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Mercredi, le 9 mai 2018
Intelligence artificielle et salade russe
Hier soir, sur le site de l’Université Lyon 3, a eu lieu le débat de clôture de Pop’Sciences Forum : « Intelligence artificielle, demain commence aujourd’hui ». Après une présentation d’Olivier Nerot sur les difficultés à tracer des frontières entre le vivant et le non-vivant, ce dernier a été rejoint par Jean-Claude Dunyach et Sylvie Allouche pour une table ronde. Après un démarrage troublé par le robot dinosaure de la fille de Nerot, les différents intervenants ont présenté leurs visions du futur de l’IA. Le débat a assez vite dérapé pour passer trop rapidement sur les points intéressants du sujet (qui sont revenus brièvement dans les remarques et les questions de la salle, à la toute fin) pour aborder des sujets assez éloignés tels que le transhumanisme, la notion de singularité ou la vallée dérangeante...
À titre personnel, c’est plutôt le transhumanisme qui me dérange. Je préfère de loin la vision de Joël de Rosnay sur l’hyperhumanisme.
C’est du moins ce que je vise dans mes propres travaux de recherche dans le domaine de l’IA où la finalité est de favoriser la diversité (en particulier au niveau culturel), de croiser les regards (entre les différentes disciplines scientifiques), de s’ouvrir aux autres… bref, d’être plus humain.
Mais bon, cette soirée aura quand même été l’occasion de revoir quelques membres lyonnais de la Gang : Sylvie Lainé et Nicolas Le Breton. Il faut dire que le groupe a un peu explosé avec les départs des uns et des autres aux différents coins de la France (en région parisienne, au sud, au nord, dans l’ouest), voire dans le reste de la francophonie (Suisse, Canada).
Tiens, petit message personnel à celui qui fut le Capitaine de la Gang, le désormais bordelais André-François Ruaud qui travaille dans la traduction de l’anglo-russe des mémoires d’un certain détective : hier après-midi, je n’ai pas pu me rendre chez moi et j’ai dû faire un gros détour parce que le Prince Charles et la duchesse Camilla sont allés faire des dégustations à quelques pas de chez moi, aux Halles Bocuse. Quel rapport avec l’intelligence artificielle ? A priori aucun si ce n’est qu’au cours de son histoire, l’IA a connu de nombreux « hivers ». Un exemple frappant présenté comme un échec de l’IA concernait les problèmes de la traduction automatique (il faut remonter au temps de la guerre froide et à l’époque où la DARPA finançait largement les laboratoires de recherche en IA aux États-Unis). Une phrase en anglais telle que « l’esprit est fort, mais la chair est faible » passée de l’anglais au russe, puis du russe à l’anglais revenait sous la forme de « la vodka est forte, mais la viande est avariée ! »


Lundi, le 12 juin 2017
Nice, le gâteau 100 fois bon et la Servante écarlate
En ce moment passe The Handmaid’s Tale, une série télévisée diffusée sur la plateforme de VOD Hulu. J’avais eu l’occasion de voir précédemment La Servante écarlate, le film de Volker Schlöndorff sorti en 1990, mais pas de lire le roman de la Canadienne Margaret Atwood dont le film et la série sont inspirés.
L’univers dystopique est plutôt bien rendu. Il faut dire que, dans la réalité, la montée sournoise du populisme dans le monde politique n’est malheureusement plus aussi invraisemblable qu’elle pouvait l’être dans la fiction, en témoigne le passage des présidents Obama à Trump aux États-Unis (cf. la critique de PILOTE, la chronique série).
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de croiser Margaret Atwood. C’était à Nice, lors du colloque « La science-fiction dans l’histoire, l’histoire dans la science-fiction » co-organisé par l’ami Ugo Bellagamba, en 2005. Margaret Atwood était venue y parler de sa vie et des liens avec la science-fiction.
Lors de cette rencontre, j’étais venu y présenter un article que j’avais écrit avec le compère Jean-Jacques Girardot sur « le Steampunk : une machine littéraire à recycler le passé ». Nous avions conclu notre propos ainsi :
Notre article débutait par une liste, se voulant impressionnante, d’ingrédients, dont la seule accumulation laissait présager du pire. Mais le steampunk n’est pas le Gâteau cent fois bon (Jindra Capek, Le Gâteau cent fois bon, Flammarion, Paris, 1986), il se bonifie avec chaque nouveau condiment, mais aussi avec chaque nouvelle façon de l’accommoder, et se décline aujourd’hui en plus d’un parfum (...).
Le Gâteau 100 fois bon
La référence au Gâteau cent fois bon, un livre pour enfants dont la trame se résume à l’idée que si l’on réalise un gâteau pour des amis, il sera 100 fois meilleur si l’on mélange 100 bons ingrédients, avait échappé à la plupart des auteurs et universitaires présents à ce colloque, dont Margaret Atwood. Je me rappelle ainsi qu’au moment du dîner de gala, j’avais dû raconter à l’assemblée cette histoire, et que cela avait fini par un véritable sketch quand mes paroles étaient simultanément traduites en anglais par Daniel Tron pour l’autrice canadienne.
Voilà pourquoi, dans mon esprit tordu, quand je regarde un épisode de The Handmaid’s Tale, même au moment d’une scène particulièrement dramatique, je ne peux m’empêcher de repenser au rire de Margaret Atwood lorsque j’avais donné la recette de ce gâteau concocté par des animaux. En effet, les pâtissiers amateurs de l’histoire, imaginant qu’en mélangeant ce que chacun préférait (l’os du chien, le ver de terre de la poule, l’herbe tendre de la vache, la carotte du lapin...), ils auraient dû obtenir un gâteau merveilleux... Bien entendu, le résultat culinaire avait déçu leurs attentes car leur mixture s’était avérée immangeable.
La morale de cette histoire ? Je ne sais pas. Tout dépend si on l’applique aux domaines de l’humour, de la cuisine, ou à la politique...


Dimanche, le 15 mai 2016
Intergalactiques de Lyon 2016
Cette année, mon passage aux Intergalactiques de Lyon aura été très bref, limité au seul samedi après-midi. J’arrive à l’ENS, amphi Charles Mérieux, on fouille mon sac, je récupère mon bracelet vert d’inscrit à l’accueil : bizarre de venir en ce lieu pour un événement SF alors que je me rends ici de temps à autre pour des rendez-vous professionnels.

Le hall est occupé par les exposants. Je rencontre Olivier Paquet, j’aperçois Jean-Claude Dunyach (sans masque de troll) qui s’en va déjeuner, je viens saluer Markus Leicht, de la librairie Temps-Livres, toujours fidèle au poste, et je vois Jérôme Vincent reprendre sa place au stand des Indés de l’imaginaire armé d’un sandwich... La conférence d’ouverture débute à 13h30, dans 10 minutes, j’entre alors dans l’amphithéâtre et je m’installe dans un des fauteuils, pas trop loin de la scène. Je remarque Sylvie Lainé et Dominique Douay prendre leurs places à quelques rangs devant moi. Trois anglophones viennent s’assurer que c’est bien là qu’aura lieu la conférence et vont s’asseoir à quelques places, à ma gauche. Leurs têtes me disent quelque chose. Je rallume mon téléphone portable pour vérifier la liste des invités : ce sont Peter F. Hamilton, Alastair Reynolds et Paul J. McAuley...
Dans mon sac, j’ai rapporté quelques exemplaires de ma bibliothèque : des ouvrages de Christopher Priest (L’Archipel du rêve, La Machine à explorer l’espace et son Livre d’or en Pocket), mais aussi l’anthologie Destination 3001 dirigée par Robert Silverberg et Jacques Chambon (sortie en 2000 chez Flammarion) avec Priest, mais aussi Paul McAuley. Et ce dernier est là, juste à côté. Comment dit-on « dédicace » en anglais ?
Je regarde la couverture de Destination 3001 dont la typographie était reprise du texte d’ouverture de la saga Star Wars. Pincement au cœur : la liste alphabétique des auteurs commence par Ayerdhal et se termine par Roland C. Wagner, deux personnes dont j’ai lu et aimé les textes, deux très grands de la science-fiction d’expression française qui ont su rester accessibles et avec qui j’avais eu l’occasion d’échanger quelques mots et de déjeuner en compagnie de la Gang, lors d’une édition du festival de la science-fiction de Roanne pour le premier ou d’une convention nationale française de science-fiction dans le sud de la France pour l’autre. Deux auteurs qui m’ont tant apporté, le militantisme et l’engagement écologique dans Demain, une oasis, l’humour et l’imagination débridée dans la conception de l’IA (aya) Gloria dans la série des Futurs Mystères de Paris. Yal et Roland, vous nous manquez tant...


Christopher Priest et Stéphane, le traducteur, entrent sur la scène. Un Julien Pouget — que la Nuit des Séries (sans sommeil) n’a pas laissé au meilleur de sa forme — nous présente Priest et les tables rondes à venir.
Aux premiers mots de Priest débutant sa conférence par l’évocation de ses souvenirs d’enfant en période de guerre, l’incipit du Monde inverti (« J’avais atteint l’âge de mille kilomètres ») me revient en mémoire, des mots qui m’avaient amené à reconsidérer les notions d’espace et de temps. Je crois que c’était Sylvie qui m’avait fait découvrir Priest. Puis, surprise : les souvenirs très précis du vrombissement des avions, du visage angoissé de sa mère ou du lieu exigu sous l’escalier où ils s’étaient protégés n’étaient que des fabrications de son esprit : Priest n’avait pu connaître les bombardements des grandes villes par l’aviation allemande durant la Deuxième guerre mondiale car il n’est né qu’en 1943 et vivait en banlieue de Manchester, au nord-ouest de l’Angleterre, loin du lieu où les bombes étaient tombées, et ces bombardements avaient cessé au printemps 1941. Introduite par cet exemple de faux souvenir, « Reality, Memory and Doubt », la conférence de Priest se poursuit, pleine de réflexions intéressantes sur l’imaginaire, les jeux sur les points de vue. Je comprends mieux comment l’auteur du Prestige a construit son roman et peint avec un tel brio l’histoire de la rivalité entre les deux prestidigitateurs Alfred Borden et Rupert Angier.


Première table ronde : « De l’empire britannique à l’imperium galactique ? »
Intervenants : Peter Hamilton, Alastair Reynolds et Sara Doke ; modérateur : Anudar Bruseis. L’empire galactique est une constante du genre space opera. Des parallèles entre la Grande-Bretagne, du temps où elle était un empire sur lequel ne se couchait jamais le soleil, et un éventuel empire galactique ?
Points de vue et visions optimistes ou pessimistes s’enchaînent.
Sara (dont j’apprécie le travail de traduction des œuvres de Paolo Bacigalupi, un de mes coups de cœur de ces dernières années) sursaute aux maladresses de Stéphane : le cycle « culturel » (sic) de Ian Banks au lieu du cycle de la Culture ou le « guide pour auto-stoppeur de la galaxie » au lieu du Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. Un empire, ou au moins une structure fédératrice de nations, nécessite un partage de valeurs communes... mais comment tenir compte des spécificités des minorités ? Ce questionnement me renvoie aux réflexions qui avaient longtemps trotté dans ma tête à la suite de la lecture de la Notion de génocide nécessaire de Thomas Day, au milieu des années 2000. Question toujours d’actualité, en témoigne la récente victoire de l’Ukrainienne Jamala à l’Eurovision et sa chanson évoquant le drame de la population tatare de Crimée en 1944, et faisant évidemment écho au conflit toujours présent entre l’Ukraine et la Russie...



Deuxième table ronde de l’après-midi sur un sujet apparemment plus léger : « Jamais sans ma serviette, l’humour dans la science-fiction britannique » avec comme intervenants les auteurs Catherine Dufour et Jean-Claude Dunyach ainsi que Nicolas Botti (promoteur de l’œuvre de Douglas Adams en France), et comme modérateur François « Le-Fossoyeur-de-films » Theurel.
Jean-Claude Dunyach cabotine un peu, Catherine Dufour parle des Annales du Disque-monde de Terry Pratchett, Nicolas Botti parle de H2G2, et avec Sylvie Lainé assise à mes côtés, nous échangeons quelques bons mots.
Pour Jean-Claude Dunyach, l’humour anglais est issu d’une élite (les humoristes ayant fait leurs classes dans les universités de Cambridge ou d’Oxford), ce qui fait que les humoristes sont mieux acceptés par la classe dirigeante qu’en France, c’est aussi un humour qui joue sur l’autodérision et qui n’a pas de limite (il illustre ses propos notamment par la série télévisée Black Mirror et son épisode pilote The National Anthem) ; Nicolas Botti évoque aussi un humour plus trash et plus populaire apparu à la suite des années Thatcher ; Catherine Dufour raconte comment les Monty Python et leur Vie de Brian ont forgé sa conscience politique et lui ont fait comprendre l’inanité de certaines formes de militantisme.
L’humour anglais passe-t-il en françaisa ? Nicolas Botti en veut à Jean Bonnefoy d’avoir mis dans ses traductions des jeux de mots graveleux qui n’étaient pas présents dans le texte originel de Douglas Adams, Catherine Dufour au contraire défend l’idée que le travail de traduction est une œuvre de création et cite, en plus de Poe traduit par Baudelaire, l’exemple, chez Pratchett, d’un elfe ressemblant à s’y méprendre à un chanteur rock ’n’ roll bien connu : he looks Elvish (pour « il avait l’air elfique/Elvis ») et qui, en français, avait été traduit par quelque chose comme « il avait l’air presque laid ».
Références de livres, de films et de séries télévisées s’enchaînent et terminent sur la façon dont l’humour britannique a imprégné la culture française...

Je ressors de cette table ronde un peu assommé. L’absurde et l’humour anglais ont quelque chose de désespéré. Il est presque 18h00... Je me sens soudain très seul. Les personnes que je voulais voir sont parties ou occupées. Tant pis, je n’aurais pas de dédicace. Tant pis, je n’aurais pas eu l’occasion de saluer des personnes que je n’ai plus vues depuis des années et avec lesquelles je ne suis plus lié qu’à travers le faible lien des réseaux sociaux virtuels. Morose, je ne me sens plus trop faisant partie de cet univers. Je rallume mon téléphone. Ma femme a essayé de me joindre. Mes enfants s’amusent à l’aire de jeux. Je prends le tramway pour les rejoindre... et retrouver une vie normale.


Dimanche, le 29 novembre 2015
Just married!
Deux mille quinze, qui s’achèvera dans un mois, ne sera pas une « année horrible ».
Cette année aura certes eu son lot de malheurs, de disparitions liées à la maladie, à des accidents et évidemment à la folie meurtrière de fanatiques, mais 2015 ne sera pas que cela.
Même si le début de l’année 2015 correspond, dans la plupart des esprits, aux attentats de Charlie Hebdo, je veux m’en souvenir aussi comme étant la période de la naissance de mon fils.
Et ce mois de novembre 2015, ce ne sont pas que les attentats de Paris, ce sera aussi celui de mon mariage avec Delphine, la femme de ma vie, la merveilleuse mère de mes enfants.
Oui, oui, grande nouvelle : je me suis marié hier, samedi 28 novembre, à Lyon...
Love and the Rings

Pour l’occasion, l’ami auteur et musicien Francis Valéry — qui s’est lancé dans une nouvelle aventure de crowdfunding pour financer son projet de roman de SF accompagné de sa « bande son » —, nous a écrit tout spécialement une musique que nous avons eu le plaisir d’écouter lors du déjeuner qui a suivi la cérémonie.

Francis décrit ce morceau comme étant une petite pièce électro-acoustique à six lignes mélodiques (violoncelle, alto, flûte japonaise, orgue Hammond, piano et guitare acoustique), avec un chœur de quatre récitants « aliens » et des enregistrements de nature...
Ça, c’est un cadeau vraiment formidable ! Merci Francis !


