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Mercredi, le 31 janvier 2024
Gyros et salade grecque
Je suis de ceux qui ont grandi avec la série télévisée d’animation franco-japonaise Ulysse 31. Un dessin animé mélangeant mythologie grecque avec de la science-fiction, quelle idée géniale ! Arrivé au collège, je connaissais par cœur le Panthéon grec et un de mes rêves était d’aller un jour à Athènes voir « en vrai » l’un des berceaux de notre civilisation, fasciné par l’héritage que les Grecs antiques nous avaient laissé dans la langue, la philosophie, la politique, la sculpture, le théâtre, l’architecture...
En 2002, inspiré par mes amis de la Gang de Lyon que je retrouvais chaque semaine à un kébab du quartier du Tonkin, je débutais ce blog, j’écrivais ma première nouvelle de fiction qui allait être publiée dans un support professionnel et je terminais mes études en soutenant une thèse de doctorat. Mon travail de recherche n’avait pas grand chose à voir avec mon amour pour l’Antiquité, mais j’avais quand même réussi à glisser dans ma conclusion la citation « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » en lettres grecques qui, selon la légende, ornait le fronton de l’Académie de Platon.
En 2002 sortait aussi l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, réalisateur que je ne connaissais pas bien. J’avais loupé le Péril jeune, qui évoquait les années de lycée à une période où je portais encore des couches, au début des années 1970. Mais dans l’Auberge espagnole, j’avais retrouvé un peu de moi : des études effectuées à l’étranger apportant leur lot de rencontres qui allaient marquer toute la vie, une dernière année à l’université avant d’entrer dans le monde professionnel, et j’avais en plus à peu près le même âge que Romain Duris qui incarnait le personnage principal.
En 2005, l’Auberge espagnole connut une suite : les Poupées russes. Dans ce deuxième volet, Cédric Klapisch s’attachait à dépeindre les problèmes professionnels et personnels de ses personnages. Cette année-là, je mélangeais encore mes deux identités, celle de l’enseignant-chercheur (qui ne m’apportait pas beaucoup de satisfaction, vivant une sorte de creux dans mon activité de recherche) et celle de l’auteur, critique et plasticien, avec un article sur le genre steampunk présenté sous mon pseudonyme au colloque La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction de Nice, une exposition de mes sculptures, un projet de nouvelle et la réécriture de mon roman. Au niveau sentimental, je vivais une histoire que je croyais être plus sérieuse que celles vécues jusque-là, mais qui s’achèvera brutalement dans les premiers jours de 2006.
La trilogie de Klapisch s’est poursuivie avec, en 2013, la sortie de Casse-Tête chinois. Les personnages avaient désormais la quarantaine, avec des enfants ou des désirs d’enfants, et la vie devenait ce fameux casse-tête avec les compromis à trouver entre la vie amoureuse, la vie professionnelle et la vie familiale avec l’arrivée des responsabilités parentales. À cette époque, j’étais devenu un jeune papa, mon activité professionnelle de chercheur connaissait un nouveau souffle mais mon activité d’auteur ou de sculpteur s’éteignait peu à peu...
À la mi-avril 2023, c’est sous forme de série télévisée que nous pouvons suivre la suite de cette trilogie. Cette fois-ci, Klapisch suit les aventures à Athènes des enfants des personnages qu’il nous avait fait découvrir dans ses trois films. Mes enfants sont encore trop jeunes pour partir étudier à l’étranger, ils ont l’âge que j’avais quand je regardais Ulysse 31, mais la grande, collégienne, a malgré tout déjà des projets en ce sens... Cette série résonne encore fort en moi : un peu de nostalgie, et le regard porté sur l’avenir qui retourne au passé, en se disant que l’on a sans doute davantage vécu d’années qu’il n’en reste encore à vivre. Et puis, ma première grande conférence en présentiel post-confinement avait eu lieu justement à Athènes, en juin 2022, non loin de l’Acropole. Une musique revient sans cesse dans ma tête, la chanson « O Pio Kalos Tragoudistis » :
Γεια σου, γεια σου
ποιος σου έκλεψε ας ξέραμε τη χαρά σου...

Klapisch a appelĂ© sa sĂ©rie Salade grecque. Je lui aurai plutĂ´t donnĂ© comme titre Gyros, le fameux « sandwich grec », l’équivalent du chawarma arabe ou du döner kebab turc, et qui dĂ©signe la rotation de la broche de viande qui se fait rĂ´tir. Dans l’Auberge espagnole, des Ă©tudiants vivaient un bouillonnement d’expĂ©riences, et dans Salade grecque, les expĂ©riences sont vĂ©cues par leurs enfants... La boucle est bouclĂ©e, c’est-Ă -dire un cercle, qui se dit en grec : γύρος, gyros.


Mercredi, le 9 mai 2018
Intelligence artificielle et salade russe
Hier soir, sur le site de l’Université Lyon 3, a eu lieu le débat de clôture de Pop’Sciences Forum : « Intelligence artificielle, demain commence aujourd’hui ». Après une présentation d’Olivier Nerot sur les difficultés à tracer des frontières entre le vivant et le non-vivant, ce dernier a été rejoint par Jean-Claude Dunyach et Sylvie Allouche pour une table ronde. Après un démarrage troublé par le robot dinosaure de la fille de Nerot, les différents intervenants ont présenté leurs visions du futur de l’IA. Le débat a assez vite dérapé pour passer trop rapidement sur les points intéressants du sujet (qui sont revenus brièvement dans les remarques et les questions de la salle, à la toute fin) pour aborder des sujets assez éloignés tels que le transhumanisme, la notion de singularité ou la vallée dérangeante...
À titre personnel, c’est plutôt le transhumanisme qui me dérange. Je préfère de loin la vision de Joël de Rosnay sur l’hyperhumanisme.
C’est du moins ce que je vise dans mes propres travaux de recherche dans le domaine de l’IA où la finalité est de favoriser la diversité (en particulier au niveau culturel), de croiser les regards (entre les différentes disciplines scientifiques), de s’ouvrir aux autres… bref, d’être plus humain.
Mais bon, cette soirée aura quand même été l’occasion de revoir quelques membres lyonnais de la Gang : Sylvie Lainé et Nicolas Le Breton. Il faut dire que le groupe a un peu explosé avec les départs des uns et des autres aux différents coins de la France (en région parisienne, au sud, au nord, dans l’ouest), voire dans le reste de la francophonie (Suisse, Canada).
Tiens, petit message personnel à celui qui fut le Capitaine de la Gang, le désormais bordelais André-François Ruaud qui travaille dans la traduction de l’anglo-russe des mémoires d’un certain détective : hier après-midi, je n’ai pas pu me rendre chez moi et j’ai dû faire un gros détour parce que le Prince Charles et la duchesse Camilla sont allés faire des dégustations à quelques pas de chez moi, aux Halles Bocuse. Quel rapport avec l’intelligence artificielle ? A priori aucun si ce n’est qu’au cours de son histoire, l’IA a connu de nombreux « hivers ». Un exemple frappant présenté comme un échec de l’IA concernait les problèmes de la traduction automatique (il faut remonter au temps de la guerre froide et à l’époque où la DARPA finançait largement les laboratoires de recherche en IA aux États-Unis). Une phrase en anglais telle que « l’esprit est fort, mais la chair est faible » passée de l’anglais au russe, puis du russe à l’anglais revenait sous la forme de « la vodka est forte, mais la viande est avariée ! »


Mercredi, le 13 septembre 2017
Alien : Covenant, c’est toute ma vie
La semaine dernière, ma vie ressemblait beaucoup trop à Alien : Covenant.
Tout avait commencé par des collègues croisés dans les bureaux. La période des vacances estivales ressemble vraiment à une sorte de grand sommeil dans les habitudes professionnelles, avec au réveil quelques personnes qui ne font plus partie de l’équipe (néanmoins celles-ci connaissent un sort plus enviable que celui du commandant de bord du film de Ridley Scott). Grosse responsabilité sur nos épaules : même si nous ne transportons pas des milliers de passagers en hibernation, nous avons à notre charge des centaines d’étudiants que nous poussons à acquérir un savoir scientifique et technique au cours de cette année universitaire afin qu’ils puissent valider un diplôme, à défaut de s’établir sur une nouvelle planète à terraformer et à coloniser.
Sur le campus, des herbes folles ont envahi les abords des bâtiments, les jardiniers ne se sont pas encore occupés de l’entretien. Cela fait penser au champ de blé laissé à l’abandon sur la planète découverte par le Covenant.
Et soudain, en passant à côté de ces hautes herbes, je me suis fait infecter, à la manière des nano-machines à l’allure de spores du dernier opus en date de la saga Alien.
Essayez d’imaginer un instant qu’un corps étranger entre dans votre oreille et cherche à creuser un chemin jusqu’à votre cerveau... Vous aurez ainsi une petite idée de mon état de panique en rebroussant chemin, affolé, interpelant des collègues afin de trouver de l’aide. Bien entendu, rien n’était visible dans mon oreille, mais le bourdonnement dû à des battements d’ailes contre mon tympan avait de quoi expliquer ma crise. Incompréhension, appel sans succès auprès des pompiers et médecins urgentistes, attente insoutenable... J’ai décidé de régler le problème tout seul, un peu à la manière décrite dans « la Bête à Maît’ Belhomme » (comme quoi, les lectures de l’enseignement secondaire peuvent avoir une utilité inattendue), c’est-à-dire en vidant une bouteille d’eau dans mon oreille. Néanmoins, j’ai eu moins de chance que pour le paysan normand dépeint par Maupassant : la bête semblait toujours vivante et pas décidée à quitter mon oreille. En vitesse, je me suis rendu sur un autre bout du campus afin d’informer les collègues — qui m’attendaient pour un jury — de mon infortune et de mon retard, et j’ai réussi à trouver une infirmière à qui expliquer mon problème. Je me suis donc retrouvé allongé sur un lit d’auscultation, la tête sur le côté, l’oreille remplie de sérum physiologique. Cela a eu pour effet de faire cesser les battements d’ailes, mais pas moyen de sortir l’insecte noyé de mon conduit auditif.
La chemise trempée, j’ai retrouvé mes collègues et j’ai chamboulé l’ordre de passage des soutenances afin de quitter rapidement le campus pour rentrer chez moi et trouver un médecin.
Ce n’est que le lendemain matin que j’ai pu voir mon médecin traitant qui m’a confirmé voir un cadavre d’insecte volant collé à mon tympan. Son extraction avec une pince s’étant avérée à la fois inefficace et très douloureuse, mon médecin a réussi à m’obtenir un rendez-vous avec un spécialiste pour la fin d’après-midi. Les heures se sont écoulées lentement durant toute la journée avec cette gêne jusqu’au moment où j’ai pu voir l’ORL. Un petit coup d’aspirateur dans l’oreille, et hop, en un rien de temps, mon problème était réglé. J’étais soulagé de voir qu’il ne s’agissait que d’une banale mouche, et non d’un des multiples avatars du célèbre xénomorphe.
C’est ici que s’arrêtent les points de comparaison entre ma vie et le film Alien : Covenant.
Ou presque.
Oui, tout comme Peter Weyland, j’effectue des travaux de recherche qui ont des applications dans le domaine de l’intelligence artificielle...


