Mercredi, le 31 janvier 2024
Gyros et salade grecque
Je suis de ceux qui ont grandi avec la série télévisée d’animation franco-japonaise Ulysse 31 .
Un dessin animé mélangeant mythologie grecque avec de la science-fiction, quelle idée géniale !
Arrivé au collège, je connaissais par cœur le Panthéon grec
et un de mes rêves était d’aller un jour à Athènes voir « en vrai » l’un des
berceaux de notre civilisation, fasciné par l’héritage que les Grecs antiques
nous avaient laissé dans la langue, la philosophie, la politique, la sculpture, le théâtre, l’architecture...
En 2002, inspiré par mes amis de la Gang de Lyon
que je retrouvais chaque semaine à un kébab du quartier du Tonkin,
je débutais ce blog, j’écrivais ma première nouvelle de fiction qui allait être publiée dans un support professionnel
et je terminais mes études en soutenant une thèse de doctorat.
Mon travail de recherche n’avait pas grand chose à voir avec mon amour pour l’Antiquité,
mais j’avais quand même réussi à glisser dans ma conclusion
la citation « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » en lettres grecques
qui, selon la légende, ornait le fronton de l’Académie de Platon.
En 2002 sortait aussi l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch,
réalisateur que je ne connaissais pas bien. J’avais loupé le Péril jeune , qui évoquait les années
de lycée à une période où je portais encore des couches, au début des années 1970.
Mais dans l’Auberge espagnole , j’avais retrouvé un peu de moi :
des études effectuées à l’étranger apportant leur lot de rencontres qui allaient
marquer toute la vie, une dernière année à l’université avant d’entrer dans le monde professionnel,
et j’avais en plus à peu près le même âge que Romain Duris qui incarnait le personnage principal.
En 2005, l’Auberge espagnole connut une suite : les Poupées russes .
Dans ce deuxième volet, Cédric Klapisch s’attachait à dépeindre les problèmes professionnels et personnels de
ses personnages. Cette année-là , je mélangeais encore mes deux identités, celle de l’enseignant-chercheur
(qui ne m’apportait pas beaucoup de satisfaction, vivant une sorte de creux dans mon activité de recherche)
et celle de l’auteur, critique et plasticien, avec un article sur le genre steampunk présenté
sous mon pseudonyme au colloque La Science-Fiction dans l’Histoire,
l’Histoire dans la Science-Fiction de Nice, une exposition de mes sculptures, un projet
de nouvelle et la réécriture de mon roman. Au niveau sentimental, je vivais
une histoire que je croyais être plus sérieuse que celles vécues jusque-là ,
mais qui s’achèvera brutalement dans les premiers jours de 2006.
La trilogie de Klapisch s’est poursuivie avec, en 2013, la sortie de Casse-Tête chinois .
Les personnages avaient désormais la quarantaine, avec des enfants ou des désirs d’enfants,
et la vie devenait ce fameux casse-tĂŞte avec les compromis Ă trouver entre la vie amoureuse,
la vie professionnelle et la vie familiale avec l’arrivée des responsabilités parentales.
À cette époque, j’étais devenu un jeune papa, mon activité professionnelle de chercheur
connaissait un nouveau souffle mais mon activité d’auteur ou de sculpteur s’éteignait peu à peu...
À la mi-avril 2023, c’est sous forme de série télévisée que nous pouvons suivre la suite de cette trilogie.
Cette fois-ci, Klapisch suit les aventures à Athènes des enfants des personnages qu’il nous avait fait découvrir
dans ses trois films. Mes enfants sont encore trop jeunes pour partir étudier à l’étranger, ils
ont l’âge que j’avais quand je regardais Ulysse 31 , mais
la grande, collégienne, a malgré tout déjà des projets en ce sens...
Cette série résonne encore fort en moi : un peu de nostalgie, et le regard porté sur
l’avenir qui retourne au passé, en se disant que l’on a sans doute davantage vécu d’années
qu’il n’en reste encore à vivre. Et puis, ma première grande conférence en présentiel
post-confinement avait eu lieu justement à Athènes, en juin 2022, non loin de l’Acropole.
Une musique revient sans cesse dans ma tête, la chanson « O Pio Kalos Tragoudistis » :
Γεια σου, γεια σου
ποιος σου έκλεψε ας ξέραμε τη χαρά σου...
Klapisch a appelé sa série Salade grecque . Je lui aurai plutôt donné
comme titre Gyros , le fameux « sandwich grec »,
l’équivalent du chawarma arabe ou du döner kebab turc, et qui désigne
la rotation de la broche de viande qui se fait rôtir. Dans l’Auberge espagnole , des étudiants
vivaient un bouillonnement d’expériences, et dans Salade grecque , les expériences
sont vĂ©cues par leurs enfants... La boucle est bouclĂ©e, c’est-Ă -dire un cercle, qui se dit en grec : γύρος, gyros .
Mardi, le 3 janvier 2023
Réflexions en vrac sur l’année 2022
Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka.
Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X , dans les années 1980,
et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de
la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.
Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants,
plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990.
Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.
Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut.
Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité
à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées
dans des lieux perdus.
Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants ).
Touchant monsieur.
Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode , et Alan White, le batteur de Yes .
De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal ,
avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu.
J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes , même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire
les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood , Propaganda , Pet Shop Boys ou Simple Minds ...
Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français.
Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy,
appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds , la chanson des Beatles , au moment de la découverte.
Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?),
questions sur les origines de l’humanité...
Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser , sorti en 1985.
Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste
alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...
Août 2022, décès du dessinateur Sempé.
Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur ces dessins que l’on retrouve
par exemple des textes et illustration du petit Nicolas faisant une thèse. Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka.
Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X , dans les années 1980,
et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de
la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.
Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants,
plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990.
Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.
Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut.
Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité
à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées
dans des lieux perdus.
Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants ).
Touchant monsieur.
Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode , et Alan White, le batteur de Yes .
De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal ,
avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu.
J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes , même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire
les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood , Propaganda , Pet Shop Boys ou Simple Minds ...
Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français.
Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy,
appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds , la chanson des Beatles , au moment de la découverte.
Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?),
questions sur les origines de l’humanité...
Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser , sorti en 1985.
Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste
alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...
Août 2022, décès du dessinateur Sempé.
Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur des textes et illustrations du petit Nicolas passant sa thèse. Indémodable !
Septembre 2022, dĂ©cès de Jean-Luc Godard. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, j’avais trouvĂ© un tas de DVD de Godard Ă petit prix et j’avais commencĂ© Ă
visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis,
(2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou
(3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...
Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe.
Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...
Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors.
Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.
Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire.
En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ».
Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non,
c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...
t !
Septembre 2022, dĂ©cès de Jean-Luc Godard. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, j’avais trouvĂ© un tas de DVD de Godard Ă petit prix et j’avais commencĂ© Ă
visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis,
(2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou
(3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...
Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe.
Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...
Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors.
Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.
Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire.
En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ».
Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non,
c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...
Lundi, le 17 juin 2019
Liège, Kigali, Tunis, Londres, Montréal
Certains événements ont, pour moi, une musique bien particulière. Ainsi en est-il
dont des moments les plus perturbants qu’il m’ait été donnés de vivre.
J’ai été particulièrement frappé de découvrir que la musique du générique de la série
Netflix Black Earth Rising Ă©tait You Want It Darker de Leonard Cohen.
À mon sens, rien n’aurait pu être plus pertinent que d’associer
cette série et une musique de l’artiste canadien qui nous a quitté en 2016.
Dans la fiction, une jeune juriste londonienne, rescapée du génocide rwandais de 1994 et adoptée par une
célèbre femme procureure spécialisée dans les affaires criminelles internationales,
reprend l’enquête de sa mère qui la mène à des révélations sur ses propres origines.
