribuĂ© Ă ... Jean-Jacques Girardot pour « Gris et amer, les Voyageurs de l’Éclipse » (extrait de son recueil de nouvelles DĂ©dales virtuels paru aux Éditions Imaginaires Sans Frontières), ex æquo avec Sylvie LainĂ© pour « Un signe de Setty » (dans un numĂ©ro de la revue Galaxies). Trop de bonheur : il s’agit de textes que j’avais lus et vraiment beaucoup aimĂ©s, et en plus, ce sont des copains... En recevant leur trophĂ©e (la sculpture en forme de crâne de mammouth), Sylvie et Jean-Jacques se prettent Ă  un Ă©tonnant jeu de duettistes. Ne s’agirait-il que de la mĂŞme entitĂ© implĂ©mentĂ©e dans deux corps diffĂ©rents ?
    Prix Rosny du roman attribué à Joëlle Wintrebert (hélas absente) pour Pollen.
    Prix Merlin (équivalent en fantasy de ce qu’est le Rosny pour la science-fiction) de la nouvelle attribué à Jess Kaan pour l’Affaire des Elfes Vérolés.
    Prix Merlin du roman attribuĂ© Ă  Lea Silhol pour « la Sève et le Givre » (qui, comme JoĂ«lle, est aussi absente).
    Les auteurs de fantasy se sont vus remettre de jolies planches : un crayonnĂ© pour Jess Kaan qui avait bien du mal Ă  cacher son Ă©motion et une peinture pour Lea Silhol.
    Prix Versins (du plus mauvais jeu de mots rĂ©alisĂ© pendant la convention) attribuĂ© Ă  Pierre Stolze. Contexte : la convention avait pour sous-titre « Sara Jones et la Convention perdue ». Et il y eut effectivement beaucoup de problèmes pour trouver Ă  la fois l’hĂ´tel et le lieu de la convention, dans ce petit coin de Wallonie. Le jeu de mots de Pierre, fort Ă  propos, fut ainsi : « OĂą wallons-nous ? ». Pierre s’est vu remettre un magnifique... euh... bidule... un machin avec plein d’hĂ©lices de couleurs que je me rappelle avoir dĂ©jĂ  eu quand j’était tout petit.
    ApĂ©ritif. Discussions par petits groupes : Gilles Dumay, AndrĂ©-François et Patrick Marcel parlent entre eux de plein de textes et d’auteurs qui me sont inconnus, Gizmo et Éric Henriet discutent d’uchronie, Sylvie et Jean-Jacques taillent la bavette avec les 42 (Ellen Herzfeld et Dominique Martel), Catherine Dufour vient d’arriver, certains s’essaient Ă  la bière « prĂ©historique » faite maison (qui, une fois ouverte, se dĂ©verse follement en mousse)...
    Retour à la Châtaigneraie, c’est le dîner de gala.
    Sara Doke est habillĂ©e en crĂ©ature angĂ©lique. D’autres vont se changer au cours du repas. Vincent, Ă  cĂ´tĂ© de moi, dĂ©gouline de faux sang. Je devrais le regarder avec appĂ©tit, m’étant dĂ©guisĂ© en vampire, mais c’est plutĂ´t Ă  la serveuse largement dĂ©colletĂ©e Ă  qui j’ai lancĂ© un « vous ĂŞtes Ă  croquer, mademoiselle ! » qui retient mon attention. J’ôte mes dents de Dracula pour manger. Après la soupe aux orties et le saumon, nous avons droit Ă  de l’agneau (argh, une gousse d’ail, on veut ma mort !) et, en dessert, un machin-truc-chose au nom imprononçable pour un non-Belge qui ressemble Ă  une sorte de grosse poire cuite au jus.
    Pendant le repas, vente aux enchères d’objets improbables animĂ©e par Georges Pierru (dans le rĂ´le du commissaire priseur) et JĂ©rĂ´me Baud. Jean-Jacques Girardot s’en sort plutĂ´t bien : cette annĂ©e, son fils Alain ne l’a pas ruinĂ© en achetant toutes les bĂŞtises dont il avait envie.
    Tout le monde (ou presque) se dĂ©guise : AndrĂ©-François en cadavre Ă©lĂ©gant Ă  canotier, Michel Pagel en Mort rouge Ă  faux, il y a aussi des men in black et des extraterrestres, des cow-boys et des indiens, des crĂ©atures monstrueuses diverses et variĂ©es (je vous invite Ă  voir le site de Matthieu Walraet pour vous faire une idĂ©e), ceux qui ne se sont pas dĂ©guisĂ©s se retrouvent avec des masques ou casquettes ridicules.
    Jean-Jacques Girardot et son fils partent se coucher. Nous convenons de l’heure de dĂ©part pour le retour Ă  neuf heures, il ne faut pas oublier que lundi 1er septembre, c’est la rentrĂ©e pour Alain (et aussi pour moi et mes collègues enseignants). Tant pis pour le jeu « S.-F. again fascism » et le dĂ©crochage de l’exposition, et tant pour avoir si peu profitĂ© de Liège.
    Jacob Durieux est aux platines mais il n’y a pas réellement de bal costumé. Le sol caillouteux de la tente ne s’y prête d’ailleurs guère et nous aidons à débarrasser les tables.
    Gizmo ramène Ă  Rocourt de bien curieux personnages : le maquillage blanc d’AndrĂ©-François s’en va par plaques et le faux sang n’en finit pas de couler du visage de Vincent. En se dĂ©maquillant Ă  l’extĂ©rieur de la chambre d’hĂ´tel, Vincent manque mĂŞme de provoquer une crise cardiaque, ayant fait très peur Ă  un touriste japonais noctambule.