Lundi, le 19 novembre 2012
L’IA, les robots et moi (créateurs, créatures, et cætera)
Il y a 10 ans, je venais de crĂ©er ce blogue. À cette Ă©poque, je m’apprĂŞtais Ă  soutenir une thèse dans un domaine dĂ©rivĂ© de l’intelligence artificielle et je me posais des questions sur mon avenir. Dix ans plus tard, je suis toujours autant intĂ©ressĂ© par l’intelligence artificielle et mon mĂ©tier d’enseignant et chercheur me permet de faire de jolies rencontres, comme revoir le mois dernier lors d’une confĂ©rence quelqu’un qui avait Ă©tĂ© l’auteur d’un essai fondamental sur l’IA que j’avais lu avec passion dans mes premières annĂ©es d’études universitaires, puis, bien des annĂ©es plus tard, avait Ă©tĂ© un de mes professeurs du temps oĂą j’étais encore un Ă©tudiant parisien, et qui est dĂ©sormais un collègue. Il m’avait alors confiĂ© qu’il devait participer en tant qu’invitĂ© aux dernières Utopiales afin d’intervenir sur une table ronde dĂ©diĂ©e au sujet des morales humaines et lois robotiques dans l’œuvre d’Isaac Asimov...
En mars 2012 s’était dĂ©roulĂ© Ă  Lyon le sommet europĂ©en de robotique « InnoRobo ». Mon intĂ©rĂŞt pour l’intelligence artificielle (l’IA) et la robotique ne date pas d’hier : tout jeune adolescent, j’étais dĂ©jĂ  fascinĂ© par les œuvres de science-fiction Ă©voquant des crĂ©atures artificielles, qu’il s’agĂ®t de grosses machines avec de simples boutons lumineux clignotants – comme le « Colossus » du film le Cerveau d’acier de Joseph Sargent sorti en 1970 (et adaptĂ© du roman Colossus de Dennis Feltham Jones) –, de robots vaguement humanoĂŻdes – comme « Robby » de la Planète interdite de Fred McLeod Wilcox en 1956 –, ou que les machines fussent si semblables aux ĂŞtres humains que seuls des tests très poussĂ©s permettaient de les distinguer de nous – comme les « rĂ©plicants » dans Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982 (adaptĂ© des AndroĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques ? de Philip K. Dick).
J’éprouvais dĂ©jĂ  pour les crĂ©atures artificielles une rĂ©elle fascination, un mĂ©lange curieux d’admiration et de crainte, que je dois Ă  la tradition judĂ©o-chrĂ©tienne et Ă  l’hĂ©ritage culturel grĂ©co-romain qui m’ont façonnĂ©. Or c’est peu dire que la Bible n’est pas tendre avec ceux qui se permettent de rĂ©aliser des crĂ©ations qui nous ressemblent, car cet art est rĂ©servĂ© Ă  Dieu seul : « Dieu crĂ©a l’homme Ă  son image, il le crĂ©a Ă  l’image de Dieu, il crĂ©a l’homme et la femme. » (Genèse 1:26). L’Ancien Testament est bourrĂ© d’interdits sur la rĂ©alisation de crĂ©ations nous ressemblant : « Tu ne te feras point d’image taillĂ©e, ni de reprĂ©sentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre » (Exode 20:4, mais on retrouve des propos similaires aussi en LĂ©vitique 26:1, en DeutĂ©ronome 4:25 ou 5:8, etc.). À ce propos, je devrais aussi m’interroger pour mon attrait pour les arts plastiques, et en particulier pour la sculpture et le modelage de l’argile... Dans la mythologie grecque, le destin est tragique pour l’être lĂ©gendaire qui aurait Ă©tĂ© Ă  l’origine de l’humanitĂ©, Ă  savoir le Titan PromĂ©thĂ©e. Après avoir crĂ©Ă© les hommes Ă  partir d’argile et d’eau, il vole le Feu de l’Olympe (symbolisant la connaissance) aux dieux pour en faire don aux hommes, dĂ©clenchant le courroux des dieux qui l’enchaĂ®nèrent Ă  un rocher oĂą un aigle venait chaque jour lui dĂ©vorer le foie.
De fait, les histoires de créatures intelligentes se terminent mal, en général, et les créateurs qui osent braver l’interdit sont remis à leurs places de simples mortels le plus souvent de manière très cruelle.
Les premières crĂ©atures appelĂ©es « robots », qui sont plutĂ´t des androĂŻdes, sont celles que l’on retrouve dans la pièce de théâtre R.U.R. de l’auteur tchèque Karel Capek... Je pense que ce n’est pas trop dĂ©florer l’histoire que de dire que, Ă  la fin de la pièce, les robots se rĂ©voltent et finissent par anĂ©antir l’humanitĂ©.
Les crĂ©atures artificielles qui ressemblent Ă  l’homme, on en retrouve aussi des traces dans la tradition juive avec le Golem, ce « second Adam » d’argile prenant vie par le pouvoir magique du rabbin le Maharal de Prague. En dĂ©truisant le Golem, le rabbin aurait Ă©tĂ© Ă©crasĂ© par la masse de sa crĂ©ature.
Dans Frankenstein ou le PromĂ©thĂ©e moderne, Ă©crit en 1818 par Mary Shelley, la science reprend la place qu’occupait auparavant la magie, et on sent dans ce texte que l’arrivĂ©e de l’électricitĂ© permettait d’imaginer toute forme de pouvoirs, dont celui de donner vie Ă  une crĂ©ature composĂ©e de parties de corps humains dĂ©cĂ©dĂ©s. LĂ  encore, le rĂ©cit se termine par la mort du crĂ©ateur (qui traquait sa crĂ©ature qui ne faisait que semer la dĂ©solation autour d’elle), et l’horreur inspirĂ©e par cette histoire Ă©tait telle qu’une confusion a fini par s’établir entre la crĂ©ature et le crĂ©ateur, « Frankenstein » dĂ©signant pour la plupart des gens le monstre au lieu du scientifique qui Ă©tait parvenu Ă  crĂ©er une telle abomination.
Au moment oĂą l’homme mettait le pied sur la Lune, Stanley Kubrick sortait son film 2001, l’OdyssĂ©e de l’espace (au scĂ©nario inspirĂ© de nouvelles Ă©crites par Arthur C. Clarke). Le vaisseau spatial Ă©tait assistĂ© par une intelligence artificielle appelĂ©e HAL 9000. Les astronautes, comprenant que l’IA Ă©tait en train de dĂ©railler, avaient dĂ©cidĂ© de la dĂ©sactiver... mais celle-ci, ayant pu lire leurs intensions sur les lèvres, avait essayĂ© de les supprimer.
On peut noter que la seule manifestation de HAL, outre sa voix et son contrĂ´le du vaisseau spatial, est son œil rouge, nĂ©cessairement menaçant, comme l’est celui du robot Terminator quand il est dĂ©barrassĂ© de son enveloppe humaine.
Dans la saga des films Terminator, dont le premier volet avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par James Cameron en 1984, le concept est toujours le mĂŞme – des mĂ©chants robots viennent pour dĂ©truire l’humanitĂ© et il ne reste qu’une poignĂ©e d’humains pour lutter contre les machines – mais l’histoire se complique par des voyages dans le temps pour revenir dans le passĂ© afin de changer l’issue de cette bataille. Suivant les Ă©pisodes, le Terminator venait du futur soit pour tuer le leader de la rĂ©volution, soit pour le protĂ©ger.
Dans les annĂ©es 1970 et 1980, mĂŞme si on rencontrait en Occident des robots moins mĂ©chants (comme « R2D2 » et « C6PO » de la saga la Guerre des Ă©toiles), c’était surtout les influences orientales (oĂą le robot est vu plutĂ´t comme un compagnon que comme une crĂ©ature soumise Ă  un maĂ®tre) qui vinrent changer le regard que nous portions sur les crĂ©atures artificielles, comme Astro le petit robot (Astroboy dans sa version originale japonaise) ou « Nono » de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e d’animation franco-nippone Ulysse 31.
On commençait Ă  faire apparaĂ®tre des robots plus gentils Ă  partir du moment oĂą ces derniers devenaient plus « humains », ou en tout cas quand ils perdaient un peu de leur rationalitĂ© initiale au profit de l’émotion. On trouvait ainsi « Johnny 5 », dans Short Circuit de John Badham, sorti en 1986, qui est un exemple intĂ©ressant de recyclage de la crĂ©ature de Frankenstein. C’est Ă  nouveau l’électricitĂ© qui provoque la vie en changeant un robot militaire et en lui donnant des capacitĂ©s Ă©motionnelles que l’on ne retrouve pas chez les artefacts ordinaires. Le robot est considĂ©rĂ© comme Ă©tant un humain parce qu’il est capable d’avoir de la sensibilitĂ© et de l’humour.
Bien plus tard, il y eu aussi « Andrew », le robot domestique de l’Homme bicentenaire de Chris Columbus, sorti en 1999, et adaptĂ© de la nouvelle Ă©ponyme d’Isaac Asimov. Tout au long des deux siècles oĂą se dĂ©roule cette histoire, le robot Ă©volue, il subit des modifications qui le font paraĂ®tre de plus en plus humain, et ce dernier se bat juridiquement pour chercher Ă  ĂŞtre reconnu comme un ĂŞtre humain Ă  part entière par l’humanitĂ©. Il y parvient au moment oĂą il acquiert enfin une caractĂ©ristique essentielle pour tout ĂŞtre vivant, c’est-Ă -dire la possibilitĂ© de mourir...
C’est d’ailleurs intĂ©ressant de voir que, dans les œuvres de fiction traitant de l’intelligence artificielle, les oppositions de base entre la vie et la mort, le crĂ©ateur et sa crĂ©ature, l’amour et la haine, ou le fait de donner la vie ou de tuer semblent perdre leurs frontières pour se mĂŞler, car on a un peu l’impression qu’une crĂ©ature artificielle ne peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme intelligente que si elle est aussi vivante, et que donc elle a aussi la capacitĂ© Ă  mourir. C’est ainsi que Frankenstein finit par se faire tuer par sa crĂ©ature, ou que Tyrell, le crĂ©ateur des rĂ©plicants de Blade Runner, se fait Ă©craser la tĂŞte après un baiser de la mort donnĂ© par une de ses crĂ©atures qui souhaitait l’obliger Ă  modifier son caractère gĂ©nĂ©tique afin de prolonger sa durĂ©e de vie...
Ces jeux curieux entre la vie et la mort, la crĂ©ature et son crĂ©ateur, le fait de donner la vie et de tuer se retrouvent chez ce mĂŞme rĂ©alisateur qu’est Ridley Scott dans d’autres œuvres cinĂ©matographiques. DĂ©jĂ , dans le premier Alien sorti en 1979, on rencontre, en plus d’une intelligence artificielle assez basique chargĂ©e de piloter le vaisseau spatial et appelĂ©e « Maman », un androĂŻde cachĂ© parmi les humains appelĂ© « Ash ». Sans vouloir interprĂ©ter tout de façon freudienne, il est difficile de manquer dans ce film les jeux multiples sur la reproduction et la sexualitĂ©, avec une certaine obsession pour l’orifice buccal : les ĂŞtres humains sont contaminĂ©s par les aliens qui leur pondent un fœtus de crĂ©ature dans la bouche, les aliens sont pourvus d’une tĂŞte phalloĂŻde ainsi que d’une deuxième bouche rĂ©tractile dans leur bouche, l’androĂŻde Ash cherche Ă  Ă©touffer Ripley en lui introduisant un magazine dans la bouche en une parodie de scène de fellation, les androĂŻdes sont des machines dont les circuits sont alimentĂ©s par un liquide blanc et gluant...
On dirait vraiment que ces idĂ©es hantent le rĂ©alisateur amĂ©ricain car dans Prometheus, son dernier film en date, ces obsessions sur les modes de reproduction et sur l’artificiel sont encore plus criantes : si les machines androĂŻdes sont des crĂ©ations des humains, nous, les ĂŞtres humains, serions les crĂ©ations d’une espèce extra-terrestre appelĂ©e les « IngĂ©nieurs » ; l’origine de la vie sur Terre serait due au sacrifice d’un IngĂ©nieur qui aurait mĂŞlĂ© l’ADN de son organisme Ă  l’eau Ă  travers l’action de nanorobots ; ces mĂŞmes nanorobots seraient capables de contaminer un ĂŞtre humain pour le transformer en crĂ©ature zombiesque parvenant Ă  fĂ©conder une femme stĂ©rile ; un IngĂ©nieur sorti de son hibernation cherchera Ă  dĂ©truire les humains que son espèce est parvenue Ă  crĂ©er... Cette fois-ci, les monstrueuses crĂ©atures, ce sont nous, et nos crĂ©ateurs cherchent Ă  nous dĂ©truire comme avait tentĂ© de le faire le Docteur Frankenstein.
Sans dresser une liste exhaustive des œuvres de fiction (cinĂ©matographiques) oĂą sont prĂ©sentĂ©es des intelligences artificielles et leurs incarnations sous forme de robot (j’aurais pu parler d’I, Robot d’Alex Proyas qui est sorti en 2004 ou d’A.I. de Steven Spielberg qui est sorti en 2001), je crois que l’une des visions les plus rĂ©alistes mais nĂ©anmoins tordues qui soient sur les liens entre la nature et l’artificiel, le modèle et sa copie, se rencontrent dans le du film de science-fiction franco-espagnol Eva rĂ©alisĂ© par Kike MaĂ­llo et sorti en 2011 oĂą se mĂŞlent les sentiments humains d’amour, de jalousie et de haine dans un monde de petits gĂ©nies de l’intelligence artificielle et de la robotique.
Enfin, pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là. Les robots que j’ai croisés au mois de mars de cette année sont plein de potentialités en terme de capteurs et de capacités d’action mais, à mon sens, ils sont encore loin d’être dotés de programmes pouvant leur donner un semblant de comportement intelligent...
Nao
« Nao » d’Aldebaran Robotics

Reeti
« Reeti » de Robopec

RoboThespian
« RoboThespian » de Engineered Arts Limited




Mardi, le 12 octobre 2010
Choisir, c’est...
En parcourant le document de travail rĂ©digĂ© par un collègue, je suis tombĂ© sur la phrase : « Choisir, c’est renoncer ».
J’ai fait remarquer Ă  mon collègue qu’il s’agissait d’un clichĂ© (mĂŞme s’il s’agit plutĂ´t de l’adaptation libre d’une citation d’AndrĂ© Gide), ce qu’il n’a pas très bien pris car cette notion reprenait avec justesse les idĂ©es qu’il souhaitait introduire. En guise de provocation et de dĂ©monstration par l’absurde, il a ainsi dit que « tout » pouvait ĂŞtre « renoncer », comme le fait d’avoir une Ă©rection.
C’est alors que j’ai poursuivi son idĂ©e, dĂ©truisant son argumentation dans un grand Ă©clat de rire mutuel : « bander, c’est renoncer... Ă  pouvoir pisser avant cinq minutes ».


Lundi, le 7 juin 2010
Tokyo : Jour 2
L’Orient est indéniablement très en avance sur l’Occident.
Déjà, ce matin, avant de partir travailler à Todai, j’ai pu échanger quelques mots en messagerie instantanée avec de la famille au Canada. Alors qu’au Japon nous débutions la semaine, c’était encore un soir de week-end en Amérique. C’est très curieux.
Puis, après une bonne journée de boulot, nous avons dîné dans un sushi-bar près du Dome et de l’Institut Kodokan. Je crois n’avoir jamais goûté à autant de variétés de poissons, crustacés et coquillages crus accompagnés de riz. Il y avait pas mal d’animation devant le Dome car les Giants disputaient un match de base-ball contre une autre équipe de l’archipel.
Et lĂ , de retour Ă  l’hĂ´tel, je lis avec amusement le courrier Ă©lectronique d’un collègue en France qui me demandait si je voulais dĂ©jeuner en sa compagnie. Comment ! DĂ©jeuner ?...
Rien à voir avec le sushi-bar, mais les reproductions donnent une bonne idée de ce qu’il peut y avoir dans l’assiette



Jeudi, le 6 mai 2010
La sensation de l’artiste
Grosse journée de travail à Paris, hier.
Avec un TGV Ă  6h30, j’aurais eu nĂ©anmoins une dizaine de minutes de retard Ă  ma rĂ©union situĂ©e de l’autre cĂ´tĂ© de la capitale, dans le 16e arrondissement. Puis, au dernier moment, l’heure de dĂ©marrage de la rĂ©union a Ă©tĂ© retardĂ©e d’une heure, aussi ai-je eu le temps de faire une petite balade pĂ©destre. RER A depuis la gare de Lyon, descente Ă  la station Charles-de-Gaulle-Étoile. Arc de triomphe, Champs ÉlysĂ©es.... Amusant de jouer au touriste dans la ville qui fut celle oĂą j’avais vĂ©cu un an, il y a plus de dix annĂ©es de cela. Avenue Georges V. Boutiques de luxe, ambassades, grands hĂ´tels. Puis la Seine, longĂ©e jusqu’à la Place du TrocadĂ©ro.
Et lĂ , la sublime citation de Paul ValĂ©ry sur le Palais de Chaillot :
Tout homme crée sans le savoir
Comme il respire
Mais l’artiste se sent créer
Son acte engage tout son ĂŞtre
Sa peine bien-aimée le fortifie

Nul n’a aussi bien décrit ce sentiment que j’ai l’occasion de connaître quand j’ai l’impression que plus rien au monde n’existe d’autre que le texte que je suis en train d’écrire ou la matière que je suis en train de sculpter...


Lundi, le 12 avril 2010
Quand la grève a du bon
Mardi dernier, je devais rentrer de mon long week-end de Pâques passé dans ma région natale auprès de ma famille. En train. Coup de chance, la grève SNCF ne devait démarrer que le soir. Cependant, j’avais une réunion de travail en région parisienne prévue le lendemain et, en raison des événements, celle-ci avait dû être reportée, mon TGV ayant été annulé.
Mon retour d’Alsace fut malgré tout pour le moins... épique.
ArrivĂ© Ă  Mulhouse, notre train resta bloquĂ© un certain temps. Nous avions eu droit Ă  un « retard pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e » de fort mauvais augure qui devint « entre une et deux heures » et on nous distribua des paniers repas (mais la plupart des autres voyageurs Ă©taient dĂ©jĂ  allĂ©s s’acheter sandwichs et boissons). Au bout de deux heures, notre train parti Ă  allure rĂ©duite, patienta encore un bon bout de temps Ă  Belfort, circulation au ralenti sur une seule voie jusqu’à MontbĂ©liard, puis le train changea de direction en passant par la Bourgogne avant de rejoindre Lyon. La raison de ce retard est expliquĂ©e ici : un train de marchandises transportant des voitures avait pris feu. La faute Ă  pas de chance.
ArrivĂ© Ă  Lyon, j’étais heureux de ne pas avoir de correspondance (elles Ă©taient assurĂ©es par la SNCF en taxi, ou un hĂ©bergement sur place Ă©tait prĂ©vu), nĂ©anmoins ce train n’était pas passĂ© par Lyon Part-Dieu avant le terminus Ă  Lyon Perrache, et après 1 heure du matin (au lieu de 22 heures la veille), il n’y avait plus de transport pour rentrer dans le 6ème arrondissement (les taxis ayant Ă©tĂ© pris d’assaut par des petites vieilles). J’eus donc droit Ă  une bonne balade de trois quarts d’heure Ă  pied pour rentrer chez moi en traversant Lyon by night avec ma valise Ă  roulettes. Pas dĂ©sagrĂ©able finalement : l’air Ă©tait doux, les rues piĂ©tonnes presque dĂ©sertes (j’ai simplement croisĂ© quelques noctambules avinĂ©s qui n’étaient pas bien mĂ©chants), et la citĂ© est toujours aussi merveilleusement mis en valeur par les jeux de lumière.
En plongeant dans le sommeil, vers 3 heures, j’eus une dernière pensĂ©e pour la SNCF : je me rĂ©jouissais de cette grève qui avait provoquĂ© le report de ma rĂ©union francilienne, sans quoi j’aurais dĂ» prendre un TGV avant 7 heures du matin, ce qui ne m’aurait guère laissĂ© de temps pour dormir...


Jeudi, le 25 mars 2010
Nombre d’Erdös
En ce moment, je suis en phase de rédaction d’un article scientifique, d’où cette absence de nouvelles régulières sur ce blogue.
Je travaille notamment sur la fouille de rĂ©seaux sociaux, et en particulier sur les rĂ©seaux de publications scientifiques. Dans le domaine des publications rĂ©alisĂ©es avec d’autres chercheurs, il y a un concept intĂ©ressant : celui du « nombre d’Erdös ». Le principe est le suivant : le nombre d’Erdös du (prolifique !) mathĂ©maticien Paul Erdös est de zĂ©ro, il est de 1 pour quelqu’un qui a publiĂ© un article avec lui, de deux pour quelqu’un qui a publiĂ© avec un co-auteur d’Erdös (mais pas avec Erdös lui-mĂŞme), etc., et quelqu’un n’ayant pas Ă©crit et co-signĂ© d’article scientifique avec quelqu’un ayant co-signĂ© avec un co-auteur d’un co-auteur (et ainsi de suite) d’Erdös ayant par dĂ©finition un nombre d’Erdös infini.
J’ai trouvĂ© que, sous mon vĂ©ritable patronyme, mon nombre d’Erdös n’est pour l’instant que de 5, ce qui n’est pas si mal pour quelqu’un qui n’est pas un mathĂ©maticien... Par contre, au hasard des requĂŞtes sur un moteur de recherches, j’ai Ă©tĂ© assez surpris de dĂ©couvrir que notre PrĂ©sident — qui pourtant n’a rien d’un scientifique — avait un nombre d’Erdös de 1 seulement ! VĂ©rification faite, il ne s’agissait lĂ  que d’un amusant malentendu.


Mardi, le 26 janvier 2010
Les voyages forment la jeunesse y disent...
« ...j’te dis pas dans quel Ă©tat ça met les valises. » (Coluche, Les vacances, 1979).