Dans la vraie vie, cela se passe en Belgique, et cela remonte au printemps 1992.
Je n’avais pas encore vingt ans quand je m’étais retrouvé, à l’occasion d’un stage de fin d’études,
dans cette ville de la banlieue industrielle de Liège au bord de la Meuse où avaient grandi les frères Dardenne.
À mon arrivée ce dimanche après-midi maussade dans ce grand et triste bâtiment où j’allais passer trois mois,
j’avais été dirigé vers le responsable de l’internat.
Ce dernier m’avait posé une curieuse question : à quel étage souhaitais-je m’installer ?
Celui des étudiants français ? Celui des étudiants étrangers ?
Celui des étudiants belges en informatique ?
Je n’avais pas choisi l’étage de mes compatriotes mais celui de ceux qui étudiaient la même matière que moi.
Pourtant, c’est parmi les étudiants étrangers, ceux qui passaient comme moi leurs week-ends à Seraing,
que je me suis fait mes meilleurs amis durant cette période. Nous étions quatre garçons inséparables :
K. le Belgo-tunisien, A. le Djiboutien, I. le Rwandais et moi. Deux Noirs, deux Blancs. Deux Musulmans, deux Chrétiens.
Toutes les combinaisons de couleurs de peau et de religions étaient représentées.
K. et A. étudiaient le commerce, I. tout comme moi l’informatique, et c’est avec lui
que les liens d’amitié s’étaient les plus serrés pour durer jusqu’à aujourd’hui.
I. était le plus âgé de nous quatre, il avait une formation juridique qui l’avait poussé
à passer des concours et quitter sa région natale de Cyangugu pour devenir officier de gendarmerie dans la capitale.
Poussé par sa hiérarchie, le lieutenant avait accepté de passer trois ans en Belgique pour acquérir les
compétences en informatique dont son petit pays manquait cruellement, laissant là -bas sa jeune épouse
et son fils nouveau-né le temps d’obtenir son graduat. Pendant quelque temps, nous avions échangé
des tas de lettres et de cartes postales, I. et moi, et c’est par procuration que je découvrais
ce petit pays d’Afrique inconnu, ses paysages, sa sagesse proverbiale, complétant mes connaissances
par un essai d’ethnologie rédigé par des Pères Blancs trouvé dans la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.
Printemps 1994. Les informations à la radio avaient annoncé l’attentat ayant coûté la vie des présidents du Rwanda
et du Burundi. Quelques jours plus tard nous parvenaient les premiers échos de l’horreur. C’était un samedi ou un dimanche,
au moment du déjeuner, qu’I. avait appelé au numéro de téléphone familial. Il était encore en vie, sa famille aussi,
son accès à une arme de service le protégeant de la folie meurtrière des machettes.
Je le sentais perdu, et j’étais tout aussi perdu que lui. Sentiment absolu d’impuissance.
Été 1994. Lorsque j’avais pris pour la première fois l’avion, ce fut pour aller à Tunis, chez K., ses parents et
sa grande sœeur. Visites de lieux touristiques, de musées, moments passés à la plage, invitation saugrenue
à la résidence de l’ambassadeur lors du 21 juillet, la fête nationale belge, où l’on m’avait fait passer pour un
« Belge de Strasbourg » qui ne connaissait pas la Brabançonne .
Après-midis trop chauds à regarder le Tour de France, ou la série Angélique en soirée, avec des coupures
opérées par la censure aux moments les plus croustillants. La censure, par contre, laissait voir l’horreur
des informations. Cadavres innombrables sur les bords des chemins ou dans les rivières.
K. et moi, sidérés devant le poste, craignions de reconnaître dans les images des charniers le visage de notre ami.
La mélancolique mère de K., une Flamande qui ne s’était jamais trop bien fait à la vie en Afrique du Nord,
peignait en écoutant de la musique. Elle me fit découvrir Leonard Cohen dont je ne connaissais que Everybody Knows
pour avoir vu le film Pump Up The Volume d’Allan Moyle avec Christian Slater.
Je rentrais en France avec des cassettes audio tunisiennes de mauvaise qualité sur lesquelles
j’avais enregistré quelques albums de Cohen, dont I’m Your Man et The Future .
Les nouvelles d’I. me parvinrent de manière sporadique quelque temps plus tard, par courrier postal ou électronique.
I. avait échappé aux massacres. Il avait fui avec femme et enfant au Zaïre et s’était retrouvé dans un camp de réfugiés.
Exploité pour ses compétences informatiques par une ONG, il devait assurer la survie des siens,
venant d’être père pour la seconde fois, son autre fils étant né au camp.
La situation dans l’est du Zaïre, de précaire devenait intenable avec les signes avant-coureurs
de la Première guerre du Congo qui allait éclater en 1996.
I. et sa famille d’apatrides avaient entamé un périple dans l’est de l’Afrique, séjournant au Malawi,
en Tanzanie, à Arusha, où I. avait participé au Tribunal pénal international,
et en Afrique du sud d’où sa femme et ses enfants avaient pu s’exiler en Angleterre, alors qu’I. restait bloqué au Cap.
C’était en 1999. Je terminais mon DEA à Paris. J’avais envoyé à I. une importante somme d’argent afin de faciliter
ses démarches pour rejoindre la Grande-Bretagne. Et cela lui avait effectivement permis de retrouver sa femme et
ses deux fils à Londres où ils s’étaient installés.
Fin août 2002, convention nationale de science-fiction française à Tilff-Esneux, en banlieue liégeoise.
J’avais abandonné pour une journée la convention et mes amis de la Gang lyonnaise pour retrouver
I. que je n’avais plus vu depuis dix ans, de passage en Belgique, et qui tenait à me rembourser de l’argent prêté
alors qu’il était en Afrique du Sud. Indescriptibles retrouvailles.
Cet après-midi, à l’occasion d’un séjour professionnel à Montréal, je me suis rendu au cimetière Shaar Hashomayim du mont Royal.
En me recueillant sur la tombe de Leonard Cohen, mes pensées se figèrent d’abord sur les grandes atrocités du siècle
passé, deux génocides, celui des Juifs dans les années 1940,
mais aussi celui qui avait fait s’entre-tuer mes frères africains dans les années 1990.
Pourtant, guidées par la voix grave d’un Hallelujah s’exprimant dans ma tête par mes seuls souvenirs
auditifs, elles s’élevèrent vers les Cieux,
me faisant prendre conscience avec acuité de la beauté de la vie, qui est si belle parce qu’elle est si fragile, de l’importance de la
spiritualité et de la force de l’amour.
Mercredi, le 13 septembre 2017
Alien : Covenant , c’est toute ma vie
La semaine dernière, ma vie ressemblait beaucoup trop Ă
Alien : Covenant .
Tout avait commencé par des collègues croisés dans les bureaux.
La période des vacances estivales ressemble vraiment à une sorte de grand sommeil
dans les habitudes professionnelles, avec au réveil quelques personnes qui ne font plus
partie de l’équipe (néanmoins celles-ci connaissent un sort plus enviable que celui du
commandant de bord du film de Ridley Scott). Grosse responsabilité sur nos épaules :
mĂŞme si nous ne transportons pas des milliers de passagers en hibernation, nous
avons à notre charge des centaines d’étudiants que nous poussons à acquérir un
savoir scientifique et technique au cours de cette année universitaire afin
qu’ils puissent valider un diplôme, à défaut de s’établir sur une nouvelle planète
Ă terraformer et Ă coloniser.
Sur le campus, des herbes folles ont envahi les abords des bâtiments, les
jardiniers ne se sont pas encore occupés de l’entretien. Cela fait penser au
champ de blé laissé à l’abandon sur la planète découverte par le
Covenant .
Et soudain, en passant Ă cĂ´tĂ© de ces hautes herbes, je me suis fait infecter, Ă
la manière des nano-machines à l’allure de spores du dernier opus en date de la saga
Alien .