    6. Dimanche 31 aoĂ»t 2003 : le retour

    Petit déjeuner en compagnie de Peter Motte (personne d’autre n’est debout si tôt). Ce traducteur néerlandophone s’est chargé de nous faire connaître des auteurs flamands durant la convention, notamment à travers la distribution d’un hors série en français de la revue littéraire trimestrielle De Tijdlijn (la Ligne de Temps).
    Il est presque neuf heures, Jean-Jacques n’est toujours pas descendu Ă  la salle Ă  manger alors que je suis prĂŞt Ă  partir. Je frappe Ă  la porte de sa chambre. Il vient Ă  peine de sortir du lit. Bon, pendant qu’il se prĂ©pare, je regarde les dessins animĂ©s Ă  la tĂ©lĂ©vision en essayant de ne pas rĂ©veiller Vincent.
    Jean-Jacques arrive enfin, et c’est parti. Le mauvais temps qui nous avait accompagné tout au long de la convention a laissé place au soleil.
    Le retour nous semble long jusqu’au Luxembourg et à la France.
    Nous nous arrĂŞtons sur une aire d’autoroute pour dĂ©jeuner et je prends la relève au volant. Je conduis sur la majeure partie de l’autoroute, Jean-Jacques s’assoupit Ă  cĂ´tĂ© de moi, Alain semble bien sage Ă  l’arrière. Nous sommes Ă  Saint-Étienne en fin d’après-midi.
    VoilĂ , c’était une bien belle convention, riche en Ă©motions, en rencontres et en prix... Encore merci aux organisateurs : Sara, Anne et Jacob. Et Ă  l’annĂ©e prochaine Ă  l’Isle-sur-la-Sorgue !


    Mardi, le 12 aoűt 2003
    Ah, vie au calme, de vendredi Ă  lundi...
    Week-end en Ardèche avec mon ami stéphanois Jean-Jacques Girardot. Nous avons travaillé sur une nouvelle steampunk qui sera la suite de celle à paraître à la mi-septembre dans l’anthologie Passés recomposés des éditions Nestiveqnen.
    En fait, Ă©crire une histoire d’uchronie (ou encore : « qu’aurait Ă©tĂ© le passĂ© si quelques Ă©vĂ©nements s’étaient produits diffĂ©remment ? ») demande Ă©normĂ©ment de travail de recherche. Et lĂ , Jean-Jacques a fait très fort puisqu’il avait tĂ©lĂ©chargĂ© quelques sites intĂ©ressants les jours prĂ©cĂ©dents et mis tout ça sur une grosse machine.
    Arrivés dans ce petit coin perdu à la fraîcheur agréable (Lyon était une ville étouffante, ces jours-ci), nous avons pu mettre nos ordinateurs en réseau et travailler sur notre petit web local, après que Jean-Jacques a installé un outil de recherche adapté pour tirer au mieux parti des données recueillies.
    Au final, nous n’avons pas fait beaucoup de balades dans la forêt (ils ne sont pas très sportifs, mes copains), pas encore écrit une ligne du texte mais l’histoire prend forme petit à petit, l’univers s’enrichit, la gestation est longue mais nous promet un beau bébé...
    Donc un week-end vraiment agréable où nous avons fêté l’anniversaire de Jean-Jacques, ce qui m’a donné l’occasion de préparer à nouveau une charlotte aux poires (recette décrite en post du 27/07/2003).
    Bon, tout ça m’a un peu fait oublier mes problèmes divers Ă  Lyon (l’appartement Ă  faire visiter, les plombiers, le copain en hĂ´pital psychiatrique), au boulot (les travaux de recherche Ă  terminer avec mon Ă©quipe de Lyon, les nouveaux cours Ă  prĂ©parer Ă  Saint-Étienne), Ă  Saint-Étienne (le parquet Ă  refaire dans mon nouvel appartement, le dĂ©mĂ©nagement)... auxquels se sont rajoutĂ©s dernièrement des problèmes de santĂ© (je ne pense pas que ce soit grave, mais un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste n’a su me dire de quel mal curieux je souffrais, aussi m’a-t-il dirigĂ© vers un spĂ©cialiste que je dois voir cet après-midi).
    Enfin, rien de bien mĂ©chant, tout se gère petit Ă  petit, et je pense que tous ces petits soucis seront rĂ©glĂ©s Ă  la fin du mois, date Ă  laquelle je m’installerai pour de bon dans mon chez-moi, Ă  Saint-Étienne...


    Lundi, le 21 juillet 2003
    Avis : attention, peinture fraĂ®che !
    Pascal-Jean-Gabriel, dit « Gizmo », le rĂ©dacteur de la Clepsydre, Ă©galement historien et auteur Ă  ses heures, tient aussi la fonction de webmestre de la Gang dont il vient de remettre le site Ă  jour.
    Allez-y, c’est beau, c’est bleu...
    Vous y trouverez des informations sur les dernières parutions de mes copains gangsters.
    Merci Gizmo !