Lundi, le 19 novembre 2012
L’IA, les robots et moi (créateurs, créatures, et cætera)
Il y a 10 ans, je venais de crĂ©er ce blogue. À cette Ă©poque, je m’apprĂŞtais Ă  soutenir une thèse dans un domaine dĂ©rivĂ© de l’intelligence artificielle et je me posais des questions sur mon avenir. Dix ans plus tard, je suis toujours autant intĂ©ressĂ© par l’intelligence artificielle et mon mĂ©tier d’enseignant et chercheur me permet de faire de jolies rencontres, comme revoir le mois dernier lors d’une confĂ©rence quelqu’un qui avait Ă©tĂ© l’auteur d’un essai fondamental sur l’IA que j’avais lu avec passion dans mes premières annĂ©es d’études universitaires, puis, bien des annĂ©es plus tard, avait Ă©tĂ© un de mes professeurs du temps oĂą j’étais encore un Ă©tudiant parisien, et qui est dĂ©sormais un collègue. Il m’avait alors confiĂ© qu’il devait participer en tant qu’invitĂ© aux dernières Utopiales afin d’intervenir sur une table ronde dĂ©diĂ©e au sujet des morales humaines et lois robotiques dans l’œuvre d’Isaac Asimov...
En mars 2012 s’était dĂ©roulĂ© Ă  Lyon le sommet europĂ©en de robotique « InnoRobo ». Mon intĂ©rĂŞt pour l’intelligence artificielle (l’IA) et la robotique ne date pas d’hier : tout jeune adolescent, j’étais dĂ©jĂ  fascinĂ© par les œuvres de science-fiction Ă©voquant des crĂ©atures artificielles, qu’il s’agĂ®t de grosses machines avec de simples boutons lumineux clignotants – comme le « Colossus » du film le Cerveau d’acier de Joseph Sargent sorti en 1970 (et adaptĂ© du roman Colossus de Dennis Feltham Jones) –, de robots vaguement humanoĂŻdes – comme « Robby » de la Planète interdite de Fred McLeod Wilcox en 1956 –, ou que les machines fussent si semblables aux ĂŞtres humains que seuls des tests très poussĂ©s permettaient de les distinguer de nous – comme les « rĂ©plicants » dans Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982 (adaptĂ© des AndroĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques ? de Philip K. Dick).
J’éprouvais dĂ©jĂ  pour les crĂ©atures artificielles une rĂ©elle fascination, un mĂ©lange curieux d’admiration et de crainte, que je dois Ă  la tradition judĂ©o-chrĂ©tienne et Ă  l’hĂ©ritage culturel grĂ©co-romain qui m’ont façonnĂ©. Or c’est peu dire que la Bible n’est pas tendre avec ceux qui se permettent de rĂ©aliser des crĂ©ations qui nous ressemblent, car cet art est rĂ©servĂ© Ă  Dieu seul : « Dieu crĂ©a l’homme Ă  son image, il le crĂ©a Ă  l’image de Dieu, il crĂ©a l’homme et la femme. » (Genèse 1:26). L’Ancien Testament est bourrĂ© d’interdits sur la rĂ©alisation de crĂ©ations nous ressemblant : « Tu ne te feras point d’image taillĂ©e, ni de reprĂ©sentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre » (Exode 20:4, mais on retrouve des propos similaires aussi en LĂ©vitique 26:1, en DeutĂ©ronome 4:25 ou 5:8, etc.). À ce propos, je devrais aussi m’interroger pour mon attrait pour les arts plastiques, et en particulier pour la sculpture et le modelage de l’argile... Dans la mythologie grecque, le destin est tragique pour l’être lĂ©gendaire qui aurait Ă©tĂ© Ă  l’origine de l’humanitĂ©, Ă  savoir le Titan PromĂ©thĂ©e. Après avoir crĂ©Ă© les hommes Ă  partir d’argile et d’eau, il vole le Feu de l’Olympe (symbolisant la connaissance) aux dieux pour en faire don aux hommes, dĂ©clenchant le courroux des dieux qui l’enchaĂ®nèrent Ă  un rocher oĂą un aigle venait chaque jour lui dĂ©vorer le foie.
De fait, les histoires de créatures intelligentes se terminent mal, en général, et les créateurs qui osent braver l’interdit sont remis à leurs places de simples mortels le plus souvent de manière très cruelle.
Les premières crĂ©atures appelĂ©es « robots », qui sont plutĂ´t des androĂŻdes, sont celles que l’on retrouve dans la pièce de théâtre R.U.R. de l’auteur tchèque Karel Capek... Je pense que ce n’est pas trop dĂ©florer l’histoire que de dire que, Ă  la fin de la pièce, les robots se rĂ©voltent et finissent par anĂ©antir l’humanitĂ©.
Les crĂ©atures artificielles qui ressemblent Ă  l’homme, on en retrouve aussi des traces dans la tradition juive avec le Golem, ce « second Adam » d’argile prenant vie par le pouvoir magique du rabbin le Maharal de Prague. En dĂ©truisant le Golem, le rabbin aurait Ă©tĂ© Ă©crasĂ© par la masse de sa crĂ©ature.
Dans Frankenstein ou le PromĂ©thĂ©e moderne, Ă©crit en 1818 par Mary Shelley, la science reprend la place qu’occupait auparavant la magie, et on sent dans ce texte que l’arrivĂ©e de l’électricitĂ© permettait d’imaginer toute forme de pouvoirs, dont celui de donner vie Ă  une crĂ©ature composĂ©e de parties de corps humains dĂ©cĂ©dĂ©s. LĂ  encore, le rĂ©cit se termine par la mort du crĂ©ateur (qui traquait sa crĂ©ature qui ne faisait que semer la dĂ©solation autour d’elle), et l’horreur inspirĂ©e par cette histoire Ă©tait telle qu’une confusion a fini par s’établir entre la crĂ©ature et le crĂ©ateur, « Frankenstein » dĂ©signant pour la plupart des gens le monstre au lieu du scientifique qui Ă©tait parvenu Ă  crĂ©er une telle abomination.
Au moment oĂą l’homme mettait le pied sur la Lune, Stanley Kubrick sortait son film 2001, l’OdyssĂ©e de l’espace (au scĂ©nario inspirĂ© de nouvelles Ă©crites par Arthur C. Clarke). Le vaisseau spatial Ă©tait assistĂ© par une intelligence artificielle appelĂ©e HAL 9000. Les astronautes, comprenant que l’IA Ă©tait en train de dĂ©railler, avaient dĂ©cidĂ© de la dĂ©sactiver... mais celle-ci, ayant pu lire leurs intensions sur les lèvres, avait essayĂ© de les supprimer.
On peut noter que la seule manifestation de HAL, outre sa voix et son contrĂ´le du vaisseau spatial, est son œil rouge, nĂ©cessairement menaçant, comme l’est celui du robot Terminator quand il est dĂ©barrassĂ© de son enveloppe humaine.
Dans la saga des films Terminator, dont le premier volet avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par James Cameron en 1984, le concept est toujours le mĂŞme – des mĂ©chants robots viennent pour dĂ©truire l’humanitĂ© et il ne reste qu’une poignĂ©e d’humains pour lutter contre les machines – mais l’histoire se complique par des voyages dans le temps pour revenir dans le passĂ© afin de changer l’issue de cette bataille. Suivant les Ă©pisodes, le Terminator venait du futur soit pour tuer le leader de la rĂ©volution, soit pour le protĂ©ger.
Dans les annĂ©es 1970 et 1980, mĂŞme si on rencontrait en Occident des robots moins mĂ©chants (comme « R2D2 » et « C6PO » de la saga la Guerre des Ă©toiles), c’était surtout les influences orientales (oĂą le robot est vu plutĂ´t comme un compagnon que comme une crĂ©ature soumise Ă  un maĂ®tre) qui vinrent changer le regard que nous portions sur les crĂ©atures artificielles, comme Astro le petit robot (Astroboy dans sa version originale japonaise) ou « Nono » de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e d’animation franco-nippone Ulysse 31.
On commençait Ă  faire apparaĂ®tre des robots plus gentils Ă  partir du moment oĂą ces derniers devenaient plus « humains », ou en tout cas quand ils perdaient un peu de leur rationalitĂ© initiale au profit de l’émotion. On trouvait ainsi « Johnny 5 », dans Short Circuit de John Badham, sorti en 1986, qui est un exemple intĂ©ressant de recyclage de la crĂ©ature de Frankenstein. C’est Ă  nouveau l’électricitĂ© qui provoque la vie en changeant un robot militaire et en lui donnant des capacitĂ©s Ă©motionnelles que l’on ne retrouve pas chez les artefacts ordinaires. Le robot est considĂ©rĂ© comme Ă©tant un humain parce qu’il est capable d’avoir de la sensibilitĂ© et de l’humour.
Bien plus tard, il y eu aussi « Andrew », le robot domestique de l’Homme bicentenaire de Chris Columbus, sorti en 1999, et adaptĂ© de la nouvelle Ă©ponyme d’Isaac Asimov. Tout au long des deux siècles oĂą se dĂ©roule cette histoire, le robot Ă©volue, il subit des modifications qui le font paraĂ®tre de plus en plus humain, et ce dernier se bat juridiquement pour chercher Ă  ĂŞtre reconnu comme un ĂŞtre humain Ă  part entière par l’humanitĂ©. Il y parvient au moment oĂą il acquiert enfin une caractĂ©ristique essentielle pour tout ĂŞtre vivant, c’est-Ă -dire la possibilitĂ© de mourir...
C’est d’ailleurs intĂ©ressant de voir que, dans les œuvres de fiction traitant de l’intelligence artificielle, les oppositions de base entre la vie et la mort, le crĂ©ateur et sa crĂ©ature, l’amour et la haine, ou le fait de donner la vie ou de tuer semblent perdre leurs frontières pour se mĂŞler, car on a un peu l’impression qu’une crĂ©ature artificielle ne peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme intelligente que si elle est aussi vivante, et que donc elle a aussi la capacitĂ© Ă  mourir. C’est ainsi que Frankenstein finit par se faire tuer par sa crĂ©ature, ou que Tyrell, le crĂ©ateur des rĂ©plicants de Blade Runner, se fait Ă©craser la tĂŞte après un baiser de la mort donnĂ© par une de ses crĂ©atures qui souhaitait l’obliger Ă  modifier son caractère gĂ©nĂ©tique afin de prolonger sa durĂ©e de vie...
Ces jeux curieux entre la vie et la mort, la crĂ©ature et son crĂ©ateur, le fait de donner la vie et de tuer se retrouvent chez ce mĂŞme rĂ©alisateur qu’est Ridley Scott dans d’autres œuvres cinĂ©matographiques. DĂ©jĂ , dans le premier Alien sorti en 1979, on rencontre, en plus d’une intelligence artificielle assez basique chargĂ©e de piloter le vaisseau spatial et appelĂ©e « Maman », un androĂŻde cachĂ© parmi les humains appelĂ© « Ash ». Sans vouloir interprĂ©ter tout de façon freudienne, il est difficile de manquer dans ce film les jeux multiples sur la reproduction et la sexualitĂ©, avec une certaine obsession pour l’orifice buccal : les ĂŞtres humains sont contaminĂ©s par les aliens qui leur pondent un fœtus de crĂ©ature dans la bouche, les aliens sont pourvus d’une tĂŞte phalloĂŻde ainsi que d’une deuxième bouche rĂ©tractile dans leur bouche, l’androĂŻde Ash cherche Ă  Ă©touffer Ripley en lui introduisant un magazine dans la bouche en une parodie de scène de fellation, les androĂŻdes sont des machines dont les circuits sont alimentĂ©s par un liquide blanc et gluant...
On dirait vraiment que ces idĂ©es hantent le rĂ©alisateur amĂ©ricain car dans Prometheus, son dernier film en date, ces obsessions sur les modes de reproduction et sur l’artificiel sont encore plus criantes : si les machines androĂŻdes sont des crĂ©ations des humains, nous, les ĂŞtres humains, serions les crĂ©ations d’une espèce extra-terrestre appelĂ©e les « IngĂ©nieurs » ; l’origine de la vie sur Terre serait due au sacrifice d’un IngĂ©nieur qui aurait mĂŞlĂ© l’ADN de son organisme Ă  l’eau Ă  travers l’action de nanorobots ; ces mĂŞmes nanorobots seraient capables de contaminer un ĂŞtre humain pour le transformer en crĂ©ature zombiesque parvenant Ă  fĂ©conder une femme stĂ©rile ; un IngĂ©nieur sorti de son hibernation cherchera Ă  dĂ©truire les humains que son espèce est parvenue Ă  crĂ©er... Cette fois-ci, les monstrueuses crĂ©atures, ce sont nous, et nos crĂ©ateurs cherchent Ă  nous dĂ©truire comme avait tentĂ© de le faire le Docteur Frankenstein.
Sans dresser une liste exhaustive des œuvres de fiction (cinĂ©matographiques) oĂą sont prĂ©sentĂ©es des intelligences artificielles et leurs incarnations sous forme de robot (j’aurais pu parler d’I, Robot d’Alex Proyas qui est sorti en 2004 ou d’A.I. de Steven Spielberg qui est sorti en 2001), je crois que l’une des visions les plus rĂ©alistes mais nĂ©anmoins tordues qui soient sur les liens entre la nature et l’artificiel, le modèle et sa copie, se rencontrent dans le du film de science-fiction franco-espagnol Eva rĂ©alisĂ© par Kike MaĂ­llo et sorti en 2011 oĂą se mĂŞlent les sentiments humains d’amour, de jalousie et de haine dans un monde de petits gĂ©nies de l’intelligence artificielle et de la robotique.
Enfin, pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là. Les robots que j’ai croisés au mois de mars de cette année sont plein de potentialités en terme de capteurs et de capacités d’action mais, à mon sens, ils sont encore loin d’être dotés de programmes pouvant leur donner un semblant de comportement intelligent...
Nao
« Nao » d’Aldebaran Robotics

Reeti
« Reeti » de Robopec

RoboThespian
« RoboThespian » de Engineered Arts Limited




Vendredi, le 10 aoűt 2012
En souvenir d’un auteur de SFF mutant
Dimanche dernier, Roland C. Wagner nous quittait. Je pensais ne reprendre ce blogue que pour annoncer une naissance, et c’est finalement pour parler d’une disparition que je reviens ici...
Roland est le tout premier auteur de science-fiction que j’aie rencontrĂ©. C’était en 1998, j’étais alors Ă©tudiant dans la capitale, et je dĂ©couvrais la faune curieuse du fandom SF lors d’un Ă©vĂ©nement parisien (le festival Visions du Futur ? les Rencontres du Club PrĂ©sence d’Esprit ?) au cours duquel Laurent Kloetzer (*) se voyait remettre le prix Julia-Verlanger. Une amie m’avait fait venir Ă  cette manifestation et me prĂ©sentait Ă  tout un tas de gens en tant que « Fabrice », un jeune auteur qui devait sortir un roman dans la collection Abysses aux Éditions du Masque, et nous n’imaginions pas que cette collection s’arrĂŞterait peu de temps après sans avoir eu le temps de me publier. DĂ©tail amusant, les personnes rencontrĂ©es me prenaient souvent pour Fabrice Colin (*) car nous avons le mĂŞme âge en plus du mĂŞme prĂ©nom. C’est donc lĂ  que j’ai croisĂ© Laurent Genefort dont j’avais lu les Chasseurs de sève ainsi que Roland C. Wagner dont je n’avais encore rien lu.
En 1999, je quittais Paris pour Lyon. J’ai fait la connaissance d’AndrĂ©-François Ruaud (*) et j’ai Ă©tĂ© adoptĂ© par la Gang. Les annĂ©es du tournant du siècle et du millĂ©naire ont Ă©tĂ© extraordinairement riches en rencontres et en dĂ©couvertes, j’ai connu de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, j’ai beaucoup lu, j’ai Ă©crit des nouvelles, j’ai repris mon roman non publiĂ©, j’ai dĂ©butĂ© ce blogue, j’ai commencĂ© Ă  faire de la cuisine... C’est ainsi que, avec mes amis, je suis allĂ© Ă  quelques conventions de science-fiction, celles de l’Isle-sur-la-Sorgue en 2000, de Saint-Denis en 2001, de Tilff-Esneux en 2002, d’Entraigues-sur-la-Sorgue en 2004, et plus rĂ©cemment celle de Nyons en 2008. Lors de la plupart de ces rendez-vous, j’ai pu rencontrer Roland et Ă©changer avec lui quelques mots. Je me rappelle avoir eu l’occasion de lui parler d’intelligence artificielle, domaine informatique qui est ma spĂ©cialitĂ©, et qu’il appelait « ayas » dans sa sĂ©rie des Futurs Mystères de Paris et qu’il reprĂ©sentait sous l’une des plus formes les plus dĂ©jantĂ©es de la littĂ©rature SF. Lors d’un passage Ă  Lyon avec sa compagne Sylvie Denis en 2003, il avait mĂŞme mangĂ© de mon gâteau Ă  l’ananas et rĂ©cupĂ©rĂ© mon nez de clown fĂ©tiche...
Entre temps, j’avais lu pas mal de ses textes, dont le recueil de nouvelles Musique de l’énergie, les premiers tomes des Futurs Mystères de Paris et plus rĂ©cemment la version hardcover de PoupĂ©e aux yeux morts publiĂ©e par les moutons Ă©lectriques... J’ai toujours passĂ© des moments de lecture agrĂ©able, j’ai souvent beaucoup ri, mais j’étais toujours un peu frustrĂ© de ne pas trouver dans l’œuvre de Roland un sentiment d’intĂ©rĂŞt aussi important que la sympathie que j’éprouvais pour ce bonhomme si attachant. Et cela Ă©tait vrai jusqu’à... la semaine dernière. Le mois dernier, j’ai empruntĂ© Ă  mon beau-frère – grand amateur de SF – le roman uchronique RĂŞves de gloire. J’en avais entendu beaucoup de bien, j’avais entendu Roland parler de son roman Ă  l’émission « Mauvais genres » de France Culture. Bref, j’ai attendu avec impatience que mon emploi du temps me permette de commencer la lecture mĂŞme si le sujet ne semblait pas m’intĂ©resser vraiment a priori (la Guerre d’AlgĂ©rie et de ses consĂ©quences). Et j’ai dĂ©vorĂ© ce pavĂ© de près de 700 pages. À la fin juillet, alors qu’il ne me restait plus qu’une petite moitiĂ© du livre Ă  lire, AndrĂ©-François Ă©tait venu me donner un coup de main pour monter le lit de mon futur bĂ©bĂ©. Tout en bricolant, nous avions Ă©voquĂ© ce roman oĂą Roland mettait vraiment toutes ses tripes, ses passions, ses blessures, tous ses fantasmes... ce qui en faisait un roman dĂ©coiffant pour le lecteur, et expliquait aussi le fait qu’il rafle la plupart des prix littĂ©raires en SFF.
Et dimanche matin, j’avais terminé Rêves de gloire, j’en parlais avec enthousiasme au téléphone à mon beau-frère qui avait éprouvé des difficultés à se plonger dans l’univers uchronique et que les nombreux narrateurs et le contexte algérien trop mal connu de nous avaient un peu rebuté. En raccrochant, j’étais content d’avoir pu le convaincre de reprendre la lecture du roman.
Comment imaginer que, quelques heures plus tard, Roland dĂ©cĂ©derait dans un accident de voiture ?

