Mercredi, le 31 janvier 2024
Gyros et salade grecque
Je suis de ceux qui ont grandi avec la série télévisée d’animation franco-japonaise Ulysse 31.
Un dessin animé mélangeant mythologie grecque avec de la science-fiction, quelle idée géniale !
Arrivé au collège, je connaissais par cœur le Panthéon grec
et un de mes rêves était d’aller un jour à Athènes voir « en vrai » l’un des
berceaux de notre civilisation, fasciné par l’héritage que les Grecs antiques
nous avaient laissé dans la langue, la philosophie, la politique, la sculpture, le théâtre, l’architecture...
En 2002, inspiré par mes amis de la Gang de Lyon
que je retrouvais chaque semaine à un kébab du quartier du Tonkin,
je débutais ce blog, j’écrivais ma première nouvelle de fiction qui allait être publiée dans un support professionnel
et je terminais mes études en soutenant une thèse de doctorat.
Mon travail de recherche n’avait pas grand chose à voir avec mon amour pour l’Antiquité,
mais j’avais quand même réussi à glisser dans ma conclusion
la citation « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » en lettres grecques
qui, selon la légende, ornait le fronton de l’Académie de Platon.
En 2002 sortait aussi l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch,
réalisateur que je ne connaissais pas bien. J’avais loupé le Péril jeune, qui évoquait les années
de lycée à une période où je portais encore des couches, au début des années 1970.
Mais dans l’Auberge espagnole, j’avais retrouvé un peu de moi :
des études effectuées à l’étranger apportant leur lot de rencontres qui allaient
marquer toute la vie, une dernière année à l’université avant d’entrer dans le monde professionnel,
et j’avais en plus à peu près le même âge que Romain Duris qui incarnait le personnage principal.
En 2005, l’Auberge espagnole connut une suite : les Poupées russes.
Dans ce deuxième volet, Cédric Klapisch s’attachait à dépeindre les problèmes professionnels et personnels de
ses personnages. Cette année-là , je mélangeais encore mes deux identités, celle de l’enseignant-chercheur
(qui ne m’apportait pas beaucoup de satisfaction, vivant une sorte de creux dans mon activité de recherche)
et celle de l’auteur, critique et plasticien, avec un article sur le genre steampunk présenté
sous mon pseudonyme au colloque La Science-Fiction dans l’Histoire,
l’Histoire dans la Science-Fiction de Nice, une exposition de mes sculptures, un projet
de nouvelle et la réécriture de mon roman. Au niveau sentimental, je vivais
une histoire que je croyais être plus sérieuse que celles vécues jusque-là ,
mais qui s’achèvera brutalement dans les premiers jours de 2006.
La trilogie de Klapisch s’est poursuivie avec, en 2013, la sortie de Casse-Tête chinois.
Les personnages avaient désormais la quarantaine, avec des enfants ou des désirs d’enfants,
et la vie devenait ce fameux casse-tĂŞte avec les compromis Ă trouver entre la vie amoureuse,
la vie professionnelle et la vie familiale avec l’arrivée des responsabilités parentales.
À cette époque, j’étais devenu un jeune papa, mon activité professionnelle de chercheur
connaissait un nouveau souffle mais mon activité d’auteur ou de sculpteur s’éteignait peu à peu...
À la mi-avril 2023, c’est sous forme de série télévisée que nous pouvons suivre la suite de cette trilogie.
Cette fois-ci, Klapisch suit les aventures à Athènes des enfants des personnages qu’il nous avait fait découvrir
dans ses trois films. Mes enfants sont encore trop jeunes pour partir étudier à l’étranger, ils
ont l’âge que j’avais quand je regardais Ulysse 31, mais
la grande, collégienne, a malgré tout déjà des projets en ce sens...
Cette série résonne encore fort en moi : un peu de nostalgie, et le regard porté sur
l’avenir qui retourne au passé, en se disant que l’on a sans doute davantage vécu d’années
qu’il n’en reste encore à vivre. Et puis, ma première grande conférence en présentiel
post-confinement avait eu lieu justement à Athènes, en juin 2022, non loin de l’Acropole.
Une musique revient sans cesse dans ma tête, la chanson « O Pio Kalos Tragoudistis » :
Γεια σου, γεια σου
ποιος σου έκλεψε ας ξέραμε τη χαρά σου...
Klapisch a appelé sa série Salade grecque. Je lui aurai plutôt donné
comme titre Gyros, le fameux « sandwich grec »,
l’équivalent du chawarma arabe ou du döner kebab turc, et qui désigne
la rotation de la broche de viande qui se fait rôtir. Dans l’Auberge espagnole, des étudiants
vivaient un bouillonnement d’expériences, et dans Salade grecque, les expériences
sont vĂ©cues par leurs enfants... La boucle est bouclĂ©e, c’est-Ă -dire un cercle, qui se dit en grec : γύρος, gyros.
Mercredi, le 9 mai 2018
Intelligence artificielle et salade russe
Hier soir, sur le site de l’Université Lyon 3, a eu lieu le débat de clôture de Pop’Sciences Forum :
« Intelligence artificielle, demain commence aujourd’hui ».
Après une présentation d’Olivier Nerot sur les difficultés à tracer des frontières entre le vivant
et le non-vivant, ce dernier a été rejoint par Jean-Claude Dunyach et Sylvie Allouche pour une table ronde.
Après un démarrage troublé par le robot dinosaure de la fille de Nerot, les différents intervenants
ont présenté leurs visions du futur de l’IA. Le débat a assez vite dérapé pour passer trop rapidement
sur les points intéressants du sujet (qui sont revenus brièvement dans les remarques et les questions
de la salle, à la toute fin) pour aborder des sujets assez éloignés tels que le transhumanisme, la notion de
singularité ou la
vallée dérangeante...
À titre personnel, c’est plutôt le transhumanisme qui me dérange. Je préfère de loin la vision de Joël de Rosnay
sur
l’hyperhumanisme.
C’est du moins ce que je vise dans mes propres travaux de recherche dans le domaine de l’IA où la finalité est de favoriser la diversité (en particulier au niveau culturel), de croiser les regards (entre les différentes disciplines scientifiques), de s’ouvrir aux autres… bref, d’être plus humain.
Mais bon, cette soirée aura quand même été l’occasion de revoir quelques membres lyonnais de la
Gang :
Sylvie Lainé et Nicolas Le Breton. Il faut dire que le groupe a un peu explosé avec les départs des uns et
des autres aux différents coins de la France (en région parisienne, au sud, au nord, dans l’ouest),
voire dans le reste de la francophonie (Suisse, Canada).
Tiens, petit message personnel à celui qui fut le Capitaine de la Gang, le désormais
bordelais André-François Ruaud qui travaille dans la traduction de l’anglo-russe des
mémoires d’un certain détective :
hier après-midi, je n’ai pas pu me rendre chez moi et j’ai dû faire un gros détour parce que
le Prince Charles et la duchesse Camilla sont allés faire des dégustations à quelques pas de chez moi,
aux Halles Bocuse. Quel rapport avec l’intelligence artificielle ? A priori aucun si ce n’est qu’au cours de
son histoire, l’IA a connu de nombreux « hivers ». Un exemple frappant présenté comme
un échec de l’IA concernait les problèmes de la traduction automatique (il faut remonter au temps de la guerre froide
et à l’époque où la DARPA finançait largement les laboratoires de recherche en IA aux États-Unis).
Une phrase en anglais telle que « l’esprit est fort, mais la chair est faible »
passée de l’anglais au russe, puis du russe à l’anglais revenait sous la forme de « la vodka est forte,
mais la viande est avariée ! »
Mercredi, le 13 septembre 2017
Alien : Covenant, c’est toute ma vie
La semaine dernière, ma vie ressemblait beaucoup trop Ă
Alien : Covenant.
Tout avait commencé par des collègues croisés dans les bureaux.
La période des vacances estivales ressemble vraiment à une sorte de grand sommeil
dans les habitudes professionnelles, avec au réveil quelques personnes qui ne font plus
partie de l’équipe (néanmoins celles-ci connaissent un sort plus enviable que celui du
commandant de bord du film de Ridley Scott). Grosse responsabilité sur nos épaules :
mĂŞme si nous ne transportons pas des milliers de passagers en hibernation, nous
avons à notre charge des centaines d’étudiants que nous poussons à acquérir un
savoir scientifique et technique au cours de cette année universitaire afin
qu’ils puissent valider un diplôme, à défaut de s’établir sur une nouvelle planète
Ă terraformer et Ă coloniser.
Sur le campus, des herbes folles ont envahi les abords des bâtiments, les
jardiniers ne se sont pas encore occupés de l’entretien. Cela fait penser au
champ de blé laissé à l’abandon sur la planète découverte par le
Covenant.
Et soudain, en passant Ă cĂ´tĂ© de ces hautes herbes, je me suis fait infecter, Ă
la manière des nano-machines à l’allure de spores du dernier opus en date de la saga
Alien.
Essayez d’imaginer un instant qu’un corps étranger entre dans votre oreille
et cherche à creuser un chemin jusqu’à votre cerveau... Vous aurez ainsi une
petite idée de mon
état de panique en rebroussant chemin, affolé, interpelant des collègues
afin de trouver de l’aide. Bien entendu, rien n’était visible dans mon oreille,
mais le bourdonnement dû à des battements d’ailes contre mon tympan avait de quoi
expliquer ma crise. Incompréhension, appel sans succès auprès des
pompiers et médecins urgentistes, attente insoutenable...
J’ai décidé de régler le problème tout seul, un peu
à la manière décrite dans
«Â
la Bête à Maît’ Belhomme » (comme quoi,
les lectures de l’enseignement secondaire peuvent avoir une utilité inattendue), c’est-à -dire en
vidant une bouteille d’eau dans mon oreille. Néanmoins, j’ai eu moins
de chance que pour le paysan normand dépeint par Maupassant : la bête semblait
toujours vivante et pas décidée à quitter mon oreille.
En vitesse, je me suis rendu sur un autre bout du campus afin d’informer les
collègues — qui m’attendaient pour un jury — de mon infortune
et de mon retard, et j’ai réussi à trouver une infirmière à qui expliquer mon problème.
Je me suis donc retrouvé allongé sur un lit d’auscultation, la tête sur le côté, l’oreille remplie de sérum
physiologique. Cela a eu pour effet de faire cesser les battements d’ailes, mais
pas moyen de sortir l’insecte noyé de mon conduit auditif.
La chemise trempée, j’ai retrouvé mes collègues et j’ai chamboulé l’ordre de passage
des soutenances afin de quitter rapidement le campus pour rentrer chez moi et trouver un médecin.
Ce n’est que le lendemain matin que j’ai pu voir mon médecin traitant qui m’a confirmé voir un
cadavre d’insecte volant collé à mon tympan. Son extraction avec une pince s’étant avérée à la fois
inefficace et très douloureuse, mon médecin a réussi à m’obtenir un rendez-vous avec
un spécialiste pour la fin d’après-midi. Les heures se sont écoulées lentement
durant toute la journée avec cette gêne jusqu’au moment où j’ai pu voir l’ORL.
Un petit coup d’aspirateur dans l’oreille, et hop, en un rien de temps, mon
problème était réglé. J’étais soulagé de voir qu’il ne s’agissait que d’une
banale mouche, et non d’un des multiples avatars du célèbre xénomorphe.
C’est ici que s’arrêtent les points de comparaison entre ma vie et le film
Alien : Covenant.
Ou presque.
Oui, tout comme Peter Weyland,
j’effectue des travaux de recherche qui ont des applications dans le domaine
de l’intelligence artificielle...
Lundi, le 19 novembre 2012
L’IA, les robots et moi (créateurs, créatures, et cætera)
Il y a
10 ans,
je venais de crĂ©er ce blogue. À cette Ă©poque, je m’apprĂŞtais Ă soutenir une thèse
dans un domaine dérivé de l’intelligence artificielle et je me posais des questions sur
mon avenir. Dix ans plus tard, je suis toujours autant intéressé par l’intelligence artificielle
et mon métier d’enseignant et chercheur me permet de faire de jolies rencontres,
comme revoir le mois dernier lors d’une conférence quelqu’un qui
avait été l’auteur d’un essai fondamental sur l’IA que j’avais lu avec passion
dans mes premières années d’études universitaires,
puis, bien des années plus tard, avait été un de mes professeurs du temps où j’étais encore un étudiant parisien,
et qui est désormais un
collègue. Il m’avait alors confié qu’il
devait participer en tant qu’invité aux dernières Utopiales
afin d’intervenir sur une table ronde dédiée au sujet
des morales humaines et lois robotiques dans l’œuvre d’Isaac Asimov...
En mars 2012 s’était dĂ©roulĂ© Ă Lyon le sommet europĂ©en de robotique «
InnoRobo ».
Mon intérêt pour l’intelligence artificielle (l’IA) et
la robotique ne date pas d’hier : tout jeune adolescent, j’étais dĂ©jĂ
fascinĂ© par les œuvres de science-fiction Ă©voquant des crĂ©atures artificielles,
qu’il s’agît de grosses machines avec de simples boutons lumineux clignotants
– comme le « Colossus »
du film
le Cerveau d’acier
de Joseph Sargent sorti en 1970 (et adapté du roman
Colossus
de Dennis Feltham Jones) –, de robots
vaguement humanoĂŻdes – comme «
Robby » de la
Planète interdite
de Fred McLeod Wilcox en 1956 –, ou
que les machines fussent si semblables aux êtres humains que seuls des tests très poussés
permettaient de les distinguer de nous
– comme les « rĂ©plicants »
dans
Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982
(adapté des
AndroĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques ? de Philip K. Dick).
J’éprouvais déjà pour les créatures artificielles une réelle fascination, un mélange curieux d’admiration et de
crainte, que je dois à la tradition judéo-chrétienne et à l’héritage culturel gréco-romain qui
m’ont façonné. Or c’est peu dire que la
Bible n’est pas tendre avec ceux qui se permettent de
réaliser des créations qui nous ressemblent, car cet art est réservé à Dieu seul :
« Dieu crĂ©a l’homme Ă son image, il le crĂ©a Ă l’image de Dieu,
il crĂ©a l’homme et la femme. » (Genèse 1:26). L’
Ancien Testament est
bourré d’interdits sur la réalisation de créations nous ressemblant :
« Tu ne te feras point d’image taillĂ©e,
ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux,
qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre »
(Exode 20:4, mais on retrouve des propos similaires aussi
en LĂ©vitique 26:1, en DeutĂ©ronome 4:25 ou 5:8, etc.). À ce propos, je devrais aussi m’interroger
pour mon attrait pour les arts plastiques,
et en particulier pour la
sculpture et le modelage de l’argile...
Dans la mythologie grecque, le destin est tragique pour l’être légendaire qui aurait
été à l’origine de l’humanité, à savoir le Titan
Prométhée. Après avoir créé les hommes à partir d’argile et d’eau,
il vole le Feu de l’Olympe (symbolisant la connaissance) aux dieux pour en faire don aux hommes,
déclenchant le courroux des dieux qui l’enchaînèrent à un rocher où un aigle venait chaque jour lui
dévorer le foie.
De fait, les histoires de créatures intelligentes se terminent mal, en général, et les
créateurs qui osent braver l’interdit sont remis à leurs places de simples mortels le plus souvent de
manière très cruelle.
Les premières crĂ©atures appelĂ©es « robots », qui sont plutĂ´t
des androïdes, sont celles que l’on retrouve dans la pièce de théâtre
R.U.R. de l’auteur tchèque Karel Capek...
Je pense que ce n’est pas trop déflorer l’histoire que de dire que, à la fin de la pièce, les robots se révoltent
et finissent par anéantir l’humanité.
Les créatures artificielles qui ressemblent à l’homme, on en retrouve aussi des traces dans la tradition
juive avec le
Golem, ce « second Adam » d’argile prenant vie
par le pouvoir magique du rabbin le Maharal de Prague. En détruisant le Golem,
le rabbin aurait été écrasé par la masse de sa créature.
Dans
Frankenstein ou le Prométhée moderne, écrit en 1818 par Mary Shelley,
la science reprend la place qu’occupait auparavant la magie, et on sent dans ce texte
que l’arrivée de l’électricité permettait d’imaginer toute forme de pouvoirs,
dont celui de donner vie à une créature
composée de parties de corps humains décédés. Là encore, le récit se termine
par la mort du créateur (qui traquait sa créature qui ne faisait que semer la désolation
autour d’elle), et l’horreur inspirée par cette histoire était telle qu’une confusion
a fini par s’établir entre la créature et le créateur,
« Frankenstein » dĂ©signant pour la plupart des gens le monstre au lieu
du scientifique qui était parvenu à créer une telle abomination.