    Mercredi, le 11 juin 2003
    (M)a vie, en vrac : plus jamais avant minuit
    Tout a commencé dimanche dernier, le 1er juin.
    Sylvie donnait une petite fĂŞte chez elle pour son poste de prof des universitĂ©s. Très sympa. Il y avait les copains de la Gang (Marie, AndrĂ©, Olivier, Gizmo, Jean-Jacques) ainsi que Francis ValĂ©ry. Il m’a surpris, le Francis. D’ordinaire, il est habillĂ© de noir (avec les ongles vernis dans la mĂŞme couleur). Mais lĂ , il Ă©tait sobrement vĂŞtu de beige. Oh, le copieur ! (Oui, mes fringues sont le plus souvent blanches, beiges et couleur sable.)
    En partant, le mari de Sylvie m’a prêté des CD vidéos et je n’ai pu m’empêcher de regarder le film sur mon ordinateur, ce qui m’a fait coucher plus tard que d’ordinaire et presque louper le réveil... alors que, le lendemain, commençait une conférence (enfin, un colloque s’étalant sur toute la semaine) organisée par mon laboratoire.
    Donc lundi, je me suis rendormi après la sonnerie du rĂ©veil (c’est la première fois que ça m’arrive, et c’est dĂ©sagrĂ©able), d’oĂą un dĂ©part un peu Ă  la bourre de chez moi. J’arrive au labo avant 8 heures, j’aide Ă  installer ce qu’il faut, ça baigne, tout est prĂŞt. Le discours des officiels, confĂ©rence d’un invitĂ© prestigieux, tout va bien. Nous gĂ©rons aussi le problème du mardi car, avec les grèves des transports, nous prĂ©voyons de chercher les confĂ©renciers logeant Ă  Lyon pour les amener sur le campus de Bron, dans l’Est lyonnais (c’est moi qui vais servir d’accompagnateur).
    Alors, cette semaine, ça a Ă©tĂ© dur. Et pas moyen de trouver le temps de poster un message sur Singuliers (OK, j’avoue : j’ai commencĂ© trois messages, je n’en ai terminĂ© aucun avant celui-ci).
    D’abord, du sommeil en retard. D’ordinaire, je me lève très tĂ´t (Ă  5 heures) et j’essaie de me coucher vers 22 heures, mais lĂ , quand je ne rentrais pas tard après avoir dĂ®nĂ© avec des collègues, j’ai redĂ©couvert ce que c’est que de jouer sur l’ordinateur, ça me permet de tuer le temps jusqu’à ce que j’aie l’air d’un zombie et que, malgrĂ© la chaleur Ă©touffante, je parvienne Ă  trouver le sommeil. Mais bon, dodo plus jamais avant minuit, et lever assez tĂ´t, mĂŞme si c’est un peu plus tard que d’ordinaire, ça finit par taper durement sur le système.
    Ensuite, j’ai pris trois kilos. Les pauses-cafĂ© accompagnĂ©es de dĂ©licieuses pâtisseries, les cocktails, le dĂ®ner de gala, le resto avec des LiĂ©geois (pas au chocolat, des collègues belges), le dĂ©jeuner du vendredi avec le comitĂ© d’organisation, sans compter ce week-end... Argh ! Bon, au pain sec et Ă  l’eau.
    Sinon, pour finir, le bon mot du docteur Fab. Le mercredi, juste avant le dĂ®ner de gala, nous avons eu droit Ă  des dĂ©gustations de produits locaux (des beaujolais, des jus de fruits, du saucisson, des fromages de chèvres, du miel). Quand je suis passĂ© devant les fromages, j’en ai goĂ»tĂ© un qui Ă©tait affinĂ©, et l’autre qui ne l’était pas. Oui, rien Ă  voir. Et lĂ , je me suis dit que ce que c’était vraiment ce qu’il fallait pour un congrès de mathĂ©maticiens : la seule diffĂ©rence entre les deux fromages, c’était une fonction « affine »... (si vous ne comprenez pas, envoyez-moi un courrier Ă©lectronique (c’est pourtant le programme de troisième, non ?)
    Enfin, samedi, petit tour au 13ème festival de la science-fiction et de l’imaginaire de Roanne. Le Capitaine en parle mieux que moi sur son site ici (billet du 08/06/2003).
    Déjeuner à Roanne puis après-midi agréable au bord de la Loire, dans le département du même nom, le fameux 42, solution à toutes les énigmes, et peut-être même, en ce qui me concerne, à celle de la quête acharnée d’un futur poste d’enseignant-chercheur.
    Affaire Ă  suivre...


    Dimanche, le 25 mai 2003
    Ah... We are the young Americans
    Samedi matin, devant le cinéma UGC de la rue de la République. La foule. Je me joins à celle-ci et je sors un bouquin.
    Une dame fait une enquête. Elle prend les numéros de téléphone des gens qui, comme moi, patientent.
    « Vous avez l’intention de voir Matrix ? »
    « Certainement pas ! »
    Ma réponse la surprend un peu.
    Mais le premier Matrix m’avait paru comme une Ă©norme bouffonnerie, je n’allais pas me coller la suite sous prĂ©texte que j’aime la science-fiction et le genre cyberpunk. Toutefois, je reconnais que je n’ai peut-ĂŞtre pas vu le premier opus dans des conditions optimales : j’habitais Ă  l’époque dans un foyer parisien occupĂ© par un paquet d’étudiants en informatique, et ces derniers avaient rĂ©cupĂ©rĂ© sur le Net une version pirate de Matrix, filmĂ© dans une salle de cinĂ©ma, avec un son dĂ©plorable et une qualitĂ© d’image laissant Ă  dĂ©sirer (les ombres des tĂŞtes apparaissaient sur le bas de l’écran). De plus, regarder ce film sur le moniteur d’un PC qui a le mauvais goĂ»t de redĂ©marrer lors de la projection, c’est dur, mĂŞme si on peut ensuite se vanter d’avoir vu le film tant attendu quelques semaines avant sa sortie nationale...
    Et comme M. Reloaded est, semble-t-il, un peu moins bien que le premier, je ne m’y suis pas risqué.
    Non, je suis allĂ© voir Dogville de Lars van Trier.
    Un très bon choix ! Trois heures, le double du temps de Matrix Reloaded, et pourtant ce film nous tient en haleine, sans pour autant passer par des effets spĂ©ciaux, des scènes de combat hallucinantes ou des plastiques avantageuses (une Nicole Kidman guère mise en valeur vs. le duo de choc Monica Bellucci & Carrie-Anne Moss).
    Le décor de cette petite ville est minimaliste. Quelques traces de peinture au sol indiquent le nom des rues, délimitent les maisons, figurent le chien. Les bruitages donnent corps à ce vide théâtral.
    L’histoire : en un prologue et sept chapitres, nous dĂ©couvrons la vie d’une petite bourgade perdue dans les Rocheuses, au nom improbable de Dogville, et la vie de ses habitants, au cours des annĂ©es trente. Un soir, des coups de feu se font entendre au loin, et Tom, l’apprenti-auteur et philosophe de la ville, recueille Grace, une jolie jeune femme traquĂ©e par des gangsters. Les habitants de Dogville, sur la proposition de Tom, consentent Ă  cacher Grace et Ă  la faire vivre auprès d’eux en Ă©change de quelques travaux. Grace va tout faire pour que la communautĂ© de ces gens simples l’accepte.
    Critiques : Sublime ! Quel tour de force ! Lars von Trier parvient Ă  peindre ces hommes et ces femmes qui font l’AmĂ©rique avec une terrible sincĂ©ritĂ©, les petits riens qui font leurs vies, leurs valeurs, leur esprit communautaire, leur dĂ©tresse... Il s’agit aussi et surtout d’une allĂ©gorie de la violence humaine, ou comment, malgrĂ© tous nos idĂ©aux, nous finissons toujours par nous en prendre aux plus faibles. Ce n’est pas un film optimiste, certes, mais d’une cruelle luciditĂ©.
    LuciditĂ©, lux... Oui, d’ailleurs, dans ce film, Lars von Trier joue beaucoup sur la lumière, la lumière qui met en valeur la profondeur des personnages, du soleil Ă©clatant de la joie partagĂ©e au cours de la fĂŞte nationale, au clair de lune rĂ©vĂ©lant toute l’horreur des ĂŞtres humains dans la terrible scène finale.
    Dogville est vraiment un film singulier... Allez le voir !