En 2000, à la convention SF de l’Isle-sur-la-Sorgue



En 2001, Ă  la convention SF de Saint-Denis



En 2002, Ă  la convention SF de Tilff



En 2002, toujours Ă  Tilff, Roland rappelant notre discussion sur les AI/IA (ou ayas)



En 2003, à Lyon, chez Markus Leicht, Roland évoquait mon nez de clown fétiche

Au revoir, Roland.
Merci pour tes textes, merci pour ton humour, ta joie de vivre et les idées que tu nous auras fait partager.
Mes plus sincères condoléances à Sylvie et à ta famille.




Lundi, le 19 septembre 2011
JEP : Journée sous l’Esprit de la Psychogéographie
Avant-hier, avec le compère AndrĂ©-François, nous avons profitĂ© des JEP (les JournĂ©es EuropĂ©ennes du Patrimoine) pour faire un peu de « psychogĂ©ographie ». Je n’aurais pu ĂŞtre mieux accompagnĂ© en cette occasion car l’ami AndrĂ©-François est expert en la matière : il a traduit et adaptĂ© PsychogĂ©ographie ! PoĂ©tique de l’exploration urbaine de Merlin Coverley, un ouvrage paru dans la collection « la bibliothèque des miroirs », volume 10, aux moutons Ă©lectriques Ă©diteurs, cette annĂ©e 2011.
Les JEP Ă©tant placĂ©es cette annĂ©e sous le signe des transports, nous avons dĂ©butĂ© notre promenade lyonnaise en nous rendant aux Brotteaux, ce quartier du 6e arrondissement de Lyon oĂą se trouve une ancienne gare. HĂ©las, point d’élĂ©ment spĂ©cial en ce week-end dĂ©diĂ© au patrimoine : la gare dĂ©saffectĂ©e depuis 1982, un beau bâtiment classĂ© au titre des monuments historiques, ne donnait Ă  voir que des miniatures de petits trains qui ne nous avaient guère intĂ©ressĂ©s. Nous avons Ă©tĂ© tout aussi déçus par la brasserie aux « cĂ©ramiques Art nouveau remarquables » (selon le programme) car aucune visite n’était prĂ©vue et nous arrĂŞter lĂ  aurait dĂ©rangĂ© la valse des serveurs s’occupant de leurs clients.
Ce n’est qu’en quittant le quartier en direction du RhĂ´ne pour nous retrouver Ă  l’HĂ´tel du gouverneur militaire de Lyon que nous avions eu de quoi nous mettre de jolies choses sous les yeux : la bâtisse est très belle avec son style Second Empire Ă  l’accent fortement italien dans sa dĂ©coration (avec voĂ»te, fontaines et arcades de la cour rappelant le style florentin). Au sortir de l’HĂ´tel du gouverneur, nous avons Ă©tĂ© surpris et amusĂ©s de voir la devanture d’une Ă©picerie surmontĂ©e de grandes lettres dĂ©coupĂ©es Ă  la police de caractères datĂ©e (entre l’après-guerre et les annĂ©es 1960) :
Nous avons pris une passerelle pour traverser le Rhône, sommes arrivés dans le 2e arrondissement, à la Place de la Bourse, mais la file d’attente présente au Palais du Commerce, trop importante, nous a fait changer nos plans et remettre la visite à une autre fois. Nous avons ainsi rejoint la foule présente dans la rue de la République, la Place Bellecour et la rue Victor Hugo, mettant les tendances agoraphobiques d’André-François à l’épreuve.
Arrivés à la gare de Perrache, nous n’avons pas trouvé les expositions qui auraient dû être présentes (dans les bâtiments de la gare ainsi qu’au sein du Grand Hôtel Château Perrache). Nous sommes cependant parvenus à découvrir qu’un train spécial pouvait nous déposer jusqu’au technicentre de Lyon et aux ateliers TER de la Mouche. En attendant le train, André-François se croyait à Bordeaux, et moi à Strasbourg. Il est vrai que ces trois gares, construites dans la deuxième moitié du XIXe siècle, présentent nombre de points communs architecturaux. Et comme André-François et moi sommes tous deux fils d’agents SNCF et que nous avons beaucoup profité du train durant nos études, nous avons l’un comme l’autre accumulé un stock considérable d’heures d’attente en gare, un livre à la main.
PsychogĂ©ographons un peu : les gares ont invariablement eu sur moi un effet apaisant. En effet, mĂŞme si je me retrouvais dans un coin complètement paumĂ© de France, je parvenais Ă  rester zen car, du moment oĂą il m’était possible de trouver une voie ferrĂ©e et, de lĂ , une gare, je ne me sentais pas perdu, disposant chaque annĂ©e d’un certain jeu de trajets gratuits nationaux et ayant ainsi la possibilitĂ© de rentrer chez moi, mĂŞme dĂ©sargentĂ©.
Un TER est entré en gare pour nous déposer au technicentre de Lyon-Gerland, seul centre TGV de province, destiné à l’entretien des TGV Duplex de la ligne Paris-Lyon (que j’emprunte à l’occasion pour me rendre dans la capitale) et du futur TGV Rhin-Rhône (qui me sera bien utile lors de prochains séjours alsaciens).
La visite a beaucoup plu Ă  AndrĂ©-François ; il est vrai que toutes ces mĂ©caniques ne manquent pas de charme, mais je n’ai pas rĂ©ussi Ă  ĂŞtre rĂ©ellement bluffĂ© par tout cela, ayant d’une part peu de goĂ»t pour l’univers des garagistes — fussent-ils ferroviaires — et ayant d’autre part eu la chance d’emprunter la ligne Paris-Lyon presque dès son ouverture, au tout dĂ©but des annĂ©es 1980, rendant « normal » ce qui pouvait paraĂ®tre Ă  d’autres merveilleux. NĂ©anmoins, parmi les TGV prĂ©sentĂ©s, il y avait quand mĂŞme le champion du monde de vitesse sur rail, belle bĂŞte qui avait fait une pointe Ă  574,8 km/h. Et puis, comme Ă  la gare des Brotteaux, nous avons eu droit Ă  une exposition de trains miniatures, dans un dĂ©cor très datĂ© « France d’autrefois », caricature des annĂ©es 1960... avec malgrĂ© tout des Ă©lĂ©ments anachroniques tels qu’une multitude de velux modernes sur les toits ou, plus Ă©tonnant pour des spĂ©cialistes, des TGV de couleurs orangĂ©e (les premiers modèles, qui dataient du dĂ©but des annĂ©es 1980) ou gris et bleu dans leur version « Atlantique » (dont la mise en service ne date que de 1989). Cela nous a amenĂ© Ă  nous interroger sur de nouvelles formes d’uchronies : après le steampunk et un de ses avatars comme le diesel-punk, pourrait-on imaginer un genre tel que le TGV-punk ? (Que ce serait-il passĂ© si le TGV Ă©tait apparu dès les annĂ©es 1960 ?)
Nous avons quittĂ© le technicentre en passant par un petit bout du 8e arrondissement et par le 7e, en suivant la route de Vienne, la rue Chevreul et nous avons plongĂ© dans le quartier multiethnique traversĂ© par la rue de Marseille. Dans le 3e arrondissement, nous nous sommes retrouvĂ©s Ă  la place Bahadourian pour rejoindre le quartier de la Part-Dieu au plus court, c’est-Ă -dire en prenant la rue Moncey, cette fameuse rue « euclidienne » (dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© dans cet article), une des rares rues qui passe en diagonale et qui permet d’éviter toutes les rues et tous les cours qui se coupent Ă  angle droit, pressĂ©s que nous Ă©tions d’échapper Ă  la pluie qui commençait Ă  tomber Ă  grosses gouttes en cette fin d’après-midi.


Jeudi, le 3 juin 2010
Assises Internationales du Roman 2010
La semaine dernière, Ă  Lyon (aux Subsistances, quai Saint Vincent), se sont dĂ©roulĂ©es les Assises Internationales du Roman. C’est par simple curiositĂ© que l’amateur de littĂ©rature et dĂ©voreur de livres que je suis s’est rendu Ă  cet Ă©vĂ©nement. Grand bien m’en a pris !
La première table ronde Ă  laquelle j’ai assistĂ© avait pour thème « La Bible inspire-t-elle encore les Ă©crivains ? » avec Aharon Appelfeld (IsraĂ«l), Vincent Delecroix (France) et Marilynne Robinson (États-Unis). Un peu dĂ©cevant, cependant, car cette table ronde avait pris du retard sur l’heure (dĂ©jĂ  tardive pour un jour de semaine), aussi y avait-il eu peu de temps pour le dĂ©bat après la lecture des textes des trois auteurs. Pour la plupart des participants, la Bible n’était pas considĂ©rĂ©e comme Ă©tant de la littĂ©rature en tant que telle, mais cet avis n’était pas partagĂ© par Appelfeld qui avait fait une passionnante analyse du passage du sacrifice d’Isaac par Abraham, montrant combien pouvait ĂŞtre fine la description de la psychologie des acteurs de la Genèse (face aux dĂ©cisions incomprĂ©hensibles de Dieu), et ceci avec une Ă©conomie radicale de moyens stylistiques (les adjectifs n’existant pas dans le texte originel). Cette table ronde s’est achevĂ©e par un fort moment d’émotion quand un violoniste a interprĂ©tĂ© quelques airs entre les passages d’un autre texte en hĂ©breu qu’avait lu cet auteur.
« Pourquoi dire je ? » Ă©tait le titre d’une autre table ronde que j’avais suivie, avec les auteurs Sefi Atta (NigĂ©ria), Laurent Mauvignier (France), Julían Ríos (Espagne) et Norman Rush (États-Unis). Ce thème m’avait tout particulièrement intĂ©ressĂ© parce que je travaille actuellement sur un roman Ă©crit Ă  la première personne (mais qui n’a vraiment rien d’autobiographique). Pour les auteurs prĂ©sents, Ă©crire Ă  la première personne du singulier, c’est accepter de ne pas tout savoir, de perdre quelque chose (comparĂ© au narrateur omniscient Ă  la troisième personne), c’est jouer aussi sur l’ambiguĂŻtĂ© du narrateur, mais ça permet de donner une plus grande voix Ă  un personnage, Ă  le rendre plus vivant pour le lecteur. Pour reprendre une analogie avec la peinture, Ă©crire en disant « je », c’est comme l’introduction de la perspective dans les œuvres picturales, ça permet de faire entrer le spectateur dans la scène.
Je me permets de reprendre une citation extraite du texte lu par Norman Rush et qui met le doigt sur la distinction entre la littĂ©rature mainstream et la littĂ©rature de l’imaginaire sur ce « sujet » :
Le nombre des narrations Ă  la première personne de la liste des 100 meilleures œuvres retenues par les lecteurs Ă©tait encore infĂ©rieur [Ă  la liste publiĂ©e par l’Editorial Board of the Modern Library en 1998] : encore ce nombre n’était-il atteint qu’en admettant toutes les variantes possibles de cette forme, plus quantitĂ©s de titres de genre, qui se situaient en dehors de mon champ d’enquĂŞte, par exemple quatre titres de L. Ron Hubbard, cinq de Robert Heinlein, et quatre d’un Ă©crivain nouveau pour moi, Charles de Lint, dont les personnages, d’après Publisher’s Weekly, sont « complexes et astucieux, » et vont « d’avatars inconstants mais puissants Ă  des lutins diaboliques. » Étant donnĂ© le caractère florissant de la narration Ă  la première personne dans les romans de genre contemporains – du genre roman sentimental (Romance) en passant par le roman policier, le roman d’aventure, le fantastique et le roman Ă  Ă©nigme – le faible taux de participation pour les narrateurs Ă  la première personne dans la Liste des Lecteurs est très frappant.



Dimanche, le 16 mai 2010
Nuit des musées et Nuits sonores
Petite dĂ©ception, hier soir, en arrivant au bout de la rue Boileau. Rien n’indiquait la prĂ©sence de l’évĂ©nement « la Nuit des musĂ©es dans l’attente de l’ouverture du musĂ©e des Confluences » pourtant annoncĂ© sur le site web du Ministère de la culture.
Dommage. Alors cap au sud, je suis reparti Ă  l’autre bout de Lyon, suivant le cours du fleuve pour arriver jusqu’à l’avenue Leclerc et essayer un musĂ©e dans lequel je n’avais jamais mis les pieds : le MusĂ©e d’Histoire militaire de Lyon. Au numĂ©ro indiquĂ© se trouve la caserne. Après avoir passĂ© la barrière, il y a plein de zones interdites, et il faut chercher les petites flèches indiquant oĂą se trouve le musĂ©e. LĂ  encore, rien ne semblait indiquer que le lieu Ă©tait ouvert, mais il l’était pourtant, avec un peu de lumière Ă  l’étage. Et dans une salle pleine de panneaux, de mannequins d’hommes en armes et de vitrines, ce fut une très intĂ©ressante plongĂ©e dans vingt siècles d’histoire, de la Gaule romaine aux guerres contemporaines : comment Lyon s’est fortifiĂ©e, comment elle a Ă©tĂ© rattachĂ©e au royaume de France dont elle fut pendant longtemps une ville frontière, quels Ă©vĂ©nements douloureux s’y sont dĂ©roulĂ©s, en particulier au moment de la RĂ©volution (allant mĂŞme jusqu’à perdre son nom pour s’appeler « Ville-Affranchie »). Étonnant de voir des photos d’archives montrant que lĂ  oĂą se trouve mon actuel bureau Ă©taient fabriquĂ©es les armes qui Ă©quipaient l’armĂ©e française, ou qu’une caserne se tenait en lieu et place de la gare et du centre commercial de la Part-Dieu.
Sans m’en rendre compte, les heures avaient filé à une incroyable vitesse. Lorsque je suis enfin sorti du musée, la nuit était en train de tomber.
Près de la piscine du RhĂ´ne, une jeune femme, en me croisant, m’a demandĂ© si je cherchais un billet. Non merci. La musique Ă©lectronique des Nuits sonores montait dans l’air en diffusant une chaleur que ce printemps frisquet nous refuse encore. Le cri d’une vieille femme depuis son balcon — Ă§a va durer encore longtemps ce bordel ? — me fit sourire. Pour profiter d’une aussi belle ville avec une si jolie vue sur le RhĂ´ne, on peut bien accepter de temps Ă  autre quelques nuisances sonores...


Dimanche, le 7 mars 2010
Films allemands, romans français et expériences américaines
Pour moi, jusqu’il y a peu, le cinéma allemand se limitait à Nosferatu, une symphonie de la terreur de Murnau (1922) ou Metropolis de (l’Autrichien) Fritz Lang (1927).
Oui, du cinéma allemand, j’avais une vision des plus limitées...
Cependant, depuis les années 2000, nous avons la possibilité de voir dans les salles de l’Hexagone quelques petits bijoux réalisés outre-Rhin. J’avais été intrigué par Elementarteilchen d’Oskar Roehler (2006), l’adaptation plutôt réussie du roman Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq (1998). J’avais été séduit par Vier Minuten (Quatre Minutes) de Chris Kraus (2006) et son envoûtante musique.
Mais lĂ  oĂą les rĂ©alisateurs allemands sont très forts, c’est quand ils se mettent Ă  adapter des expĂ©riences comportementales menĂ©es aux États-Unis, notamment :
  • Die Welle (La Vague) de Dennis Gansel (2008) qui s’inspire de l’expĂ©rience de la Troisième Vague menĂ©e par le professeur d’histoire Ron Jones ;
  • Das Experiment (L’ExpĂ©rience) de Oliver Hirschbiegel (2001) qui reprend l’ExpĂ©rience de Stanford menĂ©e par le professeur de psychologie Philip G. Zimbardo au sujet des effets de la situation carcĂ©rale avec des Ă©tudiants jouant les rĂ´les de gardiens et de prisonniers.
Je vous conseille vivement de voir ces deux derniers films, et si vous avez la chance de vous trouver Ă  Lyon ou ses environs, sachez que le 4 avril 2010 Ă  10h00 (et non 12h30 comme indiquĂ© sur l’affiche que vous trouverez ici), le professeur Philip G. Zimbardo donnera une confĂ©rence Ă  l’UniversitĂ© Lumière Lyon 2, campus Porte des Alpes (Ă  Bron).