Au moment où l’homme mettait le pied sur la Lune, Stanley Kubrick sortait son film
2001, l’Odyssée de l’espace
(au scénario inspiré de nouvelles écrites par Arthur C. Clarke). Le vaisseau spatial était
assisté par une intelligence artificielle appelée
HAL 9000. Les astronautes,
comprenant que l’IA était en train de dérailler, avaient décidé de la désactiver... mais celle-ci,
ayant pu lire leurs intensions sur les lèvres, avait essayé de les supprimer.
On peut noter que la seule manifestation de
HAL, outre sa voix et son contrĂ´le du vaisseau
spatial, est son œil rouge, nĂ©cessairement menaçant, comme l’est celui du robot
Terminator
quand il est débarrassé de son enveloppe humaine.
Dans la saga des films
Terminator,
dont le premier volet avait été réalisé par James Cameron en 1984, le concept est toujours le même
– des mĂ©chants robots viennent pour dĂ©truire l’humanitĂ© et il ne reste qu’une poignĂ©e d’humains
pour lutter contre les machines – mais
l’histoire se complique par des voyages dans le temps pour revenir dans le passé afin de changer
l’issue de cette bataille. Suivant les épisodes, le
Terminator venait du futur soit pour
tuer le leader de la révolution, soit pour le protéger.
Dans les années 1970 et 1980, même si on rencontrait en Occident des robots moins méchants
(comme « R2D2 »
et « C6PO » de la saga
la Guerre des étoiles), c’était
surtout les influences orientales (oĂą le robot est vu plutĂ´t comme un compagnon
que comme une créature soumise à un maître) qui vinrent
changer le regard que nous portions sur les créatures artificielles, comme
Astro le petit robot (
Astroboy dans sa version originale japonaise)
ou « Nono » de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e d’animation franco-nippone
Ulysse 31.
On commençait à faire apparaître des robots plus gentils à partir du moment où
ces derniers devenaient plus « humains », ou
en tout cas quand ils perdaient un peu de leur rationalité initiale au profit de l’émotion.
On trouvait ainsi « Johnny 5 », dans
Short
Circuit de John Badham, sorti en 1986, qui est un exemple intéressant de
recyclage de la créature de Frankenstein. C’est à nouveau l’électricité
qui provoque la vie en changeant un robot militaire et en lui donnant des capacités
émotionnelles que l’on ne retrouve pas chez les artefacts ordinaires. Le robot est considéré
comme étant un humain parce qu’il est capable d’avoir de la sensibilité et de l’humour.
Bien plus tard, il y eu aussi « Andrew », le robot domestique de
l’Homme bicentenaire de Chris Columbus, sorti en 1999, et adapté
de la nouvelle éponyme d’Isaac Asimov. Tout au long des deux siècles où se déroule
cette histoire, le robot Ă©volue, il subit des
modifications qui le font paraître de plus en plus humain, et ce dernier se bat juridiquement
pour chercher à être reconnu comme un être humain à part entière par l’humanité. Il y parvient au moment
où il acquiert enfin une caractéristique essentielle pour tout être vivant, c’est-à -dire la
possibilité de mourir...
C’est d’ailleurs intéressant de voir que, dans les
œuvres de fiction traitant de l’intelligence artificielle,
les oppositions de base entre la vie et la mort, le créateur et sa créature,
l’amour et la haine, ou le fait de donner la vie ou de tuer semblent perdre leurs frontières pour se mêler,
car on a un peu l’impression qu’une créature artificielle ne peut être
considérée comme intelligente que si elle est aussi vivante,
et que donc elle a aussi la capacité à mourir.
C’est ainsi que Frankenstein finit par se faire tuer par sa créature, ou que Tyrell, le créateur des
réplicants de
Blade Runner, se fait écraser la tête après
un baiser de la mort donné par une de ses créatures qui souhaitait l’obliger
à modifier son caractère génétique afin de prolonger sa durée de vie...
Ces jeux curieux entre la vie et la mort, la créature et son créateur, le fait de donner la
vie et de tuer se retrouvent chez ce même réalisateur qu’est
Ridley Scott dans d’autres œuvres cinĂ©matographiques.
DĂ©jĂ , dans le premier
Alien sorti en 1979,
on rencontre, en plus d’une intelligence artificielle assez basique
chargĂ©e de piloter le vaisseau spatial et appelĂ©e « Maman », un androĂŻde
cachĂ© parmi les humains appelĂ© « Ash ». Sans vouloir interprĂ©ter tout
de façon freudienne, il est difficile de manquer dans ce film les jeux multiples sur la reproduction
et la sexualité, avec une certaine obsession pour l’orifice buccal :
les ĂŞtres humains sont contaminĂ©s par les aliens qui leur pondent un fœtus de crĂ©ature dans la bouche,
les aliens sont pourvus d’une tête phalloïde ainsi que d’une deuxième bouche
rétractile dans leur bouche, l’androïde Ash cherche à étouffer Ripley
en lui introduisant un magazine dans la bouche en une parodie de scène de fellation,
les androïdes sont des machines dont les circuits sont alimentés par un liquide blanc et gluant...
On dirait vraiment que ces idées hantent le réalisateur américain car dans
Prometheus,
son dernier film en date, ces obsessions sur les modes de reproduction et sur l’artificiel
sont encore plus criantes : si les machines androĂŻdes
sont des créations des humains, nous, les êtres humains,
serions les crĂ©ations d’une espèce extra-terrestre appelĂ©e les « IngĂ©nieurs » ;
l’origine de la vie sur Terre serait due au sacrifice d’un Ingénieur
qui aurait mêlé l’ADN de son organisme à l’eau à travers l’action de nanorobots ;
ces mĂŞmes nanorobots seraient capables de contaminer un ĂŞtre humain pour le transformer en
créature zombiesque parvenant à féconder une femme stérile ;
un Ingénieur sorti de son hibernation cherchera à détruire
les humains que son espèce est parvenue à créer... Cette fois-ci, les monstrueuses créatures,
ce sont nous, et nos créateurs cherchent à nous détruire comme avait tenté de le faire le Docteur
Frankenstein.
Sans dresser une liste exhaustive des œuvres de fiction
(cinématographiques) où sont présentées des intelligences artificielles et leurs
incarnations sous forme de robot (j’aurais pu parler
d’
I, Robot
d’Alex Proyas qui est sorti en 2004 ou
d’
A.I.
de Steven Spielberg qui est sorti en 2001), je crois que l’une des visions les plus
réalistes mais néanmoins tordues qui soient sur les liens entre la nature et l’artificiel,
le modèle et sa copie, se rencontrent dans le du film de science-fiction franco-espagnol
Eva
rĂ©alisĂ© par Kike MaĂllo et sorti en 2011 oĂą se mĂŞlent les sentiments humains d’amour,
de jalousie et de haine dans un monde de petits génies de l’intelligence artificielle
et de la robotique.
Enfin, pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là . Les robots que j’ai croisés au mois de
mars de cette année sont plein de potentialités en terme de capteurs et de capacités d’action
mais, à mon sens, ils sont encore loin d’être dotés de programmes pouvant leur
donner un semblant de comportement intelligent...
« Nao » d’Aldebaran Robotics
« Reeti » de Robopec
« RoboThespian » de Engineered Arts Limited
Mardi, le 12 octobre 2010
Choisir, c’est...
En parcourant le document de travail rédigé par un collègue, je suis
tombĂ© sur la phrase : « Choisir, c’est renoncer ».
J’ai fait remarquer à mon collègue qu’il s’agissait d’un cliché (même s’il
s’agit plutôt de l’adaptation libre d’une citation d’André Gide), ce qu’il n’a
pas très bien pris car cette notion reprenait avec justesse les idées
qu’il souhaitait introduire. En guise de provocation et de démonstration
par l’absurde, il a ainsi dit que « tout » pouvait ĂŞtre « renoncer »,
comme le fait d’avoir une érection.
C’est alors que j’ai poursuivi son idée, détruisant son argumentation dans
un grand Ă©clat de rire mutuel : « bander, c’est
renoncer... Ă pouvoir pisser avant cinq minutes ».
Lundi, le 7 juin 2010
Tokyo : Jour 2
L’Orient est indéniablement très en avance sur l’Occident.
DĂ©jĂ , ce matin, avant de partir travailler Ă
Todai, j’ai pu échanger quelques mots en messagerie
instantanée avec de la famille au Canada.
Alors qu’au Japon nous débutions la semaine, c’était encore un soir de week-end en Amérique.
C’est très curieux.
Puis, après une bonne journée de boulot, nous avons dîné dans un sushi-bar près du
Dome et de l’Institut
Kodokan. Je crois n’avoir jamais goûté à autant de variétés de
poissons, crustacés et coquillages crus accompagnés de riz. Il y avait pas mal d’animation
devant le
Dome car les
Giants disputaient un match de base-ball contre une autre Ă©quipe
de l’archipel.
Et là , de retour à l’hôtel, je lis avec amusement le courrier électronique d’un
collègue en France qui me demandait si je voulais déjeuner en sa compagnie. Comment !
DĂ©jeuner ?...
Jeudi, le 6 mai 2010
La sensation de l’artiste
Grosse journée de travail à Paris, hier.
Avec un TGV Ă 6h30, j’aurais eu nĂ©anmoins une dizaine de minutes de retard Ă
ma réunion située de l’autre côté de la capitale, dans le 16
e arrondissement.
Puis, au dernier moment, l’heure de démarrage
de la réunion a été retardée d’une heure, aussi ai-je eu le temps de faire une
petite balade pĂ©destre. RER A depuis la gare de Lyon, descente Ă la station Charles-de-Gaulle-Étoile.
Arc de triomphe, Champs ÉlysĂ©es.... Amusant de jouer au touriste dans la
ville qui fut celle où j’avais vécu un an, il y a plus de dix années de cela.
Avenue Georges V. Boutiques de luxe, ambassades, grands hĂ´tels. Puis la
Seine, longée jusqu’à la Place du Trocadéro.
Et lĂ , la sublime citation
de Paul Valéry sur le Palais de Chaillot :
Tout homme crée sans le savoir
Comme il respire
Mais l’artiste se sent créer
Son acte engage tout son ĂŞtre
Sa peine bien-aimée le fortifie
Nul n’a aussi bien décrit ce sentiment que j’ai l’occasion de
connaître quand j’ai l’impression que plus rien au monde n’existe d’autre
que le texte que je suis en train d’écrire ou la matière que
je suis en train de sculpter...
Lundi, le 12 avril 2010
Quand la grève a du bon
Mardi dernier, je devais rentrer de mon long week-end de Pâques passé dans ma
région natale auprès de ma famille. En train. Coup de chance, la grève SNCF ne devait démarrer que le soir.
Cependant, j’avais une réunion de travail en région parisienne prévue le lendemain et,
en raison des événements, celle-ci avait dû être reportée, mon TGV ayant été annulé.
Mon retour d’Alsace fut malgré tout pour le moins... épique.
Arrivé à Mulhouse, notre train resta bloqué un certain temps. Nous
avions eu droit Ă un « retard pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e »
de fort mauvais augure qui devint « entre une et deux heures »
et on nous distribua des paniers repas (mais la plupart des autres voyageurs Ă©taient
déjà allés s’acheter sandwichs et boissons). Au bout de deux heures,
notre train parti Ă allure rĂ©duite, patienta encore un bon bout de temps Ă
Belfort, circulation au ralenti sur une seule voie jusqu’à Montbéliard, puis
le train changea de direction en passant par la Bourgogne avant de rejoindre Lyon.
La raison de ce retard est expliquée
ici : un train de marchandises transportant des voitures avait pris feu.
La faute Ă pas de chance.
Arrivé à Lyon, j’étais heureux de ne pas avoir de correspondance (elles étaient assurées par la
SNCF en taxi, ou un hébergement sur place était prévu), néanmoins ce train n’était pas passé
par Lyon Part-Dieu avant le terminus à Lyon Perrache, et après 1 heure du matin
(au lieu de 22 heures la veille), il n’y avait plus de transport pour rentrer dans
le 6ème arrondissement (les taxis ayant été pris d’assaut par des petites vieilles).
J’eus donc droit à une bonne balade de trois quarts d’heure à pied pour rentrer chez moi
en traversant Lyon by night avec ma valise à roulettes. Pas désagréable finalement :
l’air était doux, les rues piétonnes presque désertes (j’ai simplement croisé quelques noctambules
avinés qui n’étaient pas bien méchants), et la cité est toujours aussi merveilleusement
mis en valeur par les jeux de lumière.
En plongeant dans le sommeil, vers 3 heures, j’eus une dernière pensée pour la SNCF :
je me réjouissais de cette grève qui avait provoqué le report de ma réunion francilienne,
sans quoi j’aurais dû prendre un TGV avant 7 heures du matin, ce qui ne m’aurait
guère laissé de temps pour dormir...
Jeudi, le 25 mars 2010
Nombre d’Erdös
En ce moment, je suis en phase de rédaction d’un article scientifique, d’où
cette absence de nouvelles régulières sur ce blogue.
Je travaille notamment sur la fouille de réseaux sociaux, et en particulier
sur les réseaux de publications scientifiques.
Dans le domaine des publications réalisées avec d’autres chercheurs, il y
a un concept intĂ©ressant : celui du «
nombre d’Erdös ». Le principe est le suivant : le nombre
d’Erdös du (prolifique !) mathématicien Paul Erdös est de zéro, il est de
1 pour quelqu’un qui a publié un article avec lui, de deux pour quelqu’un qui a publié
avec un co-auteur d’Erdös (mais pas avec Erdös lui-même), etc., et quelqu’un n’ayant
pas écrit et co-signé d’article scientifique avec quelqu’un ayant co-signé avec un co-auteur
d’un co-auteur (et ainsi de suite) d’Erdös ayant par définition un nombre d’Erdös infini.
J’ai trouvé que, sous mon véritable patronyme,
mon nombre d’Erdös n’est pour l’instant que de 5, ce qui n’est pas
si mal pour quelqu’un qui n’est pas un mathématicien...
Par contre, au hasard des requĂŞtes sur un moteur de recherches,
j’ai Ă©tĂ© assez surpris de dĂ©couvrir que notre PrĂ©sident — qui pourtant
n’a rien d’un scientifique —
avait un nombre d’Erdös de 1 seulement ! Vérification faite, il ne s’agissait là que d’un
amusant malentendu.
Mardi, le 26 janvier 2010
Les voyages forment la jeunesse y disent...
« ...j’te dis pas dans quel Ă©tat ça met les valises. » (Coluche,
Les vacances, 1979).
À mon arrivĂ©e en Tunisie, la mer est dans tous ses Ă©tats...
Et ma valise aussi :
Mardi, le 22 décembre 2009
Impressions miamiennes
Voilà plus d’une dizaine de jours que je suis rentré de ce qui fut
mon premier séjour sur le sol américain. Et encore, je me suis
retrouvé à Miami Beach, qui est une île (mais Manhattan aussi, après
tout). J’ai déjà eu l’occasion de faire des voyages aux Antilles,
mais il faut croire que je suis comme Christophe Colomb :
je rechigne Ă poser le pied sur le continent.
Les premières impressions ne sont pas très agréables, à l’arrivée aux
États-Unis, avec les formalitĂ©s de douane. Heureusement, je suis
tombé sur un chauffeur de taxi fort sympathique qui m’a déposé à mon
hôtel... mais j’ai eu la surprise de voir sur sa licence
qu’il avait un prénom français : il était Haïtien.
Hôtel luxueux, vue sur la marina, et sur l’autre rive, des bateaux
de plus ou moins grande importance jouxtent de superbes villas.
Réveil très tôt, jet lag oblige, les surprises s’enchaînent :
il faut prendre son temps pour comprendre le mécanisme de la douche,
avec ses robinets inversés par rapport aux nôtres ; des surprises
agréables comme la qualité du petit déjeuner de l’hôtel, et d’autres moins
quand, avec les taxes, ce petit déjeuner vous coûte pas loin de 30 US$,
ou 10 US$ par jour (taxe non comprise) pour l’utilisation d’Internet.
Promenade matinale dans Collins Avenue. J’ai l’impression d’être dans
un ghetto pour riches... Il y a très peu de monde sur les trottoirs, par
contre les voitures circulent. Souvent des voitures de sport, des grosses
cylindrées, et notre équivalent du jeune qui met du rap, du raï ou du R’n’B
à fond dans sa voiture : ici, il est hispanique et déverse des flots
de rythmes caribéens. Je prends une rue perpendiculaire et me retrouve de l’autre côté de
l’île, plages de sable fin, mer agitée, et même s’il ne fait pas très beau,
j’en profite pour me baigner dans l’océan. L’eau est bonne, l’air est doux,
ce n’est qu’à l’intérieur de l’hôtel que l’on se rend compte que l’on approche
de l’hiver : les Américains mettent l’air conditionné au plus bas,
nous avons l’impression de circuler dans un réfrigérateur.