    Dimanche, le 13 avril 2003
    AvisĂ©s, les conseils de Bifrost !
    Chouette ! J’ai trouvĂ© vendredi dans ma boĂ®te aux lettres le dernier numĂ©ro de la revue Bifrost des Éditions du BĂ©lial’.
    Et ce numéro 30, avec ses nouvelles, critiques, interviews et infos, je l’ai dévoré, comme d’hab’...
    Première nouvelle, celle de Catherine Dufour : Je ne suis pas une lĂ©gende. Ces quatorze pages, clin d’œil au roman de Richard Matheson, nous racontent l’histoire de Malo, un antihĂ©ros qui fait tout son possible pour rester humain dans un univers oĂą ceux de son espèce sont devenus des vampires. Ne vous fiez pas Ă  la quatrième de couverture dont est tirĂ© un extrait de ce texte, la nouvelle est pleine d’humour noir et de cynisme, la provocation gratuite n’est pas aussi frĂ©quente.
    Un autre texte rafraĂ®chissant : FaĂ«rie Boots de Johan Heliot. En une dizaine de pages, l’auteur de La lune seule le sait nous emmène sur les traces d’une rock star en revisitant la magie d’un conte de Perrault.
    L’Arbre aux lucioles de Jack Williamson, est un tout petit texte (4 pages) de fantastique champĂŞtre dans un bled paumĂ© des États-Unis. Bof.
    Le GoĂ»t du sang de Michel Pagel est une très belle histoire Ă  chute. En 8 pages, un voyageur interstellaire immortel raconte Ă  son ami combien peut s’avĂ©rer problĂ©matique le fait d’avoir trouvĂ© l’amour en la personne d’une ravissante Andalouse.
    Enfin, Le Canot de Richard Paul Russo dĂ©crit en 12 pages la lente agonie d’un Ă©quipage d’une capsule de survie perdue dans un non-secteur du non-univers...
    Pour la partie critique, il y a bien sĂ»r les coups de cœur... mais aussi les coups de gueule, en particulier ceux du fĂ©roce Cid Vicious qui s’en prend aux (trop) jeunes auteurs de fantasy et de space opera que des maisons d’éditions laissent publier des cycles sans fin, sans style et sans histoire... À noter, la critique en demi-teinte d’Un Amour d’outremonde de Tommasion Pincio par le marsien Laurent Queyssi. J’en avais parlĂ© dans mes archives, trouvant au contraire ce livre plutĂ´t pas mal...
    Les interviews : Catherine Dufour, auteur aux textes dĂ©jantĂ©s (outre la nouvelle prĂ©sente dans ce numĂ©ro de Bifrost, elle poursuit un cycle intitulĂ© Quand les dieux buvaient avec les titres Blanche-Neige et les lance-missiles, L’ivresse des provideurs et Merlin, l’ange chanteur qui ne semblent pas piquĂ©s des hannetons). Interview aussi de Fabrice Colin, qui, outre quelques titres intĂ©ressants, Ă  le bon goĂ»t de s’appeler Fabrice et d’être nĂ© en 1972...
    Et encore, tout plein de critiques de romans, recueils et BD, d’infos et d’études (allant du phénomènre Perry Rhodan à la chute des météorites en passant par la science-fiction des années 1930), etc.
    Idéal pour se changer les idées et précieux avant de se ruer sur les nouveautés S.-F. en librairie.


    Dimanche, le 6 avril 2003
    Avis de nettoyage de printemps
    Ça y est, j’ai fait le mĂ©nage : les derniers posts de "Singuliers" sont bien rangĂ©s, classĂ©s par thème et par date.
    Je me suis rendu compte que la nouvelle Cellulaire sans en avoir l’air Ă©tait difficile Ă  lire pour ceux qui ne consultaient pas rĂ©gulièrement mon avirtuel. Par consĂ©quent, j’ai mis tous les Ă©pisodes Ă  la suite dans les textes en ligne. Et j’en ai profitĂ© pour mettre en ligne un autre texte : L’homme sans sourire, Ă©crit Ă  Paris, en 1999, une nouvelle fantastique que l’on peut aussi retrouver sur mon site auprès de la Gang.
    Bonne lecture !