Essayez d’imaginer un instant qu’un corps étranger entre dans votre oreille
et cherche à creuser un chemin jusqu’à votre cerveau... Vous aurez ainsi une
petite idée de mon
état de panique en rebroussant chemin, affolé, interpelant des collègues
afin de trouver de l’aide. Bien entendu, rien n’était visible dans mon oreille,
mais le bourdonnement dû à des battements d’ailes contre mon tympan avait de quoi
expliquer ma crise. Incompréhension, appel sans succès auprès des
pompiers et médecins urgentistes, attente insoutenable...
J’ai décidé de régler le problème tout seul, un peu
à la manière décrite dans
«Â
la Bête à Maît’ Belhomme  » (comme quoi,
les lectures de l’enseignement secondaire peuvent avoir une utilité inattendue), c’est-à -dire en
vidant une bouteille d’eau dans mon oreille. Néanmoins, j’ai eu moins
de chance que pour le paysan normand dépeint par Maupassant : la bête semblait
toujours vivante et pas décidée à quitter mon oreille.
En vitesse, je me suis rendu sur un autre bout du campus afin d’informer les
collègues — qui m’attendaient pour un jury — de mon infortune
et de mon retard, et j’ai réussi à trouver une infirmière à qui expliquer mon problème.
Je me suis donc retrouvé allongé sur un lit d’auscultation, la tête sur le côté, l’oreille remplie de sérum
physiologique. Cela a eu pour effet de faire cesser les battements d’ailes, mais
pas moyen de sortir l’insecte noyé de mon conduit auditif.
La chemise trempée, j’ai retrouvé mes collègues et j’ai chamboulé l’ordre de passage
des soutenances afin de quitter rapidement le campus pour rentrer chez moi et trouver un médecin.
Ce n’est que le lendemain matin que j’ai pu voir mon médecin traitant qui m’a confirmé voir un
cadavre d’insecte volant collé à mon tympan. Son extraction avec une pince s’étant avérée à la fois
inefficace et très douloureuse, mon médecin a réussi à m’obtenir un rendez-vous avec
un spécialiste pour la fin d’après-midi. Les heures se sont écoulées lentement
durant toute la journée avec cette gêne jusqu’au moment où j’ai pu voir l’ORL.
Un petit coup d’aspirateur dans l’oreille, et hop, en un rien de temps, mon
problème était réglé. J’étais soulagé de voir qu’il ne s’agissait que d’une
banale mouche, et non d’un des multiples avatars du célèbre xénomorphe.
C’est ici que s’arrêtent les points de comparaison entre ma vie et le film
Alien : Covenant .
Ou presque.
Oui, tout comme Peter Weyland,
j’effectue des travaux de recherche qui ont des applications dans le domaine
de l’intelligence artificielle...
Mercredi, le 28 décembre 2016
Car... de 2016 Ă 1983, 1984
En tapant les premières lettres de « Carrie Fisher »,
le moteur de recherche m’a proposĂ© «Â
Careless Whisper  » de George Michael...
Macabre clin d’œil du destin.
La princesse Leia vient de rejoindre les étoiles peu après le
départ de celui qui fut l’incarnation du séducteur à la super-classe
de mon adolescence.
La période entre Noël et Nouvel An est toujours pleine de nostalgie
et m’anime d’un mélange de sentiments excessifs et contradictoires,
les retrouvailles familiales avec les différentes générations
faisant écho aux différents âges de ma vie. Mais cette année, ça fait beaucoup.
Je me rappelle que pour mes dix ans, ma mère m’avait accompagné au
train se rendant à la ville. Alors qu’elle allait faire
des courses avant Noël, j’allais — pour la première fois ! —
voir un film tout seul au cinéma.
Sur le quai de la gare, j’avais rencontré une fille de mon club de judo
qui, âgée d’un an de plus, était déjà au collège.
Avec des copines, elle se rendait également au cinéma.
« Tu vas aussi
voir
E.T.  ? » avais-je demandé avec candeur.
« Euh, non. On va voir
La Boum  ! »
À ce moment-là , j’avais compris que même si je me sentais grand
d’avoir un âge à deux chiffres, j’étais encore un petit garçon par rapport
aux centres d’intérêt de ces fraîches adolescentes...
Ma chambre comportait des photos de fusées, de satellites et des dessins
d’artistes du projet de la navette spatiale européenne Hermès.
Ce n’est que plus tard que j’ai punaisé un poster de George Michael
dans ma chambre, essayant de copier l’allure et la coiffure
du chanteur britannique, mes cheveux naturellement blonds n’ayant
pas besoin d’être décolorés ; je ne savais pas encore que, chez
cet artiste, la séduction auprès de la gent féminine était aussi factice
que sa couleur de cheveux...
Combien de slows ai-je
dansés sur la musique de
Careless Whisper et de son troublant
solo de saxophone, tombant souvent amoureux de
mes cavalières, ou sur les accords de guitare de
Purple Rain
de Prince ? Les années 1983 et 1984
virent aussi la sortie du
Retour du Jedi dans les salles.
Et de
Let’s Dance
de David Bowie dans les bacs. Et d’
Hallelujah de Leonard Cohen
sur son album
Various Positions .
Durant cette année 2016, vilaine Faucheuse, tu n’as vraiment pas chômé.
Puisses-tu te calmer un peu pour 2017...
Lundi, le 14 novembre 2016
Violence de la nature sauvage
J’aurais voulu exprimer ma tristesse de voir disparaître Leonard Cohen ou à quel point j’étais navré du résultat des élections aux États-Unis.
Mais un autre événement s’est produit ce samedi qui m’a touché de manière aussi bien physique qu’émotionnelle.
Durant le week-end prolongé qui vient de s’achever, samedi était le seul jour annoncé par les services de météo comme étant beau, c’est ainsi qu’avec la petite famille nous avions décidé de faire une balade à l’air pur dans les proches alentours de Lyon.
Alors que nous étions encore dans la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, nous engageant dans un chemin de terre bordé d’habitations qui montait jusqu’à un bosquet, nous avons entendu un coup de feu.
J’avais mon fils de 21 mois dans les bras car la montée était un peu rude pour lui, mon épouse tenait notre fille de quatre ans par la main, et nous avons échangé un regard interrogateur.
Nous nous sommes arrêtés un instant afin que j’installe le petit bonhomme dans le porte-bébé de randonnée que je porte sur le dos, quand un bruissement de feuilles s’est fait entendre.
Et là , tout s’est passé très vite. Ma fille s’est mise à hurler. J’ai cru qu’elle avait pris peur en voyant un chien, mais c’est un sanglier qui a déboulé de la forêt. L’animal nous a contournés à toute allure mais il s’est soudain arrêté, découvrant qu’il débouchait sur des habitations, un terrain non familier.
Se sentant pris au piège, il a alors fait demi-tour, et j’ai craint pour la sécurité des enfants et de ma femme. Celle-ci s’est baissée pour les protéger et moi, j’ai crié pour lui faire peur.
Le sanglier m’a chargé et s’est échappé par un jardin.
Nous avons demandé de l’aide à la première personne croisée dans ces habitations qui m’a prodigué les premiers soins et qui, coup de chance, était médecin généraliste. Mon épouse s’est chargée de rassurer les enfants qui, après les cris et les pleurs, se sont mis à jouer avec ceux du médecin pendant que je me faisais soigner.
Nous avons ensuite vu un chasseur qui était à la poursuite du sanglier et qui, tenant une feuille ensanglantée, indiquait avoir touché la bête.
Nous avons rebroussé chemin et sommes rentrés à Lyon, non sans avoir au préalable alerté la mairie du danger.
J’ai passé le reste de la journée aux urgences et j’en suis ressorti avec quelques points de suture à la jambe.
