Blanche, comme la nuit que je viens de passer Ă terminer
un article scientifique tout juste avant la date limite,
le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard
du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne,
et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir
le coup et avoir les neurones en Ă©veil, mais je connais trop
bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter...
contrairement aux Ă©tudiants (ou profs ?) de la
Ville éternelle. Du coup, je me suis dopé aux thés à la menthe
super sucrés et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite,
n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo,
la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène
du môme qui les offrait à sa maman. Merde, c’est la fête des mères demain.
Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyées à bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de
prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une
de mes sculptures de couleur bronze.
Une faible lueur se glisse sous la porte du dortoir. Soucieux de
ne pas réveiller mes compagnons, je m’extrais sans bruit de mon
lit pour enfiler chaussettes et baskets. À défaut de pouvoir me coiffer,
je passe une casquette sur mes cheveux en bataille. Arrivé dans le couloir,
je prends conscience de ma méprise : privé de repères dans l’obscurité de
la chambre, j’ai été abusé par la lune et je n’avais pas pu voir à ma
montre qu’il n’était que deux heures du matin. Je me sens pourtant en
pleine forme et m’étais réveillé avec l’intention de faire un footing
autour du lac avant le petit déjeuner. Il me faudra cependant encore
patienter quelques heures avant l’aube.
Hésitant à retourner me coucher, je remarque à d’infimes
détails que parmi les fauteuils organisés en cercle au bout du couloir,
celui qui fait face à la fenêtre – et dont je ne distingue que le volumineux
dossier de là où je me trouve – semble occupé. Je m’approche, calmement,
m’apprêtant à retrouver un ami atteint d’insomnie, mais en prenant place
sur un siège voisin, je découvre que la personne, une jeune femme d’une
vingtaine d’années, ne m’est pas familière.
Ne désirant pas m’imposer à une inconnue auprès de laquelle je me suis
assis par erreur, je chuchote un maladroit bonjour et m’apprête à me
relever mais le sourire charmant avec lequel la demoiselle m’accueille
a tout lieu d’indiquer que ma compagnie n’a pas l’air de la déranger.
Elle relève une de ses longues boucles cuivrées d’un geste gracile qui
fait frémir sa légère robe de chambre bordée de dentelles et me demande
d’une voix douce :
« Bonsoir. Vous n’arrivez pas à dormir ?
— Ce n’est pas ça. Je crois que j’ai assez dormi.
Je me suis couché trop tôt et, du coup, je suis complètement décalé.
Sans doute la fatigue accumulée au cours d’une semaine de travail vraiment
Ă©prouvante. Et vous ?
— Je prends un bain de lune. »
Elle a raison. Sa ravissante peau de lait n’est pas faite pour le soleil.
Si l’astre du jour nous colore d’un hâle d’or, celui de la nuit nous
donne-t-il une apparence argentée ?
« Je ne vous avais pas encore vu. Je croyais que notre groupe était
le seul à être hébergé au château cette nuit…
— Oui et non, m’explique-t-elle. Vous êtes les seuls étrangers.
— Ah ! Vous n’êtes pas là en touriste ? »
Notre discussion Ă voix basse se poursuit des heures durant.
J’apprends qu’elle se prénomme Blanche mais tout ce qu’elle me raconte
d’autre de sa vie est irréel. Fasciné par son extraordinaire imagination,
je joue le jeu et m’interdis de la contredire. Je ne me lasse pas de son
étrange accent, de ses expressions désuètes, de sa délicieuse fraîcheur.
À l’arrivée des premiers rayons de soleil, elle se lève pour prendre congé.
« Merci de m’avoir tenu compagnie », me souffle-t-elle encore en abandonnant
un baiser sur ma joue. Un peu pantois, je reste assis seul un moment.
L’air se charge de lumière et de chaleur, je me décide enfin à sortir
du château pour courir le long du lac.
Plus tard, je rejoins mes amis dans la salle à manger. Ce n’est pas
Blanche qui nous sert le petit déjeuner. Je suppose qu’elle travaille en cuisine.
Nous retrouvons notre guide qui nous fait visiter les autres pièces du château.
Nous déambulons dans le petit musée où sont enfermés les trésors remontant au Moyen Âge,
et je m’arrête devant une antique peinture devant laquelle mon regard ne peut s’échapper.
La stupeur m’empêche de suivre le début de l’histoire.
« La fille unique du seigneur, abandonnée par son fiancé, un
chevalier aussi beau qu’il était cruel, se laissa mourir de chagrin.
Avec Blanche s’éteignit la lignée des De Nérestang qui avaient fait du château
leur demeure seigneuriale depuis le XIIIe siècle. La légende raconte que Blanche
passait toutes ses nuits à attendre celui qu’elle aimait, assise face à la fenêtre du donjon.
À sa servante qui la suppliait de rejoindre son lit, elle répondait qu’elle prenait
un bain de lune, trop honteuse d’avouer un improbable retour. Elle fut retrouvée
morte un petit matin… »
© Fabrice MĂ©reste, 2007.
Ce texte a été écrit le dimanche matin, lors de mon atelier d’écriture du
week-end dernier, après avoir passé la nuit dans un château. L’inducteur
était "le revenant, le spectre, l’incube ou le succube rencontré cette nuit"
C’est sans doute une histoire de gènes, ou un truc comme ça.
Toujours est-il que, avec ma peau claire, je crains le soleil. Écran total,
indice de protection 200 XXL. Et pourtant, ça ne suffit pas. Pour me baigner,
lorsque j’avais passé des vacances aux Antilles, j’avais dû garder mon tee-shirt.
