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Mercredi, le 31 janvier 2024
Gyros et salade grecque
Je suis de ceux qui ont grandi avec la série télévisée d’animation franco-japonaise Ulysse 31. Un dessin animé mélangeant mythologie grecque avec de la science-fiction, quelle idée géniale ! Arrivé au collège, je connaissais par cœur le Panthéon grec et un de mes rêves était d’aller un jour à Athènes voir « en vrai » l’un des berceaux de notre civilisation, fasciné par l’héritage que les Grecs antiques nous avaient laissé dans la langue, la philosophie, la politique, la sculpture, le théâtre, l’architecture...
En 2002, inspiré par mes amis de la Gang de Lyon que je retrouvais chaque semaine à un kébab du quartier du Tonkin, je débutais ce blog, j’écrivais ma première nouvelle de fiction qui allait être publiée dans un support professionnel et je terminais mes études en soutenant une thèse de doctorat. Mon travail de recherche n’avait pas grand chose à voir avec mon amour pour l’Antiquité, mais j’avais quand même réussi à glisser dans ma conclusion la citation « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » en lettres grecques qui, selon la légende, ornait le fronton de l’Académie de Platon.
En 2002 sortait aussi l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, réalisateur que je ne connaissais pas bien. J’avais loupé le Péril jeune, qui évoquait les années de lycée à une période où je portais encore des couches, au début des années 1970. Mais dans l’Auberge espagnole, j’avais retrouvé un peu de moi : des études effectuées à l’étranger apportant leur lot de rencontres qui allaient marquer toute la vie, une dernière année à l’université avant d’entrer dans le monde professionnel, et j’avais en plus à peu près le même âge que Romain Duris qui incarnait le personnage principal.
En 2005, l’Auberge espagnole connut une suite : les Poupées russes. Dans ce deuxième volet, Cédric Klapisch s’attachait à dépeindre les problèmes professionnels et personnels de ses personnages. Cette année-là, je mélangeais encore mes deux identités, celle de l’enseignant-chercheur (qui ne m’apportait pas beaucoup de satisfaction, vivant une sorte de creux dans mon activité de recherche) et celle de l’auteur, critique et plasticien, avec un article sur le genre steampunk présenté sous mon pseudonyme au colloque La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction de Nice, une exposition de mes sculptures, un projet de nouvelle et la réécriture de mon roman. Au niveau sentimental, je vivais une histoire que je croyais être plus sérieuse que celles vécues jusque-là, mais qui s’achèvera brutalement dans les premiers jours de 2006.
La trilogie de Klapisch s’est poursuivie avec, en 2013, la sortie de Casse-Tête chinois. Les personnages avaient désormais la quarantaine, avec des enfants ou des désirs d’enfants, et la vie devenait ce fameux casse-tête avec les compromis à trouver entre la vie amoureuse, la vie professionnelle et la vie familiale avec l’arrivée des responsabilités parentales. À cette époque, j’étais devenu un jeune papa, mon activité professionnelle de chercheur connaissait un nouveau souffle mais mon activité d’auteur ou de sculpteur s’éteignait peu à peu...
À la mi-avril 2023, c’est sous forme de série télévisée que nous pouvons suivre la suite de cette trilogie. Cette fois-ci, Klapisch suit les aventures à Athènes des enfants des personnages qu’il nous avait fait découvrir dans ses trois films. Mes enfants sont encore trop jeunes pour partir étudier à l’étranger, ils ont l’âge que j’avais quand je regardais Ulysse 31, mais la grande, collégienne, a malgré tout déjà des projets en ce sens... Cette série résonne encore fort en moi : un peu de nostalgie, et le regard porté sur l’avenir qui retourne au passé, en se disant que l’on a sans doute davantage vécu d’années qu’il n’en reste encore à vivre. Et puis, ma première grande conférence en présentiel post-confinement avait eu lieu justement à Athènes, en juin 2022, non loin de l’Acropole. Une musique revient sans cesse dans ma tête, la chanson « O Pio Kalos Tragoudistis » :
Γεια σου, γεια σου
ποιος σου έκλεψε ας ξέραμε τη χαρά σου...

Klapisch a appelĂ© sa sĂ©rie Salade grecque. Je lui aurai plutĂ´t donnĂ© comme titre Gyros, le fameux « sandwich grec », l’équivalent du chawarma arabe ou du döner kebab turc, et qui dĂ©signe la rotation de la broche de viande qui se fait rĂ´tir. Dans l’Auberge espagnole, des Ă©tudiants vivaient un bouillonnement d’expĂ©riences, et dans Salade grecque, les expĂ©riences sont vĂ©cues par leurs enfants... La boucle est bouclĂ©e, c’est-Ă -dire un cercle, qui se dit en grec : γύρος, gyros.


Mardi, le 3 janvier 2023
Réflexions en vrac sur l’année 2022
Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur ces dessins que l’on retrouve par exemple des textes et illustration du petit Nicolas faisant une thèse. Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur des textes et illustrations du petit Nicolas passant sa thèse. Indémodable !

Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...
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Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...


Lundi, le 20 aoűt 2012
IA et SF
En ce moment, je suis en train de lire Zendegi de Greg Egan. Le mystérieux et très discret écrivain australien de hard science est aussi l’auteur de quelques articles scientifiques, en particulier dans le domaine de la physique (et plus particulièrement en relativité générale et en cosmologie quantique, comme cet article dont le sens m’a largement échappé).
J’avoue avoir un net penchant pour les œuvres de fiction qui essaient de s’intĂ©resser de très près aux avancĂ©es scientifiques et technologiques et qui cherchent Ă  voir quelles pourraient ĂŞtre leurs implications sur la sociĂ©tĂ©, en poussant ces avancĂ©es Ă  leurs limites, genre dans lequel excelle Egan mĂŞme si cela donne parfois Ă  la lecture de ses textes une certaine âpretĂ©.
Le premier auteur à m’avoir ainsi touché est sans conteste René Barjavel, dont la culture scientifique restait modeste, mais qui avait d’extraordinaires capacités d’imagination et qui s’est fait le spécialiste de la thématique de la fin du monde.
J’ai découvert Barjavel lors de mes années au collège, mais l’auteur qui m’avait le plus marqué à la fin du lycée est Jean-Michel Truong qui, en plus d’être auteur de fictions et d’essais, est aussi un expert en intelligence artificielle. Son roman Reproduction interdite, paru en 1988, m’avait fait une impression durable, d’une part parce qu’il était le premier du genre sur le clonage humain, d’autre part parce qu’il se déroulait en Alsace, lieu natal de l’auteur et où j’ai moi-même vécu mon enfance, mais encore parce qu’on y découvrait de manière finement décrite le système expert (un outil d’intelligence artificielle) utilisé par le personnage principal pour mener son enquête. J’avoue avoir été moins intéressé par son roman le Successeur de pierre, paru en 1999, car l’auteur y poussait loin, et peut-être trop loin à mon goût, ses idées post-humanistes.
La semaine dernière, le 15 aoĂ»t 2012, nous quittait l’auteur Harry Harrison. Connu notamment pour son roman dystopique Soleil vert, paru en 1966, et adaptĂ© au cinĂ©ma par Richard Fleischer en 1973, il avait aussi Ă©crit en collaboration avec Marvin Minsky, un des « pape de l’IA » le roman Le problème de Turing en 1992. Ce roman d’aventures science-fictives avait le don de plonger le lecteur au cœur des mystères de l’intelligence, artificielle ou non, et s’avĂ©rait ĂŞtre un mariage vraiment rĂ©ussi entre la science et la fiction, une rencontre bien trop rare et si prĂ©cieuse...


Samedi, le 2 octobre 2010
Rentrée littéraire
Oui, je ne mets plus très souvent ce blog Ă  jour : mon activitĂ© crĂ©atrice du moment se limite Ă  mon boulot de chercheur (dont je ne souhaite pas parler ici), ou alors Ă  la cuisine, d’oĂą l’aspect de blog culinaire que prennent ces notes...
Il n’empĂŞche que je lis quand mĂŞme des œuvres de fiction. J’ai terminĂ© tout dernièrement le premier tome de Bodichiev d’AndrĂ©-François Ruaud. Je n’ai jamais Ă©tĂ© un grand fan des enquĂŞtes policières mais, ici, les affaires du dĂ©tective imaginĂ© par Ruaud se dĂ©roulent dans un monde uchronique, ce qui donne une saveur particulière Ă  l’ouvrage. On apprĂ©cie ainsi autant la dĂ©couverte de cet univers — oĂą, de nos jours, la Russie des tsars s’étendrait sur la majeure partie du monde (de l’archipel britannique Ă  la cĂ´te occidentale de l’AmĂ©rique du Nord) — que des personnages ayant rĂ©alisĂ© tels ou tels mĂ©faits, la manière dont ils ont procĂ©dĂ© ainsi que leurs motivations. Je recommande vivement la lecture de ce recueil de nouvelles, d’autant que les expressions et mots un peu prĂ©cieux qu’emploie Ruaud pour peindre son monde s’accordent Ă  merveille avec le temps de son livre, mĂ©lange d’un prĂ©sent et d’un passĂ© dĂ©calĂ©.
Après Bodichiev, j’ai débuté avec un autre grand bonheur la lecture de La tête en arrière de Violaine Schwartz, comédienne et cantatrice qui narre avec un humour caustique l’histoire d’une chanteuse lyrique, sans travail depuis des mois et des mois, qui... (allez plutôt suivre le lien pour la suite du résumé ou découvrir les premières pages du roman). Ensuite, je vais attaquer Cent Seize Chinois et quelques de Thomas Heams-Ogus. Je crois que je vais aussi beaucoup aimer ce livre. En tout cas, j’ai eu l’occasion de rencontrer ces deux jeunes auteurs jeudi dernier à la Villa Gillet, et ils m’ont donné très envie de lire leurs textes... et aussi de me remettre à l’écriture.
Ah oui, et ce n’est pas ma faute, la carte Wi-Fi de mon ordinateur portable s’est remise à déconner, alors j’ai acheté une petite clé USB-Wi-Fi et je n’ai pas pu m’empêcher de prendre aussi Lunar Park de Bret Easton Ellis. J’avais vu les adaptations cinématographiques d’American Psycho, Les Lois de l’attraction et Zombies et j’ai lu cet été Moins que zéro... alors je me suis dit que ce serait mieux de connaître aussi ce roman d’autofiction avant de commencer Imperial Bedrooms dont j’avais fait l’acquisition sous sa forme anglaise lorsque j’étais au Canada.
Problème, avec tout ça : il va me falloir une nouvelle bibliothèque... Mes rayonnages dĂ©bordent de partout !


Dimanche, le 8 novembre 2009
The Box de Richard Kelly
Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.

Arthur C. Clarke (1917—2008)

Dans son nouveau film, le réalisateur et scénariste Richard Kelly rend un bel hommage à l’âge d’or de la science-fiction.
Tout d’abord, le film repose sur la nouvelle Button, Button de Richard Matheson (Le journal d’un monstre, Je suis une lĂ©gende, Échos, etc.), dĂ©jĂ  adaptĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©vision sous la forme d’un Ă©pisode de la Cinquième Dimension ; l’ambiance est terriblement seventies (mĂŞme par le travail sur l’image et la lumière) ; les numĂ©ros d’Amazing et Astounding Stories apparaissent dĂ©jĂ  dĂ©fraĂ®chis ; le contexte, avec le monde des chercheurs et ingĂ©nieurs de la NASA au moment du programme Viking, Ă©voque un passĂ© oĂą tout semblait encore possible dans le domaine de la conquĂŞte spatiale... et l’histoire dĂ©bute le 16 dĂ©cembre 1976, jour anniversaire de feu Arthur C. Clarke (ainsi que de ceux de Philip K. Dick et du mien, par la mĂŞme occasion).
Rapidement, le dĂ©but de l’histoire : Quelques jours avant NoĂ«l de l’annĂ©e 1976, un colis est dĂ©posĂ© devant la porte de la maison qu’occupent les Lewis. Dans ce colis se trouve une boĂ®te noire surmontĂ©e d’un bouton-poussoir. L’après-midi, un homme arrive pour expliquer le fonctionnement de la boĂ®te aux Lewis : s’ils appuient sur le bouton, une personne qu’ils ne connaissent pas mourra, mais ils recevront un million de dollars. Ils ont vingt-quatre heures pour se dĂ©cider..
AnnoncĂ© comme cela, on dirait Ă  mauvais pitch Ă  la M. Night Shyamalan (qui — mais cela ne regarde que moi — n’a pas fait grand chose de bien depuis Sixième sens). Cependant, il n’en est rien car, très vite, ce qui aurait pu n’être qu’une simple histoire fantastique assez fumeuse se transforme en un vĂ©ritable scĂ©nario de science-fiction qui prend autant aux tripes qu’au cortex, avec l’installation d’une pesante ambiance d’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ©, et nous retrouvons lĂ  l’excellent Richard Kelly de Donnie Darko, regonflĂ© Ă  bloc après l’épisode plutĂ´t malheureux de Southland Tales.


Mercredi, le 23 janvier 2008
Anticipation, anti-, si, passions
Pff...
À la moitiĂ© du film Impostor de Gary Fleder (inspirĂ© de l’œuvre de Philip K. Dick), je me doutais bien – malgrĂ© la chute Ă  rebondissements – de qui Ă©tait le rĂ©el imposteur.
Dans l’improbable Alien vs. Predator de Paul W. S. Anderson, il ne m’a pas fallu plus de 10 minutes pour imaginer quel personnage allait ĂŞtre le survivant.
Et dans la nouvelle PV de Lucas Moreno, au sommaire du numĂ©ro 49 de Bifrost (qui vient juste de paraĂ®tre, un numĂ©ro spĂ©cial Robert Silverberg), dès la quatrième page, au moment oĂą le personnage principal se demande ce que veut dire l’énigmatique inscription « P V », j’avais eu une idĂ©e assez nette de la signification de cet acronyme... et cette hypothèse, dĂ©voilĂ©e 10 pages plus loin, s’est avĂ©rĂ©e ĂŞtre la bonne.
Bref, aucune surprise ! Ou si peu...
Mes connaissances et capacitĂ©s de raisonnement – par dĂ©duction, induction, analogie ou autres – me gâchent de plus en plus le plaisir de la dĂ©couverte et l’émerveillement face Ă  la nouveautĂ©.
Merde alors : je suis en train de perdre le regard d’enfant que je portais sur le monde...