    Jeudi, le 3 avril 2003
    Avis de retour à l’anormal
    Voilà, c’est la fin de l’histoire de Cellulaire sans en avoir l’air.
    Que peut-on dĂ©duire de ce petit texte ?
    Que je connais un peu le quartier chinois parisien. Oui. Que je suis allergique aux téléphones portables. Aussi. Et que j’écris des textes qui ne sont pas publiés. Certes.
    Bon, en tout cas, poster des bouts de cette nouvelle m’a permis de ne pas me lâcher sur mon blog. Comme tout le monde, j’aurais eu tendance Ă  laisser mon naturel agir, Ă  en vouloir au monde et joindre ma voix Ă  la sĂ©rie des "putain-ils-sont-vraiment-trop-cons-de-faire-la-guerre", Ă  en vouloir Ă  notre État bien-aimĂ© qui profite du contexte international pour supprimer des postes Ă  l’éducation nationale au profit des ministères de la DĂ©fense, de l’IntĂ©rieur et de la Justice, bref, Ă  en vouloir aussi Ă  toutes ces petits problèmes du quotidien qui nous gâchent un peu la vie (le moniteur de mon ordinateur qui grille, la grève des transports en commun, la grève du restaurant du personnel...) mais non, sans dire que tout va bien, ne disons pas que tout va mal.
    Non, je ne suis pas de ceux qui chroniquent avec humour et/ou cynisme l’actualité, d’autres ont davantage de talent que moi pour le faire.
    Non, j’aurais pu parler de quelques films que j’ai vus dernièrement (par exemple Adaptation de Spike Jonze), de quelques livres lus (comme Eternity Epress de Jean-Michel Truong), mais non, rien.
    Explication : j’ai trouvĂ© une manière gĂ©niale d’utiliser toutes les feuilles qui encombrent mon appartement (mes brouillons de thèse, d’articles scientifiques et de textes de science-fiction). Je fais des marionnettes en papier mâchĂ©. Et des marionnettes locales, bien sĂ»r, un vĂ©ritable théâtre de Guignol.
    Oui, j’ai laissé un peu tomber l’écriture (du moins de mon blog) pour concevoir des personnages de marionnettes.
    Tiens, dans la sĂ©rie des coĂŻncidences amusantes, en voici une concernant le film Adaptation. Dans ce film, Jonze parle d’un scĂ©nariste (jouĂ© par Nicolas Cage) et des problèmes de la crĂ©ation littĂ©raire. Or il se trouve que ce scĂ©nariste a notamment participĂ© Ă  l’écriture de Dans la peau de John Malkovich (un autre film rĂ©alisĂ© par Spike Jonze). Oui, fiction et rĂ©alitĂ© sont bien mĂ©langĂ©es. Et quelle est la profession du personnage du film Dans la peau de John Malkovich ?
    Marionnettiste de rue, tiens donc...


    Dimanche, le 23 février 2003
    Aviez-vous dĂ©jĂ  songĂ© Ă  rĂ©enchanter le monde ?
    La semaine dernière, Francis Valéry, monsieur Passeport-pour-les-étoiles (le guide de lecture en science-fiction de Folio SF) était présent à Lyon. Avons eu le plaisir de passer quelques agréables soirées en sa compagnie. Il nous tarde de le voir terminer Le Talent ressuscité (la suite du Talent assassiné)...
    Hier soir, sur France Culture, l’émission "Mauvais Genres" était dédiée à André-François Ruaud et à la fantasy.
    AndrĂ©-François, c’est le "capitaine" de la Gang, c’est l’auteur d’un roman de polar-fantasy (Des ombres sous la pluie), d’un guide de lecture en fantasy (Cartographie du merveilleux, en Folio SF), du Dictionnaire fĂ©erique (aux Éditions de l’Oxymore), d’essais (en particulier sur Arsène Lupin) ainsi que de nombreuses nouvelles puisant aussi bien dans les domaines de la science-fiction, du fantastique que de la fantasy ou du polar, c’est un anthologiste et le directeur de la plus vieille revue française sur la science-fiction et la fantasy Yellow Submarine qui fĂŞtera, au mois de mars, ses vingt ans !
    André-François Ruaud, en qualité de docteur es fantasy national, nous a parlé pendant une heure avec passion des créatures du monde de la Faërie, ces petits êtres présents dans toutes les cultures traditionnelles, apparus dans l’imaginaire populaire à des âges divers (certains, tels ceux retrouvés auprès des gangs de Miami, sont étonnamment très récents), animés de bonnes ou mauvaises intentions envers les humains.
    Instructif aussi, de voir que les représentants du christianisme, et du catholicisme en particulier, se sont opposés au petit peuple de Faërie, une culture (ou une religion, ou un imaginaire) cherchant à en remplacer une autre.
    Personnellement, je suis assez peu sensible aux Ă©crits du domaine de la fantasy. AndrĂ©-François a expliquĂ© que les amateurs de science-fiction et de fantasy ne sont pas les vraiment mĂŞmes : en gĂ©nĂ©ral, les premiers ont plutĂ´t une culture scientifique et s’intĂ©ressent Ă  la science, Ă  la technologie et aux rĂ©percussions sociales qu’apporte le progrès, les seconds sont plutĂ´t amateurs de jeux de rĂ´les (Donjons et Dragons est un univers de fantasy archĂ©typal) et cherchent Ă  "rĂ©enchanter" le monde... Ah, je suis rassurĂ© : en tant que chercheur, je suis naturellement enclin Ă  prĂ©fĂ©rer la science-fiction, d’autant que j’ai un solide enracinement dans le christianisme qui me rend impermĂ©able aux (autres) superstitions.
    Pour ceux qui ont manquĂ© ce grand moment de radio samedi soir, vous avez une deuxième chance : l’émission peut ĂŞtre Ă©coutĂ©e sur le site de "Mauvais Genres" (attention, les sept premières minutes sont consacrĂ©es Ă  l’émission prĂ©cĂ©dente "ChassĂ©-croisĂ©").