Une semaine, voilà le temps que j’ai passé à Miami. Séjour pour des raisons
professionnelles (ce genre de mission est l’un des rares avantages de
mon métier). Sentiment d’une certaine frustration de n’avoir été que dans
des lieux touristiques (mon hĂ´tel, qui, avec ses dix-huit Ă©tages, semblait
ridiculement petit comparé à ses voisins, Lincoln Road et ses restaurants italiens,
japonais et français, le parc national des Everglades). Curieux décalage
culturel, notamment au moment de partir, à l’aéroport, quand une dame
m’avait félicité pour la beauté de mes dents : je lui ai répondu
que c’était parce que, en France, nous avions des sécurités sociales
et mutuelles qui remboursaient assez bien les frais dentaires, et
qu’avec les réformes souhaitées par leur nouveau président, les
Étatsuniens pouvaient espĂ©rer bĂ©nĂ©ficier des mĂŞmes traitements.
Les États-Unis, pays de tous les paradoxes...
Lundi, le 23 novembre 2009
Mon univers se détruit... mais en musique
Sans faire de bruit, ce blogue vient de fĂŞter son
septième anniversaire.
Pas beaucoup de temps pour des mises Ă jour, mais bon, je vis ces
derniers temps avec l’impression curieuse que tout est en train
de se casser la figure.
Cela avait commencé par mes problèmes
de téléphone, il y a quelques semaines. Un technicien était
passé chez moi sans pouvoir arranger quoi que ce soit, mais
j’ai retrouvé mon téléphone (et Internet) peu après, comme
par magie.
Ensuite, ce fut au tour de mon fournisseur d’accès
Internet... des problèmes à répétition.
Puis, un dimanche matin, j’ai cru que mon réfrigérateur m’avait lâché. Plus
de lumière, et je n’entendais plus le moteur du frigo. J’ai fait des
recherches sur Internet pour voir ce que cela allait me coûter de le
remplacer. Quelques heures plus tard, il faisait toujours aussi froid
dans mon réfrigérateur et dans mon congélateur : il fonctionnait
encore, il n’y avait que la lampe à changer.
Et enfin, comme j’étais assez en retard dans mes travaux professionnels,
je travaillais un soir sur mon ordinateur et j’ai décidé de dîner d’un
potage à l’indienne, vite fait... Un geste maladroit, un temps de
réaction un poil trop lent, et plouf le portable,
game over.
Bien entendu, mes dernières sauvegardes dataient d’assez longtemps,
j’avais perdu des journées de travail ainsi que de nombreux courriers
Ă©lectroniques importants. Argh...
Le lendemain, après avoir compris que la machine ne redémarrerait
plus jamais malgré une nuit au sec, je l’ai apportée auprès de
réparateurs dans l’espoir de sauver le disque dur, et,
après avoir regardé ce que je pouvais récupérer
comme données sur mes autres ordinateurs, je m’en suis acheté un
nouveau, un ultra-portable premier prix... qui, tout en Ă©tant bien
plus performant, faisait presque la moitié du prix de l’ancien
alors que je ne l’avais acheté que depuis un an et demi.
Quelques jours plus tard, je me suis changé les idées en allant
Ă un concert avec
le Capitaine, mĂŞme si, contrairement Ă lui,
j’ai clairement préféré Mahler et l’attaque de sa sixième symphonie
Ă l’œuvre de Messiaen.
Mon amour de la musique classique m’a aussi poussé à voir le film
le Concert
quelques jours plus tard que j’ai trouvé très beau, très drôle et
très touchant, et réalisé et interprété avec beaucoup de finesse.
Oui, mon monde s’écroule, mais en musique. Du coup, je pense
que je vais aller voir le film catastrophe
2012 rien
que pour la bande originale...
Vendredi, le 11 septembre 2009
Le poids de la rentrée
Une semaine bien chargée va s’achever ce soir, une
première semaine de travail « vĂ©ritable ».
J’ai l’impression bizarre de n’avoir pas vu la
saison estivale et les vacances passer. J’avais prévu de partir faire de
la plongée sous-marine à Zanzibar mais, faute de participants assez nombreux,
l’agence de voyage a dû annuler mon séjour, et je n’ai pas trouvé une solution
de rechange qui pût autant me plaire que mon idée initiale.
Mon Ă©tĂ©, c’était « Lyon plage », quelques sorties
ponctuelles, mais pas de gros déplacement. Ce n’est que dimanche, pour
une mission de boulot, que je dois partir à l’étranger.
Durant ces derniers jours, je rentrais chez moi, le
soir, très fatigué. Aussi bien nerveusement que physiquement.
Non, pas de grippe A. Je n’ai pas beaucoup dormi et je n’ai pas
arrêté de courir. Une douleur s’est réveillée au niveau du dos et
de l’épaule droite.
Pourquoi ?
Dans mon sac, trimballé quotidiennement, on peut
trouver de gros livres scientifiques,
un ordinateur portable, et quelques pochettes
comprenant plein de documents. Je l’ai mis
sur la balance. Ah ouais, quand mĂŞme :
« plus de 10 kg ! »
Dimanche, le 28 juin 2009
Hors de la bulle
Durant cette semaine, afin de terminer un travail important,
je me suis isolé du reste du monde. Je ne suis sorti de ma bulle qu’hier, en
fin de matinée, après avoir passé une nuit blanche et m’être assuré
que tout avait bien été fini dans les temps.
C’est là que j’ai appris, bien en retard, l’événement du
moment : le décès de Michael Jackson. De la surprise
et un peu de peine, mais pas tant que ça : cela faisait
bien longtemps que je ne suivais plus spécialement
l’actualité du roi de la pop. Ses frasques, ses multiples
opérations chirurgicales et traitements,
sa vie dans un monde artificiel Ă la Disney,
entouré d’enfants, sa façon à lui de concevoir une bulle
pour s’isoler de l’univers réel, n’était d’après moi qu’une
recherche désespérée d’une façon de ne pas vieillir.
Elle est bien loin, l’époque de Thriller,
où l’artiste avait marqué mon adolescence par ses musiques,
ses clips et sa façon de danser.
Et moi... oui, j’ai vieilli, mais je l’accepte.
Mardi, le 19 mai 2009
Tiens, un zeugma !
En répondant hier au courrier électronique d’un copain de mon laboratoire qui me
proposait de le rejoindre, avec d’autres collègues, pour une balade en roller,
je me suis aperçu que j’avais rédigé un zeugma.
Le
zeugma
se dĂ©finit comme Ă©tant une figure de style qui « force un terme Ă s’accorder avec plusieurs
dĂ©terminants alors que sur le plan sĂ©mantique un seul peut normalement convenir ».
Plus simplement, il s’agit d’un verbe suivi de deux compléments, l’un gérant une idée
abstraite, le second une idée concrète. Par exemple :
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours »
de
Guillaume Apollinaire dans son recueil de poèmes
Alcools.
Certes, ce que j’ai écrit était moins poétique, mais était arrivé de façon
inopinée.
Tout d’abord, j’avais répondu à mon collègue par l’affirmative : il devrait
faire beau, et après quatre heures de cours donnés à des étudiants de Master,
un peu de sport du temps de midi m’aurait fait du bien. Mais en préparant mon
cartable, mon enthousiasme a fait place à la franche réalité. J’avais oublié qu’en
fin d’après-midi j’allais me rendre à l’atelier d’arts plastiques.
Avec une matinée prise par les enseignements, il ne me restait plus beaucoup de
temps pour me consacrer à mes activités de recherche et d’administration. De plus,
je devais transporter, outre mon ordinateur portable et mes notes de cours, mon
matériel d’arts plastiques et ne pouvais pas en plus m’encombrer d’un sac de
sport avec mes rollers.
C’est ainsi que j’ai fini par décliner l’invitation à la balade en roller, indiquant
que ma journée allait déjà être bien chargée... et que moi aussi.
Vendredi, le 8 mai 2009
Pas si méchant
Dure journée que celle d’hier.
Tout d’abord, il me restait à évaluer des dossiers
de jeunes candidats. Ah lĂ lĂ , non ! Par rapport Ă
d’autres dossiers de candidature vus les jours plus tôt, ils
n’étaient vraiment pas bons du tout : pas de publications
scientifiques de grande valeur, ou des travaux
de recherche situés dans des thèmes trop éloignés de ceux
souhaités par le laboratoire d’accueil et qui amenaient à penser
que ces jeunes docteurs auraient de grosses difficultés d’intégration
pour le poste convoité. Dommage pour eux.
Après avoir traité ces derniers dossiers, j’ai eu à évaluer un
article proposé à une revue scientifique internationale qui
m’a choisi pour faire partie de son comité de rédaction.
Ouille ouille ouille, une catastrophe, cet
article ! Tout avait l’air brouillon, de la présentation au style,
pas de respect de la typographie, plein de fautes et, surtout, cette proposition
d’article n’avait aucune pertinence scientifique. Je ne suis
pas parvenu Ă trouver quelque chose Ă sauver dans ce fouillis. Too bad again.
Je suis ressorti un peu amer du laboratoire. Faire avancer la science,
c’est aussi séparer le bon grain de l’ivraie.
Pas grand monde dans le tramway. J’ai trouvé une place libre, isolée,
idéale pour poursuivre ma lecture des critiques de livres dans le
dernier
Bifrost.
Un peu plus tard, le tram s’est retrouvé plein. J’ai cédé ma place à une vieille dame.
Ouais, j’ai fini ma journée par une bonne action. Je ne suis pas si méchant, hein ?
Mercredi, le 22 avril 2009
Article suppimé
(...)
Vendredi, le 6 mars 2009
Il y a des jours comme ça...
En ce moment, je n’ai pas la grande forme. Bien que je
me couche assez tĂ´t (en tout cas, avant 23 heures),
j’ai du mal à me réveiller avant 7 heures du matin,
alors que d’ordinaire je suis une véritable
pile électrique, et ceci dès 6 heures
– voire 5 heures – du matin.
Peut-ĂŞtre suis-je un peu malade. En plus de la fatigue, je ressens
une petite douleur à la gorge qui disparaît à grands coups d’infusions
au miel.
Hier, en tout début d’après-midi, j’ai assisté à un séminaire
d’un enseignant-chercheur nouvellement arrivé
dans notre laboratoire. Ses thématiques de recherche étant
très éloignées des miennes, j’ai eu bien du mal à me concentrer
sur son exposé... Au bout d’une heure, non seulement j’avais
eu l’impression d’avoir perdu mon temps, n’ayant rien retiré
de la présentation, luttant de toutes mes forces pour ne pas m’endormir,
mais en plus le vilain torticolis que j’avais attrapé samedi
dernier en bricolant s’est rappelé à mon bon souvenir.
Pas glop, pas glop...
Vendredi, le 27 février 2009
Article supprimé
(...)
Jeudi, le 26 février 2009
ÉlĂ©gie
Inducteur : histoire du jour selon un genre imposé
Écrire la journée réelle ou fictive vécue hier à la manière
d’une élégie (c’est-à -dire un poème lyrique exprimant une
plainte douloureuse, des sentiments mélancoliques).
Temps de rédaction : 15 minutes
Travail dans une ambiance de vilaine froideur,
J’ai l’impression amère qu’on se fout des chercheurs.
Ce merveilleux métier qu’est le mien dépérit :
C’est la faute Ă
Nicolas,
Xavier,
Valérie.
Merci Ă la
MicæV !
Vendredi, le 19 décembre 2008
Article supprimé
(...)
Mardi, le 4 novembre 2008
Article supprimé
(...)
Lundi, le 20 octobre 2008
Article supprimé
(...)
Lundi, le 22 septembre 2008
Et ce n’est que le lundi...
Ce matin, je suis arrivé un peu trop juste sur le
quai de la gare : le train avait dĂ©jĂ
verrouillé ses portes et est parti sans moi.
J’ai ainsi été obligé de ravaler ma rage et de prendre le train
suivant, une demi-heure plus tard, et,
au lieu d’arriver à l’Université
avec 25 minutes d’avance, je suis arrivé
– la logique est implacable ! –
dans ma salle de cours avec 5 minutes de
retard. Ceci dit, les étudiants n’y ont vu
que du feu...
Toujours ce matin, au bout de mes deux
premières heures de cours,
j’ai terminé ma séance par un joli lapsus.
Au lieu de dire « Nous verrons ceci après
la pause », j’ai dit :
« (...) après la pub »,
ce qui a bien fait rire mes Ă©tudiants.
Et
pourtant, je n’ai pas de télévision.
Et pourtant,
ce n’est que le lundi...
Vendredi, le 1er aoűt 2008
Article supprimé
(...)
Samedi, le 5 juillet 2008
L’heureux tour / le retour
Ça y est, c’est officiel : fin aoĂ»t, au retour de Nyons oĂą se dĂ©roulera la
convention nationale de science-fiction, je devrai quitter mon appartement
de Saint-Étienne. Une page sera tournĂ©e. Ou plutĂ´t qu’une page, il s’agit d’une boucle qui sera Ă nouveau bouclĂ©e, de
l’accomplissement d’un demi-tour permettant de faire tour complet... et donc, d’un « retour ».
Grâce aux archives de ce blogue, je découvre qu’il s’agit d’une drôle de réponse à la
vie que j’avais vécue il y a presque
cinq ans de cela...
Je ne suis pas vraiment triste, oh non, car si je quitte – sans vraiment la quitter –
cette préfecture de la Loire où je vais continuer à aller régulièrement pour mon travail,
c’est pour pouvoir vivre avec la femme de ma vie dans un appartement (encore à trouver)
situé dans l’un des arrondissements de la préfecture du Rhône.
Lyon est une ville que j’adore, qui m’est chère pour de multiples raisons, la ville dans laquelle j’avais dĂ©jĂ
vécu à deux occasions, la première fois pour débuter la partie la plus intéressante de mes études, loin de
mes parents, et la seconde pour y préparer et soutenir une thèse de doctorat. Six ans de ma vie.
Lyon, oĂą je me trouvais encore il y a deux jours, Ă l’occasion du bref passage de ma belle-sœur,
elle que je ne vois plus guère puisque, avec mon frère, ils se sont installés au Canada.
Ma vie va donc prendre un nouveau tour, un heureux tour, avec sans doute moins de temps
pour faire de la sculpture, mais beaucoup plus Ă passer dans les transports en commun,
ce qui va me donner l’occasion de pouvoir reprendre l’écriture, moi qui
— inspirĂ© par ma belle — porte depuis
quelque temps l’envie de coucher sur papier des nouveaux textes de fiction.
Alors, hier, j’ai pris quelques heures pour terminer la sculpture en
argile qui traînait depuis trop longtemps, elle a besoin de l’été pour sécher
afin de pouvoir être cuite avant le déménagement.
Mercredi, le 28 mai 2008
Fest’Uval Jean Mon’Arts 2008
Ouais, je sais, je ne poste plus beaucoup d’articles sur le
blogue à desseins (pas ma faute : ma vie est très mouvementée
en ce moment), mais oyez, oyez : la prochaine
Ă©dition du
Festival de l’Université Jean Monnet (plus connu
sous l’appellation
Fest’Uval Jean Mon’Arts) se déroulera
les soirs des jeudi 5, vendredi 6 et samedi 7 juin 2008, au
Château de Saint-Victor,
Ă quelques kilomètres de Saint-Étienne.
Au programme : des concerts de musique (classique, jazz, pop rock, reggae, hip hop, etc.),
des représentations théâtrales, de la danse (moderne ou orientale) et toujours
une exposition de peintures, sculptures, dessins et photographies... oĂą votre
serviteur présentera ses
dernières créations.
C’est un festival de qualité, gratuit, mêlant jeunes et moins
jeunes (Ă©tudiants, profs et autres personnels universitaires)
dans un cadre des plus agréables... alors venez y faire un tour !
Vendredi, le 28 mars 2008
Zen / Yin / Yang / Yen
Retour en France, retour Ă la normale.
Bien arrivé, aucun problème avec les métro, avions, navette, train et tramway.
Déjà une journée de boulot, hier,
et j’imaginais même avoir la force d’aller à mon club de sport
en soirée. Je me suis cependant écroulé dans mon lit à 19 heures...
Joie, avec une heure de sommeil en moins, ce week-end, mon décalage va
se rattraper plus facilement.