Samedi, le 30 aoűt 2008
Images de la convention SF 2008 (l’OliCon), suite...
Eh oui, c’est la rentrée.
Alors, histoire de se redonner du courage en se rappelant des bons moments de la convention nationale de science-fiction, je vous invite Ă  aller voir les nouvelles photos mises en ligne : celles de Bruno Para, de Gilles Massardier et de Jean-Jacques RĂ©gnier...


Mercredi, le 27 aoűt 2008
Compte rendu de l’OliCon, la convention SFF 2008
La 35e convention nationale de science-fiction s’est déroulée la semaine dernière à Nyons, charmante bourgade de la Drôme provençale, pays de l’olive (ce qui lui a valu d’être rebaptisée l’OliCon). Et j’y étais. :-)
Les conventions constituent l’occasion privilĂ©giĂ©e d’assister Ă  des confĂ©rences, de participer Ă  des tables rondes et Ă  des dĂ©bats, de rencontrer des auteurs avec lesquels on peut discuter librement (et non juste une seule minute, le temps d’une dĂ©dicace, comme cela peut arriver dans un salon du livre et qui est vraiment très frustrant), d’assister Ă  des expositions (cette annĂ©e, ce fut les photographies de Sylvain Renault, les illustrations de Jeam Tag, les mobiles et autres machins inclassables de Tim Rey, et les surprenantes crĂ©ations de Didier Cottier), de trouver des livres intĂ©ressants, neufs ou d’occasion, de dĂ©couvrir des nouvelles productions – qu’elles soient issues de professionnels ou du fanzinat – du paysage littĂ©raire SF... mais aussi et surtout de retrouver des copains avec qui partager un bon moment.

jour J - 1
En voiture : ma compagne au volant, Sylvie LainĂ© et le chien Ă  l’arrière, moi en co-pilote (mais moins fort que le GPS). Sommes arrivĂ©s Ă  Nyons après 22h30. Tout le monde Ă©tait très fatiguĂ©. Petit couac : nous ne pensions pas ĂŞtre attendus, mais la mère d’Ugo Bellagamba avait prĂ©parĂ© un repas. Du coup, nous Ă©tions en retard. Oups. DĂ®ner ensommeillĂ© en prĂ©sence de Marie-Claude « la-Mama » Bellagamba, d’Ugo, de Didier « le-sculpteur-qui-met-en-forme-ses-visions-cauchemardesques » Cottier et de son amie Nicole.

premier jour
VoilĂ  Ă  quoi ressemble Nyons :
Nyons, depuis les hauteurs
Le jeudi, c’est jour de marchĂ© (avec le dimanche). Beaucoup de monde Ă  Nyons. Trois quart d’heure d’attente au(x) restaurant(s), mais le plat de spaghetti al pesto genovese se trouvait ĂŞtre l’incarnation parfaite du bonheur gastronomique faite pâtes. Je ne suis arrivĂ© Ă  la Maison de Pays, oĂą se tient la convention, qu’au cours de l’après-midi, pendant l’intervention (prĂ©-enregistrĂ©e) de Laurent Queyssi intitulĂ©e « Regard français sur les sĂ©ries TV des annĂ©es 2000 ».
PrĂ©sent juste Ă  temps pour animer la rencontre-dĂ©bat avec Sylvie LainĂ© sur le thème : « Une œuvre Ă©perluette, entre Science et Science-Fiction ». StupĂ©fait de la manière dont il est possible de donner des rĂ©ponses intelligentes (bravo Sylvie) Ă  des questions stupides (les miennes). DĂ©couverte (un peu dans la douleur) que l’animation d’une rencontre n’est pas un exercice facile.
Ensuite, confĂ©rence instructive de Jean-Claude Dunyach sur « La publication des auteurs français Ă  l’étranger : trucs et astuces ». En rĂ©sumĂ©, mĂŞme si c’est possible et très gratifiant (parce que cela permet Ă©ventuellement d’être lu par des auteurs Ă©trangers que l’on apprĂ©cie), c’est le contraire de la loterie : c’est difficile, ça coĂ»te cher (en Ă©nergie, en rĂ©seautage et en prix de traduction) et ça ne rapporte pas bien gros.

deuxième jour
ConfĂ©rence de ClĂ©ment Pieyre, conservateur Ă  la BNF, sur : « Les archives du futur, ou comment la Science-Fiction entre Ă  la Bibliothèque Nationale de France ».
Clément Pieyre, conservateur à la BNF
Inauguration officielle de l’OliCon et des Journées Barjavel en présence des représentants de la municipalité (le maire s’est fait désirer, mais il y avait Nathalie Fert-Rifaï, l’adjointe chargée de la culture), le sous-préfet ainsi que Pierre Creveuil, président de l’association des Amis de René Barjavel et collaborateur du barjaweb, le site Internet de référence sur Barjavel.
Ugo Bellagamba, le chef d’orchestre de l’OliCon, et, au micro, Pierre Creveuil, membre essentiel des Journées Barjavel
Quand est venu le temps de l’apéritif (avec les inévitables olives), je me suis sauvé dans le centre-ville pour retrouver ma belle.
L’après-midi, Joseph Altairac a donné une conférence sur Van Vogt dont j’ai oublié le titre (il avait changé par rapport à celui du programme).
Une table-ronde, animĂ©e par Jean-Claude Dunyach, a suivi : « Regards croisĂ©s sur le futur lointain ». Y participaient : Ugo Bellagamba, Fabrice MĂ©reste (ah oui, tiens, j’y Ă©tais !), Catherine Dufour, Sylvie LainĂ© et Michel Jeury. Jean-Claude nous a lancĂ© sur le thème de la SingularitĂ©. Catherine prenait tranquillement des notes pendant que parlaient Sylvie, Ugo et Michel, puis est intervenue soudain avec une pluie d’idĂ©es brillantes. Quant Ă  moi, je n’ai dĂ» raconter qu’un truc ou deux car le futur lointain, ce n’est pas trop ma tasse de thĂ©, je suis plutĂ´t du genre Ă  m’intĂ©resser au futur proche (m’enfin, je ne suis mĂŞme pas capable de savoir comment je vais m’habiller le lendemain).
Après, les (très) attendus jeux de l’OliCon, avec le « champion de la SF », animĂ©s par Raymond MilĂ©si. Questions Ă©rudites, mauvais jeux de mots, pouĂŞt-pouĂŞt, tout va trop vite pour que j’aie la moindre chance de sortir une bonne rĂ©ponse... Bravo Ă  TimothĂ©e Rey, aussi Ă  l’aise dans le verbe que dans la mise en espace d’objets Ă©tranges (il exposait des sculptures Ă©tonnantes durant la convention).
Retard sur le timing : le « Barjaquizz » que j’étais censĂ© animer est reportĂ© au dimanche. Bon, dommage. Mais pas grave.
Rencontre-débat avec Jean-Pierre Andrevon animée par Ugo Bellagamba. L’auteur-phare de la SFF de la fin des années 1960 au début des années 1990, et considéré par René Barjavel comme son fils spirituel, est toujours un artiste très actif, il vient de sortir un album de chansons et termine un nouveau roman...
Jean-Pierre Andrevon et Ugo Bellagamba
Jean-Pierre Andrevon
Retour au centre-ville, Ă  la MĂ©diathèque, pour voir l’exposition de Didier Cottier, le « sculpteur de l’imaginaire ».
les créations de Didier Cottier
les créations de Didier Cottier
les créations de Didier Cottier
Didier Cottier discutant avec une jeune femme qui lui confie qu’elle a été remuée par la découverte de son travail
Que dire du travail de Didier ? Personnellement, j’adore ! On aime ou on n’aime pas, mais ses aliens, ses compositions Ă  la fois organique, minĂ©rale, vĂ©gĂ©tale et Ă©lectronique ne laissent pas indiffĂ©rent.
SoirĂ©e théâtrale sur le thème « PrĂ©histoire et Science-Fiction ». ConfĂ©rence sur Francis Carsac par FrĂ©dĂ©ric Boyer et spectacle de palĂ©o-fiction « MĂ©moires d’Hommes » avec la charmante Vanessa Bellagamba, la sœur d’Ugo. En plein air. Fallait prendre une p’tite laine. ;-)
Retour à la Maison de Pays. Jean-Pierre Andrevon a poussé la chansonnette accompagné de sa guitare (euh, honte à moi, j’ai manqué cette soirée, mais l’adorable Joëlle Wintrebert, rencontrée dans le restaurant de l’hôtel le lendemain, m’a tout raconté au moment du petit déjeuner).

troisième jour
Promenade matinale au lieu d’assister à l’assemblée générale de l’association Infini (ce n’est pas la mort, je ne suis pas membre de l’association).
Rencontre-dĂ©bat avec Catherine Dufour sur le thème « Des goĂ»ts et des Dieux, discutons-en ! », animĂ©e par Jean-Jacques RĂ©gnier.
Après-midi : table-ronde sur « La publication Ă©lectronique, quel avenir pour la science-fiction française ? »
La publication électronique, quel avenir pour la science-fiction française ?
Participants (de gauche Ă  droite sur la photographie ci-dessus) : Sylvie LainĂ©, Florence et Selene (les Lyonnes de la SF), Jean-Luc Blary (des Ă©ditions Eons) et ClĂ©ment Pieyre. Animateur : Ugo Bellagamba. Les sujets abordĂ©s Ă©taient aussi divers qu’intĂ©ressants : quel prix payer pour un support Ă©lectronique, l’importance du travail Ă©ditorial absent dans le cas d’une auto-publication sur Internet, la lecture des textes sur e-book, etc.
Vote pour la convention SF de 2010...
Gilles Goullet, Frédéric de la librairie Omerveilles et Raymond Milési
RĂ©sultat : la convention SF se dĂ©roulera en 2010 Ă  Grenoble, organisĂ©e par la Librairie Omerveilles et une petite Ă©quipe en train de se constituer (avec dĂ©jĂ  Gilles Goullet, traducteur).
Informations sur la convention SF de 2009 qui se déroulera à Bellaing (dans le Nord de la France).
Pour la suite des Ă©vĂ©nements, la convention SF a retrouvĂ© le centre-ville oĂą Michel Jeury, après une rencontre-dĂ©bat sur le thème « Des Ă©toiles au certif en passant par le terroir... » a signĂ© son recueil La VallĂ©e du temps profond, paru aux Moutons Ă©lectriques en 2008.
Alors que tout le monde quittait le salon de thĂ© (par ailleurs tenu par Dany Jeury, la fille de Michel) oĂą s’étaient dĂ©roulĂ©es les signatures, mon amie et moi avons investi les lieux, rejoint peu après par Markus Leicht. Pendant ce temps, Ă  quelques pas de lĂ , se dĂ©roulait la remise officielle des prix littĂ©raires :
  • Prix Rosny-AĂ®nĂ©, catĂ©gorie romans : Élise FONTENAILLE, avec Unica (Stock)
  • Prix Rosny-AĂ®nĂ©, catĂ©gorie nouvelles : Jean-Claude DUNYACH, avec « Repli sur soie » (in Bifrost, NumĂ©ro 47, Le BĂ©lial’)
  • Prix Merlin, catĂ©gorie romans : Élodie TIREL, avec Les HĂ©ritiers du Styrix, (Ă©ditions Milan/Grands romans)
  • Prix Merlin, catĂ©gorie nouvelles : Virginia SCHILLI, avec « Dernier soupir » (in Solstice, Volume 1 : Facettes d’Imaginaire, Ă©ditions Mille saisons)
  • prix Cyrano : Michel JEURY, pour l’ensemble de son œuvre
  • PĂ©pin d’or : TimothĂ©e REY, avec « DĂ©veloppement du râble »
En soirĂ©e, retour Ă  la Maison de Pays pour le dĂ®ner de gala (mon amie et moi nous trouvions Ă  la table oĂą Ă©taient prĂ©sents Sylvie LainĂ©, Jean-Claude Dunyach, Anne Lanièce et Gilles Massardier). Remise du prix Versins (du plus mauvais jeu de mots fait durant la convention) par JĂ©rĂ´me « Globulle » Lamarque Ă  Bruno Para. Vente aux enchères animĂ©e par Georges Pierru. CrevĂ©s, avec ma compagne, nous allons nous coucher dès le dessert avalĂ©.

quatrième et dernier jour
Le dimanche, ainsi qu’une partie de l’après-midi du samedi (avec la rencontre-débat avec Michel Jeury), le programme de la convention de science-fiction était commun avec les Journées Barjavel.
Fabrice MĂ©reste relisant ses notes, Ugo Bellagamba jouant Ă  Monsieur Loyal
J’ai animĂ© la dernière grande table-ronde sur le thème : « La place de RenĂ© Barjavel dans le patrimoine de la science-fiction française » oĂą participaient Nathalie Fert-RifaĂŻ, Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie LainĂ© et Pierre Creveuil. Un regret : l’absence de Jean-Pierre Andrevon, qui aurait eu tout un tas de choses intĂ©ressantes Ă  dire sur RenĂ© Barjavel, mais Michel Jeury a quand mĂŞme eu l’occasion d’évoquer des anecdotes Ă©mouvantes sur la relation qu’il avait eu avec l’auteur nĂ© Ă  Nyons, Michel appelant respectueusement celui-ci « Mon cher Barjavel » et se voyait rĂ©pondre « Mon cher Jeury ». Petite gĂŞne de la Nyonsaise Nathalie lorsque l’érudit Pierre Ă©voquait l’attachement ambivalent de Barjavel Ă  son pays (le petit RenĂ© avait Ă©tĂ© plus ou moins obligĂ© de quitter Nyons durant son adolescence).
Fabrice Méreste, Nathalie Fert-Rifaï, Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie Lainé et Pierre Creveuil
Après cette table-ronde, en compagnie de Pierre Creveuil, nous avons animĂ© un questionnaire très spĂ©cial (ce n’est rien de le dire) sur RenĂ© Barjavel, le fameux barjaquizz, Pierre se chargeant des questions Ă©rudites sur l’auteur et son œuvre (on peut retrouver ces questions sur le barjaweb ici). De mon cĂ´tĂ©, je me suis occupĂ© des titres d’ouvrages de Barjavel Ă  retrouver après avoir Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s sous la forme de synonymes approximatifs (Ă  la manière des jeux SF animĂ©s par Raymond MilĂ©si le vendredi soir). Je me permets de vous les proposer Ă  nouveau dans la liste ci-dessous. Pour ceux qui donnent leur langue au chat, passez votre curseur sur les titres afin de voir apparaĂ®tre la solution...
  • l’esquimau du lac
  • Fraise en quĂŞte de l’épouse d’un acteur qui jouait James Bond
  • Danseuse gĂ©nisse
  • Pas tĂ´t en sous-prĂ©fecture du Jura
  • le 24 novembre 1929
  • Les routes du Brahmane, du Kshatriya, du Vaishya et du Shudra
  • Le futur chĂŞne diabĂ©tique
  • Le fromage de Hollande frappe quand le cri de chasse se fait entendre
  • Un mauvais cheval chez les beaux-parents de Johnny Depp
  • La femme de l’oncle a des vents
  • TĂ©nor pas rapide
  • Le leurre (sonore) de ces souverains russes
Le grand gagnant du barjaquizz était Georges Bormand, d’autres habitués des jeux SF (comme Bernard Dardinier) ont aussi remporté un des livres proposés par notre sponsor les Moutons électriques, éditeur, mais également quelques personnes qui étaient venues spécifiquement pour les Journées Barjavel (dont un jeune fan de Grenoble qui gagna le droit de participer à la conférence organisée dans l’après-midi par Pierre Creveuil).
Dernier repas pris Ă  la Maison de Pays. MĂŞme Margot Bellagamba, quatre ans, la fille d’Ugo, Ă©tait mobilisĂ©e (elle rĂ©cupĂ©rait les tickets repas). Ça sentait les au revoir.
Retour au centre-ville, cour du collège Roumanille. Pierre Creveuil et son jeune assistant Ă©voquaient « RenĂ© Barjavel, Ă©cologiste de la science-fiction ».
le jeune fan grenoblois et Pierre Creveuil
La clĂ´ture de l’OliCon et des JournĂ©es Barjavel s’est faite en beautĂ© : Vanessa Bellagamba et Claude Ecken ont lu des textes de RenĂ© Barjavel, Michel Jeury, Sylvie LainĂ©, Catherine Dufour et Jean-Pierre Andrevon.
Claude Ecken et Vanessa Bellagamba lisant un texte de Catherine Dufour
Vanessa Bellagamba lisant un texte de Sylvie Lainé
le public attentif durant les lectures
Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Après les lectures et quelques rafraîchissements, il a fallu se séparer...
Envie de rester encore, de prolonger ces bons moments, encore une glace, encore quelques souvenirs de Nyons (de l’huile d’olives et du miel de garrigue), profiter encore et encore du soleil de la Provence. Et puis, quand même, il a fallu reprendre la voiture pour rentrer à Lyon...
En rĂ©sumĂ©, d’une certaine manière, cette convention SF aura Ă©tĂ© pour moi paradoxale car, en tant que co-organisateur (j’étais dĂ©jĂ  venu Ă  Nyons afin de prĂ©parer l’OliCon avec Ugo Bellagamba en novembre 2007 et j’en avais parlĂ© ici), je m’y sentais plus fortement impliquĂ© qu’aucune autre rencontre science-fictive prĂ©cĂ©dente, mais, comme j’étais venu Ă  Nyons avec mon amie, et que nous souhaitions très naturellement nous rĂ©server un peu de temps rien qu’à nous, je me suis finalement rĂ©vĂ©lĂ© ĂŞtre un « olico-participant » assez peu prĂ©sent, ayant manquĂ© quelques grands rendez-vous de cette manifestation et la quasi-totalitĂ© des repas pris en commun... (Que celui qui, Ă  ma place, aurait souhaitĂ© ne pas vivre les dĂ©licieux dĂ©jeuners, goĂ»ters ou dĂ®ners que nous avions pris en amoureux loin de tout le monde me jette la première pierre.) Emmener Ă  Nyons la fleur qui embaume sa vie du parfum de l’amour, c’est ĂŞtre avec une rose...
Une Rose...
...au Paradis !
...au Paradis

Pour voir d’autres images prises par Markus Leicht lors de l’OliCon, vous pouvez aller ici (le 21 août) et là (le 22 août).
Pour vous rendre sur le compte rendu de la convention réalisé par Catherine Dufour, c’est ici.
D’autres liens sur des comptes rendus et photos de la convention peuvent se trouver sur la page d’accueil du site ActuSF.
Pour rĂ©cupĂ©rer les photos en grand format, il suffit de m’adresser un courrier Ă©lectronique (Ă   fabrice arobase mereste point net). Et si vous vous reconnaissez sur une photo et que vous ne voulez pas apparaĂ®tre sur ce site web, il suffit de me contacter de la mĂŞme manière.