    Dimanche, le 16 février 2003
    Avirtuel sur la vie réelle
    [Message personnel Ă  la personne qui se connecte assez rĂ©gulièrement depuis Stanford.edu... Allez, Nono, reviens sur la liste de diffusion de la Gang ! C’est frustrant de te voir disparaĂ®tre (joli paradoxe) Ă  chaque fois que la discussion devient intĂ©ressante. Fin du message perso.]
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "avenir". Je suis officiellement qualifiĂ© aux fonctions de maĂ®tre de confĂ©rences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir s’accrocher dans la course aux postes...
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "recherche". J’ai reçu les retours du comitĂ© de rĂ©daction d’une revue scientifique internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire. Youpi ! Mon papier est acceptĂ©. Rien de mĂ©chant Ă  corriger sur le plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un native English pour rĂ©gler les problèmes de langue.
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "enseignement". Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai en charge les travaux dirigĂ©s, j’ai indiquĂ© Ă  mes Ă©tudiants de maĂ®trise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet, ces derniers (qui sont très occupĂ©s par leur stage) en ont dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une partie de ma salle de TD et je me suis retournĂ© vers l’autre. Un peu trop vite. Du coup, j’ai vu une Ă©tudiante (fort charmante, ma foi) qui faisait mine de m’embrasser (« M’sieur, on vous adore ! »). Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en faut peu pour ĂŞtre aimĂ©... (euh, youpi ?)
    Nouvelles littĂ©raires. Le numĂ©ro 29 de Bifrost est enfin arrivĂ© dans ma boĂ®te aux lettres. Avec les excuses d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnĂ©e qui n’est autre que la pub pour la CitĂ© du Soleil (et autres rĂ©cits hĂ©liotropes) du frangin Ugo. DĂ©jĂ  presque terminĂ© de lire la revue. Parmi les fictions, une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu très personnel des Utopiales de Nantes par Francis ValĂ©ry, alternant avec des passages de son roman Ă  venir, le Talent ressuscitĂ©, la suite du Talent assassinĂ©. D’ailleurs Francis doit arriver Ă  Lyon ce soir. La semaine prochaine, il est prĂ©vu de passer quelques soirĂ©es sympas en sa compagnie.
    Nouvelles de ma vie d’être humain. CatĂ©gorie "douleur". Je ne sais comment, je me suis fait mal Ă  l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est qu’un bobo ridicule, qui a Ă  peine saignĂ©, qui a presque cicatrisĂ© maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gĂŞnant ! Je me sens vraiment handicapĂ© de la main gauche. Je viens enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait Ă  introduire des aiguilles brĂ»lantes Ă  cet endroit. Brrrr...
    Nouvelles de ma vie de cĂ©libataire. CatĂ©gorie "Saint Valentin". Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous avions prĂ©vu de terminer la soirĂ©e dans un bar après notre habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout Ă©tait prĂ©vu, nous avions l’intention de nous affubler de signes distinctifs tels que des "cœurs Ă  prendre" avec des planches anatomiques de l’organe en question ou des gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche. Pas de très bon goĂ»t, certes, mais il faut bien ça pour lutter face Ă  la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien de tel n’a Ă©tĂ© fait... PYM est retombĂ© dans une phase down, il n’est pas venu Ă  la rando roller, j’ai essayĂ© de l’appeler mais le message sur son rĂ©pondeur donne une bonne idĂ©e de son humeur noire... PYM, arrĂŞte de te regarder le nombril, c’est pas parce que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire Ă  tout le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup tous les deux mois).
    Nouvelles cinĂ©matographiques. CatĂ©gorie "horreur". J’ai vu Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au dĂ©but, j’ai eu peur... mais peur que le film soit un navet car il commence comme un de ces films pour adolescents au scĂ©nario sans surprise. Mais passĂ©es les dix premières minutes oĂą une jeune fille raconte Ă  sa meilleure amie une lĂ©gende urbaine sur laquelle repose l’histoire, le film dĂ©marre comme une enquĂŞte journalistique avec un oppressant fond fantastique. Pas du grand cinĂ©ma, certes, mais le film remplit son rĂ´le : j’étais calĂ© au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
    Nouvelles citoyennes. CatĂ©gorie "je milite". Samedi, 14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans (contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participĂ©es). Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme. J’ai retenu ce message, bien trouvĂ©, Ă©crit sur une pancarte : « Bush, si tu veux du pĂ©trole, viens le chercher sur nos plages ».


    Jeudi, le 26 décembre 2002
    Ah, virtuels dĂ©dales !
    Aujourd’hui, c’est la Saint-Étienne, aussi vais-je vous parler d’un auteur stĂ©phanois : Jean-Jacques Girardot.
    Jean-Jacques est un auteur que j’apprécie tout particulièrement, aussi bien pour ses écrits dont les thématiques me parlent vraiment (peut-être parce qu’il est aussi docteur en informatique), que pour ses compétences scientifiques (nos laboratoires ont des projets en commun), que parce qu’il s’agit de quelqu’un de tout simplement attachant.
    Auteur des Pages Françaises de Science-Fiction, vous pouvez voir Jean-Jacques Girardot aux conventions et festivals de science-fiction, en barbe et lunettes, des airs de Pierrot lunaire et de Professeur Tournesol, souvent accompagné par un elfe blond qui n’est autre que son fils.
    En 2001, lors des Utopiales de Nantes, Jean-Jacques a remporté le prix Alain Dorémieux qui récompense un jeune auteur en lui permettant de publier son premier ouvrage.
    C’est ainsi que nous avons eu la chance de voir arriver dans nos librairies son recueil de nouvelles de science-fiction : DĂ©dales virtuels, publiĂ© en 2002 aux Éditions Imaginaires sans frontières.
    Petite prĂ©cision : en près de 300 pages, le livre DĂ©dales virtuels ne retrace pas une histoire de transformation maçonnique.
    Pas compris ?
    OK, je reprends : le livre des dalles virent truelles ne retrace pas une histoire de transformation maçonnique. Oui, Jean-Jacques, comme la plupart des membres de la Gang, est un expert en jeux de mots. Mais bon, j’assume l’entière culpabilitĂ© et paternitĂ© de celui-ci.