Samedi, le 22 septembre 2007
Les contraintes créatrices
Je suis d’accord avec David et Umberto. (Attention, article long, plus de 1500 mots, mais ça compense le fait que mon dernier billet date du dĂ©but de la semaine...)
J’ai terminĂ© depuis peu Dans les coulisses du roman, le dernier essai de l’excellent Ă©crivain britannique David Lodge. Dans ce livre fort instructif, Lodge commence par raconter l’histoire mouvementĂ©e de l’écriture et de l’accueil par le public de L’auteur ! L’auteur !, sa biographie romancĂ©e d’Henry James (parue en 2005 en France), histoire mouvementĂ©e en effet car, peu avant la sortie de son roman, un autre (a priori très bon) livre Ă©tait malencontreusement paru en Grande-Bretagne traitant du mĂŞme sujet...
Le chapitre de l’essai de Lodge qui m’a cependant le plus interpellé concerne l’histoire de l’écriture du Nom du la rose d’Umberto Eco (roman paru en 1980 en Italie et en 1982 pour la traduction française), livre dont Eco lui-même avait déjà parlé dans son essai Apostille au Nom de la Rose (1983).
À l’origine, Eco voulait placer son histoire dans l’Italie contemporaine, mais il a finalement choisi la fin du Moyen Ă‚ge, a repris des Ă©lĂ©ments classiques du roman policier en situant l’intrigue principale dans un lieu isolĂ© (une abbaye) et, tout en produisant un texte Ă©rudit qui continue de faire le dĂ©lice des intellectuels, a rendu un hommage appuyĂ© Ă  Conan Doyle – dont l’œuvre a connu et connaĂ®t encore un incontestable succès populaire – Ă  travers son hĂ©ros dĂ©tective (qui a d’ailleurs pour nom « Guillaume de Baskerville », comme le fameux chien). Pour Eco, la construction du roman s’est effectuĂ©e Ă  travers l’apparition d’un ensemble de contraintes crĂ©atrices afin de garder toute sa cohĂ©rente, ainsi l’histoire devait-elle se dĂ©rouler au cours du XIVe siècle, dont il Ă©tait peu familier (Eco maĂ®trisait davantage les XIIe et XIIe siècles) puisqu’il fallait que l’esprit philosophique de Roger Bacon et Guillaume d’Occam (dont est animĂ© le hĂ©ros) ait existĂ© au temps du rĂ©cit, ou encore l’abbaye devait-elle ĂŞtre situĂ©e en altitude afin de faire coĂŻncider deux Ă©lĂ©ments temporels, le premier concernant un Ă©vĂ©nement non fictif (ayant eu lieu en novembre 1321), le second un effet du roman (un cadavre retrouvĂ© la tĂŞte enfoncĂ©e dans du sang de cochon – en rĂ©fĂ©rence Ă  l’Apocalypse –), ce qui n’était possible qu’en hiver (en une autre saison, il Ă©tait trop difficile de conserver la viande de cochon avant de pouvoir la prĂ©parer, et les cochons n’étaient ainsi abattus que par temps très froid) ou un peu plus tĂ´t dans les lieux situĂ©s en altitude.
Je reprends les propos de David Lodge dans Dans les coulisses du roman (Rivages, 2007) traduits de l’anglais par Marc Amfreville, Ă  la page 261 :

En d’autres termes, pour raconter une histoire, il faut construire un univers qui a une relation cohĂ©rente et logique avec le monde rĂ©el, le dĂ©fi pour le romancier consiste Ă  explorer et Ă  dĂ©velopper sa ou ses idĂ©es de rĂ©cit Ă  l’intĂ©rieur de ces contraintes. Les relations entre l’univers fictionnel et le monde rĂ©el ne requièrent pas nĂ©cessairement l’imitation rĂ©aliste (l’allĂ©gorie, par exemple, entretient avec le monde rĂ©el une relation logique cohĂ©rente mais sans aucun caractère rĂ©aliste) ; toutefois, pour ce qui concerne Le Nom de la rose, c’est le cas.

Avec mon ami auteur Jean-Jacques Girardot, nous avions rencontrĂ© le mĂŞme type de phĂ©nomène lors de l’écriture de notre nouvelle intitulĂ©e « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... » (parue en 2003 dans l’anthologie PassĂ©s recomposĂ©s, sous la direction d’AndrĂ©-François Ruaud, aux Ă©ditions Nestiveqnen).
Tous deux chercheurs en informatique dans le « civil » et spĂ©cialisĂ©s en hard science-fiction, je n’imaginais pas que ma collaboration avec Jean-Jacques Girardot se jouerait sur le registre du steampunk, cette science-fiction essentiellement situĂ©e Ă  l’ère victorienne ou Ă©douardienne qui prĂ©sente un univers diffĂ©rent du nĂ´tre Ă  travers quelques traits distinctifs, tels l’apparition d’élĂ©ments fantastiques, ou bien Ă  travers l’énergie qui n’est plus associĂ©e Ă  l’arrivĂ©e de la fĂ©e Ă©lectricitĂ© mais Ă  des sources diffĂ©rentes comme une intensification de la force caractĂ©ristique de la rĂ©volution industrielle qu’était la machine Ă  vapeur (d’oĂą vient d’ailleurs le terme steam au lieu du cyber de cyberpunk).
Puisque nous avions l’opportunitĂ© de proposer un texte dans une anthologie uchronique, et donc de travailler sur une histoire Ă  la structure cohĂ©rente mais dĂ©calĂ©e de l’Histoire (vĂ©ritable) par l’apparition d’un Ă©vĂ©nement non rĂ©el (ou la non production d’un fait historique avĂ©rĂ©), Jean-Jacques m’avait fait part de son envie de se laisser guider par des Ă©lĂ©ments inspirĂ©s par ses lectures de jeunesse. Il souhaitait ainsi retrouver dans notre texte la sociĂ©tĂ© de dirigeables ABC dĂ©crite par Rudyard Kipling – le cĂ©lĂ©brissime auteur du Livre de la jungle (1894) – dans ses nouvelles « As Easy as ABC » ou « With the Night Mail », mais aussi dĂ©sirait employer un personnage de fiction inventĂ© par sir Arthur Conan Doyle, Ă  savoir le professeur Challenger (le hĂ©ros du Monde perdu, un peu moins connu il est vrai que Sherlock Holmes).
Tout d’abord, les propositions de Jean-Jacques m’avaient assez dĂ©concertĂ©. N’étant pas de la mĂŞme gĂ©nĂ©ration que lui, je n’avais pas eu ce genre de lectures durant mon enfance, et je me sentais un peu mal Ă  l’aise Ă  manier un univers issu d’un matĂ©riel littĂ©raire que je ne maĂ®trisais pas. J’ai pourtant lu les quelques textes proposĂ©s par Jiji, rafraĂ®chissants comme des bonbons acidulĂ©s, et – de mon cĂ´tĂ© – j’ai fait des recherches sur la pĂ©riode du dĂ©but du XXe siècle pour apporter ma propre pierre Ă  l’édifice que nous construisions, et je suis tombĂ© sous le charme de cette Ă©poque oĂą bouillonnaient de nouvelles visions scientistes du monde. L’image Ă  laquelle tenait Jean-Jacques Ă©tait celle d’un dirigeable s’arrimant Ă  la tour Eiffel. Nous avions donc une contrainte de lieu, Paris, et une contrainte de date, après l’Exposition universelle de Paris de 1889. Des auteurs passionnĂ©s avaient analysĂ©s les textes de Conan Doyle et avaient situĂ© la rencontre du professeur Challenger et du journaliste Malone (au cours du Monde perdu) vers 1905. Il fallait donc que l’histoire ait lieu un peu plus tard, et comme nous pensions que l’Exposition universelle Ă©tait un Ă©vĂ©nement qui aurait bien pu s’accompagner d’une rencontre entre des hommes de sciences de tous les pays, nous avions imaginĂ© une nouvelle exposition Ă  Paris en 1909 (au lieu de celle qui eut lieu Ă  Seattle). Le contexte politique trouble Ă  la veille de la Grande Guerre (au sein des grands pays d’Europe, ou dans leurs colonies) que connaissait l’annĂ©e 1909 Ă©tait intĂ©ressant Ă  plus d’un titre et nous permettait de mettre en avant un certain nombre d’évĂ©nements diffĂ©rents de l’Histoire, ces diffĂ©rents faits Ă©tant des consĂ©quences de la divergence uchronique que nous avions situĂ©e quelques annĂ©es plus tĂ´t. Clin d’œil Ă  Sherlock Holmes, nous avions aussi mis en place un lieu clos oĂą un crime avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© (le meurtre et la disparition de l’équipe lyonnaise du docteur Claudius Regaud dans l’École militaire du Champs de Mars oĂą Ă©taient consignĂ©s tous les savants). Il Ă©tait vraiment très curieux de se rendre compte que plus nous faisions des recherches pour ancrer notre histoire dans le rĂ©el (tout en considĂ©rant les effets possibles de la divergence uchronique que nous nous Ă©tions imposĂ©s), bien que des contraintes se soient mises en place, l’essentiel des informations trouvĂ©es avaient plutĂ´t une vertu crĂ©atrice et nous donnaient plein d’idĂ©es pour rebondir au niveau de l’intrigue. C’était impressionnant : plus nous grattions le passĂ©, plus nous dĂ©couvrions des personnages historiques ou des Ă©vĂ©nements rĂ©els qui ne faisaient que renforcer nos idĂ©es d’un passĂ© alternatif qui aurait pu se produire.
Pour les lecteurs intĂ©ressĂ©s, vous trouverez l’article retraçant de façon plus dĂ©taillĂ©e cette histoire de crĂ©ation littĂ©raire sous forme papier dans « Le steampunk, une machine littĂ©raire Ă  recycler le passĂ© », parue dans La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction, Actes du Colloque, Nice – 10-11-12 mars 2005, dir. D. Terrel, Revue Cycnos, Volume 22, NumĂ©ro 1, p. 55-66, 2005 (en collaboration avec Jean-Jacques Girardot) ou directement sous forme Ă©lectronique ici.
NĂ©anmoins, mĂŞme si Ă©crire est une activitĂ© passionnante (je commence Ă  avoir Ă  prĂ©sent assez de matière pour donner une suite Ă  cette nouvelle, j’attends avec impatience que Jean-Jacques soit un peu plus disponible pour se lancer dans l’aventure), et qu’il est tout aussi plaisant de lire les romans de David Lodge et Umberto Eco que leurs essais, il faut malgrĂ© tout ne pas se leurrer : il y a de moins en moins de lecteurs (en dehors de quelques phĂ©nomènes moutonniers de PotterMania touchant essentiellement le jeune public) et paradoxalement de plus en plus d’auteurs, pas nĂ©cessairement de talent... C’est ainsi que les derniers Ă©diteurs publiant de la littĂ©rature de l’imaginaire ne proposent plus vraiment de science-fiction ambitieuse, je n’ai rĂ©ussi Ă  en trouver aucun capable de miser un kopeck sur quelqu’un qui, comme moi, cherche Ă  faire publier un roman exigeant transcendant les genres de la science-fiction, de l’espionnage et du thriller, un texte qui va de la hard science fiction jusqu’aux interprĂ©tations Ă©sotĂ©riques de la Bible tout en passant par la critique sociale.
Las, cela ne m’empêchera pas d’écrire, même si je ne rencontre mon public que par l’intermédiaire de ce site Web.


Dimanche, le 18 février 2007
Vivent les vacances !
Chouette, pas de cours Ă  donner la semaine Ă  venir, je vais pouvoir mettre les autres casquettes dont je coiffe ma vie : chercheur, auteur et sculpteur. Joie !
Que dire depuis presque deux semaines ?
Ai gagné des places de cinéma, suis allé voir le film d’animation danois le vilain petit Canard et moi de Michael Hegner et Karsten Kiilerich. Quelques longueurs, ça ne vaut pas Shrek, mais il y a des idées plutôt bien vues sur le passage de l’enfance à l’adolescence et à l’âge adulte.
Ai eu l’occasion de faire du roller, vendredi dernier, avec mon copain Rémi. Bah, le pote a beau faire le malin sur une scène d’opéra, il fait moins le fier sur des roulettes. :-) Avons sympathisé avec un curieux monsieur et appris à la fin de la randonnée qu’il est...curé.
Sinon, pour les billets rĂ©guliers, c’est ici qu’il faut aller :
– Egoquizz 150 : avez-vous ou ĂŞtes-vous dĂ©jĂ ...
– Oui, je suis un super hĂ©ros
– La conspiration des demi-sucristes
– Je suis un "StĂ©pamois" (attention : humour !)
– HĂ©liophobe


Mercredi, le 7 février 2007
Precious little diamond
Week-end cinéma.
Samedi, je suis allé voir Blood Diamond d’Edward Zwick et, dimanche, Pars vite et reviens tard de Régis Wargnier.
Je craignais un peu le pire pour la production américaine, avec Leonardo DiCaprio au générique, le traitement d’un sujet très sensible (les diamants exportés de pays d’Afrique en guerre servant à financer les guerres où sont enrôlés des enfants soldats), mais avec un scénario de Charles Leavitt (qui avait déjà été scénariste du curieux K-Pax, l’homme qui vient de loin), le film s’en sort plutôt bien, évitant presque les clichés du genre (presque car DiCaprio, jouant un méchant garçon, nous fait le coup de Titanic à la fin).
Le film français est aussi une rĂ©ussite. La version cinĂ©matographique diffère en de nombreux points du roman de Fred Vargas mais cette adaptation prĂ©sente l’avantage de faire tenir en moins de deux heures l’essentiel du thriller de l’autrice-archĂ©ologue sans recourir aux nombreux flashs-back qui auraient Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour devoir expliquer la personnalitĂ© et les motivations des diffĂ©rents personnages.
Un point commun entre les deux films ? Les diamants, symboles du sang versĂ© lors des guerres africaines fratricides dans le film amĂ©ricain, et talismans sensĂ©s protĂ©ger du flĂ©au dans le film français.


Vendredi, le 26 janvier 2007
Une justice au royaume pourri du cinĂ©ma ?
Je viens de prendre connaissance de la nouvelle liste des Razzies (rĂ©compensant les plus mauvais films, du moins ceux rĂ©alisĂ©s aux Etats-Unis). C’est ici : http://www.variety.com/awardcentral_article/VR1117957871.html?nav=news&categoryid=1985&cs=1
DĂ©jĂ , j’apprends qu’il y avait un "Basic Instinct 2"... Euh ?
Ce qui me console, c’est que "la Jeune fille de l’eau" (Lady in the Water), rĂ©alisĂ© par M. Night Shyamalan, se trouve largement citĂ© aux Razzies, et je n’ai toujours pas digĂ©rĂ© le temps et l’argent dĂ©pensĂ©s pour voir ce film, l’étĂ© dernier. J’avais adorĂ© l’ingĂ©nieux "Sixième sens" et Ă©tĂ© intĂ©ressĂ© par "Incassable" du mĂŞme rĂ©alisateur, mĂŞme si j’avais trouvĂ© les idĂ©es vraiment malsaines dans ce dernier film. J’avais pardonnĂ© la navrante reprise champĂŞtre de la "Guerre des Mondes" qu’était "Signes". La tragique utopie du "Village" m’avait troublĂ©. Mais que dire de la "Jeune Fille de l’eau" ? Peut-on prendre un ridicule conte pour enfant au pied de la lettre et l’adapter dans notre monde ? Night pense que oui. Et le scĂ©nario n’est hĂ©las que cela, ce qui est bien dĂ©cevant.
Pour moi, ce serait un zĂ©ro pointĂ© pour "la Jeune fille de l’eau", catĂ©gories scĂ©nario et rĂ©alisateur. Night, je t’ai laissĂ© ta chance : un bon film suivi de trop de mauvais ; la prochaine fois, tu n’auras plus mes sous.