Mardi, le 19 aoűt 2008
En route pour l’Olicon 2008 !
Vous n’êtes pas sans savoir – du moins, je l’espère ! – que la 35econvention nationale de science-fiction va avoir lieu Ă  Nyons (dans la DrĂ´me provençale) du 21 au 24 aoĂ»t 2008.
Je laisserai donc mon nouvel appartement lyonnais, mes meubles non installés et mes cartons non déballés pour quelques jours, partant dès demain soir avec la femme de ma vie et sa chienne, ainsi que Sylvie Lainé (Bénie soit l’invention du GPS, car ce sera moi qui prendrai le volant).
Sylvie est l’invitĂ©e dont je m’occupe plus spĂ©cifiquement en tant que co-organisateur de la convention, vous pouvez lire ses rĂ©ponses Ă  mon questionnaire proustien ici, avec une rencontre-dĂ©bat Ă  son sujet prĂ©vue le jeudi après-midi intitulĂ©e « Une œuvre-Ă©perluette, entre Science et Science-Fiction » dont je me charge de l’animation (ouh la la, qu’est-ce que ça va donner !)
En attendant un compte rendu des Ă©vĂ©nements (si je trouve un peu de temps), voici l’affiche rĂ©alisĂ©e par l’illustrateur Jeam Tag :
Affiche de l’Olicon, © Jeam Tag, 2008
J’espère vous voir très prochainement à Nyons...


Mercredi, le 28 mai 2008
Fest’Uval Jean Mon’Arts 2008
Ouais, je sais, je ne poste plus beaucoup d’articles sur le blogue Ă  desseins (pas ma faute : ma vie est très mouvementĂ©e en ce moment), mais oyez, oyez : la prochaine Ă©dition du Festival de l’UniversitĂ© Jean Monnet (plus connu sous l’appellation Fest’Uval Jean Mon’Arts) se dĂ©roulera les soirs des jeudi 5, vendredi 6 et samedi 7 juin 2008, au Château de Saint-Victor, Ă  quelques kilomètres de Saint-Étienne.
Fest’Uval Jean Mon’Arts 2008
Au programme : des concerts de musique (classique, jazz, pop rock, reggae, hip hop, etc.), des reprĂ©sentations théâtrales, de la danse (moderne ou orientale) et toujours une exposition de peintures, sculptures, dessins et photographies... oĂą votre serviteur prĂ©sentera ses dernières crĂ©ations.
C’est un festival de qualitĂ©, gratuit, mĂŞlant jeunes et moins jeunes (Ă©tudiants, profs et autres personnels universitaires) dans un cadre des plus agrĂ©ables... alors venez y faire un tour !


Dimanche, le 24 février 2008
T-shirt spécial Barjavel
Je viens de terminer de peindre un tee-shirt que je compte porter à l’occasion de l’OliCon 2008, la prochaine convention nationale de science-fiction.
Cet événement sera consacré à l’auteur René Barjavel et aura lieu au mois d’août à Nyons, la ville de Drôme provençale d’où est natif l’écrivain.
t-shirt personnalisé René Barjavel


Lundi, le 17 septembre 2007
Rencontres ambigrammées (sens dessus dessous)
Samedi soir s’est déroulé le Lyonnacolo, une rencontre science-fictive franco-italienne organisée par les Lyonnes de la SF.
Un peu avant 17 heures, j’arrive Ă  Temps Livres, l’antre de Markus Leicht, oĂą se trouve dĂ©jĂ  Georges Bormand. Un peu plus tard, d’autres gens arrivent : des Français, des Italiens, un Espagnol... Nous collons des Ă©tiquettes (« I speak English » et « Je parle français » dans mon cas) sur nos badges. LĂ , trop la classe : je sors mon propre badge avec mon pseudo « MĂ©reste » sous forme d’ambigramme (celui-ci). Les gens ne peuvent s’empĂŞcher de tourner mon badge Ă  l’envers parce que ça les intrigue...
Notre petite troupe quitte la boutique en laissant Markus, qui a l’air bien fatiguĂ©, et qui ne nous rejoindra pas pour la soirĂ©e, dommage. Il y a aussi d’autres absents : Franco Ricciardiello ne pourra pas venir. Et m... ! J’avais prĂ©vu de lui faire signer deux bouquins amenĂ©s tout exprès, dont PassĂ©s recomposĂ©s oĂą se trouve Ă©galement une de mes nouvelles : il Ă©tait l’un des derniers auteurs de cette anthologie dont je n’avais pas encore la dĂ©dicace...
Nous passons auprès des bouquinistes du quai de la PĂŞcherie, puis traversons la SaĂ´ne, quai Fulchiron, pour aller chez le Père Penard. Mon sac est prĂŞt Ă  exploser... j’ai emportĂ© ma trousse de toilette et un minimum de vĂŞtements (mon petit frère lyonnais a prĂ©vu de m’hĂ©berger pour la nuit). Par consĂ©quent, avec les livres dĂ©jĂ  emportĂ©s, les « nouveaux » bouquins (d’occasion) achetĂ©s, ça n’va pas l’faire...
Un peu plus de 19 heures, nous arrivons au CafĂ© de la Cloche. Nous retrouvons d’autres gens, dont Sylvie LainĂ©, une amie qui faisait – comme moi – partie de la Gang, au dĂ©but des annĂ©es 2000 (ben mince, ça semble super loin, dit comme ça !). Sylvie sera invitĂ©e Ă  la prochaine convention nationale de science-fiction, l’OliCon, dont je suis l’un des organisateurs. Je lui montre l’ambigramme que j’ai fait Ă  partir de son nom :
Sylvie Lainé

Ça a toujours quelque chose d’étonnant...
À propos de l’OliCon qui aura lieu Ă  Nyons en 2008, l’auteur RenĂ© Barjavel (nĂ© dans cette ville) fera partie du programme Ă  travers une table ronde lui Ă©tant consacrĂ©e (et que votre serviteur se devra de modĂ©rer) et oĂą participera, outre Sylvie (ah, tu n’étais pas au courant ?), Pierre Creveuil, l’un des principaux animateurs du barjaweb, le site Web le plus complet sur ce grand monsieur.
Hop, voici l’ambigramme que j’ai fait pour Pierre :
Pierre Creveuil

AppelĂ© par la faim, nous rejoignons une crĂŞperie, et je fais la connaissance de Gilles Massardier, un Ă©ducateur spĂ©cialisĂ© (mais portant aussi bien d’autres casquettes !) qui est l’auteur de quelques petits textes de SF, dont celui-ci. Le personnage est fort intĂ©ressant, et comme c’est un « voisin » saint-chamonais, plutĂ´t que de passer la nuit chez mon frère, il s’est proposĂ© de me raccompagner Ă  Saint-Étienne et nous avons pu poursuivre sur le chemin du retour vers la Loire la discussion que nous avions entamĂ©e au restaurant puis en revenant au cafĂ©.
Voici ce que donne son nom en ambigramme :
Gilles Massardier

En rĂ©sumĂ©, cette soirĂ©e Lyonnacolo s’est passĂ©e de manière assez curieuse, je n’ai pas tellement eu l’occasion de discuter avec les amateurs italiens de science-fiction (je ne me suis pas retrouvĂ© Ă  cĂ´tĂ© de l’un d’eux, Ă  table ou au cafĂ©), mais pas de rĂ©el regret : j’ai retrouvĂ© des anciens amis et fait la connaissance de personnages intĂ©ressants, tel Gilles, mĂŞme s’il Ă©tait bizarre de se rencontrer Ă  Lyon alors que la distance qui sĂ©pare Saint-Étienne de Saint-Chamond n’est que d’une douzaine de kilomètres...


Jeudi, le 13 septembre 2007
La double double-vie de Fabrice M.
L’excellent et regrettĂ© Polonais Krzysztof Kieślowski avait rĂ©alisĂ©, en 1991, un film Ă©tonnant : la Double Vie de VĂ©ronique. Dans ce petit bijou cinĂ©matographique, une femme, après la mort de son impossible double, voyait sa vie curieusement changer...
En ce qui me concerne, j’ai deux doubles vies : une d’enseignant/chercheur qui m’occupe durant une bonne partie de la pĂ©riode diurne des jours ouvrables (et bien souvent davantage) oĂą je suis le « docteur Fab M. », et une autre d’auteur/sculpteur – que j’exerce le reste du temps – sous le pseudonyme de Mister « F. MĂ©reste ».
Parfois, ces deux vies se mĂŞlent. Hier matin, avant de coiffer ma casquette de prof et de passer la journĂ©e Ă  participer Ă  des jurys de soutenance de stage ou Ă  donner des cours, j’étais devant l’ordinateur afin de concevoir l’affiche annonçant la prochaine exposition d’arts plastiques de mes collègues et moi-mĂŞme (cela se passera Ă  l’atrium de la Bibliothèque universitaire du site de TrĂ©filerie « Droit, Lettres », Ă  Saint-Étienne, du 13 au 28 septembre 2007, voir ici). Et tout Ă  l’heure, je vais installer cette expo avant de retourner bosser « pour de vrai » Ă  mon labo.
Samedi, cette fois en tant qu’auteur, j’irai à Lyon pour participer au Lyonnacolo, une soirée-débat avec quelques auteurs et animateurs du petit monde science-fictif de France et d’Italie, un événement organisé par les Lyonnes de la SF.
Bref, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer...
Enfin, petite nouveautĂ© : j’ai dĂ©cidĂ© de ne plus indiquer directement mon pseudonyme sur les Ă©tiquettes des œuvres plastiques que je vais exposer. DĂ©sormais, seuls seront prĂ©sents le nom de la sculpture, l’URL permettant d’accĂ©der Ă  ce site Web et, en guise de signature, le nouvel ambigramme de mon nom d’artiste :
Méreste, l’ambigramme me servant désormais de signature




Mardi, le 4 septembre 2007
Rencontre SF : Lyonnacolo le 15/09/2007 Ă  Lyon
Pour la rentrĂ©e, voici le rendez-vous Ă  ne pas manquer pour les amateurs de science-fiction de la rĂ©gion lyonnaise : Lyonnacolo, la rencontre science-fictive franco-italienne organisĂ©e le 15 septembre 2007 au CafĂ© de la Cloche, 4 rue de la CharitĂ©, Ă  Lyon. Avec : Cet Ă©vĂ©nement est organisĂ© par les sympathiques Lyonnes de la SF.


Dimanche, le 3 juin 2007
Fest’Uval Ă  proximitĂ© de Saint-Etienne !!!
Programme du Fest’Uval Jean Mon’Arts (7 au 9 juin 2007)


Ce festival aura lieu du jeudi 7 au samedi 9 juin, de 19h30-20h00 à minuit, au château de Saint-Victor sur Loire (près de Saint-Étienne, 42).

Pendant toute la durée du festival, expositions de phographies, peintures et sculptures (dont les dernières créations de votre serviteur, Fabrice Méreste).
Petite info : dans la mesure du possible, j’ai indiquĂ© les liens des MySpaciens et autres qui se produiront lors du Fest’Uval...
Pour télécharger le programme en version imprimable, c’est ici.



Jeudi 7 juin 2007


Théâtre de Verdure (théâtre et danse)

(20h00) l’Aspatoule
(21h30) Le Groupe de Danse Universitaire
(22h00) Compagnie Actes Liés

Salle Geltendorf (pièces de théâtre)

(20h00) Le Grand Large
(21h45) Mais-tisse Moi Ça
(22h15) Les Nouveaux NĂ©s

Cour du château (concerts)

(20h00) Dya Mohn
(21h00) Rated Y
(22h00) l’Alambik
(23h00) DripS

Église (concerts)

(20h00) Bel’Canto
(20h30) À l’Improviste
(21h00) Duo Ilios
(22h00) Chœur des Étudiants de Musicologie

Restaurant (concerts)

(21h00) Christian.G
(22h00) Monsieur Fred 3



Vendredi 8 juin 2007


Théâtre de Verdure (pièces de théâtre)

(20h00) Les Ptits dans l’Dos
(21h15) Association en Scène
(22h30) Compagnie Actes Liés

Salle Geltendorf (théâtre et musique)

(20h00) Les Nouveaux NĂ©s
(21h15) @lex
(22h00) Le Grand Large

Cour du château (concerts)

(19h30) Clock
(20h30) Les Fils du Coupeur de Joints
(22h00) Overdose
(23h15) La Deroot’s

Église (concerts)

(20h00) NĂ©bune
(20h30) Zoot
(21h30) Olivier Craig-Dupont
(22h00) Atacama Jazz

Restaurant (concerts)

(21h00) Christian.G
(22h00) Monsieur Fred 3



Samedi 9 juin 2007


Théâtre de Verdure (théâtre et danse)

(20h00) Association en Scène
(21h15) Le Groupe de Danse Universitaire
(21h45) Les Frères Suédois
(23h00) Les Ptits dans l’Dos

Salle Geltendorf (pièces de théâtre)

(20h00) Les Amis en Scène
(21h55) Mais-tisse Moi Ça
(22h00) L’Aspatoule

Cour du château (concerts)

(19h30) La Pagaille
(20h45) Jade
(22h00) Godot
(23h15) Hacenoba Latin Jazz

Église (concerts)

(20h30) Olivier Craig-Dupont
(21h00) NĂ©bune
(21h30) Zoot

Restaurant (concerts)

(21h00) Monsieur Fred 3
(22h15) Highway



Dimanche, le 17 décembre 2006
Un de plus
Jeudi matin, grand moment : j’ai postĂ© mon roman Ă  un Ă©diteur. Des heures de travail, des annĂ©es de maturation, des espoirs et des dĂ©ceptions, et voilĂ  enfin mon bĂ©bĂ© envoyĂ© entre les mains du comitĂ© de lecture. Croisons les doigts...
Vendredi, prĂ©paration des gâteaux destinĂ©s au lendemain matin. Plus tard, je me suis retrouvĂ© Ă  Lyon avec l’ami Jean-Jacques Girardot Ă  l’occasion de la soirĂ©e culturelle, littĂ©raire et festive organisĂ©e par Sylvie. Moment vraiment Très sympa. Discussions plaisantes avec les anciens de la (et non « le ») Gang, ainsi que Jean-Marc Ligny, Patrice Duvic (qui m’a donnĂ© des idĂ©es d’éditeurs Ă  qui proposer mon thriller si jamais la maison d’éditions Ă  qui j’ai proposĂ© mon texte le refuse), j’ai fait dĂ©dicacer quelques ouvrages et j’ai eu moi-mĂŞme l’occasion de dĂ©dicacer quelques exemplaires des Anges Ă©lectriques oĂą se trouve ma nouvelle « des Ailes dans la tĂŞte ». Quelques photos sur le blog de Markus Leicht.
Samedi matin, rĂ©veil avec un an de plus. Mauvaise nouvelle en partant faire du sport, chargĂ© de mes gâteaux faits maison et bouteilles de jus de fruits et d’alcool : pas de tram ni de bus en raison de la grève. Eh meeeeeeeerdeeeeeeee... Fort heureusement, je ne suis pas arrivĂ© en retard Ă  mon club de sport, mais ma promenade imprĂ©vue chargĂ©e comme un mulet a remplacĂ© le temps que je comptais passer sur le step. Nous avons bien transpirĂ© et les gâteaux Bagdad et pomme-amande (ce dernier Ă©tant cuit au four Ă  micro-ondes) accompagnĂ©s de clairette de Die et de crĂ©mant d’Alsace nous ont permis de rĂ©cupĂ©rer les calories brĂ»lĂ©es durant l’effort. Arf !
Et puis ce fut la course pour faire tous les magasins, la fromagerie de la PrĂ©fecture, Centre 2 avec un retour chargĂ© de bouteilles, les pains rustiques de Paul, le marchand de primeurs, les gâteaux d’anniversaire commandĂ©s chez Nelson, l’épicier du coin... tout ça en ne pouvant circuler qu’à pied. Gnurf.
Samedi soir, tout Ă©tait Ă  peu près prĂŞt (j’étais en train de finir de prĂ©parer mes toasts) quand est arrivĂ©e la première invitĂ©e, suivie de peu par des Lyonnais (famille et amis) et mon appartement s’est rempli petit Ă  petit. SoirĂ©e vraiment très chouette, j’ai Ă©tĂ© gâtĂ© par tout le monde, et bien entendu j’ai prĂ©vu Ă  boire et Ă  manger avec excès, j’ai de bonnes rĂ©serves de bouteilles (une pseudo-cave avec un Ă©ventail acceptable de rouges, blancs et vins pĂ©tillants, mais pas de rosĂ©, beuh) et mon rĂ©frigĂ©rateur est encore plein Ă  craquer. Le lendemain a Ă©tĂ© un peu violent. Non, pas de gueule de bois, j’ai Ă©tĂ© raisonnable mĂŞme si je n’ai pas dĂ©daignĂ© le très agrĂ©able pinotage sud-africain (moi qui d’ordinaire n’aime pas trop le rouge) et l’excellent gewurztraminer vendanges tardives, il se trouve simplement qu’il y avait beaucoup de vaisselle et encore pas mal de choses Ă  ranger et nettoyer. Mais avec un peu de courage, tout a pu rentrer dans l’ordre et j’ai Ă  prĂ©sent plein de nouvelles choses Ă  lire, voir et entendre avec tous les cadeaux de mes invitĂ©s... Yes !


