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Mardi, le 3 janvier 2023
Réflexions en vrac sur l’année 2022
Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur ces dessins que l’on retrouve par exemple des textes et illustration du petit Nicolas faisant une thèse. Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur des textes et illustrations du petit Nicolas passant sa thèse. Indémodable !

Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...
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Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...


Lundi, le 12 juin 2017
Nice, le gâteau 100 fois bon et la Servante écarlate
En ce moment passe The Handmaid’s Tale, une série télévisée diffusée sur la plateforme de VOD Hulu. J’avais eu l’occasion de voir précédemment La Servante écarlate, le film de Volker Schlöndorff sorti en 1990, mais pas de lire le roman de la Canadienne Margaret Atwood dont le film et la série sont inspirés.
L’univers dystopique est plutôt bien rendu. Il faut dire que, dans la réalité, la montée sournoise du populisme dans le monde politique n’est malheureusement plus aussi invraisemblable qu’elle pouvait l’être dans la fiction, en témoigne le passage des présidents Obama à Trump aux États-Unis (cf. la critique de PILOTE, la chronique série).
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de croiser Margaret Atwood. C’était à Nice, lors du colloque « La science-fiction dans l’histoire, l’histoire dans la science-fiction » co-organisé par l’ami Ugo Bellagamba, en 2005. Margaret Atwood était venue y parler de sa vie et des liens avec la science-fiction.
Lors de cette rencontre, j’étais venu y présenter un article que j’avais écrit avec le compère Jean-Jacques Girardot sur « le Steampunk : une machine littéraire à recycler le passé ». Nous avions conclu notre propos ainsi :
Notre article débutait par une liste, se voulant impressionnante, d’ingrédients, dont la seule accumulation laissait présager du pire. Mais le steampunk n’est pas le Gâteau cent fois bon (Jindra Capek, Le Gâteau cent fois bon, Flammarion, Paris, 1986), il se bonifie avec chaque nouveau condiment, mais aussi avec chaque nouvelle façon de l’accommoder, et se décline aujourd’hui en plus d’un parfum (...).
Le Gâteau 100 fois bon
La référence au Gâteau cent fois bon, un livre pour enfants dont la trame se résume à l’idée que si l’on réalise un gâteau pour des amis, il sera 100 fois meilleur si l’on mélange 100 bons ingrédients, avait échappé à la plupart des auteurs et universitaires présents à ce colloque, dont Margaret Atwood. Je me rappelle ainsi qu’au moment du dîner de gala, j’avais dû raconter à l’assemblée cette histoire, et que cela avait fini par un véritable sketch quand mes paroles étaient simultanément traduites en anglais par Daniel Tron pour l’autrice canadienne.
Voilà pourquoi, dans mon esprit tordu, quand je regarde un épisode de The Handmaid’s Tale, même au moment d’une scène particulièrement dramatique, je ne peux m’empêcher de repenser au rire de Margaret Atwood lorsque j’avais donné la recette de ce gâteau concocté par des animaux. En effet, les pâtissiers amateurs de l’histoire, imaginant qu’en mélangeant ce que chacun préférait (l’os du chien, le ver de terre de la poule, l’herbe tendre de la vache, la carotte du lapin...), ils auraient dû obtenir un gâteau merveilleux... Bien entendu, le résultat culinaire avait déçu leurs attentes car leur mixture s’était avérée immangeable.
La morale de cette histoire ? Je ne sais pas. Tout dépend si on l’applique aux domaines de l’humour, de la cuisine, ou à la politique...


Dimanche, le 15 mai 2016
Intergalactiques de Lyon 2016
Cette année, mon passage aux Intergalactiques de Lyon aura été très bref, limité au seul samedi après-midi. J’arrive à l’ENS, amphi Charles Mérieux, on fouille mon sac, je récupère mon bracelet vert d’inscrit à l’accueil : bizarre de venir en ce lieu pour un événement SF alors que je me rends ici de temps à autre pour des rendez-vous professionnels.

Le hall est occupé par les exposants. Je rencontre Olivier Paquet, j’aperçois Jean-Claude Dunyach (sans masque de troll) qui s’en va déjeuner, je viens saluer Markus Leicht, de la librairie Temps-Livres, toujours fidèle au poste, et je vois Jérôme Vincent reprendre sa place au stand des Indés de l’imaginaire armé d’un sandwich... La conférence d’ouverture débute à 13h30, dans 10 minutes, j’entre alors dans l’amphithéâtre et je m’installe dans un des fauteuils, pas trop loin de la scène. Je remarque Sylvie Lainé et Dominique Douay prendre leurs places à quelques rangs devant moi. Trois anglophones viennent s’assurer que c’est bien là qu’aura lieu la conférence et vont s’asseoir à quelques places, à ma gauche. Leurs têtes me disent quelque chose. Je rallume mon téléphone portable pour vérifier la liste des invités : ce sont Peter F. Hamilton, Alastair Reynolds et Paul J. McAuley...
Dans mon sac, j’ai rapporté quelques exemplaires de ma bibliothèque : des ouvrages de Christopher Priest (L’Archipel du rêve, La Machine à explorer l’espace et son Livre d’or en Pocket), mais aussi l’anthologie Destination 3001 dirigée par Robert Silverberg et Jacques Chambon (sortie en 2000 chez Flammarion) avec Priest, mais aussi Paul McAuley. Et ce dernier est là, juste à côté. Comment dit-on « dédicace » en anglais ?
Je regarde la couverture de Destination 3001 dont la typographie était reprise du texte d’ouverture de la saga Star Wars. Pincement au cœur : la liste alphabétique des auteurs commence par Ayerdhal et se termine par Roland C. Wagner, deux personnes dont j’ai lu et aimé les textes, deux très grands de la science-fiction d’expression française qui ont su rester accessibles et avec qui j’avais eu l’occasion d’échanger quelques mots et de déjeuner en compagnie de la Gang, lors d’une édition du festival de la science-fiction de Roanne pour le premier ou d’une convention nationale française de science-fiction dans le sud de la France pour l’autre. Deux auteurs qui m’ont tant apporté, le militantisme et l’engagement écologique dans Demain, une oasis, l’humour et l’imagination débridée dans la conception de l’IA (aya) Gloria dans la série des Futurs Mystères de Paris. Yal et Roland, vous nous manquez tant...


Christopher Priest et Stéphane, le traducteur, entrent sur la scène. Un Julien Pouget — que la Nuit des Séries (sans sommeil) n’a pas laissé au meilleur de sa forme — nous présente Priest et les tables rondes à venir.
Aux premiers mots de Priest débutant sa conférence par l’évocation de ses souvenirs d’enfant en période de guerre, l’incipit du Monde inverti (« J’avais atteint l’âge de mille kilomètres ») me revient en mémoire, des mots qui m’avaient amené à reconsidérer les notions d’espace et de temps. Je crois que c’était Sylvie qui m’avait fait découvrir Priest. Puis, surprise : les souvenirs très précis du vrombissement des avions, du visage angoissé de sa mère ou du lieu exigu sous l’escalier où ils s’étaient protégés n’étaient que des fabrications de son esprit : Priest n’avait pu connaître les bombardements des grandes villes par l’aviation allemande durant la Deuxième guerre mondiale car il n’est né qu’en 1943 et vivait en banlieue de Manchester, au nord-ouest de l’Angleterre, loin du lieu où les bombes étaient tombées, et ces bombardements avaient cessé au printemps 1941. Introduite par cet exemple de faux souvenir, « Reality, Memory and Doubt », la conférence de Priest se poursuit, pleine de réflexions intéressantes sur l’imaginaire, les jeux sur les points de vue. Je comprends mieux comment l’auteur du Prestige a construit son roman et peint avec un tel brio l’histoire de la rivalité entre les deux prestidigitateurs Alfred Borden et Rupert Angier.


Première table ronde : « De l’empire britannique à l’imperium galactique ? »
Intervenants : Peter Hamilton, Alastair Reynolds et Sara Doke ; modérateur : Anudar Bruseis. L’empire galactique est une constante du genre space opera. Des parallèles entre la Grande-Bretagne, du temps où elle était un empire sur lequel ne se couchait jamais le soleil, et un éventuel empire galactique ?
Points de vue et visions optimistes ou pessimistes s’enchaînent.
Sara (dont j’apprécie le travail de traduction des œuvres de Paolo Bacigalupi, un de mes coups de cœur de ces dernières années) sursaute aux maladresses de Stéphane : le cycle « culturel » (sic) de Ian Banks au lieu du cycle de la Culture ou le « guide pour auto-stoppeur de la galaxie » au lieu du Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. Un empire, ou au moins une structure fédératrice de nations, nécessite un partage de valeurs communes... mais comment tenir compte des spécificités des minorités ? Ce questionnement me renvoie aux réflexions qui avaient longtemps trotté dans ma tête à la suite de la lecture de la Notion de génocide nécessaire de Thomas Day, au milieu des années 2000. Question toujours d’actualité, en témoigne la récente victoire de l’Ukrainienne Jamala à l’Eurovision et sa chanson évoquant le drame de la population tatare de Crimée en 1944, et faisant évidemment écho au conflit toujours présent entre l’Ukraine et la Russie...



Deuxième table ronde de l’après-midi sur un sujet apparemment plus léger : « Jamais sans ma serviette, l’humour dans la science-fiction britannique » avec comme intervenants les auteurs Catherine Dufour et Jean-Claude Dunyach ainsi que Nicolas Botti (promoteur de l’œuvre de Douglas Adams en France), et comme modérateur François « Le-Fossoyeur-de-films » Theurel.
Jean-Claude Dunyach cabotine un peu, Catherine Dufour parle des Annales du Disque-monde de Terry Pratchett, Nicolas Botti parle de H2G2, et avec Sylvie Lainé assise à mes côtés, nous échangeons quelques bons mots.
Pour Jean-Claude Dunyach, l’humour anglais est issu d’une élite (les humoristes ayant fait leurs classes dans les universités de Cambridge ou d’Oxford), ce qui fait que les humoristes sont mieux acceptés par la classe dirigeante qu’en France, c’est aussi un humour qui joue sur l’autodérision et qui n’a pas de limite (il illustre ses propos notamment par la série télévisée Black Mirror et son épisode pilote The National Anthem) ; Nicolas Botti évoque aussi un humour plus trash et plus populaire apparu à la suite des années Thatcher ; Catherine Dufour raconte comment les Monty Python et leur Vie de Brian ont forgé sa conscience politique et lui ont fait comprendre l’inanité de certaines formes de militantisme.
L’humour anglais passe-t-il en françaisa ? Nicolas Botti en veut à Jean Bonnefoy d’avoir mis dans ses traductions des jeux de mots graveleux qui n’étaient pas présents dans le texte originel de Douglas Adams, Catherine Dufour au contraire défend l’idée que le travail de traduction est une œuvre de création et cite, en plus de Poe traduit par Baudelaire, l’exemple, chez Pratchett, d’un elfe ressemblant à s’y méprendre à un chanteur rock ’n’ roll bien connu : he looks Elvish (pour « il avait l’air elfique/Elvis ») et qui, en français, avait été traduit par quelque chose comme « il avait l’air presque laid ».
Références de livres, de films et de séries télévisées s’enchaînent et terminent sur la façon dont l’humour britannique a imprégné la culture française...

Je ressors de cette table ronde un peu assommé. L’absurde et l’humour anglais ont quelque chose de désespéré. Il est presque 18h00... Je me sens soudain très seul. Les personnes que je voulais voir sont parties ou occupées. Tant pis, je n’aurais pas de dédicace. Tant pis, je n’aurais pas eu l’occasion de saluer des personnes que je n’ai plus vues depuis des années et avec lesquelles je ne suis plus lié qu’à travers le faible lien des réseaux sociaux virtuels. Morose, je ne me sens plus trop faisant partie de cet univers. Je rallume mon téléphone. Ma femme a essayé de me joindre. Mes enfants s’amusent à l’aire de jeux. Je prends le tramway pour les rejoindre... et retrouver une vie normale.


Mardi, le 12 janvier 2016
C’est une nouvelle année
Tous mes vœux à vous pour cette nouvelle année !
En guise de résolution, après une longue absence occasionnée par le fait de m’occuper de ma petite famille et de mes activités professionnelles, je compte faire aboutir des textes qui ont dormi trop longtemps dans le disque dur de mon ordinateur. Je viens en effet de terminer l’un des romans que l’on m’a offerts pour Noël et dont une citation m’a particulièrement marqué :
« Savez-vous que les histoires sont comme le bon vin, il faut les laisser reposer pendant des années, les laisser décanter avant de les écrire. Mais attention de ne pas attendre trop longtemps sinon le vin passe. Les histoires tournent au vinaigre. Je détiens dans ma cave de vieilles bouteilles d’années exceptionnelles, que je n’ouvrirai malheureusement jamais. », Xavier Durringer, Sfumato, Le Passage, 2015.



Samedi, le 23 mai 2015
Adoptez un Artiste !
Il y a bientĂ´t 13 ans, je crĂ©ais mon weblog (appelĂ© Ă  l’époque « Avis singuliers ») et mon deuxième billet concernait le dernier ouvrage de l’artiste multiforme (auteur, directeur de collection, compositeur, multi-instrumentiste...) Francis ValĂ©ry.
Depuis, Francis a connu des hauts et pas mal de bas, jusqu’à ne presque plus écrire de fiction, et il fallait suivre ses carnets sur le Journal d’un Homme des Bois pour avoir quelques nouvelles de ses activités.
Mais le Cousin Francis se remet Ă  Ă©crire ! Alors, pas d’hĂ©sitation : soutenez son beau projet, il en a vraiment besoin, en allant voir ici et en renvoyant le formulaire lĂ .
Merci Ă  vous !


Lundi, le 19 novembre 2012
L’IA, les robots et moi (créateurs, créatures, et cætera)
Il y a 10 ans, je venais de crĂ©er ce blogue. À cette Ă©poque, je m’apprĂŞtais Ă  soutenir une thèse dans un domaine dĂ©rivĂ© de l’intelligence artificielle et je me posais des questions sur mon avenir. Dix ans plus tard, je suis toujours autant intĂ©ressĂ© par l’intelligence artificielle et mon mĂ©tier d’enseignant et chercheur me permet de faire de jolies rencontres, comme revoir le mois dernier lors d’une confĂ©rence quelqu’un qui avait Ă©tĂ© l’auteur d’un essai fondamental sur l’IA que j’avais lu avec passion dans mes premières annĂ©es d’études universitaires, puis, bien des annĂ©es plus tard, avait Ă©tĂ© un de mes professeurs du temps oĂą j’étais encore un Ă©tudiant parisien, et qui est dĂ©sormais un collègue. Il m’avait alors confiĂ© qu’il devait participer en tant qu’invitĂ© aux dernières Utopiales afin d’intervenir sur une table ronde dĂ©diĂ©e au sujet des morales humaines et lois robotiques dans l’œuvre d’Isaac Asimov...
En mars 2012 s’était dĂ©roulĂ© Ă  Lyon le sommet europĂ©en de robotique « InnoRobo ». Mon intĂ©rĂŞt pour l’intelligence artificielle (l’IA) et la robotique ne date pas d’hier : tout jeune adolescent, j’étais dĂ©jĂ  fascinĂ© par les œuvres de science-fiction Ă©voquant des crĂ©atures artificielles, qu’il s’agĂ®t de grosses machines avec de simples boutons lumineux clignotants – comme le « Colossus » du film le Cerveau d’acier de Joseph Sargent sorti en 1970 (et adaptĂ© du roman Colossus de Dennis Feltham Jones) –, de robots vaguement humanoĂŻdes – comme « Robby » de la Planète interdite de Fred McLeod Wilcox en 1956 –, ou que les machines fussent si semblables aux ĂŞtres humains que seuls des tests très poussĂ©s permettaient de les distinguer de nous – comme les « rĂ©plicants » dans Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982 (adaptĂ© des AndroĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques ? de Philip K. Dick).
J’éprouvais dĂ©jĂ  pour les crĂ©atures artificielles une rĂ©elle fascination, un mĂ©lange curieux d’admiration et de crainte, que je dois Ă  la tradition judĂ©o-chrĂ©tienne et Ă  l’hĂ©ritage culturel grĂ©co-romain qui m’ont façonnĂ©. Or c’est peu dire que la Bible n’est pas tendre avec ceux qui se permettent de rĂ©aliser des crĂ©ations qui nous ressemblent, car cet art est rĂ©servĂ© Ă  Dieu seul : « Dieu crĂ©a l’homme Ă  son image, il le crĂ©a Ă  l’image de Dieu, il crĂ©a l’homme et la femme. » (Genèse 1:26). L’Ancien Testament est bourrĂ© d’interdits sur la rĂ©alisation de crĂ©ations nous ressemblant : « Tu ne te feras point d’image taillĂ©e, ni de reprĂ©sentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre » (Exode 20:4, mais on retrouve des propos similaires aussi en LĂ©vitique 26:1, en DeutĂ©ronome 4:25 ou 5:8, etc.). À ce propos, je devrais aussi m’interroger pour mon attrait pour les arts plastiques, et en particulier pour la sculpture et le modelage de l’argile... Dans la mythologie grecque, le destin est tragique pour l’être lĂ©gendaire qui aurait Ă©tĂ© Ă  l’origine de l’humanitĂ©, Ă  savoir le Titan PromĂ©thĂ©e. Après avoir crĂ©Ă© les hommes Ă  partir d’argile et d’eau, il vole le Feu de l’Olympe (symbolisant la connaissance) aux dieux pour en faire don aux hommes, dĂ©clenchant le courroux des dieux qui l’enchaĂ®nèrent Ă  un rocher oĂą un aigle venait chaque jour lui dĂ©vorer le foie.
De fait, les histoires de créatures intelligentes se terminent mal, en général, et les créateurs qui osent braver l’interdit sont remis à leurs places de simples mortels le plus souvent de manière très cruelle.
Les premières crĂ©atures appelĂ©es « robots », qui sont plutĂ´t des androĂŻdes, sont celles que l’on retrouve dans la pièce de théâtre R.U.R. de l’auteur tchèque Karel Capek... Je pense que ce n’est pas trop dĂ©florer l’histoire que de dire que, Ă  la fin de la pièce, les robots se rĂ©voltent et finissent par anĂ©antir l’humanitĂ©.
Les crĂ©atures artificielles qui ressemblent Ă  l’homme, on en retrouve aussi des traces dans la tradition juive avec le Golem, ce « second Adam » d’argile prenant vie par le pouvoir magique du rabbin le Maharal de Prague. En dĂ©truisant le Golem, le rabbin aurait Ă©tĂ© Ă©crasĂ© par la masse de sa crĂ©ature.
Dans Frankenstein ou le PromĂ©thĂ©e moderne, Ă©crit en 1818 par Mary Shelley, la science reprend la place qu’occupait auparavant la magie, et on sent dans ce texte que l’arrivĂ©e de l’électricitĂ© permettait d’imaginer toute forme de pouvoirs, dont celui de donner vie Ă  une crĂ©ature composĂ©e de parties de corps humains dĂ©cĂ©dĂ©s. LĂ  encore, le rĂ©cit se termine par la mort du crĂ©ateur (qui traquait sa crĂ©ature qui ne faisait que semer la dĂ©solation autour d’elle), et l’horreur inspirĂ©e par cette histoire Ă©tait telle qu’une confusion a fini par s’établir entre la crĂ©ature et le crĂ©ateur, « Frankenstein » dĂ©signant pour la plupart des gens le monstre au lieu du scientifique qui Ă©tait parvenu Ă  crĂ©er une telle abomination.
Au moment oĂą l’homme mettait le pied sur la Lune, Stanley Kubrick sortait son film 2001, l’OdyssĂ©e de l’espace (au scĂ©nario inspirĂ© de nouvelles Ă©crites par Arthur C. Clarke). Le vaisseau spatial Ă©tait assistĂ© par une intelligence artificielle appelĂ©e HAL 9000. Les astronautes, comprenant que l’IA Ă©tait en train de dĂ©railler, avaient dĂ©cidĂ© de la dĂ©sactiver... mais celle-ci, ayant pu lire leurs intensions sur les lèvres, avait essayĂ© de les supprimer.
On peut noter que la seule manifestation de HAL, outre sa voix et son contrĂ´le du vaisseau spatial, est son œil rouge, nĂ©cessairement menaçant, comme l’est celui du robot Terminator quand il est dĂ©barrassĂ© de son enveloppe humaine.
Dans la saga des films Terminator, dont le premier volet avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par James Cameron en 1984, le concept est toujours le mĂŞme – des mĂ©chants robots viennent pour dĂ©truire l’humanitĂ© et il ne reste qu’une poignĂ©e d’humains pour lutter contre les machines – mais l’histoire se complique par des voyages dans le temps pour revenir dans le passĂ© afin de changer l’issue de cette bataille. Suivant les Ă©pisodes, le Terminator venait du futur soit pour tuer le leader de la rĂ©volution, soit pour le protĂ©ger.
Dans les annĂ©es 1970 et 1980, mĂŞme si on rencontrait en Occident des robots moins mĂ©chants (comme « R2D2 » et « C6PO » de la saga la Guerre des Ă©toiles), c’était surtout les influences orientales (oĂą le robot est vu plutĂ´t comme un compagnon que comme une crĂ©ature soumise Ă  un maĂ®tre) qui vinrent changer le regard que nous portions sur les crĂ©atures artificielles, comme Astro le petit robot (Astroboy dans sa version originale japonaise) ou « Nono » de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e d’animation franco-nippone Ulysse 31.
On commençait Ă  faire apparaĂ®tre des robots plus gentils Ă  partir du moment oĂą ces derniers devenaient plus « humains », ou en tout cas quand ils perdaient un peu de leur rationalitĂ© initiale au profit de l’émotion. On trouvait ainsi « Johnny 5 », dans Short Circuit de John Badham, sorti en 1986, qui est un exemple intĂ©ressant de recyclage de la crĂ©ature de Frankenstein. C’est Ă  nouveau l’électricitĂ© qui provoque la vie en changeant un robot militaire et en lui donnant des capacitĂ©s Ă©motionnelles que l’on ne retrouve pas chez les artefacts ordinaires. Le robot est considĂ©rĂ© comme Ă©tant un humain parce qu’il est capable d’avoir de la sensibilitĂ© et de l’humour.
Bien plus tard, il y eu aussi « Andrew », le robot domestique de l’Homme bicentenaire de Chris Columbus, sorti en 1999, et adaptĂ© de la nouvelle Ă©ponyme d’Isaac Asimov. Tout au long des deux siècles oĂą se dĂ©roule cette histoire, le robot Ă©volue, il subit des modifications qui le font paraĂ®tre de plus en plus humain, et ce dernier se bat juridiquement pour chercher Ă  ĂŞtre reconnu comme un ĂŞtre humain Ă  part entière par l’humanitĂ©. Il y parvient au moment oĂą il acquiert enfin une caractĂ©ristique essentielle pour tout ĂŞtre vivant, c’est-Ă -dire la possibilitĂ© de mourir...
C’est d’ailleurs intĂ©ressant de voir que, dans les œuvres de fiction traitant de l’intelligence artificielle, les oppositions de base entre la vie et la mort, le crĂ©ateur et sa crĂ©ature, l’amour et la haine, ou le fait de donner la vie ou de tuer semblent perdre leurs frontières pour se mĂŞler, car on a un peu l’impression qu’une crĂ©ature artificielle ne peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme intelligente que si elle est aussi vivante, et que donc elle a aussi la capacitĂ© Ă  mourir. C’est ainsi que Frankenstein finit par se faire tuer par sa crĂ©ature, ou que Tyrell, le crĂ©ateur des rĂ©plicants de Blade Runner, se fait Ă©craser la tĂŞte après un baiser de la mort donnĂ© par une de ses crĂ©atures qui souhaitait l’obliger Ă  modifier son caractère gĂ©nĂ©tique afin de prolonger sa durĂ©e de vie...
Ces jeux curieux entre la vie et la mort, la crĂ©ature et son crĂ©ateur, le fait de donner la vie et de tuer se retrouvent chez ce mĂŞme rĂ©alisateur qu’est Ridley Scott dans d’autres œuvres cinĂ©matographiques. DĂ©jĂ , dans le premier Alien sorti en 1979, on rencontre, en plus d’une intelligence artificielle assez basique chargĂ©e de piloter le vaisseau spatial et appelĂ©e « Maman », un androĂŻde cachĂ© parmi les humains appelĂ© « Ash ». Sans vouloir interprĂ©ter tout de façon freudienne, il est difficile de manquer dans ce film les jeux multiples sur la reproduction et la sexualitĂ©, avec une certaine obsession pour l’orifice buccal : les ĂŞtres humains sont contaminĂ©s par les aliens qui leur pondent un fœtus de crĂ©ature dans la bouche, les aliens sont pourvus d’une tĂŞte phalloĂŻde ainsi que d’une deuxième bouche rĂ©tractile dans leur bouche, l’androĂŻde Ash cherche Ă  Ă©touffer Ripley en lui introduisant un magazine dans la bouche en une parodie de scène de fellation, les androĂŻdes sont des machines dont les circuits sont alimentĂ©s par un liquide blanc et gluant...
On dirait vraiment que ces idĂ©es hantent le rĂ©alisateur amĂ©ricain car dans Prometheus, son dernier film en date, ces obsessions sur les modes de reproduction et sur l’artificiel sont encore plus criantes : si les machines androĂŻdes sont des crĂ©ations des humains, nous, les ĂŞtres humains, serions les crĂ©ations d’une espèce extra-terrestre appelĂ©e les « IngĂ©nieurs » ; l’origine de la vie sur Terre serait due au sacrifice d’un IngĂ©nieur qui aurait mĂŞlĂ© l’ADN de son organisme Ă  l’eau Ă  travers l’action de nanorobots ; ces mĂŞmes nanorobots seraient capables de contaminer un ĂŞtre humain pour le transformer en crĂ©ature zombiesque parvenant Ă  fĂ©conder une femme stĂ©rile ; un IngĂ©nieur sorti de son hibernation cherchera Ă  dĂ©truire les humains que son espèce est parvenue Ă  crĂ©er... Cette fois-ci, les monstrueuses crĂ©atures, ce sont nous, et nos crĂ©ateurs cherchent Ă  nous dĂ©truire comme avait tentĂ© de le faire le Docteur Frankenstein.
Sans dresser une liste exhaustive des œuvres de fiction (cinĂ©matographiques) oĂą sont prĂ©sentĂ©es des intelligences artificielles et leurs incarnations sous forme de robot (j’aurais pu parler d’I, Robot d’Alex Proyas qui est sorti en 2004 ou d’A.I. de Steven Spielberg qui est sorti en 2001), je crois que l’une des visions les plus rĂ©alistes mais nĂ©anmoins tordues qui soient sur les liens entre la nature et l’artificiel, le modèle et sa copie, se rencontrent dans le du film de science-fiction franco-espagnol Eva rĂ©alisĂ© par Kike MaĂ­llo et sorti en 2011 oĂą se mĂŞlent les sentiments humains d’amour, de jalousie et de haine dans un monde de petits gĂ©nies de l’intelligence artificielle et de la robotique.
Enfin, pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là. Les robots que j’ai croisés au mois de mars de cette année sont plein de potentialités en terme de capteurs et de capacités d’action mais, à mon sens, ils sont encore loin d’être dotés de programmes pouvant leur donner un semblant de comportement intelligent...
Nao
« Nao » d’Aldebaran Robotics