Mardi, le 23 janvier 2007
Anges et vieux démons
Reçu hier, dans ma boîte aux lettres (car je suis abonné, si si...) le dernier numéro en date (le 45) de la revue Bifrost. Et dedans, pages 101 et 102, une critique de l’anthologie les Anges électriques par Thomas Day.
D’ordinaire, ça dĂ©mĂ©nage sec quand cet Ă©crivain joue au critique (surtout quand il endosse le pseudonyme collectif de « Cid Vicious » !) mais, mĂŞme en signant son article sous son nom de plume, cela ne l’empĂŞche pas de tailler dans cette anthologie parfois Ă  la hache, et pas nĂ©cessairement sans raison. Quand on arrive Ă  la nouvelle Ă©crite par votre serviteur, cela donne :
« (...) Seule bonne surprise francophone, Fabrice MĂ©reste, qui frĂ´le l’excellence, avec un texte trop sensuel pour ĂŞtre qualifiĂ© d’eganien, mĂŞme s’il y a un peu de Greg Egan dedans ; dommage que la chute, qui pourrait ĂŞtre facilement considĂ©rĂ©e comme un tract catho anti-avortement, ajoute au texte une morale nausĂ©abonde. »

Euh, que dire ? Bon, il y a du compliment, certes, et on me rapproche inĂ©vitablement de Greg Egan parce que j’écris de la hard science sur la problĂ©matique de la nature de la conscience. Cependant, cette thĂ©matique n’est pas l’exclusivitĂ© de l’auteur australien car, Ă©tant chercheur et ayant une formation en sciences cognitives, il n’y a rien de plus normal Ă  ce que j’aborde aussi le problème de la nature de l’esprit. D’ailleurs, mon ami et compagnon de plume Jean-Jacques Girardot Ă©tait aussi considĂ©rĂ© comme « eganien » dans certains de ses textes.
La fin de la critique de Thomas Day est plus difficile Ă  interprĂ©ter avec son conditionnel ambigu. Me prendre pour un catholique intĂ©griste adepte d’une position anti-avortement est ridicule (il suffit de me connaĂ®tre). Ma nouvelle « des Ailes dans la tĂŞte » aborde cependant la question des cellules souches, un sujet sensible auquel j’ai tentĂ© de donner une rĂ©ponse optimiste : quand des cellules embryonnaires, voire fœtales, ne peuvent donner lieu Ă  la constitution d’un nouvel ĂŞtre en raison des circonstances, au moins peuvent-elles avoir une utilitĂ© pour des individus qui en auraient un besoin vital. À ce titre, cela rejoint l’idĂ©e plus gĂ©nĂ©rale du don d’organe, et on peut dĂ©jĂ  retrouver des Ă©lĂ©ments similaires dans la fin mĂ©taphorique de l’étonnant film quĂ©bĂ©cois JĂ©sus de MontrĂ©al de Denys Arcand (1989).


Lundi, le 22 janvier 2007
Mylène et moi
Je crois que ça a commencé comme ça. Je devais être au collège, dans les premières années (6ème ou 5ème), et j’avais entendu une chanteuse fredonner des paroles que je n’avais pu comprendre qu’à l’aide d’un dictionnaire (les mots "libertine" et "catin" m’avaient ensuite fait rougir).
Un de mes meilleurs amis, plus proche de la "grande ville", avait accès à davantage de chaînes de télévisions (hertziennes, à l’époque, ce devait être les débuts d’M6) que la télévision familiale, à mon grand désespoir. Et un jour, il m’a annoncé être tombé sur le clip de la quasi-inconnue "Mylène Farmer", une curieuse ritournelle illustrée par un mélange de sexe (les scènes de la baignoire et avec l’amant) et de violence (la bagarre avec la méchante). Bref, tout pour intriguer les jeunes ados que nous étions. Et c’est sur la frustration de n’avoir la chance de voir le clip "Libertine" de la flamboyante chanteuse que j’ai commencé à construire mon admiration pour elle.
Premiers albums, premiers concerts, des clips travaillés comme de véritables petits films par Laurent Boutonnat (seul Michael Jackson avec "Thriller" faisait aussi bien), des chansons aux sens obscurs qui nous détournaient de nos problèmes quotidiens d’ados en quête d’identité, des chorégraphies étranges, des interviews rares, du mystère. Ouais, j’étais fan, sans conteste.
Et depuis ce temps-lĂ  ?
Si je n’ai pu voir la belle il y a un an à Bercy, je me suis fait offrir le DVD du concert, et je suis allé dimanche dernier voir le film de celui qui nous l’a fait découvrir. "Jacquou de croquant" s’avère être une très belle épopée périgourdine, avec des acteurs de talent, le tout filmé par celui qui ne s’est pas laissé abattre par l’échec de "Giorgino", son opus précédent.
Cerise sur le gâteau : Mylène Farmer chante le gĂ©nĂ©rique de fin, "Devant soi".
Respect, Mylène...


Lundi, le 27 novembre 2006
Les gamins, parfois c’est mal, parfois c’est bien
Les gamins, quand ils naissent et que des collègues vous laissent tomber parce qu’ils prennent des congés parentaux, et que du coup vous devez les remplacer et êtes obligés de modifier tous vos projets, ce n’est vraiment pas cool.
Mais quand les gamins sont prĂ©sents dans une salle de cinĂ©ma oĂą vous vous trouvez aussi avec un bon copain parce que vous avez gagnĂ© des places pour voir Souris City, c’est quand mĂŞme bien sympa. Il y en a vraiment pour tous les âges dans le dernier nĂ© des studios DreamWorks, avec diffĂ©rents niveaux de lecture (sĂ©rieusement, vous croyez qu’un mĂ´me saisit l’allusion quand on dĂ©couvre un cafard lisant la MĂ©tamorphose de Kafka ?), et il est difficile de rĂ©sister aux fous rires communicatifs de la salle et aux applaudissements spontanĂ©s. On a beau dire, ça n’a rien Ă  voir comparĂ© au home cinĂ©ma.


Mercredi, le 30 aoűt 2006
Cinéma d’été
Des quelques films que je suis allé voir cet été, je retiendrai simplement le fait que ce que je préfère, c’est le cinéma français.
La Tourneuse de Pages de Denis Dercourt nous entraĂ®ne dans l’univers d’une vengeance nourrie par des annĂ©es de rancœur. De bonnes trouvailles. De plus, comme le film se dĂ©roule dans le monde de la musique, certaines scènes ont lieu Ă  la Maison de la Radio, ce qui a rappelĂ© de nombreux souvenirs Ă  RĂ©mi, un ami qui m’accompagnait au cinĂ©ma, et qui avait Ă©tĂ© membre du Chœur de Radio France avant de devenir soliste.
Le film que je viens de voir à l’instant, Selon Charlie de Nicole Garcia, est une peinture où se mêlent plusieurs portraits, des hommes un peu perdus, trompés et trompeurs, égratignés par la vie, un clair-obscur de destins croisés.
Mais le rĂ©alisateur dont je me promets de ne plus voir le prochain film, c’est bien M. Night Shyamalan. J’avais adorĂ© l’ingĂ©nieux Sixième sens et Ă©tĂ© intĂ©ressĂ© par Incassable, mĂŞme si j’avais trouvĂ© les idĂ©es vraiment malsaines dans ce dernier film. J’avais pardonnĂ© la navrante reprise champĂŞtre de la Guerre des Mondes qu’est Signes. La tragique utopie du Village m’avait troublĂ©. Mais que dire de la Jeune Fille de l’Eau ? Peut-on prendre un ridicule conte pour enfant au pied de la lettre et l’adapter dans notre monde ? Night pense que oui. Et le scĂ©nario n’est hĂ©las que cela, ce qui est bien dĂ©cevant.


Dimanche, le 23 octobre 2005
Tim, tam, toum
Samedi, je suis allé voir au cinéma Les Noces funèbres de Tim Burton (Tim Burton’s Corpse bride).
RĂ©sultat : un peu plus d’une heure de bonheur dans un univers complètement dĂ©jantĂ©, un conte Ă©tonnant racontĂ© Ă  travers la technique du stop-motion, une folie gĂ©niale que l’on doit, entre autres, Ă ... euh... au rĂ©alisateur Mike Johnson, aux scĂ©naristes John August, Caroline Thompson et Pamela Pettler, Ă  la voix de Johnny Depp (c’était en V.O.), Ă  la musique de l’incomparable Danny Elfman...
Tim, je t’adore. Mais mĂŞme si l’on te considère comme l’un des cinĂ©astes les plus inventifs de sa gĂ©nĂ©ration, mĂŞme si tu as Ă©tĂ© l’un des producteurs du film, mĂŞme si les Noces funèbres se sont faites sur une idĂ©e qui tu as eue avec Carlos Grangel, mĂŞme si tu as participĂ© Ă  la rĂ©alisation, en te mettant autant en avant comme tu l’as fait ici, en allant jusqu’à ajouter ton nom dans le titre du film (car, bien entendu, ce n’est pas Burton qui se marie de manière funèbre !), je me demande...
Dis-moi, Tim, tu n’aurais pas pris un peu le melon ?


Mardi, le 19 avril 2005
Dernières lectures
Voici un Ă©tat de mes dernières lectures depuis que je suis revenu du 5e Colloque International de Science-Fiction de Nice :
  • L’Ère du Dragon de Xavier MaumĂ©jean, Éditions MnĂ©mos, 2003.
    Dans cette suite de La Ligue des Héros où l’arrivée de Peter Pan et du peuple de Nulle Part en plein Londres avait changé la face du monde, Xavier Mauméjean nous décrit un monde alternatif dans lequel rien ne va plus. L’intrigue débute à Pékin en 1900 où les représentants des puissances de l’Occident sont aux abois, menacés par les forces chinoises aidées des créatures de l’Internationale Féerique. Une nouvelle Ligue des Héros est alors formée pour aller à leurs secours...
    Gasp, MaumĂ©mjean est complètement fou ! Ce roman steampunk, qui joue avec brio du mĂ©lange des genres, est incroyable : jamais le lecteur n’a le temps de souffler en lisant cet ovni littĂ©raire Ă  la fois drĂ´le et teintĂ© d’une certaine ironie. L’intrigue est fouillĂ©e, avec plĂ©thore de rĂ©fĂ©rences rĂ©elles et imaginaires, et on sort de cette lecture tout abasourdi. Une grande claque.
  • Jhereg de Steven Brust, Éditions MnĂ©mos, 2005.
    Vlad Taltos est un assassin. C’est un mĂ©tier comme un autre qu’il exerce dans la citĂ© d’Adrilankha oĂą se cĂ´toient diffĂ©rentes races organisĂ©es en Maisons. Mais lĂ , Taltos, cet Oriental de la Maison du Jhereg, a un problème avec son prochain contrat : il s’agit d’un piège qui risque de dĂ©clencher la guerre entre la Maison du Dragon et celle du Jhereg...
    Univers Ă©tonnant que celui de Brust, une fantasy avec ses monstres, sa magie, sa sorcellerie, ses complots, ses combats Ă  l’épĂ©e... et un peu de science-fiction quand mĂŞme, avec un empire galactique, des pouvoirs psi, des manipulations gĂ©nĂ©tiques... Vraiment rafraĂ®chissant. [Eh merde, AndrĂ©, pourquoi tu m’as passĂ© ce livre ? Si ça continue, par ta faute, je vais finir par aimer la fantasy !]
  • Fiction, tome 1, Moutons Électriques Ă©diteur, printemps 2005.
    • « Jusqu’à la pleine lune » de Sean McMullen. Carlos, un jeune linguiste espagnol est appelĂ© par son oncle pour participer Ă  une enquĂŞte criminelle. En fait, de crime, il s’agit de la dĂ©couverte d’une jeune femme qui semble tout droit Ă©chappĂ©e de l’âge des cavernes. Carlos tente alors de communiquer avec elle pour comprendre ce qui lui est arrivĂ©...
      Ouah ! La première nouvelle de Fiction commence fort ! Des idĂ©es fortes vraiment bien traitĂ©es par cet auteur australien, un très grand moment de lecture.
    • « # Critical Mass in the Quantum Cathedral 1.1. », « 3.1. En plusieurs soirs d’étĂ© » et « 4.0. Kat Onoma » de Jim Dedieu.
      Euh ?... Pour les amateurs de short-short stories saugrenues.
    • « Sous terre » de Roland Fuentès. Deux hommes. Une poule. Une taupe. Des plants de tomate. Peut-ĂŞtre les seuls rescapĂ©s de l’univers.
      Humour noir.
    • « DĂ©dales » d’Alex Nikolavitch.
      Visite caverneuse et mortelle. D’ennui.
    • « CrĂ©ation » de Jeffrey Ford. Une fantasy forestière contant la crĂ©ation d’un bonhomme de bois.
      Joli.
    • « Solitude » d’Ursula K. Le Guin. La vie d’une petite fille dans une sociĂ©tĂ© primitive et post-cataclysmique envoyĂ©e par sa mère ethnologue pour collecter des informations, les adultes ne se parlant pas dans cette culture.
      Une belle petite histoire de science-fiction ethnologique.
    • « L’anniversaire du monde » d’Ursula K. Le Guin. La vie d’une petite fille destinĂ©e Ă  devenir une dĂ©esse Ă  sa majoritĂ©.
      Ursula Le Guin, toujours dans le mĂŞme registre.
    • « Le bretteur qui n’était pas mort » d’Ellen Kushner. Dans une citĂ©, les bretteurs vivent en provoquant des duels. Le champion Richard acceptera-t-il d’enseigner son art Ă  une jeune recrue ?
      Une histoire sympathique de cape et d’épée.
    • « Voyage au centre de l’univers » de Juan-Miguel Aguilera. Quand le jeune Pierre Theilhard de Chardin rencontre Jules Vernes...
      Une curieuse rĂŞverie.
    • « Charge utile » de Jean-Jacques RĂ©gnier. Dans cette suite d’« Ernest et les cas mĂ©taphysiques » (nouvelle parue dans le numĂ©ro 131 de Yellow Submarine), Raymond, le convoyeur de l’espace, et son intelligence artificielle Ernest sont Ă  nouveau confrontĂ© Ă  un problème : les passagers qui devaient bien tranquillement voyager en Ă©tat d’hibernation se rĂ©veillent les uns après les autres. L’espace vital du petit vaisseau est de plus en plus menacĂ©...
      Charmante histoire, un brin longuette mais pleine d’humour et de verve.
    • « Échos » de Marie-Pierre Najman. Dans les alentours de Lyon, des drĂ´les de clochards se rendent Ă  la soupe populaire. Le problème, après la bouffe, c’est de se limer les cornes...
      Une curiosité. Des faunes dans notre quotidien. Ou bien...
    • « Presque chez soi » de Terry Bisson. Trois copains trouvent que les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments qui entourent le stade abandonnĂ© du village ressemblent Ă  un aĂ©roplane. Et si, justement, il pouvait voler ?
      Une histoire étrange, un très beau conte fantastique.
    Pari gagnĂ© avec ce premier tome de la nouvelle anthologie pĂ©riodique de Fantasy & Science Fiction. En plus de ces nouvelles chocs, des articles originaux, des dossiers intĂ©ressants, une ligne Ă©ditoriale soignĂ©e. Encore !
  • Bifrost, numĂ©ro 38, Éditions du BĂ©lial’, avril 2005.
    • « Spatterjay » de Neal Asher. Sur une Ă®le Ă  la nature des plus hostiles, une Ă©quipe d’humains et de mutants mène une expĂ©dition. Mais qui peut rester encore humain au contact d’une telle nature ?
      Une très chouette nouvelle.
    • « Perdre son temps » de Philippe Curval. GĂ©rard aime Ludmilla. Mais il n’est plus tout jeune. Alors il va voir le professeur Lindström qui lui propose un traitement rĂ©volutionnaire pour le faire rajeunir.
      DĂ©lirant.
    • « La VĂ©ritable toute première affaire » de Johan HĂ©liot. Passepartout accompagnait Phileas Fogg dans son tour du monde de 80 jours parce qu’il Ă©tait un agent secret. Et le voyage de Fogg n’était pas qu’un pari fou, il Ă©tait aussi le moyen de retrouver certains de ses « frères » afin de rĂ©aliser une sinistre mission...
      Johan Heliot reviste avec bonheur certaines références littéraires dans un bel univers steampunk.
    • « Boucherie modèle » de AndrĂ© Ruellan. Comme son nom l’indique.
      Une short-short story qui donne faim si on est carnivore et pas très sensible.
    • « Le Fil de l’épĂ©e de bois » de Victor Conde. Le Patriarche fait des rĂŞves. Il a peur de n’être plus qu’une machine de guerre destinĂ©e Ă  anĂ©antir les exths.
      Une lente et sombre plongée dans l’irréalité.
  • Les Trois Crapules du Klahgann d’Alexis Nevil, Éditions Eons, 2005.
    Des barbares édentés à la peau bleue cherchent à s’emparer de la Source d’Abondance que gardent des moines. Mais voilà qu’un golem arrive pour défendre la Source.
    Alexis Nevil, dans son premier roman, dĂ©crit un univers peuplĂ© des personnages qui ont marquĂ© son imagination. On retrouve du Conan dans les barbares, des Ă©lĂ©ments de science-fiction, et bien sĂ»r des rĂ©fĂ©rences japonisantes, ce qui donne un curieux mĂ©lange pas vraiment dĂ©sagrĂ©able. [Au fait, Niouk, ce sont qui, finalement, les trois crapules ? Moi, j’en compte quatre, pas une de moins : Languelame, Od-Go, Rha-Ghensh et GhrĂ´en].
    Le court roman de Nevil est suivi d’une nouvelle (une amusante short-short) de Markus Leicht intitulĂ©e « le Gnok ».
  • Sunk de David Calvo & Fabrice Colin, Moutons Électriques Ă©diteur, 2005.
    L’île de Sunk coule. Ou c’est l’eau qui monte. Arnaud et son frère Sébastien, sur demande du Maire du Village, vont monter une expédition pour aller voir ce qui se passe dans les hauteurs avant que tout ne soit noyé et dévoré par les requins.
    Colin et Calvo s’y sont mis à deux pour nous peindre un univers de folie, un roman inclassable écrit avec une verve rabelaisienne, avec des références de fantasy, des Champigolos, des Orques, de la pizza, du Picon bière, des canards. Et beaucoup d’eau.
    Drôle. Délirant. Suprenant. Et, bien sûr, sombre...