Sinon, j’étais bien content : aucun des fragiles articles achetés
au Japon ne s’est cassé durant le voyage. Mes petits gâteaux à base de
crème et de pâte de haricots font les délices de mes collègues, je
vais me lancer dans la calligraphie de kanji et je vais pouvoir présenter
mes plats japonais avec un service de table très classe.
Une chose encore à régler, qui gonfle présentement la poche de ma veste où
se trouve mon portefeuille (et moi aussi, de par le fait) :
le transport et l’hôtel m’ont été payés sur place, dans la devise locale, et
j’ai donc sur moi des milliers de yens... que ma banque refuse d’échanger en euros. Gasp !
Vendredi, le 21 mars 2008
Incomparable petite satisfaction personnelle...
...d’avoir compris qu’en jouant sur la force exercée sur
les baguettes, on peut soit découper (du poisson,
du tofu) soit saisir les morceaux de nourriture.
À part cela, dans cette universitĂ© japonaise,
en tant que professeur invité, j’ai droit à un bureau de ministre...
Mercredi, le 19 mars 2008
Un problème chasse l’autre
D’ordinaire, les heures qui précédaient un grand départ
me voyaient suer sang et eau Ă essayer de faire rentrer toutes mes
affaires dans ma petite valise (sans la bousiller).
Aujourd’hui, c’est bien fini : je me suis acheté un plus grand modèle.
Et voilà un autre problème : avec tout ce que j’ai promis de
rapporter de France au collègue et ami japonais, je ne vois pas
comment me débrouiller pour n’emporter que les 20 kg de
bagage auxquels j’ai droit...
Au secours !
Mardi, le 18 mars 2008
Pâtes au logis, nouilles au Japon
Je viens de voir la
bande annonce du film
Pathology.
Brrr. Glauque Ă souhait.
Demain, je vais prendre l’avion. Direction : le pays du soleil levant. Arrivée : Fukuoka.
Objectif : travailler avec un collègue de l’Université de Kyûshû.
Oui, mais bon : quel rapport entre ces deux événements ?
Il suffit de s’intéresser à l’
histoire et d’apprendre ce que les chercheurs en médecine japonais avaient
pratiqué sur des prisonniers occidentaux durant la Seconde Guerre mondiale pour avoir un petit peu les chocottes.
SayĂ´nara !
Vendredi, le 7 mars 2008
Lost in translation (2/2)
L’une des premières conférences où je me sois rendu tout seul,
à l’époque où j’étais étudiant en thèse, était organisée à Helsinki.
Départ de Lyon, changement à Paris, arrivée à l’aéroport de la capitale finlandaise dans l’après-midi du samedi.
Seulement voilà , ma valise n’apparaissait pas sur le tapis roulant.
Bien, bien, bien... Que faire ? Découvrant que je n’étais pas le
seul dans cette situation, je suis allé voir un guichet de réclamation
et j’ai expliqué, dans un anglais peu assuré, mon problème. J’ai alors
rempli un formulaire, indiqué à quoi ressemblait ma valise et inscrit le
nom de l’hôtel où j’allais me trouver durant mon séjour. J’ai alors reçu
une mallette de secours censée contenir un petit nécessaire de toilette,
parce que, bien entendu, ma trousse de toilette ainsi que tous mes
vĂŞtements de rechange se trouvaient dans la valise.
Avec mon seul sac sur le dos, j’ai pris la direction de la ville,
rencontrant par hasard dans les transports en commun un chercheur
italien que j’avais déjà croisé lors d’une autre conférence. Je me
suis rendu compte qu’il s’agissait du président de la session où je devais
effectuer ma présentation, aussi suis-je allé l’aborder pour le saluer et lui
faire part de ma mésaventure.
Depuis le centre-ville, je me suis rendu à mon hôtel, appréciant malgré moi
le fait d’être peu chargé pour trouver mon chemin. Je me rappelle que
le nom d’une boutique de lingerie m’avait profondĂ©ment amusĂ© : «le Slip »,
qui, pour nous, n’a rien de très sexy, mais qui, pour les Finlandais, devait paraître
très français...
Mon hôtel, ma chambre, tout est impeccable. Pas de valise à défaire, j’ai
retiré le plastique entourant ma mallette, ouvert celle-ci... et découvert qu’elle
ne contenait rien du tout. Vraisemblablement une erreur.
Bien, bien, bien... Pas de dentifrice, juste les mini-savon et mini-shampoing
de l’hôtel, je n’allais pas aller bien loin.
Avec mon plan, j’ai dĂ©cidĂ© d’explorer Helsinki, un petit passage jusqu’Ă
la mer Baltique, le centre, un dîner sur le pouce dans un fast-food (argh, je n’aurais pas
de quoi me brosser les dents !) et je suis rentrĂ© Ă mon hĂ´tel, prĂŞt Ă
me coucher devant la télévision, angoissant de ne pouvoir me changer ou me raser le lendemain,
moi qui avais prévu de faire quelques visites, et même d’assister à l’office du dimanche,
bien qu’ignorant tout du finnois et n’étant ni protestant (héritage du passé suédois de la
Finlande) ni orthodoxe (héritage russe).
Finalement, vers onze heures du soir, la réception m’a appelé pour me signaler que
ma valise a été ramenée par le service de l’aéroport (elle n’avait pas suivi mon avion
durant ma correspondance Ă Paris) et est parvenue Ă bon port avec le vol suivant. Ouf !
Dimanche, le 2 mars 2008
Lost in translation (1/2)
À un peu plus de deux semaines de mon voyage Ă
Fukuoka,
voici le premier de deux articles sur ces « grands moments de solitude » liĂ©s
à mes déplacements professionnels à l’étranger.
Il y a quelques années (en
janvier 2006), j’ai dû partir à Tripoli, dans le nord du Liban, pour donner
quelques cours. Le séjour était excellent, et je désespère de ne pouvoir y retourner en raison
de la situation politique actuelle, mais il avait plutôt mal commencé...
Aéroport de Francfort où je faisais escale, deux heures de retard. Je suis arrivé à l’aéroport de Beyrouth
vers deux heures du matin, au lieu de minuit, la tête en vrac après avoir essayé de dormir
un peu dans l’avion. Coup de chance : un chauffeur de taxi était là à m’attendre, je n’y
croyais plus en raison du retard. Mais le chauffeur parlait à peine quelques mots d’anglais, et pas
du tout français, j’étais obligé de lui faire confiance et de le suivre dans sa voiture. Mes
premières impressions du pays étaient curieuses, je découvrais Beyrouth à la lueur des phares
et des lampadaires, puis nous avons longé la côte, balancés par le rythme de la musique orientale.
L’hôtel. Une charmante demoiselle à l’accueil m’a expliqué dans un anglais impeccable les consignes
d’usage, la serrure, le petit déjeuner. Il était plus de quatre heures du matin quand j’ai enfin pu
me coucher dans mon lit.
J’ai fait sonner mon réveil très tôt afin de contacter l’université et de savoir comment allaient
se passer mes interventions. Comment me rendre Ă l’universitĂ© ? À quelle heure mes
cours devaient-ils débuter ? Personne n’a répondu au numéro de téléphone que j’avais noté.
J’ai fait un nouvel essai vers huit heures, toujours personne. J’ai essayé un autre numéro,
le portable du responsable des enseignements. Rien, si ce n’était un message que j’avais laissé
sur le répondeur. Je commençais vraiment à me faire du souci. Neuf heures, nouvelle tentative.
Ah, enfin, quelqu’un a décroché ! Je suis tombé sur la secrétaire. Elle a engagé la
conversation en arabe, et je n’ai évidemment rien compris. J’ai parlé en français. La voix
poursuivait en arabe. À l’intonation, j’avais pu deviner qu’elle me posait une question. J’ai
essayé en anglais sans plus de succès. La voix semblait insister en arable, me mettant dans un
grand désarroi, jusqu’à ce que la secrétaire, de guerre lasse, finît par raccrocher.
Considérant ma situation sans issue, je suis retourné me coucher...
Finalement, vers midi, le responsable de la formation a appelé l’hôtel et tout est rentré
dans l’ordre : je n’ai eu à donner de cours qu’à partir du lendemain, mais j’avoue avoir
été dans un état de grande confusion ce matin-là , fatigué, perdu et incapable de
communiquer.
(Le titre de cet article est inspiré de l’attachant
film de Sofia Coppola).
Lundi, le 25 février 2008
Dragon du soleil levant
Inspiré par mon futur déplacement professionnel au Japon, j’ai peint un nouveau tee-shirt.
À noter : les
dragons chinois ont cinq orteils alors que ceux du Japon en ont trois.
Les Nippons considèrent que les dragons sont originaires de leurs pays mais, loin de
l’archipel, ils mutent pour voir apparaître des orteils surnuméraires, ce qui les
gênent pour se déplacer avec aisance sur leurs pattes.
Mardi, le 5 février 2008
Noël au balcon, Pâques au Japon
Si tout va bien, Ă la mi-mars, et pendant deux semaines,
je serais au Pays du Soleil levant...
Parfois, j’aime vraiment mon métier d’enseignant-chercheur.
Samedi, le 1er décembre 2007
Super crédible
Pour me débarrasser d’une personne au téléphone qui
tenait absolument à me faire la publicité de
son magasin d’ordinateurs, j’ai dit :
« Oh, mais moi, l’informatique, je
n’y comprends rien, et ça ne m’intĂ©resse pas ! »
Niveau zéro de l’argumentation technophobique : imparable.
L’importun ne pouvait pas savoir que je suis juste un petit
peu docteur, enseignant (enfin, quand la faculté ne sera plus
bloquée) et chercheur de cette discipline...
Vendredi, le 9 novembre 2007
Radiations nocives
En entrant dans une salle de travaux pratiques remplie
d’ordinateurs, une affiche indique :
« Merci d’éteindre vos portables avant d’entrer
dans les salles informatiques. Ceux-ci causent des dommages
aux processeurs. »
Un plaisantin a transformĂ© le « c » de
« processeur » en « f »,
indiquant de façon judicieuse que les enseignants sont
aussi sensibles aux radiations...
Jeudi, le 25 octobre 2007
Pli, noeud, graphe, lien...
Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment,
mais tous mes centres d’intĂ©rĂŞt – aussi
diversifiĂ©s soient-ils – me dirigent,
que je le veuille ou non, vers une thématique commune.
En sculpture, après m’être intéressé au modelage et
Ă la taille directe, je continue mon travail sur les formes
et les couleurs avec un Ă©pisode sur les pliages, et leurs
expressions magnifiées qu’est
l’
origami.
En arts graphiques, et cela depuis quelque temps maintenant,
je travaille sur les
ambigrammes,
ces textes dont la calligraphie étrange cache des propriétés de symétrie.
Pour l’une de mes activités sportives favorites, la pratique de la
plongée sous-marine, lorsque nous ne nous entraînons pas dans
la piscine, nous voyons – en plus des consignes de sĂ©curitĂ©,
des aspects liĂ©s au matĂ©riel et Ă l’orientation – comment rĂ©aliser
des
nœuds marins, essentiels pour
attacher une partie du matériel de plongée ou pour la
navigation en bateau.
Il est étonnant de voir que ces trois domaines, abordés de
façon ludique en ce qui me concerne, sont grandement étudiés et
théorisés, et j’ai du mal à employer ces derniers
sous forme purement artistique ou pratique
en essayant d’ignorer tous les modèles mathématiques qui
se trouvent derrière.
Dans mon travail de recherche, je suis amené à manipuler des
graphes pour de multiples raisons, des
propriétés de voisinage, des histoires de distance ou certaines
formes de représentation.
Ainsi, dans la « vraie vie »,
tout comme dans mes textes de fiction, je suis amené à assembler des
concepts qui semblent n’avoir aucun point commun, à les replier, à les
nouer, Ă les assembler, Ă les lier...
Avec un peu d’espoir et de chance, j’espère bien aboutir un jour à une
forme artistique ou intellectuelle qui puisse avoir quelque intérêt,
dans quelque domaine que ce soit... une petite clé ouvrant l’une
des portes parmi la multitude constituant l’énigme de l’univers...
Jeudi, le 13 septembre 2007
La double double-vie de Fabrice M.
L’excellent et regrettĂ© Polonais Krzysztof Kieślowski
avait réalisé, en 1991, un film étonnant :
la Double Vie de VĂ©ronique.
Dans ce petit bijou cinématographique, une femme, après la mort de son impossible double, voyait sa vie curieusement changer...
En ce qui me concerne, j’ai deux doubles vies : une d’enseignant/chercheur qui m’occupe durant
une bonne partie de la période diurne des jours ouvrables (et bien souvent davantage)
oĂą je suis le « docteur Fab M. », et une
autre d’auteur/sculpteur – que j’exerce le reste du temps – sous le pseudonyme de Mister « F. MĂ©reste ».
Parfois, ces deux vies se mĂŞlent. Hier matin, avant de coiffer ma casquette de prof et de
passer la journée à participer à des jurys de soutenance de stage ou à donner des cours, j’étais devant
l’ordinateur afin de concevoir l’affiche annonçant la prochaine exposition d’arts plastiques
de mes collègues et moi-même (cela se passera à l’atrium de la Bibliothèque universitaire du
site de TrĂ©filerie « Droit, Lettres », Ă Saint-Étienne,
du 13 au 28 septembre 2007, voir
ici). Et tout à l’heure, je
vais installer cette expo avant de retourner bosser « pour de vrai » Ă mon labo.
Samedi, cette fois en tant qu’auteur, j’irai à Lyon pour participer au
Lyonnacolo, une soirée-débat avec quelques auteurs et animateurs du
petit monde science-fictif de France et d’Italie, un événement organisé
par les
Lyonnes de la SF.
Bref, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer...
Enfin, petite nouveauté : j’ai décidé de ne plus indiquer directement mon
pseudonyme sur les Ă©tiquettes des œuvres plastiques que je vais exposer.
Désormais, seuls seront présents le nom de la sculpture, l’URL permettant d’accéder à ce site Web
et, en guise de signature, le nouvel
ambigramme
de mon nom d’artiste :
Samedi, le 2 juin 2007
Blanche
Blanche, comme la nuit que je viens de passer Ă terminer
un article scientifique tout juste avant la date limite,
le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard
du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne,
et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir
le coup et avoir les neurones en Ă©veil, mais je connais trop
bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter...
contrairement aux Ă©tudiants (ou profs ?) de la
Ville éternelle. Du coup, je me suis dopé aux thés à la menthe
super sucrés et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite,
n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo,
la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène
du môme qui les offrait à sa maman. Merde, c’est la fête des mères demain.
Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyées à bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de
prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une
de mes sculptures de couleur bronze.
Mardi, le 24 avril 2007
Le jour le plus long
Réveillé avant
4h00 du mat’, déjà fait le tour de quelques blogs, ceux de
Markus
(merde, je suis accro aux aventures de son agent vraiment très spécial), de
Valérie (tiens,
rien de neuf ce matin ?) et d’
Adeline
(avec son test coloré mais... même si je l’adore, je lui conseille de
surveiller sa grammaire).
De 4h00 Ă 8h00, cela fait un peu moins de 3 heures si je tiens compte du
temps pris pour le petit déj’, pour terminer cet article sur mon blog, pour
me préparer et prendre le bus afin de me rendre au travail.
De 8h00 à midi, j’enchaîne deux surveillances d’examen de 2 heures chacune,
et comme je me suis super bien préparé, je vais pouvoir bosser sur mon
ordinateur portable en jetant de temps à autre un oeil (puisqu’il paraît
que je n’en ai qu’un, comme Albator) sur mes étudiants pour qu’ils ne
copient pas les uns sur les autres.
De midi à deux, encore 2 heures, moins la pause déjeuner (pas de sandwich,
mais 20 minutes suffisent pour passer au resto du personnel).
Ensuite, nouvelle pause dans mon activité de recherche afin d’endosser mon
costume d’enseignant : quatre heures de cours magistraux devant le nombre
ridicule d’étudiants ayant choisi mon option (soyons zen).
Enfin, retour Ă la maison, et sans doute encore beaucoup de travail avant
d’aller retrouver mon lit.
Tout ça parce qu’il me reste moins de 2 jours, 8 heures et 43 minutes pour
envoyer un article-de-recherche-qu’il-sera-trop-bien à une
conférence-qu’elle-est-trop-chouette en Pologne.
Allez, Goldodrak, go !
Samedi, le 3 mars 2007
Mars, et ça repart
En vrac :
Des jours à trop peu dormir, pris par du boulot avec des collègues qui ne
remplissent pas leurs parts du marché, mais au final un bel article de recherche bouclé
pour une conférence sympathique.