Vendredi, le 1er décembre 2006
En dĂ©dicace Ă  Lyon le 15/12/06 Ă  partir de 19 heures
Je vous fais suivre l’annonce officielle :

Soirée culturelle, littéraire et festive à Lyon le vendredi 15 décembre, à partir de 19 heures

L’imaginaire dans tous ses états

Au programme : rencontres, discussions, dĂ©dicaces (certains ouvrages seront disponibles sur place, surprises promises...), musique, exposition photos, dans un cadre convivial

Le lieu : restaurant Le Saint-Amour, 77 rue Villeroy, 69 003 Lyon – tel. 04 78 60 81 17 – MĂ©tro Saxe-Gambetta, sortie place Victor Basch (*)

Avec les Ă©ditions Moutons Électriques (revue Fiction, collection Rouge, Beaux livres...) et les Ă©ditions ActuSF-les Trois Souhaits

Et la participation d’auteurs dans les domaines de la Science-fiction et de l’imaginaire, proches de Lyon par le cœur ou l’esprit :
Exposition photographique de Patrice Duvic

Ponctuation musicale : première apparition publique du groupe Rockin’ James Trio (Rockabilly) : James Baddams (chant, guitare), Jean-Marc Tomi (guitare lead), Dominique Garcia (batterie)

Kir de l’amitié offert - boissons et restauration possible sur place.
Photographies, podcasts, demandes de dédicaces chaudement encouragées...

(*) Pour les personnes se dĂ©plaçant en voiture, parking Ă  proximitĂ© : place des Martyrs de la RĂ©sistance, près piscine Garibaldi.


Mercredi, le 23 novembre 2005
Rendez-vous manqué
Du jeudi 10 au dimanche 13 novembre 2005, à Nantes, se sont déroulées les Utopiales, le festival international (?!) de science-fiction.
Encore un rendez-vous sympa manquĂ©. Mais des photos très originales ont Ă©tĂ© prises des participants. J’y ai reconnu nombre de copains et/ou auteurs, en particulier :
  • photo 3 : l’autrice Catherine Dufour
  • photo 7 : les "docteurs" jumeaux improbables Igor et Grishka Bogdanov
  • photo 8 : Igor ou Grishka
  • photo 9 : Grishka ou Igor
  • photo 10 : l’auteur et chercheur Francis Berthelot (dont je suis en train de lire le guide de lecture sur les transfictions
  • photo 13 : le fan, auteur et photographe de conventions SF Mathieu Walraet
  • photo 14 : l’autrice de fantasy Claire Alix-Panier
  • photo 24 : le plasticien dĂ©jantĂ© Didier Cottier (ces sculptures d’aliens sont tous simplement extraordinaires :!)
  • photo 25 : l’auteur Xavier MaumĂ©jean
  • photo 26 : l’auteur Johan Heliot
  • photo 49 : l’auteur, essayiste, critique et traducteur Patrick Marcel
  • photo 55 : l’auteur Jean-Marc Ligny
  • photo 56 : l’auteur Serge Lehman
  • photo 57 : l’auteur Michel Pagel
  • photo 58 : la traductrice Michèle Charrier
  • photo 59 : l’autrice et traductrice MĂ©lanie Fazi
  • photo 62; : l’érudit Joseph Altairac
  • photo 63; : l’auteur Thomas D(um)ay
  • photo 64 : l’autrice et critique Sara Doke
  • photo 65 : l’auteur Christopher Priest
  • photo 71 : l’auteur Ugo Bellagamba
  • photo 74 : l’auteur Laurent "Mars Hotel" Queyssi
  • photo 78 : l’auteur Roland C. Wagner
  • photo 85  l’auteur Norman Spinrad
  • photo 86 : l’auteur et critique Claude Ecken
  • photo 87 : l’auteur David Calvo
  • photo 96 : l’autrice Sylvie LainĂ©
  • photo 99 : l’auteur, anthologiste, critique et scĂ©nariste Patrice Duvic
  • photo 114 : l’auteur, anthologiste, critique, dirlit (etc.) AndrĂ©-François Ruaud
  • photo 144 : l’auteur Bruno B. Bordier
Ben ouais... j’ai encore loupé un truc...


Lundi, le 23 aoűt 2004
Rencontres Remparts / Convention nationale de science-fiction 2004
Visions subjectives de ces deux événements. Je n’ai pas pris de notes, aussi la chronologie n’est-elle peut-être pas correcte, veuillez par conséquent pardonner les erreurs de ma mémoire dues à la richesse des moments vécus en ces occasions.
Samedi 14 aoĂ»t. DĂ©part en fin d’après-midi. Il faut environ deux heures au car pour se perdre dans l’Ardèche septentrionale. Pas vu le temps passer, pas eu le temps de lire une page : je reconnais Alain Huet, organisateur de la convention SF de Saint-Denis, en 2001, et nous n’arrĂŞtons pas de discuter de science-fiction, des fanzines, de l’encyclopĂ©die Ă  venir de Jacques Goimard, de ses projets fous comme la publication d’un index du fanzine Satellite ou des pseudonymes avĂ©rĂ©s des auteurs du milieu... Nous arrivons Ă  Saint-Agrève, Jean-Jacques Girardot vient nous rĂ©cupĂ©rer et nous entraĂ®ne dans un lieu oĂą un chemin de terre, de pierres et de flaques d’eau traĂ®tresses nous garantit une tranquillitĂ© Ă  toute Ă©preuve.
Dimanche, lundi, mardi, mercredi... Les jours filent, les amis du fandom SF arrivent. Petit Ă  petit, de façon très dĂ©cousue, une pièce de théâtre se construit, mĂ©lange curieux de clins d’œil science-fictifs et de jeux de mots (laids). Mais l’ambiance n’est pas au travail studieux, mĂŞme si Remparts est d’ordinaire une pĂ©riode d’atelier d’écriture, et mĂŞme si les orages nous retiennent la plupart du temps enfermĂ©s dans une grande bâtisse : nous profitons de ces instants pour discuter entre nous, lire un peu au calme, voir des films ou jouer sur nos ordinateurs, et je dĂ©couvre que les dernières pièces du sculpteur Didier Cottier ont vraiment pris de la maturitĂ©.
Jeudi 19 aoĂ»t. C’est le dĂ©part. Nous quittons l’Ardèche pour le Vaucluse, les uns après les autres. Je pars dans la voiture des Girardot. Après un passage par l’hĂ´tel, nous retrouvons le lieu de la convention. L’organisateur n’est pas lĂ , obligĂ© de faire la navette entre les diffĂ©rentes gares et la salle des fĂŞtes, mais nous retrouvons dĂ©jĂ  des connaissances, et les rayons de livres sont lĂ  pour ceux qui recherchent la perle rare... Première confĂ©rence : Francis Saint-Martin Ă©voque l’histoire des fanzines, ces magazines rĂ©alisĂ©s par des fans. Après le repas, Yann Minh nous parle de cyberpunk et de ses travaux multimĂ©dias pour la tĂ©lĂ©vision, nous plongeons alors dans son univers qui fait autant appel Ă  l’intellect (avec de multiples anecdotes) qu’aux sens (souvent Ă  travers l’érotisme). Retour Ă  l’hĂ´tel sous une pluie torrentielle. Nous devinons la route cachĂ©e par les eaux, les Ă©clairs illuminent une nuit de dĂ©luge, sensations de fin du monde.
Vendredi 20 août. Conférence de Joëlle Wintrebert sur l’évolution de la sexualité dans les textes de science-fiction et de fantasy.
Je me rappelle qu’au cours du déjeuner, des jeunes gens tout de noir vêtus sont entrés dans la salle, et parmi les personnes attablées, beaucoup se demandaient qui étaient ces gens-là, imaginant qu’il s’agissait d’une secte ou autre bizarrerie. En fait, point du tout, il s’agissait des membres des éditions de l’Oxymore, à savoir Léa & Greg Silhol, Natacha & Anthony Giordano, ainsi que Sire Cédric. Parmi l’assemblée des fans de SF, il faut dire qu’ils détonnaient un peu, par leur aspect vestimentaire, leur recherche d’une certaine classe, le fait de venir en couple, leur goût marqué pour la fantasy plutôt que la SF... En effet, la plupart des membres du fandom SF sont, caricaturalement, moins soucieux de leurs personnes, très souvent d’éternels célibataires (d’où peut-être le sentiment de "famille" qu’ils ressentent les uns envers les autres), et leur intérêt pour le seul genre SF semble parfois friser l’obsession.
Dans l’après-midi, confĂ©rence de Eric Henriet sur l’uchronie. L’auteur de l’Essai, qui avait intelligemment critiquĂ© la nouvelle que j’avais Ă©crite avec Jean-Jacques Girardot, nous prĂ©sente sous forme statistique les diffĂ©rents points de divergence de l’histoire qu’il a recensĂ© dans les textes uchroniques et pose une question intĂ©ressante : quels sont les points de divergence que les auteurs auraient pu exploiter ?
En fin d’après-midi, avec les membres de Remparts, nous présentons notre pièce de théâtre. Je joue le rôle du "sous-genéral Dennté", et le seul nom de ce personnage au grade peu commun vous donne déjà une idée de ce qu’a pu être notre représentation...
Retour à l’hôtel au cours de la nuit. Je vais à la piscine. Je ne suis pas seul à nager sous les étoiles, les hommes en noir de l’Oxymore profitent avec moi de la fraîcheur de l’eau.
Samedi 21 août. Nous manquons la conférence du matin (j’ai demandé à Gilles Goullet de me ramener à l’hôtel, j’avais en effet égaré mes clés... et pensais les avoir perdu au bord de la piscine). J’entame la conversation avec Sire Cédric, ce jeune homme (je peux dire "jeune", il a deux ans de moins que moi) qui me fait irrésistiblement penser, aussi bien par son allure que ses ambitions littéraires, à une sorte de Francis Valéry idéal, ou idéalisé, ce qui me le fait trouver des plus sympathiques. Je regrette soudain de n’avoir encore rien lu de lui. Je mange à la table des "gens en noir" dont je me sens finalement proche, même si mes vêtements sont aussi clairs que les leurs sont sombres, et même si mon genre littéraire de prédilection est la science-fiction et non la fantasy. Mais, au-delà de ces différences mineures, c’est la même foi qui nous anime en l’écriture, le même souci de toucher le lecteur, les mêmes désir et besoin mêlés de défendre ce qui nous semble beau et qui nous émeut.
Après le déjeuner, conférence du dessinateur Philippe Caza en hommage à René Laloux. Puis vient la conférence de Robert Sheckley. Le nom de cet auteur américain ne me disait pas grand chose, et puis je me suis rappelé que j’avais adoré l’humour de ses nouvelles, telle la clef lanxienne ou de ses romans, comme la Dimension des miracles, et que le film français le Prix du danger des années 80, qui m’avait marqué lorsque je l’avais vu à la télévision, était en fait adapté d’un de ses romans.
Jeux SF animés par Raymond Milési et Roland C. Wagner. Même pas gagné un point (les autres sont trop érudits ou trop rapides).
Dîner de gala. Remise des prix Merlin à Mélanie Fazi pour son roman Trois pépins du fruit des morts et Sylvie Miller et Philippe Ward pour leur nouvelle Le survivant (le prix était une illustration de Didier Cottier). Remise du prix Rosny Aîné à Roland C. Wagner pour son roman La saison de la sorcière et à Claude Ecken pour sa nouvelle Eclats lumineux du disque d’accrétion (le prix était une statue réalisée suivant un modèle dessiné par Caza). Remise du prix Cyrano (aussi une sculpture d’après Caza), un nouveau prix récompensant une personnalité du monde de la science-fiction présent à la convention, à Robert Sheckley. Remise du prix Versins du plus mauvais jeu de mots de la convention à Sylvie Laîné (le prix consistait en une figurine en plastique). Vente aux enchères. Rien acheté cette fois-ci. Terriblement fatigué.
Dimanche 22 aoĂ»t. Alors que tout le monde semble encore endormi, Greg Silhol et moi discutons au bord de la piscine. Après le petit dĂ©jeuner, quelques longueurs de brasse, puis il faut faire sa valise. Sylvie m’emmène jusqu’à l’hĂ´tel oĂą se trouve Robert Sheckley. Nous y croisons Roland C. Wagner, Yann Minh, Didier Cottier, et d’autres. ArrivĂ© sur le lieu de la convention, JĂ©rĂ´me "globule" Lamarque me donne un coup de main pour connecter mon PC portable au Mac de Yann Minh afin de pouvoir rĂ©cupĂ©rer la vidĂ©o de la pièce de théâtre (2 giga, quand mĂŞme). Et puis, c’est le moment des aux revoirs, dĂ©sagrĂ©able sensation de fin de colonie de vacances. Je me retrouve ensuite dans la voiture de Sylvie, en compagnie de MĂ©lanie Fazi (qui prendra un TGV Ă  Avignon) et de Robert Sheckley. Tiens, amusant, je me rends compte Ă  l’instant que, des occupants de la voiture, je suis le seul des quatre Ă  ne pas avoir Ă©tĂ© primĂ© lors de la soirĂ©e de gala. Après quelques bouchons du cĂ´tĂ© de Valence, nous arrivons Ă  Lyon. Je prends le mĂ©tro, j’arrive Ă  la gare. Le car me ramène Ă  Saint-Étienne. À dix mètres de chez moi, je croise un collègue qui me dit : « À demain ! ». DĂ©jĂ  ? Mon rĂ©pondeur est plein de messages d’une gamine inconnue qui a dĂ» se faire offrir un tĂ©lĂ©phone portable et qui m’a appelĂ© par erreur. Ma plante verte a besoin d’eau. Mon petit frère m’a fait parvenir un ensemble de CD souvenirs de son mariage. Parmi les e-mails, il y en a un de mon père qui me souhaite ma fĂŞte...
Bref, c’est la fin des vacances.


Dimanche, le 7 septembre 2003
Compte-rendu (bien singulier) de la XXXème Convention nationale de Science-fiction française
1. Introduction

Ça l’air d’un film :

Sara et la Convention perdue

...mais, non, il s’agit de la convention S.-F. nationale de 2003, ou plutĂ´t de la « Convention transnationale d’imaginaire francophone » puisque celle-ci s’est dĂ©roulĂ©e du 28 au 31 aoĂ»t 2003 au Centre wallon d’art contemporain de la Châtaigneraie, Ă  FlĂ©malle, au sud de Liège.
Une convention hors norme, en quelque sorte, puisque hors de France (même si quelques conventions S.-F. avaient déjà eu lieu auparavant en Belgique ou en Suisse) mais aussi hors du simple domaine de la science-fiction car les autres genres de la littérature de l’imaginaire (fantasy et fantastique, et même polar) étaient aussi à l’honneur.
Hors norme enfin par le jeu de rôles dans lequel se sont retrouvés plongés les participants et invités à la convention.