À mon arrivĂ©e en Tunisie, la mer est dans tous ses Ă©tats...
la mer... dans tous ses Ă©tats

Et ma valise aussi :
ma valise... ou ce qu’il en reste

ma valise... ou ce qu’il en reste

ma valise... ou ce qu’il en reste

ma valise... ou ce qu’il en reste


Mardi, le 22 décembre 2009
Impressions miamiennes
VoilĂ  plus d’une dizaine de jours que je suis rentrĂ© de ce qui fut mon premier sĂ©jour sur le sol amĂ©ricain. Et encore, je me suis retrouvĂ© Ă  Miami Beach, qui est une Ă®le (mais Manhattan aussi, après tout). J’ai dĂ©jĂ  eu l’occasion de faire des voyages aux Antilles, mais il faut croire que je suis comme Christophe Colomb : je rechigne Ă  poser le pied sur le continent.
Les premières impressions ne sont pas très agrĂ©ables, Ă  l’arrivĂ©e aux États-Unis, avec les formalitĂ©s de douane. Heureusement, je suis tombĂ© sur un chauffeur de taxi fort sympathique qui m’a dĂ©posĂ© Ă  mon hĂ´tel... mais j’ai eu la surprise de voir sur sa licence qu’il avait un prĂ©nom français : il Ă©tait HaĂŻtien.
HĂ´tel luxueux, vue sur la marina, et sur l’autre rive, des bateaux de plus ou moins grande importance jouxtent de superbes villas. RĂ©veil très tĂ´t, jet lag oblige, les surprises s’enchaĂ®nent : il faut prendre son temps pour comprendre le mĂ©canisme de la douche, avec ses robinets inversĂ©s par rapport aux nĂ´tres ; des surprises agrĂ©ables comme la qualitĂ© du petit dĂ©jeuner de l’hĂ´tel, et d’autres moins quand, avec les taxes, ce petit dĂ©jeuner vous coĂ»te pas loin de 30 US$, ou 10 US$ par jour (taxe non comprise) pour l’utilisation d’Internet.
Promenade matinale dans Collins Avenue. J’ai l’impression d’être dans un ghetto pour riches... Il y a très peu de monde sur les trottoirs, par contre les voitures circulent. Souvent des voitures de sport, des grosses cylindrĂ©es, et notre Ă©quivalent du jeune qui met du rap, du raĂŻ ou du R’n’B Ă  fond dans sa voiture : ici, il est hispanique et dĂ©verse des flots de rythmes caribĂ©ens. Je prends une rue perpendiculaire et me retrouve de l’autre cĂ´tĂ© de l’île, plages de sable fin, mer agitĂ©e, et mĂŞme s’il ne fait pas très beau, j’en profite pour me baigner dans l’ocĂ©an. L’eau est bonne, l’air est doux, ce n’est qu’à l’intĂ©rieur de l’hĂ´tel que l’on se rend compte que l’on approche de l’hiver : les AmĂ©ricains mettent l’air conditionnĂ© au plus bas, nous avons l’impression de circuler dans un rĂ©frigĂ©rateur.
Une semaine, voilĂ  le temps que j’ai passĂ© Ă  Miami. SĂ©jour pour des raisons professionnelles (ce genre de mission est l’un des rares avantages de mon mĂ©tier). Sentiment d’une certaine frustration de n’avoir Ă©tĂ© que dans des lieux touristiques (mon hĂ´tel, qui, avec ses dix-huit Ă©tages, semblait ridiculement petit comparĂ© Ă  ses voisins, Lincoln Road et ses restaurants italiens, japonais et français, le parc national des Everglades). Curieux dĂ©calage culturel, notamment au moment de partir, Ă  l’aĂ©roport, quand une dame m’avait fĂ©licitĂ© pour la beautĂ© de mes dents : je lui ai rĂ©pondu que c’était parce que, en France, nous avions des sĂ©curitĂ©s sociales et mutuelles qui remboursaient assez bien les frais dentaires, et qu’avec les rĂ©formes souhaitĂ©es par leur nouveau prĂ©sident, les Étatsuniens pouvaient espĂ©rer bĂ©nĂ©ficier des mĂŞmes traitements.
Les États-Unis, pays de tous les paradoxes...


Lundi, le 23 novembre 2009
Mon univers se détruit... mais en musique
Sans faire de bruit, ce blogue vient de fêter son septième anniversaire.
Pas beaucoup de temps pour des mises à jour, mais bon, je vis ces derniers temps avec l’impression curieuse que tout est en train de se casser la figure.
Cela avait commencé par mes problèmes de téléphone, il y a quelques semaines. Un technicien était passé chez moi sans pouvoir arranger quoi que ce soit, mais j’ai retrouvé mon téléphone (et Internet) peu après, comme par magie.
Ensuite, ce fut au tour de mon fournisseur d’accès Internet... des problèmes à répétition.
Puis, un dimanche matin, j’ai cru que mon rĂ©frigĂ©rateur m’avait lâchĂ©. Plus de lumière, et je n’entendais plus le moteur du frigo. J’ai fait des recherches sur Internet pour voir ce que cela allait me coĂ»ter de le remplacer. Quelques heures plus tard, il faisait toujours aussi froid dans mon rĂ©frigĂ©rateur et dans mon congĂ©lateur : il fonctionnait encore, il n’y avait que la lampe Ă  changer.
Et enfin, comme j’étais assez en retard dans mes travaux professionnels, je travaillais un soir sur mon ordinateur et j’ai décidé de dîner d’un potage à l’indienne, vite fait... Un geste maladroit, un temps de réaction un poil trop lent, et plouf le portable, game over. Bien entendu, mes dernières sauvegardes dataient d’assez longtemps, j’avais perdu des journées de travail ainsi que de nombreux courriers électroniques importants. Argh...
Le lendemain, après avoir compris que la machine ne redémarrerait plus jamais malgré une nuit au sec, je l’ai apportée auprès de réparateurs dans l’espoir de sauver le disque dur, et, après avoir regardé ce que je pouvais récupérer comme données sur mes autres ordinateurs, je m’en suis acheté un nouveau, un ultra-portable premier prix... qui, tout en étant bien plus performant, faisait presque la moitié du prix de l’ancien alors que je ne l’avais acheté que depuis un an et demi.
Quelques jours plus tard, je me suis changĂ© les idĂ©es en allant Ă  un concert avec le Capitaine, mĂŞme si, contrairement Ă  lui, j’ai clairement prĂ©fĂ©rĂ© Mahler et l’attaque de sa sixième symphonie Ă  l’œuvre de Messiaen.
Mon amour de la musique classique m’a aussi poussé à voir le film le Concert quelques jours plus tard que j’ai trouvé très beau, très drôle et très touchant, et réalisé et interprété avec beaucoup de finesse.
Oui, mon monde s’écroule, mais en musique. Du coup, je pense que je vais aller voir le film catastrophe 2012 rien que pour la bande originale...


Vendredi, le 11 septembre 2009
Le poids de la rentrée
Une semaine bien chargĂ©e va s’achever ce soir, une première semaine de travail « vĂ©ritable ».
J’ai l’impression bizarre de n’avoir pas vu la saison estivale et les vacances passer. J’avais prĂ©vu de partir faire de la plongĂ©e sous-marine Ă  Zanzibar mais, faute de participants assez nombreux, l’agence de voyage a dĂ» annuler mon sĂ©jour, et je n’ai pas trouvĂ© une solution de rechange qui pĂ»t autant me plaire que mon idĂ©e initiale. Mon Ă©tĂ©, c’était « Lyon plage », quelques sorties ponctuelles, mais pas de gros dĂ©placement. Ce n’est que dimanche, pour une mission de boulot, que je dois partir Ă  l’étranger.
Durant ces derniers jours, je rentrais chez moi, le soir, très fatiguĂ©. Aussi bien nerveusement que physiquement. Non, pas de grippe A. Je n’ai pas beaucoup dormi et je n’ai pas arrĂŞtĂ© de courir. Une douleur s’est rĂ©veillĂ©e au niveau du dos et de l’épaule droite.
Pourquoi ?
Dans mon sac, trimballĂ© quotidiennement, on peut trouver de gros livres scientifiques, un ordinateur portable, et quelques pochettes comprenant plein de documents. Je l’ai mis sur la balance. Ah ouais, quand mĂŞme : « plus de 10 kg ! »


Dimanche, le 28 juin 2009
Hors de la bulle
Durant cette semaine, afin de terminer un travail important, je me suis isolé du reste du monde. Je ne suis sorti de ma bulle qu’hier, en fin de matinée, après avoir passé une nuit blanche et m’être assuré que tout avait bien été fini dans les temps.
C’est lĂ  que j’ai appris, bien en retard, l’évĂ©nement du moment : le dĂ©cès de Michael Jackson. De la surprise et un peu de peine, mais pas tant que ça : cela faisait bien longtemps que je ne suivais plus spĂ©cialement l’actualitĂ© du roi de la pop. Ses frasques, ses multiples opĂ©rations chirurgicales et traitements, sa vie dans un monde artificiel Ă  la Disney, entourĂ© d’enfants, sa façon Ă  lui de concevoir une bulle pour s’isoler de l’univers rĂ©el, n’était d’après moi qu’une recherche dĂ©sespĂ©rĂ©e d’une façon de ne pas vieillir.
Elle est bien loin, l’époque de Thriller, où l’artiste avait marqué mon adolescence par ses musiques, ses clips et sa façon de danser.
Et moi... oui, j’ai vieilli, mais je l’accepte.


Mardi, le 19 mai 2009
Tiens, un zeugma !
En répondant hier au courrier électronique d’un copain de mon laboratoire qui me proposait de le rejoindre, avec d’autres collègues, pour une balade en roller, je me suis aperçu que j’avais rédigé un zeugma.
Le zeugma se dĂ©finit comme Ă©tant une figure de style qui « force un terme Ă  s’accorder avec plusieurs dĂ©terminants alors que sur le plan sĂ©mantique un seul peut normalement convenir ». Plus simplement, il s’agit d’un verbe suivi de deux complĂ©ments, l’un gĂ©rant une idĂ©e abstraite, le second une idĂ©e concrète. Par exemple :
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours »
de Guillaume Apollinaire dans son recueil de poèmes Alcools.
Certes, ce que j’ai écrit était moins poétique, mais était arrivé de façon inopinée.
Tout d’abord, j’avais rĂ©pondu Ă  mon collègue par l’affirmative : il devrait faire beau, et après quatre heures de cours donnĂ©s Ă  des Ă©tudiants de Master, un peu de sport du temps de midi m’aurait fait du bien. Mais en prĂ©parant mon cartable, mon enthousiasme a fait place Ă  la franche rĂ©alitĂ©. J’avais oubliĂ© qu’en fin d’après-midi j’allais me rendre Ă  l’atelier d’arts plastiques. Avec une matinĂ©e prise par les enseignements, il ne me restait plus beaucoup de temps pour me consacrer Ă  mes activitĂ©s de recherche et d’administration. De plus, je devais transporter, outre mon ordinateur portable et mes notes de cours, mon matĂ©riel d’arts plastiques et ne pouvais pas en plus m’encombrer d’un sac de sport avec mes rollers.
C’est ainsi que j’ai fini par décliner l’invitation à la balade en roller, indiquant que ma journée allait déjà être bien chargée... et que moi aussi.


Vendredi, le 8 mai 2009
Pas si méchant
Dure journée que celle d’hier.
Tout d’abord, il me restait Ă  Ă©valuer des dossiers de jeunes candidats. Ah lĂ  lĂ , non ! Par rapport Ă  d’autres dossiers de candidature vus les jours plus tĂ´t, ils n’étaient vraiment pas bons du tout : pas de publications scientifiques de grande valeur, ou des travaux de recherche situĂ©s dans des thèmes trop Ă©loignĂ©s de ceux souhaitĂ©s par le laboratoire d’accueil et qui amenaient Ă  penser que ces jeunes docteurs auraient de grosses difficultĂ©s d’intĂ©gration pour le poste convoitĂ©. Dommage pour eux.
Après avoir traitĂ© ces derniers dossiers, j’ai eu Ă  Ă©valuer un article proposĂ© Ă  une revue scientifique internationale qui m’a choisi pour faire partie de son comitĂ© de rĂ©daction. Ouille ouille ouille, une catastrophe, cet article ! Tout avait l’air brouillon, de la prĂ©sentation au style, pas de respect de la typographie, plein de fautes et, surtout, cette proposition d’article n’avait aucune pertinence scientifique. Je ne suis pas parvenu Ă  trouver quelque chose Ă  sauver dans ce fouillis. Too bad again.
Je suis ressorti un peu amer du laboratoire. Faire avancer la science, c’est aussi séparer le bon grain de l’ivraie.
Pas grand monde dans le tramway. J’ai trouvĂ© une place libre, isolĂ©e, idĂ©ale pour poursuivre ma lecture des critiques de livres dans le dernier Bifrost. Un peu plus tard, le tram s’est retrouvĂ© plein. J’ai cĂ©dĂ© ma place Ă  une vieille dame. Ouais, j’ai fini ma journĂ©e par une bonne action. Je ne suis pas si mĂ©chant, hein ?


Mercredi, le 22 avril 2009
Article suppimé
(...)


Vendredi, le 6 mars 2009
Il y a des jours comme ça...
En ce moment, je n’ai pas la grande forme. Bien que je me couche assez tĂ´t (en tout cas, avant 23 heures), j’ai du mal Ă  me rĂ©veiller avant 7 heures du matin, alors que d’ordinaire je suis une vĂ©ritable pile Ă©lectrique, et ceci dès 6 heures – voire 5 heures – du matin.
Peut-être suis-je un peu malade. En plus de la fatigue, je ressens une petite douleur à la gorge qui disparaît à grands coups d’infusions au miel.
Hier, en tout début d’après-midi, j’ai assisté à un séminaire d’un enseignant-chercheur nouvellement arrivé dans notre laboratoire. Ses thématiques de recherche étant très éloignées des miennes, j’ai eu bien du mal à me concentrer sur son exposé... Au bout d’une heure, non seulement j’avais eu l’impression d’avoir perdu mon temps, n’ayant rien retiré de la présentation, luttant de toutes mes forces pour ne pas m’endormir, mais en plus le vilain torticolis que j’avais attrapé samedi dernier en bricolant s’est rappelé à mon bon souvenir.
Pas glop, pas glop...


Vendredi, le 27 février 2009
Article supprimé
(...)


Jeudi, le 26 février 2009
ÉlĂ©gie
Inducteur : histoire du jour selon un genre imposĂ©

Écrire la journée réelle ou fictive vécue hier à la manière d’une élégie (c’est-à-dire un poème lyrique exprimant une plainte douloureuse, des sentiments mélancoliques).

Temps de rĂ©daction : 15 minutes

Travail dans une ambiance de vilaine froideur,
J’ai l’impression amère qu’on se fout des chercheurs.
Ce merveilleux mĂ©tier qu’est le mien dĂ©pĂ©rit :
C’est la faute à Nicolas, Xavier, Valérie.

Merci Ă  la MicæV !


Vendredi, le 19 décembre 2008
Article supprimé
(...)


Mardi, le 4 novembre 2008
Article supprimé
(...)


Lundi, le 20 octobre 2008
Article supprimé
(...)


Lundi, le 22 septembre 2008
Et ce n’est que le lundi...
Ce matin, je suis arrivĂ© un peu trop juste sur le quai de la gare : le train avait dĂ©jĂ  verrouillĂ© ses portes et est parti sans moi. J’ai ainsi Ă©tĂ© obligĂ© de ravaler ma rage et de prendre le train suivant, une demi-heure plus tard, et, au lieu d’arriver Ă  l’UniversitĂ© avec 25 minutes d’avance, je suis arrivĂ© – la logique est implacable ! – dans ma salle de cours avec 5 minutes de retard. Ceci dit, les Ă©tudiants n’y ont vu que du feu...
Toujours ce matin, au bout de mes deux premières heures de cours, j’ai terminĂ© ma sĂ©ance par un joli lapsus. Au lieu de dire « Nous verrons ceci après la pause », j’ai dit : « (...) après la pub », ce qui a bien fait rire mes Ă©tudiants.
Et pourtant, je n’ai pas de télévision.
Et pourtant, ce n’est que le lundi...


Vendredi, le 1er aoűt 2008
Article supprimé
(...)


Samedi, le 5 juillet 2008
L’heureux tour / le retour
Ça y est, c’est officiel : fin aoĂ»t, au retour de Nyons oĂą se dĂ©roulera la convention nationale de science-fiction, je devrai quitter mon appartement de Saint-Étienne. Une page sera tournĂ©e. Ou plutĂ´t qu’une page, il s’agit d’une boucle qui sera Ă  nouveau bouclĂ©e, de l’accomplissement d’un demi-tour permettant de faire tour complet... et donc, d’un « retour ».
Grâce aux archives de ce blogue, je découvre qu’il s’agit d’une drôle de réponse à la vie que j’avais vécue il y a presque cinq ans de cela...
Je ne suis pas vraiment triste, oh non, car si je quitte – sans vraiment la quitter – cette prĂ©fecture de la Loire oĂą je vais continuer Ă  aller rĂ©gulièrement pour mon travail, c’est pour pouvoir vivre avec la femme de ma vie dans un appartement (encore Ă  trouver) situĂ© dans l’un des arrondissements de la prĂ©fecture du RhĂ´ne.
Lyon est une ville que j’adore, qui m’est chère pour de multiples raisons, la ville dans laquelle j’avais déjà vécu à deux occasions, la première fois pour débuter la partie la plus intéressante de mes études, loin de mes parents, et la seconde pour y préparer et soutenir une thèse de doctorat. Six ans de ma vie.
Lyon, oĂą je me trouvais encore il y a deux jours, Ă  l’occasion du bref passage de ma belle-sœur, elle que je ne vois plus guère puisque, avec mon frère, ils se sont installĂ©s au Canada.
métro Guillotière, à Lyon
Ma vie va donc prendre un nouveau tour, un heureux tour, avec sans doute moins de temps pour faire de la sculpture, mais beaucoup plus Ă  passer dans les transports en commun, ce qui va me donner l’occasion de pouvoir reprendre l’écriture, moi qui — inspirĂ© par ma belle — porte depuis quelque temps l’envie de coucher sur papier des nouveaux textes de fiction.
Alors, hier, j’ai pris quelques heures pour terminer la sculpture en argile qui traînait depuis trop longtemps, elle a besoin de l’été pour sécher afin de pouvoir être cuite avant le déménagement.