Tristesse, un grand monsieur de la science-fiction nous a quitté.
J’en avais parlé
ici.
Enfin, j’ai (encore !) gagné des places de cinéma. Cela m’a inspiré
cette
short short story.
Jeudi, le 18 janvier 2007
Le travail fait rigoler
L’autre jour, j’ai reçu un courrier électronique
d’une collègue qui a envoyé son message à tout plein de
personnes, dont des gens importants (puisque moi, oui,
ben, non...).
Et la brave dame parle de plein de trucs sérieux, notamment
d’un nouveau cahier des charges sur lequel il faut
travailler, et bla bla bla.
Sauf que dans l’expression « cahier des charges »,
elle avait oubliĂ© de taper le premier « A »,
produisant un charmant
lapsus calami
(non je n’ai pas dit
lapsus kamini), ou un
lapsus clavis si l’on veut
ĂŞtre plus exact.
Quand j’ai fait remarquer à ma collègue son erreur (oui, parce que je suis comme
ça), elle a hésité entre mourir de honte ou de rire...
Lundi, le 27 novembre 2006
Les gamins, parfois c’est mal, parfois c’est bien
Les gamins, quand ils naissent et que des collègues vous laissent tomber parce qu’ils prennent
des congés parentaux, et que du coup vous devez les remplacer et êtes obligés de modifier
tous vos projets, ce n’est vraiment pas cool.
Mais quand les gamins sont présents dans une salle de cinéma où vous vous trouvez aussi avec
un bon copain parce que vous avez gagné des places pour voir
Souris City, c’est quand même bien sympa. Il y en a vraiment pour
tous les âges dans le dernier né des studios
DreamWorks, avec différents niveaux de lecture
(sérieusement, vous croyez qu’un môme saisit l’allusion quand on découvre un cafard lisant
la
Métamorphose de Kafka ?), et il est difficile de résister aux fous rires communicatifs
de la salle et aux applaudissements spontanés. On a beau dire, ça n’a rien à voir comparé
au home cinéma.
Mercredi, le 13 septembre 2006
Docteur Fab et les copieurs
Hier, en lisant par hasard la thèse d’un jeune chercheur, j’ai été surpris de découvrir que j’avais été plagié !
Je sais que l’univers de la recherche est un monde sans pitié, mais plutôt que de ressentir du mécontentement
ou de la colère à la lecture de mes idées et mes mots repris sous la plume d’un autre, je n’ai éprouvé que de l’amusement.
Il faut avouer que ce que le copieur a repris de ma thèse de doctorat, en plus du style
LATEX créé pour l’occasion, n’était autre chose que... mes phrases de remerciements !
Mercredi, le 6 septembre 2006
C’est la rentrée
Même si je suis retourné travailler à mon labo depuis deux semaines, ce n’est qu’à partir de lundi
qu’a eu lieu la rentrée des différentes promotions d’étudiants, et je n’ai donné mon premier
cours de l’année que cet après-midi : plus de 200 étudiants dans mon amphi.
Et de l’autre côté de la barrière ?
Certains
ont des visions cauchemardesques de leur scolarité, d’
autres se souviennent surtout du cĂ´tĂ© « chacal » des annĂ©es collège,
mais moi, bizarrement, je n’ai pas de si mauvais souvenirs que cela, peut-être faut-il accuser ma mémoire d’être
optimistiquement sélective...
Le week-end dernier, j’ai accueilli mes parents qui faisaient Ă©tape Ă Saint-Étienne dans leur
traversée de la France, et ces derniers sont venus chargés de légumes du jardin (potirons,
tomates, courgettes, concombres...), de confitures, mais aussi d’un gros carton étiqueté
« affaires scolaires Fabrice ». Et lĂ , en ressortant ces feuilles volantes
et ces cahiers oubliés depuis des années, grosse plongée dans le passé.
Comment imaginer que l’auteur de ces croquis qui se détachaient à peine des gribouillis
allait plus tard faire des dessins si jolis qu’il pensait – jusqu’à la
fin de la troisième – se destiner au mĂ©tier de la bande dessinĂ©e ?
Est-ce que le professeur de français de première qui mettait des mauvaises notes
Ă ceux qui choisissaient la dissertation au lieu du commentaire composĂ© – sous
prĂ©texte qu’ils Ă©taient dans une filière scientifique – se doutait qu’un jour
l’un d’entre eux
publierait des articles et nouvelles... avant peut-ĂŞtre un roman ?
Ce n’est pas simple d’être un élève, c’est encore moins simple d’être prof,
mais nul n’a jamais prétendu que la vie était simple...
Lundi, le 8 mai 2006
Vivement l’école, qu’on puisse dormir...
La semaine dernière, je suis parti en conférences.
Cela avait commencé sur les chapeaux de roues. Le matin même,
c’était déjà la course pour aller dans un magasin d’électroménager
afin de leur rapporter les enceintes de mon ordinateur...
elles n’émettaient plus qu’un horrible grésillement
et, comme par hasard, la garantie allait s’arrêter deux jours plus tard.
Voilà un imprévu dont on se passerait volontiers.
À la gare, j’ai retrouvĂ© mon co-auteur. Vu son âge, il pourrait
être mon père, et c’est cependant un vrai gamin... Depuis deux semaines,
il est un jeune papa, son épouse ayant accouché de jumeaux.
Pas le temps de souffler.
Même le petit temps d’attente à la gare de Lyon Part-Dieu était
mis à profit pour retrouver un copain. Durant le trajet jusqu’au grand Ouest
en TGV, mon collègue et moi avions mis une dernière touche à notre présentation.
Nous sommes arrivés à destination à 20h31 précises, sans une minute de retard, hélas
ce n’était pas suffisant pour attraper le dernier bus dont le départ était
prĂ©vu Ă 20h15... Tant pis, nous avons fait rouler nos valises jusqu’Ă
l’hôtel en passant par des endroits étonnamment champêtres
(il faudrait un jour que les fabricants de valises pensent
Ă Ă©quiper leurs produits de roulettes 4x4).
La conférence a rassemblé des grands chercheurs de mon domaine
– c’est toujours Ă la fois curieux
et très plaisant de voir en vrai des personnes que l’on
a Ă©tudiĂ© Ă l’UniversitĂ© –, j’ai retrouvĂ© un copain
qui avait vĂ©cu pendant deux ans Ă Saint-Étienne,
j’ai fait plein de connaissances sympathiques, j’ai très
bien mangé (dans un restaurant gastronomique, j’ai choisi
en entrée un flan de tourteau au coulis de chorizo, suivi
de selle et ris d’agneau, un régal !), je suis même
allé en discothèque avec d’autres conférenciers, bref, ce
fut un de ces grands moments de stimulation intellectuelle
qui me fait adorer mon métier.
Samedi, le 29 avril 2006
Vous avez bien dit... « vacances » ?
Théoriquement, la semaine qui vient de s’achever était une semaine de vacances.
Mais bon, ça, c’est la théorie.
En pratique, je n’ai sans doute jamais autant donné d’heures de cours
dans ma vie d’enseignant-chercheur que cette semaine-là : il fallait bien rattraper
les heures qui étaient prévues durant la période de blocage de
l’Université (le blocage lié au retrait du CPE, vous vous rappelez ?)
Et hier matin, j’ai enfin pu endosser l’autre casquette de mon métier :
je suis allé chez un copain avec qui j’ai écrit un article scientifique
pour terminer la présentation que nous allons en faire à une conférence
oĂą nous irons la semaine prochaine. Joie !
C’était sans compter la réception du message électronique
– mais nĂ©anmoins affolĂ© ! –
du directeur de mon labo qui, de l’autre bout de la Terre, m’a demandé de
lui faire parvenir une fusion de différents fichiers rédigés par les membres de notre
Ă©quipe et nos partenaires sur un gros projet de recherche. Retour en
urgence à mon bureau dans l’après-midi pour effectuer le travail
demandé, j’en ai profité pour rajouter un joli paragraphe
sur les sciences cognitives, et, lorsque la nuit s’est mis à tomber,
j’en avais fini avec tout ça aussi ai-je pu envoyer mes fichiers par e-mail
avant d’éteindre mon ordinateur, fermer la porte de mon bureau, brancher
l’alarme, fermer la porte de mon laboratoire, quitter l’Université
et arriver devant l’arrêt de bus... Sauf qu’il n’y avait plus
de bus à cette heure (à moins d’aimer patienter une demi-heure dans
le noir dans un quartier pas vraiment accueillant).
Bilan des courses : retour Ă pied (entre 45 minutes et
une heure de marche, avec des nouvelles chaussures, argh),
mon sac sur le dos chargé de mon ordinateur portable
(heureusement mon sac – nouveau, lui-aussi –
est bien plus pratique et agréable à porter que l’ancien), avec
ma légère chemise et ma veste printanière ne me protégeant guère de
la fraîcheur nocturne...
Bon, à vrai dire, on s’est fout : ce sont les vacances, non ?
Mardi, le 11 avril 2006
Machine arrière
Enfin !
Le gouvernement s’est décidé à retirer le CPE, du moins sous sa forme
actuelle...
Les étudiants ont donc décidé d’arrêter le blocage de l’Université où je travaille.
Les cours ont pu reprendre, le programme des enseignements s’est remis
en route avec trois semaines de retard. Le retour à la normalité
nous ramène à la situation que nous vivions durant le mois dernier.
Du coup, le temps aussi a décidé de faire machine arrière :
en plein mois d’avril, nous avons eu de la neige !
Jeudi, le 16 mars 2006
Ouvert / Fermé
Hier avait lieu la Journée Portes Ouvertes dans l’Université où j’interviens,
la fameuse grand-messe annuelle d’information sur tout l’éventail de nos
formations auprès des futurs bacheliers ou autres diplômés du supérieur...
Sauf que, en raison de la grève des étudiants liée au retrait du CPE, les portes
de certaines facultés étaient fermées.
Finalement, pour éviter ce couac mémorable, comme c’était aussi la
Journée Nationale du Sommeil, tout le monde aurait
dĂ» plutĂ´t rester coucher chez soi.
Dimanche, le 15 janvier 2006
MĂ©dicament
Dans un instant, je vais partir au Liban (pour mon boulot).
Du coup, j’ai bu du soda en prévision des troubles gastriques
qui risquent de m’arriver là -bas (par exemple si j’oublie de me
brosser les dents à l’eau minérale). Et je compte en boire aussi
sur place (avec du thé, hein, faut quand même pas déconner)
parce que c’est quelque chose qu’il est assez facile de trouver un peu
partout sur Terre. La boisson du docteur Pemderton est en effet si
horrible (à la fois terriblement acide et effroyablement sucrée)
que même les méchantes bactéries n’osent s’y frotter.
C’est peut-être ça, la mondialisation : la santé pour tous ?
Teuf, teuf, qu’est-ce qu’il ne faut pas dire, parfois...
Vendredi, le 13 janvier 2006
Dormir, nager, manger
Je ne sais si cela est dĂ» Ă mon manque de sommeil
(ne dormir que quatre heures parce que l’on participe Ă
l’organisation d’un congrès) ou à un certain stress
(je dois partir dans quelques jours au Liban pour une
mission d’enseignement, et un bon nombre de problèmes
logistiques n’ont pu être réglés à l’heure actuelle),
mais je viens de faire un rĂŞve dont je suis parvenu Ă me souvenir.
Ou plutĂ´t un cauchemar.
J’étais dans la mer, avec de nombreux baigneurs, et soudain
une grosse ombre s’est rapprochée à très grande vitesse.
Puis un « plouf », quelques Ă©claboussures,
et j’ai mis ma tête sous l’eau pour voir s’éloigner une
espèce d’énorme requin noir.
Mon voisin de baignade (ou ma voisine ?) avait disparu,
laissant à l’eau une sinistre teinte rouge.
Tout le monde a alors été pris de panique, et c’est à ce
moment-là que je me suis réveillé en sursaut...
Euh, docteur Freud, c’est grave ?
Jeudi, le 22 septembre 2005
La loi des séries
Dans un article daté du 06/09/2005, j’évoquais le fait
de ne pas avoir vraiment de chance en matière
de déplacement. Les endroits où j’ai prévu de me
rendre et oĂą je ne peux finalement aller se retrouvent soudain
maudits (à savoir Londres, Charm el-Cheikh, la Nouvelle-Orléans).
L’autre jour, à Lyon, entre mes activités de recherche
nuptiale aquariophile (voir mon post précédent), je suis allé
voir mon ancien directeur de thèse qui devait, lui, se
rendre à cette fameuse conférence prévue à l’origine en
Louisiane. Il m’a appris qu’à quelques jours de l’événement, les
organisateurs avaient décidé de déplacer cette grande rencontre
Ă Houston, dans l’État du Texas voisin.
Donc tout va bien, madame la marquise.
Ben non.
V’là -t-y pas qu’après Katrina, Rita vient d’atteindre la force d’un
cyclone et s’approche dangereusement... du Texas.
Ben ouais.
Scoumoune, quand tu nous tiens !
Mercredi, le 14 septembre 2005
De l’inavouable bonheur d’être méchant
Il y a encore peu de temps, j’étais étudiant et mes seuls problèmes se résumaient
à la réussite de mes années universitaires. J’étais plutôt tranquille,
personne ne venait m’embêter, je n’avais qu’à me consacrer à mon travail.
Depuis que j’ai obtenu un poste, c’est étrange, mais j’existe
soudainement pour d’autres gens. Il suffit d’avoir une certaine renommée
scientifique, ou d’exercer des responsabilités mettant en jeu de
l’argent ou des ressources humaines, et de curieuses tĂŞtes – pas
toujours très bien intentionnĂ©es – font leur apparition dans
le paysage pour lancer des attaques et s’approprier le modeste pouvoir (euh ?)
dont on peut jouir.
Au début, on essaie d’être diplomate, on fait des concessions,
on sort d’épuisantes réunions en croyant avoir évité le pire...
Jusqu’à découvrir un peu plus tard que l’on s’est fait planter un couteau
dans le dos. Même si ça fait mal, à la longue, cela ne ressemble plus
qu’à un picotement désagréable. Alors on devient moins naïf.
Et on en vient à répondre en détournant les coups portés par
l’agresseur comme cela l’est pratiqué dans l’aïkido. Après, il est
délicat de ne pas se réjouir de voir ces coquins mis hors d’état
de nuire par KO. Mais, honnêtement, qui peut s’empêcher de sourire en voyant
des mĂ©chants recevoir une tarte Ă la crème ?
Vendredi, le 8 juillet 2005
Distributeur de bonheur
Il y a quelques jours, j’étais dans un lycée pour présider un jury
de bac. Longue discussion avec les différents enseignants pour savoir
qui méritait d’avoir les quelques points manquants nécessaires
pour passer du refus à l’admissibilité à la session de rattrapage, de
l’admissibilité à l’admission, ou obtenir une mention...
C’est rassurant de voir que les élèves ne sont
pas notés à la légère et que le facteur humain est encore essentiel
dans ce genre de processus.
De la psychologie, il en fallait quand les lycéens venaient récupérer
leurs relevĂ©s de notes, pas pour dire « fĂ©licitations »
à ceux qui étaient admis, mais pour les autres, les recalés, déçus, ou ceux
qui devaient passer le rattrapage et qui Ă©taient un peu perdus...
« Vous voyez, ce 4 en maths, c’est sans doute un accident,
alors choisissez cette matière, comme il y a un gros coefficient,
vous avez toutes les chances de vous rattraper à l’oral
si vous rĂ©visez bien... » avais-je dit Ă cette jeune fille, les yeux
noyés de larmes.
Et hier se sont déroulées les épreuves de rattrapage. Un grand nombre
d’élèves avaient réussi à se racheter. Il y avait toujours quelques déçus,
bien entendu, mais aussi ces visages plein de joie à la réception du relevé
de notes marqué des palmes... La fille émotive de la fois passée avait
Ă nouveau des larmes aux yeux, mais de bonheur cette fois, et ne cessait
de dire : « merci ! »... Quel plaisir
d’avoir le rôle du père Noël !
Au mĂŞme moment, Ă Londres, des monstres avaient fait exploser des
bombes dans les transports en commun... et le hasard avait
distribué aveuglément la mort parmi de malheureux voyageurs et
passants.
Cruel contraste.
Vendredi, le 1er juillet 2005
Décès de Monsieur Noir et de Monsieur Rouge
Hier, je suis allé faire une visite d’entreprise.
Au moment de noter les Ă©valuations du stagiaire, ma feuille se maculait petit
à petit de curieux ronds noirs... et, après un léger examen pour
trouver l’origine de ce phénomène, j’ai découvert que des taches
se trouvaient aussi bien sur mes doigts que sur le bureau.