Dimanche, le 2 janvier 2005
Let’s talk about sex!
En ce moment, je lis Sexomorphoses d’Ayerdhal (que le monsieur m’avait dĂ©dicacĂ© lors de sa venue Ă  SaintĂ©, en octobre dernier, Ă  la FĂŞte du Livre). Un peu compliquĂ©, surtout quand on n’a pas lu le premier tome (l’Histrion) : space opĂ©ra avec stratĂ©gies impĂ©riales galactiques, pouvoirs psy... et un hĂ©ros/hĂ©roĂŻne qui, Ă  travers des mutations, passe d’un genre Ă  l’autre. Et c’est pas mal...
Je viens de terminer d’écrire une nouvelle et ce serait vraiment gĂ©nial de la voir publier, pour bien dĂ©buter l’annĂ©e. Je suis content des thèmes qui y sont abordĂ©s, de l’histoire, des personnages... Et surtout, j’ai tout particulièrement soignĂ© une scène d’amour qui y est dĂ©crite (car nous Ă©tions vraiment très, voire trop, soft dans « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », la nouvelle Ă©crite avec Jean-Jacques Girardot).
Entendue hier soir, mais que l’on trouve encore sur le site de Mauvais Genres (l’émission de France Culture qu’elle est bien), une heure consacrĂ©e au sexe bizarre. À Ă©couter sans attendre... parce que, Ă  partir de samedi prochain, le 8 janvier, ce sera trop tard !
Au hasard des clics, je suis tombĂ© sur un quizz sympa : Sex Quiz for Dummies. Bon, c’est en anglais, mais c’est rigolo et instructif. En plus, le rĂ©alisateur du quizz, un prof (qui doit ĂŞtre un sacrĂ© original, apparemment), donne des explications Ă  chacune des rĂ©ponses, avec rĂ©fĂ©rences Ă  la clĂ©.
Et puis, que faisiez-vous au moment de passage de la nouvelle annĂ©e ? Pour ma part, avec mes amies, nous Ă©tions surpris en pleine partie de Love Trivia...

Voilà une année qui s’annonce donc sous d’agréables auspices érotiques.

[Certes, je ne suis pas insensible aux horreurs qui touchent le monde en ce moment. Mais mĂŞme sans ĂŞtre licenciĂ© en psychologie, vous n’êtes pas sans savoir que Thanatos s’accompagne de l’autre pulsion : Éros...]


Dimanche, le 14 novembre 2004
RĂ©conciliation
Parce que c’était un dimanche après-midi et non en soirĂ©e (Ă©tant quelqu’un du matin, il m’est difficile d’assister Ă  un spectacle oĂą on ne peut pas bouger sans lutter contre le sommeil après 22 heures) ; parce que mon copain RĂ©mi, qui tenait le rĂ´le principal, a une voix d’or et un excellent jeu de scène ; parce qu’il m’a obtenu des places très bien situĂ©es dans le grand théâtre Massenet ; parce que la mise en scène d’Arnaud Bernard Ă©tait tout simplement grandiose (avec de subtils clins d’œil Ă  la Belle Époque) ; parce que l’Elisir d’Amore de Donizetti a quelque chose d’envoĂ»tant et que la difficile alchimie entre le spectacle et la musique est un art dĂ©licat qui ici s’exprime parfaitement ; parce que j’y Ă©tais allĂ© en compagnie de mon ex-petite amie venue tout exprès de Lyon et que nous nous entendons toujours aussi bien ; parce que je n’ai pas vu passer ces trois heures alors que je m’étais fermement ennuyĂ© (voire mĂŞme presque endormi) lors de mes malheureuses expĂ©riences prĂ©cĂ©dentes (Don Giovanni de Mozart et Cerenentola de Rossini) ; pour toutes ces raisons, aujourd’hui, j’ai Ă©tĂ© rĂ©conciliĂ© avec l’opĂ©ra.
Un seul mot aux artistes : merci !


Vendredi, le 29 octobre 2004
Citation
AgrĂ©able surprise : j’ai dĂ©couvert que j’étais rĂ©fĂ©rencĂ© par Luc Dutour (dont la lecture de la dĂ©lirante nouvelle a failli me coĂ»ter mon sac, voir le post d’hier) dans son article « Steampunk, le vertige rĂ©tro » prĂ©sent dans le Panorama illustrĂ© de la fantasy & du merveilleux, aux moutons Ă©lectriques, Ă©diteur, 2004.
Je cite, page 311 :

(...) La boucle est bouclĂ©e entre romans populaires et pulps magazines, hommages aux pionniers de l’imaginaire et de l’aventure de l’âge d’or de la science-fiction. Mais le steampunk ne s’arrĂŞte pas lĂ  : en fait, il ne cesse de convoquer et de brasser des personnages historiques (Ă©crivains, politiciens, scientifiques, etc) et des hĂ©ros littĂ©raires emblĂ©matiques (Sherlock Holmes, Bouvard et PĂ©cuchet, Fu Manchu, Peter Pan ou bien Dracula), qui sont en gĂ©nĂ©ral placĂ©s sur un mĂŞme plan de rĂ©alitĂ©. Ainsi par exemple, le professeur Challenger (hĂ©ros crĂ©Ă© par Sir Arthur Conan Doyle) assiste-t-il Ă  une confĂ©rence scientifique en compagnie de sommitĂ©s telles que Ivan Pavlov, Marie Curie et Max Planck (dans la nouvelle « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... » de Jean-Jacques Girardot et Fabrice MĂ©reste, in anthologie PassĂ©s recomposĂ©s, 2003). En fertilisant sa fiction de figures de rĂ©fĂ©rence, rĂ©elles ou imaginaires, le steampunk ancre sa pratique dans la culture de ses lecteurs, tout en travaillant sur une certaine pertinence avec le monde rĂ©el (passĂ© historique), mais il va plus loin encore, en tentant de crĂ©er une vĂ©ritable nouvelle mythologie, un corpus mythique moderne. La littĂ©rature steampunk revisite les icĂ´nes du XIXe et du XXe tout comme les autres littĂ©ratures du merveilleux rĂ©investissent les lĂ©gendes anciennes et les contes de fĂ©es. (...)


Bien vu, la rĂ©fĂ©rence Ă  Conan Doyle ! Mais, bizarrement, la rĂ©fĂ©rence Ă  un autre Ă©lĂ©ment important de notre nouvelle, un quasi-personnage, la multinationale ABC (pour Aerian Bord of Control) que Jean-Jacques et moi avions empruntĂ© Ă  Rudyard Kipling (dans « With the Night Mail », 1909, et « As Easy as A.B.C. », 1912) semble passĂ©e inaperçue auprès des lecteurs... C’est dommage car l’auteur du Livre de la Jungle avait dĂ©crit avec une Ă©tonnante finesse au dĂ©but du XXe (soit l’époque oĂą sont classiquement censĂ©es se dĂ©rouler la plupart des histoires de steampunk) une sombre world company qu’il situait un siècle et un siècle et demi plus tard, c’est-Ă -dire dans notre monde actuel. Or ces fameuses multinationales sont, avec les rĂ©seaux de communication Ă©lectroniques, des Ă©lĂ©ments omniprĂ©sents de l’univers cyberpunk, le genre science-fictif qu’a cherchĂ© Ă  parodier le steampunk Ă  ses origines. Quand la boucle bouclĂ©e reboucle encore plus loin que ça, la mise en abyme tient presque de la fractale...