Les enfants sont encore traumatisés. La grande ne voulait plus dormir seule dans son lit, craignant de voir débarquer un sanglier dans son sommeil. Mon gamin dit « peur, peur ! » et montre ma jambe en disant « Papa, bobo ! »
J’ai fait des cauchemars dans lesquels nous étions poursuivis par un sanglier qui, dans l’imaginaire des rêves, avait plutôt pris la forme d’un rhinocéros.
De cette surprenant et violente rencontre, je me demande encore si, entre les deux, l’animal sauvage affolé de quelques centaines de kilos était plus à craindre que le chasseur...
Mardi, le 12 janvier 2016
C’est une nouvelle année
Tous mes vœux à vous pour cette nouvelle année !
En guise de résolution, après une longue absence occasionnée par le fait de m’occuper de ma petite famille et de mes activités professionnelles, je compte faire aboutir des textes qui ont dormi trop longtemps dans le disque dur de mon ordinateur. Je viens en effet de terminer l’un des romans que l’on m’a offerts pour Noël et dont une citation m’a particulièrement marqué :
« Savez-vous que les histoires sont comme le bon vin, il faut les laisser reposer pendant des années, les laisser décanter avant de les écrire. Mais attention de ne pas attendre trop longtemps sinon le vin passe. Les histoires tournent au vinaigre. Je détiens dans ma cave de vieilles bouteilles d’années exceptionnelles, que je n’ouvrirai malheureusement jamais. », Xavier Durringer, Sfumato , Le Passage, 2015.
Dimanche, le 29 novembre 2015
Just married!
Deux mille quinze, qui s’achèvera dans un mois,
ne sera pas une « année horrible ».
Cette année aura certes eu son lot de malheurs, de disparitions liées à la maladie,
à des accidents et évidemment à la folie meurtrière de fanatiques,
mais 2015 ne sera pas que cela.
Même si le début de l’année 2015 correspond, dans
la plupart des esprits, aux attentats de
Charlie Hebdo , je veux m’en
souvenir
aussi comme étant la période de la naissance de mon fils.
Et ce mois de novembre 2015, ce ne sont pas que les attentats de Paris,
ce sera
aussi celui de mon mariage avec Delphine, la femme de ma vie,
la merveilleuse mère de mes enfants.
Oui, oui, grande nouvelle : je me suis marié hier, samedi 28 novembre, à Lyon...
Pour l’occasion, l’ami auteur et musicien
Francis
Valéry — qui s’est lancé dans une
nouvelle aventure de crowdfunding pour financer son projet de roman de SF
accompagné de sa « bande son » —, nous a écrit tout
spécialement une musique que nous avons eu le plaisir d’écouter
lors du déjeuner qui a suivi la cérémonie.
Francis décrit ce morceau
comme étant une petite pièce électro-acoustique
à six lignes mélodiques (violoncelle, alto, flûte japonaise, orgue Hammond,
piano et guitare acoustique), avec un chœur de quatre récitants
« aliens » et des enregistrements de nature...
Ça, c’est un cadeau vraiment formidable ! Merci Francis !
Lundi, le 19 novembre 2012
L’IA, les robots et moi (créateurs, créatures, et cætera)
Il y a
10 ans ,
je venais de crĂ©er ce blogue. À cette Ă©poque, je m’apprĂŞtais Ă soutenir une thèse
dans un domaine dérivé de l’intelligence artificielle et je me posais des questions sur
mon avenir. Dix ans plus tard, je suis toujours autant intéressé par l’intelligence artificielle
et mon métier d’enseignant et chercheur me permet de faire de jolies rencontres,
comme revoir le mois dernier lors d’une conférence quelqu’un qui
avait été l’auteur d’un essai fondamental sur l’IA que j’avais lu avec passion
dans mes premières années d’études universitaires,
puis, bien des années plus tard, avait été un de mes professeurs du temps où j’étais encore un étudiant parisien,
et qui est désormais un
collègue . Il m’avait alors confié qu’il
devait participer en tant qu’invité aux dernières Utopiales
afin d’intervenir sur une table ronde dédiée au sujet
des morales humaines et lois robotiques dans l’œuvre d’Isaac Asimov ...
En mars 2012 s’était dĂ©roulĂ© Ă Lyon le sommet europĂ©en de robotique «
InnoRobo ».
Mon intérêt pour l’intelligence artificielle (l’IA) et
la robotique ne date pas d’hier : tout jeune adolescent, j’étais dĂ©jĂ
fascinĂ© par les œuvres de science-fiction Ă©voquant des crĂ©atures artificielles,
qu’il s’agît de grosses machines avec de simples boutons lumineux clignotants
– comme le « Colossus »
du film
le Cerveau d’acier
de Joseph Sargent sorti en 1970 (et adapté du roman
Colossus
de Dennis Feltham Jones) –, de robots
vaguement humanoĂŻdes – comme «
Robby » de la
Planète interdite
de Fred McLeod Wilcox en 1956 –, ou
que les machines fussent si semblables aux êtres humains que seuls des tests très poussés
permettaient de les distinguer de nous
– comme les « rĂ©plicants »
dans
Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982
(adapté des
AndroĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques ? de Philip K. Dick).
J’éprouvais déjà pour les créatures artificielles une réelle fascination, un mélange curieux d’admiration et de
crainte, que je dois à la tradition judéo-chrétienne et à l’héritage culturel gréco-romain qui
m’ont façonné. Or c’est peu dire que la
Bible n’est pas tendre avec ceux qui se permettent de
réaliser des créations qui nous ressemblent, car cet art est réservé à Dieu seul :
« Dieu crĂ©a l’homme Ă son image, il le crĂ©a Ă l’image de Dieu,
il crĂ©a l’homme et la femme. » (Genèse 1:26). L’
Ancien Testament est
bourré d’interdits sur la réalisation de créations nous ressemblant :
« Tu ne te feras point d’image taillĂ©e,
ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux,
qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre »
(Exode 20:4, mais on retrouve des propos similaires aussi
en LĂ©vitique 26:1, en DeutĂ©ronome 4:25 ou 5:8, etc.). À ce propos, je devrais aussi m’interroger
pour mon attrait pour les arts plastiques,
et en particulier pour la
sculpture et le modelage de l’argile ...
Dans la mythologie grecque, le destin est tragique pour l’être légendaire qui aurait
été à l’origine de l’humanité, à savoir le Titan
Prométhée . Après avoir créé les hommes à partir d’argile et d’eau,
il vole le Feu de l’Olympe (symbolisant la connaissance) aux dieux pour en faire don aux hommes,
déclenchant le courroux des dieux qui l’enchaînèrent à un rocher où un aigle venait chaque jour lui
dévorer le foie.
De fait, les histoires de créatures intelligentes se terminent mal, en général, et les
créateurs qui osent braver l’interdit sont remis à leurs places de simples mortels le plus souvent de
manière très cruelle.
Les premières crĂ©atures appelĂ©es « robots », qui sont plutĂ´t
des androïdes, sont celles que l’on retrouve dans la pièce de théâtre
R.U.R. de l’auteur tchèque Karel Capek...
Je pense que ce n’est pas trop déflorer l’histoire que de dire que, à la fin de la pièce, les robots se révoltent
et finissent par anéantir l’humanité.
Les créatures artificielles qui ressemblent à l’homme, on en retrouve aussi des traces dans la tradition
juive avec le
Golem , ce « second Adam » d’argile prenant vie
par le pouvoir magique du rabbin le Maharal de Prague. En détruisant le Golem,
le rabbin aurait été écrasé par la masse de sa créature.