Mercredi, le 28 mai 2008
Fest’Uval Jean Mon’Arts 2008
Ouais, je sais, je ne poste plus beaucoup d’articles sur le blogue Ă  desseins (pas ma faute : ma vie est très mouvementĂ©e en ce moment), mais oyez, oyez : la prochaine Ă©dition du Festival de l’UniversitĂ© Jean Monnet (plus connu sous l’appellation Fest’Uval Jean Mon’Arts) se dĂ©roulera les soirs des jeudi 5, vendredi 6 et samedi 7 juin 2008, au Château de Saint-Victor, Ă  quelques kilomètres de Saint-Étienne.
Fest’Uval Jean Mon’Arts 2008
Au programme : des concerts de musique (classique, jazz, pop rock, reggae, hip hop, etc.), des reprĂ©sentations théâtrales, de la danse (moderne ou orientale) et toujours une exposition de peintures, sculptures, dessins et photographies... oĂą votre serviteur prĂ©sentera ses dernières crĂ©ations.
C’est un festival de qualitĂ©, gratuit, mĂŞlant jeunes et moins jeunes (Ă©tudiants, profs et autres personnels universitaires) dans un cadre des plus agrĂ©ables... alors venez y faire un tour !


Vendredi, le 28 mars 2008
Zen / Yin / Yang / Yen
Retour en France, retour Ă  la normale.
Bien arrivé, aucun problème avec les métro, avions, navette, train et tramway.
DĂ©jĂ  une journĂ©e de boulot, hier, et j’imaginais mĂŞme avoir la force d’aller Ă  mon club de sport en soirĂ©e. Je me suis cependant Ă©croulĂ© dans mon lit Ă  19 heures...
Joie, avec une heure de sommeil en moins, ce week-end, mon décalage va se rattraper plus facilement.
Sinon, j’étais bien content : aucun des fragiles articles achetĂ©s au Japon ne s’est cassĂ© durant le voyage. Mes petits gâteaux Ă  base de crème et de pâte de haricots font les dĂ©lices de mes collègues, je vais me lancer dans la calligraphie de kanji et je vais pouvoir prĂ©senter mes plats japonais avec un service de table très classe.
souvenirs rapportés du Japon
Une chose encore Ă  rĂ©gler, qui gonfle prĂ©sentement la poche de ma veste oĂą se trouve mon portefeuille (et moi aussi, de par le fait) : le transport et l’hĂ´tel m’ont Ă©tĂ© payĂ©s sur place, dans la devise locale, et j’ai donc sur moi des milliers de yens... que ma banque refuse d’échanger en euros. Gasp !


Vendredi, le 21 mars 2008
Incomparable petite satisfaction personnelle...
...d’avoir compris qu’en jouant sur la force exercée sur les baguettes, on peut soit découper (du poisson, du tofu) soit saisir les morceaux de nourriture.
À part cela, dans cette universitĂ© japonaise, en tant que professeur invitĂ©, j’ai droit Ă  un bureau de ministre...


Mercredi, le 19 mars 2008
Un problème chasse l’autre
D’ordinaire, les heures qui précédaient un grand départ me voyaient suer sang et eau à essayer de faire rentrer toutes mes affaires dans ma petite valise (sans la bousiller).
Aujourd’hui, c’est bien fini : je me suis achetĂ© un plus grand modèle. Et voilĂ  un autre problème : avec tout ce que j’ai promis de rapporter de France au collègue et ami japonais, je ne vois pas comment me dĂ©brouiller pour n’emporter que les 20 kg de bagage auxquels j’ai droit...
Au secours !


Mardi, le 18 mars 2008
Pâtes au logis, nouilles au Japon
Je viens de voir la bande annonce du film Pathology. Brrr. Glauque Ă  souhait.
Demain, je vais prendre l’avion. Direction : le pays du soleil levant. ArrivĂ©e : Fukuoka. Objectif : travailler avec un collègue de l’UniversitĂ© de KyĂ»shĂ».
Oui, mais bon : quel rapport entre ces deux Ă©vĂ©nements ? Il suffit de s’intĂ©resser Ă  l’histoire et d’apprendre ce que les chercheurs en mĂ©decine japonais avaient pratiquĂ© sur des prisonniers occidentaux durant la Seconde Guerre mondiale pour avoir un petit peu les chocottes.
SayĂ´nara !


Vendredi, le 7 mars 2008
Lost in translation (2/2)
L’une des premières conférences où je me sois rendu tout seul, à l’époque où j’étais étudiant en thèse, était organisée à Helsinki.
Départ de Lyon, changement à Paris, arrivée à l’aéroport de la capitale finlandaise dans l’après-midi du samedi.
Seulement voilà, ma valise n’apparaissait pas sur le tapis roulant.
Bien, bien, bien... Que faire ? DĂ©couvrant que je n’étais pas le seul dans cette situation, je suis allĂ© voir un guichet de rĂ©clamation et j’ai expliquĂ©, dans un anglais peu assurĂ©, mon problème. J’ai alors rempli un formulaire, indiquĂ© Ă  quoi ressemblait ma valise et inscrit le nom de l’hĂ´tel oĂą j’allais me trouver durant mon sĂ©jour. J’ai alors reçu une mallette de secours censĂ©e contenir un petit nĂ©cessaire de toilette, parce que, bien entendu, ma trousse de toilette ainsi que tous mes vĂŞtements de rechange se trouvaient dans la valise.
Avec mon seul sac sur le dos, j’ai pris la direction de la ville, rencontrant par hasard dans les transports en commun un chercheur italien que j’avais déjà croisé lors d’une autre conférence. Je me suis rendu compte qu’il s’agissait du président de la session où je devais effectuer ma présentation, aussi suis-je allé l’aborder pour le saluer et lui faire part de ma mésaventure.
Depuis le centre-ville, je me suis rendu Ă  mon hĂ´tel, apprĂ©ciant malgrĂ© moi le fait d’être peu chargĂ© pour trouver mon chemin. Je me rappelle que le nom d’une boutique de lingerie m’avait profondĂ©ment amusĂ© : «le Slip », qui, pour nous, n’a rien de très sexy, mais qui, pour les Finlandais, devait paraĂ®tre très français...
Mon hôtel, ma chambre, tout est impeccable. Pas de valise à défaire, j’ai retiré le plastique entourant ma mallette, ouvert celle-ci... et découvert qu’elle ne contenait rien du tout. Vraisemblablement une erreur.
Bien, bien, bien... Pas de dentifrice, juste les mini-savon et mini-shampoing de l’hôtel, je n’allais pas aller bien loin.
Avec mon plan, j’ai dĂ©cidĂ© d’explorer Helsinki, un petit passage jusqu’à la mer Baltique, le centre, un dĂ®ner sur le pouce dans un fast-food (argh, je n’aurais pas de quoi me brosser les dents !) et je suis rentrĂ© Ă  mon hĂ´tel, prĂŞt Ă  me coucher devant la tĂ©lĂ©vision, angoissant de ne pouvoir me changer ou me raser le lendemain, moi qui avais prĂ©vu de faire quelques visites, et mĂŞme d’assister Ă  l’office du dimanche, bien qu’ignorant tout du finnois et n’étant ni protestant (hĂ©ritage du passĂ© suĂ©dois de la Finlande) ni orthodoxe (hĂ©ritage russe).
Finalement, vers onze heures du soir, la rĂ©ception m’a appelĂ© pour me signaler que ma valise a Ă©tĂ© ramenĂ©e par le service de l’aĂ©roport (elle n’avait pas suivi mon avion durant ma correspondance Ă  Paris) et est parvenue Ă  bon port avec le vol suivant. Ouf !


Dimanche, le 2 mars 2008
Lost in translation (1/2)
À un peu plus de deux semaines de mon voyage Ă  Fukuoka, voici le premier de deux articles sur ces « grands moments de solitude » liĂ©s Ă  mes dĂ©placements professionnels Ă  l’étranger.
Il y a quelques années (en janvier 2006), j’ai dû partir à Tripoli, dans le nord du Liban, pour donner quelques cours. Le séjour était excellent, et je désespère de ne pouvoir y retourner en raison de la situation politique actuelle, mais il avait plutôt mal commencé...
AĂ©roport de Francfort oĂą je faisais escale, deux heures de retard. Je suis arrivĂ© Ă  l’aĂ©roport de Beyrouth vers deux heures du matin, au lieu de minuit, la tĂŞte en vrac après avoir essayĂ© de dormir un peu dans l’avion. Coup de chance : un chauffeur de taxi Ă©tait lĂ  Ă  m’attendre, je n’y croyais plus en raison du retard. Mais le chauffeur parlait Ă  peine quelques mots d’anglais, et pas du tout français, j’étais obligĂ© de lui faire confiance et de le suivre dans sa voiture. Mes premières impressions du pays Ă©taient curieuses, je dĂ©couvrais Beyrouth Ă  la lueur des phares et des lampadaires, puis nous avons longĂ© la cĂ´te, balancĂ©s par le rythme de la musique orientale.
L’hôtel. Une charmante demoiselle à l’accueil m’a expliqué dans un anglais impeccable les consignes d’usage, la serrure, le petit déjeuner. Il était plus de quatre heures du matin quand j’ai enfin pu me coucher dans mon lit.
J’ai fait sonner mon rĂ©veil très tĂ´t afin de contacter l’universitĂ© et de savoir comment allaient se passer mes interventions. Comment me rendre Ă  l’universitĂ© ? À quelle heure mes cours devaient-ils dĂ©buter ? Personne n’a rĂ©pondu au numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone que j’avais notĂ©. J’ai fait un nouvel essai vers huit heures, toujours personne. J’ai essayĂ© un autre numĂ©ro, le portable du responsable des enseignements. Rien, si ce n’était un message que j’avais laissĂ© sur le rĂ©pondeur. Je commençais vraiment Ă  me faire du souci. Neuf heures, nouvelle tentative. Ah, enfin, quelqu’un a dĂ©crochĂ© ! Je suis tombĂ© sur la secrĂ©taire. Elle a engagĂ© la conversation en arabe, et je n’ai Ă©videmment rien compris. J’ai parlĂ© en français. La voix poursuivait en arabe. À l’intonation, j’avais pu deviner qu’elle me posait une question. J’ai essayĂ© en anglais sans plus de succès. La voix semblait insister en arable, me mettant dans un grand dĂ©sarroi, jusqu’à ce que la secrĂ©taire, de guerre lasse, finĂ®t par raccrocher.
Considérant ma situation sans issue, je suis retourné me coucher...
Finalement, vers midi, le responsable de la formation a appelĂ© l’hĂ´tel et tout est rentrĂ© dans l’ordre : je n’ai eu Ă  donner de cours qu’à partir du lendemain, mais j’avoue avoir Ă©tĂ© dans un Ă©tat de grande confusion ce matin-lĂ , fatiguĂ©, perdu et incapable de communiquer.
(Le titre de cet article est inspiré de l’attachant film de Sofia Coppola).


Lundi, le 25 février 2008
Dragon du soleil levant
Inspiré par mon futur déplacement professionnel au Japon, j’ai peint un nouveau tee-shirt.
t-shirt personnalisé dragon
À noter : les dragons chinois ont cinq orteils alors que ceux du Japon en ont trois. Les Nippons considèrent que les dragons sont originaires de leurs pays mais, loin de l’archipel, ils mutent pour voir apparaĂ®tre des orteils surnumĂ©raires, ce qui les gĂŞnent pour se dĂ©placer avec aisance sur leurs pattes.


Mardi, le 5 février 2008
Noël au balcon, Pâques au Japon
Si tout va bien, Ă  la mi-mars, et pendant deux semaines, je serais au Pays du Soleil levant...
Parfois, j’aime vraiment mon métier d’enseignant-chercheur.


Samedi, le 1er décembre 2007
Super crédible
Pour me dĂ©barrasser d’une personne au tĂ©lĂ©phone qui tenait absolument Ă  me faire la publicitĂ© de son magasin d’ordinateurs, j’ai dit : « Oh, mais moi, l’informatique, je n’y comprends rien, et ça ne m’intĂ©resse pas ! »
Niveau zĂ©ro de l’argumentation technophobique : imparable.
L’importun ne pouvait pas savoir que je suis juste un petit peu docteur, enseignant (enfin, quand la faculté ne sera plus bloquée) et chercheur de cette discipline...


Vendredi, le 9 novembre 2007
Radiations nocives
En entrant dans une salle de travaux pratiques remplie d’ordinateurs, une affiche indique : « Merci d’éteindre vos portables avant d’entrer dans les salles informatiques. Ceux-ci causent des dommages aux processeurs. »
Un plaisantin a transformĂ© le « c » de « processeur » en « f », indiquant de façon judicieuse que les enseignants sont aussi sensibles aux radiations...


Jeudi, le 25 octobre 2007
Pli, noeud, graphe, lien...
Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, mais tous mes centres d’intĂ©rĂŞt – aussi diversifiĂ©s soient-ils – me dirigent, que je le veuille ou non, vers une thĂ©matique commune.
En sculpture, après m’être intéressé au modelage et à la taille directe, je continue mon travail sur les formes et les couleurs avec un épisode sur les pliages, et leurs expressions magnifiées qu’est l’origami.
Mes 100 premières grues en origami
En arts graphiques, et cela depuis quelque temps maintenant, je travaille sur les ambigrammes, ces textes dont la calligraphie étrange cache des propriétés de symétrie.
Pour l’une de mes activitĂ©s sportives favorites, la pratique de la plongĂ©e sous-marine, lorsque nous ne nous entraĂ®nons pas dans la piscine, nous voyons – en plus des consignes de sĂ©curitĂ©, des aspects liĂ©s au matĂ©riel et Ă  l’orientation – comment rĂ©aliser des nœuds marins, essentiels pour attacher une partie du matĂ©riel de plongĂ©e ou pour la navigation en bateau.
Il est étonnant de voir que ces trois domaines, abordés de façon ludique en ce qui me concerne, sont grandement étudiés et théorisés, et j’ai du mal à employer ces derniers sous forme purement artistique ou pratique en essayant d’ignorer tous les modèles mathématiques qui se trouvent derrière.
Dans mon travail de recherche, je suis amené à manipuler des graphes pour de multiples raisons, des propriétés de voisinage, des histoires de distance ou certaines formes de représentation.
Ainsi, dans la « vraie vie », tout comme dans mes textes de fiction, je suis amenĂ© Ă  assembler des concepts qui semblent n’avoir aucun point commun, Ă  les replier, Ă  les nouer, Ă  les assembler, Ă  les lier...
Avec un peu d’espoir et de chance, j’espère bien aboutir un jour à une forme artistique ou intellectuelle qui puisse avoir quelque intérêt, dans quelque domaine que ce soit... une petite clé ouvrant l’une des portes parmi la multitude constituant l’énigme de l’univers...


Jeudi, le 13 septembre 2007
La double double-vie de Fabrice M.
L’excellent et regrettĂ© Polonais Krzysztof Kieślowski avait rĂ©alisĂ©, en 1991, un film Ă©tonnant : la Double Vie de VĂ©ronique. Dans ce petit bijou cinĂ©matographique, une femme, après la mort de son impossible double, voyait sa vie curieusement changer...
En ce qui me concerne, j’ai deux doubles vies : une d’enseignant/chercheur qui m’occupe durant une bonne partie de la pĂ©riode diurne des jours ouvrables (et bien souvent davantage) oĂą je suis le « docteur Fab M. », et une autre d’auteur/sculpteur – que j’exerce le reste du temps – sous le pseudonyme de Mister « F. MĂ©reste ».
Parfois, ces deux vies se mĂŞlent. Hier matin, avant de coiffer ma casquette de prof et de passer la journĂ©e Ă  participer Ă  des jurys de soutenance de stage ou Ă  donner des cours, j’étais devant l’ordinateur afin de concevoir l’affiche annonçant la prochaine exposition d’arts plastiques de mes collègues et moi-mĂŞme (cela se passera Ă  l’atrium de la Bibliothèque universitaire du site de TrĂ©filerie « Droit, Lettres », Ă  Saint-Étienne, du 13 au 28 septembre 2007, voir ici). Et tout Ă  l’heure, je vais installer cette expo avant de retourner bosser « pour de vrai » Ă  mon labo.
Samedi, cette fois en tant qu’auteur, j’irai à Lyon pour participer au Lyonnacolo, une soirée-débat avec quelques auteurs et animateurs du petit monde science-fictif de France et d’Italie, un événement organisé par les Lyonnes de la SF.
Bref, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer...
Enfin, petite nouveautĂ© : j’ai dĂ©cidĂ© de ne plus indiquer directement mon pseudonyme sur les Ă©tiquettes des œuvres plastiques que je vais exposer. DĂ©sormais, seuls seront prĂ©sents le nom de la sculpture, l’URL permettant d’accĂ©der Ă  ce site Web et, en guise de signature, le nouvel ambigramme de mon nom d’artiste :
Méreste, l’ambigramme me servant désormais de signature




Samedi, le 2 juin 2007
Blanche
Blanche, comme la nuit que je viens de passer à terminer un article scientifique tout juste avant la date limite, le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne, et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir le coup et avoir les neurones en Ă©veil, mais je connais trop bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter... contrairement aux Ă©tudiants (ou profs ?) de la Ville Ă©ternelle. Du coup, je me suis dopĂ© aux thĂ©s Ă  la menthe super sucrĂ©s et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite, n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo, la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène du mĂ´me qui les offrait Ă  sa maman. Merde, c’est la fĂŞte des mères demain. Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyĂ©es Ă  bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une de mes sculptures de couleur bronze.