2. Au cours du mois de juillet...

Dans un document attachĂ© Ă  un courrier envoyĂ© par Sara Doke, il est indiquĂ© :
« Joueur : MĂ©reste, Fabrice
Groupe : Agents du Vatican (reprĂ©sentants des gardiens de l’Aggartha)
Membres : Jean-Claude Dunyach, Fabrice MĂ©reste
AlliĂ©s : Personne !
Ennemis : Tout le monde
Signe distinctif : chemise blanche et accessoire noir (n’oubliez pas que vous ĂŞtes des prĂŞtres) (...) »
Sont aussi indiqués les personnages connus et reconnus, missions et historique.
Ouh lĂ  ! Je ne comprends pas grand chose, c’est la première fois que je participe Ă  un jeu de rĂ´les. Bon, ça peut ĂŞtre drĂ´le. Je mets dans mon sac de voyage un jeans noir et une chemise blanche...


3. Jeudi 28 aoĂ»t 2003 : le dĂ©part

Jean-Jacques Girardot, son fils Alain, et moi-mĂŞme, Ă  savoir les StĂ©phanois de la Gang, retrouvons les Lyonnais chez Sylvie LainĂ© Ă  7 heures du matin.
Tout le monde est dĂ©jĂ  lĂ  (AndrĂ©-François Ruaud, Gizmo Mergey, ainsi qu’un fan et auteur suisse prĂ©nommĂ© Vincent) mais ce n’est pas pour autant que nous partons pour la Belgique : nous discutons entre copains en prenant le petit dĂ©jeuner.
Les StĂ©phanois prennent place dans la voiture de Jean-Jacques et les autres (Sylvie, Vincent, AndrĂ© et Gizmo) dans la Gizmobile, nous voilĂ  enfin sur le dĂ©part alors que le jour tarde Ă  se lever : nous ne sommes plus habituĂ©s aux gros nuages gris après cette canicule.
Nous quittons la région Rhône-Alpes, traversons la Bourgogne, entrons en Champagne-Ardenne, passons par la Lorraine (avec nos sabots) et déjeunons à Luxembourg où Georges, un ami d’André-François qui travaille dans cette ville, nous montre quelques bien beaux endroits le temps d’une visite-éclair.
Nouveau changement de frontière : la Belgique. Le chemin semble long pour aller jusqu’à Liège. Jean-Jacques quitte l’autoroute Ă  un moment pour prendre de l’essence dans une bourgade appelĂ©e « Vaux-sur-SĂ»re ». Ce nom curieux nous rappelle la blague au sujet des manifestations de mai 68 Ă  Bruxelles : du cĂ´tĂ© des Ă©tudiants, on criait : « CRS, SS ! » et du cĂ´tĂ© des forces de l’ordre : « Étudiants, -diants, -diants ! »
Liège nous accueille sous une pluie battante. Nous suivons la voiture de Gizmo. Nous arrivons en centre-ville, tournons, hésitons... il est dur de trouver son chemin lorsque les panneaux sont difficiles à voir ou lorsqu’une route prévue dans l’itinéraire est barrée.
En fin d’après-midi, nous parvenons enfin Ă  l’hĂ´tel, Ă  Rocourt, dans la pĂ©riphĂ©rie de Liège. Nos chambres ont bien Ă©tĂ© rĂ©servĂ©es. Mais c’est Anne Smulders qui a nos factures (et le numĂ©ro du code pour ouvrir le portail de nuit). Elle a bien fait : arrivĂ©s trop tard, nous n’aurions pu trouver quelqu’un Ă  l’accueil de l’hĂ´tel. Nous nous rendons au lieu de la convention, et le chemin n’est pas moins simple que pour aller jusqu’à l’hĂ´tel (doux euphĂ©misme).
Il pleut, il fait froid, nous sommes fourbus. Je ne remarquerai la beauté de la Châtaigneraie que plus tard, petit manoir entouré d’un parc qui n’est pas sans évoquer le Moulinsart de Tintin.
Nous avons manquĂ© le programme de l’après-midi, tant pis. Dommage pour la confĂ©rence de l’auteur britannique Brian Stableford sur « l’Imaginaire du XIXème siècle », celle de Patrick Marcel sur le fantastique (auteur, entre autre, du guide Atlas des brumes et des ombres sur le Fantastique en Folio S.-F., ah, ben non, en fait, cette confĂ©rence n’a pas eu lieu m’a-t-on rapportĂ©), et la rencontre avec Jean-Marie Buchet, cinĂ©aste et historien du cinĂ©ma au sujet de « CinĂ©ma et Science-fiction ». De toute manière, les conventions, ce n’est pas seulement assister Ă  une sĂ©rie de rencontres, confĂ©rences, tables rondes et dĂ©bats, c’est aussi et surtout l’occasion de retrouver des copains, de rencontrer des auteurs, de faire de nouvelles connaissances avec des personnes qui partagent le mĂŞme intĂ©rĂŞt pour la science-fiction, ou, d’une manière plus globale, pour la littĂ©rature de l’imaginaire.
À l’accueil, c’est Jean-Claude Dunyach, mon partenaire dans le jeu de rĂ´les, qui s’occupe de la caisse : tickets repas et « delsemmes » pour les boissons. Comme l’annĂ©e passĂ©e, les bières et cafĂ©s se paient avec une monnaie de singe : le delsemme, en l’honneur de Serge, cet auteur de S.-F. liĂ©geois rĂ©cemment disparu.
À peine le temps de dire bonjour aux copains prĂ©sents, de jeter un coup d’œil aux œuvres exposĂ©es Ă  l’étage (sculptures, peintures et collages d’inspiration science-fictionnelle ou fantastique) et c’est dĂ©jĂ  l’heure de dĂ®ner (ou plutĂ´t de « souper » car, en Belgique, le terme « dĂ®ner » s’applique Ă  ce que nous, Français, appelons le « dĂ©jeuner »). Nous nous retrouvons sous une grande tente pour nous restaurer : soupe, puis boulet (?) de viande et... frites, bien entendu, et enfin dessert ou fromage, je ne me rappelle plus.
Il est bien tard lorsque nous avons terminĂ© de manger, la confĂ©rence prĂ©vue par le professeur Tassilo Von Töplitz est reportĂ©e au lendemain.
Vincent, notre nouvel ami helvète, plutôt que d’aller dormir à l’auberge de jeunesse, souhaite rester en compagnie de la Gang, il partagera donc ma chambre pendant ces trois nuits. Retour à l’hôtel (en suivant les voitures de ceux qui connaissent le chemin), puis dodo...


4. Vendredi 29 août 2003

Petit dĂ©jeuner dans la salle Ă  manger de l’hĂ´tel. Les habituĂ©s (qui sont dĂ©jĂ  debouts) occupent les lieux : Raymond MilĂ©si, Pierre Stolze, Alain Huet, JĂ©rĂ´me Baud...
Nous suivons les voitures pour arriver jusqu’au lieu de la convention.
Assemblée générale de l’association Infini.
[J’échappe pour un moment Ă  la convention car je dois retrouver un de mes meilleurs amis que je n’ai plus vu depuis plus de... dix ans, ami que j’avais connu au temps d’un stage rĂ©alisĂ© Ă  Seraing, ville voisine de FlĂ©malle. Cet ami, Africain d’origine rwandaise, est justement de passage aux Pays-Bas et en Belgique, et il a pu s’arranger pour venir Ă  Liège au moment oĂą j’étais aussi prĂ©sent. Vers 11 heures, ce sont les retrouvailles. Avec un de ses compatriotes habitant maintenant la rĂ©gion, nous quittons FlĂ©malle en voiture pour le centre de Liège, dĂ©ambulons dans les rues du « CarrĂ© » et nous dĂ©cidons d’aller manger dans un restaurant de poissons. Le temps est bien trop court pour se raconter les milliers de choses qui nous sont arrivĂ©es et que nous n’avions pu communiquer ni par courrier postal ni par courrier Ă©lectronique. Juste le temps de faire un tour Ă  la cathĂ©drale de Liège oĂą je tenais temps Ă  revoir la sublime statue de l’ange dĂ©chu sur la Chaire de la VĂ©ritĂ© de Guillaume Geefs.
Mon ami doit prendre le train pour aller à Bruxelles, il faut déjà se dire au-revoir, je suis raccompagné à Flémalle...]
J’arrive Ă  la Châtaigneraie alors qu’AndrĂ©-François Ruaud dĂ©bute sa confĂ©rence sur l’initiation Ă  la fantasy. Devant moi, je reconnais quelqu’un de dos, en chemise Ă©carlate, assis Ă  cĂ´tĂ© de Gizmo : Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d’Encre de DenoĂ«l (et Ă©galement auteur sous pseudonyme).
Au grĂ© de mon humeur, j’assiste Ă  des confĂ©rences (Joseph AltĂ©rac remplaçant Tassilo Von Töplitz pour nous parler de « Terre Creuse et Monde souterrain » et du fameux « roi du monde »), je vais voir les livres neufs ou d’occasion proposĂ©s Ă  la vente (j’en profite pour complĂ©ter ma collection Histoires, l’anthologie de science-fiction du Livre de Poche), je participe sans trop comprendre au jeu de rĂ´les (oĂą semblent beaucoup s’amuser le jeune Alain Girardot et Sylvie LainĂ©), j’écoute Gilles Dumay parler de tĂ©lĂ©travail (il vit Ă  prĂ©sent dans un coin perdu des montagnes de ThaĂŻlande et exerce ses fonctions depuis un cyber-cafĂ©), j’échange quelques mots avec Thomas Day au sujet du Double Corps du Roi (aux Éditions MnĂ©mos) qu’il a Ă©crit en collaboration avec mon copain Ugo Bellagamba...
Repas. En face de moi, Ă  table, Raymond MilĂ©si n’est qu’à moitiĂ© content du plat de rechange qui lui a Ă©tĂ© servi au lieu des haricots, lĂ©gumes qu’il abhorre (qu’a-t-il eu Ă  la place, des concombres cuits ?!).
Après le repas, Raymond prend sa guitare et nous gratifie d’un concert (chansons parodiques avec paroles de sa composition) mais certains d’entre nous ont bien du mal à en profiter en raison de la fatigue.
Retour à l’hôtel, dodo.


5. Samedi 30 août 2003

P’tit dèj’. Voiture. Flémalle.
PrĂ©sentation des candidatures pour les conventions 2004 et 2005. On prend les mĂŞmes et on recommence : la convention de 2004 sera organisĂ©e par JĂ©rĂ´me Baud et aura lieu Ă  l’Isle-sur-la-Sorgue (comme en 2000, première convention Ă  laquelle j’avais participĂ©), la convention de 2005 sera organisĂ©e par l’équipe d’Alain le Bussy Ă  Tilff (Ă  nouveau en Belgique, comme en 2002, oĂą je n’avais pu ĂŞtre prĂ©sent pour cause de rĂ©daction de thèse).
Conf’versation sur la « structure du conte » animĂ©e par Claude Mamier et Philippe Dulauroy, deux personnes qui dĂ©cident de mener le projet assez fou de raconter et collecter des contes pendant près de trois ans (voir leur projet ici). ConfĂ©rence sur les OVBI prĂ©sentĂ©e par Jean Etienne. Non, je n’ai pas dit les OVNI mais bien OVBI : Objets Volants Belges IdentifiĂ©s. À propos, saviez-vous pourquoi il y a tant d’OVNI recensĂ©s en Belgique ? Il paraĂ®t que c’est un des pays les plus brillants de la Terre car les autoroutes y sont Ă©clairĂ©es... Et ce n’est pas une blague. Revenons aux OVBI. Historique et petit cours de physique sur les lifters, Ă©tranges dispositifs qui parviennent Ă  voler Ă  l’aide d’une haute tension. Nous assistons Ă  une dĂ©monstration surprenante de cet engin.
Après le repas (buffet froid), dĂ©bat sur « l’Histoire de la S.-F. » animĂ© par Jean-Claude Vantroyen, Jean-Pierre Fontana et Jean-Claude Dunyach.
Je croise Sara Doke qui s’inquiète de la disparition de Gilles Dumay (qui est l’invité mystère) et d’André-François Ruaud. Ces derniers étaient à Liège à la recherche d’un distributeur de billets acceptant les cartes bancaires du type dont est pourvu le Gillou.
Autres conférences et rencontres, je ne comprends toujours rien au jeu de rôles, je m’accroche un bout de plastique vert fluo autour du poignet afin d’indiquer que je participe à la murder party. Je repère Michel Pagel qui est lui aussi affublé de ce signe distinctif mais, peine perdue, nos missions n’ont rien en commun, nous avons l’impression qu’il y a plusieurs histoires indépendantes emmêlées dans ce jeu de rôles.
AndrĂ©-François et Gilles sont de retour. Le dĂ©bat sur « la Guerre des Étiquettes » peut dĂ©buter. Il ne sera pas animĂ© par Catherine Dufour (qui n’est pas encore lĂ  en raison d’un problème de voiture) mais par Patrick Marcel (qui traduit aussi les propos de Brian Stableford). Le dĂ©bat est très intĂ©ressant. Brian Stableford nous parle des attentes des Ă©diteurs (« Ă©crivez-nous la mĂŞme chose, donc le mĂŞme genre, parce que ça marche ! ») et des envies des auteurs ; l’idĂ©aliste Gilles Dumay de la nĂ©cessitĂ© commerciale de prĂ©senter le genre des livres (science-fiction, fantasy avec nains de jardin, fantasy sans nains de jardin...) mais que ce qui compte, selon lui, est de publier et dĂ©fendre un auteur et une œuvre, qu’importe son Ă©tiquette ; AndrĂ©-François Ruaud et Patrick Marcel, tous deux auteurs d’un guide respectivement sur la fantasy et le fantastique commandĂ©s par... Gilles Dumay (j’en profite pour saluer Francis ValĂ©ry, auteur du guide de lecture sur la science-fiction dans la mĂŞme collection qui n’a malheureusement pu venir pour des raisons de santĂ©... nous te souhaitons un prompt rĂ©tablissement, Francis !), Ă©voquent les difficultĂ©s qu’ils ont eu Ă  dĂ©finir les genres (fantastique, science-fiction, fantasy) et Ă  classer des textes dans l’un ou l’autre de ceux-ci, certains relevant de la fusion des genres...
Nous quittons ensuite la Châtaigneraie pour aller au Préhistosite, non loin de là. Et c’est dans la reconstitution d’une caverne qu’ont lieu les remises de prix, dont le prix Rosny Aîné (auteur de la Guerre du feu), prix dont s’occupe Joseph Altérac et qui est établi selon le vote des lecteurs afin de récompenser le meilleur texte francophone de science-fiction de l’année écoulée.
Roulement de tambour...
Le prix Rosny de la nouvelle de science-fiction est attribuĂ© Ă ... Jean-Jacques Girardot pour « Gris et amer, les Voyageurs de l’Éclipse » (extrait de son recueil de nouvelles DĂ©dales virtuels paru aux Éditions Imaginaires Sans Frontières), ex æquo avec Sylvie LainĂ© pour « Un signe de Setty » (dans un numĂ©ro de la revue Galaxies). Trop de bonheur : il s’agit de textes que j’avais lus et vraiment beaucoup aimĂ©s, et en plus, ce sont des copains... En recevant leur trophĂ©e (la sculpture en forme de crâne de mammouth), Sylvie et Jean-Jacques se prettent Ă  un Ă©tonnant jeu de duettistes. Ne s’agirait-il que de la mĂŞme entitĂ© implĂ©mentĂ©e dans deux corps diffĂ©rents ?
Prix Rosny du roman attribué à Joëlle Wintrebert (hélas absente) pour Pollen.
Prix Merlin (équivalent en fantasy de ce qu’est le Rosny pour la science-fiction) de la nouvelle attribué à Jess Kaan pour l’Affaire des Elfes Vérolés.
Prix Merlin du roman attribuĂ© Ă  Lea Silhol pour « la Sève et le Givre » (qui, comme JoĂ«lle, est aussi absente).
Les auteurs de fantasy se sont vus remettre de jolies planches : un crayonnĂ© pour Jess Kaan qui avait bien du mal Ă  cacher son Ă©motion et une peinture pour Lea Silhol.
Prix Versins (du plus mauvais jeu de mots rĂ©alisĂ© pendant la convention) attribuĂ© Ă  Pierre Stolze. Contexte : la convention avait pour sous-titre « Sara Jones et la Convention perdue ». Et il y eut effectivement beaucoup de problèmes pour trouver Ă  la fois l’hĂ´tel et le lieu de la convention, dans ce petit coin de Wallonie. Le jeu de mots de Pierre, fort Ă  propos, fut ainsi : « OĂą wallons-nous ? ». Pierre s’est vu remettre un magnifique... euh... bidule... un machin avec plein d’hĂ©lices de couleurs que je me rappelle avoir dĂ©jĂ  eu quand j’était tout petit.
ApĂ©ritif. Discussions par petits groupes : Gilles Dumay, AndrĂ©-François et Patrick Marcel parlent entre eux de plein de textes et d’auteurs qui me sont inconnus, Gizmo et Éric Henriet discutent d’uchronie, Sylvie et Jean-Jacques taillent la bavette avec les 42 (Ellen Herzfeld et Dominique Martel), Catherine Dufour vient d’arriver, certains s’essaient Ă  la bière « prĂ©historique » faite maison (qui, une fois ouverte, se dĂ©verse follement en mousse)...
Retour à la Châtaigneraie, c’est le dîner de gala.
Sara Doke est habillĂ©e en crĂ©ature angĂ©lique. D’autres vont se changer au cours du repas. Vincent, Ă  cĂ´tĂ© de moi, dĂ©gouline de faux sang. Je devrais le regarder avec appĂ©tit, m’étant dĂ©guisĂ© en vampire, mais c’est plutĂ´t Ă  la serveuse largement dĂ©colletĂ©e Ă  qui j’ai lancĂ© un « vous ĂŞtes Ă  croquer, mademoiselle ! » qui retient mon attention. J’ôte mes dents de Dracula pour manger. Après la soupe aux orties et le saumon, nous avons droit Ă  de l’agneau (argh, une gousse d’ail, on veut ma mort !) et, en dessert, un machin-truc-chose au nom imprononçable pour un non-Belge qui ressemble Ă  une sorte de grosse poire cuite au jus.
Pendant le repas, vente aux enchères d’objets improbables animĂ©e par Georges Pierru (dans le rĂ´le du commissaire priseur) et JĂ©rĂ´me Baud. Jean-Jacques Girardot s’en sort plutĂ´t bien : cette annĂ©e, son fils Alain ne l’a pas ruinĂ© en achetant toutes les bĂŞtises dont il avait envie.
Tout le monde (ou presque) se dĂ©guise : AndrĂ©-François en cadavre Ă©lĂ©gant Ă  canotier, Michel Pagel en Mort rouge Ă  faux, il y a aussi des men in black et des extraterrestres, des cow-boys et des indiens, des crĂ©atures monstrueuses diverses et variĂ©es (je vous invite Ă  voir le site de Matthieu Walraet pour vous faire une idĂ©e), ceux qui ne se sont pas dĂ©guisĂ©s se retrouvent avec des masques ou casquettes ridicules.
Jean-Jacques Girardot et son fils partent se coucher. Nous convenons de l’heure de dĂ©part pour le retour Ă  neuf heures, il ne faut pas oublier que lundi 1er septembre, c’est la rentrĂ©e pour Alain (et aussi pour moi et mes collègues enseignants). Tant pis pour le jeu « S.-F. again fascism » et le dĂ©crochage de l’exposition, et tant pour avoir si peu profitĂ© de Liège.
Jacob Durieux est aux platines mais il n’y a pas réellement de bal costumé. Le sol caillouteux de la tente ne s’y prête d’ailleurs guère et nous aidons à débarrasser les tables.
Gizmo ramène Ă  Rocourt de bien curieux personnages : le maquillage blanc d’AndrĂ©-François s’en va par plaques et le faux sang n’en finit pas de couler du visage de Vincent. En se dĂ©maquillant Ă  l’extĂ©rieur de la chambre d’hĂ´tel, Vincent manque mĂŞme de provoquer une crise cardiaque, ayant fait très peur Ă  un touriste japonais noctambule.