Reeti
« Reeti » de Robopec

RoboThespian
« RoboThespian » de Engineered Arts Limited




Lundi, le 20 aoűt 2012
IA et SF
En ce moment, je suis en train de lire Zendegi de Greg Egan. Le mystérieux et très discret écrivain australien de hard science est aussi l’auteur de quelques articles scientifiques, en particulier dans le domaine de la physique (et plus particulièrement en relativité générale et en cosmologie quantique, comme cet article dont le sens m’a largement échappé).
J’avoue avoir un net penchant pour les œuvres de fiction qui essaient de s’intĂ©resser de très près aux avancĂ©es scientifiques et technologiques et qui cherchent Ă  voir quelles pourraient ĂŞtre leurs implications sur la sociĂ©tĂ©, en poussant ces avancĂ©es Ă  leurs limites, genre dans lequel excelle Egan mĂŞme si cela donne parfois Ă  la lecture de ses textes une certaine âpretĂ©.
Le premier auteur à m’avoir ainsi touché est sans conteste René Barjavel, dont la culture scientifique restait modeste, mais qui avait d’extraordinaires capacités d’imagination et qui s’est fait le spécialiste de la thématique de la fin du monde.
J’ai découvert Barjavel lors de mes années au collège, mais l’auteur qui m’avait le plus marqué à la fin du lycée est Jean-Michel Truong qui, en plus d’être auteur de fictions et d’essais, est aussi un expert en intelligence artificielle. Son roman Reproduction interdite, paru en 1988, m’avait fait une impression durable, d’une part parce qu’il était le premier du genre sur le clonage humain, d’autre part parce qu’il se déroulait en Alsace, lieu natal de l’auteur et où j’ai moi-même vécu mon enfance, mais encore parce qu’on y découvrait de manière finement décrite le système expert (un outil d’intelligence artificielle) utilisé par le personnage principal pour mener son enquête. J’avoue avoir été moins intéressé par son roman le Successeur de pierre, paru en 1999, car l’auteur y poussait loin, et peut-être trop loin à mon goût, ses idées post-humanistes.
La semaine dernière, le 15 aoĂ»t 2012, nous quittait l’auteur Harry Harrison. Connu notamment pour son roman dystopique Soleil vert, paru en 1966, et adaptĂ© au cinĂ©ma par Richard Fleischer en 1973, il avait aussi Ă©crit en collaboration avec Marvin Minsky, un des « pape de l’IA » le roman Le problème de Turing en 1992. Ce roman d’aventures science-fictives avait le don de plonger le lecteur au cœur des mystères de l’intelligence, artificielle ou non, et s’avĂ©rait ĂŞtre un mariage vraiment rĂ©ussi entre la science et la fiction, une rencontre bien trop rare et si prĂ©cieuse...


Vendredi, le 10 aoűt 2012
En souvenir d’un auteur de SFF mutant
Dimanche dernier, Roland C. Wagner nous quittait. Je pensais ne reprendre ce blogue que pour annoncer une naissance, et c’est finalement pour parler d’une disparition que je reviens ici...
Roland est le tout premier auteur de science-fiction que j’aie rencontrĂ©. C’était en 1998, j’étais alors Ă©tudiant dans la capitale, et je dĂ©couvrais la faune curieuse du fandom SF lors d’un Ă©vĂ©nement parisien (le festival Visions du Futur ? les Rencontres du Club PrĂ©sence d’Esprit ?) au cours duquel Laurent Kloetzer (*) se voyait remettre le prix Julia-Verlanger. Une amie m’avait fait venir Ă  cette manifestation et me prĂ©sentait Ă  tout un tas de gens en tant que « Fabrice », un jeune auteur qui devait sortir un roman dans la collection Abysses aux Éditions du Masque, et nous n’imaginions pas que cette collection s’arrĂŞterait peu de temps après sans avoir eu le temps de me publier. DĂ©tail amusant, les personnes rencontrĂ©es me prenaient souvent pour Fabrice Colin (*) car nous avons le mĂŞme âge en plus du mĂŞme prĂ©nom. C’est donc lĂ  que j’ai croisĂ© Laurent Genefort dont j’avais lu les Chasseurs de sève ainsi que Roland C. Wagner dont je n’avais encore rien lu.
En 1999, je quittais Paris pour Lyon. J’ai fait la connaissance d’AndrĂ©-François Ruaud (*) et j’ai Ă©tĂ© adoptĂ© par la Gang. Les annĂ©es du tournant du siècle et du millĂ©naire ont Ă©tĂ© extraordinairement riches en rencontres et en dĂ©couvertes, j’ai connu de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, j’ai beaucoup lu, j’ai Ă©crit des nouvelles, j’ai repris mon roman non publiĂ©, j’ai dĂ©butĂ© ce blogue, j’ai commencĂ© Ă  faire de la cuisine... C’est ainsi que, avec mes amis, je suis allĂ© Ă  quelques conventions de science-fiction, celles de l’Isle-sur-la-Sorgue en 2000, de Saint-Denis en 2001, de Tilff-Esneux en 2002, d’Entraigues-sur-la-Sorgue en 2004, et plus rĂ©cemment celle de Nyons en 2008. Lors de la plupart de ces rendez-vous, j’ai pu rencontrer Roland et Ă©changer avec lui quelques mots. Je me rappelle avoir eu l’occasion de lui parler d’intelligence artificielle, domaine informatique qui est ma spĂ©cialitĂ©, et qu’il appelait « ayas » dans sa sĂ©rie des Futurs Mystères de Paris et qu’il reprĂ©sentait sous l’une des plus formes les plus dĂ©jantĂ©es de la littĂ©rature SF. Lors d’un passage Ă  Lyon avec sa compagne Sylvie Denis en 2003, il avait mĂŞme mangĂ© de mon gâteau Ă  l’ananas et rĂ©cupĂ©rĂ© mon nez de clown fĂ©tiche...
Entre temps, j’avais lu pas mal de ses textes, dont le recueil de nouvelles Musique de l’énergie, les premiers tomes des Futurs Mystères de Paris et plus rĂ©cemment la version hardcover de PoupĂ©e aux yeux morts publiĂ©e par les moutons Ă©lectriques... J’ai toujours passĂ© des moments de lecture agrĂ©able, j’ai souvent beaucoup ri, mais j’étais toujours un peu frustrĂ© de ne pas trouver dans l’œuvre de Roland un sentiment d’intĂ©rĂŞt aussi important que la sympathie que j’éprouvais pour ce bonhomme si attachant. Et cela Ă©tait vrai jusqu’à... la semaine dernière. Le mois dernier, j’ai empruntĂ© Ă  mon beau-frère – grand amateur de SF – le roman uchronique RĂŞves de gloire. J’en avais entendu beaucoup de bien, j’avais entendu Roland parler de son roman Ă  l’émission « Mauvais genres » de France Culture. Bref, j’ai attendu avec impatience que mon emploi du temps me permette de commencer la lecture mĂŞme si le sujet ne semblait pas m’intĂ©resser vraiment a priori (la Guerre d’AlgĂ©rie et de ses consĂ©quences). Et j’ai dĂ©vorĂ© ce pavĂ© de près de 700 pages. À la fin juillet, alors qu’il ne me restait plus qu’une petite moitiĂ© du livre Ă  lire, AndrĂ©-François Ă©tait venu me donner un coup de main pour monter le lit de mon futur bĂ©bĂ©. Tout en bricolant, nous avions Ă©voquĂ© ce roman oĂą Roland mettait vraiment toutes ses tripes, ses passions, ses blessures, tous ses fantasmes... ce qui en faisait un roman dĂ©coiffant pour le lecteur, et expliquait aussi le fait qu’il rafle la plupart des prix littĂ©raires en SFF.
Et dimanche matin, j’avais terminé Rêves de gloire, j’en parlais avec enthousiasme au téléphone à mon beau-frère qui avait éprouvé des difficultés à se plonger dans l’univers uchronique et que les nombreux narrateurs et le contexte algérien trop mal connu de nous avaient un peu rebuté. En raccrochant, j’étais content d’avoir pu le convaincre de reprendre la lecture du roman.
Comment imaginer que, quelques heures plus tard, Roland dĂ©cĂ©derait dans un accident de voiture ?

En 2000, à la convention SF de l’Isle-sur-la-Sorgue



En 2001, Ă  la convention SF de Saint-Denis



En 2002, Ă  la convention SF de Tilff



En 2002, toujours Ă  Tilff, Roland rappelant notre discussion sur les AI/IA (ou ayas)



En 2003, à Lyon, chez Markus Leicht, Roland évoquait mon nez de clown fétiche

Au revoir, Roland.
Merci pour tes textes, merci pour ton humour, ta joie de vivre et les idées que tu nous auras fait partager.
Mes plus sincères condoléances à Sylvie et à ta famille.




Lundi, le 5 septembre 2011
La Planète des singes : évolution et nouvelle génération
Avant d’aller voir le film La Planète des singes : Les Origines, un intelligent prĂ©quel de La Planètes des singes de Pierre Boulle, je vous conseille de revoir les vidĂ©os des adaptations cinĂ©matographiques prĂ©cĂ©dentes de l’auteur français de science-fiction, en particulier la version de 1968 rĂ©alisĂ©e par Franklin J. Schaffner et celle de 2001 rĂ©alisĂ©e par Tim Burton.
Dans la version de 1968, quatre astronautes quittent la Terre en 1972 pour un voyage d’exploration spatiale et arrivent sur une planète inconnue 20 siècles plus tard. Sur cette planète, les ĂŞtres humains sont dĂ©nuĂ©s de parole et de raison et les grands singes (des primates non humains) en sont les maĂ®tres. Sur les quatre voyageurs, un premier (la seule femme de l’équipage) meurt durant le voyage Ă  cause d’un problème dans le système d’hibernation, un deuxième est tuĂ© Ă  l’occasion d’un safari (organisĂ© par des gorilles) et un troisième est lobotomisĂ© par une Ă©quipe de savants chimpanzĂ©s. Le colonel George Taylor, le seul rescapĂ©, guĂ©rit d’une blessure Ă  la gorge qui l’avait rendu temporairement muet, attire l’attention de Zira (une guenon scientifique) qui l’aide Ă  s’échapper, puis dĂ©couvre au milieu de fouilles archĂ©ologiques la preuve que l’humain pouvait parler autrefois sur cette planète (avec une poupĂ©e humaine qui dit : « Maman ! »). Le film se termine lorsque Taylor, fuyant les singes avec une indigène nommĂ©e Nova dans la « zone interdite », dĂ©couvre avec stupeur les restes de la Statue de la LibertĂ©, comprenant ainsi que cette planète est la Terre et que les humains se sont autodĂ©truits avec la bombe atomique...
(En apartĂ©, l’astronaute Taylor aurait pu s’en douter un peu : les singes parlaient le mĂŞme anglais que lui et utilisaient le mĂŞme système d’écriture ! Par contre, ils ne maĂ®trisaient ni l’électricitĂ© ni les machines Ă  vapeur, la seule force motrice Ă©tant issue d’espèces domestiquĂ©es telles que le cheval... ou l’homme.)
Contrairement au roman de Boulle, dans le film de Schaffner, les Ă©vĂ©nements se dĂ©roulent sur une planète qui est la nĂ´tre (mĂŞme si on ne le sait qu’à la fin du film, dĂ©solĂ© de spoiler) après une Ă©volution de deux mille ans. Dans le roman de Boulle, la « planète des singes » est bien diffĂ©rente de la Terre... mais lors du retour sur sa planète d’origine, le seul astronaute terrien rescapĂ© dĂ©couvre que les singes sont aussi parvenus Ă  dominer notre planète.
Dans un cas comme dans l’autre, je m’étais interrogĂ© sur la manière dont cette sorte d’évolution Ă  l’envers aurait Ă©tĂ© possible puisque, en scientifique adepte de la thĂ©orie de l’évolution, j’ai toujours considĂ©rĂ© ceux de mon espèce comme des lointains cousins des grands singes. Dans les films suivants de la saga aux scĂ©narios Ă©crits principalement par Paul Dehn (qui est aussi scĂ©nariste de quelques aventures cinĂ©matographiques de James Bond), que sont le Secret de la planète des singes de Ted Post sorti en 1970, les ÉvadĂ©s de la planète des singes de Don Taylor sorti en 1971, la ConquĂŞte de la planète des singes de J. Lee Thompson sorti en 1972 ou la Bataille de la planète des singes de J. Lee Thompson sorti en 1973 et rescĂ©narisĂ© par Joyce Hooper Corrington et John William Corrington, l’idĂ©e mise en avant est qu’une guerre nuclĂ©aire aurait ravagĂ© la Terre, dĂ©truisant l’essentiel de la population humaine, les survivants Ă©tant soit des humains dĂ©pourvus d’intelligence et de langage et vivant dans la nature, soit des mutants tĂ©lĂ©pathes adorateurs de la bombe automique et vivant terrĂ©s dans les dĂ©combres du mĂ©tro. Une telle explication Ă©tait plausible pour l’époque, on Ă©tait alors en pleine guerre froide et on vivait au sein de l’équilibre de la terreur formĂ© par les blocs de l’Ouest et de l’Est tous deux dĂ©tenteurs de l’arme atomique. NĂ©anmoins cette idĂ©e de cataclysme nuclĂ©aire qui aurait permis, d’une part, de dĂ©truire presque entièrement une espèce (les humains) et permettre Ă  une autre de les supplanter (bon, OK : ça s’est dĂ©jĂ  vu, les mammifères ont dominĂ© la Terre après la disparition des dinosaures), d’autre part, d’apporter des mutations rapides et bĂ©nĂ©fiques majeures Ă  des espèces (les singes pouvant parler, les humains devenant tĂ©lĂ©pathes), et mĂŞme de crĂ©er des failles spatio-temporelles (permettant Ă  trois singes Ă©voluĂ©s du futur de revenir dans le passĂ© — c.-Ă -d. notre prĂ©sent — et ainsi de laisser la possibilitĂ© Ă  CĂ©sar, le fils du couple de chimpanzĂ©s, d’amener les singes domestiques Ă  se rĂ©volter et battre les humains). Mouais, pas très convaincant...
Dans le film de 2001 rĂ©alisĂ© par Tim Burton, avec un scĂ©nario Ă©crit par William Broyles Jr., Lawrence Konner et Mark Rosenthal, la suprĂ©matie des singes sur la planète Ashlar serait liĂ©e Ă  une sorte de « contamination » de cette planète par des singes intelligents et agressifs rescapĂ©s du crash d’une station spatiale terrienne. LĂ  encore, j’avais du mal Ă  accepter une telle justification.
La Planète des singes : Les Origines remet au goĂ»t du jour les idĂ©es science-fictives des versions prĂ©cĂ©dentes. DĂ©jĂ , Rupert Wyatt, le rĂ©alisateur, est un Britannique nĂ© en 1972, c.-Ă -d. pendant la sortie des films de la saga de la Planète des singes. Des idĂ©es telles qu’une destruction globale par une catastrophe nuclĂ©aire militaire, nous n’y croyons plus tellement depuis le dĂ©clin de l’Union soviĂ©tique. Et au niveau des catastrophes nuclĂ©aires civiles, Tchernobyl ou Fukushima ont provoquĂ© des dĂ©veloppements de cancers mais pas de mutations « positives » amenant Ă  des superpouvoirs Ă  la manière des X-Men. Nous ne croyons plus trop non plus Ă  l’exploration spatiale (un vol spatial habitĂ© vers Mars semble dĂ©jĂ  le bout du monde), et encore moins aux voyages dans le temps. Et puis, il y a eu les annĂ©es SIDA, la brebis Dolly, le projet sĂ©quençage de l’ADN humain... Du coup, les idĂ©es en vogue sont plutĂ´t Ă  puiser du cĂ´tĂ© du domaine mĂ©dical et des sciences cognitives, avec des attentes fortes dans les retombĂ©es des travaux menĂ©s en gĂ©nie gĂ©nĂ©tique, en virologie et dans la recherche destinĂ©e Ă  lutter contre les maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives.
Prenez ces ingrĂ©dients, mĂ©langez le tout et secouez bien et vous obtiendrez un cocktail assez cohĂ©rent comme base du film La Planète des singes : Les Origines sorti en salle cet Ă©tĂ© 2011. Le rĂ©sultat est un divertissement vraiment plaisant et assez bien ficelĂ©, les singes sont bien plus rĂ©alistes que ceux obtenus par les acteurs grimĂ©s dans les versions des annĂ©es 1968 Ă  1973, ou mĂŞme que la version de 2001. On se laisse assez facilement emporter par l’histoire, les personnages et les effets spĂ©ciaux, et on s’amusera des clins d’œil multiples aux anciennes versions.