Dans
Frankenstein ou le Prométhée moderne , écrit en 1818 par Mary Shelley,
la science reprend la place qu’occupait auparavant la magie, et on sent dans ce texte
que l’arrivée de l’électricité permettait d’imaginer toute forme de pouvoirs,
dont celui de donner vie à une créature
composée de parties de corps humains décédés. Là encore, le récit se termine
par la mort du créateur (qui traquait sa créature qui ne faisait que semer la désolation
autour d’elle), et l’horreur inspirée par cette histoire était telle qu’une confusion
a fini par s’établir entre la créature et le créateur,
« Frankenstein » dĂ©signant pour la plupart des gens le monstre au lieu
du scientifique qui était parvenu à créer une telle abomination.
Au moment où l’homme mettait le pied sur la Lune, Stanley Kubrick sortait son film
2001, l’Odyssée de l’espace
(au scénario inspiré de nouvelles écrites par Arthur C. Clarke). Le vaisseau spatial était
assisté par une intelligence artificielle appelée
HAL 9000 . Les astronautes,
comprenant que l’IA était en train de dérailler, avaient décidé de la désactiver... mais celle-ci,
ayant pu lire leurs intensions sur les lèvres, avait essayé de les supprimer.
On peut noter que la seule manifestation de
HAL , outre sa voix et son contrĂ´le du vaisseau
spatial, est son œil rouge, nĂ©cessairement menaçant, comme l’est celui du robot
Terminator
quand il est débarrassé de son enveloppe humaine.
Dans la saga des films
Terminator ,
dont le premier volet avait été réalisé par James Cameron en 1984, le concept est toujours le même
– des mĂ©chants robots viennent pour dĂ©truire l’humanitĂ© et il ne reste qu’une poignĂ©e d’humains
pour lutter contre les machines – mais
l’histoire se complique par des voyages dans le temps pour revenir dans le passé afin de changer
l’issue de cette bataille. Suivant les épisodes, le
Terminator venait du futur soit pour
tuer le leader de la révolution, soit pour le protéger.
Dans les années 1970 et 1980, même si on rencontrait en Occident des robots moins méchants
(comme « R2D2 »
et « C6PO » de la saga
la Guerre des étoiles ), c’était
surtout les influences orientales (oĂą le robot est vu plutĂ´t comme un compagnon
que comme une créature soumise à un maître) qui vinrent
changer le regard que nous portions sur les créatures artificielles, comme
Astro le petit robot (
Astroboy dans sa version originale japonaise)
ou « Nono » de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e d’animation franco-nippone
Ulysse 31 .
On commençait à faire apparaître des robots plus gentils à partir du moment où
ces derniers devenaient plus « humains », ou
en tout cas quand ils perdaient un peu de leur rationalité initiale au profit de l’émotion.
On trouvait ainsi « Johnny 5 », dans
Short
Circuit de John Badham, sorti en 1986, qui est un exemple intéressant de
recyclage de la créature de Frankenstein. C’est à nouveau l’électricité
qui provoque la vie en changeant un robot militaire et en lui donnant des capacités
émotionnelles que l’on ne retrouve pas chez les artefacts ordinaires. Le robot est considéré
comme étant un humain parce qu’il est capable d’avoir de la sensibilité et de l’humour.
Bien plus tard, il y eu aussi « Andrew », le robot domestique de
l’Homme bicentenaire de Chris Columbus, sorti en 1999, et adapté
de la nouvelle éponyme d’Isaac Asimov. Tout au long des deux siècles où se déroule
cette histoire, le robot Ă©volue, il subit des
modifications qui le font paraître de plus en plus humain, et ce dernier se bat juridiquement
pour chercher à être reconnu comme un être humain à part entière par l’humanité. Il y parvient au moment
où il acquiert enfin une caractéristique essentielle pour tout être vivant, c’est-à -dire la
possibilité de mourir...
C’est d’ailleurs intéressant de voir que, dans les
œuvres de fiction traitant de l’intelligence artificielle,
les oppositions de base entre la vie et la mort, le créateur et sa créature,
l’amour et la haine, ou le fait de donner la vie ou de tuer semblent perdre leurs frontières pour se mêler,
car on a un peu l’impression qu’une créature artificielle ne peut être
considérée comme intelligente que si elle est aussi vivante,
et que donc elle a aussi la capacité à mourir.
C’est ainsi que Frankenstein finit par se faire tuer par sa créature, ou que Tyrell, le créateur des
réplicants de
Blade Runner , se fait écraser la tête après
un baiser de la mort donné par une de ses créatures qui souhaitait l’obliger
à modifier son caractère génétique afin de prolonger sa durée de vie...
Ces jeux curieux entre la vie et la mort, la créature et son créateur, le fait de donner la
vie et de tuer se retrouvent chez ce même réalisateur qu’est
Ridley Scott dans d’autres œuvres cinĂ©matographiques.
DĂ©jĂ , dans le premier
Alien sorti en 1979,
on rencontre, en plus d’une intelligence artificielle assez basique
chargĂ©e de piloter le vaisseau spatial et appelĂ©e « Maman », un androĂŻde
cachĂ© parmi les humains appelĂ© « Ash ». Sans vouloir interprĂ©ter tout
de façon freudienne, il est difficile de manquer dans ce film les jeux multiples sur la reproduction
et la sexualité, avec une certaine obsession pour l’orifice buccal :
les ĂŞtres humains sont contaminĂ©s par les aliens qui leur pondent un fœtus de crĂ©ature dans la bouche,
les aliens sont pourvus d’une tête phalloïde ainsi que d’une deuxième bouche
rétractile dans leur bouche, l’androïde Ash cherche à étouffer Ripley
en lui introduisant un magazine dans la bouche en une parodie de scène de fellation,
les androïdes sont des machines dont les circuits sont alimentés par un liquide blanc et gluant...
On dirait vraiment que ces idées hantent le réalisateur américain car dans
Prometheus ,
son dernier film en date, ces obsessions sur les modes de reproduction et sur l’artificiel
sont encore plus criantes : si les machines androĂŻdes
sont des créations des humains, nous, les êtres humains,
serions les crĂ©ations d’une espèce extra-terrestre appelĂ©e les « IngĂ©nieurs » ;
l’origine de la vie sur Terre serait due au sacrifice d’un Ingénieur
qui aurait mêlé l’ADN de son organisme à l’eau à travers l’action de nanorobots ;
ces mĂŞmes nanorobots seraient capables de contaminer un ĂŞtre humain pour le transformer en
créature zombiesque parvenant à féconder une femme stérile ;
un Ingénieur sorti de son hibernation cherchera à détruire
les humains que son espèce est parvenue à créer... Cette fois-ci, les monstrueuses créatures,
ce sont nous, et nos créateurs cherchent à nous détruire comme avait tenté de le faire le Docteur
Frankenstein.
Sans dresser une liste exhaustive des œuvres de fiction
(cinématographiques) où sont présentées des intelligences artificielles et leurs
incarnations sous forme de robot (j’aurais pu parler
d’
I, Robot
d’Alex Proyas qui est sorti en 2004 ou
d’
A.I.
de Steven Spielberg qui est sorti en 2001), je crois que l’une des visions les plus
réalistes mais néanmoins tordues qui soient sur les liens entre la nature et l’artificiel,
le modèle et sa copie, se rencontrent dans le du film de science-fiction franco-espagnol
Eva
rĂ©alisĂ© par Kike MaĂllo et sorti en 2011 oĂą se mĂŞlent les sentiments humains d’amour,
de jalousie et de haine dans un monde de petits génies de l’intelligence artificielle
et de la robotique.
Enfin, pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là . Les robots que j’ai croisés au mois de
mars de cette année sont plein de potentialités en terme de capteurs et de capacités d’action
mais, à mon sens, ils sont encore loin d’être dotés de programmes pouvant leur
donner un semblant de comportement intelligent...