Mardi, le 24 avril 2007
Le jour le plus long
RĂ©veillĂ© avant 4h00 du mat’, dĂ©jĂ  fait le tour de quelques blogs, ceux de Markus (merde, je suis accro aux aventures de son agent vraiment très spĂ©cial), de ValĂ©rie (tiens, rien de neuf ce matin ?) et d’Adeline (avec son test colorĂ© mais... mĂŞme si je l’adore, je lui conseille de surveiller sa grammaire).
De 4h00 à 8h00, cela fait un peu moins de 3 heures si je tiens compte du temps pris pour le petit déj’, pour terminer cet article sur mon blog, pour me préparer et prendre le bus afin de me rendre au travail.
De 8h00 à midi, j’enchaîne deux surveillances d’examen de 2 heures chacune, et comme je me suis super bien préparé, je vais pouvoir bosser sur mon ordinateur portable en jetant de temps à autre un oeil (puisqu’il paraît que je n’en ai qu’un, comme Albator) sur mes étudiants pour qu’ils ne copient pas les uns sur les autres.
De midi à deux, encore 2 heures, moins la pause déjeuner (pas de sandwich, mais 20 minutes suffisent pour passer au resto du personnel).
Ensuite, nouvelle pause dans mon activitĂ© de recherche afin d’endosser mon costume d’enseignant : quatre heures de cours magistraux devant le nombre ridicule d’étudiants ayant choisi mon option (soyons zen).
Enfin, retour à la maison, et sans doute encore beaucoup de travail avant d’aller retrouver mon lit.
Tout ça parce qu’il me reste moins de 2 jours, 8 heures et 43 minutes pour envoyer un article-de-recherche-qu’il-sera-trop-bien à une conférence-qu’elle-est-trop-chouette en Pologne.
Allez, Goldodrak, go !


Samedi, le 3 mars 2007
Mars, et ça repart
En vrac :
Des jours à trop peu dormir, pris par du boulot avec des collègues qui ne remplissent pas leurs parts du marché, mais au final un bel article de recherche bouclé pour une conférence sympathique.
Tristesse, un grand monsieur de la science-fiction nous a quitté. J’en avais parlé ici.
Enfin, j’ai (encore !) gagnĂ© des places de cinĂ©ma. Cela m’a inspirĂ© cette short short story.


Jeudi, le 18 janvier 2007
Le travail fait rigoler
L’autre jour, j’ai reçu un courrier électronique d’une collègue qui a envoyé son message à tout plein de personnes, dont des gens importants (puisque moi, oui, ben, non...).
Et la brave dame parle de plein de trucs sérieux, notamment d’un nouveau cahier des charges sur lequel il faut travailler, et bla bla bla.
Sauf que dans l’expression « cahier des charges », elle avait oubliĂ© de taper le premier « A », produisant un charmant lapsus calami (non je n’ai pas dit lapsus kamini), ou un lapsus clavis si l’on veut ĂŞtre plus exact.
Quand j’ai fait remarquer à ma collègue son erreur (oui, parce que je suis comme ça), elle a hésité entre mourir de honte ou de rire...


Lundi, le 27 novembre 2006
Les gamins, parfois c’est mal, parfois c’est bien
Les gamins, quand ils naissent et que des collègues vous laissent tomber parce qu’ils prennent des congés parentaux, et que du coup vous devez les remplacer et êtes obligés de modifier tous vos projets, ce n’est vraiment pas cool.
Mais quand les gamins sont prĂ©sents dans une salle de cinĂ©ma oĂą vous vous trouvez aussi avec un bon copain parce que vous avez gagnĂ© des places pour voir Souris City, c’est quand mĂŞme bien sympa. Il y en a vraiment pour tous les âges dans le dernier nĂ© des studios DreamWorks, avec diffĂ©rents niveaux de lecture (sĂ©rieusement, vous croyez qu’un mĂ´me saisit l’allusion quand on dĂ©couvre un cafard lisant la MĂ©tamorphose de Kafka ?), et il est difficile de rĂ©sister aux fous rires communicatifs de la salle et aux applaudissements spontanĂ©s. On a beau dire, ça n’a rien Ă  voir comparĂ© au home cinĂ©ma.


Mercredi, le 13 septembre 2006
Docteur Fab et les copieurs
Hier, en lisant par hasard la thèse d’un jeune chercheur, j’ai Ă©tĂ© surpris de dĂ©couvrir que j’avais Ă©tĂ© plagiĂ© !
Je sais que l’univers de la recherche est un monde sans pitié, mais plutôt que de ressentir du mécontentement ou de la colère à la lecture de mes idées et mes mots repris sous la plume d’un autre, je n’ai éprouvé que de l’amusement.
Il faut avouer que ce que le copieur a repris de ma thèse de doctorat, en plus du style LATEX crĂ©Ă© pour l’occasion, n’était autre chose que... mes phrases de remerciements !


Mercredi, le 6 septembre 2006
C’est la rentrée
MĂŞme si je suis retournĂ© travailler Ă  mon labo depuis deux semaines, ce n’est qu’à partir de lundi qu’a eu lieu la rentrĂ©e des diffĂ©rentes promotions d’étudiants, et je n’ai donnĂ© mon premier cours de l’annĂ©e que cet après-midi : plus de 200 Ă©tudiants dans mon amphi.
Et de l’autre cĂ´tĂ© de la barrière ? Certains ont des visions cauchemardesques de leur scolaritĂ©, d’autres se souviennent surtout du cĂ´tĂ© « chacal » des annĂ©es collège, mais moi, bizarrement, je n’ai pas de si mauvais souvenirs que cela, peut-ĂŞtre faut-il accuser ma mĂ©moire d’être optimistiquement sĂ©lective...
Le week-end dernier, j’ai accueilli mes parents qui faisaient Ă©tape Ă  Saint-Étienne dans leur traversĂ©e de la France, et ces derniers sont venus chargĂ©s de lĂ©gumes du jardin (potirons, tomates, courgettes, concombres...), de confitures, mais aussi d’un gros carton Ă©tiquetĂ© « affaires scolaires Fabrice ». Et lĂ , en ressortant ces feuilles volantes et ces cahiers oubliĂ©s depuis des annĂ©es, grosse plongĂ©e dans le passĂ©.
Comment imaginer que l’auteur de ces croquis qui se dĂ©tachaient Ă  peine des gribouillis allait plus tard faire des dessins si jolis qu’il pensait – jusqu’à la fin de la troisième – se destiner au mĂ©tier de la bande dessinĂ©e ? Est-ce que le professeur de français de première qui mettait des mauvaises notes Ă  ceux qui choisissaient la dissertation au lieu du commentaire composĂ© – sous prĂ©texte qu’ils Ă©taient dans une filière scientifique – se doutait qu’un jour l’un d’entre eux publierait des articles et nouvelles... avant peut-ĂŞtre un roman ?
Ce n’est pas simple d’être un élève, c’est encore moins simple d’être prof, mais nul n’a jamais prétendu que la vie était simple...


Lundi, le 8 mai 2006
Vivement l’école, qu’on puisse dormir...
La semaine dernière, je suis parti en conférences.
Cela avait commencé sur les chapeaux de roues. Le matin même, c’était déjà la course pour aller dans un magasin d’électroménager afin de leur rapporter les enceintes de mon ordinateur... elles n’émettaient plus qu’un horrible grésillement et, comme par hasard, la garantie allait s’arrêter deux jours plus tard. Voilà un imprévu dont on se passerait volontiers.
À la gare, j’ai retrouvĂ© mon co-auteur. Vu son âge, il pourrait ĂŞtre mon père, et c’est cependant un vrai gamin... Depuis deux semaines, il est un jeune papa, son Ă©pouse ayant accouchĂ© de jumeaux.
Pas le temps de souffler. Même le petit temps d’attente à la gare de Lyon Part-Dieu était mis à profit pour retrouver un copain. Durant le trajet jusqu’au grand Ouest en TGV, mon collègue et moi avions mis une dernière touche à notre présentation.
Nous sommes arrivés à destination à 20h31 précises, sans une minute de retard, hélas ce n’était pas suffisant pour attraper le dernier bus dont le départ était prévu à 20h15... Tant pis, nous avons fait rouler nos valises jusqu’à l’hôtel en passant par des endroits étonnamment champêtres (il faudrait un jour que les fabricants de valises pensent à équiper leurs produits de roulettes 4x4).
La confĂ©rence a rassemblĂ© des grands chercheurs de mon domaine – c’est toujours Ă  la fois curieux et très plaisant de voir en vrai des personnes que l’on a Ă©tudiĂ© Ă  l’UniversitĂ© –, j’ai retrouvĂ© un copain qui avait vĂ©cu pendant deux ans Ă  Saint-Étienne, j’ai fait plein de connaissances sympathiques, j’ai très bien mangĂ© (dans un restaurant gastronomique, j’ai choisi en entrĂ©e un flan de tourteau au coulis de chorizo, suivi de selle et ris d’agneau, un rĂ©gal !), je suis mĂŞme allĂ© en discothèque avec d’autres confĂ©renciers, bref, ce fut un de ces grands moments de stimulation intellectuelle qui me fait adorer mon mĂ©tier.


Samedi, le 29 avril 2006
Vous avez bien dit... « vacances » ?
Théoriquement, la semaine qui vient de s’achever était une semaine de vacances.
Mais bon, ça, c’est la théorie.
En pratique, je n’ai sans doute jamais autant donnĂ© d’heures de cours dans ma vie d’enseignant-chercheur que cette semaine-lĂ  : il fallait bien rattraper les heures qui Ă©taient prĂ©vues durant la pĂ©riode de blocage de l’UniversitĂ© (le blocage liĂ© au retrait du CPE, vous vous rappelez ?)
Et hier matin, j’ai enfin pu endosser l’autre casquette de mon mĂ©tier : je suis allĂ© chez un copain avec qui j’ai Ă©crit un article scientifique pour terminer la prĂ©sentation que nous allons en faire Ă  une confĂ©rence oĂą nous irons la semaine prochaine. Joie !
C’était sans compter la rĂ©ception du message Ă©lectronique – mais nĂ©anmoins affolĂ© ! – du directeur de mon labo qui, de l’autre bout de la Terre, m’a demandĂ© de lui faire parvenir une fusion de diffĂ©rents fichiers rĂ©digĂ©s par les membres de notre Ă©quipe et nos partenaires sur un gros projet de recherche. Retour en urgence Ă  mon bureau dans l’après-midi pour effectuer le travail demandĂ©, j’en ai profitĂ© pour rajouter un joli paragraphe sur les sciences cognitives, et, lorsque la nuit s’est mis Ă  tomber, j’en avais fini avec tout ça aussi ai-je pu envoyer mes fichiers par e-mail avant d’éteindre mon ordinateur, fermer la porte de mon bureau, brancher l’alarme, fermer la porte de mon laboratoire, quitter l’UniversitĂ© et arriver devant l’arrĂŞt de bus... Sauf qu’il n’y avait plus de bus Ă  cette heure (Ă  moins d’aimer patienter une demi-heure dans le noir dans un quartier pas vraiment accueillant).
Bilan des courses : retour Ă  pied (entre 45 minutes et une heure de marche, avec des nouvelles chaussures, argh), mon sac sur le dos chargĂ© de mon ordinateur portable (heureusement mon sac – nouveau, lui-aussi – est bien plus pratique et agrĂ©able Ă  porter que l’ancien), avec ma lĂ©gère chemise et ma veste printanière ne me protĂ©geant guère de la fraĂ®cheur nocturne...
Bon, Ă  vrai dire, on s’est fout : ce sont les vacances, non ?


Mardi, le 11 avril 2006
Machine arrière
Enfin !
Le gouvernement s’est décidé à retirer le CPE, du moins sous sa forme actuelle...
Les étudiants ont donc décidé d’arrêter le blocage de l’Université où je travaille.
Les cours ont pu reprendre, le programme des enseignements s’est remis en route avec trois semaines de retard. Le retour à la normalité nous ramène à la situation que nous vivions durant le mois dernier.
Du coup, le temps aussi a dĂ©cidĂ© de faire machine arrière : en plein mois d’avril, nous avons eu de la neige !


Jeudi, le 16 mars 2006
Ouvert / Fermé
Hier avait lieu la Journée Portes Ouvertes dans l’Université où j’interviens, la fameuse grand-messe annuelle d’information sur tout l’éventail de nos formations auprès des futurs bacheliers ou autres diplômés du supérieur...
Sauf que, en raison de la grève des étudiants liée au retrait du CPE, les portes de certaines facultés étaient fermées.
Finalement, pour éviter ce couac mémorable, comme c’était aussi la Journée Nationale du Sommeil, tout le monde aurait dû plutôt rester coucher chez soi.


Dimanche, le 15 janvier 2006
MĂ©dicament
Dans un instant, je vais partir au Liban (pour mon boulot).
Du coup, j’ai bu du soda en prévision des troubles gastriques qui risquent de m’arriver là-bas (par exemple si j’oublie de me brosser les dents à l’eau minérale). Et je compte en boire aussi sur place (avec du thé, hein, faut quand même pas déconner) parce que c’est quelque chose qu’il est assez facile de trouver un peu partout sur Terre. La boisson du docteur Pemderton est en effet si horrible (à la fois terriblement acide et effroyablement sucrée) que même les méchantes bactéries n’osent s’y frotter.
C’est peut-ĂŞtre ça, la mondialisation : la santĂ© pour tous ?
Teuf, teuf, qu’est-ce qu’il ne faut pas dire, parfois...


Vendredi, le 13 janvier 2006
Dormir, nager, manger
Je ne sais si cela est dû à mon manque de sommeil (ne dormir que quatre heures parce que l’on participe à l’organisation d’un congrès) ou à un certain stress (je dois partir dans quelques jours au Liban pour une mission d’enseignement, et un bon nombre de problèmes logistiques n’ont pu être réglés à l’heure actuelle), mais je viens de faire un rêve dont je suis parvenu à me souvenir.
Ou plutĂ´t un cauchemar.
J’étais dans la mer, avec de nombreux baigneurs, et soudain une grosse ombre s’est rapprochée à très grande vitesse.
Puis un « plouf », quelques Ă©claboussures, et j’ai mis ma tĂŞte sous l’eau pour voir s’éloigner une espèce d’énorme requin noir.
Mon voisin de baignade (ou ma voisine ?) avait disparu, laissant Ă  l’eau une sinistre teinte rouge.
Tout le monde a alors été pris de panique, et c’est à ce moment-là que je me suis réveillé en sursaut...
Euh, docteur Freud, c’est grave ?


Jeudi, le 22 septembre 2005
La loi des séries
Dans un article daté du 06/09/2005, j’évoquais le fait de ne pas avoir vraiment de chance en matière de déplacement. Les endroits où j’ai prévu de me rendre et où je ne peux finalement aller se retrouvent soudain maudits (à savoir Londres, Charm el-Cheikh, la Nouvelle-Orléans).
L’autre jour, Ă  Lyon, entre mes activitĂ©s de recherche nuptiale aquariophile (voir mon post prĂ©cĂ©dent), je suis allĂ© voir mon ancien directeur de thèse qui devait, lui, se rendre Ă  cette fameuse confĂ©rence prĂ©vue Ă  l’origine en Louisiane. Il m’a appris qu’à quelques jours de l’évĂ©nement, les organisateurs avaient dĂ©cidĂ© de dĂ©placer cette grande rencontre Ă  Houston, dans l’État du Texas voisin.
Donc tout va bien, madame la marquise.
Ben non.
V’là-t-y pas qu’après Katrina, Rita vient d’atteindre la force d’un cyclone et s’approche dangereusement... du Texas.
Ben ouais.
Scoumoune, quand tu nous tiens !


Mercredi, le 14 septembre 2005
De l’inavouable bonheur d’être méchant
Il y a encore peu de temps, j’étais étudiant et mes seuls problèmes se résumaient à la réussite de mes années universitaires. J’étais plutôt tranquille, personne ne venait m’embêter, je n’avais qu’à me consacrer à mon travail.
Depuis que j’ai obtenu un poste, c’est Ă©trange, mais j’existe soudainement pour d’autres gens. Il suffit d’avoir une certaine renommĂ©e scientifique, ou d’exercer des responsabilitĂ©s mettant en jeu de l’argent ou des ressources humaines, et de curieuses tĂŞtes – pas toujours très bien intentionnĂ©es – font leur apparition dans le paysage pour lancer des attaques et s’approprier le modeste pouvoir (euh ?) dont on peut jouir.
Au dĂ©but, on essaie d’être diplomate, on fait des concessions, on sort d’épuisantes rĂ©unions en croyant avoir Ă©vitĂ© le pire... Jusqu’à dĂ©couvrir un peu plus tard que l’on s’est fait planter un couteau dans le dos. MĂŞme si ça fait mal, Ă  la longue, cela ne ressemble plus qu’à un picotement dĂ©sagrĂ©able. Alors on devient moins naĂŻf. Et on en vient Ă  rĂ©pondre en dĂ©tournant les coups portĂ©s par l’agresseur comme cela l’est pratiquĂ© dans l’aĂŻkido. Après, il est dĂ©licat de ne pas se rĂ©jouir de voir ces coquins mis hors d’état de nuire par KO. Mais, honnĂŞtement, qui peut s’empĂŞcher de sourire en voyant des mĂ©chants recevoir une tarte Ă  la crème ?