Mardi, le 7 juin 2011
Trois quarts d’heure pour vous faire aimer l’histoire (et plus si...)
Si l’Histoire, la grande ou les petites, vous intĂ©resse, ou au contraire si vous regrettez d’avoir Ă©tĂ© dĂ©goĂ»tĂ© par cette matière qui se rĂ©sumait pour vous Ă  une suite de dates et d’évĂ©nements dĂ©nuĂ©s de sens Ă  apprendre sur les bancs de l’école, je vous conseille l’excellente Ă©mission Au cœur de l’Histoire d’Europe 1 animĂ©e par Franck Ferrand.
Et si, en Ă©coutant le podcast du 15 avril intitulĂ© Il y a un demi-siècle, le Putch d’Alger, vous avez des envies d’uchronies, laissez vous tenter par RĂŞves de Gloire de Roland C. Wagner.


Mardi, le 9 novembre 2010
Occasion peut-être manquée
Dans le film Mange, Prie, Aime réalisé par Ryan Murphy ou dans le livre l’Homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle, le personnage principal, en quête spirituelle et de lui-même, rencontre un vieux sage auprès duquel sa vie reprend son sens. Et dans les deux cas, cela se passe sur l’île de Bali.
C’est un peu frustrant : je me suis rendu l’étĂ© dernier dans ce lieu magique et je n’ai pas eu l’occasion de faire une telle rencontre. J’ai visitĂ© des temples hindous, j’ai vu des paysages superbes de rizières en terrasse, mais je n’ai pas connu le choc Ă©motionnel de ces deux personnages de fiction. Par contre, avant d’arriver sur terre, j’avais passĂ© une semaine en croisière oĂą j’ai fait de la plongĂ©e sous-marine. Sous l’eau, dans un cadre fĂ©Ă©rique, je n’ai pas cherchĂ© Ă  observer le maximum d’espèces marines qu’il soit possible de voir, je me suis contentĂ© d’évoluer, tout simplement, dans cet autre univers, avec l’étrange impression de voler, et je pense qu’il s’agit de la sensation la plus proche de ce que peuvent vivre les astronautes, moi qui ai toujours rĂŞvĂ© de voyager d’une Ă©toile Ă  l’autre.
Après tout, un gourou n’est pas nécessaire pour se sentir en harmonie avec le monde et avec soi-même...


Samedi, le 2 octobre 2010
Rentrée littéraire
Oui, je ne mets plus très souvent ce blog Ă  jour : mon activitĂ© crĂ©atrice du moment se limite Ă  mon boulot de chercheur (dont je ne souhaite pas parler ici), ou alors Ă  la cuisine, d’oĂą l’aspect de blog culinaire que prennent ces notes...
Il n’empĂŞche que je lis quand mĂŞme des œuvres de fiction. J’ai terminĂ© tout dernièrement le premier tome de Bodichiev d’AndrĂ©-François Ruaud. Je n’ai jamais Ă©tĂ© un grand fan des enquĂŞtes policières mais, ici, les affaires du dĂ©tective imaginĂ© par Ruaud se dĂ©roulent dans un monde uchronique, ce qui donne une saveur particulière Ă  l’ouvrage. On apprĂ©cie ainsi autant la dĂ©couverte de cet univers — oĂą, de nos jours, la Russie des tsars s’étendrait sur la majeure partie du monde (de l’archipel britannique Ă  la cĂ´te occidentale de l’AmĂ©rique du Nord) — que des personnages ayant rĂ©alisĂ© tels ou tels mĂ©faits, la manière dont ils ont procĂ©dĂ© ainsi que leurs motivations. Je recommande vivement la lecture de ce recueil de nouvelles, d’autant que les expressions et mots un peu prĂ©cieux qu’emploie Ruaud pour peindre son monde s’accordent Ă  merveille avec le temps de son livre, mĂ©lange d’un prĂ©sent et d’un passĂ© dĂ©calĂ©.
Après Bodichiev, j’ai débuté avec un autre grand bonheur la lecture de La tête en arrière de Violaine Schwartz, comédienne et cantatrice qui narre avec un humour caustique l’histoire d’une chanteuse lyrique, sans travail depuis des mois et des mois, qui... (allez plutôt suivre le lien pour la suite du résumé ou découvrir les premières pages du roman). Ensuite, je vais attaquer Cent Seize Chinois et quelques de Thomas Heams-Ogus. Je crois que je vais aussi beaucoup aimer ce livre. En tout cas, j’ai eu l’occasion de rencontrer ces deux jeunes auteurs jeudi dernier à la Villa Gillet, et ils m’ont donné très envie de lire leurs textes... et aussi de me remettre à l’écriture.
Ah oui, et ce n’est pas ma faute, la carte Wi-Fi de mon ordinateur portable s’est remise à déconner, alors j’ai acheté une petite clé USB-Wi-Fi et je n’ai pas pu m’empêcher de prendre aussi Lunar Park de Bret Easton Ellis. J’avais vu les adaptations cinématographiques d’American Psycho, Les Lois de l’attraction et Zombies et j’ai lu cet été Moins que zéro... alors je me suis dit que ce serait mieux de connaître aussi ce roman d’autofiction avant de commencer Imperial Bedrooms dont j’avais fait l’acquisition sous sa forme anglaise lorsque j’étais au Canada.
Problème, avec tout ça : il va me falloir une nouvelle bibliothèque... Mes rayonnages dĂ©bordent de partout !


Jeudi, le 3 juin 2010
Assises Internationales du Roman 2010
La semaine dernière, Ă  Lyon (aux Subsistances, quai Saint Vincent), se sont dĂ©roulĂ©es les Assises Internationales du Roman. C’est par simple curiositĂ© que l’amateur de littĂ©rature et dĂ©voreur de livres que je suis s’est rendu Ă  cet Ă©vĂ©nement. Grand bien m’en a pris !
La première table ronde Ă  laquelle j’ai assistĂ© avait pour thème « La Bible inspire-t-elle encore les Ă©crivains ? » avec Aharon Appelfeld (IsraĂ«l), Vincent Delecroix (France) et Marilynne Robinson (États-Unis). Un peu dĂ©cevant, cependant, car cette table ronde avait pris du retard sur l’heure (dĂ©jĂ  tardive pour un jour de semaine), aussi y avait-il eu peu de temps pour le dĂ©bat après la lecture des textes des trois auteurs. Pour la plupart des participants, la Bible n’était pas considĂ©rĂ©e comme Ă©tant de la littĂ©rature en tant que telle, mais cet avis n’était pas partagĂ© par Appelfeld qui avait fait une passionnante analyse du passage du sacrifice d’Isaac par Abraham, montrant combien pouvait ĂŞtre fine la description de la psychologie des acteurs de la Genèse (face aux dĂ©cisions incomprĂ©hensibles de Dieu), et ceci avec une Ă©conomie radicale de moyens stylistiques (les adjectifs n’existant pas dans le texte originel). Cette table ronde s’est achevĂ©e par un fort moment d’émotion quand un violoniste a interprĂ©tĂ© quelques airs entre les passages d’un autre texte en hĂ©breu qu’avait lu cet auteur.
« Pourquoi dire je ? » Ă©tait le titre d’une autre table ronde que j’avais suivie, avec les auteurs Sefi Atta (NigĂ©ria), Laurent Mauvignier (France), Julían Ríos (Espagne) et Norman Rush (États-Unis). Ce thème m’avait tout particulièrement intĂ©ressĂ© parce que je travaille actuellement sur un roman Ă©crit Ă  la première personne (mais qui n’a vraiment rien d’autobiographique). Pour les auteurs prĂ©sents, Ă©crire Ă  la première personne du singulier, c’est accepter de ne pas tout savoir, de perdre quelque chose (comparĂ© au narrateur omniscient Ă  la troisième personne), c’est jouer aussi sur l’ambiguĂŻtĂ© du narrateur, mais ça permet de donner une plus grande voix Ă  un personnage, Ă  le rendre plus vivant pour le lecteur. Pour reprendre une analogie avec la peinture, Ă©crire en disant « je », c’est comme l’introduction de la perspective dans les œuvres picturales, ça permet de faire entrer le spectateur dans la scène.
Je me permets de reprendre une citation extraite du texte lu par Norman Rush et qui met le doigt sur la distinction entre la littĂ©rature mainstream et la littĂ©rature de l’imaginaire sur ce « sujet » :
Le nombre des narrations Ă  la première personne de la liste des 100 meilleures œuvres retenues par les lecteurs Ă©tait encore infĂ©rieur [Ă  la liste publiĂ©e par l’Editorial Board of the Modern Library en 1998] : encore ce nombre n’était-il atteint qu’en admettant toutes les variantes possibles de cette forme, plus quantitĂ©s de titres de genre, qui se situaient en dehors de mon champ d’enquĂŞte, par exemple quatre titres de L. Ron Hubbard, cinq de Robert Heinlein, et quatre d’un Ă©crivain nouveau pour moi, Charles de Lint, dont les personnages, d’après Publisher’s Weekly, sont « complexes et astucieux, » et vont « d’avatars inconstants mais puissants Ă  des lutins diaboliques. » Étant donnĂ© le caractère florissant de la narration Ă  la première personne dans les romans de genre contemporains – du genre roman sentimental (Romance) en passant par le roman policier, le roman d’aventure, le fantastique et le roman Ă  Ă©nigme – le faible taux de participation pour les narrateurs Ă  la première personne dans la Liste des Lecteurs est très frappant.



Samedi, le 1er mai 2010
Le prix de la fin du monde
J’ai un petit frère qui vit au Canada, dans la partie anglophone, et j’ai voulu lui envoyer un cadeau il y a quelques jours Ă  l’occasion de son anniversaire. J’ai eu du bol car je m’y suis pris en avance et j’ai ainsi Ă©vitĂ© de pas grand chose de voir mon colis bloquĂ© en raison de l’interruption du trafic aĂ©rien (le volcan en Islande, vous vous rappelez ?) Cependant, mon frère a eu la mauvaise surprise de dĂ©couvrir qu’il devait aux livreurs une quinzaine de dollars de frais de taxe et de douane pour pouvoir rĂ©cupĂ©rer son prĂ©sent, alors que j’avais bien pris Ă  mes frais tout ce qui concernait le transport.
Petite explication : je souhaitais offrir quelque chose reprĂ©sentant de la culture française. Tout d’abord, de la littĂ©rature. J’ai donc pensĂ© Ă  Big Fan, l’excellent roman de Fabrice Colin. Outre le fait que je connaisse un petit peu l’auteur, que j’avais recueilli son tĂ©moignage sur la co-Ă©criture pour un article dans le tome 2 de la revue Fiction et que l’on m’ait pris pour lui Ă  un rendez-vous parisien sur les littĂ©ratures de l’imaginaire il y a une dizaine d’annĂ©es (nous partageons le mĂŞme prĂ©nom et la mĂŞme annĂ©e de naissance), Big Fan est vraiment un bel ovni littĂ©raire, parlant de musique, et plus particulièrement du groupe Radiohead (en plus, mon petit frère reprend Creep et My Iron Lung avec son groupe de rock dans les bars de Toronto) et de la plongĂ©e dans la folie d’un fan ultime. La seconde partie de mon cadeau concernait un autre aspect de la culture de notre beau pays, Ă  savoir la cuisine, et donc je lui ai fait parvenir un kit de cuisine molĂ©culaire (le mĂŞme que je me suis achetĂ© et dont je me suis servi dans la prĂ©paration du plat dont je parle dans mon billet prĂ©cĂ©dent).
De ce fait, un livre sous-titrĂ© « Radiohead, la fin du monde et moi » et un kit de cuisine ressemblant davantage Ă  une boĂ®te du petit chimiste avaient de quoi rendre les douaniers quelque peu mĂ©fiants...


Samedi, le 2 janvier 2010
Meilleurs voeux pour 2010 !
Amie lectrice, ami lecteur, reçois tous mes vœux en cette nouvelle annĂ©e.
Pour moi, l’annĂ©e 2009 s’est achevĂ©e de manière très atypique, avec NoĂ«l que je n’ai pas fĂŞtĂ© en famille, et le 31 dĂ©cembre que je n’ai pas fĂŞtĂ© du tout, pas plus que mon anniversaire, d’ailleurs.
Cependant, l’an 2010 commence bien parce que, après des mois oĂą, dĂ©bordĂ© de boulot, je n’ai pu me plonger dans la lecture de textes de fiction, je viens enfin de poster mon chèque de rĂ©abonnement Ă  la revue Bifrost du BĂ©lial’ et d’acquĂ©rir le dernier recueil de nouvelles d’un de mes maĂ®tres, Ă  savoir OcĂ©anique de Greg Egan. Et c’est un recueil bourrĂ© d’inĂ©dits : je salive dĂ©jĂ  !
Sensation amère pourtant : l’endroit oĂą j’ai achetĂ© le bouquin de l’auteur australien est situĂ© Ă  quelques mètres d’un hypermarchĂ© oĂą, il y a quelques jours, des vigiles voulant jouer les gros bras ont tuĂ© un malheureux marginal...


Dimanche, le 5 juillet 2009
L’ami cause
Ugo Bellagamba, champignon du mĂ©lange entre science-fiction et histoire, et personnage extraordinairement humain que j’ai l’honneur de compter parmi mes amis, parle de son roman uchronique Tancrède dans l’émission « Mauvais Genres » de France Culture. Allez l’écouter, c’est ici (mais disponible seulement pendant une semaine), et courez vite acheter et lire son roman qui vous plongera Ă  l’époque des Croisades, dans un univers Ă©pique de batailles sanglantes, de crises mystiques, d’amour... et d’un chouilla de steampunk.
Ugo et moi l’an dernier à Nyons, durant l’Olicon, la convention de science-fiction spécialement dédiée à René Barjavel



Dimanche, le 14 juin 2009
MicæV, nouvelle version
Qu’on se le dise, la nouvelle version de MicæV — la Machine Ă  Inducteurs et Contraintes pour Atelier d’Écriture Virtuel — vient d’être mise en ligne !
À prĂ©sent, j’ai ajoutĂ© la possibilitĂ© d’écrire un texte avec un incipit, un excipit, ou une phrase en milieu de partie issus d’un ensemble de 200 romans ou nouvelles prĂ©sents dans ma bibliothèque (soit 8 millions de possibilitĂ©s diffĂ©rentes).
Plus d’information dans l’aide.


Samedi, le 30 mai 2009
Article supprimé
(...)


Vendredi, le 8 mai 2009
Pas si méchant
Dure journée que celle d’hier.
Tout d’abord, il me restait Ă  Ă©valuer des dossiers de jeunes candidats. Ah lĂ  lĂ , non ! Par rapport Ă  d’autres dossiers de candidature vus les jours plus tĂ´t, ils n’étaient vraiment pas bons du tout : pas de publications scientifiques de grande valeur, ou des travaux de recherche situĂ©s dans des thèmes trop Ă©loignĂ©s de ceux souhaitĂ©s par le laboratoire d’accueil et qui amenaient Ă  penser que ces jeunes docteurs auraient de grosses difficultĂ©s d’intĂ©gration pour le poste convoitĂ©. Dommage pour eux.
Après avoir traitĂ© ces derniers dossiers, j’ai eu Ă  Ă©valuer un article proposĂ© Ă  une revue scientifique internationale qui m’a choisi pour faire partie de son comitĂ© de rĂ©daction. Ouille ouille ouille, une catastrophe, cet article ! Tout avait l’air brouillon, de la prĂ©sentation au style, pas de respect de la typographie, plein de fautes et, surtout, cette proposition d’article n’avait aucune pertinence scientifique. Je ne suis pas parvenu Ă  trouver quelque chose Ă  sauver dans ce fouillis. Too bad again.
Je suis ressorti un peu amer du laboratoire. Faire avancer la science, c’est aussi séparer le bon grain de l’ivraie.
Pas grand monde dans le tramway. J’ai trouvĂ© une place libre, isolĂ©e, idĂ©ale pour poursuivre ma lecture des critiques de livres dans le dernier Bifrost. Un peu plus tard, le tram s’est retrouvĂ© plein. J’ai cĂ©dĂ© ma place Ă  une vieille dame. Ouais, j’ai fini ma journĂ©e par une bonne action. Je ne suis pas si mĂ©chant, hein ?


Vendredi, le 9 janvier 2009
L comme « livre »
Je suis quelqu’un d’organisĂ©. Si, si. Tous mes livres – qu’ils soient des romans, des recueils de nouvelles, des numĂ©ros de revues ou autres – sont recensĂ©s dans un fichier. Outre les informations classiques que sont les noms et prĂ©noms des auteurs, les titres, les Ă©diteurs et annĂ©es de parution, j’ajoute dans ma base des Ă©lĂ©ments prĂ©sentant quelque utilitĂ©, comme s’il s’agit d’un texte dĂ©dicacĂ©, et surtout si ce livre a Ă©tĂ© prĂŞtĂ©, et si oui, Ă  qui et quand. De la sorte, je ne perds plus mes livres... tout en les prĂŞtant Ă  mes amis avec plaisir, assurĂ© de les retrouver.
Hier soir, j’ajoutais mes trois derniers achats livresques Ă  la liste, et j’étais restĂ© bloquĂ© sur la lettre « L » : la Vie en sourdine de l’excellent David Lodge (Rivages, 2008), et deux petits opus, des recueils dĂ©dicacĂ©s Ă©crits par des amis, Ă  savoir le Passe RĂŞve de Markus Leicht (Le Songe des Murènes, 2008) et Espaces insĂ©cables de Sylvie LainĂ© (Les 3 souhaits, 2008).
Espérons que je puisse un jour ajouter une ligne à la lettre suivante... j’aimerais bien qu’un éditeur soit intéressé par mon propre roman.


Vendredi, le 18 avril 2008
Albert / Leonard
C’est bizarre, mais chaque fois que j’écoute la terrible – mais terriblement belle ! – chanson Everybody knows, je ne peux m’empĂŞcher de penser au roman Belle du Seigneur.
J’ai mis du temps Ă  comprendre la raison de cette curieuse association d’idĂ©es : dans mon esprit, le mĂŞme talent pour peindre la vie d’une noire poĂ©sie produisait une confusion entre les deux non-frères Cohen, Leonard et Albert...


Mercredi, le 23 janvier 2008
Anticipation, anti-, si, passions
Pff...
À la moitiĂ© du film Impostor de Gary Fleder (inspirĂ© de l’œuvre de Philip K. Dick), je me doutais bien – malgrĂ© la chute Ă  rebondissements – de qui Ă©tait le rĂ©el imposteur.
Dans l’improbable Alien vs. Predator de Paul W. S. Anderson, il ne m’a pas fallu plus de 10 minutes pour imaginer quel personnage allait ĂŞtre le survivant.
Et dans la nouvelle PV de Lucas Moreno, au sommaire du numĂ©ro 49 de Bifrost (qui vient juste de paraĂ®tre, un numĂ©ro spĂ©cial Robert Silverberg), dès la quatrième page, au moment oĂą le personnage principal se demande ce que veut dire l’énigmatique inscription « P V », j’avais eu une idĂ©e assez nette de la signification de cet acronyme... et cette hypothèse, dĂ©voilĂ©e 10 pages plus loin, s’est avĂ©rĂ©e ĂŞtre la bonne.
Bref, aucune surprise ! Ou si peu...
Mes connaissances et capacitĂ©s de raisonnement – par dĂ©duction, induction, analogie ou autres – me gâchent de plus en plus le plaisir de la dĂ©couverte et l’émerveillement face Ă  la nouveautĂ©.
Merde alors : je suis en train de perdre le regard d’enfant que je portais sur le monde...