    Les Dédales virtuels s’ouvrent par "Voyageurs", une nouvelle initialement parue dans Escales sur l’horizon (anthologie de Serge Lehman publiée en 1999 chez Fleuve Noir). Dans ce texte qui retrace un premier contact avec une entité extraterrestre, Jean-Jacques évoque la vie d’une scientifique à la recherche d’un sens à sa vie, quête douloureuse de l’amour et de la vérité.

    La nouvelle "l’ÉternitĂ©, moins la vie", dĂ©jĂ  parue dans Cyberdreams n°10 (1997), s’inscrit dans la thĂ©matique du "brain-downloading" chère Ă  l’auteur australien Greg Egan. Dans ce texte, la scientifique Helen Palmer cherche Ă  sauver sa fille sous une forme Ă©lectronique. Il s’agit d’une très belle illustration des positionnements juridiques et scientifiques de notre temps Ă  l’éternel « qui suis-je ? Â» mĂ©taphysique quand l’entitĂ© en question est une intelligence artificielle.

    La nouvelle "Sur le seuil", parue dans la revue Galaxies n°4 (1997), est une autre réponse à cette question, lorsque la copie électronique d’un être décédé, à travers ses propres doutes, diverge de l’original.

    "Gris et amer" est une nouvelle inédite en deux parties traitant non plus du "Soi" mais de "l’Autre". Dans la première partie, intitulée "les Visiteurs de l’éclipse", une bande de copains nostalgiques des Beatles mènent un périple en France pour voir la fameuse éclipse totale qui s’est produite à la fin du XXe siècle. À cette occasion, ils découvrent une étrange substance grise et amère, offrande de l’Autre.
    La seconde partie, intitulée "l’Adieu aux étoiles", se déroule quelques années plus tard dans un monde post-cataclysmique. Roger, rescapé de la bande, apprend à accepter ces fameux visiteurs.
    Jean-Jacques Girardot a réalisé une étude approfondie de son texte ici.

    "L’Humain visible" est un texte paru dans l’anthologie de Stéphane Nicot Hyperfuturs en 2000 (hors série de la revue Galaxies). Thomas, un informaticien travaillant sur le projet "Visible Human" découvre que la plate-forme informatique sur laquelle un être humain a été numérisé à des fins de simulation est dotée d’une intelligence artificielle. Une relation ambiguë se noue entre Thomas et l’IA.

    "L’Instant d’éternitĂ©", autre nouvelle inĂ©dite, parle d’un ĂŞtre sensible qui veut sauvegarder pour toujours un instant prĂ©cieux passĂ© avec celle qu’il aime et qui est condamnĂ©e. Mais qui est-il rĂ©ellement ?

    "Simon et Lucie, une romance", nouvelle déjà publiée dans Étoiles vives n°5 (anthologie de Gilles Dumay parue en 1998 chez Bifrost/Eacute;toiles vives) est une histoire d’amour amère sur fond de nanomachines censées rendre le quotidien plus merveilleux.

    La nouvelle "le Mouton sur le penchant de la colline", parue dans Escales 2001 (anthologie de Sylvie Denie parue au Fleuve Noir), est ma nouvelle préférée du recueil.
    Pourquoi ?
    Parce que la première fois que je l’ai lue, dans Escales, j’ai trouvé qu’il s’agissait là d’un très grand texte, un de ceux qui vous marquent et qui font que vous n’oublierez jamais plus l’auteur, un de ces textes trop rares qui vous obligent à faire un break et qui, même si vous êtes un dévoreur de livres, vous empêchent de passer aux suivants, tant les personnages, les situations et les idées sont fortes.
    Dans "le Mouton sur le penchant de la colline", un journaliste et "valideur d’informations" s’intéresse à la neuroprogrammation qu’aurait employée Sadam Hussein entre 2025 et 2030. Cette enquête et d’autres sur le sujet de la neuroprogrammation vont peu à peu impliquer ce personnage de manière bien plus profonde...
    À noter, dans ce texte, le docteur Helen Palmer, de "l’Éternité, moins la vie", fait une brève apparition.

    "Le Jeu de la CrĂ©ation", dernière nouvelle du recueil, est un inĂ©dit traitant d’une sociĂ©tĂ© d’insectes pensants. L’hĂ©roĂŻne, Akeyliah, dirige son petit monde, cherchant Ă  faire le bien de son monde en lui cachant une terrible vĂ©ritĂ©. Jusqu’à quand cette despote y parviendra-t-elle ?

    Les Dédales virtuels, ce sont les labyrinthes de l’esprit quand celui-ci est artificiel ou transformé par des nanomachines.
    Dédales virtuels, c’est l’ouvrage de Jean-Jacques Girardot, un petit bijou littéraire à acquérir et à lire d’urgence par quiconque s’intéresse aux grandes questions humaines portant aussi bien sur l’identité, sur l’estime de soi, sur le sens de la vie ou sur l’autre.
    Dédales virtuels, c’est de la science-fiction intelligente, ambitieuse, sans doute exigeante, mais c’est surtout, derrière le virtuel et l’artifice, l’humain à venir...