Vendredi, le 8 juillet 2005
Distributeur de bonheur
Il y a quelques jours, j’étais dans un lycée pour présider un jury de bac. Longue discussion avec les différents enseignants pour savoir qui méritait d’avoir les quelques points manquants nécessaires pour passer du refus à l’admissibilité à la session de rattrapage, de l’admissibilité à l’admission, ou obtenir une mention...
C’est rassurant de voir que les élèves ne sont pas notés à la légère et que le facteur humain est encore essentiel dans ce genre de processus.
De la psychologie, il en fallait quand les lycĂ©ens venaient rĂ©cupĂ©rer leurs relevĂ©s de notes, pas pour dire « fĂ©licitations » Ă  ceux qui Ă©taient admis, mais pour les autres, les recalĂ©s, déçus, ou ceux qui devaient passer le rattrapage et qui Ă©taient un peu perdus... « Vous voyez, ce 4 en maths, c’est sans doute un accident, alors choisissez cette matière, comme il y a un gros coefficient, vous avez toutes les chances de vous rattraper Ă  l’oral si vous rĂ©visez bien... » avais-je dit Ă  cette jeune fille, les yeux noyĂ©s de larmes.
Et hier se sont dĂ©roulĂ©es les Ă©preuves de rattrapage. Un grand nombre d’élèves avaient rĂ©ussi Ă  se racheter. Il y avait toujours quelques déçus, bien entendu, mais aussi ces visages plein de joie Ă  la rĂ©ception du relevĂ© de notes marquĂ© des palmes... La fille Ă©motive de la fois passĂ©e avait Ă  nouveau des larmes aux yeux, mais de bonheur cette fois, et ne cessait de dire : « merci ! »... Quel plaisir d’avoir le rĂ´le du père NoĂ«l !
Au même moment, à Londres, des monstres avaient fait exploser des bombes dans les transports en commun... et le hasard avait distribué aveuglément la mort parmi de malheureux voyageurs et passants.
Cruel contraste.


Vendredi, le 1er juillet 2005
Décès de Monsieur Noir et de Monsieur Rouge
Hier, je suis allé faire une visite d’entreprise.
Au moment de noter les évaluations du stagiaire, ma feuille se maculait petit à petit de curieux ronds noirs... et, après un léger examen pour trouver l’origine de ce phénomène, j’ai découvert que des taches se trouvaient aussi bien sur mes doigts que sur le bureau.
Oups, il y avait comme un problème.
Très sĂ©rieux, le P.-D. G. de la boĂ®te a expliquĂ© que, avec cette chaleur, il n’était pas rare de voir l’encre des stylos se fluidifier et passer Ă  travers la bille, d’oĂą ma mĂ©saventure.
Mais, en fait, non. Mon stylo noir n’était pas le seul Ă  avoir rendu l’âme (pour les discussions sur l’âme des stylos, je ne suis pas spĂ©cialiste, demandez plutĂ´t Ă  BenoĂ®t, le gros garçon qui fait des bulles) : mon stylo rouge, de la mĂŞme marque, prĂ©sentait les mĂŞmes sinistres symptĂ´mes.
C’est alors que j’ai eu un flash. Le week-end dernier, dans la pile de linge que j’ai lavé, j’avais mis ma veste... Et j’ai dû oublier de sortir mes stylos de la poche dans laquelle j’ai l’habitude de les mettre. Monsieur Noir et Monsieur Rouge ont donc été noyés par ma négligence...


Jeudi, le 19 mai 2005
JournĂ©e pas type (mais j’aimerais bien !)
Hier, réveil à 4 heures du mat’.
Non, ce n’est pas pour faire la queue afin de voir la « revanche des suites » au cinĂ©, je devais aller Ă  Lyon oĂą j’étais conviĂ© Ă  un jury.
Auditions, discussion, vote... de 8h30 à 15h30. Au final, j’ai été heureux de faire basculer la majorité dans le sens qui me semblait le plus juste.
Petit coucou à mes anciens collègues.
Passage pour voir le copain André en train de bosser avec son pote Rafu.
Un bref bonjour à mon ex copine, une fille charmante qui est restée ma meilleure amie.
Un peu de temps pour acheter de la nourriture pour mes poissons exotiques et du matériel pour mon aquarium.
Puis la course pour arriver Ă  la gare et attraper le train du retour.
ArrivĂ© Ă  Saint-Étienne, je croise la miss avec qui j’ai failli sortir, l’an dernier. Ah, les hasards...
Soirée à finaliser un article sur le steampunk avec le compère Jean-Jacques.
Je me suis couché, très tard, avec la satisfaction d’avoir eu une journée remplie, et bien remplie.


Vendredi, le 1er avril 2005
Haiku
Hier, en assistant Ă  la soutenance de thèse de la miss, au moment des questions, cette impression fugace :
L’amphithéâtre bleu
raisonne à l’unisson
d’une pensée collective



Mercredi, le 26 janvier 2005
Ouais, je sais...
Au lieu de m’occuper de mon nouveau site à moi, je fais du ski le week-end, je termine une nouvelle sculpture et je corrige des copies...
Et surtout, je suis Ă  prĂ©sent l’heureux papa de 8 charmants bambins : trois betta splendens (complètement stones, les jolies bĂŞtes, le combattant mâle ne bouge que pour faire des bulles ou se dĂ©placer vers la bouffe, et les femelles se cachent presque tout le temps) et cinq brachydanio rerio (complètement speedĂ©s, eux, ils traversent l’aquarium en une fraction de seconde, de vraies « formules un » de la natation).
Ah oui, j’y pense : faut que je reprenne mes entraĂ®nements Ă  la piscine...
Bon, en attendant que je revienne, vous pouvez toujours voir ça (elle est pas belle, la vie ?)


Vendredi, le 3 décembre 2004
Fabrice et moi
Ça y est, je me fais une crise d’identitĂ©.
Bon, c’est pas grave, mais juste un peu gênant.
Je m’explique...
Dans la vraie vie, quand j’ai bien fait mon travail, je vais présenter le résultat de mes recherches dans des endroits où il y a d’autres gens qui sont aussi là pour ça, présenter leurs recherches et voir ce qu’ont fait les collègues et/ou copains.
Voilà, pour l’instant, c’est tout simple.
Dans l’autre vie, celle qui est aussi vraie, mais un peu moins, celle que je mène avec ce nom qui, pour de sombres histoires familiales, n’est pas le mien (ouais, je vis dans un pays bizarre oĂą on porte un nom qui est aussi celui de son papa, ou occasionnellement celui de sa maman, et pas un nom inventĂ© pour la circonstance, comme les « Tarzan » ou « Dartagnan » Ă  Madagascar), dans l’autre vraie vie, disais-je, je porte un nom que je me suis choisi avec lequel je signe mes sculptures, mes textes de fiction, ce weblog... ou encore des articles qui portent sur des textes de fiction.
Et c’est là que tout se complique.
Parce que je vais aller au Colloque International de Science-Fiction de Nice pour y parler de steampunk... sous mon nom d’auteur. Or il se trouve qu’il s’agit d’un vrai colloque avec des vrais professionnels qui présentent leurs travaux... ouais, tout comme dans la vraie vie. Du coup, je ne sais pas trop comment m’inscrire ou me présenter.
Enfin, je crois que ça va se passer comme toujours dans ces cas-lĂ  : « Docteur Fabrice M. » bosse et paie les factures (le con !), et « Mister F. MĂ©reste » fait le beau et rĂ©colte les lauriers (le salaud !)...


Dimanche, le 17 octobre 2004
Le roi de la montagne
J’ai grandi dans la plaine. Au nord : Strasbourg ; Ă  l’est, la ForĂŞt Noire de l’autre cĂ´tĂ© du Rhin ; Ă  l’ouest : la ligne bleue des Vosges... À cette Ă©poque, lorsque j’allais du cĂ´tĂ© du Mont Sainte-Odile, j’avais la possibilitĂ© de voir l’Alsace, ou du moins une certaine partie de celle-ci, avec ses villages bâtis autour du clocher de l’église, ses champs, ses forĂŞts, ses vignobles.
Lorsque j’ai quittĂ© ma rĂ©gion natale et que je me suis retrouvĂ© Ă  Lyon, j’ai toujours aimĂ© aller sur la colline de Fourvière, Ă  cĂ´tĂ© de la Basilique Notre-Dame. De lĂ -haut, je repĂ©rais ma nouvelle gĂ©ographie : impossible de manquer la tour en forme de crayon permettant de localiser la Part-Dieu ; puis sur la gauche, le nord, l’opĂ©ra et l’HĂ´tel-de-Ville ; au milieu, la place Bellecour ; sur la droite, le sud, la SaĂ´ne se mĂŞlant au RhĂ´ne. Le mĂŞme dĂ©sir de hauteur me prenait quand je vivais Ă  Paris : j’allais Ă  la place du TrocadĂ©ro pour voir, au-delĂ  de la Seine, la tour Eiffel et le reste de la Ville Lumière...
VoilĂ  un peu plus d’un an que je vis Ă  Saint-Étienne. Au dĂ©but, j’avais un peu peur de ne pas trop m’y plaire : Ă©tant citadin dans l’âme, je craignais de trouver cette ville trop petite pour moi. Mais, finalement, non. Je m’y suis très vite attachĂ©. Peut-ĂŞtre est-ce parce que je vis en plein centre-ville, Ă  deux pas de toutes les manifestations culturelles importantes, comme la FĂŞte du Livre qui s’est dĂ©roulĂ©e ce week-end, peut-ĂŞtre est-ce parce que mon immeuble se trouve Ă  cĂ´tĂ© de toutes les facilitĂ©s de transport en commun, peut-ĂŞtre est-ce parce que cette ville offre la possibilitĂ© de pratiquer des activitĂ©s que je n’avais jamais eues l’occasion de reprendre, comme la sculpture, peut-ĂŞtre est-ce parce que je suis venu ici pour des raisons professionnelles et que j’exerce maintenant un travail que j’aime bien et dans lequel je parviens Ă  m’épanouir, ce qui n’est pas si frĂ©quent, ou peut-ĂŞtre est-ce simplement parce que j’ai trouvĂ© ici quelques bons amis...
Cela peut sembler assez curieux, mais je crois que c’est aussi et surtout parce que tous les jours, lorsque je vais travailler, je me retrouve sur la colline d’où je peux voir la nature, les forêts, le ciel, les montagnes et la vallée du Gier qui s’étire vers Lyon. Chaque jour, devant mes yeux, s’étale le paysage aux mille beautés. Chaque jour, ce spectacle fait de moi le roi de la montagne.


Mercredi, le 29 septembre 2004
Shocking
Bon, euh, je ne pourrais pas poster le week-end prochain. Ouais, la recherche, c’est aussi prĂ©senter ses travaux Ă  la communautĂ© internationale (Trop d’la balle !)
Et c’est donc Ă  Padoue et Ă  Venise que je vais aller (Trop le pied !)
Donc ce blog sera mis en sommeil pendant une petite semaine, mais j’espère à mon retour mettre en ligne des comptes-rendus de nos fabuleuses réflexions scientifiques photos de ces belles cités italiennes.
VoilĂ .
En attendant, une petite blaguounette...

Alors, c’est l’histoire d’un trader de la City (Ă  Londres !) qui rentre chez lui après une belle journĂ©e oĂą il a, comme de coutume, rĂ©alisĂ© de juteux placements malgrĂ© la conjoncture Ă©conomique.

Notre homme a la quarantaine, il porte un complet veston anthracite, un chapeau melon, parapluie canne, et sur son visage se lit cet air satisfait de ceux qui ont le sens du devoir accompli et une confiance absolue en la reine.

Arrêté momentanément à un feu rouge pour les piétons, il se retrouve au côté d’un jeune punk, cheveux en crête rouge et verte, et ne peut s’empêcher de porter sur ce dernier un regard dédaigneux.

Le rebelle remarque le regard de son voisin et l’accoste en ces termes : « Eh, vous ! Qu’est-ce que vous avez, mon vieux ? À vous voir, je suis persuadĂ© que vous n’avez jamais rien fait d’excentrique de toute votre vie ! ».

Notre homme soulève un peu son chapeau melon pour se gratter le sommet du crâne, rĂ©flĂ©chit un instant, et dit finalement en soupirant : « À vrai dire, jeune homme, si. Une fois. Oui, j’étais bien jeune Ă  cette Ă©poque, je devais avoir Ă  peu près votre âge... et je me trouvais chez ma tante Suzie. Or Suzie, Dieu ait son âme, avait Ă  l’époque un fabuleux perroquet femelle du nom, somme toute assez commun, de Coco. Et je dois vous confesser que j’ai eu avec ce trouble volatile des rapports, disons, contre nature. Ainsi, je me demandais justement, maintenant que je vous vois, jeune homme, si vous ne pourriez pas ĂŞtre mon fils... »


Allez, Ă  bientĂ´t ! Soyez sages, et n’oubliez pas d’arroser les plantes !


Mardi, le 7 septembre 2004
C’est la rentrée
Hier, sept heures trente. J’entre dans le bus bondĂ©. Je ne peux attendre le prochain, je dois donner un cours Ă  huit heures. Poussif, le vĂ©hicule se met en route, avalant de nouveaux Ă©lèves et Ă©tudiants aux arrĂŞts suivants. Je reconnais certains de mes anciens Ă©tudiants que je suppose faire partie de ma nouvelle promotion. Échange de regards, Ă©change de bonjours. Je veux rĂ©pondre : « Ah, si vous ĂŞtes lĂ , tout va bien, je ne suis pas en retard... » mais cette boutade ne parvient pas Ă  se former sur mes lèvres.
À un moment, pas mal d’élèves descendent, et des contrĂ´leurs montent. Un jeune sans ticket s’explique en prenant le chauffeur Ă  tĂ©moin : « Faut leur dire, monsieur, que vous n’avez pas de monnaie ! ». Le conducteur du bus approuve avec lassitude. Le contrĂ´leur laisse passer pour cette fois.
Terminus. Je me dépêche de déposer mon sac dans mon bureau et de récupérer mes affaires. J’ai horreur des craies mais la salle avec un tableau blanc était déjà prise. Tant pis.
Mince, mes étudiants sont prêt d’une quarantaine. J’avais prévu de faire des groupes de 3 ou 4 personnes, tablant sur une trentaine d’étudiants, ils seront donc plutôt 5 si je veux avoir mes 8 groupes.
Depuis quelques jours, je n’ai plus de rhume, mes yeux et mon nez ont cessé de couler, mais je dois souvent tousser, et j’ai un peu peur pour ma voix. Pas eu le temps de passer voir un médecin.
Mais tout va bien, je parviens Ă  motiver ma promotion en la lançant sur des sujets nouveaux et Ă©tonnants. Pour la documentation, mes Ă©tudiants n’auront mĂŞme pas Ă  passer des heures Ă  la bibliothèque : je leur demande de voir certains films ou de s’intĂ©resser Ă  quelques jeux vidĂ©os. Au moins ai-je quelques espoirs, en agissant de la sorte, de ne pas me retrouver avec des documents rĂ©sultant de quelques copier-coller issus d’Internet.
Ça a l’air de marcher. Je dois intervenir Ă  plusieurs reprises pour faire le silence mais je crois avoir rĂ©ussi Ă  les sortir de la passivitĂ© dans laquelle ils se laissent trop souvent glisser.
À la fin du cours, un Ă©tudiant vient me voir et me propose mĂŞme de faire un sondage en rapport avec le sujet sur le lequel il souhaite travailler, belle initiative que je m’empresse d’accepter en lui donnant carte blanche.
Je retourne Ă  mon bureau pour travailler sur mon cours du lendemain.
Et aujourd’hui, il est un peu plus de cinq heures du mat’ et je suis debout pour finaliser un cours que je donnerai cet après-midi.
La journée sera bien chargée car, en plus de ce cours, je vais avoir deux réunions et être de jury à une soutenance de stage.
Après tout, ce n’est pas si mal que ça d’être prof...