Samedi, le 22 septembre 2007
Les contraintes créatrices
Je suis d’accord avec David et Umberto. (Attention, article long, plus de 1500 mots, mais ça compense le fait que mon dernier billet date du dĂ©but de la semaine...)
J’ai terminĂ© depuis peu Dans les coulisses du roman, le dernier essai de l’excellent Ă©crivain britannique David Lodge. Dans ce livre fort instructif, Lodge commence par raconter l’histoire mouvementĂ©e de l’écriture et de l’accueil par le public de L’auteur ! L’auteur !, sa biographie romancĂ©e d’Henry James (parue en 2005 en France), histoire mouvementĂ©e en effet car, peu avant la sortie de son roman, un autre (a priori très bon) livre Ă©tait malencontreusement paru en Grande-Bretagne traitant du mĂŞme sujet...
Le chapitre de l’essai de Lodge qui m’a cependant le plus interpellé concerne l’histoire de l’écriture du Nom du la rose d’Umberto Eco (roman paru en 1980 en Italie et en 1982 pour la traduction française), livre dont Eco lui-même avait déjà parlé dans son essai Apostille au Nom de la Rose (1983).
À l’origine, Eco voulait placer son histoire dans l’Italie contemporaine, mais il a finalement choisi la fin du Moyen Ă‚ge, a repris des Ă©lĂ©ments classiques du roman policier en situant l’intrigue principale dans un lieu isolĂ© (une abbaye) et, tout en produisant un texte Ă©rudit qui continue de faire le dĂ©lice des intellectuels, a rendu un hommage appuyĂ© Ă  Conan Doyle – dont l’œuvre a connu et connaĂ®t encore un incontestable succès populaire – Ă  travers son hĂ©ros dĂ©tective (qui a d’ailleurs pour nom « Guillaume de Baskerville », comme le fameux chien). Pour Eco, la construction du roman s’est effectuĂ©e Ă  travers l’apparition d’un ensemble de contraintes crĂ©atrices afin de garder toute sa cohĂ©rente, ainsi l’histoire devait-elle se dĂ©rouler au cours du XIVe siècle, dont il Ă©tait peu familier (Eco maĂ®trisait davantage les XIIe et XIIe siècles) puisqu’il fallait que l’esprit philosophique de Roger Bacon et Guillaume d’Occam (dont est animĂ© le hĂ©ros) ait existĂ© au temps du rĂ©cit, ou encore l’abbaye devait-elle ĂŞtre situĂ©e en altitude afin de faire coĂŻncider deux Ă©lĂ©ments temporels, le premier concernant un Ă©vĂ©nement non fictif (ayant eu lieu en novembre 1321), le second un effet du roman (un cadavre retrouvĂ© la tĂŞte enfoncĂ©e dans du sang de cochon – en rĂ©fĂ©rence Ă  l’Apocalypse –), ce qui n’était possible qu’en hiver (en une autre saison, il Ă©tait trop difficile de conserver la viande de cochon avant de pouvoir la prĂ©parer, et les cochons n’étaient ainsi abattus que par temps très froid) ou un peu plus tĂ´t dans les lieux situĂ©s en altitude.
Je reprends les propos de David Lodge dans Dans les coulisses du roman (Rivages, 2007) traduits de l’anglais par Marc Amfreville, Ă  la page 261 :

En d’autres termes, pour raconter une histoire, il faut construire un univers qui a une relation cohĂ©rente et logique avec le monde rĂ©el, le dĂ©fi pour le romancier consiste Ă  explorer et Ă  dĂ©velopper sa ou ses idĂ©es de rĂ©cit Ă  l’intĂ©rieur de ces contraintes. Les relations entre l’univers fictionnel et le monde rĂ©el ne requièrent pas nĂ©cessairement l’imitation rĂ©aliste (l’allĂ©gorie, par exemple, entretient avec le monde rĂ©el une relation logique cohĂ©rente mais sans aucun caractère rĂ©aliste) ; toutefois, pour ce qui concerne Le Nom de la rose, c’est le cas.

Avec mon ami auteur Jean-Jacques Girardot, nous avions rencontrĂ© le mĂŞme type de phĂ©nomène lors de l’écriture de notre nouvelle intitulĂ©e « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... » (parue en 2003 dans l’anthologie PassĂ©s recomposĂ©s, sous la direction d’AndrĂ©-François Ruaud, aux Ă©ditions Nestiveqnen).
Tous deux chercheurs en informatique dans le « civil » et spĂ©cialisĂ©s en hard science-fiction, je n’imaginais pas que ma collaboration avec Jean-Jacques Girardot se jouerait sur le registre du steampunk, cette science-fiction essentiellement situĂ©e Ă  l’ère victorienne ou Ă©douardienne qui prĂ©sente un univers diffĂ©rent du nĂ´tre Ă  travers quelques traits distinctifs, tels l’apparition d’élĂ©ments fantastiques, ou bien Ă  travers l’énergie qui n’est plus associĂ©e Ă  l’arrivĂ©e de la fĂ©e Ă©lectricitĂ© mais Ă  des sources diffĂ©rentes comme une intensification de la force caractĂ©ristique de la rĂ©volution industrielle qu’était la machine Ă  vapeur (d’oĂą vient d’ailleurs le terme steam au lieu du cyber de cyberpunk).
Puisque nous avions l’opportunitĂ© de proposer un texte dans une anthologie uchronique, et donc de travailler sur une histoire Ă  la structure cohĂ©rente mais dĂ©calĂ©e de l’Histoire (vĂ©ritable) par l’apparition d’un Ă©vĂ©nement non rĂ©el (ou la non production d’un fait historique avĂ©rĂ©), Jean-Jacques m’avait fait part de son envie de se laisser guider par des Ă©lĂ©ments inspirĂ©s par ses lectures de jeunesse. Il souhaitait ainsi retrouver dans notre texte la sociĂ©tĂ© de dirigeables ABC dĂ©crite par Rudyard Kipling – le cĂ©lĂ©brissime auteur du Livre de la jungle (1894) – dans ses nouvelles « As Easy as ABC » ou « With the Night Mail », mais aussi dĂ©sirait employer un personnage de fiction inventĂ© par sir Arthur Conan Doyle, Ă  savoir le professeur Challenger (le hĂ©ros du Monde perdu, un peu moins connu il est vrai que Sherlock Holmes).
Tout d’abord, les propositions de Jean-Jacques m’avaient assez dĂ©concertĂ©. N’étant pas de la mĂŞme gĂ©nĂ©ration que lui, je n’avais pas eu ce genre de lectures durant mon enfance, et je me sentais un peu mal Ă  l’aise Ă  manier un univers issu d’un matĂ©riel littĂ©raire que je ne maĂ®trisais pas. J’ai pourtant lu les quelques textes proposĂ©s par Jiji, rafraĂ®chissants comme des bonbons acidulĂ©s, et – de mon cĂ´tĂ© – j’ai fait des recherches sur la pĂ©riode du dĂ©but du XXe siècle pour apporter ma propre pierre Ă  l’édifice que nous construisions, et je suis tombĂ© sous le charme de cette Ă©poque oĂą bouillonnaient de nouvelles visions scientistes du monde. L’image Ă  laquelle tenait Jean-Jacques Ă©tait celle d’un dirigeable s’arrimant Ă  la tour Eiffel. Nous avions donc une contrainte de lieu, Paris, et une contrainte de date, après l’Exposition universelle de Paris de 1889. Des auteurs passionnĂ©s avaient analysĂ©s les textes de Conan Doyle et avaient situĂ© la rencontre du professeur Challenger et du journaliste Malone (au cours du Monde perdu) vers 1905. Il fallait donc que l’histoire ait lieu un peu plus tard, et comme nous pensions que l’Exposition universelle Ă©tait un Ă©vĂ©nement qui aurait bien pu s’accompagner d’une rencontre entre des hommes de sciences de tous les pays, nous avions imaginĂ© une nouvelle exposition Ă  Paris en 1909 (au lieu de celle qui eut lieu Ă  Seattle). Le contexte politique trouble Ă  la veille de la Grande Guerre (au sein des grands pays d’Europe, ou dans leurs colonies) que connaissait l’annĂ©e 1909 Ă©tait intĂ©ressant Ă  plus d’un titre et nous permettait de mettre en avant un certain nombre d’évĂ©nements diffĂ©rents de l’Histoire, ces diffĂ©rents faits Ă©tant des consĂ©quences de la divergence uchronique que nous avions situĂ©e quelques annĂ©es plus tĂ´t. Clin d’œil Ă  Sherlock Holmes, nous avions aussi mis en place un lieu clos oĂą un crime avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© (le meurtre et la disparition de l’équipe lyonnaise du docteur Claudius Regaud dans l’École militaire du Champs de Mars oĂą Ă©taient consignĂ©s tous les savants). Il Ă©tait vraiment très curieux de se rendre compte que plus nous faisions des recherches pour ancrer notre histoire dans le rĂ©el (tout en considĂ©rant les effets possibles de la divergence uchronique que nous nous Ă©tions imposĂ©s), bien que des contraintes se soient mises en place, l’essentiel des informations trouvĂ©es avaient plutĂ´t une vertu crĂ©atrice et nous donnaient plein d’idĂ©es pour rebondir au niveau de l’intrigue. C’était impressionnant : plus nous grattions le passĂ©, plus nous dĂ©couvrions des personnages historiques ou des Ă©vĂ©nements rĂ©els qui ne faisaient que renforcer nos idĂ©es d’un passĂ© alternatif qui aurait pu se produire.
Pour les lecteurs intĂ©ressĂ©s, vous trouverez l’article retraçant de façon plus dĂ©taillĂ©e cette histoire de crĂ©ation littĂ©raire sous forme papier dans « Le steampunk, une machine littĂ©raire Ă  recycler le passĂ© », parue dans La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction, Actes du Colloque, Nice – 10-11-12 mars 2005, dir. D. Terrel, Revue Cycnos, Volume 22, NumĂ©ro 1, p. 55-66, 2005 (en collaboration avec Jean-Jacques Girardot) ou directement sous forme Ă©lectronique ici.
NĂ©anmoins, mĂŞme si Ă©crire est une activitĂ© passionnante (je commence Ă  avoir Ă  prĂ©sent assez de matière pour donner une suite Ă  cette nouvelle, j’attends avec impatience que Jean-Jacques soit un peu plus disponible pour se lancer dans l’aventure), et qu’il est tout aussi plaisant de lire les romans de David Lodge et Umberto Eco que leurs essais, il faut malgrĂ© tout ne pas se leurrer : il y a de moins en moins de lecteurs (en dehors de quelques phĂ©nomènes moutonniers de PotterMania touchant essentiellement le jeune public) et paradoxalement de plus en plus d’auteurs, pas nĂ©cessairement de talent... C’est ainsi que les derniers Ă©diteurs publiant de la littĂ©rature de l’imaginaire ne proposent plus vraiment de science-fiction ambitieuse, je n’ai rĂ©ussi Ă  en trouver aucun capable de miser un kopeck sur quelqu’un qui, comme moi, cherche Ă  faire publier un roman exigeant transcendant les genres de la science-fiction, de l’espionnage et du thriller, un texte qui va de la hard science fiction jusqu’aux interprĂ©tations Ă©sotĂ©riques de la Bible tout en passant par la critique sociale.
Las, cela ne m’empêchera pas d’écrire, même si je ne rencontre mon public que par l’intermédiaire de ce site Web.


Lundi, le 17 septembre 2007
Rencontres ambigrammées (sens dessus dessous)
Samedi soir s’est déroulé le Lyonnacolo, une rencontre science-fictive franco-italienne organisée par les Lyonnes de la SF.
Un peu avant 17 heures, j’arrive Ă  Temps Livres, l’antre de Markus Leicht, oĂą se trouve dĂ©jĂ  Georges Bormand. Un peu plus tard, d’autres gens arrivent : des Français, des Italiens, un Espagnol... Nous collons des Ă©tiquettes (« I speak English » et « Je parle français » dans mon cas) sur nos badges. LĂ , trop la classe : je sors mon propre badge avec mon pseudo « MĂ©reste » sous forme d’ambigramme (celui-ci). Les gens ne peuvent s’empĂŞcher de tourner mon badge Ă  l’envers parce que ça les intrigue...
Notre petite troupe quitte la boutique en laissant Markus, qui a l’air bien fatiguĂ©, et qui ne nous rejoindra pas pour la soirĂ©e, dommage. Il y a aussi d’autres absents : Franco Ricciardiello ne pourra pas venir. Et m... ! J’avais prĂ©vu de lui faire signer deux bouquins amenĂ©s tout exprès, dont PassĂ©s recomposĂ©s oĂą se trouve Ă©galement une de mes nouvelles : il Ă©tait l’un des derniers auteurs de cette anthologie dont je n’avais pas encore la dĂ©dicace...
Nous passons auprès des bouquinistes du quai de la PĂŞcherie, puis traversons la SaĂ´ne, quai Fulchiron, pour aller chez le Père Penard. Mon sac est prĂŞt Ă  exploser... j’ai emportĂ© ma trousse de toilette et un minimum de vĂŞtements (mon petit frère lyonnais a prĂ©vu de m’hĂ©berger pour la nuit). Par consĂ©quent, avec les livres dĂ©jĂ  emportĂ©s, les « nouveaux » bouquins (d’occasion) achetĂ©s, ça n’va pas l’faire...
Un peu plus de 19 heures, nous arrivons au CafĂ© de la Cloche. Nous retrouvons d’autres gens, dont Sylvie LainĂ©, une amie qui faisait – comme moi – partie de la Gang, au dĂ©but des annĂ©es 2000 (ben mince, ça semble super loin, dit comme ça !). Sylvie sera invitĂ©e Ă  la prochaine convention nationale de science-fiction, l’OliCon, dont je suis l’un des organisateurs. Je lui montre l’ambigramme que j’ai fait Ă  partir de son nom :
Sylvie Lainé

Ça a toujours quelque chose d’étonnant...
À propos de l’OliCon qui aura lieu Ă  Nyons en 2008, l’auteur RenĂ© Barjavel (nĂ© dans cette ville) fera partie du programme Ă  travers une table ronde lui Ă©tant consacrĂ©e (et que votre serviteur se devra de modĂ©rer) et oĂą participera, outre Sylvie (ah, tu n’étais pas au courant ?), Pierre Creveuil, l’un des principaux animateurs du barjaweb, le site Web le plus complet sur ce grand monsieur.
Hop, voici l’ambigramme que j’ai fait pour Pierre :
Pierre Creveuil

AppelĂ© par la faim, nous rejoignons une crĂŞperie, et je fais la connaissance de Gilles Massardier, un Ă©ducateur spĂ©cialisĂ© (mais portant aussi bien d’autres casquettes !) qui est l’auteur de quelques petits textes de SF, dont celui-ci. Le personnage est fort intĂ©ressant, et comme c’est un « voisin » saint-chamonais, plutĂ´t que de passer la nuit chez mon frère, il s’est proposĂ© de me raccompagner Ă  Saint-Étienne et nous avons pu poursuivre sur le chemin du retour vers la Loire la discussion que nous avions entamĂ©e au restaurant puis en revenant au cafĂ©.
Voici ce que donne son nom en ambigramme :
Gilles Massardier

En rĂ©sumĂ©, cette soirĂ©e Lyonnacolo s’est passĂ©e de manière assez curieuse, je n’ai pas tellement eu l’occasion de discuter avec les amateurs italiens de science-fiction (je ne me suis pas retrouvĂ© Ă  cĂ´tĂ© de l’un d’eux, Ă  table ou au cafĂ©), mais pas de rĂ©el regret : j’ai retrouvĂ© des anciens amis et fait la connaissance de personnages intĂ©ressants, tel Gilles, mĂŞme s’il Ă©tait bizarre de se rencontrer Ă  Lyon alors que la distance qui sĂ©pare Saint-Étienne de Saint-Chamond n’est que d’une douzaine de kilomètres...


Jeudi, le 26 juillet 2007
Ressources
Achats compulsifs. Hier, une razzia à la Fnac (plein de bouquins de David Lodge et un essai en neuropsychologie). Puis, de retour chez moi, plus d’un dixième de mon salaire mensuel est parti en commande en ligne d’outils et de pierres afin de poursuivre mes activités de sculpture...
Whouf !
Et puis, en soirĂ©e, l’ordinateur s’arrĂŞte, ainsi que toutes les lumières. Panne d’électricitĂ©. Je rĂ©ouvre les volets, allume quelques bougies... plus d’électricitĂ© dans tout l’immeuble. Je vais voir Ă  l’extĂ©rieur... et remarque une note scotchĂ©e sur la porte d’entrĂ©e : en raison des travaux, coupure prĂ©vue entre 20 heures et 23h30.
Je rentre chez moi et essaie de profiter des dernières lueurs du jour pour avancer une nouvelle de Lodge, mais il est très difficile de lire, même à l’aide de plusieurs bougies. Bon, eh bien, je vais au moins dormir longtemps cette nuit... C’était sans compter les lumières qui se sont rallumées vers 22 heures.
Le lendemain matin, une autre surprise : plus d’eau. Ah, l’horreur, maudits travaux ! Impossible de vivre sans pouvoir prendre sa douche, tirer la chasse d’eau, se laver les dents. De l’évian pour faire du thĂ© au petit dĂ©jeuner. Je regarde mon stock de bouteilles d’eau. Est-ce que cela sera suffisant pour faire un semblant de toilette ? L’eau revient vers 10 heures, juste de quoi faire la vaisselle... puis ne coule plus. Une heure Ă  patienter avant que ne parvienne un filet saumâtre... pas très engageant, puis une eau incolore, en gros flot, comme d’ordinaire.
Ces petits moments de privations ont quand mĂŞme le mĂ©rite de nous permettre de relativiser sur l’emploi des ressources, foutus citadins privilĂ©giĂ©s que nous sommes... Sur cette planète, combien de personnes n’ont pas d’accès Ă  l’eau potable, Ă  l’électricitĂ©, Ă  des livres ou d’autres formes de culture ?


Vendredi, le 11 mai 2007
La blaguounette de fin de semaine
Voici une histoire drĂ´le que racontait mon prof de philosophie de l’esprit et qui m’est revenue, comme ça, en lisant Perronik l’idot, roman Ă©crit par l’ami Markus :

Dans un coin perdu de la campagne irlandaise, un brave homme se promène et rencontre une vieille dame courbée sous le poids du bois sec qu’elle ramène de la forêt.

"HolĂ , ma bonne dame", lui dit-il, "voilĂ  qui est bien trop lourd pour vous ! Allez, libĂ©rez-vous votre fardeau, je vais le porter jusqu’à chez vous..."

La mamie le remercie vivement et lui passe son fagot. Le chemin est long et pénible, mais notre brave gars ne se plaint pas malgré la peine. A un moment, il traverse à gué un cours d’eau mais la vieille dame s’arrête devant celui-ci.

"Oh, jeune homme, la planche qui sert de pont a encore Ă©tĂ© emportĂ©e ! Jamais je ne pourrais rejoindre l’autre rive. Si je mets les pieds dans la rivière, le courant va emporter mes sabots et jupons..."

Notre bonhomme, compréhensif, pose le bois au sec, retraverse le gros ruisseau pour rejoindre l’autre rive, maintient la vieille dame sur son dos d’une main et prend les sabots de l’autre, et traverse à nouveau la rivière. Il la dépose ensuite au sol, la grand-mère peut chausser ses sabots, il se charge du bois, et ils poursuivent leur route jusqu’à une chaumière.

A peine arrivĂ©s, voilĂ  que la vieille dame se transforme en fĂ©e !

"Tu es un homme bon", lui dit-elle. "Pour m’avoir aidĂ© Ă  franchir la rivière et pour avoir transportĂ© mon bois, je t’accorde deux voeux. Que dĂ©sires-tu ?"

L’homme réfléchit mais ne sait pas trop quoi répondre.

"Que veux-tu ?" redemande la fĂ©e.

"Euh, j’ai soif..."

Aussitôt, la fée fait apparaître une chope de bière remplie d’une excellente guiness. Notre homme met le breuvage à la bouche, s’apprête à la vider d’un trait comme il en a l’habitude, mais le niveau de celle-ci ne bouge pas...

"Tu as droit Ă  un deuxième voeu", lui rappelle la fĂ©e. "Que dĂ©sires-tu ?"

Notre homme, comprenant que la chope est magique et qu’elle ne se videra jamais de son prĂ©cieux nectar, s’exclame aussitĂ´t : "Oh, mais cette chope est fantastique. J’en veux une deuxième comme ça !"