    Mardi, le 3 décembre 2002
    A vision of the future
    Samedi soir, je suis allé à la nuit de la science-fiction d’Oullins (dans le sud de Lyon). Très intéressant.
    Tout d’abord, un documentaire intitulé Robot Sapiens avec des interviews de chercheurs d’équipes toulousaine et parisienne ainsi que d’un Gérard Klein en pleine forme (non, pas l’instit’, Klein, c’est l’auteur de S.-F. et directeur de la collection Ailleurs et Demain, chez Robert Laffont).
    Surprise, Gérard Klein profère des propos virulents à l’encontre de l’intelligence artificielle, la considérant, grosso modo, comme une escroquerie intellectuelle.
    Après le documentaire, Klein, présent dans la salle, confirme ses propos, proposant de se référer à sa préface d’Excession de Iain M. Banks et se lance dans le jeu des questions-réponses...
    Une intervention venue du milieu de la salle. Un jeune homme prend le micro et se prĂ©sente en tant que chercheur en intelligence artificielle (Klein avec un sourire : « Ah, il fallait bien que ça arrive ! Â») et comme amateur de science-fiction (Klein : « Merci ! Â») et auteur Ă  ses rares moments de temps libre. Le chercheur tient Ă  prĂ©ciser que ce dont GĂ©rard Klein parle, et dont le documentaire a fait Ă©tat, Ă©tait de robotique et de vie artificielle et non rĂ©ellement d’intelligence artificielle. Il indique aussi que des travaux en intelligence artificielle ont produit des rĂ©alisations concrètes... En rĂ©ponse, Klein poursuit sur ses critiques de l’intelligence artificielle "forte", parlant des positions dĂ©fendues par des chercheurs hyper-mĂ©diatisĂ©s tels que Hugo de Garis (auteur d’une interview parue dans le Monde, le 9 novembre 1999).
    Le chercheur en IA répond à Klein que de Garis n’est pas un chercheur considéré par ses pairs mais qu’il s’agit de quelqu’un de complètement allumé...
    Finalement, Klein et le chercheur tombent plus ou moins d’accord sur les limites de l’intelligence artificielle dans sa version forte et conçoient que le terme "intelligence artificielle" est sans doute assez malheureux.
    Ah oui, j’ai oublié de préciser, le chercheur en IA, c’était moi...


    Vendredi, le 29 novembre 2002
    Avibus secundis
    L’UniversitĂ© vient de me faire parvenir les retours de mes rapporteurs accompagnĂ©s de l’autorisation officielle de soutenance de thèse. Les rapports de ces deux grands chercheurs qui ne me connaissaient pas auparavant (ce n’est pas un jury de complaisance) sont très positifs et indiquent qu’ils ont lu avec attention ma thèse, mettant fort justement en valeur les qualitĂ©s de mon travail et faisant un ensemble de remarques pertinentes. Ainsi avais-je bien raison d’annoncer que j’allais ĂŞtre docteur dans mon premier post sur ce weblog : connaissant le professionnalisme et l’exigence de mon chef, celui-ci ne m’aurait pas laissĂ© soutenir ma thèse s’il n’avait pas Ă©tĂ© satisfait de mon travail de recherche et de la rĂ©daction de mon manuscrit.
    Joie !
    La soutenance de ma thèse se présente ainsi sous d’heureux auspices...
    Cependant, mĂŞme si je n’ai mĂŞme pas de corrections Ă  apporter Ă  mon document, le week-end prochain s’annonce pourtant chargĂ© : j’ai un article pour une revue Ă  boucler (avant lundi) tout en espĂ©rant pouvoir aller Ă  la manifestation Rifl Art fiction de Villeurbanne (samedi), Ă  la nuit de la science-fiction d’Oullins (dans la nuit de samedi Ă  dimanche) et voir (dimanche) mes amis de la Gang...
    Bon, je me reposerai (sur mes lauriers) quand je serai mort.


    Mardi, le 19 novembre 2002
    Avyrel Sifranc (et trois sous...)
    Le Talent assassiné est le dernier roman de Francis Valéry, publié dans la collection "Lune d’Encres" de Denoël (Paris).
    Francis est un auteur de science-fiction, mais pas seulement. Il est aussi critique et essayiste (il a écrit de nombreux bouquins pour les fans des séries télévisées, ainsi qu’un "guide de lecture" SF), auteur pour la jeunesse, éditeur de la revue CyberDreams (hélas disparue aujourd’hui), musicien, bref, un véritable homme-orchestre...
    Ce qui le caractĂ©rise ? Pour avoir un peu discutĂ© avec lui, je dirai : l’identitĂ© d’artiste. Cela agace parfois certains, cette façon d’être et de se dire "je ne suis pas comme tout le monde". Qu’on l’aime ou qu’on le dĂ©teste, mais surtout qu’on ne l’ignore pas. Et Francis ne passe pas inaperçu : c’est un colosse habillĂ© de noir, longs cheveux bruns (avec parfois des ajouts capillaires), ongles souvent vernis de noir, bagues gothiques, parfois du maquillage. Quant Ă  ses propos, il masque une grande sensibilitĂ© par des avis provocants et des prises de position jusqu’au-boutistes.
    Voilà pour le personnage. Quant au Talent assassiné, c’est un roman plus ou moins autobiographique, une somme de réflexions sur l’identité d’auteur et le milieu de l’édition, une enquête policière faisant figure de quête de soi, avec un humour proche du "grand" Desproges.
    Qui plus est, pour ceux qui connaissent un peu le fandom SF, c’est vraiment à mourir de rire car toute ressemblance avec des personnages existants n’est pas que pure coïncidence.
    Un texte décalé, désopilant, délicieux.

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