« Nao » d’Aldebaran Robotics
« Reeti » de Robopec
« RoboThespian » de Engineered Arts Limited
Vendredi, le 10 aoűt 2012
En souvenir d’un auteur de SFF mutant
Dimanche dernier,
Roland C. Wagner nous quittait. Je pensais ne reprendre ce blogue
que pour annoncer une naissance, et c’est finalement pour parler d’une disparition que je reviens ici...
Roland est le tout premier auteur de science-fiction que j’aie rencontré.
C’était en 1998, j’étais alors étudiant dans la capitale, et je découvrais la faune curieuse du
fandom SF lors d’un événement parisien (le festival Visions du Futur ?
les Rencontres du Club Présence d’Esprit ?) au cours duquel
Laurent Kloetzer
(
* )
se voyait remettre le
prix Julia-Verlanger . Une amie m’avait fait venir à cette manifestation
et me prĂ©sentait Ă tout un tas de gens en tant que « Fabrice », un jeune auteur qui
devait sortir un roman dans la collection Abysses aux Éditions du Masque, et nous n’imaginions pas
que cette collection s’arrêterait peu de temps après sans avoir eu le temps de me publier.
Détail amusant, les personnes rencontrées me prenaient souvent pour
Fabrice Colin (
* ) car nous avons le même âge en plus du même prénom.
C’est donc là que j’ai croisé
Laurent Genefort dont j’avais lu
les Chasseurs de sève ainsi que
Roland C. Wagner dont je n’avais encore rien lu.
En 1999, je quittais Paris pour Lyon. J’ai fait la connaissance
d’
André-François Ruaud
(
* )
et j’ai été adopté par la
Gang .
Les années du tournant du siècle et du millénaire ont été extraordinairement
riches en rencontres et en
découvertes, j’ai connu de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, j’ai beaucoup lu,
j’ai écrit des nouvelles, j’ai repris mon roman non publié,
j’ai débuté ce blogue, j’ai commencé à faire de la cuisine...
C’est ainsi que, avec mes amis, je suis allé à quelques
conventions de science-fiction , celles de l’Isle-sur-la-Sorgue en 2000,
de Saint-Denis en 2001, de Tilff-Esneux en 2002,
d’
Entraigues-sur-la-Sorgue en 2004 ,
et plus récemment celle de Nyons en 2008. Lors de la plupart de ces rendez-vous, j’ai pu rencontrer
Roland et échanger avec lui quelques mots. Je me rappelle avoir eu l’occasion de lui parler
d’intelligence artificielle, domaine informatique qui est ma spécialité, et qu’il appelait
« ayas » dans sa sĂ©rie des
Futurs Mystères de Paris et qu’il représentait sous l’une
des plus formes les plus déjantées de la littérature SF. Lors d’un passage à Lyon avec
sa compagne
Sylvie Denis en 2003,
il avait même mangé de mon gâteau à l’ananas
et récupéré mon nez de clown fétiche...
Entre temps, j’avais lu pas mal de ses textes, dont le recueil de nouvelles
Musique de l’énergie , les premiers tomes des
Futurs Mystères de Paris
et plus récemment la version hardcover de
Poupée aux yeux morts publiée par les moutons électriques...
J’ai toujours passé des moments de lecture agréable,
j’ai souvent beaucoup ri, mais j’étais toujours un peu frustré de ne pas
trouver dans l’œuvre de Roland un sentiment d’intĂ©rĂŞt aussi important que
la sympathie que j’éprouvais pour ce bonhomme si attachant.
Et cela était vrai jusqu’à ... la semaine dernière.
Le mois dernier, j’ai empruntĂ© Ă mon beau-frère – grand amateur de SF –
le roman uchronique
Rêves de gloire . J’en avais entendu beaucoup de bien,
j’avais entendu Roland parler de son roman à l’émission
«
Mauvais genres » de
France Culture . Bref,
j’ai attendu avec impatience que mon emploi du temps me permette de commencer la lecture
même si le sujet ne semblait pas m’intéresser vraiment a priori (la Guerre d’Algérie et de ses conséquences).
Et j’ai dĂ©vorĂ© ce pavĂ© de près de 700 pages. À la fin juillet, alors qu’il ne me restait plus qu’une
petite moitié du livre à lire, André-François était venu me donner un coup de main pour monter
le lit de mon futur bébé. Tout en bricolant, nous avions évoqué ce roman où Roland mettait vraiment
toutes ses tripes, ses passions, ses blessures, tous ses fantasmes... ce qui en faisait
un roman décoiffant pour le lecteur, et expliquait aussi le fait qu’il rafle la plupart des prix
littéraires en SFF.
Et dimanche matin, j’avais terminé
Rêves de gloire , j’en parlais avec enthousiasme
au téléphone à mon beau-frère qui avait éprouvé des difficultés à se plonger dans
l’univers uchronique et que les nombreux narrateurs et le contexte algérien trop mal connu de nous
avaient un peu rebuté. En raccrochant, j’étais content d’avoir pu le convaincre de reprendre la lecture
du roman.
Comment imaginer que, quelques heures plus tard,
Roland décéderait dans un accident de voiture ?
En 2000, à la convention SF de l’Isle-sur-la-Sorgue
En 2001, Ă la convention SF de Saint-Denis
En 2002, Ă la convention SF de Tilff
En 2002, toujours Ă Tilff, Roland rappelant notre discussion sur les AI/IA (ou ayas )
En 2003, à Lyon, chez Markus Leicht , Roland évoquait mon nez de clown fétiche
Au revoir, Roland.
Merci pour tes textes, merci pour ton humour, ta joie de vivre et les idées que
tu nous auras fait partager.
Mes plus sincères condoléances à Sylvie et à ta famille.
Mardi, le 28 février 2012
I Will Always Love You
Il y a deux semaines, alors qu’une partie du monde pleurait la perte
de
The Voice ,
moi aussi, je perdais ma voix...
Être privé de paroles n’empêche pas de tenir un beau rôle, mais je n’ai ni le talent ni les mimiques
de Dujardin, aussi — m’étant retrouvĂ© aphone — suis-je rentrĂ© un peu plus tĂ´t du travail.
Dans le bus, en ce jour de la Saint Valentin, j’ai été un peu étonné de voir un très vieil
homme avec des fleurs Ă la main. À qui Ă©tait destinĂ© ce bouquet ? Au nouvel
amour rencontrĂ© dans une maison de retraite ? À dĂ©corer la demeure de pierre
de l’être aimé disparu ?
Je me suis plu à imaginer qu’il s’agissait tout simplement d’un petit cadeau fait
par le vieux monsieur à la femme de sa vie, la même qu’à vingt ans, signe toujours renouvelé
d’un amour éternel...
Lundi, le 27 février 2012
J’ai croisé Oscar à Bordeaux
C’était en novembre 2006.
Je m’étais rendu à Bordeaux pour un rendez-vous professionnel.
Je me rappelle des heures de train nécessaires pour rejoindre la perle d’Aquitaine depuis la région Rhône-Alpes,
je me souviens aussi d’avoir déjeuné d’une mémorable spécialité locale, la
«
carcasse royale »,
et une situation curieuse me reviens encore à la mémoire : j’avais assisté au tournage
d’un film au moment de repartir, à la
gare Saint-Jean .
L’entrée principale était fermée au public, les seules personnes autorisées étaient
des figurants et des acteurs que je n’étais pas parvenu à reconnaître.
La scène filmée en plusieurs prises devant mes yeux concernait l’arrivée d’un personnage barbu,
celui-ci sortait de la gare, s’arrêtait pour laisser passer le tramway et retrouvait un ami
à qui il donnait l’accolade.