Dimanche, le 12 septembre 2004
Les films de l’été
Impressions subjectives des quelques films que j’ai eu l’occasion de voir lors de ces vacances estivales...
  • J’me sens pas belle de Bernard Jeanjean. Regard intelligent, Ă  la fois tendre et fĂ©roce, sur la vie des trentenaires cĂ©libataires, leurs dĂ©sirs, leurs difficultĂ©s Ă  s’engager dans une relation sentimentale... Meuh non, je ne me sens pas concernĂ©... ;-) À noter les excellentes performances de Marina FoĂŻs (que je n’apprĂ©cie pourtant guère parmi les Robins des Bois) et de Julien Boisselier dans le huis clos d’un appartement parisien.
  • Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. Documentaire engagĂ© sur le prĂ©sident actuel des États-Unis d’AmĂ©rique, son Ă©lection foireuse, ses liens troubles avec les magnats du pĂ©trole saoudiens, le 11 septembre 2001, les interventions en Afghanistan et en Irak. Et dire que Kerry a perdu son avance face Ă  ce type, ça fout froid dans le dos. Indispensable.
  • Shrek 2 de Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon. Le retour de l’ogre vert pĂ©tomane, avec sa fiancĂ©e, son âne... et de nouveaux personnages. L’humour est toujours au rendez-vous, les critiques et parodies aussi. Jubilatoire. Aussi bon que le premier, ce qui n’est pas peu dire.
  • Hellboy de Guillermo Del Toro. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les nazis mĂŞlent sciences et occultisme pour faire revenir des tĂ©nèbres de l’Enfer des dĂ©mons pouvant les aider Ă  vaincre les AlliĂ©s. L’arrivĂ©e des soldats US fait Ă©chouer ce plan... mais un bĂ©bĂ© dĂ©mon (Hellboy) a traversĂ© la porte des deux mondes, et est pris en charge par un scientifique du gouvernement des États-Unis. De nos jours, une organisation dĂ©cide de remettre ça et rĂ©veille un monstre endormi dans une urne d’un musĂ©e. Seul Hellboy et d’autres crĂ©atures mutantes pourront s’opposer Ă  ces derniers. Il s’agit ici d’un bel exemple d’histoire secrète (l’Histoire ne s’est pas dĂ©roulĂ©e exactement comme nous le croyons) reposant sur quelques bases vĂ©ridiques (la sociĂ©tĂ© de ThulĂ©, groupe Ă©sotĂ©rique d’extrĂŞme droite d’oĂą sortirent les chefs de file du parti nazi). Les scènes de combat avec les monstres Ă  la "Spectroman" sont parfois ridicules, le Bien et le Mal sont prĂ©sentĂ©s un peu de façon caricaturale, mais la nature ambiguĂ« d’Hellboy, dĂ©moniaque par essence mais mettant sa force au service des humains, sauve toutefois la vision manichĂ©enne du film. À suivre (oui, la sortie du numĂ©ro 2 est en effet dĂ©jĂ  annoncĂ©e).
  • Le Village de M. Night Shyamalan. Un petit village perdu au milieu de nulle part, avec sa douceur de vivre et ses règles. Tout autour, des bois oĂą vivent "ceux dont on ne parle pas", empĂŞchant par la mĂŞme tout contact hors de la micro-sociĂ©tĂ© du village... Argh, un sixième sens m’avait prĂ©venu de ne pas aller voir ce film. Ce rĂ©alisateur est vraiment malsain. Shyamalan, dans Incassable, dĂ©veloppait la fumeuse thĂ©orie selon laquelle les hommes costauds Ă  mâchoire carrĂ©e sont destinĂ©s Ă  devenir des super-hĂ©ros au service du Bien alors que les ĂŞtres atteints de tares gĂ©nĂ©tiques ne pouvaient qu’être les nĂ©gatifs de ceux-ci, leurs âmes Ă©tant assortie Ă  leurs couleurs de peau. Beurk. Et puis il y a eu le très peu convaincant Signes, prĂ©sentĂ© comme un Independance Day vu d’après des paysans du Middel West perdus dans leurs champs de maĂŻs. Et lĂ , avec le Village, sous le prĂ©texte fallacieux de nous faire peur car le film est annoncĂ© comme un thriller fantastique (ce qui est une sombre escroquerie : il n’y a pas la moindre part d’irrationnel dans tout le film), Shyamalan nous prĂ©sente sans nuance une sociĂ©tĂ© sectaire et les règles (cruelles) qu’elle s’impose pour assurer son existence. Si c’est ça que vous cherchez, regardez plutĂ´t la Plage, c’est plus intelligent, plus beau, et il y a la charmante Virginie Ledoyen (ou Leonardo DiCaprio, si vous prĂ©fĂ©rez). Enfin, c’est dĂ©cidĂ©, je n’irai plus voir un film de M. Night Shyamalan. :-(
  • Le Tour du monde en 80 jours de Frank Coraci. Adaptation (très libre) du roman Ă©ponyme de Jules Verne. Surprise en m’installant dans la salle de cinĂ©, je suis l’un des rares adultes (du moins, qui ne soit pas accompagnĂ© d’un gamin). Je m’étonne de l’intĂ©rĂŞt portĂ© par les mĂ´mes Ă  l’auteur des cĂ©lèbres romans d’"anticipation scientifique". Mais, c’est vrai, il y a Jackie Chan (dans le rĂ´le du domestique français Passe-Partout, si, si !). Pourtant, le film n’en est pas un enchaĂ®nement de combats d’arts martiaux pour autant, le texte de Verne est respectĂ© dans les grandes lignes, avec quelques amĂ©nagements, bien sĂ»r, les clins d’œil Ă  l’Histoire sont nombreux (les rencontres de Phileas Fogg avec Van Gogh, les frères Wright ou la reine Victoria), et la pĂ©tillante CĂ©cile de France rajoute son charme et sa bonne humeur Ă  ce gentil divertissement.
  • Le Roi Arthur de Antoine Fuqua. Ami spectateur qui recherche la lĂ©gende arthurienne, ne va pas voir ce film, tu seras déçu : Arthur est un soldat romain, point de Camelot mais un avant-poste en (Grande-)Bretagne situĂ© au niveau du mur d’Hadrien, la frĂŞle Genièvre est devenue une farouche guerrière (et elle combat avec une espèce de bikini du plus bel effet), le champion Lancelot est un mercenaire Sarmate obligĂ© de se mettre au service de Rome pendant une quinzaine d’annĂ©es, et point de Graal, d’Excalibur ou de magie... Fuqua a essayĂ© de mettre en scène une vision historique plus que lĂ©gendaire du roi Arthur, et mĂŞme si ça ne tient pas la route (les historiens soulignent en effet de criantes invraisemblances historiques et erreurs chronologiques), l’intention est louable et le rĂ©sultat intĂ©ressant. À ceux qui prĂ©fèrent la "vraie" (?) lĂ©gende Ă  cette tentative historisante, je ne peux que conseiller de revoir l’excellent film Excalibur de John Boorman qui n’a pas trop mal vieilli bien qu’il date du tout dĂ©but des annĂ©es 1980...
  • I, robot de Alex Proyas. Dans un futur proche, les robots sont prĂ©sents partout, au service de l’humanitĂ©. Un dĂ©tective enquĂŞte sur l’accident (meurtre ou suicide ?) d’un chercheur en robotique... qui le mène sur la piste d’un robot, machine qui, par construction, est dans l’incapacitĂ© de faire du mal. Gentil film inspirĂ© de l’œuvre d’Asimov, avec quelques dĂ©fauts navrants (comme l’omniprĂ©sence de la publicitĂ© pour des produits curieusement d’aujourd’hui) mais de jolis effets spĂ©ciaux et un scĂ©nario plutĂ´t rĂ©ussi. Attention, le fait de regarder ce film ne vous dispense pas de lire les livres du bon docteur Isaac Asimov ! :-)


  • Dimanche, le 18 juillet 2004
    Albator
    Il y a quelques jours, j’ai terminĂ© de visionner les Ă©pisodes de la sĂ©rie Albator, dans sa version 78, dessin animĂ© connu aussi sous son nom japonais de « UchĂ» Kaizoku » ou anglais de « Captain Harlock ».
    Il y a deux mois, j’avais parlĂ© d’une sĂ©rie, San Ku KaĂŻ, dans laquelle j’avais retrouvĂ©, outre un brin de nostalgie, de nombreux points commun avec les premiers Star Wars de George Lucas. Mais quel intĂ©rĂŞt allais-je trouver Ă  regarder 5 DVD de plus de 3 heures chacun totalisant 42 Ă©pisodes ?
    Certes, une telle épreuve aurait été impossible au sujet de Goldorak ou du Capitaine Flam. Le premier parce que chaque épisode était construit de manière stéréotypée, le second parce qu’il se voulait trop hard science alors que tout cet enrobage scientifisant (vu avec le recul et une culture scientifique acquise par des années d’études et de curiosité) n’était qu’une ridicule fumisterie.
    Et Albator, alors ? Remettons nous dans le contexte : À l’aube du 31ème siècle, l’humanitĂ© asservie par la technologie des robots vit dans l’opulence et ne voit pas arriver la menace d’invasion de la terre par les terribles Sylvidres. Le capitaine Albator Ă  la tĂŞte de son Ă©quipage, incompris de tous et placĂ© au rang de renĂ©gat s’aperçoit du grand danger menaçant les terriens et part en direction de l’espace...
    Albator, c’est certes un manga où les dessins de Kazuo Komatsubara peuvent paraître bien éloigné de la richesse à laquelle nous ont habitués les studios Disney car la plupart des personnages principaux sont caricaturalement grands et minces alors que les autres sont petits et gros. Mais il n’y a pas que ça. Ce n’est pas non plus la simple transformation science-fictive des classiques aventures de pirates. Non, Albator, c’est une réinterprétation originale de nombreux mystères de l’humanité dans un ensemble cohérent.
    En effet, les traces de civilisations disparues telles que les pyramides d’Egypte ou d’Amérique précolombienne, les cités englouties et le triangle des Bermudes, résulteraient, dans la vision proposée par l’auteur original Leiji Matsumoto, d’un témoignage d’une civilisation extraterrestre terriblement avancée par rapport à l’humanité et qui aurait visité la planète Terre il y a des milliers d’années. L’invasion des Sylvidres, au quatrième millénaire, s’avérerait ainsi facilité par une excellente connaissance du terrain, la mise en place d’un énorme service de renseignement, et surtout par l’indifférence d’une population terrienne réticente à tout type d’effort et à toute décision.
    Albator, c’est aussi une critique sociale : face Ă  l’attitude aveugle d’une civilisation post-industrielle dĂ©cadente, la seule voie de salut est la rĂ©bellion. Le drapeau noir Ă  tĂŞte de mort des pirates devient alors la bannière de la libertĂ©.
    Albator, c’est enfin une grande finesse de jeu psychologique, bien loin d’une vision manichĂ©enne trop souvent prĂ©sentĂ©e aux enfants, les premiers spectateurs de ce type de divertissement. Le capitaine Albator a beau sembler un homme très froid, il est prĂŞt Ă  jouer la vie de son Ă©quipage pour sauver Stelli, la petite fille dont il est le tuteur. Vilak, le ministre de la dĂ©fense terrienne et ennemi jurĂ© d’Albator, ne voit d’abord dans le capitaine qu’un vulgaire pirate... mais dĂ©couvrant la vraie nature du combat d’Albator, il se rallie Ă  lui jusqu’à la mort. Les Sylvidres, ces amazones de l’espace, sont des femmes au charme trouble mais cela ne les empĂŞche pas d’user des pires mĂ©thodes employĂ©es en temps de guerre. Au sein mĂŞme des rangs de ces femmes soldats, l’ambiguĂŻtĂ© est aussi de mise : la reine Sylvidra aussi doute du rĂ´le qu’elle a Ă  jouer envers son peuple et ne peut faire autrement que de se rĂ©soudre Ă  sacrifier une amie qui s’est rebellĂ©e ; il y a des civils, hommes et femmes, que convoient les Sylvidres dans leur armada  et parmi les femmes militaires, nombreuses sont celles qui finissent par ne plus croire au bien-fondĂ© de leur mission de colonisation de la Terre. Car l’ambiguĂŻtĂ© des sentiments règne en force dans Albator, que ce soit un sentiment envers un parent (Ă  noter qu’un Ă©pisode s’intitule mĂŞme « le complexe d’Œdipe » !), envers un ami ou envers l’être aimĂ©. Je tiens enfin Ă  ajouter que de nombreux Ă©pisodes se terminent par le sacrifice d’un personnage, soit dĂ©couvert dans l’épisode, soit suivi dès le dĂ©but de la sĂ©rie. MĂŞme si, pour les Japonais, cela reprend un Ă©vĂ©nement bien particulier de leur histoire, Ă  savoir le comportement courageux mais suicidaire des aviateurs kamikazes, une telle attitude a Ă©galement une rĂ©sonance particulière dans notre civilisation occidentale, oĂą, baignant dans des valeurs judĂ©o-chrĂ©tiennes, la notion de sacrifice a aussi son importance.


    Dimanche, le 11 juillet 2004
    Les copains
    Ça y est, j’ai reçu dans ma boĂ®te aux lettres le nouveau Bifrost, la « revue des mondes imaginaires ». Dans ce numĂ©ro, le 35ème, un spĂ©cial « aventures spatiales ».
    Au menu, des nouvelles de Thomas Day, James Patrick Kelly et Michael Swanwick, ainsi qu’un long article de Robert Silverberg sur la profession d’auteur de science-fiction.
    Mais aussi...
    Mais aussi un entretien de l’ami Jean-Jacques Girardot...
    Mais encore, dans l’édito, l’annonce de la crĂ©ation d’une nouvelle maison d’édition, spĂ©cialisĂ©e dans le domaine des littĂ©ratures de l’imaginaire et dont le directeur littĂ©raire n’est autre que le « Capitaine » AndrĂ©-François Ruaud. Cette maison d’édition, appelĂ©e les moutons Ă©lectriques Ă©diteur et dont la premier titre paraĂ®tra Ă  la rentrĂ©e 2004, nous promet du bon et du beau (nous n’en doutons point, avec A.-F. Ruaud Ă  la barre, l’esthĂ©tique et l’intelligence des textes seront au rendez-vous).
    Longue vie aux moutons Ă©lectriques !


    Dimanche, le 16 mai 2004
    San Ku KaĂŻ
    Samedi dernier, en musardant parmi les rayons d’un bouquiniste, j’ai dĂ©couvert quelques livres intĂ©ressants... et j’ai aussi dĂ©nichĂ©, dans une pile de DVD Ă  6 euros, les six premiers Ă©pisodes de la sĂ©rie San Ku KaĂŻ.
    Ah... San Ku KaĂŻ ! Je ne devais pas encore ĂŞtre entrĂ© au collège quand je regardais ces fameux Ă©pisodes... Je me souviens avoir Ă©tĂ© fascinĂ© par la sĂ©rie japonaise et, jusqu’à hier, je ne parvenais pas Ă  m’expliquer cet engouement. Je sais que, Ă  l’époque, alors que mes parents sacrifiaient aux dieux de la consommation et faisaient leurs courses dans les grands magasins le samedi après-midi, ils m’abandonnaient parmi d’autres rejetons devant l’empilement de tĂ©lĂ©visions du magasin. J’étais ravi car, mĂŞme si le son n’était pas terrible en raison du grand nombre de tĂ©lĂ©visions et chaĂ®nes Hi-Fi allumĂ©es et mĂŞme s’il n’était pas Ă©vident de s’asseoir, j’avais droit Ă  une (et mĂŞme plusieurs) tĂ©lĂ©vision en couleur pour suivre mon Ă©mission favorite.
    Mais qu’est-ce qui pouvait expliquer cette fascination ? Cela a Ă©tĂ© ce dĂ©sir de comprĂ©hension plutĂ´t qu’un Ă©lan nostalgique qui me poussèrent Ă  acheter ce DVD.
    Et je peux dire que je n’ai pas été déçu...
    San Ku KaĂŻ, c’est une adaptation trait pour trait de la Guerre des Étoiles de George Lucas. La (première) trilogie amĂ©ricaine Ă©tait sortie en 1977, 1980 et 1983, et la sĂ©rie japonaise Ă©tait arrivĂ©e sur les tĂ©lĂ©viseurs français dans ces annĂ©es-lĂ . Tout comme dans la Guerre des Étoiles, il y a dans San Ku KaĂŻ aussi bien des batailles spatiales que des batailles au sol sauf que, dans ce dernier cas, les combats au sabre-laser, hĂ©ritiers des combats de chevaliers occidentaux, ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par une version futuriste de combats d’arts martiaux bien orientaux.
    Tout comme dans Star Wars, les gentils sont une poignĂ©e de rebelles dĂ©sordonnĂ©s luttant contre une autoritĂ© tyrannique (l’infâme Golem XIII, roi des Stressos, Ă  la place de l’Empereur Galactique), les mĂ©chants sont des individus cruels fortement militarisĂ©s avec de terribles vaisseaux de combats (les Laserolabs ressemblent comme des frères aux X-Wings, sauf qu’ils ont 6 branches au lieu de 4), et le chef exĂ©cutif des mĂ©chants est un ĂŞtre cruel (les costumes du commandant Volkor et du gĂ©nĂ©ral Khomenor ressemblent d’ailleurs beaucoup Ă  celui de Dark Vador).
    L’équipe du vaisseau San Ku KaĂŻ est composĂ©e de l’impĂ©tueux jeune homme qu’est Ayato (l’équivalent de Luke Skywalker), du vieux routard sĂ©ducteur qu’est RyĂ» (Han Solo), d’une crĂ©ature extraterrestre qu’est l’homme-singe Siman (Chewbacca) et du robot de compagnie SidĂ©ro (tenant Ă  la fois de R2D2 et de C-3PO).
    Mais bien sĂ»r, il y a la « Nipponese touch » : en plus des combats au sol qui doivent beaucoup au Kung fu et au cinĂ©ma de Hong Kong, il y a les mimiques des monstres qui ont l’air d’être fortement inspirĂ©es du théâtre NĂ´.
    Et alors, qu’est-ce qui peut bien intĂ©resser un garçon de moins de 10 ans ? La richesse des combats (« San Ku KaĂŻ, c’est la bataille ! » chante le gĂ©nĂ©rique), aussi bien dans l’espace que sur la terre ferme, avec des pirouettes rĂ©alisĂ©es dans tous les sens (j’ai enfin compris les trucages : certaines parties sont montĂ©es Ă  l’envers et les sauts pĂ©rilleux sont exĂ©cutĂ©s Ă  partir de trampolines hors du champ de la camĂ©ra), et bien que l’on ne voie pas une goutte de sang Ă  l’écran, la sĂ©rie est quand mĂŞme marquĂ©e par la cruautĂ© (les acteurs miment avec force leurs souffrances dans la mort). Enfin, avec Ayato qui, sans devenir un chevalier Jedi, effectue au sortir de l’école (de pilote intersidĂ©ral) son apprentissage de la vie au contact de son aĂ®nĂ© RyĂ», San Ku KaĂŻ a tout du « roman d’apprentissage », et donc tous les ingrĂ©dients pour sĂ©duire le petit garçon que j’étais...