Oups, il y avait comme un problème.
Très sérieux, le P.-D. G. de la boîte a expliqué que, avec cette
chaleur, il n’était pas rare de voir l’encre des stylos se fluidifier
et passer à travers la bille, d’où ma mésaventure.
Mais, en fait, non. Mon stylo noir n’était pas le seul à avoir
rendu l’âme (pour les discussions sur l’âme des stylos, je ne suis
pas spĂ©cialiste, demandez plutĂ´t Ă
Benoît, le gros garçon qui fait des bulles) :
mon stylo rouge, de la même marque, présentait les mêmes sinistres
symptĂ´mes.
C’est alors que j’ai eu un flash. Le week-end dernier, dans la pile de
linge que j’ai lavé, j’avais mis ma veste... Et j’ai dû oublier de
sortir mes stylos de la poche dans laquelle j’ai l’habitude de les mettre.
Monsieur Noir et Monsieur Rouge ont donc été noyés par ma négligence...
Jeudi, le 19 mai 2005
Journée pas type (mais j’aimerais bien !)
Hier, réveil à 4 heures du mat’.
Non, ce n’est pas pour faire la queue afin de
voir la « revanche des suites » au cinĂ©, je
devais aller à Lyon où j’étais convié à un jury.
Auditions, discussion, vote... de 8h30 à 15h30. Au final, j’ai été heureux de faire
basculer la majorité dans le sens qui me semblait le plus juste.
Petit coucou à mes anciens collègues.
Passage pour voir le copain André en train de bosser avec son pote Rafu.
Un bref bonjour à mon ex copine, une fille charmante qui est restée ma meilleure amie.
Un peu de temps pour acheter de la nourriture pour mes poissons exotiques
et du matériel pour mon aquarium.
Puis la course pour arriver Ă la gare et attraper le train du retour.
ArrivĂ© Ă Saint-Étienne, je croise la miss avec qui j’ai failli
sortir, l’an dernier. Ah, les hasards...
Soirée à finaliser un article sur le steampunk avec le compère Jean-Jacques.
Je me suis couché, très tard, avec la satisfaction d’avoir eu une
journée remplie, et bien remplie.
Vendredi, le 1er avril 2005
Haiku
Hier, en assistant à la soutenance de thèse de la
miss,
au moment des questions, cette impression fugace :
L’amphithéâtre bleu
raisonne à l’unisson
d’une pensée collective
Mercredi, le 26 janvier 2005
Ouais, je sais...
Au lieu de m’occuper de
mon nouveau site Ă moi, je fais du
ski le week-end, je termine une nouvelle sculpture
et je corrige des copies...
Et surtout, je suis à présent l’heureux papa de 8 charmants
bambins : trois
betta splendens (complètement stones,
les jolies bêtes, le combattant mâle ne bouge que pour faire des bulles ou
se déplacer vers la bouffe, et les femelles se cachent presque tout le
temps) et cinq
brachydanio rerio (complètement speedés,
eux, ils traversent l’aquarium en une fraction de seconde, de vraies
« formules un » de la natation).
Ah oui, j’y pense : faut que je reprenne mes entraînements à la piscine...
Bon, en attendant que je revienne, vous pouvez toujours voir
ça
(elle est pas belle, la vie ?)
Vendredi, le 3 décembre 2004
Fabrice et moi
Ça y est, je me fais une crise d’identitĂ©.
Bon, c’est pas grave, mais juste un peu gênant.
Je m’explique...
Dans la vraie vie, quand j’ai bien fait mon travail, je vais présenter
le résultat de mes recherches dans des endroits où il y a d’autres gens
qui sont aussi là pour ça, présenter leurs recherches et voir ce qu’ont fait
les collègues et/ou copains.
Voilà , pour l’instant, c’est tout simple.
Dans l’autre vie, celle qui est aussi vraie, mais un peu moins,
celle que je mène avec ce nom qui, pour de sombres histoires
familiales, n’est pas le mien (ouais, je vis dans un pays bizarre où on porte
un nom qui est aussi celui de son papa, ou occasionnellement celui
de sa maman, et pas un nom inventĂ© pour la circonstance, comme les « Tarzan »
ou « Dartagnan » Ă Madagascar), dans l’autre vraie vie,
disais-je, je porte un nom que je me suis choisi avec lequel je signe mes
sculptures, mes textes de fiction, ce weblog... ou encore
des articles qui portent sur des textes de fiction.
Et c’est là que tout se complique.
Parce que je vais aller au
Colloque
International de Science-Fiction de Nice pour y parler de
steampunk... sous mon nom d’auteur.
Or il se trouve qu’il s’agit d’un vrai colloque
avec des vrais professionnels qui présentent leurs travaux... ouais, tout comme dans
la vraie vie. Du coup, je ne sais pas trop comment m’inscrire ou me présenter.
Enfin, je crois que ça va se passer comme toujours dans ces cas-lĂ : « Docteur Fabrice M. »
bosse et paie les factures (le con !), et « Mister F. MĂ©reste » fait le beau et rĂ©colte les lauriers (le salaud !)...
Dimanche, le 17 octobre 2004
Le roi de la montagne
J’ai grandi dans la plaine. Au nord : Strasbourg ; à l’est, la Forêt Noire de l’autre côté
du Rhin ; Ă l’ouest : la ligne bleue des Vosges... À cette Ă©poque, lorsque
j’allais du côté du Mont Sainte-Odile, j’avais la possibilité de voir l’Alsace, ou du moins
une certaine partie de celle-ci, avec ses villages bâtis autour du clocher de l’église, ses champs,
ses forĂŞts, ses vignobles.
Lorsque j’ai quitté ma région natale et que je me suis retrouvé à Lyon, j’ai toujours aimé
aller sur la colline de Fourvière, à côté de la Basilique Notre-Dame.
De là -haut, je repérais ma nouvelle géographie :
impossible de manquer la tour en forme de crayon permettant de localiser la Part-Dieu ;
puis sur la gauche, le nord, l’opéra et l’Hôtel-de-Ville ; au milieu, la place Bellecour ;
sur la droite, le sud, la Saône se mêlant au Rhône. Le même désir de hauteur me prenait quand
je vivais à Paris : j’allais à la place du Trocadéro pour voir, au-delà de la Seine, la tour Eiffel
et le reste de la Ville Lumière...
VoilĂ un peu plus d’un an que je vis Ă Saint-Étienne. Au dĂ©but, j’avais un peu peur
de ne pas trop m’y plaire : étant citadin dans l’âme, je craignais de trouver cette ville
trop petite pour moi. Mais, finalement, non. Je m’y suis très vite attaché. Peut-être est-ce
parce que je vis en plein centre-ville, Ă deux pas de toutes les manifestations culturelles
importantes, comme la
FĂŞte
du Livre qui s’est déroulée ce week-end,
peut-être est-ce parce que mon immeuble se trouve à côté de toutes les facilités de transport en
commun, peut-être est-ce parce que cette ville offre la possibilité de pratiquer des activités
que je n’avais jamais eues l’occasion de reprendre, comme la sculpture,
peut-ĂŞtre est-ce parce que je suis venu ici pour des raisons professionnelles et
que j’exerce maintenant un travail que j’aime bien et dans lequel je parviens Ă
m’épanouir, ce qui n’est pas si fréquent, ou peut-être est-ce simplement parce que j’ai trouvé ici quelques
bons amis...
Cela peut sembler assez curieux, mais je crois que c’est aussi et surtout parce que tous les jours, lorsque
je vais travailler, je me retrouve sur la colline d’où je peux voir la nature, les forêts, le
ciel, les montagnes et la vallée du Gier qui s’étire vers Lyon. Chaque jour, devant mes yeux,
s’étale le paysage aux mille beautés. Chaque jour, ce spectacle fait de moi le roi de la montagne.
Mercredi, le 29 septembre 2004
Shocking
Bon, euh, je ne pourrais pas poster le week-end prochain.
Ouais, la recherche, c’est aussi prĂ©senter ses travaux Ă
la communauté internationale (Trop d’la balle !)
Et c’est donc à Padoue et à Venise que je vais aller (Trop le pied !)
Donc ce blog sera mis en sommeil pendant une petite semaine,
mais j’espère à mon retour mettre en ligne des
comptes-rendus
de nos fabuleuses réflexions scientifiques photos de ces belles
cités italiennes.
VoilĂ .
En attendant, une petite blaguounette...
Alors, c’est l’histoire d’un trader de la City (à Londres !) qui
rentre chez lui après une belle journée où il a, comme de coutume, réalisé
de juteux placements malgré la conjoncture économique.
Notre homme a la quarantaine, il porte un complet veston anthracite,
un chapeau melon, parapluie canne, et sur son visage se lit
cet air satisfait de ceux qui ont le sens du devoir accompli
et une confiance absolue en la reine.
Arrêté momentanément à un feu rouge pour les piétons, il se retrouve au
côté d’un jeune punk, cheveux en crête rouge et verte, et ne peut
s’empêcher de porter sur ce dernier un regard dédaigneux.
Le rebelle remarque le regard de son voisin et l’accoste en ces termes :
« Eh, vous ! Qu’est-ce que vous avez, mon vieux ?
À vous voir, je suis persuadĂ© que vous n’avez jamais rien
fait d’excentrique de toute votre vie ! ».
Notre homme soulève un peu son chapeau melon pour se gratter le sommet
du crâne, réfléchit un instant, et dit finalement en soupirant :
« À vrai dire, jeune homme, si. Une fois. Oui, j’étais
bien jeune à cette époque, je devais avoir à peu près votre âge... et
je me trouvais chez ma tante Suzie. Or Suzie, Dieu ait son âme, avait
à l’époque un fabuleux perroquet femelle du nom, somme toute assez commun,
de Coco. Et je dois vous confesser que j’ai eu avec ce trouble volatile
des rapports, disons, contre nature. Ainsi, je me demandais justement,
maintenant que je vous vois, jeune homme, si vous ne pourriez pas ĂŞtre mon fils... »
Allez, à bientôt ! Soyez sages, et n’oubliez pas d’arroser les plantes !
Mardi, le 7 septembre 2004
C’est la rentrée
Hier, sept heures trente. J’entre dans le bus bondé. Je ne peux attendre le prochain,
je dois donner un cours à huit heures. Poussif, le véhicule se met en route, avalant
de nouveaux élèves et étudiants aux arrêts suivants. Je reconnais certains de mes
anciens Ă©tudiants que je suppose faire partie de ma nouvelle promotion. Échange
de regards, Ă©change de bonjours. Je veux rĂ©pondre : « Ah, si vous ĂŞtes
lĂ , tout va bien, je ne suis pas en retard... » mais cette boutade ne parvient
pas à se former sur mes lèvres.
À un moment, pas mal d’élèves descendent, et des contrĂ´leurs montent. Un jeune
sans ticket s’explique en prenant le chauffeur Ă tĂ©moin : « Faut leur
dire, monsieur, que vous n’avez pas de monnaie ! ». Le conducteur du bus
approuve avec lassitude. Le contrĂ´leur laisse passer pour cette fois.
Terminus. Je me dépêche de déposer mon sac dans mon bureau et de récupérer mes
affaires. J’ai horreur des craies mais la salle avec un tableau blanc Ă©tait dĂ©jĂ
prise. Tant pis.
Mince, mes étudiants sont prêt d’une quarantaine. J’avais prévu de faire des
groupes de 3 ou 4 personnes, tablant sur une trentaine d’étudiants, ils seront
donc plutĂ´t 5 si je veux avoir mes 8 groupes.
Depuis quelques jours, je n’ai plus de rhume, mes yeux et mon nez ont cessé de
couler, mais je dois souvent tousser, et j’ai un peu peur pour ma voix. Pas
eu le temps de passer voir un médecin.
Mais tout va bien, je parviens à motiver ma promotion en la lançant sur des
sujets nouveaux et étonnants. Pour la documentation, mes étudiants n’auront même pas
à passer des heures à la bibliothèque : je leur demande de voir certains
films ou de s’intéresser à quelques jeux vidéos. Au moins ai-je quelques espoirs,
en agissant de la sorte, de ne pas me retrouver avec des documents résultant
de quelques copier-coller issus d’Internet.
Ça a l’air de marcher. Je dois intervenir Ă plusieurs reprises pour
faire le silence mais je crois avoir réussi à les sortir de la passivité
dans laquelle ils se laissent trop souvent glisser.
À la fin du cours, un Ă©tudiant vient me voir et me propose mĂŞme de
faire un sondage en rapport avec le sujet sur le lequel il souhaite travailler,
belle initiative que je m’empresse d’accepter en lui donnant carte blanche.
Je retourne Ă mon bureau pour travailler sur mon cours du lendemain.
Et aujourd’hui, il est un peu plus de cinq heures du mat’ et je suis
debout pour finaliser un cours que je donnerai cet après-midi.
La journée sera bien chargée car, en plus de ce cours, je vais
avoir deux réunions et être de jury à une soutenance de stage.
Après tout, ce n’est pas si mal que ça d’être prof...
Dimanche, le 20 juin 2004
Raku
Au cours de cette semaine, j’ai eu le plaisir de revoir un sympathique
enseignant-chercheur japonais. Je lui ai fait un peu visiter
Saint-Étienne, et je crois que c’est sans doute la première
fois que j’ai servi de guide, n’étant pas encore arrivé dans la
ville depuis an. Toutefois, comme je m’intéresse à mon cadre de
vie immédiat, il ne m’a pas été trop difficile de présenter
quelques curiosités, quelques témoignages du passé minier
ou quelques endroits bien agréables de la ville comme ces
ruelles où les bouquinistes gardent des trésors ou ces
places oĂą il est si doux de prendre un repas en terrasse.
Par ailleurs, j’aimerais bien un jour découvrir le Japon. J’ai failli
y partir, il y a de cela quelques années à l’occasion d’une
importante conférence, mais la date de soutenance de ma thèse m’a
fait manquer ce rendez-vous. Alors j’assimile au quotidien certaines
touches de culture de ce pays, que ce soit dans le domaine culinaire
ou vidéo en allant de Kurosawa... au Capitaine Harlock de notre
enfance, plus connu ici sous le nom d’Albator.
Une nouvelle envie venue du Japon concerne la sculpture. Samedi
dernier, je suis allé à une exposition et je suis tombé sous le
charmes des œuvres en terre cuites Ă raku du sculpteur.
Le raku est une technique apparue au Japon au XVI
e siècle
où les pièces, juste après cuisson au four, sont mises dans un récipient
(une grosse poubelle par exemple) avec des matières combustibles
comme de la sciure ou du papier pour être enfumées
un certain temps. Le carbone présent va alors agir avec les matières
et donner des effets de surface étonnants. En admirant les séries de
têtes de rhinocéros et les bustes de samouraïs, j’écoutais le sculpteur
et mon prof d’arts plastiques parler de cette technique raku, des
terres plus ou moins chamottées, des
engobes, des températures de cuissons, des mélanges d’oxyde et
des aléas : le résultat final est presque toujours surprenant. Dans de telles
conditions, l’artiste se doit d’être aussi alchimiste...
Pour l’instant, je débute à peine dans la sculpture. Mes premiers essais présents
sur le
sculpturoblog sont le plus souvent des
pièces en terre crue peintes à l’acrylique. Mais, qui sait, peut-être un jour prochain
oserais-je aussi me lancer dans l’aventure du raku ?
Jeudi, le 10 juin 2004
Ne pas Ă©touffer
La fin de l’année universitaire annonce les vacances pour les étudiants
mais une période particulièrement chargée pour les enseignants :
préparation des sujets d’examen, correction des copies, dossiers de
candidature Ă examiner, auditions des nouveaux candidats, bref,
difficile de pouvoir faire un tout petit peu de recherche quand on
est débordé par ses activités administratives et pédagogiques.
Et c’est ce qui m’est arrivé. Et ce n’est pas fini. Je suis en
train de terminer d’écrire un article pour une encyclopédie
internationale, et j’ai bien du mal à réussir à avancer sa
rédaction. Il est vrai que la chaleur suffocante n’est pas là pour m’aider :
même si je résiste tant bien que mal à l’absence de climatisation,
souvent un message d’alerte apparaît sur l’écran de mon ordinateur
pour m’indiquer que la chaleur a atteint une valeur critique au
sein des composants de la machine, aussi suis-je obligé de
l’arrêter...
J’ai aussi prévu de partir dans ma région natale à l’occasion du
mariage de mon petit frère, samedi prochain. Et Saint-Étienne,
depuis plus d’une semaine, est une ville dont les voies ferrées
sont paralysées en raison d’une grève...