Dimanche, le 20 juin 2004
Raku
Au cours de cette semaine, j’ai eu le plaisir de revoir un sympathique enseignant-chercheur japonais. Je lui ai fait un peu visiter Saint-Étienne, et je crois que c’est sans doute la première fois que j’ai servi de guide, n’étant pas encore arrivĂ© dans la ville depuis an. Toutefois, comme je m’intĂ©resse Ă  mon cadre de vie immĂ©diat, il ne m’a pas Ă©tĂ© trop difficile de prĂ©senter quelques curiositĂ©s, quelques tĂ©moignages du passĂ© minier ou quelques endroits bien agrĂ©ables de la ville comme ces ruelles oĂą les bouquinistes gardent des trĂ©sors ou ces places oĂą il est si doux de prendre un repas en terrasse.
Par ailleurs, j’aimerais bien un jour découvrir le Japon. J’ai failli y partir, il y a de cela quelques années à l’occasion d’une importante conférence, mais la date de soutenance de ma thèse m’a fait manquer ce rendez-vous. Alors j’assimile au quotidien certaines touches de culture de ce pays, que ce soit dans le domaine culinaire ou vidéo en allant de Kurosawa... au Capitaine Harlock de notre enfance, plus connu ici sous le nom d’Albator.
Une nouvelle envie venue du Japon concerne la sculpture. Samedi dernier, je suis allĂ© Ă  une exposition et je suis tombĂ© sous le charmes des œuvres en terre cuites Ă  raku du sculpteur. Le raku est une technique apparue au Japon au XVIe siècle oĂą les pièces, juste après cuisson au four, sont mises dans un rĂ©cipient (une grosse poubelle par exemple) avec des matières combustibles comme de la sciure ou du papier pour ĂŞtre enfumĂ©es un certain temps. Le carbone prĂ©sent va alors agir avec les matières et donner des effets de surface Ă©tonnants. En admirant les sĂ©ries de tĂŞtes de rhinocĂ©ros et les bustes de samouraĂŻs, j’écoutais le sculpteur et mon prof d’arts plastiques parler de cette technique raku, des terres plus ou moins chamottĂ©es, des engobes, des tempĂ©ratures de cuissons, des mĂ©langes d’oxyde et des alĂ©as : le rĂ©sultat final est presque toujours surprenant. Dans de telles conditions, l’artiste se doit d’être aussi alchimiste...
Pour l’instant, je dĂ©bute Ă  peine dans la sculpture. Mes premiers essais prĂ©sents sur le sculpturoblog sont le plus souvent des pièces en terre crue peintes Ă  l’acrylique. Mais, qui sait, peut-ĂŞtre un jour prochain oserais-je aussi me lancer dans l’aventure du raku ?


Jeudi, le 10 juin 2004
Ne pas Ă©touffer
La fin de l’annĂ©e universitaire annonce les vacances pour les Ă©tudiants mais une pĂ©riode particulièrement chargĂ©e pour les enseignants : prĂ©paration des sujets d’examen, correction des copies, dossiers de candidature Ă  examiner, auditions des nouveaux candidats, bref, difficile de pouvoir faire un tout petit peu de recherche quand on est dĂ©bordĂ© par ses activitĂ©s administratives et pĂ©dagogiques.
Et c’est ce qui m’est arrivĂ©. Et ce n’est pas fini. Je suis en train de terminer d’écrire un article pour une encyclopĂ©die internationale, et j’ai bien du mal Ă  rĂ©ussir Ă  avancer sa rĂ©daction. Il est vrai que la chaleur suffocante n’est pas lĂ  pour m’aider : mĂŞme si je rĂ©siste tant bien que mal Ă  l’absence de climatisation, souvent un message d’alerte apparaĂ®t sur l’écran de mon ordinateur pour m’indiquer que la chaleur a atteint une valeur critique au sein des composants de la machine, aussi suis-je obligĂ© de l’arrĂŞter...
J’ai aussi prĂ©vu de partir dans ma rĂ©gion natale Ă  l’occasion du mariage de mon petit frère, samedi prochain. Et Saint-Étienne, depuis plus d’une semaine, est une ville dont les voies ferrĂ©es sont paralysĂ©es en raison d’une grève...
Enfin, qu’importe... Durant cette période, pour ne pas me laisser étouffer par mes problèmes, j’ai quand même pris le temps de partir en Ardèche à l’occasion d’un week-end d’écriture avec l’ami Jean-Jacques. Même là, j’ai dû voler des heures sur mon sommeil afin de préparer des sujets d’examen. Et je ne regrette rien, à part le fait que mon ex-copine, malheureusement présente en ces lieux, ait tenté de m’empoisonner.
Il y a aussi eu, dimanche dernier, une intéressante représentation théâtrale organisée sur le thème de Francis Bacon au musée d’arts modernes. Y assister en présence d’une ravissante compagnie avait été très... rafraîchissant.
Hier et avant-hier, j’ai dĂ®nĂ© avec Francis ValĂ©ry. Outre son indiscutable talent (assassinĂ©) d’auteur, j’apprĂ©cie le personnage, cet attachant extraterrestre profondĂ©ment humain, avec qui discuter autour de bonnes chères et boissons alcooliques est toujours un grand moment de partage d’idĂ©es (d)Ă©tonnantes. D’ailleurs, j’ai sans doute un peu trop bu et trop mangĂ© ces derniers temps. Faudrait peut-ĂŞtre que je pense Ă  surveiller mon alimentation... mais — gasp ! — samedi, il y aura le repas de mariage du frangin, ça ne va pas ĂŞtre simple...
Et puis...
Et puis à l’instant, les informations régionales viennent d’apporter un nouveau bol d’air dans mon univers. Des orages sont attendus en soirée, libérant la tension des cieux, et les agents de la SNCF locaux annoncent la fin de la grève avec un retour progressif à la normale en ce qui concerne la circulation des trains.
Je respire...


Samedi, le 13 mars 2004
MĂ©tamorphoses, suite...
Une petite semaine à préparer de nouveaux cours... une petite semaine où notre laboratoire s’est vu privé de capitaine, le directeur ayant démissionné de ses fonctions... une petite semaine qui s’est achevée par la venue de mon petit frère à qui j’ai fait un peu visiter la ville.
Saint-Étienne est une ville en plein travaux, une ville qui change de visage, petit Ă  petit, une ville qui « bouge dans le bon sens » comme l’indique si bien l’émission Vivre sa ville de France Culture (et que l’on peut Ă©couter jusqu’au 20/03/2004).
CĂ´tĂ© sculpture, une tĂŞte de jeune femme en argile que je n’avais plus touchĂ©e depuis 15 ans (oui, oui, elle date du collège) est passĂ© Ă  la perceuse et va changer radicalement pour devenir une tĂŞte de diablesse...
D’ailleurs, le sculpturoblog vient d’être mis Ă  jour avec mes dernières crĂ©ations : un Minotaure, un Ă©trange fĂ©lin, ainsi que la MĂ©duse (encore en cours de travaux).
Enfin, Ă  dĂ©faut de changer de visage, une modeste mĂ©tamorphose personnelle des pieds Ă  la tĂŞte : je suis allĂ© chez le coiffeur et je me suis achetĂ© une nouvelle paire de chaussures.
Bah, euh... C’est dĂ©jĂ  ça, non ?


Vendredi, le 30 janvier 2004
Instant lucide
DrĂ´le de semaine Ă  se croire maudit. De nouveaux ordinateurs Ă  installer tombent en panne en ma prĂ©sence. Serais-je dotĂ© d’un mauvais fluide magnĂ©tique ou le matĂ©riel actuel n’aurait-il plus les qualitĂ©s d’antan ?
La fenêtre de mon bureau, heureusement, présente un spectacle enchanteur. La cour intérieure est enneigée, le bassin en partie gelé, des stalactites de glace se pendent sous la fontaine. Douce zénitude...
Ce matin, en prenant le bus, je suivais les périples de Flaubert dans son Voyage en Orient. De ce fait, je ne faisais guère attention à mon propre voyage. Dans mon dos, un homme s’est mis à fredonner une jolie chanson, trop bas cependant pour que je puisse en suivre les paroles. Puis son fils l’a accompagné, et le mélange de ces deux voix m’a surpris par son harmonie d’une rare beauté. Hélas, le père et l’enfant sont sortis trop tôt, étant arrivés devant l’école.
Au terminus, il n’y avait presque plus personne. J’ai rangé mon livre et ma voisine, que je n’avais pas remarquée, s’est tournée vers moi. Ce joli visage m’a demandé où se trouvait un institut dont je n’ai jamais entendu parlé. J’étais désolé de ne pouvoir l’aider.
Nous sommes tous un peu perdus hors de nos habitudes.
Non, voyons les choses autrement : il nous reste encore tout un univers Ă  dĂ©couvrir !


Dimanche, le 11 janvier 2004
Il n’y a pas à dire...
Lundi.
— Bonne annĂ©e !
— Merci Fabrice. Bonne annĂ©e, meilleurs vœux ! Alors, des bonnes rĂ©solutions pour cette annĂ©e ?
Je réfléchis un instant.
— Euh... J’ai dĂ©cidĂ© d’arrĂŞter de fumer.
— Ah, c’est bien ! Mais... tu n’as jamais fumĂ© ?!
— Peut-ĂŞtre, mais comme tous ceux qui disent qu’ils arrĂŞtent sont fĂ©licitĂ©s ou encouragĂ©s, je me suis dit que moi aussi. Et puis, au moins c’est le genre de rĂ©solution que je suis sĂ»r de tenir...

Un peu plus tard, un collègue affolé entre dans mon bureau.
— Fabrice, tu es au courant ? Il faut rendre les corrections demain !
— Mais non, ce n’est pas possible !
Je tĂ©lĂ©phone Ă  la scolaritĂ©. À la rĂ©ponse Ă  ma question, je reste bouche bĂ©e. Je cesse aussitĂ´t toute activitĂ© pour prendre mon stylo rouge et mon paquet de devoirs. Je quitte l’UniversitĂ© en milieu d’après-midi, m’isole dans mon appartement, ferme les volets. J’arrive Ă  corriger vingt copies Ă  l’heure au meilleur de ma forme. Mais j’ai un paquet de plus de 150 copies...

Soirée épouvantable. J’ai veillé à rester fidèle au barème, à noter les copies anonymes de la façon la plus juste possible, et à compter et recompter les points. Mais en fin de matinée, tout était corrigé, et j’avais obtenu pour mes étudiants une moyenne générale dans la norme, entre 10 et 11 sur 20.

Il n’y a pas Ă  dire : c’est vraiment la rentrĂ©e...


Dimanche, le 23 novembre 2003
Décalage hor’art
Samedi, 18 heures, gros coup de pompe alors que je suis en train de travailler sur un nouvel article de recherche.
Allez, une petite sieste, rien qu’une heure, histoire d’avoir de l’inspiration.
RĂ©veil embrumĂ©. Il est plus de 23 heures.
À la radio, des animateurs jouent aux DJ’s et invitent les auditeurs Ă  venir les rejoindre dans une boĂ®te du coin.
J’ai une pêche d’enfer. Boosté par la musique, je transforme mon loft en atelier. Je démonte une lampe halogène que j’ai bricolée mais qui manque encore d’une certaine touche esthétique. Avec de la terre, je m’arrange pour que la lampe ait une jolie structure.
Et comme je suis lancé, je me décide à commencer une nouvelle sculpture, un monstre angélique inspiré de la Chaire de la Vérité de la Cathédrale de Liège.
Un peu plus tard, ma crĂ©ature prend forme. J’entends Ă  la radio que la soirĂ©e Ă  la discothèque s’achève. DĂ©jĂ  4 heures du matin !
Euh... Si je retournais bosser mon article ?


Dimanche, le 16 février 2003
Avirtuel sur la vie réelle
[Message personnel Ă  la personne qui se connecte assez rĂ©gulièrement depuis Stanford.edu... Allez, Nono, reviens sur la liste de diffusion de la Gang ! C’est frustrant de te voir disparaĂ®tre (joli paradoxe) Ă  chaque fois que la discussion devient intĂ©ressante. Fin du message perso.]
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "avenir". Je suis officiellement qualifiĂ© aux fonctions de maĂ®tre de confĂ©rences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir s’accrocher dans la course aux postes...
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "recherche". J’ai reçu les retours du comitĂ© de rĂ©daction d’une revue scientifique internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire. Youpi ! Mon papier est acceptĂ©. Rien de mĂ©chant Ă  corriger sur le plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un native English pour rĂ©gler les problèmes de langue.
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "enseignement". Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai en charge les travaux dirigĂ©s, j’ai indiquĂ© Ă  mes Ă©tudiants de maĂ®trise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet, ces derniers (qui sont très occupĂ©s par leur stage) en ont dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une partie de ma salle de TD et je me suis retournĂ© vers l’autre. Un peu trop vite. Du coup, j’ai vu une Ă©tudiante (fort charmante, ma foi) qui faisait mine de m’embrasser (« M’sieur, on vous adore ! »). Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en faut peu pour ĂŞtre aimĂ©... (euh, youpi ?)
Nouvelles littĂ©raires. Le numĂ©ro 29 de Bifrost est enfin arrivĂ© dans ma boĂ®te aux lettres. Avec les excuses d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnĂ©e qui n’est autre que la pub pour la CitĂ© du Soleil (et autres rĂ©cits hĂ©liotropes) du frangin Ugo. DĂ©jĂ  presque terminĂ© de lire la revue. Parmi les fictions, une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu très personnel des Utopiales de Nantes par Francis ValĂ©ry, alternant avec des passages de son roman Ă  venir, le Talent ressuscitĂ©, la suite du Talent assassinĂ©. D’ailleurs Francis doit arriver Ă  Lyon ce soir. La semaine prochaine, il est prĂ©vu de passer quelques soirĂ©es sympas en sa compagnie.
Nouvelles de ma vie d’être humain. CatĂ©gorie "douleur". Je ne sais comment, je me suis fait mal Ă  l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est qu’un bobo ridicule, qui a Ă  peine saignĂ©, qui a presque cicatrisĂ© maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gĂŞnant ! Je me sens vraiment handicapĂ© de la main gauche. Je viens enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait Ă  introduire des aiguilles brĂ»lantes Ă  cet endroit. Brrrr...
Nouvelles de ma vie de cĂ©libataire. CatĂ©gorie "Saint Valentin". Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous avions prĂ©vu de terminer la soirĂ©e dans un bar après notre habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout Ă©tait prĂ©vu, nous avions l’intention de nous affubler de signes distinctifs tels que des "cœurs Ă  prendre" avec des planches anatomiques de l’organe en question ou des gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche. Pas de très bon goĂ»t, certes, mais il faut bien ça pour lutter face Ă  la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien de tel n’a Ă©tĂ© fait... PYM est retombĂ© dans une phase down, il n’est pas venu Ă  la rando roller, j’ai essayĂ© de l’appeler mais le message sur son rĂ©pondeur donne une bonne idĂ©e de son humeur noire... PYM, arrĂŞte de te regarder le nombril, c’est pas parce que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire Ă  tout le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup tous les deux mois).
Nouvelles cinĂ©matographiques. CatĂ©gorie "horreur". J’ai vu Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au dĂ©but, j’ai eu peur... mais peur que le film soit un navet car il commence comme un de ces films pour adolescents au scĂ©nario sans surprise. Mais passĂ©es les dix premières minutes oĂą une jeune fille raconte Ă  sa meilleure amie une lĂ©gende urbaine sur laquelle repose l’histoire, le film dĂ©marre comme une enquĂŞte journalistique avec un oppressant fond fantastique. Pas du grand cinĂ©ma, certes, mais le film remplit son rĂ´le : j’étais calĂ© au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
Nouvelles citoyennes. CatĂ©gorie "je milite". Samedi, 14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans (contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participĂ©es). Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme. J’ai retenu ce message, bien trouvĂ©, Ă©crit sur une pancarte : « Bush, si tu veux du pĂ©trole, viens le chercher sur nos plages ».


Samedi, le 4 janvier 2003
Aviateurs de l’Aéropostale et cavaliers du Pony Express
Hier matin, je suis allĂ© poster des dossiers sur lesquels va se jouer mon avenir d’enseignant-chercheur. J’avais beau ĂŞtre plutĂ´t confiant, les quelques jours de "vacances" passĂ©s dans ma famille avaient Ă©tĂ© mis Ă  profit dans la rĂ©alisation de ces fameux dossiers de "qualification aux fonctions de maĂ®tre de confĂ©rences", je sentais quand mĂŞme de dĂ©sagrĂ©ables nœuds dans mon estomac... Pourtant, j’avais Ă  peine franchi la porte de la Poste que je me suis senti plus lĂ©ger.
PĂ©riode de fĂŞtes et dĂ©but de mois obligent, les personnes qui attendaient leur tour au guichet Ă©taient tout sourire, ce qui est suffisamment rare pour ĂŞtre signalĂ© : colis cadeaux Ă  envoyer, paquets ou mandats Ă  rĂ©cupĂ©rer, et, pour le collectionneur, nouveaux timbres Ă  dĂ©couvrir...
La Poste est une institution pour laquelle j’ai le plus grand respect. En effet, comment faire parvenir autrement des messages ou des biens Ă  des personnes Ă©loignĂ©es sans ĂŞtre obligĂ© de se dĂ©placer soi-mĂŞme ?
J’ai moi-mĂŞme Ă©tĂ© membre de cette institution au cours d’un Ă©tĂ© pour me faire un peu d’argent de poche. ChapeautĂ© de ma casquette de facteur, je parcourais les rues de la petite ville voisine avec mon vĂ©lo, me sentant l’hĂ©ritier des braves cavaliers du Pony Express ou des audacieux aviateurs de l’AĂ©ropostale, pour distribuer le courrier, un sourire aux lèvres lorsque je voyais la lettre d’une jeune amoureuse, identifiable aux petits cœurs dessinĂ©s sur l’enveloppe.
Aujourd’hui cependant, grâce Ă  Internet, il nous est possible de nous passer de bon nombre des services de la Poste, pour le plus grand malheur de cette institution et des amoureux de la correspondance papier. Mais la messagerie Ă©lectronique, quasiment gratuite et immĂ©diate, est devenue une nĂ©cessitĂ© de notre temps : sans elle, je me demande bien comment j’aurais pu contacter aussi facilement mon meilleur ami en Afrique, un collègue japonais ou une blogueuse canadienne que mes correspondants de l’Hexagone...