Ce n’est que des mois plus tard que j’avais compris de quoi et de qui il s’agissait, dans le fauteuil d’une
salle de cinéma, en visionnant un film que je n’étais allé voir que parce que j’avais gagné une place
à un jeu concours. C’était
Contre-enquête , un très sombre film policier avec le tout nouvellement oscarisé
Jean Dujardin , méconnaissable
par le port d’une barbe brune qui masquait ses mimiques si caractéristiques. Qui aurait pu prédire
que le clown des
Nous C Nous , le beauf d’
Un gars, une fille ou la caricature de
Brice de Nice ou d’
OSS 117 remporterait la consécration suprême à Hollywood ?
Lundi, le 19 septembre 2011
JEP : Journée sous l’Esprit de la Psychogéographie
Avant-hier, avec le compère
André-François ,
nous avons profité des JEP (les
Journées Européennes
du Patrimoine ) pour faire un peu de «
psychogĂ©ographie ».
Je n’aurais pu être mieux accompagné en cette occasion car
l’ami André-François est expert en la matière : il a traduit et adapté
Psychogéographie ! Poétique de l’exploration urbaine
de Merlin Coverley, un ouvrage paru dans la collection « la bibliothèque des miroirs », volume 10,
aux moutons électriques éditeurs, cette année 2011.
Les
JEP
étant placées cette année sous le signe des transports, nous avons débuté notre promenade lyonnaise
en nous rendant aux
Brotteaux ,
ce quartier du
6e arrondissement de Lyon oĂą se trouve une
ancienne gare .
Hélas, point d’élément spécial en ce week-end dédié au patrimoine :
la gare désaffectée depuis 1982, un beau bâtiment classé au titre des monuments historiques,
ne donnait à voir que des miniatures de petits trains qui ne nous avaient guère intéressés.
Nous avons été tout aussi déçus par la
brasserie aux « cĂ©ramiques Art nouveau remarquables »
(selon le programme) car aucune visite n’était prévue et nous arrêter là aurait
dérangé la valse des serveurs s’occupant de leurs clients.
Ce n’est qu’en quittant le quartier en direction du RhĂ´ne pour nous retrouver Ă
l’Hôtel du
gouverneur militaire de Lyon que nous avions eu de quoi nous mettre
de jolies choses sous les yeux : la bâtisse est très belle avec son style Second Empire à l’accent fortement
italien dans sa décoration (avec voûte, fontaines et arcades de la cour rappelant le style florentin).
Au sortir de l’Hôtel du gouverneur, nous avons été surpris et amusés de voir la devanture
d’une épicerie surmontée de grandes lettres découpées à la police de caractères datée (entre l’après-guerre et les
années 1960) :
Nous avons pris une passerelle pour traverser le Rhône, sommes arrivés dans
le
2e arrondissement , Ă la Place de la Bourse,
mais la file d’attente présente au
Palais du Commerce , trop importante, nous a fait changer nos plans et
remettre la visite à une autre fois. Nous avons ainsi rejoint la foule présente
dans la
rue de la RĂ©publique ,
la
Place Bellecour et
la
rue Victor Hugo , mettant les tendances agoraphobiques d’André-François à l’épreuve.
Arrivés à la
gare de Perrache ,
nous n’avons pas trouvé les expositions qui auraient dû être présentes (dans les bâtiments de la gare ainsi
qu’au sein du Grand Hôtel Château Perrache). Nous sommes cependant parvenus à découvrir
qu’un train spécial pouvait nous déposer jusqu’au technicentre de Lyon et aux ateliers TER de la Mouche.
En attendant le train, AndrĂ©-François se croyait Ă
Bordeaux , et moi Ă
Strasbourg . Il est vrai que ces trois gares, construites dans la deuxième moitié du XIX
e
siècle, présentent nombre de points communs architecturaux. Et comme André-François et moi
sommes tous deux fils d’agents SNCF et que nous avons beaucoup profité du train durant nos études,
nous avons l’un comme l’autre accumulé un stock considérable d’heures d’attente en gare, un livre à la main.
Psychogéographons un peu : les gares ont invariablement eu sur moi un effet apaisant. En effet,
même si je me retrouvais dans un coin complètement paumé de France, je parvenais à rester zen car,
du moment où il m’était possible de trouver une voie ferrée et, de là , une gare,
je ne me sentais pas perdu, disposant chaque année
d’un certain jeu de trajets gratuits nationaux et ayant ainsi la possibilité de rentrer chez moi,
même désargenté.
Un TER est entré en gare pour nous déposer au technicentre de Lyon-Gerland, seul centre TGV de province, destiné
à l’entretien des TGV Duplex de la ligne Paris-Lyon (que j’emprunte à l’occasion pour
me rendre dans la capitale) et du futur TGV Rhin-RhĂ´ne (qui me sera bien utile
lors de prochains séjours alsaciens).
La visite a beaucoup plu à André-François ; il est vrai que toutes ces mécaniques
ne manquent pas de charme, mais je n’ai pas réussi à être réellement bluffé par
tout cela, ayant d’une part peu de goĂ»t pour l’univers des garagistes — fussent-ils ferroviaires —
et ayant d’autre part eu la chance d’emprunter la ligne Paris-Lyon presque dès son
ouverture, au tout dĂ©but des annĂ©es 1980, rendant « normal »
ce qui pouvait paraître à d’autres merveilleux. Néanmoins, parmi les TGV présentés,
il y avait quand mĂŞme le
champion du monde de vitesse sur rail , belle bĂŞte qui
avait fait une pointe Ă 574,8 km/h. Et puis, comme Ă la gare des Brotteaux, nous
avons eu droit à une exposition de trains miniatures, dans un décor très
datĂ© « France d’autrefois », caricature des annĂ©es 1960... avec
malgré tout des éléments anachroniques tels qu’une multitude de velux modernes sur les toits
ou, plus étonnant pour des spécialistes,
des TGV de couleurs orangée (les premiers modèles, qui dataient du début des années 1980)
ou gris et bleu dans leur version
«
Atlantique »
(dont la mise en service ne date que de 1989). Cela nous a amené à nous interroger sur
de nouvelles formes d’
uchronies : après le
steampunk et un de ses avatars comme le
diesel-punk ,
pourrait-on imaginer un genre tel que le
TGV-punk ? (Que ce serait-il passé si
le TGV était apparu dès les années 1960 ?)
Nous avons quitté le technicentre en passant par un petit bout du
8e arrondissement et par
le
7e , en suivant la route de Vienne,
la rue Chevreul et nous avons plongé dans le quartier multiethnique traversé par la rue de Marseille.
Dans le
3e arrondissement , nous nous sommes
retrouvés à la
place Bahadourian pour rejoindre
le quartier de la Part-Dieu
au plus court, c’est-à -dire en prenant la rue Moncey,
cette fameuse rue « euclidienne »
(dont j’ai déjà parlé
dans cet article ),
une des rares rues qui passe en diagonale et qui permet d’éviter
toutes les rues et tous les cours qui se coupent Ă angle droit,
pressĂ©s que nous Ă©tions d’échapper Ă la pluie qui commençait Ă
tomber à grosses gouttes en cette fin d’après-midi.
Mercredi, le 22 juin 2011
Musique, neuvième art... et (agri)culture
Lyon,
place des Cordeliers ,
la semaine dernière.
Jeudi 16 juin,
sanctuaire Saint-Bonaventure : très grand moment d’émotion musicale.
L’orchestre Philharmonia ,
sous la direction de Jean-Claude Guérinot, a interprété le
Concerto pour violon n° 2 en mi mineur, opus 64 de Felix Mendelssohn Bartholdy.
La soliste
Marie-Annick Nicolas
a admirablement fait vibrer les cordes de son instrument pour nous entraîner dans les merveilleux
chemins de cette œuvre romantique. Vivement applaudie par le public,
Marie-Annick Nicolas a ensuite joué
a capella la
méditation de Thaïs de Jules Massenet
pour rendre hommage à un collègue musicien récemment disparu.