Mercredi, le 28 mars 2007
Une grenouille et des agents secrets dans une uchronie 60’s
Neurotwistin’ de Laurent Queyssi, voilĂ  un livre qu’il est bien : une grenouille gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©e devient auteur de romans Ă  la OSS 117 ou James Bond 007. Mais cette grenouille, malgrĂ© son succès populaire, n’est vraiment pas heureuse : elle se morfond de ne pas ĂŞtre homme, alors qu’elle a pourtant des sentiments bien humains...
Neurotwistin’ est le premier roman de Laurent "Mars Hotel" Queyssi (dont on retrouve le blog ici, ou qu’on retrouve sur Myspace lĂ ) qui, bien que se trouvant encore en "vrai" papier en librairie ou sur le site de son Ă©diteur, les moutons Ă©lectriques, (ou mĂŞme dans ma propre bibliothèque !) peut maintenant se trouver Ă©galement sous forme de fichier PDF sur le site de l’éditeur ici. On peut aussi Ă©couter le monsieur causer de ses projets d’écriture lĂ . A lire, voir et entendre 


Dimanche, le 25 mars 2007
De l’avantage d’avoir une semaine éprouvante
Semaine très chargée, niveau boulot. Du coup, je me retrouve le samedi sur les rotules... enfin, cela ne reste qu’une expression pour moi, parce qu’après ça, mes genoux sont encore un peu douloureux.
Samedi, après le retour du club de sport et des courses, cela n’a été que du travail pour le boulot... intéressant, certes, mais j’avais plein d’autres choses prévues et non réalisées, telles que la recherche de nouveaux éditeurs pour mon roman, l’impression de mon manuscrit (plus justement "tapuscrit", de par le fait) et le tour des boutiques d’arts plastiques.
Super fatigué après cette journée studieuse, je n’ai fait qu’un tour sur les sites des copains sur MySpace avant de me coucher très tôt, tant pis pour le festival du cinéma hors frontières et la soirée italienne (deux films dont Romanzo criminale, plus un buffet italien, dommage d’avoir loupé ça).
Mais... dimanche matin, après une bonne nuit de sommeil, j’ai une excellente forme, je digère sans problème le changement d’heure, je fais plein de trucs avant de partir en fin de matinée au cinéma voir les fameux 300 de Snyder (d’une remarquable fidélité par rapport à la BD de Miller, mais pas trop par rappory à l’Histoire), puis je me laisse aller à des nouvelles recettes culinaires (j’avais toujours prévu de préparer des sot-l’y-laisse depuis que j’avais vu le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jeunet au ciné, c’est maintenant chose faite).
Allez, encore un peu de boulot, et je me lance enfin dans la veille technologique pour dĂ©nicher l’éditeur de thriller susceptible d’être intĂ©ressĂ© par mon bĂ©bĂ©, et je fais chauffer l’imprimante !


Mardi, le 6 février 2007
Après Fiction SpĂ©cial, le Fiction W !
L’excellente maison d’éditions les moutons électriques vient de sortir un numéro spécial (et promotionnel) de sa revue Fiction.
On le trouve en téléchargement gratuit ici
Y’a bon !


Mardi, le 23 janvier 2007
Anges et vieux démons
Reçu hier, dans ma boîte aux lettres (car je suis abonné, si si...) le dernier numéro en date (le 45) de la revue Bifrost. Et dedans, pages 101 et 102, une critique de l’anthologie les Anges électriques par Thomas Day.
D’ordinaire, ça dĂ©mĂ©nage sec quand cet Ă©crivain joue au critique (surtout quand il endosse le pseudonyme collectif de « Cid Vicious » !) mais, mĂŞme en signant son article sous son nom de plume, cela ne l’empĂŞche pas de tailler dans cette anthologie parfois Ă  la hache, et pas nĂ©cessairement sans raison. Quand on arrive Ă  la nouvelle Ă©crite par votre serviteur, cela donne :
« (...) Seule bonne surprise francophone, Fabrice MĂ©reste, qui frĂ´le l’excellence, avec un texte trop sensuel pour ĂŞtre qualifiĂ© d’eganien, mĂŞme s’il y a un peu de Greg Egan dedans ; dommage que la chute, qui pourrait ĂŞtre facilement considĂ©rĂ©e comme un tract catho anti-avortement, ajoute au texte une morale nausĂ©abonde. »

Euh, que dire ? Bon, il y a du compliment, certes, et on me rapproche inĂ©vitablement de Greg Egan parce que j’écris de la hard science sur la problĂ©matique de la nature de la conscience. Cependant, cette thĂ©matique n’est pas l’exclusivitĂ© de l’auteur australien car, Ă©tant chercheur et ayant une formation en sciences cognitives, il n’y a rien de plus normal Ă  ce que j’aborde aussi le problème de la nature de l’esprit. D’ailleurs, mon ami et compagnon de plume Jean-Jacques Girardot Ă©tait aussi considĂ©rĂ© comme « eganien » dans certains de ses textes.
La fin de la critique de Thomas Day est plus difficile Ă  interprĂ©ter avec son conditionnel ambigu. Me prendre pour un catholique intĂ©griste adepte d’une position anti-avortement est ridicule (il suffit de me connaĂ®tre). Ma nouvelle « des Ailes dans la tĂŞte » aborde cependant la question des cellules souches, un sujet sensible auquel j’ai tentĂ© de donner une rĂ©ponse optimiste : quand des cellules embryonnaires, voire fœtales, ne peuvent donner lieu Ă  la constitution d’un nouvel ĂŞtre en raison des circonstances, au moins peuvent-elles avoir une utilitĂ© pour des individus qui en auraient un besoin vital. À ce titre, cela rejoint l’idĂ©e plus gĂ©nĂ©rale du don d’organe, et on peut dĂ©jĂ  retrouver des Ă©lĂ©ments similaires dans la fin mĂ©taphorique de l’étonnant film quĂ©bĂ©cois JĂ©sus de MontrĂ©al de Denys Arcand (1989).


Dimanche, le 17 décembre 2006
Un de plus
Jeudi matin, grand moment : j’ai postĂ© mon roman Ă  un Ă©diteur. Des heures de travail, des annĂ©es de maturation, des espoirs et des dĂ©ceptions, et voilĂ  enfin mon bĂ©bĂ© envoyĂ© entre les mains du comitĂ© de lecture. Croisons les doigts...
Vendredi, prĂ©paration des gâteaux destinĂ©s au lendemain matin. Plus tard, je me suis retrouvĂ© Ă  Lyon avec l’ami Jean-Jacques Girardot Ă  l’occasion de la soirĂ©e culturelle, littĂ©raire et festive organisĂ©e par Sylvie. Moment vraiment Très sympa. Discussions plaisantes avec les anciens de la (et non « le ») Gang, ainsi que Jean-Marc Ligny, Patrice Duvic (qui m’a donnĂ© des idĂ©es d’éditeurs Ă  qui proposer mon thriller si jamais la maison d’éditions Ă  qui j’ai proposĂ© mon texte le refuse), j’ai fait dĂ©dicacer quelques ouvrages et j’ai eu moi-mĂŞme l’occasion de dĂ©dicacer quelques exemplaires des Anges Ă©lectriques oĂą se trouve ma nouvelle « des Ailes dans la tĂŞte ». Quelques photos sur le blog de Markus Leicht.
Samedi matin, rĂ©veil avec un an de plus. Mauvaise nouvelle en partant faire du sport, chargĂ© de mes gâteaux faits maison et bouteilles de jus de fruits et d’alcool : pas de tram ni de bus en raison de la grève. Eh meeeeeeeerdeeeeeeee... Fort heureusement, je ne suis pas arrivĂ© en retard Ă  mon club de sport, mais ma promenade imprĂ©vue chargĂ©e comme un mulet a remplacĂ© le temps que je comptais passer sur le step. Nous avons bien transpirĂ© et les gâteaux Bagdad et pomme-amande (ce dernier Ă©tant cuit au four Ă  micro-ondes) accompagnĂ©s de clairette de Die et de crĂ©mant d’Alsace nous ont permis de rĂ©cupĂ©rer les calories brĂ»lĂ©es durant l’effort. Arf !
Et puis ce fut la course pour faire tous les magasins, la fromagerie de la PrĂ©fecture, Centre 2 avec un retour chargĂ© de bouteilles, les pains rustiques de Paul, le marchand de primeurs, les gâteaux d’anniversaire commandĂ©s chez Nelson, l’épicier du coin... tout ça en ne pouvant circuler qu’à pied. Gnurf.
Samedi soir, tout Ă©tait Ă  peu près prĂŞt (j’étais en train de finir de prĂ©parer mes toasts) quand est arrivĂ©e la première invitĂ©e, suivie de peu par des Lyonnais (famille et amis) et mon appartement s’est rempli petit Ă  petit. SoirĂ©e vraiment très chouette, j’ai Ă©tĂ© gâtĂ© par tout le monde, et bien entendu j’ai prĂ©vu Ă  boire et Ă  manger avec excès, j’ai de bonnes rĂ©serves de bouteilles (une pseudo-cave avec un Ă©ventail acceptable de rouges, blancs et vins pĂ©tillants, mais pas de rosĂ©, beuh) et mon rĂ©frigĂ©rateur est encore plein Ă  craquer. Le lendemain a Ă©tĂ© un peu violent. Non, pas de gueule de bois, j’ai Ă©tĂ© raisonnable mĂŞme si je n’ai pas dĂ©daignĂ© le très agrĂ©able pinotage sud-africain (moi qui d’ordinaire n’aime pas trop le rouge) et l’excellent gewurztraminer vendanges tardives, il se trouve simplement qu’il y avait beaucoup de vaisselle et encore pas mal de choses Ă  ranger et nettoyer. Mais avec un peu de courage, tout a pu rentrer dans l’ordre et j’ai Ă  prĂ©sent plein de nouvelles choses Ă  lire, voir et entendre avec tous les cadeaux de mes invitĂ©s... Yes !


Vendredi, le 27 octobre 2006
Le monde est parfois mal foutu, et parfois bien quand mĂŞme
La semaine prochaine, je vais aller Ă  Bordeaux dans le cadre de mon mĂ©tier-que-j’aime-bien. Trois jours de pris pour voir un Ă©tudiant pendant 3 heures, normal avec le train qui met 10 heures pour faire le trajet aller (et autant retour), normal que ce soit pendant les vacances car, autrement, comment pouvoir dĂ©gager trois jours d’affilĂ©e ?
Pas de problème, me suis-je dit, je vais pouvoir travailler sur mon roman dans le train, c’est sympa. Et, en plus, je vais pouvoir retrouver à Bordeaux des connaissances.
Mais... et meeeeeeeerdeeeeeee, les copains que j’avais prévu de voir n’y seront pas. Déjà, il y a les Utopiales à Nantes au même moment, donc tant pis pour voir M’sieur Queyssi. Par ailleurs, l’ami Francis Valéry (qui a mis en ligne son weblog et sa boutique) animera un spectacle avec sa copine dans la région stéphanoise (un comble). Donc je serai soli-solo à Bordeaux, dommage.
Ouais, parfois, dans la vie, ça ne l’fait pas.
Autre annonce, le frangin Ugo Bellagamba s’est lancĂ© dans l’organisation de la convention de SF de 2008 qui aura lieu Ă  Nyons (dans la magnifique DrĂ´me provençale). J’y serai, bien sĂ»r (je viens d’envoyer mon bulletin d’inscription Ă  Ugo) et je devrais normalement prĂ©senter quelque chose sur RenĂ© Barjavel et animer une table ronde. Ça sera bien marrant.
Enfin, à partir de demain, le samedi 28 novembre, vous devrez trouver l’anthologie les Anges électriques dirigée par A.-F. Ruaud dans toutes les bonnes librairies, avec dedans un texte-qu’il-est-de-moi-et-qu’il-est-top-bien.
Dans la vie, ça l’fait quand même, après tout...


Vendredi, le 20 octobre 2006
Fugit irreparabile tempus / sic transit gloria mundi
Plus beaucoup de temps entre le boulot (réunions, séminaires, cours et inévitables tâches administratives), le club de sport et la piscine (parce que je le vaux bien), l’atelier d’arts plastiques (avec la création d’une nouvelle pièce s’inspirant de la sculpture dont je parle dans ma dernière nouvelle) et l’écriture de mon roman...
En plus, je serai injoignable ce week-end pour cause de FĂŞte du Livre Ă  Saint-Étienne avec un programme très allĂ©chant. Parmi les rencontres littĂ©raires prĂ©vues, il y en a une qui porte sur « comment fabrique-t-on des best-sellers ? »
VoilĂ  de quoi piquer la curiositĂ© !


Mercredi, le 11 octobre 2006
Je suis... aux anges !

Hier, je suis allĂ© rĂ©cupĂ©rer un colis Ă  la Poste. À l’intĂ©rieur, mes exemplaires d’auteur de l’anthologie dirigĂ©e par A.-F. Ruaud intitulĂ©e les Anges Ă©lectriques, Fiction SpĂ©cial, tome 1, publiĂ©e chez les moutons Ă©lectriques Ă©diteur.
Outre « Des ailes dans la tĂŞte », le très joli (si si !) texte de votre serviteur, vous trouverez des nouvelles de Jean-Pierre Andrevon, Richard Kearns, Jean-Louis Trudel (blog), Kelly Link (site officiel), RenĂ© Beaulieu (blog), Rhys Hughes (blog), Paul Di Filippo (site officiel), Jean-Jacques Girardot, Christian VilĂ , Jamil Nasir, Johan Heliot, Xavier MaumĂ©jean, Fabio Nardini, Sylvie Denis, Roland Fuentès (blog), Andrew Weiner ainsi qu’un article d’AndrĂ©-François Ruaud (blog) et des illustrations de Letizia Goffi et SĂ©bastien Hayez.
Disponible dès maintenant sur le site de l’éditeur et à partir du 27 octobre 2006 en librairie ou ici ou là.


Lundi, le 20 mars 2006
Ma vie est un roman : 5. Autour de la MĂ©diterranĂ©e
Ici, l’incipit place directement le roman dans son contexte. Il s’agit d’un livre que je n’ai pas encore lu mais qui est sur le haut de la pile de ceux que je devrais lire. Pour l’instant, je n’ai pas encore été convaincu par cet auteur classique car la lecture d’un de ses romans, étudié en classe de seconde, m’avait été si fastidieuse que je ne l’avais pas achevé, événement qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Maintenant que j’ai deux fois l’âge que j’avais en seconde, je pense que je serais sans doute un peu plus résistant et que je pourrais à nouveau m’intéresser au sort de cette infortunée mariée à un insignifiant médecin de province.

C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.


Aujourd’hui, de l’antique citĂ©, il ne reste que des ruines, mais un peu d’imagination permet de se donner une idĂ©e de la grandeur d’un peuple qui a failli terrasser Rome. Je suis en ce moment en train de terminer la Dame des abeilles de Thomas Burnett Swann qui se dĂ©roule au temps mythique de la construction de la citĂ©, dans l’alliance des troupes de Didon la phĂ©nicienne (l’actuel Liban) et d’ÉnĂ©e, rescapĂ©e de la destruction de Troie (dans l’actuelle Turquie) par les Grecs après des annĂ©es de siège. Les bords de la mer MĂ©diterranĂ©e ont vu naĂ®tre et mourir des villes, des royaumes, des nations, des religions et des civilisations dont nous sommes hĂ©ritiers. MĂŞme si je n’ai rien de très mĂ©diterranĂ©en, du moins dans mon physique, j’ai toujours Ă©tĂ© fascinĂ© par cette mer, que ce soit depuis le sud de l’Europe, le Proche-Orient ou le Maghreb, mon mode de pensĂ©e est un cartĂ©sianisme latin mĂ©tissĂ©, et mes grandes amours puisent leurs racines en Afrique du Nord ou en Italie...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur ici.


Dimanche, le 5 mars 2006
Ma vie est un roman : 4. DĂ©mĂ©nagement
L’incipit de la semaine n’est pas très caractéristique du roman. Il faut attendre la troisième phrase pour voir apparaître le nom du héros, la quatrième pour supposer qu’il s’agit de science-fiction et la cinquième phrase pour ressentir un certain malaise. Le titre est une date.

C’était une journée d’avril froide et claire.


Je ne sais si la fin de l’hiver sera froide mais je me trouverai à ce moment-là dans mon nouvel appartement. Il est un peu moins clair que le loft que j’occupe encore jusqu’à la fin du mois de mars et il a sans doute un peu moins de charme (mon appartement actuel a un haut plafond, des murs recouverts de chaux vénitienne, du parquet à bâtons rompus et de grandes fenêtres donnant sur une bonne partie du ciel depuis le quatrième étage), pourtant je sens que je vais me plaire dans cet espace plus grand et plus fonctionnel, avec son chouette salon et ses pièces qui deviendront ma chambre, mon bureau-bibliothèque et mon atelier de sculpture. Je vais avoir les clés dans dix jours et j’aurai deux semaines pour déménager...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur ici.


Samedi, le 25 février 2006
Ma vie est un roman : 3. Salut bisamme, ich bin a Elsasser
L’incipit du jour (ou de la semaine) est celui des Particules élémentaires de Michel Houellebecq...

Ce livre est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant la seconde moitié du XXe siècle.

Étant nĂ© au cours des annĂ©es soixante-dix, j’espère quand mĂŞme vivre bien davantage dans le siècle suivant, le XXIe... Je suis nĂ© Ă  Strasbourg, l’une des trois capitales europĂ©ennes. J’ai passĂ© presque toutes mes premières annĂ©es (jusqu’à la moitiĂ© des annĂ©es quatre-vingt dix) en Alsace avant de m’établir en rĂ©gion RhĂ´ne-Alpes. Bien qu’étant nĂ© de parents originaires d’Alsace et ayant un patronyme germanique, je ne connais que des bribes du dialecte alsacien, je n’ai jamais rĂ©ellement eu l’accent rĂ©gional (qui n’est finalement pas pire que l’accent stĂ©phanois, ch’ti ou mĂ©ridional) et je n’apprĂ©cie que très peu le folklore alsacien. Cependant, je reste fidèle Ă  mon tempĂ©rament alsacien par plusieurs caractĂ©ristiques dont l’intĂ©rĂŞt pour les autres cultures (Strasbourg est une accueillante citĂ© carrefour au sein de l’Europe, son nom signifie d’ailleurs « la ville des routes ») et le goĂ»t de la bonne chère (la nourriture y est peut-ĂŞtre un peu trop riche mais succulente et convient bien Ă  la rigueur des hivers alsaciens). Seulement, jusqu’il y a peu, je n’avais pas encore rĂ©ussi Ă  faire un kouglof, cette brioche caractĂ©ristique de ma rĂ©gion natale dont il y a autant de recettes que d’orthographes possibles...
Eh bien, voilĂ  qui est chose arrangĂ©e depuis hier :

Après plusieurs essais malheureux dus Ă  un mĂ©lange imparfait de la pâte, une levure mal utilisĂ©e, ou d’autres petits problèmes de prĂ©paration, j’ai enfin rĂ©ussi Ă  faire mon kouglof. DĂ©licieux au petit dĂ©jeuner, Ă  dĂ©guster nature ou avec cette fameuse pâte Ă  tartiner au chocolat et Ă  la noisette... Il y a de l’Alsace ce matin dans mon chez-moi de Saint-Étienne.


Samedi, le 18 février 2006
Ma vie est un roman : 2. les sĂ©parations
Nouvel incipit pour me raconter, celui de La Nuit des Temps de René Barjavel, un livre qui m’avait boulversé aux premiers moments de mon adolescence...

Ma bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t’ai laissée là-bas au fond du monde, j’ai regagné ma chambre d’homme de la ville avec ses meubles familiers sur lesquels j’ai si souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses livres qui m’ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi mon enfance et où, cette nuit, j’ai cherché en vain le sommeil.

Ce n’est jamais simple de perdre celle que l’on aimait. Lorsqu’une histoire d’amour se meurt, on regarde l’autre avec incompréhension, on se demande pourquoi on l’a aimé, ou on ne parvient pas à comprendre pourquoi l’autre nous aime encore. Parfois, quand on comprend et accepte le malentendu réciproque, on peut se pardonner mutuellement et rester bons amis. La regarder faire sa vie avec quelqu’un d’autre sans jalousie, sans amertume, et se réjouir de son bonheur, c’est possible quand on fait le deuil de la relation passée. C’est rare, mais ça m’est pourtant arrivé alors que j’avais pourtant été très amoureux d’elles. Je suis un grand lecteur, alors je sais tourner la page...


Mardi, le 14 février 2006
Ma vie est un roman : 1. le sommeil
Près de deux semaines sans donner de nouvelles.
Je vais bien mais suis très occupé ces derniers temps.
J’ai trouvĂ© un truc : raconter un bout de ma vie Ă  partir de l’incipit d’une œuvre cĂ©lèbre ou non, d’un roman que j’ai lu, ou pas. Ici, il s’agit d’un incipit archi-connu, je n’ai lu que l’adaptation BD rĂ©alisĂ©e par StĂ©phane Heuet (ouh, la honte ! oui, je sais).

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.



Et c’est d’ailleurs toujours le cas car je suis au meilleur de ma forme le matin. Comme je me rĂ©veille tĂ´t, avant six heures, et plus souvent mĂŞme avant cinq heures du matin, et que j’ai besoin de mes sept heures de sommeil, j’essaie de me coucher avant dix heures du soir (qui a dit « comme les poules » ?).
J’ai l’avantage d’avoir un excellent sommeil, de m’endormir presque aussitĂ´t que je souhaite dormir, et de ne me rĂ©veiller que cinq minutes avant la sonnerie du rĂ©veille-matin. Toutes mes petites amies m’ont toujours enviĂ© cette particularitĂ©... et m’ont reprochĂ© le fait de ne pas ĂŞtre amateur de grasses matinĂ©es. Las, le monde appartient – paraĂ®t-il – Ă  ceux qui se lèvent tĂ´t. Tant pis pour elles.