    Jeudi, le 8 avril 2004
    Impressions cinéphiles...
    ...ou, si je n’ai pas eu le temps de poster de message, c’est simplement parce que je suis allĂ© voir 5 films depuis vendredi dernier...
  • Vendredi soir : Immortel (ad vitam), film français rĂ©alisĂ© par Enki Bilal, avec Linda Hardy (l’ex miss France), Charlotte Rampling, Thomas Kretschmann et plein d’autres humains et entitĂ©s virtuelles...
    À la fin de notre siècle, une pyramide extraterrestre flotte au-dessus de New York. À son bord, Horus, le dieu Ă  tĂŞte de faucon de l’Ancienne Égypte, apprend qu’il a perdu son immortalitĂ©, aussi descend-il sur Terre afin de chercher Ă  la fois un corps humain capable de l’accepter et une femme avec qui il pourra se reproduire et retrouver indirectement, Ă  travers une lignĂ©e, son immortalitĂ©.
    Film Ă©lĂ©gant, mĂ©lange Ă©tonnant de personnages rĂ©els plus ou moins grimĂ©s et d’êtres de synthèse, un grand moment de science-fiction Ă  la française (avec une multitude de rĂ©fĂ©rences baudelairiennes), une œuvre qu’il faut vraiment voir mĂŞme si le scĂ©nario est un peu lĂ©ger (Serge Lehman – l’ex Ă©toile montante de la science-fiction française – a pourtant travaillĂ© avec Bilal) et si les individus synthĂ©tiques sortis tous droits de la bande dessinĂ©e originelle contrastent un peu trop violemment avec les acteurs vĂ©ritables.
  • Dimanche matin : Agents secrets, film français de FrĂ©dĂ©ric Schoendoerffer, avec Vincent Cassel, Monica Bellucci, Charles Berling, AndrĂ© Dussollier et Ludovic Schoendoerffer.
    Un agent se fait tuer dans le sud de l’Espagne, mais la DGSE parvient à récupérer sur son cadavre la puce renfermant des informations importantes sur un trafic d’armes avec l’Angola. Une nouvelle mission se met alors en place pour couler le bâteau effectuant la contrebande.
    Les agents secrets, ce sont des hommes et des femmes employĂ©s par le gouvernement pour rĂ©aliser des missions non officielles. Ce film montre avec une prĂ©cision quasi-documentaire (on est loin des dĂ©lires des James Bond) leurs mĂ©thodes, leurs moyens d’action, mais aussi leurs doutes. Qui manipule qui ? Les super-soldats ne sont finalement que des pions de l’État...
  • Dimanche soir : Baboussia, film franco-russe de Lidiya Bobrova avec Avec Nina Choubina, Anna Ovsiannikova, Olga Onishchenko et Vladimir Koulakov.
    Quelque part en Russie, Baboussia vit sa vie de femme-courage. Seule, elle a Ă©levĂ© ses enfants et petits-enfants. Mais Ă  la mort de sa fille, elle se retrouve sans maison et est hĂ©bergĂ©e un moment chez sa sœur avant de devoir trouver un nouveau logis.
    Film touchant sur l’ingratitude des jeunes gĂ©nĂ©rations vis Ă  vis des anciennes, ce douloureux problème de sociĂ©tĂ© est ici colorĂ© par l’exubĂ©rance de l’âme slave, les fantĂ´mes du communisme et la prĂ©sence de la guerre (en TchĂ©tchĂ©nie). Gros coup de cœur.
  • Lundi soir : Big fish, film amĂ©ricain de Tim Burton avec Avec Ewan McGregor, Albert Finney, Billy Crudup, Jessica Lange, Alison Lohman et Marion Cotillard (une Française !).
    Edward Bloom raconte des histoires. Il a racontĂ© des histoires toute sa vie, et sa vie, ce sont ces histoires. Mais il est Ă  prĂ©sent Ă  la fin de sa vie, et son fils William, qui s’était brouillĂ© avec lui depuis une histoire de trop (une histoire qui lui avait volĂ© la vedette Ă  l’occasion de son propre mariage), retourne au domicile parental. William cherche Ă  comprendre qui Ă©tait son père, trop souvent absent, qu’il n’a connu qu’à travers toutes ces fameuses histoires. Qu’y a-t-il de vrai derrière toutes ces lĂ©gendes ?
    Une réelle surprise. Et une surprise excellente. Voilà un film qui traite des histoires qui peuplent l’imaginaire américain, ces fameuses légendes urbaines ou plutôt, ici, rurales, et qui parvient, malgré la thématique, à éviter les clichés (certes, le fils vivant en France travaille à Paris et il était inévitable d’avoir une vue de la Tour Eiffel depuis le bureau de celui-ci), il s’agit là d’une peinture admirable d’une délicate relation père-fils vue dans un monde réenchanté. Bravo monsieur Burton.
    [Edit : oui, il n’y a que quatre critiques de films, le cinquième, c’est ma vie !]


  • Dimanche, le 30 novembre 2003
    Ce qu’ils en pensent...
    Quelques critiques de professionnels du domaine de la nouvelle « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... » (Ă©crite en collaboration avec Jean-Jacques Girardot) et de l’anthologie uchronique PassĂ©s recomposĂ©s dont elle est issue (textes rĂ©unis et sĂ©lectionnĂ©s par AndrĂ©-François Ruaud, et publiĂ©s dans la collection Science Fantasy des Éditions Nestiveqnen en septembre 2003) :
    • la critique de l’érudit Pascal J. Thomas sur la liste de discussion TiF (Time in Fictions), Ă  paraĂ®tre dans KWS ;
    • la critique du terrible expert Éric B. Henriet sur le site de Markus Leicht.
    À noter aussi, PassĂ©s recomposĂ©s est le coup de cœur de la Porte des Mondes.


    Mardi, le 16 septembre 2003
    Avis publicitaire : PassĂ©s recomposĂ©s, anthologie uchronique dirigĂ©e par AndrĂ©-François Ruaud
    Samedi matin, je suis allĂ© Ă  la Poste chercher une lettre qui, d’après mon facteur, ne rentrait pas dans la boĂ®te. Effectivement, je venais de recevoir des Éditions Nestiveqnen les exemplaires d’auteur de mon premier texte de fiction publiĂ©.
    Émotions...
    Les uchronies, ainsi que les prĂ©sente l’anthologiste AndrĂ©-François Ruaud, ces sont ces « histoires alternatives », des utopies temporelles. Treize auteurs se sont intĂ©ressĂ©s Ă  ce qu’aurait pu ĂŞtre l’Histoire Ă  partir d’un point de divergence, un Ă©vĂ©nement qui ne s’est pas rĂ©alisĂ© mais qui aurait pu l’être.
    Et si, et si...
    • et si, en l’an 500 de notre ère, l’Égypte des Pharaons avait pu maintenir sa puissance en faisant alliance avec les autres peuples de la MĂ©diterranĂ©e contre Rome ? (« Tels le Jonc et l’Abeille », P.J.G. Mergey) ;
    • et si, en 1618, dans une contrĂ©e perdue d’Autriche, un paysan avait recueilli un ĂŞtre Ă©trange, venu d’on ne sait oĂą, et ayant la curieuse propriĂ©tĂ© de transpirer un gaz hilarant, pour le prĂ©senter Ă  son prince ? (« Quelques Ă©pluchures de politique », Roland Fuentès) ;
    • et si, en 1748, les grands savants, artistes et aventuriers d’Europe s’étaient rĂ©unis Ă  la cour du roi FrĂ©dĂ©ric II pour mettre leurs talents en commun afin de tenter de crĂ©er le nouvel Adam ? (« La VĂ©nus anatomique », Xavier MaumĂ©jean) ;
    • et si, en 1793, les Anglais avaient fait alliance avec des crĂ©atures surnaturelles pour Ă©touffer la jeune RĂ©publique française ? (« Comment Gaby dĂ©livra La Caroline avec l’aide du Triton Garglogote », Marie-Pierre Najman) ;
    • et si, en 1796, le jeune gĂ©nĂ©ral Bonaparte s’était entourĂ© de nouvelles machines de guerre lors de ses conquĂŞtes transalpines ? (« La Rose blanche de Bonaparte », Franco Ricciardiello, traduit par Éric Vial) ;
    • et si, en 1909, une sociĂ©tĂ© de dirigeables, qui avait su gagner sa puissance grâce Ă  une nouvelle source Ă©nergĂ©tique, s’intĂ©ressait de trop près aux travaux prĂ©sentĂ©s Ă  Paris par les plus grands savants du monde entier ? (« Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », Jean-Jacques Girardot & Fabrice MĂ©reste) ;
    • et si, en 1914, Pierre Curie, rescapĂ© d’un accident qui aurait dĂ» le tuer, avait conçu, avec l’aide d’autres savants, une arme formidable pour alerter l’opinion internationale de la catastrophe que serait une guerre mondiale ? (« Pour l’exemple », Jean-Baptiste Capdeboscq) ;
    • et si, en 1920, la France avait pu disposer d’une Ă©nergie de pile Ă  hydrogène et que la Grande Guerre avait dĂ©butĂ© avec quelques annĂ©es de retard ? (« Der des ders », Jean-Jacques RĂ©gnier) ;
    • et si, en 1940, au Mexique, le savoir des Aztèques et les connaissances naissantes en biologie molĂ©culaire avaient pu tenter de ramener Ă  la vie LĂ©on Trotski victime d’un attentat ? (« Le MausolĂ©e de chair », Jonas Lenn) ;
    • et si, en 1968, le monde Ă©tait devenu le terrain d’une guerre entre humains et loups-garous Ă  la suite de la dispersion d’un virus mutagène par l’armĂ©e nazie quelques 23 ans plus tĂ´t ? (« Lupina satanica », RaphaĂ«l Colson) ;
    • et si, en 1993, une grenouille bioamĂ©liorĂ©e pouvait Ă©crire des romans populaires, parler et penser comme un ĂŞtre humain ? (« Neurotwistin’ », Laurent Queyssi) ;
    • et si, en 2121, au large d’Uranus, les armĂ©es rĂ©publicaines de la Terre et des Colonies ÉmancipĂ©es, hĂ©ritières de ceux qui firent tomber l’Empire que Bonaparte avait sĂ» maintenir pendant plus de deux siècles après sa conquĂŞte de la terre des Pyramides, devaient livrer bataille Ă  la puissante flotte des Ramessides, ces extraterrestres qui furent considĂ©rĂ©s par des dieux sous l’Égypte des Pharaons ? (« La StratĂ©gie Alexandre », Ugo Bellagamba).
    En plus, la couverture de Formosa est très jolie :
    Alors, qu’attendez-vous pour courir l’acheter ?!
    PassĂ©s recomposĂ©s, anthologie uchronique dirigĂ©e par AndrĂ©-François Ruaud, collection Science Fantasy, Nestiveqnen Éditions, septembre 2003, ISBN : 2-910899-80-2, 17,70 euros (prix conseillĂ©).


    Dimanche, le 13 juillet 2003
    À visage dĂ©couvert
    Les films de ma vie...

    Et pour 10 de plus :
    1. After Hours (Martin Scorsese, 1985). Parce qu’il change un tout petit peu ses habitudes, un informaticien de New York va vivre une nuit de cauchemar. Hilarant. Tragique. Absurde. Superbe.
    2. Brazil (Terry Gilliam, 1984). De l’absurde, encore, dans cette société futuriste peinte avec grand art par un ancien des Monty Python.
    3. La CitĂ© de la peur (Alain Berberian, 1993). Les Nuls, le film. À voir plusieurs fois, on y redĂ©couvre Ă  chaque fois un nouveau gag. Une bouffĂ©e d’oxygène qui rend content (Non, Dominique !)
    4. Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982). Nécessairement. La troupe du Splendide au meilleur de sa forme.
    5. C’est arrivĂ© près de chez vous (Remy Belvaux et AndrĂ© Bonzel, 1992). BenoĂ®t Poelvoorde en tueur en sĂ©rie. Humour noir, très noir, filmĂ© en noir et blanc. Complètement fou, et pourtant si rĂ©aliste (Reviens, gamin, c’était pour rire !)
    6. Simple Mortel (Pierre Jolivet, 1991). Coup de cœur pour ce film du frère de l’humoriste, hĂ©las assez peu remarquĂ© Ă  sa sortie. De la science-fiction sans effets spĂ©ciaux. Si, si. Une histoire haletante. Du grand art.
    7. The Breakfast Club (John Hughes, 1985). Mon film d’ado. Une jolie note d’espoir.
    8. Purple Rain (Albert Magnoli, 1984). Plongeon dans les annĂ©es quatre-vingt. Prince, du temps de sa splendeur. Et la bombe du moment : Apollonia Kotero. When Doves Cry, un petit bijou. Et Purple Rain, le slow de plus de huit minutes. OK, faut ĂŞtre adolescent pour vraiment apprĂ©cier.
    9. Les films de Krzysztof Kieslowski. Certes, il a une orthographe impossible (il ne peut pas s’appeler « Christophe » comme tout le monde ?) et il a eu le mauvais goĂ»t de mourir trop tĂ´t. Mais le rĂ©alisateur et scĂ©nariste polonais nous a gratifiĂ© de quelques chefs d’œuvre avant de s’éteindre. Et il filmait Ă  merveille la magnifique Irène Jacob, dans La Double Vie de VĂ©ronique ou Trois couleurs : Bleu. Sans compter les morceaux de choix de la sĂ©rie du DĂ©calogue.
    10. Les films de Claude Lelouch. Mes favoris : Un homme et une femme (Chabadabada...), ItinĂ©raire d’un enfant gâtĂ©, la Belle Histoire, Tout ça... pour ça !, Les MisĂ©rables... L’homme-orchestre du cinĂ©ma filme la vie, les sentiments, les hasards, les rencontres, ses femmes (il faut avouer qu’il a plutĂ´t bon goĂ»t) et... c’est beau !



    Vendredi, le 11 juillet 2003
    À visage dĂ©couvert
    Les films de ma vie...