Enfin, qu’importe... Durant cette période, pour ne pas me laisser étouffer
par mes problèmes, j’ai quand mĂŞme pris le temps de partir en Ardèche Ă
l’occasion d’un week-end d’écriture avec l’ami Jean-Jacques. Même là ,
j’ai dû voler des heures sur mon sommeil afin de préparer des sujets
d’examen. Et je ne regrette rien, à part le fait que mon ex-copine,
malheureusement présente en ces lieux, ait tenté de m’empoisonner.
Il y a aussi eu, dimanche dernier, une intéressante représentation
théâtrale organisée sur le thème de Francis Bacon au musée d’arts
modernes. Y assister en présence d’une ravissante compagnie
avait été très... rafraîchissant.
Hier et avant-hier, j’ai dîné avec Francis Valéry. Outre son
indiscutable talent (assassiné) d’auteur, j’apprécie le
personnage, cet attachant extraterrestre profondément humain,
avec qui discuter autour de bonnes chères et boissons alcooliques
est toujours un grand moment de partage d’idées (d)étonnantes.
D’ailleurs, j’ai sans doute un peu trop bu et trop mangé
ces derniers temps. Faudrait peut-ĂŞtre que je pense Ă
surveiller mon alimentation... mais — gasp ! —
samedi, il y aura le repas de mariage du frangin, ça ne va pas être simple...
Et puis...
Et puis à l’instant, les informations régionales viennent d’apporter un
nouveau bol d’air dans mon univers. Des orages sont attendus en soirée,
libérant la tension des cieux, et les agents de la SNCF locaux annoncent
la fin de la grève avec un retour progressif à la normale en ce qui
concerne la circulation des trains.
Je respire...
Samedi, le 13 mars 2004
MĂ©tamorphoses, suite...
Une petite semaine à préparer de nouveaux cours... une petite
semaine où notre laboratoire s’est vu privé de capitaine,
le directeur ayant démissionné de ses fonctions...
une petite semaine qui s’est achevée par la venue de mon
petit frère à qui j’ai fait un peu visiter la ville.
Saint-Étienne est une ville en plein travaux,
une ville qui change de visage, petit Ă petit, une ville
qui « bouge dans le bon sens » comme
l’indique si bien l’émission
Vivre sa ville de
France Culture (et que l’on peut
écouter jusqu’au 20/03/2004).
Côté sculpture, une tête de jeune femme en argile
que je n’avais plus touchée depuis 15 ans
(oui, oui, elle date du collège) est passé à la perceuse et va changer
radicalement pour devenir une tĂŞte de diablesse...
D’ailleurs, le
sculpturoblog vient
d’être mis à jour avec mes dernières créations : un Minotaure, un
étrange félin, ainsi que la Méduse (encore en cours de travaux).
Enfin, à défaut de changer de visage, une modeste métamorphose personnelle
des pieds à la tête : je suis allé chez le coiffeur et je me suis
acheté une nouvelle paire de chaussures.
Bah, euh... C’est déjà ça, non ?
Vendredi, le 30 janvier 2004
Instant lucide
DrĂ´le de semaine Ă se croire maudit. De nouveaux ordinateurs Ă installer
tombent en panne en ma présence. Serais-je doté d’un mauvais fluide
magnétique ou le matériel actuel n’aurait-il plus les qualités d’antan ?
La fenêtre de mon bureau, heureusement, présente un spectacle enchanteur.
La cour intérieure est enneigée, le bassin en partie gelé, des stalactites de
glace se pendent sous la fontaine. Douce zénitude...
Ce matin, en prenant le bus, je suivais les périples de Flaubert dans son
Voyage en Orient. De ce fait, je ne faisais guère attention à mon
propre voyage. Dans mon dos, un homme s’est mis à fredonner une jolie
chanson, trop bas cependant pour que je puisse en suivre les paroles.
Puis son fils l’a accompagné, et le mélange de ces deux voix m’a
surpris par son harmonie d’une rare beauté. Hélas, le père et l’enfant
sont sortis trop tôt, étant arrivés devant l’école.
Au terminus, il n’y avait presque plus personne. J’ai rangé mon livre et
ma voisine, que je n’avais pas remarquée, s’est tournée vers moi.
Ce joli visage m’a demandé où se trouvait un institut dont je n’ai jamais
entendu parlé. J’étais désolé de ne pouvoir l’aider.
Nous sommes tous un peu perdus hors de nos habitudes.
Non, voyons les choses autrement : il nous reste encore tout un univers
à découvrir !
Dimanche, le 11 janvier 2004
Il n’y a pas à dire...
Lundi.
— Bonne annĂ©e !
— Merci Fabrice. Bonne annĂ©e, meilleurs vœux ! Alors,
des bonnes résolutions pour cette année ?
Je réfléchis un instant.
— Euh... J’ai dĂ©cidĂ© d’arrĂŞter de fumer.
— Ah, c’est bien ! Mais... tu n’as jamais fumĂ© ?!
— Peut-ĂŞtre, mais comme tous ceux qui disent qu’ils arrĂŞtent
sont félicités ou encouragés, je me suis dit que moi aussi. Et puis,
au moins c’est le genre de résolution que je suis sûr de tenir...
Un peu plus tard, un collègue affolé entre dans mon bureau.
— Fabrice, tu es au courant ? Il faut rendre les corrections demain !
— Mais non, ce n’est pas possible !
Je tĂ©lĂ©phone Ă la scolaritĂ©. À la rĂ©ponse Ă ma question, je reste bouche bĂ©e.
Je cesse aussitôt toute activité pour prendre mon stylo rouge et mon paquet de devoirs.
Je quitte l’Université en milieu d’après-midi, m’isole dans mon appartement, ferme
les volets. J’arrive à corriger vingt copies à l’heure au meilleur de ma forme.
Mais j’ai un paquet de plus de 150 copies...
Soirée épouvantable. J’ai veillé à rester fidèle au barème,
à noter les copies anonymes de la façon la plus juste possible,
et à compter et recompter les points. Mais en fin de matinée,
tout était corrigé, et j’avais obtenu pour mes étudiants une
moyenne générale dans la norme, entre 10 et 11 sur 20.
Il n’y a pas à dire : c’est vraiment la rentrée...
Dimanche, le 23 novembre 2003
Décalage hor’art
Samedi, 18 heures, gros coup de pompe alors que je suis en train
de travailler sur un nouvel article de recherche.
Allez, une petite sieste, rien qu’une heure, histoire d’avoir
de l’inspiration.
Réveil embrumé. Il est plus de 23 heures.
À la radio, des animateurs jouent aux DJ’s et invitent
les auditeurs à venir les rejoindre dans une boîte du coin.
J’ai une pêche d’enfer. Boosté par la musique, je transforme mon loft
en atelier. Je démonte une lampe halogène que j’ai bricolée mais qui
manque encore d’une certaine touche esthétique. Avec de la terre, je
m’arrange pour que la lampe ait une jolie structure.
Et comme je suis lancé, je me décide à commencer une nouvelle
sculpture, un monstre angélique inspiré de la
Chaire de la Vérité de la Cathédrale de Liège.
Un peu plus tard, ma créature prend forme. J’entends à la radio
que la soirée à la discothèque s’achève. Déjà 4 heures du matin !
Euh... Si je retournais bosser mon article ?
Dimanche, le 16 février 2003
Avirtuel sur la vie réelle
[Message personnel à la personne qui se connecte assez régulièrement
depuis
Stanford.edu... Allez, Nono,
reviens sur la liste de diffusion de la
Gang !
C’est frustrant de te voir disparaĂ®tre (joli paradoxe) Ă
chaque fois que la discussion devient intéressante. Fin du message perso.]
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "avenir".
Je suis officiellement qualifié aux fonctions
de maître de conférences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir
s’accrocher dans la course aux postes...
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "recherche".
J’ai reçu les retours du comité de rédaction d’une revue scientifique
internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire.
Youpi ! Mon papier est accepté. Rien de méchant à corriger sur le
plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un
native English
pour régler les problèmes de langue.
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "enseignement".
Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai
en charge les travaux dirigés, j’ai indiqué à mes étudiants
de maîtrise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet,
ces derniers (qui sont très occupés par leur stage) en ont
déjà réalisé un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une
partie de ma salle de TD et je me suis retourné vers l’autre. Un peu trop
vite. Du coup, j’ai vu une étudiante (fort charmante, ma foi)
qui faisait mine de m’embrasser
(« M’sieur, on vous adore ! »).
Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en
faut peu pour être aimé... (euh, youpi ?)
Nouvelles littéraires. Le numéro 29 de
Bifrost
est enfin arrivé dans ma boîte aux lettres. Avec les excuses
d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnée qui
n’est autre que la pub pour
la Cité du Soleil (et autres récits
héliotropes) du frangin
Ugo.
Déjà presque terminé de lire la revue. Parmi les fictions,
une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu
très personnel des Utopiales de Nantes par Francis Valéry,
alternant avec des passages de son roman Ă venir, le
Talent
ressuscité, la suite du
Talent
assassiné. D’ailleurs Francis doit arriver à Lyon ce soir.
La semaine prochaine, il est prévu de passer quelques soirées sympas
en sa compagnie.
Nouvelles de ma vie d’être humain. Catégorie "douleur". Je ne sais comment,
je me suis fait mal à l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est
qu’un bobo ridicule, qui a à peine saigné, qui a presque cicatrisé
maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gênant !
Je me sens vraiment handicapé de la main gauche. Je viens
enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait Ă
introduire des aiguilles brûlantes à cet endroit. Brrrr...
Nouvelles de ma vie de célibataire. Catégorie "Saint Valentin".
Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous
avions prévu de terminer la soirée dans un bar après notre
habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte
d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout était prévu,
nous avions l’intention de nous affubler de signes
distinctifs tels que des "cœurs Ă prendre" avec
des planches anatomiques de l’organe en question ou des
gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche.
Pas de très bon goût, certes, mais il faut bien ça pour
lutter face à la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien
de tel n’a été fait... PYM est retombé dans une phase
down, il n’est pas venu à la rando roller, j’ai
essayé de l’appeler mais le message sur son répondeur
donne une bonne idée de son humeur noire...
PYM, arrête de te regarder le nombril, c’est pas parce
que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire à tout
le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup
tous les deux mois).
Nouvelles cinématographiques. Catégorie "horreur". J’ai vu
Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au début, j’ai eu
peur... mais peur que le film soit un navet car il commence
comme un de ces films pour adolescents au scénario sans
surprise. Mais passées les dix premières minutes où une
jeune fille raconte à sa meilleure amie une légende urbaine
sur laquelle repose l’histoire, le film démarre comme une
enquĂŞte journalistique avec un oppressant fond fantastique.
Pas du grand cinéma, certes, mais le film remplit son rôle :
j’étais calé au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
Nouvelles citoyennes. Catégorie "je milite". Samedi,
14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre
en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans
(contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participées).
Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme.
J’ai retenu ce message, bien trouvé, écrit sur une pancarte :
« Bush, si tu veux du
pĂ©trole, viens le chercher sur nos plages ».
Samedi, le 4 janvier 2003
Aviateurs de l’Aéropostale et cavaliers du Pony Express
Hier matin, je suis allé poster des dossiers sur
lesquels va se jouer mon avenir d’enseignant-chercheur.
J’avais beau être plutôt confiant, les quelques jours de
"vacances" passés dans ma famille avaient été mis à profit
dans la réalisation de ces fameux dossiers de "qualification
aux fonctions de maître de conférences", je sentais quand même
de dĂ©sagrĂ©ables nœuds dans
mon estomac... Pourtant, j’avais à peine franchi la porte
de la Poste que je me suis senti plus léger.
Période de fêtes et début de mois obligent, les personnes
qui attendaient leur tour au guichet Ă©taient tout sourire,
ce qui est suffisamment rare pour être signalé :
colis cadeaux à envoyer, paquets ou mandats à récupérer,
et, pour le collectionneur, nouveaux timbres à découvrir...
La Poste est une institution pour laquelle j’ai le plus
grand respect. En effet, comment faire parvenir autrement des
messages ou des biens à des personnes éloignées sans être obligé de
se déplacer soi-même ?
J’ai moi-même été membre de cette institution au cours d’un été
pour me faire un peu d’argent de poche. Chapeauté de ma casquette
de facteur, je parcourais les rues de la petite ville voisine avec
mon vélo, me sentant l’héritier des braves cavaliers du Pony Express ou des
audacieux aviateurs de l’Aéropostale, pour distribuer le
courrier, un sourire aux lèvres lorsque je voyais la lettre d’une
jeune amoureuse, identifiable aux petits cœurs dessinĂ©s sur
l’enveloppe.
Aujourd’hui cependant, grâce à Internet, il nous est possible de
nous passer de bon nombre des services de la Poste, pour le plus
grand malheur de cette institution et des amoureux de la correspondance
papier. Mais la messagerie Ă©lectronique, quasiment gratuite et
immédiate, est devenue une nécessité de notre temps : sans elle,
je me demande bien comment j’aurais pu contacter aussi facilement
mon meilleur ami en Afrique, un collègue japonais ou une blogueuse
canadienne que mes correspondants de l’Hexagone...
Mardi, le 17 décembre 2002
Avinnersaire (yoijeux)
« C’est un bon jour pour mourir... »,
dit le vieil Indien dans
Little Big Man.
Moi je dis que 30
ans, c’est un bon jour pour vivre.
Le jour de ses trente ans, mon
ami
Ugo,
de deux semaines mon aîné, a passé son audition de maître de
conférences et a obtenu son poste.
Le jour de mes trente ans, Ă
savoir hier, j’ai soutenu ma thèse.
Dimanche 15
décembre.
Je me rĂ©veille assez tard. J’étais la veille Ă
l’anniversaire d’un ancien amour.
Je répète mentalement ce que je
dois dire lors de ma soutenance de thèse en prenant mon petit
déjeuner, en me rasant, en prenant ma douche...
Fin de la
matinée.
Passage Ă©clair au Virgin
situé à moins de 100 mètres de mon appartement.
Manque de bol, il
est fermé et n’ouvre qu’à midi.
Je prends mon courage Ă deux
mains et vais jusqu’à la FNAC (à au moins 300 mètres de là ),
je trouve ce que je recherche (comme quoi, les chercheurs trouvent
quand mĂŞme aussi parfois !) : le recueil de nouvelles de
Jean-Jacques
Girardot (pas pour moi mais pour offrir, en espérant qu’un ami
charitable pensera Ă me faire cadeau de
DĂ©dales
virtuels car j’ai tant envie de lire ce bouquin !)
Je
passe le reste de la journée à répéter la présentation de ma
soutenance...
Lundi 16 décembre, jour
« J »
J’ai décidé de rester chez moi toute la
matinée.
Nouvelle répétition mentale de la soutenance de
thèse.
Qui est le premier Ă me souhaiter mon
anniversaire ?
Le robot de
NotreFamille.com !
Ouais,
je ne travaille pas dans le domaine de l’intelligence artificielle
pour rien...
D’autres messages électroniques de soutien arrivent
sur ma boîte.
Un premier coup de fil pour me souhaiter mon
anniversaire et me dire m..... : je mets un instant à réaliser
qu’il s’agit de Nathalie, une amie de Lorraine.
Un second :
il s’agit de ma bonne maman qui m’appelle du train.
DĂ©jeuner
léger.
Avec le stress, mon ventre fait des nœuds...
Je me
fringue. Non, pas encore la cravate.
Treize heures.
Je
sors de chez moi. De la pub et une enveloppe récupérées dans ma
boîte aux lettres. Je lirai la lettre plus tard.
Je prends le
métro et le tramway, je ne vois personne : sur le chemin je
répète encore ma soutenance.
Quatorze heures moins le
quart.
J’arrive au labo.
Mais où est passé mon directeur de
thèse ? C’est lui qui devait me prêter son ordinateur
portable...
Je cours dans tous les sens.
Bon, pas de panique,
je peux emprunter celui du secrétariat du laboratoire.
Les
bouteilles sont déjà au frais ? Parfait !
Mes parents
arrivent. Pendant que je copie mon fichier, maman et papa s’occupent
du pot (bouteilles, verres, gâteaux...).
Quinze
heures.
Avec un collègue, je vais chercher le vidéoprojecteur que
j’ai réservé. Manque de bol, avec le service audiovisuel, nous nous
sommes mal compris :
le vidéo ne passe que de
la
vidéo (appréciez la nuance) et non de
"l’informatique".
Grrrmbl...
Une solution, peut-ĂŞtre : un
autre vidéoprojecteur doit être rapporté.
J’attends le retour du
matériel. Les minutes s’écoulent, tout comme des gouttes de sueur
froides dans mon dos.