Mardi, le 13 décembre 2005
La clé laxienne est celle du Paradis
Triste nouvelle.
Robert Sheckley, l’auteur Ă©tats-unien de SF qui savait mettre une bonne dose d’humour dans ses œuvres, vient de nous quitter.
Sheckley, c’est l’auteur de pas mal de romans, de recueils, de nouvelles... C’est lui qui a écrit la nouvelle le Prix du Danger qui a été adaptée en film en 1983 avec Gérard Lanvin, Marie-France Pisier et Michel Piccoli.
Sheckley, c’est un grand monsieur que j’ai rencontré il y a de cela un peu plus d’un an, à la convention SF de l’Îsle-sur-la-Sorgue de 2004.
J’avais eu l’occasion de lui parler de l’écriture en collaboration, un thème qui m’est cher, car il avait publié la trilogie du démon Azzie avec Roger Zelazny, peu avant le décès de ce dernier. Sheckley m’avait confié ne s’être pas réellement prêté au jeu de la coécriture étant donné que, dans cette aventure, l’un s’était simplement occupé de développer un synopsis que l’autre avait pris comme base pour rédiger le texte de A à Z.
Un peu désolé d’apprendre ce demi-échec sur le procédé d’écriture en collaboration, je lui ai alors fait part de mon idée qu’écrire à deux, quand cela fonctionne, produit quelque chose qui n’est le reflet ni de l’un ni de l’autre des auteurs, mais une nouvelle entité unique qui va vivre sa propre histoire, un peu comme un enfant.
Ă€ cet instant, nous nous sommes regardĂ© en souriant, imaginant tous deux que les textes Ă©crits en collaboration auraient pu ĂŞtre l’œuvre d’un auteur virtuel, un individu ayant les traits de chacun des co-auteurs, un ĂŞtre impossible malgrĂ© les prospectives technologiques du clonage et des manipulations gĂ©nĂ©tiques.
« Yes, it’s a child, m’avait alors confirmĂ© Bob avec malice. It’s a magic child... »


Lundi, le 12 décembre 2005
Dont acte
Bonne nouvelle. Les actes du Colloque SF de Nice – qui s’était dĂ©roulĂ© du 10 au 12 mars 2005 – viennent enfin de me parvenir. Ils ont Ă©tĂ© Ă©ditĂ©s dans la revue Cycnos, volume 22, dans les numĂ©ros 1 et 2. Vous trouverez l’article « Le steampunk, une machine littĂ©raire Ă  recycler le passĂ© » que Jean-Jacques Girardot et moi-mĂŞme avons Ă©crit dans le numĂ©ro 1, des pages 55 Ă  66.
En espĂ©rant que vous aurez l’occasion de le lire, que cela vous divertira tout en vous apprenant des choses... En tout cas, Jiji et moi nous sommes bien amusĂ©s en l’écrivant, presque autant que s’il se fĂ»t agi de fiction !



Dimanche, le 11 décembre 2005
Article supprimé
(..)


Mercredi, le 30 novembre 2005
Comme Phil et Arthur
Ouais, comme tout bon Ă©crivain de science-fiction, je suis nĂ© un 16 dĂ©cembre. Et pas les moindres des auteurs : ceux, entre autres, de 2001, l’OdyssĂ©e de l’Espace et de la nouvelle Les androĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques (la base du film Blade Runner).
Meuh non, ce n’est mĂŞme pas pour qu’on pense Ă  me souhaiter mon anniversaire dans deux semaines !
Et puis, tant que j’y suis, bonne fĂŞte papa !


Dimanche, le 16 octobre 2005
Quelques mots en passant...
Ben tiens, ça fait maintenant plus d’une semaine que je n’ai pas mis de nouveau post sur mon weblog. Pourtant, des trucs, il m’en est quand même arrivé un paquet depuis.
DĂ©jĂ , j’étais malade. Ça a commencĂ© en dĂ©but de semaine passĂ©e par une sensation bizarre au niveau de la gorge, puis au crâne. Puis le rhume, la grosse fatigue et la voix qui s’en va. Ouais, j’étais presque aphone, alors je rĂ©servais ma voix pour le boulot, ce qui fait que mes interlocuteurs au tĂ©lĂ©phone avaient l’impression de discuter avec le mime Marceau. Pas terrible. Aujourd’hui, ça va un peu mieux, mĂŞme si je dois toujours encore pas mal tousser.
J’aurais aussi pu parler de la sortie du Tome 2 de la revue Fiction auquel j’ai modestement collaborĂ© par le recueil des tĂ©moignages des sieurs Fabrice Colin, Ugo Bellagamba et Thomas Day, tous trois ayant expĂ©rimentĂ© la coĂ©criture dans leurs parcours d’auteurs.
Je pourrais aussi raconter que cela va faire bientĂ´t trois ans que je tiens un weblog, dĂ©butĂ© sur Blogger, poursuivi sur un site perso installĂ© sur Free et maintenant en place ici. Le problème, c’est que les nouveaux posts s’ajoutent aux anciens sans aucun souci d’archivage et le texte brut finit Ă  prĂ©sent par atteindre le poids de 100 ko (c’est pas bien), sans compter que les anciennes archives n’ont pas Ă©tĂ© rapatriĂ©es. Et il y a aussi toute la section sculpture Ă  reprendre, avec de meilleures photos, l’ajout de mes nouvelles crĂ©ations, etc.
Bon, ben, il y a du travail ! Mais ce ne sera pas pour tout de suite car, maintenant que je retrouve peu Ă  peu la forme et que mon temps n’est pas pris par mon job officiel, je vais poursuivre la rĂ©Ă©criture de mon roman...


Mardi, le 19 juillet 2005
Devoirs de vacances
Bon, mĂŞme si je suis en vacances (enfin, je tĂ©lĂ©travaille un peu – le minimum syndical), est-ce une raison pour dĂ©laisser ce weblog ?
Non, hein ?
Mais, quand on fait de la sculpture presque toute la journée, difficile de se mettre à l’ordinateur, parce que l’argile, ben, ça salit le clavier...
Alors, avant de partir je-ne-sais-pas-quand pour je-ne-sais-pas-oĂą, je termine de modeler une grosse pièce en terre, j’ai imprimĂ© les corrections de mon roman faites par un copain alors qu’il habitait la Californie (mince, cinq ans dĂ©jĂ  que ces corrections ont Ă©tĂ© faites, il m’a fallu tout ce temps pour les digĂ©rer !) avec la ferme intention de retoucher intĂ©gralement mon manuscrit, et j’ai aussi quelques bons bouquins en stock pour me rafraĂ®chir l’esprit (les dernières parutions des moutons Ă©lectriques, L’auteur ! L’auteur ! de David Lodge, et un Amin Maalouf pour la touche d’exotisme)...
J’espère qu’en septembre j’aurais bien avancé les corrections de mon roman, que les pièces en argile sur lesquelles je travaille pourront passer au four et être peintes, et m’attaquer à une nouvelle dont le scénario trotte déjà depuis quelque temps dans ma tête...


Mardi, le 19 avril 2005
Dernières lectures
Voici un Ă©tat de mes dernières lectures depuis que je suis revenu du 5e Colloque International de Science-Fiction de Nice :
  • L’Ère du Dragon de Xavier MaumĂ©jean, Éditions MnĂ©mos, 2003.
    Dans cette suite de La Ligue des Héros où l’arrivée de Peter Pan et du peuple de Nulle Part en plein Londres avait changé la face du monde, Xavier Mauméjean nous décrit un monde alternatif dans lequel rien ne va plus. L’intrigue débute à Pékin en 1900 où les représentants des puissances de l’Occident sont aux abois, menacés par les forces chinoises aidées des créatures de l’Internationale Féerique. Une nouvelle Ligue des Héros est alors formée pour aller à leurs secours...
    Gasp, MaumĂ©mjean est complètement fou ! Ce roman steampunk, qui joue avec brio du mĂ©lange des genres, est incroyable : jamais le lecteur n’a le temps de souffler en lisant cet ovni littĂ©raire Ă  la fois drĂ´le et teintĂ© d’une certaine ironie. L’intrigue est fouillĂ©e, avec plĂ©thore de rĂ©fĂ©rences rĂ©elles et imaginaires, et on sort de cette lecture tout abasourdi. Une grande claque.
  • Jhereg de Steven Brust, Éditions MnĂ©mos, 2005.
    Vlad Taltos est un assassin. C’est un mĂ©tier comme un autre qu’il exerce dans la citĂ© d’Adrilankha oĂą se cĂ´toient diffĂ©rentes races organisĂ©es en Maisons. Mais lĂ , Taltos, cet Oriental de la Maison du Jhereg, a un problème avec son prochain contrat : il s’agit d’un piège qui risque de dĂ©clencher la guerre entre la Maison du Dragon et celle du Jhereg...
    Univers Ă©tonnant que celui de Brust, une fantasy avec ses monstres, sa magie, sa sorcellerie, ses complots, ses combats Ă  l’épĂ©e... et un peu de science-fiction quand mĂŞme, avec un empire galactique, des pouvoirs psi, des manipulations gĂ©nĂ©tiques... Vraiment rafraĂ®chissant. [Eh merde, AndrĂ©, pourquoi tu m’as passĂ© ce livre ? Si ça continue, par ta faute, je vais finir par aimer la fantasy !]
  • Fiction, tome 1, Moutons Électriques Ă©diteur, printemps 2005.
    • « Jusqu’à la pleine lune » de Sean McMullen. Carlos, un jeune linguiste espagnol est appelĂ© par son oncle pour participer Ă  une enquĂŞte criminelle. En fait, de crime, il s’agit de la dĂ©couverte d’une jeune femme qui semble tout droit Ă©chappĂ©e de l’âge des cavernes. Carlos tente alors de communiquer avec elle pour comprendre ce qui lui est arrivĂ©...
      Ouah ! La première nouvelle de Fiction commence fort ! Des idĂ©es fortes vraiment bien traitĂ©es par cet auteur australien, un très grand moment de lecture.
    • « # Critical Mass in the Quantum Cathedral 1.1. », « 3.1. En plusieurs soirs d’étĂ© » et « 4.0. Kat Onoma » de Jim Dedieu.
      Euh ?... Pour les amateurs de short-short stories saugrenues.
    • « Sous terre » de Roland Fuentès. Deux hommes. Une poule. Une taupe. Des plants de tomate. Peut-ĂŞtre les seuls rescapĂ©s de l’univers.
      Humour noir.
    • « DĂ©dales » d’Alex Nikolavitch.
      Visite caverneuse et mortelle. D’ennui.
    • « CrĂ©ation » de Jeffrey Ford. Une fantasy forestière contant la crĂ©ation d’un bonhomme de bois.
      Joli.
    • « Solitude » d’Ursula K. Le Guin. La vie d’une petite fille dans une sociĂ©tĂ© primitive et post-cataclysmique envoyĂ©e par sa mère ethnologue pour collecter des informations, les adultes ne se parlant pas dans cette culture.
      Une belle petite histoire de science-fiction ethnologique.
    • « L’anniversaire du monde » d’Ursula K. Le Guin. La vie d’une petite fille destinĂ©e Ă  devenir une dĂ©esse Ă  sa majoritĂ©.
      Ursula Le Guin, toujours dans le mĂŞme registre.
    • « Le bretteur qui n’était pas mort » d’Ellen Kushner. Dans une citĂ©, les bretteurs vivent en provoquant des duels. Le champion Richard acceptera-t-il d’enseigner son art Ă  une jeune recrue ?
      Une histoire sympathique de cape et d’épée.
    • « Voyage au centre de l’univers » de Juan-Miguel Aguilera. Quand le jeune Pierre Theilhard de Chardin rencontre Jules Vernes...
      Une curieuse rĂŞverie.
    • « Charge utile » de Jean-Jacques RĂ©gnier. Dans cette suite d’« Ernest et les cas mĂ©taphysiques » (nouvelle parue dans le numĂ©ro 131 de Yellow Submarine), Raymond, le convoyeur de l’espace, et son intelligence artificielle Ernest sont Ă  nouveau confrontĂ© Ă  un problème : les passagers qui devaient bien tranquillement voyager en Ă©tat d’hibernation se rĂ©veillent les uns après les autres. L’espace vital du petit vaisseau est de plus en plus menacĂ©...
      Charmante histoire, un brin longuette mais pleine d’humour et de verve.
    • « Échos » de Marie-Pierre Najman. Dans les alentours de Lyon, des drĂ´les de clochards se rendent Ă  la soupe populaire. Le problème, après la bouffe, c’est de se limer les cornes...
      Une curiosité. Des faunes dans notre quotidien. Ou bien...
    • « Presque chez soi » de Terry Bisson. Trois copains trouvent que les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments qui entourent le stade abandonnĂ© du village ressemblent Ă  un aĂ©roplane. Et si, justement, il pouvait voler ?
      Une histoire étrange, un très beau conte fantastique.
    Pari gagnĂ© avec ce premier tome de la nouvelle anthologie pĂ©riodique de Fantasy & Science Fiction. En plus de ces nouvelles chocs, des articles originaux, des dossiers intĂ©ressants, une ligne Ă©ditoriale soignĂ©e. Encore !
  • Bifrost, numĂ©ro 38, Éditions du BĂ©lial’, avril 2005.
    • « Spatterjay » de Neal Asher. Sur une Ă®le Ă  la nature des plus hostiles, une Ă©quipe d’humains et de mutants mène une expĂ©dition. Mais qui peut rester encore humain au contact d’une telle nature ?
      Une très chouette nouvelle.
    • « Perdre son temps » de Philippe Curval. GĂ©rard aime Ludmilla. Mais il n’est plus tout jeune. Alors il va voir le professeur Lindström qui lui propose un traitement rĂ©volutionnaire pour le faire rajeunir.
      DĂ©lirant.
    • « La VĂ©ritable toute première affaire » de Johan HĂ©liot. Passepartout accompagnait Phileas Fogg dans son tour du monde de 80 jours parce qu’il Ă©tait un agent secret. Et le voyage de Fogg n’était pas qu’un pari fou, il Ă©tait aussi le moyen de retrouver certains de ses « frères » afin de rĂ©aliser une sinistre mission...
      Johan Heliot reviste avec bonheur certaines références littéraires dans un bel univers steampunk.
    • « Boucherie modèle » de AndrĂ© Ruellan. Comme son nom l’indique.
      Une short-short story qui donne faim si on est carnivore et pas très sensible.
    • « Le Fil de l’épĂ©e de bois » de Victor Conde. Le Patriarche fait des rĂŞves. Il a peur de n’être plus qu’une machine de guerre destinĂ©e Ă  anĂ©antir les exths.
      Une lente et sombre plongée dans l’irréalité.
  • Les Trois Crapules du Klahgann d’Alexis Nevil, Éditions Eons, 2005.
    Des barbares édentés à la peau bleue cherchent à s’emparer de la Source d’Abondance que gardent des moines. Mais voilà qu’un golem arrive pour défendre la Source.
    Alexis Nevil, dans son premier roman, dĂ©crit un univers peuplĂ© des personnages qui ont marquĂ© son imagination. On retrouve du Conan dans les barbares, des Ă©lĂ©ments de science-fiction, et bien sĂ»r des rĂ©fĂ©rences japonisantes, ce qui donne un curieux mĂ©lange pas vraiment dĂ©sagrĂ©able. [Au fait, Niouk, ce sont qui, finalement, les trois crapules ? Moi, j’en compte quatre, pas une de moins : Languelame, Od-Go, Rha-Ghensh et GhrĂ´en].
    Le court roman de Nevil est suivi d’une nouvelle (une amusante short-short) de Markus Leicht intitulĂ©e « le Gnok ».
  • Sunk de David Calvo & Fabrice Colin, Moutons Électriques Ă©diteur, 2005.
    L’île de Sunk coule. Ou c’est l’eau qui monte. Arnaud et son frère Sébastien, sur demande du Maire du Village, vont monter une expédition pour aller voir ce qui se passe dans les hauteurs avant que tout ne soit noyé et dévoré par les requins.
    Colin et Calvo s’y sont mis à deux pour nous peindre un univers de folie, un roman inclassable écrit avec une verve rabelaisienne, avec des références de fantasy, des Champigolos, des Orques, de la pizza, du Picon bière, des canards. Et beaucoup d’eau.
    Drôle. Délirant. Suprenant. Et, bien sûr, sombre...



Mardi, le 22 mars 2005
Soli solo
Je viens de recevoir aujourd’hui le contrat des moutons Ă©lectriques pour la publication de ma nouvelle « Des ailes dans la tĂŞte » dans l’anthologie les Anges Ă©lectriques. Une nouvelle Ă©trange, curieusement hard science pour une antho dont le titre fait croire Ă  un recueil de nouvelles de fantasy, et ceci sera le premier texte que je publie professionnellement seul, tout seul, comme un grand. C’est assez paradoxal, parce que pour un prochain numĂ©ro de Fiction – la cĂ©lèbre revue F & SF de langue française qui vient de faire son retour –, je dois terminer un article sur l’écriture en collaboration. L’écriture Ă  plusieurs, ça me connaĂ®t, outre un texte de fiction Ă©crit avec Jean-Jacques Girardot, en tant que scientifique, j’ai publiĂ© presque tous mes articles avec des « pairs », directeur et co-directeur de thèse ou autres collègues chercheurs. Mais bon, voilĂ  : « Des ailes dans la tĂŞte » est le premier texte publiĂ© sous mon seul nom de plume, un texte qui traite de l’identitĂ©, du processus de crĂ©ation, de la sculpture, des neurosciences... et des anges.
En plus de cet article et d’autres textes à avancer, je dois aussi faire évoluer ce site. J’y ai ajouté des expositions virtuelles de mes sculptures (mais il faut que je corrige certaines instructions javascript qui ne fonctionnent pas correctement avec des navigateurs sous Linux), et je dois aussi reprendre l’ensemble de mes archives, des posts publiés sur mes weblogs depuis octobre ou novembre 2002, ça commence à faire beaucoup...


Lundi, le 17 janvier 2005
Rancard publicitaire
Après les moutons Ă©lectriques, signalons les Éditions de l’Homme Montagne de Yama Otoko.
Au catalogue de cet Ă©diteur bordelais (car derrière la montagne se cache l’homme Francis ValĂ©ry) : un ensemble de textes de qualitĂ© sur des supports imprimĂ©s et façonnĂ©s artisanalement.
Jugez plutĂ´t avec cet extrait des titres dĂ©jĂ  parus :
  • A & A, le « Magazine des Survivants » qui, rĂ©apparu aux Utopiales 2004 au numĂ©ro 138, en est Ă  prĂ©sent au numĂ©ro 141 pour sa 29ème annĂ©e de publication (abonnement : 20 €)
  • Collectif — MĂ©langes 01 (20 €), MĂ©langes 02 (15 €), MĂ©langes 03 (15 €)
  • Louis Maillard — Fruits et LĂ©gumes conservĂ©s (7,50 €)
  • Francis ValĂ©ry — Fariboles animalières (5 €), le Livre du CĂ©leri (4 €), Vingt manières de cuisiner le CĂ©leri (4 €)
  • Robert Abernathy — l’IntĂ©grale (30 €)
  • Syllabaire : MĂ©thode Nouvelle de Lecture et Écriture (7,50 €)
Souscriptions :
  • Taxi de l’Espace, Volume 1 (10 €)
  • Collectif — MĂ©langes 04 (15 €)
  • Pour les commandes, les chèques sont Ă  Ă©tablir Ă  l’ordre de Francis P. Valeri-Dostert et Ă  adresser aux Éditions de l’Homme Montagne, c/o Francis P. Valeri-Dostert, 3 Le Canton, 33620 CUBNEZAIS.

    Et c’est sur cette publicitĂ© pour Francis ValĂ©ry, « Ă©crivain-Ă©diteur-musicien-cuisinier-jardinier-consultant en Feng Shui » passionnant et passionnĂ©, que ces avis singuliers vont se refermer quelque temps pour cause de travaux. Il Ă©tait plus que temps, la page devenait impossible Ă  charger pour des petits modems avec tous ces textes et images en page d’accueil.
    Retour prochainement ailleurs, sur un site plus grand, plus beau... et surtout plus moi. Fini le layout bleu clair, vestige d’une première version issue de Blogger, adieu les limitations du site gratuitement hébergé chez Free, je vous accueillerai bientôt dans un nouveau domaine...


    Dimanche, le 2 janvier 2005
    Let’s talk about sex!
    En ce moment, je lis Sexomorphoses d’Ayerdhal (que le monsieur m’avait dĂ©dicacĂ© lors de sa venue Ă  SaintĂ©, en octobre dernier, Ă  la FĂŞte du Livre). Un peu compliquĂ©, surtout quand on n’a pas lu le premier tome (l’Histrion) : space opĂ©ra avec stratĂ©gies impĂ©riales galactiques, pouvoirs psy... et un hĂ©ros/hĂ©roĂŻne qui, Ă  travers des mutations, passe d’un genre Ă  l’autre. Et c’est pas mal...
    Je viens de terminer d’écrire une nouvelle et ce serait vraiment gĂ©nial de la voir publier, pour bien dĂ©buter l’annĂ©e. Je suis content des thèmes qui y sont abordĂ©s, de l’histoire, des personnages... Et surtout, j’ai tout particulièrement soignĂ© une scène d’amour qui y est dĂ©crite (car nous Ă©tions vraiment très, voire trop, soft dans « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », la nouvelle Ă©crite avec Jean-Jacques Girardot).
    Entendue hier soir, mais que l’on trouve encore sur le site de Mauvais Genres (l’émission de France Culture qu’elle est bien), une heure consacrĂ©e au sexe bizarre. À Ă©couter sans attendre... parce que, Ă  partir de samedi prochain, le 8 janvier, ce sera trop tard !
    Au hasard des clics, je suis tombĂ© sur un quizz sympa : Sex Quiz for Dummies. Bon, c’est en anglais, mais c’est rigolo et instructif. En plus, le rĂ©alisateur du quizz, un prof (qui doit ĂŞtre un sacrĂ© original, apparemment), donne des explications Ă  chacune des rĂ©ponses, avec rĂ©fĂ©rences Ă  la clĂ©.
    Et puis, que faisiez-vous au moment de passage de la nouvelle annĂ©e ? Pour ma part, avec mes amies, nous Ă©tions surpris en pleine partie de Love Trivia...