    S’il ne fallait en retenir que 10 :
    1. Blade runner (Ridley Scott, 1982). AdaptĂ© de la nouvelle de Philip K. Dick portant le joli titre de Do Androids Dream of Electric Sheep?, ce film reprend, dans l’univers du cyberpunk, l’éternelle question « qui suis-je ? » en la formulant sur le mode « suis-je humain ou un ĂŞtre artificiel ? ». Film superbe, avec une esthĂ©tique que l’on trouve trop rarement en science-fiction, Ă  part quelques autres merveilles comme Bienvenue Ă  Gattaca (Andrew Niccol, 1997). Pour l’anecdote, J’ai dĂ©couvert ce film en vidĂ©o, des annĂ©es après sa sortie, je l’ai vu plus de six fois sur cassette ainsi qu’une fois, tout dernièrement, au cinĂ©ma dans le cadre de la nuit de la science-fiction d’Oullins.
    2. Metropolis (Fritz Lang, 1926). Le chef d’œuvre du genre. Source d’inspiration essentielle, par exemple du sympathique Cinquième Ă©lĂ©ment (Luc Besson, 1996). L’histoire peut sembler aujourd’hui un peu simple mais les images ont une telle force !
    3. Monty Python, la vie de Brian (Terry Jones, 1978). Mon prĂ©fĂ©rĂ© des Monty Python. La vie d’un type qui n’a pas de chance et qui ne sera pas retenu par l’Histoire, contrairement Ă  un certain JĂ©sus avec lequel il partage pourtant pas mal de points communs. Hilarant du dĂ©but Ă  la fin !
    4. La Grande menace (Jack Gold, 1978). En anglais, "The Medusa touch", film fantastique avec Richard Burton et Lino Ventura. Étonnant. Parfois j’ai cru avoir le mĂŞme pouvoir (le terme "malĂ©diction" conviendrait mieux cependant) que l’étrange Morlar, l’immortalitĂ© en moins.
    5. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Jean Yanne, 1972). Une belle critique de la société de consommation des années Pompidou. Vu un grand nombre de fois à la télévision, ce film m’a marqué par son cynisme et son humour noir.
    6. Le fabuleux Destin d’AmĂ©lie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2000). Une adorable petite bombe d’optimisme, ou comment apprĂ©cier les petits plaisirs simples de la vie. Mention spĂ©ciale Ă  Jeunet pour sa facilitĂ© Ă  passer d’un genre l’autre : avant AmĂ©lie, il avait rĂ©alisĂ© Alien, la rĂ©surrection...
    7. Les Temps modernes (Charlie Chaplin, 1936). Avant le Dictateur (1940), dans la suite des Charlot, ce film plein d’humour et d’émotion est une description au vitriol de la sociĂ©tĂ© contemporaine et des nouvelles conditions de travail des ouvriers. Derrière les mimiques, il y a un cri. Mais les films de Chaplin, ce sont aussi sa vie Ă  l’écran : du gamin misĂ©reux Ă  sir Charles Spencer Chaplin, une vie pas vraiment rose.
    8. Moulin Rouge (Baz Luhrmann, 2001). Hallucinant ! Un Montmartre fantasmĂ© Ă  la fin du XIXe siècle. De l’émotion, de l’exubĂ©rance, des reprises musicales audacieuses, un film Ă  couper le souffle.
    9. E.T. l’extraterrestre (Steven Spielberg, 1982). J’avais Ă  peu près l’âge d’Elliot quand j’ai vu ce film au cinĂ©ma. Le premier film que j’aie vu sans ĂŞtre accompagnĂ©. Un film inoubliable. Je trouve qu’après E.T., Spielberg a eu bien du mal Ă  rĂ©aliser un bon film de science-fiction : ce n’est qu’en 2002 avec Minority report que j’ai retrouvĂ© la magie du Spielberg d’antan...
    10. Fantasia (Walt Disney, 1940). Le premier film vu au cinĂ©ma. J’étais tout petit. J’en garde un souvenir confus bien qu’émerveillĂ©. De belles images colorĂ©es, des histoires toutes simples... et la Musique ! J’ai retrouvĂ© un peu de ce bonheur, rĂ©cemment, avec Fantasia 2000. Comme beaucoup, j’ai grandi avec les films des studios Disney... mais, avec le recul, j’ai Ă©tĂ© troublĂ© de remarquer certains faits des plus dĂ©rangeants, voire malsains, dans cette œuvre. Un exemple d’une telle curiositĂ© ? Prenons le Livre de la jungle. Vous souvenez-vous de la scène oĂą Mowgli se retrouve chez le roi des singes ? À quoi ressemblent les singes ? On dirait qu’ils ont des traits nĂ©groĂŻdes. Et que chantent-ils ? Du jazz, musique black par excellence. Et quelles sont les paroles du roi singe ? « Je veux ĂŞtre un homme comme toi ! » Comme si, dans ce film, les auteurs sous-entendaient que les Noirs ne peuvent pas prĂ©tendre Ă  l’humanitĂ©... Et ça passe innocemment devant les yeux de nos chères petites tĂŞtes blondes, et rousses, et brunes ? Oui, vraiment : c’est malsain. Parents, prudence...



    Dimanche, le 13 avril 2003
    AvisĂ©s, les conseils de Bifrost !
    Chouette ! J’ai trouvĂ© vendredi dans ma boĂ®te aux lettres le dernier numĂ©ro de la revue Bifrost des Éditions du BĂ©lial’.
    Et ce numéro 30, avec ses nouvelles, critiques, interviews et infos, je l’ai dévoré, comme d’hab’...
    Première nouvelle, celle de Catherine Dufour : Je ne suis pas une lĂ©gende. Ces quatorze pages, clin d’œil au roman de Richard Matheson, nous racontent l’histoire de Malo, un antihĂ©ros qui fait tout son possible pour rester humain dans un univers oĂą ceux de son espèce sont devenus des vampires. Ne vous fiez pas Ă  la quatrième de couverture dont est tirĂ© un extrait de ce texte, la nouvelle est pleine d’humour noir et de cynisme, la provocation gratuite n’est pas aussi frĂ©quente.
    Un autre texte rafraĂ®chissant : FaĂ«rie Boots de Johan Heliot. En une dizaine de pages, l’auteur de La lune seule le sait nous emmène sur les traces d’une rock star en revisitant la magie d’un conte de Perrault.
    L’Arbre aux lucioles de Jack Williamson, est un tout petit texte (4 pages) de fantastique champĂŞtre dans un bled paumĂ© des États-Unis. Bof.
    Le GoĂ»t du sang de Michel Pagel est une très belle histoire Ă  chute. En 8 pages, un voyageur interstellaire immortel raconte Ă  son ami combien peut s’avĂ©rer problĂ©matique le fait d’avoir trouvĂ© l’amour en la personne d’une ravissante Andalouse.
    Enfin, Le Canot de Richard Paul Russo dĂ©crit en 12 pages la lente agonie d’un Ă©quipage d’une capsule de survie perdue dans un non-secteur du non-univers...
    Pour la partie critique, il y a bien sĂ»r les coups de cœur... mais aussi les coups de gueule, en particulier ceux du fĂ©roce Cid Vicious qui s’en prend aux (trop) jeunes auteurs de fantasy et de space opera que des maisons d’éditions laissent publier des cycles sans fin, sans style et sans histoire... À noter, la critique en demi-teinte d’Un Amour d’outremonde de Tommasion Pincio par le marsien Laurent Queyssi. J’en avais parlĂ© dans mes archives, trouvant au contraire ce livre plutĂ´t pas mal...
    Les interviews : Catherine Dufour, auteur aux textes dĂ©jantĂ©s (outre la nouvelle prĂ©sente dans ce numĂ©ro de Bifrost, elle poursuit un cycle intitulĂ© Quand les dieux buvaient avec les titres Blanche-Neige et les lance-missiles, L’ivresse des provideurs et Merlin, l’ange chanteur qui ne semblent pas piquĂ©s des hannetons). Interview aussi de Fabrice Colin, qui, outre quelques titres intĂ©ressants, Ă  le bon goĂ»t de s’appeler Fabrice et d’être nĂ© en 1972...
    Et encore, tout plein de critiques de romans, recueils et BD, d’infos et d’études (allant du phénomènre Perry Rhodan à la chute des météorites en passant par la science-fiction des années 1930), etc.
    Idéal pour se changer les idées et précieux avant de se ruer sur les nouveautés S.-F. en librairie.


    Dimanche, le 16 février 2003
    Avirtuel sur la vie réelle
    [Message personnel Ă  la personne qui se connecte assez rĂ©gulièrement depuis Stanford.edu... Allez, Nono, reviens sur la liste de diffusion de la Gang ! C’est frustrant de te voir disparaĂ®tre (joli paradoxe) Ă  chaque fois que la discussion devient intĂ©ressante. Fin du message perso.]
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "avenir". Je suis officiellement qualifiĂ© aux fonctions de maĂ®tre de confĂ©rences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir s’accrocher dans la course aux postes...
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "recherche". J’ai reçu les retours du comitĂ© de rĂ©daction d’une revue scientifique internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire. Youpi ! Mon papier est acceptĂ©. Rien de mĂ©chant Ă  corriger sur le plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un native English pour rĂ©gler les problèmes de langue.
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "enseignement". Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai en charge les travaux dirigĂ©s, j’ai indiquĂ© Ă  mes Ă©tudiants de maĂ®trise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet, ces derniers (qui sont très occupĂ©s par leur stage) en ont dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une partie de ma salle de TD et je me suis retournĂ© vers l’autre. Un peu trop vite. Du coup, j’ai vu une Ă©tudiante (fort charmante, ma foi) qui faisait mine de m’embrasser (« M’sieur, on vous adore ! »). Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en faut peu pour ĂŞtre aimĂ©... (euh, youpi ?)
    Nouvelles littĂ©raires. Le numĂ©ro 29 de Bifrost est enfin arrivĂ© dans ma boĂ®te aux lettres. Avec les excuses d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnĂ©e qui n’est autre que la pub pour la CitĂ© du Soleil (et autres rĂ©cits hĂ©liotropes) du frangin Ugo. DĂ©jĂ  presque terminĂ© de lire la revue. Parmi les fictions, une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu très personnel des Utopiales de Nantes par Francis ValĂ©ry, alternant avec des passages de son roman Ă  venir, le Talent ressuscitĂ©, la suite du Talent assassinĂ©. D’ailleurs Francis doit arriver Ă  Lyon ce soir. La semaine prochaine, il est prĂ©vu de passer quelques soirĂ©es sympas en sa compagnie.
    Nouvelles de ma vie d’être humain. CatĂ©gorie "douleur". Je ne sais comment, je me suis fait mal Ă  l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est qu’un bobo ridicule, qui a Ă  peine saignĂ©, qui a presque cicatrisĂ© maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gĂŞnant ! Je me sens vraiment handicapĂ© de la main gauche. Je viens enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait Ă  introduire des aiguilles brĂ»lantes Ă  cet endroit. Brrrr...
    Nouvelles de ma vie de cĂ©libataire. CatĂ©gorie "Saint Valentin". Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous avions prĂ©vu de terminer la soirĂ©e dans un bar après notre habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout Ă©tait prĂ©vu, nous avions l’intention de nous affubler de signes distinctifs tels que des "cœurs Ă  prendre" avec des planches anatomiques de l’organe en question ou des gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche. Pas de très bon goĂ»t, certes, mais il faut bien ça pour lutter face Ă  la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien de tel n’a Ă©tĂ© fait... PYM est retombĂ© dans une phase down, il n’est pas venu Ă  la rando roller, j’ai essayĂ© de l’appeler mais le message sur son rĂ©pondeur donne une bonne idĂ©e de son humeur noire... PYM, arrĂŞte de te regarder le nombril, c’est pas parce que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire Ă  tout le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup tous les deux mois).
    Nouvelles cinĂ©matographiques. CatĂ©gorie "horreur". J’ai vu Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au dĂ©but, j’ai eu peur... mais peur que le film soit un navet car il commence comme un de ces films pour adolescents au scĂ©nario sans surprise. Mais passĂ©es les dix premières minutes oĂą une jeune fille raconte Ă  sa meilleure amie une lĂ©gende urbaine sur laquelle repose l’histoire, le film dĂ©marre comme une enquĂŞte journalistique avec un oppressant fond fantastique. Pas du grand cinĂ©ma, certes, mais le film remplit son rĂ´le : j’étais calĂ© au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
    Nouvelles citoyennes. CatĂ©gorie "je milite". Samedi, 14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans (contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participĂ©es). Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme. J’ai retenu ce message, bien trouvĂ©, Ă©crit sur une pancarte : « Bush, si tu veux du pĂ©trole, viens le chercher sur nos plages ».


    Dimanche, le 19 janvier 2003
    Ah, visiteurs de ce blog, d’oĂą venez-vous ?
    Voici une semaine de folie furieuse qui s’achève.
    Une semaine oĂą j’ai passĂ© des nuits plutĂ´t brèves (je me suis levĂ© Ă  4 heures mercredi, 3 heures jeudi et 1 h 30 du mat’ vendredi afin de boucler le programme de recherche d’un important dossier).
    Une semaine où je n’ai pas vraiment eu le temps de poster des nouvelles sur ce blog.
    Une semaine où j’ai été un des acteurs malheureux de l’accident qui a permis à un jeune homme désespéré de mettre fin à sa vie.
    Alors, bien entendu, j’ai essayé d’avoir un week-end calme, même si je n’ai pu m’empêcher de passer au labo samedi après-midi (on ne se refait pas).
    Je suis allé au ciné, j’ai vu ce matin Gangs of New York de Martin Scorsese ainsi que, hier, Le pharmacien de garde, l’excellent film de Jean Veber.
    Un mot sur ce dernier film oĂą Guillaume Depardieu et Vincent Perez se partagent l’affiche : comme dans BrocĂ©liande, il y a des histoires de druides et de meurtres en sĂ©rie, comme dans BrocĂ©liande, il y a la mĂŞme charmante actrice blonde qui se fait tuer d’une horrible manière, mais contrairement Ă  BrocĂ©liande, tout est rĂ©aliste, bien filmĂ©, sonnant assez juste (on regrettera quand mĂŞme LĂ©gitimus en travesti et un Depardieu bien trop sensible pour un flic), et surtout, surtout, il y a quelque chose Ă  gratter derrière le film, ce qui est loin d’être le cas de BrocĂ©liande...