Vous y croyez, vous ?
Foutus gènes. Je comprends la douleur des albinos.
Et mes yeux... De couleur bleu-gris. Toujours obligé de porter des lunettes
noires dès que le moindre rayon parvient à percer les nuages. Il y en a qui
disent que je fais ça pour la frime. Les imbéciles, s’ils savaient.
Et mon intolérance alimentaire. Impossible de manger de la tarte aux poireaux.
Et Dieu que ça me donnerait pourtant envie !
Quand je suis au restaurant, je dois toujours veiller au grain pour fuir
tous les plats présentant de l’oignon ou de l’ail. Ou de l’échalote. Ou de la ciboulette.
Un véritable casse-tête. Le tri nécessaire de ce qui se trouve dans mon assiette. Du coup,
par nécessité, je suis devenu un expert en cuisine, et vous ne trouverez pas chez moi toutes
ces épices ou ces légumes de la famille des liliacées qui me rendent malade comme un chien.
D’ailleurs, quand je fais la cuisine, j’ai pour habitude de ne pas beaucoup faire
cuire la viande. Certains de mes invités la trouvent même crue, à leurs goûts.
Heureusement qu’ils n’ont jamais fait un tour sur Google Image pour voir
mon véritable visage.
Dommage pour eux, oui dommage surtout si c’est moi qui trouve leurs
viandes et leurs sangs à mon goût.
Ça y est, j’ai ouvert mon
SkyBlog site sur
MySpace.
C’est amusant, j’ai retrouvĂ© des gens dĂ©jĂ croisĂ©s ici ou lĂ
dans la vraie vie à l’occasion d’événements en rapport avec l’écriture
(Markus Leicht, Sire CĂ©dric, Laurent Queyssi, Fabrice Colin, MĂ©lanie Fazi,
Natacha Giordano...) et j’ai fait la connaissance d’autres personnes sympathiques
et fort intéressantes.
En plus, comme c’est tout neuf pour moi, j’ai posté quelques billets ces jours derniers :
–
Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
–
Une justice au royaume pourri du cinéma ?
–
Pourquoi Ă©crire ?
–
Mylène et moi
Donc maintenant, j’ai une véritable excuse si je suis un peu silencieux sur mon weblog, non ?
Chronologie :
Parce que rien ne vaut le fait d’avoir de bons copains et de partager avec eux des joies simples.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Au sujet de nos amies les bĂŞtes.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Article critique. Point de vue personnel sur une œuvre. Coup de cœur ou coup de gueule.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Curiosités linguistiques
À propos de la langue française ou d’autres langues, dialectes et parlers rĂ©gionaux. RĂ©flexions sur les usages linguistiques de la communautĂ© francophone. Aspects insolites de la langue. Jeux de mots.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Dessin / Arts graphiques et numériques
Dessins réalisés de manière traditionelle (crayon, stylo, feutre,
fusain, pastel, pierre noire ou sanguine, craie, plume, encre de Chine, etc.) ou traités par ordinateur à travers des logiciels d’infographie.
Curiosités calligraphiques. Ambigrammes (figures graphiques de mots devenant d’autres mots à partir d’une symétrie ou rotation). Anamorphoses. Peintures. Arts en deux dimensions.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Événements / Grands rendez-vous
Comptes rendus ou programmes de grandes rencontres : conventions, festivals, conférences et soirées thématiques.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Parce qu’on est le fils, le frère, le cousin ou le neveu de quelqu’un.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
De tout ce qui a trait Ă ce genre artistique oĂą intervient le surnaturel.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Films / Télévision / Vidéo
À propos des productions artistiques essentiellement visuelles : films (court, moyen ou long mĂ©trage), animations, dessins animĂ©s, mangas, sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, vidĂ©o-clips, etc.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Histoires / LĂ©gendes
Au sujet de l’Histoire et des histoires. Faits avérés ou non. Mythes.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Humour / Insolite / BĂŞtises
Impressions insolites. Histoires drĂ´les ou surprenantes. Blagues.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Internet / NTIC / Informatique
De tout ce qui a trait aux « nouvelles technologies de l’information et de la communication ». Informatique (aspects matĂ©riels et logiciels). Internet, aspects du Web, HTML. MultimĂ©dia.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Livres, revues, recueils de nouvelles et anthologies.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Musiques / Radio / Audio
À propos des productions artistiques essentiellement auditives : musiques, chansons, concerts, opĂ©ras, Ă©missions de radio, etc.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
RĂ©flexions sur le devenir de la Terre ou, plus modestement, de ma petite personne...
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Questionnaires et sondages, le plus souvent ludiques.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Recettes / Gastronomie
De tout ce qui a trait à l’art culinaire. Recettes de cuisine. Bonnes tables. Grandes bouffes.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Impressions et réflexions sur notre société.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
De tout ce qui a trait au genre artistique qui incorpore dans son imaginaire des réflexions scientifiques (plus ou moins poussées). Par excès, si on considère que les mythes et la magie peuvent tenir lieu de science, peut englober le genre
fantasy.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Sculptures / Arts plastiques
Taille de pierres ou modelage, mais aussi peinture, architecture, etc. Expositions. Vernissages. Musées.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Productions littéraires personnelles, de la
short short story Ă la nouvelle.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Impressions à la première personne.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
>>>
Travaux d’écriture
Au sujet de l’art d’écrire, que ce soit sous forme romanesque, documentaire ou émotionnelle. Travaux personnels d’écriture en cours. Réflexions d’amis auteurs.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]
Au sujet de mon travail d’enseignant-chercheur.
[
voir les 5 derniers articles] ou [
voir tous les articles]