    Voilà une année qui s’annonce donc sous d’agréables auspices érotiques.

    [Certes, je ne suis pas insensible aux horreurs qui touchent le monde en ce moment. Mais mĂŞme sans ĂŞtre licenciĂ© en psychologie, vous n’êtes pas sans savoir que Thanatos s’accompagne de l’autre pulsion : Éros...]


    Dimanche, le 11 juillet 2004
    Les copains
    Ça y est, j’ai reçu dans ma boĂ®te aux lettres le nouveau Bifrost, la « revue des mondes imaginaires ». Dans ce numĂ©ro, le 35ème, un spĂ©cial « aventures spatiales ».
    Au menu, des nouvelles de Thomas Day, James Patrick Kelly et Michael Swanwick, ainsi qu’un long article de Robert Silverberg sur la profession d’auteur de science-fiction.
    Mais aussi...
    Mais aussi un entretien de l’ami Jean-Jacques Girardot...
    Mais encore, dans l’édito, l’annonce de la crĂ©ation d’une nouvelle maison d’édition, spĂ©cialisĂ©e dans le domaine des littĂ©ratures de l’imaginaire et dont le directeur littĂ©raire n’est autre que le « Capitaine » AndrĂ©-François Ruaud. Cette maison d’édition, appelĂ©e les moutons Ă©lectriques Ă©diteur et dont la premier titre paraĂ®tra Ă  la rentrĂ©e 2004, nous promet du bon et du beau (nous n’en doutons point, avec A.-F. Ruaud Ă  la barre, l’esthĂ©tique et l’intelligence des textes seront au rendez-vous).
    Longue vie aux moutons Ă©lectriques !


    Jeudi, le 27 mai 2004
    Petites annonces
    Ami lecteur, vous avez des droits.
    Enfin, vous avez au moins la possibilité de manifester votre goût pour un texte francophone de science-fiction paru l’année passée et de le mener jusqu’aux pré-sélections du prix Rosny-Aîné.
    Ça ce passe ici et c’est auprès de Joseph Altairac qu’il faut s’adresser en indiquant au moins deux titres de romans et autant de nouvelles parmi les listes indiquĂ©es.
    Bien entendu, je pourrais parler de l’excellente nouvelle "Quand s’envoleront ma vie et ma conscience..." de Jean-Jacques Girardot et d’un certain Fabrice MĂ©reste, parue dans l’anthologie PassĂ©s recomposĂ©s de Nestiveqnen, mais bon, je dis ça, je dis rien, car il y a aussi d’autres textes très bons dans cette anthologie, comme "La stratĂ©gie Alexandre" (suite de "l’Apopis RĂ©publicain") du compère Ugo Bellagamba (et père tout court depuis quelques jours d’une petite Margot, l’heureux homme !). L’ami Ugo a aussi quelques autres textes remarquables Ă  son actif en 2003 dans son recueil la CitĂ© du Soleil paru au BĂ©lial’, en particulier la nouvelle Ă©ponyme. Parmi les textes courts que j’ai aussi lus et bien aimĂ©s en 2003, il y a Ă©galement "Si ThĂ©baldus rĂŞve..." de Sylvie Denis, dans son recueil Jardins virtuels paru chez Gallimard. Il faut encore compter avec des nouvelles d’auteurs divers publiĂ©es dans la revue Bifrost.
    En ce qui concerne les romans, il faut noter l’audacieux Double corps du roi de Thomas Day et Ugo Bellagamba (chez Mnémos) ou le troublant Eternity Express de Jean-Michel Truong (chez Albin Michel).
    Bref, pensez Ă  voter !
    Deuxième petite annonce : AndrĂ©-François Ruaud a Ă©tĂ© interviewĂ© par ActuSF oĂą il nous annonce la crĂ©ation d’une maison d’édition appelĂ©e les moutons Ă©lectriques, Ă©diteur et dont le premier titre doit paraĂ®tre Ă  la rentrĂ©e 2004. Une affaire Ă  suivre...


    Dimanche, le 12 octobre 2003
    Avis spĂ©cial : tribute to J.-J.
    Pendant des annĂ©es, Ă  ceci depuis le milieu des annĂ©es soixante-dix, Jean-Jacques Girardot plaçait ses nouvelles dans tous les supports de publication disponibles : fanzines, revues, recueils...
    Mais cet auteur restait trop rare et n’avait pas encore publiĂ© son recueil de textes. Cette chance allait lui ĂŞtre donnĂ©e en 2001 lorsque les membres du jury du prix Alain-DorĂ©mieux, rĂ©uni aux Utopiales de Nantes, firent de Jean-Jacques Girardot leur laurĂ©at. En effet, le prix Alain-DorĂ©mieux a pour objectif d’aider un « jeune » auteur en lui permettant d’éditer son premier recueil de nouvelles (ou son premier roman).
    C’est ainsi que Jean-Jacques put sortir, l’annĂ©e suivante, ses DĂ©dales virtuels (Éditions Imaginaires Sans Frontières).
    Le jury du prix Alain-DorĂ©mieux ne s’était pas trompĂ© : l’annĂ©e suivante, au cours de la convention nationale de science-fiction organisĂ©e Ă  FlĂ©malle (en Belgique), une nouvelle inĂ©dite extraite de ce recueil et intitulĂ©e « les Visiteurs de l’éclipse – Gris et amer (1/2) » obtint le prix Rosny ainĂ© (ex æquo avec une nouvelle de Sylvie LainĂ©, prix Alain-DorĂ©mieux 2002 !), saluĂ© ainsi par les lecteurs de science-fiction.
    Et enfin, tout récemment, Jean-Jacques s’est vu décerner le Grand Prix de l’Imaginaire pour son recueil, récompensé ainsi par un jury composé pour sa plus grande partie de professionnels du milieu tels que des auteurs et des directeurs de collection.
    Par ailleurs, en plus de ses qualités d’auteur, Jean-Jacques est un homme d’une énorme gentillesse, quelqu’un d’attachant, de cultivé et d’un peu fou, quelqu’un avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire une nouvelle, mais aussi quelqu’un de sensible que j’ai stupidement blessé, grosse nouille que je suis, parce qu’un jour, après une semaine stressante, j’étais sur les nerfs...
    VoilĂ , petit hommage Ă  Jean-Jacques Girardot, parce qu’il le vaut bien !


    Mardi, le 16 septembre 2003
    Avis publicitaire : PassĂ©s recomposĂ©s, anthologie uchronique dirigĂ©e par AndrĂ©-François Ruaud
    Samedi matin, je suis allĂ© Ă  la Poste chercher une lettre qui, d’après mon facteur, ne rentrait pas dans la boĂ®te. Effectivement, je venais de recevoir des Éditions Nestiveqnen les exemplaires d’auteur de mon premier texte de fiction publiĂ©.
    Émotions...
    Les uchronies, ainsi que les prĂ©sente l’anthologiste AndrĂ©-François Ruaud, ces sont ces « histoires alternatives », des utopies temporelles. Treize auteurs se sont intĂ©ressĂ©s Ă  ce qu’aurait pu ĂŞtre l’Histoire Ă  partir d’un point de divergence, un Ă©vĂ©nement qui ne s’est pas rĂ©alisĂ© mais qui aurait pu l’être.
    Et si, et si...
    • et si, en l’an 500 de notre ère, l’Égypte des Pharaons avait pu maintenir sa puissance en faisant alliance avec les autres peuples de la MĂ©diterranĂ©e contre Rome ? (« Tels le Jonc et l’Abeille », P.J.G. Mergey) ;
    • et si, en 1618, dans une contrĂ©e perdue d’Autriche, un paysan avait recueilli un ĂŞtre Ă©trange, venu d’on ne sait oĂą, et ayant la curieuse propriĂ©tĂ© de transpirer un gaz hilarant, pour le prĂ©senter Ă  son prince ? (« Quelques Ă©pluchures de politique », Roland Fuentès) ;
    • et si, en 1748, les grands savants, artistes et aventuriers d’Europe s’étaient rĂ©unis Ă  la cour du roi FrĂ©dĂ©ric II pour mettre leurs talents en commun afin de tenter de crĂ©er le nouvel Adam ? (« La VĂ©nus anatomique », Xavier MaumĂ©jean) ;
    • et si, en 1793, les Anglais avaient fait alliance avec des crĂ©atures surnaturelles pour Ă©touffer la jeune RĂ©publique française ? (« Comment Gaby dĂ©livra La Caroline avec l’aide du Triton Garglogote », Marie-Pierre Najman) ;
    • et si, en 1796, le jeune gĂ©nĂ©ral Bonaparte s’était entourĂ© de nouvelles machines de guerre lors de ses conquĂŞtes transalpines ? (« La Rose blanche de Bonaparte », Franco Ricciardiello, traduit par Éric Vial) ;
    • et si, en 1909, une sociĂ©tĂ© de dirigeables, qui avait su gagner sa puissance grâce Ă  une nouvelle source Ă©nergĂ©tique, s’intĂ©ressait de trop près aux travaux prĂ©sentĂ©s Ă  Paris par les plus grands savants du monde entier ? (« Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », Jean-Jacques Girardot & Fabrice MĂ©reste) ;
    • et si, en 1914, Pierre Curie, rescapĂ© d’un accident qui aurait dĂ» le tuer, avait conçu, avec l’aide d’autres savants, une arme formidable pour alerter l’opinion internationale de la catastrophe que serait une guerre mondiale ? (« Pour l’exemple », Jean-Baptiste Capdeboscq) ;
    • et si, en 1920, la France avait pu disposer d’une Ă©nergie de pile Ă  hydrogène et que la Grande Guerre avait dĂ©butĂ© avec quelques annĂ©es de retard ? (« Der des ders », Jean-Jacques RĂ©gnier) ;
    • et si, en 1940, au Mexique, le savoir des Aztèques et les connaissances naissantes en biologie molĂ©culaire avaient pu tenter de ramener Ă  la vie LĂ©on Trotski victime d’un attentat ? (« Le MausolĂ©e de chair », Jonas Lenn) ;
    • et si, en 1968, le monde Ă©tait devenu le terrain d’une guerre entre humains et loups-garous Ă  la suite de la dispersion d’un virus mutagène par l’armĂ©e nazie quelques 23 ans plus tĂ´t ? (« Lupina satanica », RaphaĂ«l Colson) ;
    • et si, en 1993, une grenouille bioamĂ©liorĂ©e pouvait Ă©crire des romans populaires, parler et penser comme un ĂŞtre humain ? (« Neurotwistin’ », Laurent Queyssi) ;
    • et si, en 2121, au large d’Uranus, les armĂ©es rĂ©publicaines de la Terre et des Colonies ÉmancipĂ©es, hĂ©ritières de ceux qui firent tomber l’Empire que Bonaparte avait sĂ» maintenir pendant plus de deux siècles après sa conquĂŞte de la terre des Pyramides, devaient livrer bataille Ă  la puissante flotte des Ramessides, ces extraterrestres qui furent considĂ©rĂ©s par des dieux sous l’Égypte des Pharaons ? (« La StratĂ©gie Alexandre », Ugo Bellagamba).
    En plus, la couverture de Formosa est très jolie :
    Alors, qu’attendez-vous pour courir l’acheter ?!
    PassĂ©s recomposĂ©s, anthologie uchronique dirigĂ©e par AndrĂ©-François Ruaud, collection Science Fantasy, Nestiveqnen Éditions, septembre 2003, ISBN : 2-910899-80-2, 17,70 euros (prix conseillĂ©).


    Mardi, le 12 aoűt 2003
    Ah, vie au calme, de vendredi Ă  lundi...
    Week-end en Ardèche avec mon ami stéphanois Jean-Jacques Girardot. Nous avons travaillé sur une nouvelle steampunk qui sera la suite de celle à paraître à la mi-septembre dans l’anthologie Passés recomposés des éditions Nestiveqnen.
    En fait, Ă©crire une histoire d’uchronie (ou encore : « qu’aurait Ă©tĂ© le passĂ© si quelques Ă©vĂ©nements s’étaient produits diffĂ©remment ? ») demande Ă©normĂ©ment de travail de recherche. Et lĂ , Jean-Jacques a fait très fort puisqu’il avait tĂ©lĂ©chargĂ© quelques sites intĂ©ressants les jours prĂ©cĂ©dents et mis tout ça sur une grosse machine.
    Arrivés dans ce petit coin perdu à la fraîcheur agréable (Lyon était une ville étouffante, ces jours-ci), nous avons pu mettre nos ordinateurs en réseau et travailler sur notre petit web local, après que Jean-Jacques a installé un outil de recherche adapté pour tirer au mieux parti des données recueillies.
    Au final, nous n’avons pas fait beaucoup de balades dans la forêt (ils ne sont pas très sportifs, mes copains), pas encore écrit une ligne du texte mais l’histoire prend forme petit à petit, l’univers s’enrichit, la gestation est longue mais nous promet un beau bébé...
    Donc un week-end vraiment agréable où nous avons fêté l’anniversaire de Jean-Jacques, ce qui m’a donné l’occasion de préparer à nouveau une charlotte aux poires (recette décrite en post du 27/07/2003).
    Bon, tout ça m’a un peu fait oublier mes problèmes divers Ă  Lyon (l’appartement Ă  faire visiter, les plombiers, le copain en hĂ´pital psychiatrique), au boulot (les travaux de recherche Ă  terminer avec mon Ă©quipe de Lyon, les nouveaux cours Ă  prĂ©parer Ă  Saint-Étienne), Ă  Saint-Étienne (le parquet Ă  refaire dans mon nouvel appartement, le dĂ©mĂ©nagement)... auxquels se sont rajoutĂ©s dernièrement des problèmes de santĂ© (je ne pense pas que ce soit grave, mais un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste n’a su me dire de quel mal curieux je souffrais, aussi m’a-t-il dirigĂ© vers un spĂ©cialiste que je dois voir cet après-midi).
    Enfin, rien de bien mĂ©chant, tout se gère petit Ă  petit, et je pense que tous ces petits soucis seront rĂ©glĂ©s Ă  la fin du mois, date Ă  laquelle je m’installerai pour de bon dans mon chez-moi, Ă  Saint-Étienne...


    Dimanche, le 13 avril 2003
    AvisĂ©s, les conseils de Bifrost !
    Chouette ! J’ai trouvĂ© vendredi dans ma boĂ®te aux lettres le dernier numĂ©ro de la revue Bifrost des Éditions du BĂ©lial’.
    Et ce numéro 30, avec ses nouvelles, critiques, interviews et infos, je l’ai dévoré, comme d’hab’...
    Première nouvelle, celle de Catherine Dufour : Je ne suis pas une lĂ©gende. Ces quatorze pages, clin d’œil au roman de Richard Matheson, nous racontent l’histoire de Malo, un antihĂ©ros qui fait tout son possible pour rester humain dans un univers oĂą ceux de son espèce sont devenus des vampires. Ne vous fiez pas Ă  la quatrième de couverture dont est tirĂ© un extrait de ce texte, la nouvelle est pleine d’humour noir et de cynisme, la provocation gratuite n’est pas aussi frĂ©quente.
    Un autre texte rafraĂ®chissant : FaĂ«rie Boots de Johan Heliot. En une dizaine de pages, l’auteur de La lune seule le sait nous emmène sur les traces d’une rock star en revisitant la magie d’un conte de Perrault.
    L’Arbre aux lucioles de Jack Williamson, est un tout petit texte (4 pages) de fantastique champĂŞtre dans un bled paumĂ© des États-Unis. Bof.
    Le GoĂ»t du sang de Michel Pagel est une très belle histoire Ă  chute. En 8 pages, un voyageur interstellaire immortel raconte Ă  son ami combien peut s’avĂ©rer problĂ©matique le fait d’avoir trouvĂ© l’amour en la personne d’une ravissante Andalouse.
    Enfin, Le Canot de Richard Paul Russo dĂ©crit en 12 pages la lente agonie d’un Ă©quipage d’une capsule de survie perdue dans un non-secteur du non-univers...
    Pour la partie critique, il y a bien sĂ»r les coups de cœur... mais aussi les coups de gueule, en particulier ceux du fĂ©roce Cid Vicious qui s’en prend aux (trop) jeunes auteurs de fantasy et de space opera que des maisons d’éditions laissent publier des cycles sans fin, sans style et sans histoire... À noter, la critique en demi-teinte d’Un Amour d’outremonde de Tommasion Pincio par le marsien Laurent Queyssi. J’en avais parlĂ© dans mes archives, trouvant au contraire ce livre plutĂ´t pas mal...
    Les interviews : Catherine Dufour, auteur aux textes dĂ©jantĂ©s (outre la nouvelle prĂ©sente dans ce numĂ©ro de Bifrost, elle poursuit un cycle intitulĂ© Quand les dieux buvaient avec les titres Blanche-Neige et les lance-missiles, L’ivresse des provideurs et Merlin, l’ange chanteur qui ne semblent pas piquĂ©s des hannetons). Interview aussi de Fabrice Colin, qui, outre quelques titres intĂ©ressants, Ă  le bon goĂ»t de s’appeler Fabrice et d’être nĂ© en 1972...
    Et encore, tout plein de critiques de romans, recueils et BD, d’infos et d’études (allant du phénomènre Perry Rhodan à la chute des météorites en passant par la science-fiction des années 1930), etc.
    Idéal pour se changer les idées et précieux avant de se ruer sur les nouveautés S.-F. en librairie.


    Dimanche, le 16 février 2003
    Avirtuel sur la vie réelle
    [Message personnel Ă  la personne qui se connecte assez rĂ©gulièrement depuis Stanford.edu... Allez, Nono, reviens sur la liste de diffusion de la Gang ! C’est frustrant de te voir disparaĂ®tre (joli paradoxe) Ă  chaque fois que la discussion devient intĂ©ressante. Fin du message perso.]
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "avenir". Je suis officiellement qualifiĂ© aux fonctions de maĂ®tre de confĂ©rences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir s’accrocher dans la course aux postes...
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "recherche". J’ai reçu les retours du comitĂ© de rĂ©daction d’une revue scientifique internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire. Youpi ! Mon papier est acceptĂ©. Rien de mĂ©chant Ă  corriger sur le plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un native English pour rĂ©gler les problèmes de langue.
    Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. CatĂ©gorie "enseignement". Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai en charge les travaux dirigĂ©s, j’ai indiquĂ© Ă  mes Ă©tudiants de maĂ®trise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet, ces derniers (qui sont très occupĂ©s par leur stage) en ont dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une partie de ma salle de TD et je me suis retournĂ© vers l’autre. Un peu trop vite. Du coup, j’ai vu une Ă©tudiante (fort charmante, ma foi) qui faisait mine de m’embrasser (« M’sieur, on vous adore ! »). Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en faut peu pour ĂŞtre aimĂ©... (euh, youpi ?)
    Nouvelles littĂ©raires. Le numĂ©ro 29 de Bifrost est enfin arrivĂ© dans ma boĂ®te aux lettres. Avec les excuses d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnĂ©e qui n’est autre que la pub pour la CitĂ© du Soleil (et autres rĂ©cits hĂ©liotropes) du frangin Ugo. DĂ©jĂ  presque terminĂ© de lire la revue. Parmi les fictions, une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu très personnel des Utopiales de Nantes par Francis ValĂ©ry, alternant avec des passages de son roman Ă  venir, le Talent ressuscitĂ©, la suite du Talent assassinĂ©. D’ailleurs Francis doit arriver Ă  Lyon ce soir. La semaine prochaine, il est prĂ©vu de passer quelques soirĂ©es sympas en sa compagnie.
    Nouvelles de ma vie d’être humain. CatĂ©gorie "douleur". Je ne sais comment, je me suis fait mal Ă  l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est qu’un bobo ridicule, qui a Ă  peine saignĂ©, qui a presque cicatrisĂ© maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gĂŞnant ! Je me sens vraiment handicapĂ© de la main gauche. Je viens enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait Ă  introduire des aiguilles brĂ»lantes Ă  cet endroit. Brrrr...
    Nouvelles de ma vie de cĂ©libataire. CatĂ©gorie "Saint Valentin". Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous avions prĂ©vu de terminer la soirĂ©e dans un bar après notre habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout Ă©tait prĂ©vu, nous avions l’intention de nous affubler de signes distinctifs tels que des "cœurs Ă  prendre" avec des planches anatomiques de l’organe en question ou des gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche. Pas de très bon goĂ»t, certes, mais il faut bien ça pour lutter face Ă  la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien de tel n’a Ă©tĂ© fait... PYM est retombĂ© dans une phase down, il n’est pas venu Ă  la rando roller, j’ai essayĂ© de l’appeler mais le message sur son rĂ©pondeur donne une bonne idĂ©e de son humeur noire... PYM, arrĂŞte de te regarder le nombril, c’est pas parce que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire Ă  tout le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup tous les deux mois).
    Nouvelles cinĂ©matographiques. CatĂ©gorie "horreur". J’ai vu Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au dĂ©but, j’ai eu peur... mais peur que le film soit un navet car il commence comme un de ces films pour adolescents au scĂ©nario sans surprise. Mais passĂ©es les dix premières minutes oĂą une jeune fille raconte Ă  sa meilleure amie une lĂ©gende urbaine sur laquelle repose l’histoire, le film dĂ©marre comme une enquĂŞte journalistique avec un oppressant fond fantastique. Pas du grand cinĂ©ma, certes, mais le film remplit son rĂ´le : j’étais calĂ© au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
    Nouvelles citoyennes. CatĂ©gorie "je milite". Samedi, 14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans (contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participĂ©es). Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme. J’ai retenu ce message, bien trouvĂ©, Ă©crit sur une pancarte : « Bush, si tu veux du pĂ©trole, viens le chercher sur nos plages ».