6. Dimanche 31 aoĂ»t 2003 : le retour

Petit déjeuner en compagnie de Peter Motte (personne d’autre n’est debout si tôt). Ce traducteur néerlandophone s’est chargé de nous faire connaître des auteurs flamands durant la convention, notamment à travers la distribution d’un hors série en français de la revue littéraire trimestrielle De Tijdlijn (la Ligne de Temps).
Il est presque neuf heures, Jean-Jacques n’est toujours pas descendu Ă  la salle Ă  manger alors que je suis prĂŞt Ă  partir. Je frappe Ă  la porte de sa chambre. Il vient Ă  peine de sortir du lit. Bon, pendant qu’il se prĂ©pare, je regarde les dessins animĂ©s Ă  la tĂ©lĂ©vision en essayant de ne pas rĂ©veiller Vincent.
Jean-Jacques arrive enfin, et c’est parti. Le mauvais temps qui nous avait accompagné tout au long de la convention a laissé place au soleil.
Le retour nous semble long jusqu’au Luxembourg et à la France.
Nous nous arrĂŞtons sur une aire d’autoroute pour dĂ©jeuner et je prends la relève au volant. Je conduis sur la majeure partie de l’autoroute, Jean-Jacques s’assoupit Ă  cĂ´tĂ© de moi, Alain semble bien sage Ă  l’arrière. Nous sommes Ă  Saint-Étienne en fin d’après-midi.
VoilĂ , c’était une bien belle convention, riche en Ă©motions, en rencontres et en prix... Encore merci aux organisateurs : Sara, Anne et Jacob. Et Ă  l’annĂ©e prochaine Ă  l’Isle-sur-la-Sorgue !


Mardi, le 17 décembre 2002
Avinnersaire (yoijeux)
« C’est un bon jour pour mourir... Â», dit le vieil Indien dans Little Big Man.
Moi je dis que 30 ans, c’est un bon jour pour vivre.
Le jour de ses trente ans, mon ami Ugo, de deux semaines mon aîné, a passé son audition de maître de conférences et a obtenu son poste.
Le jour de mes trente ans, à savoir hier, j’ai soutenu ma thèse.


Dimanche 15 décembre.

Je me réveille assez tard. J’étais la veille à l’anniversaire d’un ancien amour.
Je répète mentalement ce que je dois dire lors de ma soutenance de thèse en prenant mon petit déjeuner, en me rasant, en prenant ma douche...

Fin de la matinée.
Passage éclair au Virgin situé à moins de 100 mètres de mon appartement.
Manque de bol, il est fermé et n’ouvre qu’à midi.
Je prends mon courage Ă  deux mains et vais jusqu’à la FNAC (Ă  au moins 300 mètres de lĂ ), je trouve ce que je recherche (comme quoi, les chercheurs trouvent quand mĂŞme aussi parfois !) : le recueil de nouvelles de Jean-Jacques Girardot (pas pour moi mais pour offrir, en espĂ©rant qu’un ami charitable pensera Ă  me faire cadeau de DĂ©dales virtuels car j’ai tant envie de lire ce bouquin !)
Je passe le reste de la journée à répéter la présentation de ma soutenance...


Lundi 16 dĂ©cembre, jour « J Â»

J’ai décidé de rester chez moi toute la matinée.
Nouvelle répétition mentale de la soutenance de thèse.
Qui est le premier Ă  me souhaiter mon anniversaire ?
Le robot de NotreFamille.com !
Ouais, je ne travaille pas dans le domaine de l’intelligence artificielle pour rien...
D’autres messages électroniques de soutien arrivent sur ma boîte.
Un premier coup de fil pour me souhaiter mon anniversaire et me dire m..... : je mets un instant Ă  rĂ©aliser qu’il s’agit de Nathalie, une amie de Lorraine.
Un second : il s’agit de ma bonne maman qui m’appelle du train.
Déjeuner léger.
Avec le stress, mon ventre fait des nœuds...
Je me fringue. Non, pas encore la cravate.

Treize heures.
Je sors de chez moi. De la pub et une enveloppe récupérées dans ma boîte aux lettres. Je lirai la lettre plus tard.
Je prends le mĂ©tro et le tramway, je ne vois personne : sur le chemin je rĂ©pète encore ma soutenance.

Quatorze heures moins le quart.
J’arrive au labo.
Mais oĂą est passĂ© mon directeur de thèse ? C’est lui qui devait me prĂŞter son ordinateur portable...
Je cours dans tous les sens.
Bon, pas de panique, je peux emprunter celui du secrétariat du laboratoire.
Les bouteilles sont dĂ©jĂ  au frais ? Parfait !
Mes parents arrivent. Pendant que je copie mon fichier, maman et papa s’occupent du pot (bouteilles, verres, gâteaux...).

Quinze heures.
Avec un collègue, je vais chercher le vidĂ©oprojecteur que j’ai rĂ©servĂ©. Manque de bol, avec le service audiovisuel, nous nous sommes mal compris : le vidĂ©o ne passe que de la vidĂ©o (apprĂ©ciez la nuance) et non de "l’informatique".
Grrrmbl...
Une solution, peut-ĂŞtre : un autre vidĂ©oprojecteur doit ĂŞtre rapportĂ©.
J’attends le retour du matériel. Les minutes s’écoulent, tout comme des gouttes de sueur froides dans mon dos.
Et voici la bĂŞte !
Beau, beau, il est beau le vidĂ©o !
J’arrive sur le lieu que j’ai réservé pour la soutenance. La salle est fermée. Je fais le tour, frappe à la porte d’un secrétariat, c’est ouvert, de gentilles dames vont ouvrir la salle de conférences où je vais officier.
Bricolage pour installer le vidéoprojecteur, les rallonges ne fonctionnent pas (un problème de triphasage), je vais en chercher d’autres, ça y est.
Bon, l’image ne s’affiche pas Ă  l’écran. Nous cherchons la combinaison de touches adĂ©quates. Mmmm... Ce n’est pas ça le problème. Peut-ĂŞtre faut-il changer le port du vidĂ©oprojecteur ? Oui, c’est ça.
Réglages ultimes, des bouteilles d’eau sont mises à la disposition des membres du jury, ainsi que des exemplaires de ma thèse.
Des personnes arrivent dans la salle : mes parents, mon ami Ugo (venu tout exprès d’Aix pour m’écouter), mon ex-copine, des collègues, des amis, et mon directeur avec quelques membres du jury.
Bonjour, bonjour, c’est gentil d’être venu.
Des personnes proches me souhaitent aussi mon anniversaire.
Les derniers membres du jury arrivent, il est un peu plus de 16 heures, le prĂ©sident du jury me laisse la parole.

Go!
Je me fais peur : le dĂ©marrage est un peu chaotique, ma langue s’accroche sur quelques mots. Mais je me rattrape. J’ai un dĂ©bit de paroles plus rapide qu’à l’ordinaire, ma prĂ©sentation coule, les transparents dĂ©filent, je prĂ©sente mes travaux et l’auditoire est attentif. Un coup d’œil sur la montre, il faut que je me dĂ©pĂŞche, j’augmente encore un peu le dĂ©bit mais tout va bien, j’arrive Ă  ma dernière diapositive, la numĂ©ro trente-trois (clin d’œil Ă  la parole classique du docteur : « Dites 33 ! Â») et je termine ma prĂ©sentation entre 40 et 45 minutes, c’est-Ă -dire le temps qui m’était accordĂ©.
Parfait.
Questions du jury.
Les rapporteurs et examinateurs me fĂ©licitent pour la qualitĂ© de mon travail (« Merci ! Â») et me posent certaines questions.
Mes réponses semblent les satisfaire.
Mes directeur et co-directeur louent mes qualités scientifiques et humaines, ma maman verse une larme.
La dernière question du président du jury, je suis heureux de voir que les personnes se sont vraiment intéressées à mon travail.

Délibération.
Papa prend quelques photos sur son appareil numérique.
Je débranche le matériel.

Le jury arrive, le président prend la parole, ça y est, je suis docteur, les félicitations ne sont plus données (pour éviter les différences de politiques entre les établissements nationaux), sinon je les aurais eues (c’est ce que dit mon président de jury).
Joie.

Pot de thèse.
Tout est beau, tout est bien. Les amis avec qui je fais du roller arrivent. Il y a moins de Gangsters que prévu mais je suis heureux, les bouteilles et les plats se vident, je parle avec les uns et les autres, la tension accumulée ces derniers jours se relâche petit à petit.
Les gens s’en vont progressivement.
Gizmo de la Gang vient chercher Ugo. Il emportera aussi quelques restes.

Vingt heures.
J’abandonne collègues, famille et amis pour retrouver les membres du jury dans un bon restaurant situé sur la Croix-Rousse.
J’imaginais ne plus avoir faim mais la soupe de bulots tiède aux crevettes, le cabillaud et sa salade d’algues ainsi que le gâteau à la nougatine m’ouvrent de nouvelles perspectives sur les capacités de mon estomac.
Comblé.

Minuit et quelques.
J’arrive chez moi.
Mes parents sont déjà couchés.
Un message en anglais sur mon répondeur. Marina, une amie grecque, me souhaite mon anniversaire...


Mardi 17 décembre.

RĂ©veil matinal.
J’essaie sans succès de copier les photos prises par l’appareil numĂ©rique de mon père sur mon vieil ordinateur portable. Foutu port USB !
Métro, nous arrivons à la gare de la Part-Dieu. J’en profite pour acheter un billet.
Ça y est, ils sont partis et fiers de leur fiston.
Je vais chez André et Olivier récupérer Ugo.
André est déjà parti travailler, je fais la connaissance de Guillaume.
Ugo et moi nous rendons tranquillement au centre commercial de la Part-Dieu pour papoter, faire un coucou à André, prendre un petit déjeuner chez Paul, essayer de trouver des idées de cadeau pour Noël, faire un tour devant la bibliothèque municipale...
Puis l’heure à laquelle Ugo doit prendre son train arrive, il retourne dans son sud natal, je retourne dans mon labo...
Au boulot 


Lundi, le 9 décembre 2002
Ah, ville magique !
Hier après-midi, je suis allé voir mes amis Gangsters.
Trop peu de temps car j’ai dû rentrer bien vite pour terminer la présentation de ma soutenance de thèse.
Je ne connais pas bien le quartier de Saint-Just, sur la colline de Fourvière, et je me suis trompé de rue à un moment donné, loupé la station de métro. Enfin, de funiculaire. La "ficelle", comme on l’appelle ici.
Je suis donc rentré chez moi à pied.
Pas compliqué, il suffit de descendre. Et ça descend sec.
Après avoir traversé la Saône, je me retrouve au niveau de la gare de Perrache et je plonge sans le vouloir dans la féerie de la Fête des Lumières.
Place Carnot, le marché de Noël.
Un monde fou.
J’évite : quand on a connu les marchĂ©s de NoĂ«l alsaciens, les autres sont bien ternes en comparaison.
Rue Victor Hugo. Une rue piétonne. Des gens de partout. Odeurs de marrons grillés.
Place Bellecour. Odeurs de tartiflette.
Je poursuis jusqu’au Théâtre des Célestins.
Théâtre en flammes ?
Non, c’est beau, c’est de la magie.
Je me force un chemin jusqu’à la Place des Jacobins.
La fontaine des Jacobins a retrouvé ses couleurs.
J’arrive chez moi. J’allume trois bougies à mes fenêtres. La tradition...
Au bout d’une demi-heure de travail, je regarde par la fenêtre.
Les bougies ont été soufflées au premier coup de vent.
Je les rallume.
Quelques heures plus tard, épuisé, je vais me coucher.
Ce matin, je tire les rideaux.
Les trois bougies sont allumées. Elles ont brillé toute la nuit.
C’est la magie de la Fête des Lumières.


Mardi, le 3 décembre 2002
A vision of the future
Samedi soir, je suis allé à la nuit de la science-fiction d’Oullins (dans le sud de Lyon). Très intéressant.
Tout d’abord, un documentaire intitulé Robot Sapiens avec des interviews de chercheurs d’équipes toulousaine et parisienne ainsi que d’un Gérard Klein en pleine forme (non, pas l’instit’, Klein, c’est l’auteur de S.-F. et directeur de la collection Ailleurs et Demain, chez Robert Laffont).
Surprise, Gérard Klein profère des propos virulents à l’encontre de l’intelligence artificielle, la considérant, grosso modo, comme une escroquerie intellectuelle.
Après le documentaire, Klein, présent dans la salle, confirme ses propos, proposant de se référer à sa préface d’Excession de Iain M. Banks et se lance dans le jeu des questions-réponses...
Une intervention venue du milieu de la salle. Un jeune homme prend le micro et se prĂ©sente en tant que chercheur en intelligence artificielle (Klein avec un sourire : « Ah, il fallait bien que ça arrive ! Â») et comme amateur de science-fiction (Klein : « Merci ! Â») et auteur Ă  ses rares moments de temps libre. Le chercheur tient Ă  prĂ©ciser que ce dont GĂ©rard Klein parle, et dont le documentaire a fait Ă©tat, Ă©tait de robotique et de vie artificielle et non rĂ©ellement d’intelligence artificielle. Il indique aussi que des travaux en intelligence artificielle ont produit des rĂ©alisations concrètes... En rĂ©ponse, Klein poursuit sur ses critiques de l’intelligence artificielle "forte", parlant des positions dĂ©fendues par des chercheurs hyper-mĂ©diatisĂ©s tels que Hugo de Garis (auteur d’une interview parue dans le Monde, le 9 novembre 1999).
Le chercheur en IA répond à Klein que de Garis n’est pas un chercheur considéré par ses pairs mais qu’il s’agit de quelqu’un de complètement allumé...
Finalement, Klein et le chercheur tombent plus ou moins d’accord sur les limites de l’intelligence artificielle dans sa version forte et conçoient que le terme "intelligence artificielle" est sans doute assez malheureux.
Ah oui, j’ai oublié de préciser, le chercheur en IA, c’était moi...

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