    Sans transition, chers lecteurs, voici un petit état des différentes façons sur ce blog...
    Alors que l’ancienne version de Singuliers sur Blogger se trouvait complètement parasitée par des recherches sur les manières de fabriquer une b*mbe artis*n*le ou de récupérer les M*3 des P*pSt*rs et autres St*r Ac*d*my, si vous arrivez ici, c’est que vous êtes essentiellement passé à travers des liens amis ou que les requêtes que vous avez effectuées dans un moteur de recherche se sont avérées pertinentes.
    Parmi ces requĂŞtes, nous avons :
    • des personnes qui s’intĂ©ressent Ă  mes recettes (de gâteaux) au four micro-ondes (d’ailleurs Arkadia les teste auprès d’un comitĂ© de goĂ»teurs, si, si !)
    • quelqu’un qui voulait avoir une critique du bouquin de Tommaso Pincio (ça fait plaisir) : "un amour d’outremonde"
    • des recherches de blogs selon des critères gĂ©ographiques : "blog Lyon" ;
    • une personne qui a cherchĂ© Ă  avoir des informations sur l’accident de mardi : "mort tramway Berthelot Lyon" ;
    • des recherches de critiques du film BrocĂ©liande dont je parle incidemment dans le questionnaire d’Un Instant/7 Instants ;
    • les inĂ©vitables erreurs de direction :
      • "photo de tombe de Kurt Cobain" (avec la critique d’Un amour d’outremonde)
      • "le loup Tex Avery" (parmi les personnages de dessins animĂ©s Ă©voquĂ©s dans les rĂ©ponses au questionnaire d’Un Instant/7 Instants) ;
      • "fève de collection" (en rapport avec la recette de gâteau pour l’Épiphanie.



    Jeudi, le 9 janvier 2003
    À Wishangton, tombe la pluie plus que de raison
    Non, pas "Washington" la capitale, celle du District de Colombia, mais l’État de Washington, dans le nord-ouest des States, sinon j’aurais dit un truc du genre "Ă€ Wishangton, tombe un avion".

    Bon, bref, je voulais parler d’Un amour d’outremonde de Tommasio Pincio, un roman publiĂ© dans la collection "Lunes d’Encre" de DenoĂ«l, traduit par Éric Vial. Attention, ce bouquin ne sortira que la semaine prochaine en librairie, j’ai eu la faveur de le lire en avant-première (merci Ugo !).

    Homer "Boda" Alienson (le bien nommĂ©) vit sa vie asociale Ă  Aberdeen, un bled paumĂ© de bĂ»cherons, dans l’État de Washington, oĂą il n’arrĂŞte pas de pleuvoir.
    Gamin, Homer collectionne les jouets débiles (lance-soucoupes volantes en plastique et pistolet-laser en fer blanc). Un jour, après avoir visionné un film sur les body-snatchers, il décide d’arrêter de dormir pour ne pas devenir différent (les body-snatchers s’emparant des corps pendant le sommeil).
    Il passe ainsi plus de 18 ans sans dormir, ce qui lui permet entre autre d’obtenir un emploi de gardien de nuit dans la bibliothèque municipale jusqu’au jour oĂą il comprend qu’il est plus simple de gagner sa vie en revendant ses babioles futuristes aux troglodytes coincĂ©s dans la nostalgie.
    Une nuit, il rencontre Kurt, un clochard céleste qui vit sous un pont et qui pêche des poissons dans la rivière empoisonnée. Homer lui parle de son problème d’insomnie et Kurt, qui le comprend, lui donne un sachet "d’arrangement".
    Les années passent, Homer s’arrange de plus en plus, Kurt crée, dans la peinture et la musique et finit par monter un groupe de punk rock qui prend comme nom l’idéal recherché par le bouddhisme.

    Une recherche de l’amour ? Difficile Ă  dire, ces amours prenant l’apparence de Laura Palmer, de l’HĂ©roĂŻne ou de l’extraterrestre Molly.
    Chronique d’une dĂ©chĂ©ance ? Pas vraiment car, quand on part de rien, on peut difficilement aller plus bas.
    Biographie fantasmĂ©e de Kurt Cobain ? Non plus, car, comme il est indiquĂ© en prĂ©face, "dans ce roman, les personnes, les Ă©vĂ©nements et les lieux ne correspondent en aucun cas Ă  des personnes et Ă  des Ă©vĂ©nements du monde rĂ©el. La vĂ©ritĂ© biographique n’existe pas, et mĂŞme si elle existait, nous ne saurions qu’en faire".
    Un livre féroce et drôle.


    Jeudi, le 26 décembre 2002
    Ah, virtuels dĂ©dales !
    Aujourd’hui, c’est la Saint-Étienne, aussi vais-je vous parler d’un auteur stĂ©phanois : Jean-Jacques Girardot.
    Jean-Jacques est un auteur que j’apprécie tout particulièrement, aussi bien pour ses écrits dont les thématiques me parlent vraiment (peut-être parce qu’il est aussi docteur en informatique), que pour ses compétences scientifiques (nos laboratoires ont des projets en commun), que parce qu’il s’agit de quelqu’un de tout simplement attachant.
    Auteur des Pages Françaises de Science-Fiction, vous pouvez voir Jean-Jacques Girardot aux conventions et festivals de science-fiction, en barbe et lunettes, des airs de Pierrot lunaire et de Professeur Tournesol, souvent accompagné par un elfe blond qui n’est autre que son fils.
    En 2001, lors des Utopiales de Nantes, Jean-Jacques a remporté le prix Alain Dorémieux qui récompense un jeune auteur en lui permettant de publier son premier ouvrage.
    C’est ainsi que nous avons eu la chance de voir arriver dans nos librairies son recueil de nouvelles de science-fiction : DĂ©dales virtuels, publiĂ© en 2002 aux Éditions Imaginaires sans frontières.
    Petite prĂ©cision : en près de 300 pages, le livre DĂ©dales virtuels ne retrace pas une histoire de transformation maçonnique.
    Pas compris ?
    OK, je reprends : le livre des dalles virent truelles ne retrace pas une histoire de transformation maçonnique. Oui, Jean-Jacques, comme la plupart des membres de la Gang, est un expert en jeux de mots. Mais bon, j’assume l’entière culpabilitĂ© et paternitĂ© de celui-ci.

    Les Dédales virtuels s’ouvrent par "Voyageurs", une nouvelle initialement parue dans Escales sur l’horizon (anthologie de Serge Lehman publiée en 1999 chez Fleuve Noir). Dans ce texte qui retrace un premier contact avec une entité extraterrestre, Jean-Jacques évoque la vie d’une scientifique à la recherche d’un sens à sa vie, quête douloureuse de l’amour et de la vérité.

    La nouvelle "l’ÉternitĂ©, moins la vie", dĂ©jĂ  parue dans Cyberdreams n°10 (1997), s’inscrit dans la thĂ©matique du "brain-downloading" chère Ă  l’auteur australien Greg Egan. Dans ce texte, la scientifique Helen Palmer cherche Ă  sauver sa fille sous une forme Ă©lectronique. Il s’agit d’une très belle illustration des positionnements juridiques et scientifiques de notre temps Ă  l’éternel « qui suis-je ? Â» mĂ©taphysique quand l’entitĂ© en question est une intelligence artificielle.

    La nouvelle "Sur le seuil", parue dans la revue Galaxies n°4 (1997), est une autre réponse à cette question, lorsque la copie électronique d’un être décédé, à travers ses propres doutes, diverge de l’original.

    "Gris et amer" est une nouvelle inédite en deux parties traitant non plus du "Soi" mais de "l’Autre". Dans la première partie, intitulée "les Visiteurs de l’éclipse", une bande de copains nostalgiques des Beatles mènent un périple en France pour voir la fameuse éclipse totale qui s’est produite à la fin du XXe siècle. À cette occasion, ils découvrent une étrange substance grise et amère, offrande de l’Autre.
    La seconde partie, intitulée "l’Adieu aux étoiles", se déroule quelques années plus tard dans un monde post-cataclysmique. Roger, rescapé de la bande, apprend à accepter ces fameux visiteurs.
    Jean-Jacques Girardot a réalisé une étude approfondie de son texte ici.

    "L’Humain visible" est un texte paru dans l’anthologie de Stéphane Nicot Hyperfuturs en 2000 (hors série de la revue Galaxies). Thomas, un informaticien travaillant sur le projet "Visible Human" découvre que la plate-forme informatique sur laquelle un être humain a été numérisé à des fins de simulation est dotée d’une intelligence artificielle. Une relation ambiguë se noue entre Thomas et l’IA.

    "L’Instant d’éternitĂ©", autre nouvelle inĂ©dite, parle d’un ĂŞtre sensible qui veut sauvegarder pour toujours un instant prĂ©cieux passĂ© avec celle qu’il aime et qui est condamnĂ©e. Mais qui est-il rĂ©ellement ?

    "Simon et Lucie, une romance", nouvelle déjà publiée dans Étoiles vives n°5 (anthologie de Gilles Dumay parue en 1998 chez Bifrost/Eacute;toiles vives) est une histoire d’amour amère sur fond de nanomachines censées rendre le quotidien plus merveilleux.

    La nouvelle "le Mouton sur le penchant de la colline", parue dans Escales 2001 (anthologie de Sylvie Denie parue au Fleuve Noir), est ma nouvelle préférée du recueil.
    Pourquoi ?
    Parce que la première fois que je l’ai lue, dans Escales, j’ai trouvé qu’il s’agissait là d’un très grand texte, un de ceux qui vous marquent et qui font que vous n’oublierez jamais plus l’auteur, un de ces textes trop rares qui vous obligent à faire un break et qui, même si vous êtes un dévoreur de livres, vous empêchent de passer aux suivants, tant les personnages, les situations et les idées sont fortes.
    Dans "le Mouton sur le penchant de la colline", un journaliste et "valideur d’informations" s’intéresse à la neuroprogrammation qu’aurait employée Sadam Hussein entre 2025 et 2030. Cette enquête et d’autres sur le sujet de la neuroprogrammation vont peu à peu impliquer ce personnage de manière bien plus profonde...
    À noter, dans ce texte, le docteur Helen Palmer, de "l’Éternité, moins la vie", fait une brève apparition.

    "Le Jeu de la CrĂ©ation", dernière nouvelle du recueil, est un inĂ©dit traitant d’une sociĂ©tĂ© d’insectes pensants. L’hĂ©roĂŻne, Akeyliah, dirige son petit monde, cherchant Ă  faire le bien de son monde en lui cachant une terrible vĂ©ritĂ©. Jusqu’à quand cette despote y parviendra-t-elle ?

    Les Dédales virtuels, ce sont les labyrinthes de l’esprit quand celui-ci est artificiel ou transformé par des nanomachines.
    Dédales virtuels, c’est l’ouvrage de Jean-Jacques Girardot, un petit bijou littéraire à acquérir et à lire d’urgence par quiconque s’intéresse aux grandes questions humaines portant aussi bien sur l’identité, sur l’estime de soi, sur le sens de la vie ou sur l’autre.
    Dédales virtuels, c’est de la science-fiction intelligente, ambitieuse, sans doute exigeante, mais c’est surtout, derrière le virtuel et l’artifice, l’humain à venir...


    Jeudi, le 5 décembre 2002
    Havvy Topper !
    En rentrant chez moi, hier soir, j’ai croisé plein d’enfants qui sortaient du cinéma. Ils venaient de voir Harry Potter et la chambre des secrets de Chris Columbus (d’après les romans de Joanne Kathleen Rowling).
    J’entendaient nos chères petites têtes blondes (et brunes, et rousses, et châtain, et...) se raconter les uns aux autres les passages qui les avaient le plus marqué. La magie du film, dont s’étaient abreuvés leurs yeux émerveillés, jaillissait de leurs voix, irradiant aux alentours quelques instants de bonheur fugace...
    Décidément, les enfants sont les meilleurs critiques du monde. Lorsque viennent les années, hélas, il est de bon ton de bouder son plaisir en achevant toute œuvre sensible et touchante par une opinion assassine.


    Vendredi, le 22 novembre 2002
    Avignon, Deauville, Paris...
    Vincent Delerm, le fils de Philippe-la-première-gorgée-de-bière, arrive tout doucement dans nos oreilles avec un album qui porte son nom.
    Cet auteur-compositeur-interprète un peu branchouille a bien du talent. Ses textes sont autant de tableaux où le quotidien est croqué avec sensibilité. Il parle d’une vie fantasmée avec une actrice, de la visite d’un zoo où les vies se dévoilent en miroir face à celles des animaux en cage, d’une réunion de famille dans les Hauts-de-Seine, de parents imaginés de l’être aimé, d’un magazine féminin qui lui fait redécouvrir celle qui l’a quitté (en duo avec Irène Jacob), de retrouvailles sur fond de Jeux Olympiques d’hiver, d’un spectacle à Avignon où sa voisine présente plus d’intérêt que le théâtre d’avant-avant-garde, du portrait d’une fille et de ses projets avortés, d’un couple s’ennuyant un peu à Deauville en hiver, d’une aventure amoureuse colorant un quotidien à la fois banal et précieux.
    Un regard tendre et pertinent sur la vie, tout simplement, mais il n’y a rien de plus dur que de raconter ces choses simples qui font la beauté de chaque jour.
    Dommage qu’il n’ait pas beaucoup de voix. Pour ses chansons, cela donne une touche particulière agréable, mais quand il reprend "Le lundi au soleil" en public avec Keren Ann, c’est assez malheureux.
    Lundi dernier, il donnait un concert, à la salle Rameau de Lyon. Et je l’ai manqué...


    Mardi, le 19 novembre 2002
    Avyrel Sifranc (et trois sous...)
    Le Talent assassiné est le dernier roman de Francis Valéry, publié dans la collection "Lune d’Encres" de Denoël (Paris).
    Francis est un auteur de science-fiction, mais pas seulement. Il est aussi critique et essayiste (il a écrit de nombreux bouquins pour les fans des séries télévisées, ainsi qu’un "guide de lecture" SF), auteur pour la jeunesse, éditeur de la revue CyberDreams (hélas disparue aujourd’hui), musicien, bref, un véritable homme-orchestre...
    Ce qui le caractĂ©rise ? Pour avoir un peu discutĂ© avec lui, je dirai : l’identitĂ© d’artiste. Cela agace parfois certains, cette façon d’être et de se dire "je ne suis pas comme tout le monde". Qu’on l’aime ou qu’on le dĂ©teste, mais surtout qu’on ne l’ignore pas. Et Francis ne passe pas inaperçu : c’est un colosse habillĂ© de noir, longs cheveux bruns (avec parfois des ajouts capillaires), ongles souvent vernis de noir, bagues gothiques, parfois du maquillage. Quant Ă  ses propos, il masque une grande sensibilitĂ© par des avis provocants et des prises de position jusqu’au-boutistes.
    Voilà pour le personnage. Quant au Talent assassiné, c’est un roman plus ou moins autobiographique, une somme de réflexions sur l’identité d’auteur et le milieu de l’édition, une enquête policière faisant figure de quête de soi, avec un humour proche du "grand" Desproges.
    Qui plus est, pour ceux qui connaissent un peu le fandom SF, c’est vraiment à mourir de rire car toute ressemblance avec des personnages existants n’est pas que pure coïncidence.
    Un texte décalé, désopilant, délicieux.

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