Et voici la bĂŞte !
Beau, beau, il
est beau le vidéo !
J’arrive sur le lieu que j’ai réservé
pour la soutenance. La salle est fermĂ©e. Je fais le tour, frappe Ă
la porte d’un secrétariat, c’est ouvert, de gentilles dames vont
ouvrir la salle de conférences où je vais officier.
Bricolage
pour installer le vidéoprojecteur, les rallonges ne fonctionnent pas
(un problème de triphasage), je vais en chercher d’autres, ça y
est.
Bon, l’image ne s’affiche pas à l’écran. Nous cherchons la
combinaison de touches adéquates. Mmmm... Ce n’est pas ça le
problème. Peut-être faut-il changer le port du
vidéoprojecteur ? Oui, c’est ça.
RĂ©glages ultimes, des
bouteilles d’eau sont mises à la disposition des membres du jury,
ainsi que des exemplaires de ma thèse.
Des personnes arrivent
dans la salle : mes parents, mon ami
Ugo (venu tout exprès d’Aix
pour m’écouter), mon ex-copine, des collègues, des amis, et mon
directeur avec quelques membres du jury.
Bonjour, bonjour, c’est
gentil d’être venu.
Des personnes proches me souhaitent aussi mon
anniversaire.
Les derniers membres du jury arrivent, il est un
peu plus de 16 heures, le président du jury me laisse la
parole.
Go!Je me fais peur : le démarrage est
un peu chaotique, ma langue s’accroche sur quelques mots. Mais je me
rattrape. J’ai un débit de paroles plus rapide qu’à l’ordinaire, ma
présentation coule, les transparents défilent, je présente mes
travaux et l’auditoire est attentif. Un coup d’œil sur la montre, il
faut que je me dépêche, j’augmente encore un peu le débit mais tout
va bien, j’arrive à ma dernière diapositive, la numéro trente-trois
(clin d’œil à la parole classique du docteur : « Dites
33 ! ») et je termine ma présentation entre 40 et
45 minutes, c’est-à -dire le temps qui m’était
accordé.
Parfait.
Questions du jury.
Les rapporteurs et
examinateurs me félicitent pour la qualité de mon travail
(« Merci ! ») et me posent certaines
questions.
Mes réponses semblent les satisfaire.
Mes directeur
et co-directeur louent mes qualités scientifiques et humaines, ma
maman verse une larme.
La dernière question du président du jury,
je suis heureux de voir que les personnes se sont
vraiment
intéressées à mon travail.
Délibération.
Papa prend
quelques photos sur son appareil numérique.
Je débranche le
matériel.
Le jury arrive, le président prend la parole, ça y
est, je suis docteur, les félicitations ne sont plus données (pour
éviter les différences de politiques entre les établissements
nationaux), sinon je les aurais eues (c’est ce que dit mon président
de jury).
Joie.
Pot de thèse.
Tout est beau, tout est
bien. Les amis avec qui je fais du roller arrivent. Il y a moins de
Gangsters
que prévu mais je suis heureux, les bouteilles et les plats se
vident, je parle avec les uns et les autres, la tension accumulée
ces derniers jours se relâche petit à petit.
Les gens s’en vont
progressivement.
Gizmo de la
Gang vient chercher
Ugo. Il
emportera aussi quelques restes.
Vingt heures.
J’abandonne
collègues, famille et amis pour retrouver les membres du jury dans
un bon restaurant situé sur la Croix-Rousse.
J’imaginais ne plus
avoir faim mais la soupe de bulots tiède aux crevettes, le cabillaud
et sa salade d’algues ainsi que le gâteau à la nougatine m’ouvrent
de nouvelles perspectives sur les capacités de mon
estomac.
Comblé.
Minuit et quelques.
J’arrive chez
moi.
Mes parents sont déjà couchés.
Un message en anglais sur
mon répondeur. Marina, une amie grecque, me souhaite mon
anniversaire...
Mardi 17 décembre.
RĂ©veil
matinal.
J’essaie sans succès de copier les photos prises par
l’appareil numérique de mon père sur mon vieil ordinateur portable.
Foutu port USB !
Métro, nous arrivons à la gare de la Part-Dieu. J’en
profite pour acheter un billet.
Ça y est, ils sont partis et
fiers de leur fiston.
Je vais chez
André et
Olivier récupérer
Ugo.
André
est déjà parti travailler, je fais la connaissance de
Guillaume.
Ugo et moi
nous rendons tranquillement au centre commercial de la Part-Dieu
pour papoter, faire un coucou Ă
André, prendre un petit
déjeuner chez Paul, essayer de trouver des idées de cadeau pour
Noël, faire un tour devant la bibliothèque municipale...
Puis
l’heure à laquelle
Ugo doit prendre son train
arrive, il retourne dans son sud natal, je retourne dans mon
labo...
Au boulot
Vendredi, le 13 décembre 2002
Aviné
Ce matin, soutenance de l’habilitation à diriger les recherches de mon
co-directeur de thèse.
J’avais l’impression de stresser davantage
que ma "moitié d’encadrant"...
Présentation excellente, réponses
aux questions du jury très perspicaces, critiques
Ă©logieuses.
RĂ©ussite sur toute la ligne, et en particulier aussi
pour le pot de thèse : grand luxe. J’ai même pris un verre de
champ’ alors que je devais bosser. En fait, grand bien m’en a
pris : ça m’a remonté le moral.
J’ai récupéré les
exemplaires de ma thèse. Relié collé (et non boudiné) et en
recto-verso, mon manuscrit en jette un max !
J’ai pu
réserver le vidéoprojecteur, j’ai acheté les boissons et quelques
bricoles pour mon pot de soutenance. J’ai même acheté une nouvelle
cravate. Bon, c’est vrai, j’en ai quelques unes (que je ne mets que
3 ou 4 fois l’an) mais je n’ai plus retrouvé ma cravate fétiche,
offerte par une ex. (D’ailleurs, je ne comprends pas comment j’ai pu
perdre cette cravate, tous les cadeaux faits par ceux qui vous
aiment sont précieux.)
Et bien sûr, je viens de terminer ma
présentation.
J’ai mis du temps, mais ça en vaut vraiment le
coup. Sacrifier ma randonnée en roller du vendredi soir n’a pas été
inutile...
Jeudi, le 12 décembre 2002
Ă€ vif (les nerfs)
Je soutiens ma thèse dans quatre jours. Enfin,
moins de 100 heures, si on veut être plus précis.
Et ça devient
vraiment très dur.
Au niveau du pot de thèse, c’est à peu
près réglé : merci les parents pour les spécialités régionales
(les bouteilles et les verres pour papa, les spécialités culinaires
pour maman), la commande est passée auprès du traiteur, je dois
encore acheter des trucs complémentaires, en particulier des
boissons, ce que je ferai samedi (je me réjouis déjà , vu que les
grands magasins seront déserts un samedi avant Noël, n’est-ce
pas ?)
Pour le restaurant du soir avec les membres du jury,
c’est aussi OK, j’ai réservé un endroit sympa sur la
Croix-Rousse...
Au niveau de la soutenance, pour la présentation,
il y a encore des bricoles Ă modifier sur mes diapos. (Au boulot,
Fab !)
J’ai vu le service repro pour disposer de quelques
nouveaux exemplaires de ma thèse (celui avec le résumé et les
remerciements en bonus track).
La salle de soutenance est
réservée, OK, OK...
La salle prévue pour le pot sera occupée par
un cours juste avant mais j’ai quand même un peu de marge de
manœuvre... Chaud !
Les vidéoprojecteurs... Il y a celui du
labo mais je devrais aussi en réserver un autre demain au service
audiovisuel (on ne sait jamais)...
Les ordinateurs portables...
Je prendrai le mien, mais il y aura sans doute aussi ceux de mes
collègues au cas où...
Le transport et l’hébergement du
jury : lĂ aussi, tout baigne, ou presque (un de mes rapporteurs
sera à une soutenance juste avant la mienne à l’autre bout de la
ville). Va falloir inventer la téléportation vite
fait...
J’ai fait mon maximum, j’ai encore des p’tits trucs Ă
régler. Mais bon, je gère, je gère... Enfin, j’espère.
Et puis,
bon, faut pas stresser. Songer aussi Ă dormir tĂ´t, je commence Ă
avoir mal à la tête avec tout ça, c’est mauvais signe...
Oui,
je me demande comment ça se passera, le jour où je me marierai(s).
Ah, j’oubliais : pour se marier, faut être deux, et on
partagera les tâches à ce moment-là ...
Mais bon, voyons la
vie en rose. Ou en bleu. Et écoutons, pour nous détendre, l’émission
la Planète
bleue qui passe le dimanche soir sur
Couleur 3, une radio suisse
qu’elle est achtement bien.
Pour ceux qui ont une connexion qui
booste (et qui ne paient pas le téléphone), il est possible
d’écouter l’émission
la Planète bleue sur le
Net.
Une heure de plongée dans la musique de demain : c’est
étrange, c’est beau, c’est bon, ça calme...
Vous croyez que
j’en ai besoin ?
Mardi, le 3 décembre 2002
A vision of the future
Samedi soir, je suis allé à la nuit de la
science-fiction d’Oullins (dans le sud de Lyon). Très
intéressant.
Tout d’abord, un documentaire intitulé
Robot
Sapiens avec des interviews de chercheurs d’équipes toulousaine
et
parisienne
ainsi que d’un
GĂ©rard Klein en
pleine forme (non, pas l’instit’, Klein, c’est l’auteur de S.-F. et
directeur de la collection
Ailleurs et Demain, chez Robert
Laffont).
Surprise, GĂ©rard Klein profère des propos virulents Ă
l’encontre de l’intelligence artificielle, la considérant,
grosso
modo, comme une escroquerie intellectuelle.
Après le
documentaire, Klein, présent dans la salle, confirme ses propos,
proposant de se référer à sa
préface d’Excession de Iain M. Banks et se lance dans
le jeu des questions-réponses...
Une intervention venue du milieu
de la salle. Un jeune homme prend le micro et se présente en tant
que chercheur en intelligence artificielle (Klein avec un
sourire : « Ah, il fallait bien que ça
arrive ! ») et comme amateur de science-fiction
(Klein : « Merci ! ») et auteur à ses rares
moments de temps libre. Le chercheur tient à préciser que ce dont
GĂ©rard Klein parle, et dont le documentaire a fait Ă©tat, Ă©tait de
robotique et de vie artificielle et non réellement d’intelligence
artificielle. Il indique aussi que des travaux en intelligence
artificielle ont produit des réalisations concrètes... En réponse,
Klein poursuit sur ses critiques de l’intelligence artificielle
"forte", parlant des positions défendues par des chercheurs
hyper-médiatisés tels que Hugo de Garis (auteur d’une interview
parue dans le
Monde, le 9 novembre 1999).
Le
chercheur en IA répond à Klein que de Garis n’est pas un chercheur
considéré par ses pairs mais qu’il s’agit de quelqu’un de
complètement allumé...
Finalement, Klein et le chercheur tombent
plus ou moins d’accord sur les limites de l’intelligence
artificielle dans sa version forte et conçoient que le terme
"intelligence artificielle" est sans doute assez
malheureux.
Ah oui, j’ai oublié de préciser, le chercheur en
IA, c’était moi...
Vendredi, le 29 novembre 2002
Avibus secundis
L’Université vient de me faire parvenir les
retours de mes rapporteurs accompagnés de l’autorisation officielle
de soutenance de thèse. Les rapports de ces deux grands chercheurs
qui ne me connaissaient pas auparavant (ce n’est pas un jury de
complaisance) sont très positifs et indiquent qu’ils ont lu avec
attention ma thèse, mettant fort justement en valeur les qualités de
mon travail et faisant un ensemble de remarques pertinentes. Ainsi
avais-je bien raison d’annoncer que j’allais être docteur dans mon
premier post sur ce weblog : connaissant le professionnalisme
et l’exigence de mon chef, celui-ci ne m’aurait pas laissé soutenir
ma thèse s’il n’avait pas été satisfait de mon travail de recherche
et de la rédaction de mon manuscrit.
Joie !
La soutenance
de ma thèse se présente ainsi sous d’heureux
auspices...
Cependant, mĂŞme si je n’ai mĂŞme pas de corrections Ă
apporter à mon document, le week-end prochain s’annonce pourtant
chargé : j’ai un article pour une revue à boucler (avant lundi)
tout en espérant pouvoir aller à la manifestation
Rifl Art fiction de Villeurbanne
(samedi), Ă la
nuit
de la science-fiction d’Oullins (dans la nuit de samedi Ă
dimanche) et voir (dimanche) mes amis de la
Gang...
Bon, je me reposerai (sur
mes lauriers) quand je serai mort.
Lundi, le 18 novembre 2002
Avis d’arrivée sur la planète WebLog
Si tout va bien, dans moins d’un mois, je serais docteur...
Allez, positivons, point de conditionnel : je serai docteur !
Les questions qui se posent sont autres : Aurais-je réalisé une bonne thèse ? Serais-je qualifié au poste de maître de conférences ? Y aura-t-il un poste dans mon domaine ? Devrais-je quitter cette bonne ville de Lyon ?
Trois ans de thèse, de week-ends passés au laboratoire pour terminer des articles dans les temps, de moments où je n’ai pas assez pris le temps d’écrire et d’aimer, mais trois ans quand même formidables...
Archives
Chronologie :
Parce que rien ne vaut le fait d’avoir de bons copains et de partager avec eux des joies simples.
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Au sujet de nos amies les bĂŞtes.
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Article critique. Point de vue personnel sur une œuvre. Coup de cœur ou coup de gueule.
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Curiosités linguistiques
À propos de la langue française ou d’autres langues, dialectes et parlers rĂ©gionaux. RĂ©flexions sur les usages linguistiques de la communautĂ© francophone. Aspects insolites de la langue. Jeux de mots.
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Dessin / Arts graphiques et numériques
Dessins réalisés de manière traditionelle (crayon, stylo, feutre,
fusain, pastel, pierre noire ou sanguine, craie, plume, encre de Chine, etc.) ou traités par ordinateur à travers des logiciels d’infographie.
Curiosités calligraphiques. Ambigrammes (figures graphiques de mots devenant d’autres mots à partir d’une symétrie ou rotation). Anamorphoses. Peintures. Arts en deux dimensions.
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Événements / Grands rendez-vous
Comptes rendus ou programmes de grandes rencontres : conventions, festivals, conférences et soirées thématiques.
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Parce qu’on est le fils, le frère, le cousin ou le neveu de quelqu’un.
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De tout ce qui a trait Ă ce genre artistique oĂą intervient le surnaturel.
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Films / Télévision / Vidéo
À propos des productions artistiques essentiellement visuelles : films (court, moyen ou long mĂ©trage), animations, dessins animĂ©s, mangas, sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, vidĂ©o-clips, etc.
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Histoires / LĂ©gendes
Au sujet de l’Histoire et des histoires. Faits avérés ou non. Mythes.
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Humour / Insolite / BĂŞtises
Impressions insolites. Histoires drĂ´les ou surprenantes. Blagues.
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Internet / NTIC / Informatique
De tout ce qui a trait aux « nouvelles technologies de l’information et de la communication ». Informatique (aspects matĂ©riels et logiciels). Internet, aspects du Web, HTML. MultimĂ©dia.
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Livres, revues, recueils de nouvelles et anthologies.
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Musiques / Radio / Audio
À propos des productions artistiques essentiellement auditives : musiques, chansons, concerts, opĂ©ras, Ă©missions de radio, etc.
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RĂ©flexions sur le devenir de la Terre ou, plus modestement, de ma petite personne...
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Questionnaires et sondages, le plus souvent ludiques.
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Recettes / Gastronomie
De tout ce qui a trait à l’art culinaire. Recettes de cuisine. Bonnes tables. Grandes bouffes.
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Impressions et réflexions sur notre société.
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De tout ce qui a trait au genre artistique qui incorpore dans son imaginaire des réflexions scientifiques (plus ou moins poussées). Par excès, si on considère que les mythes et la magie peuvent tenir lieu de science, peut englober le genre
fantasy.
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Sculptures / Arts plastiques
Taille de pierres ou modelage, mais aussi peinture, architecture, etc. Expositions. Vernissages. Musées.
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Productions littéraires personnelles, de la
short short story Ă la nouvelle.
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Impressions à la première personne.
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Travaux d’écriture
Au sujet de l’art d’écrire, que ce soit sous forme romanesque, documentaire ou émotionnelle. Travaux personnels d’écriture en cours. Réflexions d’amis auteurs.
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Au sujet de mon travail d’enseignant-chercheur.
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