    Jeudi, le 9 janvier 2003
    À Wishangton, tombe la pluie plus que de raison
    Non, pas "Washington" la capitale, celle du District de Colombia, mais l’État de Washington, dans le nord-ouest des States, sinon j’aurais dit un truc du genre "Ă€ Wishangton, tombe un avion".

    Bon, bref, je voulais parler d’Un amour d’outremonde de Tommasio Pincio, un roman publiĂ© dans la collection "Lunes d’Encre" de DenoĂ«l, traduit par Éric Vial. Attention, ce bouquin ne sortira que la semaine prochaine en librairie, j’ai eu la faveur de le lire en avant-première (merci Ugo !).

    Homer "Boda" Alienson (le bien nommĂ©) vit sa vie asociale Ă  Aberdeen, un bled paumĂ© de bĂ»cherons, dans l’État de Washington, oĂą il n’arrĂŞte pas de pleuvoir.
    Gamin, Homer collectionne les jouets débiles (lance-soucoupes volantes en plastique et pistolet-laser en fer blanc). Un jour, après avoir visionné un film sur les body-snatchers, il décide d’arrêter de dormir pour ne pas devenir différent (les body-snatchers s’emparant des corps pendant le sommeil).
    Il passe ainsi plus de 18 ans sans dormir, ce qui lui permet entre autre d’obtenir un emploi de gardien de nuit dans la bibliothèque municipale jusqu’au jour oĂą il comprend qu’il est plus simple de gagner sa vie en revendant ses babioles futuristes aux troglodytes coincĂ©s dans la nostalgie.
    Une nuit, il rencontre Kurt, un clochard céleste qui vit sous un pont et qui pêche des poissons dans la rivière empoisonnée. Homer lui parle de son problème d’insomnie et Kurt, qui le comprend, lui donne un sachet "d’arrangement".
    Les années passent, Homer s’arrange de plus en plus, Kurt crée, dans la peinture et la musique et finit par monter un groupe de punk rock qui prend comme nom l’idéal recherché par le bouddhisme.

    Une recherche de l’amour ? Difficile Ă  dire, ces amours prenant l’apparence de Laura Palmer, de l’HĂ©roĂŻne ou de l’extraterrestre Molly.
    Chronique d’une dĂ©chĂ©ance ? Pas vraiment car, quand on part de rien, on peut difficilement aller plus bas.
    Biographie fantasmĂ©e de Kurt Cobain ? Non plus, car, comme il est indiquĂ© en prĂ©face, "dans ce roman, les personnes, les Ă©vĂ©nements et les lieux ne correspondent en aucun cas Ă  des personnes et Ă  des Ă©vĂ©nements du monde rĂ©el. La vĂ©ritĂ© biographique n’existe pas, et mĂŞme si elle existait, nous ne saurions qu’en faire".
    Un livre féroce et drôle.


    Jeudi, le 26 décembre 2002
    Ah, virtuels dĂ©dales !
    Aujourd’hui, c’est la Saint-Étienne, aussi vais-je vous parler d’un auteur stĂ©phanois : Jean-Jacques Girardot.
    Jean-Jacques est un auteur que j’apprécie tout particulièrement, aussi bien pour ses écrits dont les thématiques me parlent vraiment (peut-être parce qu’il est aussi docteur en informatique), que pour ses compétences scientifiques (nos laboratoires ont des projets en commun), que parce qu’il s’agit de quelqu’un de tout simplement attachant.
    Auteur des Pages Françaises de Science-Fiction, vous pouvez voir Jean-Jacques Girardot aux conventions et festivals de science-fiction, en barbe et lunettes, des airs de Pierrot lunaire et de Professeur Tournesol, souvent accompagné par un elfe blond qui n’est autre que son fils.
    En 2001, lors des Utopiales de Nantes, Jean-Jacques a remporté le prix Alain Dorémieux qui récompense un jeune auteur en lui permettant de publier son premier ouvrage.
    C’est ainsi que nous avons eu la chance de voir arriver dans nos librairies son recueil de nouvelles de science-fiction : DĂ©dales virtuels, publiĂ© en 2002 aux Éditions Imaginaires sans frontières.
    Petite prĂ©cision : en près de 300 pages, le livre DĂ©dales virtuels ne retrace pas une histoire de transformation maçonnique.
    Pas compris ?
    OK, je reprends : le livre des dalles virent truelles ne retrace pas une histoire de transformation maçonnique. Oui, Jean-Jacques, comme la plupart des membres de la Gang, est un expert en jeux de mots. Mais bon, j’assume l’entière culpabilitĂ© et paternitĂ© de celui-ci.

    Les Dédales virtuels s’ouvrent par "Voyageurs", une nouvelle initialement parue dans Escales sur l’horizon (anthologie de Serge Lehman publiée en 1999 chez Fleuve Noir). Dans ce texte qui retrace un premier contact avec une entité extraterrestre, Jean-Jacques évoque la vie d’une scientifique à la recherche d’un sens à sa vie, quête douloureuse de l’amour et de la vérité.

    La nouvelle "l’ÉternitĂ©, moins la vie", dĂ©jĂ  parue dans Cyberdreams n°10 (1997), s’inscrit dans la thĂ©matique du "brain-downloading" chère Ă  l’auteur australien Greg Egan. Dans ce texte, la scientifique Helen Palmer cherche Ă  sauver sa fille sous une forme Ă©lectronique. Il s’agit d’une très belle illustration des positionnements juridiques et scientifiques de notre temps Ă  l’éternel « qui suis-je ? Â» mĂ©taphysique quand l’entitĂ© en question est une intelligence artificielle.

    La nouvelle "Sur le seuil", parue dans la revue Galaxies n°4 (1997), est une autre réponse à cette question, lorsque la copie électronique d’un être décédé, à travers ses propres doutes, diverge de l’original.

    "Gris et amer" est une nouvelle inédite en deux parties traitant non plus du "Soi" mais de "l’Autre". Dans la première partie, intitulée "les Visiteurs de l’éclipse", une bande de copains nostalgiques des Beatles mènent un périple en France pour voir la fameuse éclipse totale qui s’est produite à la fin du XXe siècle. À cette occasion, ils découvrent une étrange substance grise et amère, offrande de l’Autre.
    La seconde partie, intitulée "l’Adieu aux étoiles", se déroule quelques années plus tard dans un monde post-cataclysmique. Roger, rescapé de la bande, apprend à accepter ces fameux visiteurs.
    Jean-Jacques Girardot a réalisé une étude approfondie de son texte ici.

    "L’Humain visible" est un texte paru dans l’anthologie de Stéphane Nicot Hyperfuturs en 2000 (hors série de la revue Galaxies). Thomas, un informaticien travaillant sur le projet "Visible Human" découvre que la plate-forme informatique sur laquelle un être humain a été numérisé à des fins de simulation est dotée d’une intelligence artificielle. Une relation ambiguë se noue entre Thomas et l’IA.

    "L’Instant d’éternitĂ©", autre nouvelle inĂ©dite, parle d’un ĂŞtre sensible qui veut sauvegarder pour toujours un instant prĂ©cieux passĂ© avec celle qu’il aime et qui est condamnĂ©e. Mais qui est-il rĂ©ellement ?

    "Simon et Lucie, une romance", nouvelle déjà publiée dans Étoiles vives n°5 (anthologie de Gilles Dumay parue en 1998 chez Bifrost/Eacute;toiles vives) est une histoire d’amour amère sur fond de nanomachines censées rendre le quotidien plus merveilleux.

    La nouvelle "le Mouton sur le penchant de la colline", parue dans Escales 2001 (anthologie de Sylvie Denie parue au Fleuve Noir), est ma nouvelle préférée du recueil.
    Pourquoi ?
    Parce que la première fois que je l’ai lue, dans Escales, j’ai trouvé qu’il s’agissait là d’un très grand texte, un de ceux qui vous marquent et qui font que vous n’oublierez jamais plus l’auteur, un de ces textes trop rares qui vous obligent à faire un break et qui, même si vous êtes un dévoreur de livres, vous empêchent de passer aux suivants, tant les personnages, les situations et les idées sont fortes.
    Dans "le Mouton sur le penchant de la colline", un journaliste et "valideur d’informations" s’intéresse à la neuroprogrammation qu’aurait employée Sadam Hussein entre 2025 et 2030. Cette enquête et d’autres sur le sujet de la neuroprogrammation vont peu à peu impliquer ce personnage de manière bien plus profonde...
    À noter, dans ce texte, le docteur Helen Palmer, de "l’Éternité, moins la vie", fait une brève apparition.

    "Le Jeu de la CrĂ©ation", dernière nouvelle du recueil, est un inĂ©dit traitant d’une sociĂ©tĂ© d’insectes pensants. L’hĂ©roĂŻne, Akeyliah, dirige son petit monde, cherchant Ă  faire le bien de son monde en lui cachant une terrible vĂ©ritĂ©. Jusqu’à quand cette despote y parviendra-t-elle ?

    Les Dédales virtuels, ce sont les labyrinthes de l’esprit quand celui-ci est artificiel ou transformé par des nanomachines.
    Dédales virtuels, c’est l’ouvrage de Jean-Jacques Girardot, un petit bijou littéraire à acquérir et à lire d’urgence par quiconque s’intéresse aux grandes questions humaines portant aussi bien sur l’identité, sur l’estime de soi, sur le sens de la vie ou sur l’autre.
    Dédales virtuels, c’est de la science-fiction intelligente, ambitieuse, sans doute exigeante, mais c’est surtout, derrière le virtuel et l’artifice, l’humain à venir...


    Mardi, le 17 décembre 2002
    Avinnersaire (yoijeux)
    « C’est un bon jour pour mourir... Â», dit le vieil Indien dans Little Big Man.
    Moi je dis que 30 ans, c’est un bon jour pour vivre.
    Le jour de ses trente ans, mon ami Ugo, de deux semaines mon aîné, a passé son audition de maître de conférences et a obtenu son poste.
    Le jour de mes trente ans, à savoir hier, j’ai soutenu ma thèse.


    Dimanche 15 décembre.

    Je me réveille assez tard. J’étais la veille à l’anniversaire d’un ancien amour.
    Je répète mentalement ce que je dois dire lors de ma soutenance de thèse en prenant mon petit déjeuner, en me rasant, en prenant ma douche...

    Fin de la matinée.
    Passage éclair au Virgin situé à moins de 100 mètres de mon appartement.
    Manque de bol, il est fermé et n’ouvre qu’à midi.
    Je prends mon courage Ă  deux mains et vais jusqu’à la FNAC (Ă  au moins 300 mètres de lĂ ), je trouve ce que je recherche (comme quoi, les chercheurs trouvent quand mĂŞme aussi parfois !) : le recueil de nouvelles de Jean-Jacques Girardot (pas pour moi mais pour offrir, en espĂ©rant qu’un ami charitable pensera Ă  me faire cadeau de DĂ©dales virtuels car j’ai tant envie de lire ce bouquin !)
    Je passe le reste de la journée à répéter la présentation de ma soutenance...


    Lundi 16 dĂ©cembre, jour « J Â»

    J’ai décidé de rester chez moi toute la matinée.
    Nouvelle répétition mentale de la soutenance de thèse.
    Qui est le premier Ă  me souhaiter mon anniversaire ?
    Le robot de NotreFamille.com !
    Ouais, je ne travaille pas dans le domaine de l’intelligence artificielle pour rien...
    D’autres messages électroniques de soutien arrivent sur ma boîte.
    Un premier coup de fil pour me souhaiter mon anniversaire et me dire m..... : je mets un instant Ă  rĂ©aliser qu’il s’agit de Nathalie, une amie de Lorraine.
    Un second : il s’agit de ma bonne maman qui m’appelle du train.
    Déjeuner léger.
    Avec le stress, mon ventre fait des nœuds...
    Je me fringue. Non, pas encore la cravate.

    Treize heures.
    Je sors de chez moi. De la pub et une enveloppe récupérées dans ma boîte aux lettres. Je lirai la lettre plus tard.
    Je prends le mĂ©tro et le tramway, je ne vois personne : sur le chemin je rĂ©pète encore ma soutenance.

    Quatorze heures moins le quart.
    J’arrive au labo.
    Mais oĂą est passĂ© mon directeur de thèse ? C’est lui qui devait me prĂŞter son ordinateur portable...
    Je cours dans tous les sens.
    Bon, pas de panique, je peux emprunter celui du secrétariat du laboratoire.
    Les bouteilles sont dĂ©jĂ  au frais ? Parfait !
    Mes parents arrivent. Pendant que je copie mon fichier, maman et papa s’occupent du pot (bouteilles, verres, gâteaux...).

    Quinze heures.
    Avec un collègue, je vais chercher le vidĂ©oprojecteur que j’ai rĂ©servĂ©. Manque de bol, avec le service audiovisuel, nous nous sommes mal compris : le vidĂ©o ne passe que de la vidĂ©o (apprĂ©ciez la nuance) et non de "l’informatique".
    Grrrmbl...
    Une solution, peut-ĂŞtre : un autre vidĂ©oprojecteur doit ĂŞtre rapportĂ©.
    J’attends le retour du matériel. Les minutes s’écoulent, tout comme des gouttes de sueur froides dans mon dos.
    Et voici la bĂŞte !
    Beau, beau, il est beau le vidĂ©o !
    J’arrive sur le lieu que j’ai réservé pour la soutenance. La salle est fermée. Je fais le tour, frappe à la porte d’un secrétariat, c’est ouvert, de gentilles dames vont ouvrir la salle de conférences où je vais officier.
    Bricolage pour installer le vidéoprojecteur, les rallonges ne fonctionnent pas (un problème de triphasage), je vais en chercher d’autres, ça y est.
    Bon, l’image ne s’affiche pas Ă  l’écran. Nous cherchons la combinaison de touches adĂ©quates. Mmmm... Ce n’est pas ça le problème. Peut-ĂŞtre faut-il changer le port du vidĂ©oprojecteur ? Oui, c’est ça.
    Réglages ultimes, des bouteilles d’eau sont mises à la disposition des membres du jury, ainsi que des exemplaires de ma thèse.
    Des personnes arrivent dans la salle : mes parents, mon ami Ugo (venu tout exprès d’Aix pour m’écouter), mon ex-copine, des collègues, des amis, et mon directeur avec quelques membres du jury.
    Bonjour, bonjour, c’est gentil d’être venu.
    Des personnes proches me souhaitent aussi mon anniversaire.
    Les derniers membres du jury arrivent, il est un peu plus de 16 heures, le prĂ©sident du jury me laisse la parole.

    Go!
    Je me fais peur : le dĂ©marrage est un peu chaotique, ma langue s’accroche sur quelques mots. Mais je me rattrape. J’ai un dĂ©bit de paroles plus rapide qu’à l’ordinaire, ma prĂ©sentation coule, les transparents dĂ©filent, je prĂ©sente mes travaux et l’auditoire est attentif. Un coup d’œil sur la montre, il faut que je me dĂ©pĂŞche, j’augmente encore un peu le dĂ©bit mais tout va bien, j’arrive Ă  ma dernière diapositive, la numĂ©ro trente-trois (clin d’œil Ă  la parole classique du docteur : « Dites 33 ! Â») et je termine ma prĂ©sentation entre 40 et 45 minutes, c’est-Ă -dire le temps qui m’était accordĂ©.
    Parfait.
    Questions du jury.
    Les rapporteurs et examinateurs me fĂ©licitent pour la qualitĂ© de mon travail (« Merci ! Â») et me posent certaines questions.
    Mes réponses semblent les satisfaire.
    Mes directeur et co-directeur louent mes qualités scientifiques et humaines, ma maman verse une larme.
    La dernière question du président du jury, je suis heureux de voir que les personnes se sont vraiment intéressées à mon travail.

    Délibération.
    Papa prend quelques photos sur son appareil numérique.
    Je débranche le matériel.

    Le jury arrive, le président prend la parole, ça y est, je suis docteur, les félicitations ne sont plus données (pour éviter les différences de politiques entre les établissements nationaux), sinon je les aurais eues (c’est ce que dit mon président de jury).
    Joie.

    Pot de thèse.
    Tout est beau, tout est bien. Les amis avec qui je fais du roller arrivent. Il y a moins de Gangsters que prévu mais je suis heureux, les bouteilles et les plats se vident, je parle avec les uns et les autres, la tension accumulée ces derniers jours se relâche petit à petit.
    Les gens s’en vont progressivement.
    Gizmo de la Gang vient chercher Ugo. Il emportera aussi quelques restes.

    Vingt heures.
    J’abandonne collègues, famille et amis pour retrouver les membres du jury dans un bon restaurant situé sur la Croix-Rousse.
    J’imaginais ne plus avoir faim mais la soupe de bulots tiède aux crevettes, le cabillaud et sa salade d’algues ainsi que le gâteau à la nougatine m’ouvrent de nouvelles perspectives sur les capacités de mon estomac.
    Comblé.

    Minuit et quelques.
    J’arrive chez moi.
    Mes parents sont déjà couchés.
    Un message en anglais sur mon répondeur. Marina, une amie grecque, me souhaite mon anniversaire...


    Mardi 17 décembre.

    RĂ©veil matinal.
    J’essaie sans succès de copier les photos prises par l’appareil numĂ©rique de mon père sur mon vieil ordinateur portable. Foutu port USB !
    Métro, nous arrivons à la gare de la Part-Dieu. J’en profite pour acheter un billet.
    Ça y est, ils sont partis et fiers de leur fiston.
    Je vais chez André et Olivier récupérer Ugo.
    André est déjà parti travailler, je fais la connaissance de Guillaume.
    Ugo et moi nous rendons tranquillement au centre commercial de la Part-Dieu pour papoter, faire un coucou à André, prendre un petit déjeuner chez Paul, essayer de trouver des idées de cadeau pour Noël, faire un tour devant la bibliothèque municipale...
    Puis l’heure à laquelle Ugo doit prendre son train arrive, il retourne dans son sud natal, je retourne dans mon labo...
    Au boulot 


    Mardi, le 19 novembre 2002
    Avyrel Sifranc (et trois sous...)
    Le Talent assassiné est le dernier roman de Francis Valéry, publié dans la collection "Lune d’Encres" de Denoël (Paris).
    Francis est un auteur de science-fiction, mais pas seulement. Il est aussi critique et essayiste (il a écrit de nombreux bouquins pour les fans des séries télévisées, ainsi qu’un "guide de lecture" SF), auteur pour la jeunesse, éditeur de la revue CyberDreams (hélas disparue aujourd’hui), musicien, bref, un véritable homme-orchestre...
    Ce qui le caractĂ©rise ? Pour avoir un peu discutĂ© avec lui, je dirai : l’identitĂ© d’artiste. Cela agace parfois certains, cette façon d’être et de se dire "je ne suis pas comme tout le monde". Qu’on l’aime ou qu’on le dĂ©teste, mais surtout qu’on ne l’ignore pas. Et Francis ne passe pas inaperçu : c’est un colosse habillĂ© de noir, longs cheveux bruns (avec parfois des ajouts capillaires), ongles souvent vernis de noir, bagues gothiques, parfois du maquillage. Quant Ă  ses propos, il masque une grande sensibilitĂ© par des avis provocants et des prises de position jusqu’au-boutistes.
    Voilà pour le personnage. Quant au Talent assassiné, c’est un roman plus ou moins autobiographique, une somme de réflexions sur l’identité d’auteur et le milieu de l’édition, une enquête policière faisant figure de quête de soi, avec un humour proche du "grand" Desproges.
    Qui plus est, pour ceux qui connaissent un peu le fandom SF, c’est vraiment à mourir de rire car toute ressemblance avec des personnages existants n’est pas que pure coïncidence.
    Un texte décalé, désopilant, délicieux.

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    >>> Travaux d’écriture
    Au sujet de l’art d’écrire, que ce soit sous forme romanesque, documentaire ou émotionnelle. Travaux personnels d’écriture en cours. Réflexions d’amis auteurs.
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    >>> Vie professionnelle
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