Mardi, le 17 décembre 2002
Avinnersaire (yoijeux)
« C’est un bon jour pour mourir... Â», dit le vieil Indien dans Little Big Man.
Moi je dis que 30 ans, c’est un bon jour pour vivre.
Le jour de ses trente ans, mon ami Ugo, de deux semaines mon aîné, a passé son audition de maître de conférences et a obtenu son poste.
Le jour de mes trente ans, à savoir hier, j’ai soutenu ma thèse.


Dimanche 15 décembre.

Je me réveille assez tard. J’étais la veille à l’anniversaire d’un ancien amour.
Je répète mentalement ce que je dois dire lors de ma soutenance de thèse en prenant mon petit déjeuner, en me rasant, en prenant ma douche...

Fin de la matinée.
Passage éclair au Virgin situé à moins de 100 mètres de mon appartement.
Manque de bol, il est fermé et n’ouvre qu’à midi.
Je prends mon courage Ă  deux mains et vais jusqu’à la FNAC (Ă  au moins 300 mètres de lĂ ), je trouve ce que je recherche (comme quoi, les chercheurs trouvent quand mĂŞme aussi parfois !) : le recueil de nouvelles de Jean-Jacques Girardot (pas pour moi mais pour offrir, en espĂ©rant qu’un ami charitable pensera Ă  me faire cadeau de DĂ©dales virtuels car j’ai tant envie de lire ce bouquin !)
Je passe le reste de la journée à répéter la présentation de ma soutenance...


Lundi 16 dĂ©cembre, jour « J Â»

J’ai décidé de rester chez moi toute la matinée.
Nouvelle répétition mentale de la soutenance de thèse.
Qui est le premier Ă  me souhaiter mon anniversaire ?
Le robot de NotreFamille.com !
Ouais, je ne travaille pas dans le domaine de l’intelligence artificielle pour rien...
D’autres messages électroniques de soutien arrivent sur ma boîte.
Un premier coup de fil pour me souhaiter mon anniversaire et me dire m..... : je mets un instant Ă  rĂ©aliser qu’il s’agit de Nathalie, une amie de Lorraine.
Un second : il s’agit de ma bonne maman qui m’appelle du train.
Déjeuner léger.
Avec le stress, mon ventre fait des nœuds...
Je me fringue. Non, pas encore la cravate.

Treize heures.
Je sors de chez moi. De la pub et une enveloppe récupérées dans ma boîte aux lettres. Je lirai la lettre plus tard.
Je prends le mĂ©tro et le tramway, je ne vois personne : sur le chemin je rĂ©pète encore ma soutenance.

Quatorze heures moins le quart.
J’arrive au labo.
Mais oĂą est passĂ© mon directeur de thèse ? C’est lui qui devait me prĂŞter son ordinateur portable...
Je cours dans tous les sens.
Bon, pas de panique, je peux emprunter celui du secrétariat du laboratoire.
Les bouteilles sont dĂ©jĂ  au frais ? Parfait !
Mes parents arrivent. Pendant que je copie mon fichier, maman et papa s’occupent du pot (bouteilles, verres, gâteaux...).

Quinze heures.
Avec un collègue, je vais chercher le vidĂ©oprojecteur que j’ai rĂ©servĂ©. Manque de bol, avec le service audiovisuel, nous nous sommes mal compris : le vidĂ©o ne passe que de la vidĂ©o (apprĂ©ciez la nuance) et non de "l’informatique".
Grrrmbl...
Une solution, peut-ĂŞtre : un autre vidĂ©oprojecteur doit ĂŞtre rapportĂ©.
J’attends le retour du matériel. Les minutes s’écoulent, tout comme des gouttes de sueur froides dans mon dos.
Et voici la bĂŞte !
Beau, beau, il est beau le vidĂ©o !
J’arrive sur le lieu que j’ai réservé pour la soutenance. La salle est fermée. Je fais le tour, frappe à la porte d’un secrétariat, c’est ouvert, de gentilles dames vont ouvrir la salle de conférences où je vais officier.
Bricolage pour installer le vidéoprojecteur, les rallonges ne fonctionnent pas (un problème de triphasage), je vais en chercher d’autres, ça y est.
Bon, l’image ne s’affiche pas Ă  l’écran. Nous cherchons la combinaison de touches adĂ©quates. Mmmm... Ce n’est pas ça le problème. Peut-ĂŞtre faut-il changer le port du vidĂ©oprojecteur ? Oui, c’est ça.
Réglages ultimes, des bouteilles d’eau sont mises à la disposition des membres du jury, ainsi que des exemplaires de ma thèse.
Des personnes arrivent dans la salle : mes parents, mon ami Ugo (venu tout exprès d’Aix pour m’écouter), mon ex-copine, des collègues, des amis, et mon directeur avec quelques membres du jury.
Bonjour, bonjour, c’est gentil d’être venu.
Des personnes proches me souhaitent aussi mon anniversaire.
Les derniers membres du jury arrivent, il est un peu plus de 16 heures, le prĂ©sident du jury me laisse la parole.

Go!
Je me fais peur : le dĂ©marrage est un peu chaotique, ma langue s’accroche sur quelques mots. Mais je me rattrape. J’ai un dĂ©bit de paroles plus rapide qu’à l’ordinaire, ma prĂ©sentation coule, les transparents dĂ©filent, je prĂ©sente mes travaux et l’auditoire est attentif. Un coup d’œil sur la montre, il faut que je me dĂ©pĂŞche, j’augmente encore un peu le dĂ©bit mais tout va bien, j’arrive Ă  ma dernière diapositive, la numĂ©ro trente-trois (clin d’œil Ă  la parole classique du docteur : « Dites 33 ! Â») et je termine ma prĂ©sentation entre 40 et 45 minutes, c’est-Ă -dire le temps qui m’était accordĂ©.
Parfait.
Questions du jury.
Les rapporteurs et examinateurs me fĂ©licitent pour la qualitĂ© de mon travail (« Merci ! Â») et me posent certaines questions.
Mes réponses semblent les satisfaire.
Mes directeur et co-directeur louent mes qualités scientifiques et humaines, ma maman verse une larme.
La dernière question du président du jury, je suis heureux de voir que les personnes se sont vraiment intéressées à mon travail.

Délibération.
Papa prend quelques photos sur son appareil numérique.
Je débranche le matériel.

Le jury arrive, le président prend la parole, ça y est, je suis docteur, les félicitations ne sont plus données (pour éviter les différences de politiques entre les établissements nationaux), sinon je les aurais eues (c’est ce que dit mon président de jury).
Joie.

Pot de thèse.
Tout est beau, tout est bien. Les amis avec qui je fais du roller arrivent. Il y a moins de Gangsters que prévu mais je suis heureux, les bouteilles et les plats se vident, je parle avec les uns et les autres, la tension accumulée ces derniers jours se relâche petit à petit.
Les gens s’en vont progressivement.
Gizmo de la Gang vient chercher Ugo. Il emportera aussi quelques restes.

Vingt heures.
J’abandonne collègues, famille et amis pour retrouver les membres du jury dans un bon restaurant situé sur la Croix-Rousse.
J’imaginais ne plus avoir faim mais la soupe de bulots tiède aux crevettes, le cabillaud et sa salade d’algues ainsi que le gâteau à la nougatine m’ouvrent de nouvelles perspectives sur les capacités de mon estomac.
Comblé.

Minuit et quelques.
J’arrive chez moi.
Mes parents sont déjà couchés.
Un message en anglais sur mon répondeur. Marina, une amie grecque, me souhaite mon anniversaire...


Mardi 17 décembre.

RĂ©veil matinal.
J’essaie sans succès de copier les photos prises par l’appareil numĂ©rique de mon père sur mon vieil ordinateur portable. Foutu port USB !
Métro, nous arrivons à la gare de la Part-Dieu. J’en profite pour acheter un billet.
Ça y est, ils sont partis et fiers de leur fiston.
Je vais chez André et Olivier récupérer Ugo.
André est déjà parti travailler, je fais la connaissance de Guillaume.
Ugo et moi nous rendons tranquillement au centre commercial de la Part-Dieu pour papoter, faire un coucou à André, prendre un petit déjeuner chez Paul, essayer de trouver des idées de cadeau pour Noël, faire un tour devant la bibliothèque municipale...
Puis l’heure à laquelle Ugo doit prendre son train arrive, il retourne dans son sud natal, je retourne dans mon labo...
Au boulot 


Vendredi, le 13 décembre 2002
Aviné
Ce matin, soutenance de l’habilitation à diriger les recherches de mon co-directeur de thèse.
J’avais l’impression de stresser davantage que ma "moitié d’encadrant"...
Présentation excellente, réponses aux questions du jury très perspicaces, critiques élogieuses.
RĂ©ussite sur toute la ligne, et en particulier aussi pour le pot de thèse : grand luxe. J’ai mĂŞme pris un verre de champ’ alors que je devais bosser. En fait, grand bien m’en a pris : ça m’a remontĂ© le moral.
J’ai rĂ©cupĂ©rĂ© les exemplaires de ma thèse. ReliĂ© collĂ© (et non boudinĂ©) et en recto-verso, mon manuscrit en jette un max !
J’ai pu réserver le vidéoprojecteur, j’ai acheté les boissons et quelques bricoles pour mon pot de soutenance. J’ai même acheté une nouvelle cravate. Bon, c’est vrai, j’en ai quelques unes (que je ne mets que 3 ou 4 fois l’an) mais je n’ai plus retrouvé ma cravate fétiche, offerte par une ex. (D’ailleurs, je ne comprends pas comment j’ai pu perdre cette cravate, tous les cadeaux faits par ceux qui vous aiment sont précieux.)
Et bien sûr, je viens de terminer ma présentation.
J’ai mis du temps, mais ça en vaut vraiment le coup. Sacrifier ma randonnée en roller du vendredi soir n’a pas été inutile...


Jeudi, le 12 décembre 2002
Ă€ vif (les nerfs)
Je soutiens ma thèse dans quatre jours. Enfin, moins de 100 heures, si on veut être plus précis.
Et ça devient vraiment très dur.

Au niveau du pot de thèse, c’est Ă  peu près rĂ©glĂ© : merci les parents pour les spĂ©cialitĂ©s rĂ©gionales (les bouteilles et les verres pour papa, les spĂ©cialitĂ©s culinaires pour maman), la commande est passĂ©e auprès du traiteur, je dois encore acheter des trucs complĂ©mentaires, en particulier des boissons, ce que je ferai samedi (je me rĂ©jouis dĂ©jĂ , vu que les grands magasins seront dĂ©serts un samedi avant NoĂ«l, n’est-ce pas ?)
Pour le restaurant du soir avec les membres du jury, c’est aussi OK, j’ai réservé un endroit sympa sur la Croix-Rousse...
Au niveau de la soutenance, pour la prĂ©sentation, il y a encore des bricoles Ă  modifier sur mes diapos. (Au boulot, Fab !)
J’ai vu le service repro pour disposer de quelques nouveaux exemplaires de ma thèse (celui avec le résumé et les remerciements en bonus track).
La salle de soutenance est réservée, OK, OK...
La salle prĂ©vue pour le pot sera occupĂ©e par un cours juste avant mais j’ai quand mĂŞme un peu de marge de manĹ“uvre... Chaud !
Les vidéoprojecteurs... Il y a celui du labo mais je devrais aussi en réserver un autre demain au service audiovisuel (on ne sait jamais)...
Les ordinateurs portables... Je prendrai le mien, mais il y aura sans doute aussi ceux de mes collègues au cas où...
Le transport et l’hĂ©bergement du jury : lĂ  aussi, tout baigne, ou presque (un de mes rapporteurs sera Ă  une soutenance juste avant la mienne Ă  l’autre bout de la ville). Va falloir inventer la tĂ©lĂ©portation vite fait...

J’ai fait mon maximum, j’ai encore des p’tits trucs à régler. Mais bon, je gère, je gère... Enfin, j’espère.
Et puis, bon, faut pas stresser. Songer aussi à dormir tôt, je commence à avoir mal à la tête avec tout ça, c’est mauvais signe...

Oui, je me demande comment ça se passera, le jour oĂą je me marierai(s). Ah, j’oubliais : pour se marier, faut ĂŞtre deux, et on partagera les tâches Ă  ce moment-lĂ ...

Mais bon, voyons la vie en rose. Ou en bleu. Et écoutons, pour nous détendre, l’émission la Planète bleue qui passe le dimanche soir sur Couleur 3, une radio suisse qu’elle est achtement bien.
Pour ceux qui ont une connexion qui booste (et qui ne paient pas le téléphone), il est possible d’écouter l’émission la Planète bleue sur le Net.
Une heure de plongĂ©e dans la musique de demain : c’est Ă©trange, c’est beau, c’est bon, ça calme...

Vous croyez que j’en ai besoin ?


Mardi, le 3 décembre 2002
A vision of the future
Samedi soir, je suis allé à la nuit de la science-fiction d’Oullins (dans le sud de Lyon). Très intéressant.
Tout d’abord, un documentaire intitulé Robot Sapiens avec des interviews de chercheurs d’équipes toulousaine et parisienne ainsi que d’un Gérard Klein en pleine forme (non, pas l’instit’, Klein, c’est l’auteur de S.-F. et directeur de la collection Ailleurs et Demain, chez Robert Laffont).
Surprise, Gérard Klein profère des propos virulents à l’encontre de l’intelligence artificielle, la considérant, grosso modo, comme une escroquerie intellectuelle.
Après le documentaire, Klein, présent dans la salle, confirme ses propos, proposant de se référer à sa préface d’Excession de Iain M. Banks et se lance dans le jeu des questions-réponses...
Une intervention venue du milieu de la salle. Un jeune homme prend le micro et se prĂ©sente en tant que chercheur en intelligence artificielle (Klein avec un sourire : « Ah, il fallait bien que ça arrive ! Â») et comme amateur de science-fiction (Klein : « Merci ! Â») et auteur Ă  ses rares moments de temps libre. Le chercheur tient Ă  prĂ©ciser que ce dont GĂ©rard Klein parle, et dont le documentaire a fait Ă©tat, Ă©tait de robotique et de vie artificielle et non rĂ©ellement d’intelligence artificielle. Il indique aussi que des travaux en intelligence artificielle ont produit des rĂ©alisations concrètes... En rĂ©ponse, Klein poursuit sur ses critiques de l’intelligence artificielle "forte", parlant des positions dĂ©fendues par des chercheurs hyper-mĂ©diatisĂ©s tels que Hugo de Garis (auteur d’une interview parue dans le Monde, le 9 novembre 1999).
Le chercheur en IA répond à Klein que de Garis n’est pas un chercheur considéré par ses pairs mais qu’il s’agit de quelqu’un de complètement allumé...
Finalement, Klein et le chercheur tombent plus ou moins d’accord sur les limites de l’intelligence artificielle dans sa version forte et conçoient que le terme "intelligence artificielle" est sans doute assez malheureux.
Ah oui, j’ai oublié de préciser, le chercheur en IA, c’était moi...


Vendredi, le 29 novembre 2002
Avibus secundis
L’UniversitĂ© vient de me faire parvenir les retours de mes rapporteurs accompagnĂ©s de l’autorisation officielle de soutenance de thèse. Les rapports de ces deux grands chercheurs qui ne me connaissaient pas auparavant (ce n’est pas un jury de complaisance) sont très positifs et indiquent qu’ils ont lu avec attention ma thèse, mettant fort justement en valeur les qualitĂ©s de mon travail et faisant un ensemble de remarques pertinentes. Ainsi avais-je bien raison d’annoncer que j’allais ĂŞtre docteur dans mon premier post sur ce weblog : connaissant le professionnalisme et l’exigence de mon chef, celui-ci ne m’aurait pas laissĂ© soutenir ma thèse s’il n’avait pas Ă©tĂ© satisfait de mon travail de recherche et de la rĂ©daction de mon manuscrit.
Joie !
La soutenance de ma thèse se présente ainsi sous d’heureux auspices...
Cependant, mĂŞme si je n’ai mĂŞme pas de corrections Ă  apporter Ă  mon document, le week-end prochain s’annonce pourtant chargĂ© : j’ai un article pour une revue Ă  boucler (avant lundi) tout en espĂ©rant pouvoir aller Ă  la manifestation Rifl Art fiction de Villeurbanne (samedi), Ă  la nuit de la science-fiction d’Oullins (dans la nuit de samedi Ă  dimanche) et voir (dimanche) mes amis de la Gang...
Bon, je me reposerai (sur mes lauriers) quand je serai mort.


Lundi, le 18 novembre 2002
Avis d’arrivée sur la planète WebLog
Si tout va bien, dans moins d’un mois, je serais docteur...
Allez, positivons, point de conditionnel : je serai docteur !
Les questions qui se posent sont autres : Aurais-je rĂ©alisĂ© une bonne thèse ? Serais-je qualifiĂ© au poste de maĂ®tre de confĂ©rences ? Y aura-t-il un poste dans mon domaine ? Devrais-je quitter cette bonne ville de Lyon ?
Trois ans de thèse, de week-ends passés au laboratoire pour terminer des articles dans les temps, de moments où je n’ai pas assez pris le temps d’écrire et d’aimer, mais trois ans quand même formidables...

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