Puis chœur, tĂ©nor et baryton ont fait leur entrĂ©e sur scène et le spectacle s’est poursuivi avec la
Messa
dite « Messa di Gloria » de Giacomo Puccini.
Samedi 18 et dimanche 19 juin, à cette même place : petite déception.
Durant le week-end était organisé le
6e Lyon BD festival
au Palais du Commerce. J’aurais pu rencontrer certains auteurs de BD dont je suis régulièrement les blogs,
étant abonné à leurs
flux RSS , tels
Pénélope Bagieu
(
Ma vie est tout Ă fait fascinante ),
Boulet (
Bouletcorp - le blog ),
ou
Lewis Trondheim
(
Les petits riens )...
Trop de monde dans la file d’attente pour entrer au
Palais de la Bourse où se déroulait cet événement, et trop d’autres choses
Ă faire pour perdre son temps dans la file, alors nous avons poursuivi notre chemin par la rue de la RĂ©publique pour
aller voir la Place Bellecour en pleine nature :
Pour le plaisir, je vous propose quelques
interprétations comparées du
Concerto pour violon de Mendelssohn :
Et l’interprétation effectuée par
Itzhak Perlman (un de mes violonistes favoris)
avec le New York Philharmonic,
sous la direction de
David Zinman en 1982 :
VIDEO
Mardi, le 22 mars 2011
Changements
Pas beaucoup de changements au niveau de ce site dernièrement, pourtant il s’est produit...
des changements sur terre, avec la production d’événements naturels
attendus avec crainte, et leurs terribles amplifications destructrices
lorsqu’ils viennent toucher aux constructions humaines,
des changements en cours dans le monde, avec des révolutions porteuses
d’espoir,
des changements dans ma vie, avec un jour oĂą je me suis un
peu senti comme Benabar :
VIDEO
Lundi, le 22 novembre 2010
Small world
Hier, je me trouvais en Suisse, et j’ai déjeuné avec ami français dans un restaurant chinois. À un moment,
il a calculé les heures de décalage avant de s’excuser pour envoyer, avant qu’elle
ne dorme, un message depuis son téléphone portable à une copine russe vivant près de la mer du Japon...
Mardi, le 9 novembre 2010
Occasion peut-être manquée
Dans le film Mange, Prie, Aime réalisé par Ryan Murphy ou dans le livre l’Homme qui voulait être
heureux de Laurent Gounelle, le personnage principal, en quĂŞte spirituelle et de lui-mĂŞme,
rencontre un vieux sage auprès duquel sa vie reprend son sens.
Et dans les deux cas, cela se passe sur l’île de Bali.
C’est un peu frustrant : je me suis rendu l’été dernier dans ce lieu magique et je n’ai pas eu
l’occasion de faire une telle rencontre. J’ai visité des temples hindous, j’ai vu des
paysages superbes de rizières en terrasse, mais je n’ai pas connu le choc émotionnel
de ces deux personnages de fiction. Par contre, avant d’arriver sur terre, j’avais passé
une semaine en croisière où j’ai fait de la plongée sous-marine. Sous l’eau, dans
un cadre féérique, je n’ai pas cherché à observer le maximum d’espèces marines qu’il soit possible de voir,
je me suis contenté d’évoluer, tout simplement, dans cet autre univers,
avec l’étrange impression de voler, et je pense qu’il s’agit de la sensation
la plus proche de ce que peuvent vivre les astronautes, moi qui ai toujours
rêvé de voyager d’une étoile à l’autre.
Après tout, un gourou n’est pas nécessaire pour se sentir en harmonie avec le monde
et avec soi-mĂŞme...
Jeudi, le 21 octobre 2010
J’en ai un peu honte...
...mais hier, j’aurais pu passer la journée à écouter
France Info . D’ordinaire, c’est la radio que l’on n’écoute guère plus
de vingt minutes, en prenant le petit déjeuner, après avoir pris sa douche et avant d’aller partir
bosser. L’écouter plus longtemps, c’est du masochisme : les flashs sont
les mêmes tous les quarts d’heure, ou presque, les mêmes reportages reviennent toutes les heures,
c’est une répétition qui donne vite la nausée. Il faut vraiment attendre l’annonce d’une
nouvelle très spéciale et très importante pour parvenir à rester brancher en continu sur cette fréquence.
Or, hier, il y avait la grève du personnel de la radio, et donc on a pu avoir droit
à de la musique, d’un genre assez indéterminé, de la musique de films, des chansons françaises,
de la pop anglaise, enfin pas de gros rap qui tache ou de cet insupportable R’n’B contemporain,
mais un ensemble de musiques récentes ou anciennes qui aurait pu ressembler à ma propre playlist
augmentĂ©e de titres du type « si vous avez aimĂ© cette musique, vous aimerez aussi
celle-ci ».
Avec quelques scrupules, je me mets à souhaiter une nouvelle grève de la radio...
Samedi, le 2 octobre 2010
Rentrée littéraire
Oui, je ne mets plus très souvent ce blog à jour : mon activité créatrice du moment
se limite à mon boulot de chercheur (dont je ne souhaite pas parler ici), ou alors à la cuisine, d’où
l’aspect de blog culinaire que prennent ces notes...
Il n’empĂŞche que je lis quand mĂŞme des œuvres de fiction. J’ai terminĂ© tout dernièrement le premier tome
de
Bodichiev d’
André-François Ruaud . Je n’ai jamais été un grand fan des enquêtes policières
mais, ici, les affaires du détective imaginé par Ruaud se déroulent dans un monde
uchronique ,
ce qui donne une saveur particulière à l’ouvrage. On apprécie ainsi autant la découverte
de cet univers — oĂą, de nos jours, la Russie des tsars s’étendrait sur la majeure partie du monde
(de l’archipel britannique Ă la cĂ´te occidentale de l’AmĂ©rique du Nord) — que
des personnages ayant réalisé tels ou tels méfaits, la manière dont ils ont procédé ainsi que leurs
motivations. Je recommande vivement la lecture de ce recueil de nouvelles, d’autant que
les expressions et mots un peu précieux qu’emploie Ruaud pour peindre son monde s’accordent
à merveille avec le temps de son livre, mélange d’un présent et d’un passé décalé.
Après
Bodichiev , j’ai débuté avec un autre grand bonheur
la lecture de
La tête en arrière de Violaine Schwartz, comédienne et cantatrice qui
narre avec un humour caustique l’histoire d’une chanteuse lyrique, sans travail depuis des mois et des mois,
qui... (
allez plutôt suivre le lien pour la suite du résumé
ou découvrir les premières pages du roman ).
Ensuite, je vais attaquer
Cent Seize Chinois et quelques de Thomas Heams-Ogus. Je crois que je vais
aussi beaucoup aimer ce livre. En tout cas, j’ai eu l’occasion de rencontrer ces deux jeunes auteurs
jeudi dernier Ă la
Villa Gillet , et ils
m’ont donné très envie de lire leurs textes... et aussi de me remettre à l’écriture.
Ah oui, et ce n’est pas ma faute, la carte Wi-Fi de mon ordinateur portable s’est remise Ă
déconner, alors j’ai acheté une petite clé USB-Wi-Fi et je n’ai pas pu m’empêcher de prendre
aussi
Lunar Park
de Bret Easton Ellis. J’avais vu les adaptations cinématographiques d’
American Psycho ,
Les Lois de l’attraction et
Zombies et j’ai lu cet été
Moins que zéro ...
alors je me suis dit que ce serait mieux de connaître aussi ce roman d’autofiction avant de commencer
Imperial Bedrooms dont j’avais fait l’acquisition sous sa forme anglaise lorsque j’étais au Canada.
Problème, avec tout ça : il va me falloir une nouvelle bibliothèque... Mes
rayonnages débordent de partout !
Lundi, le 6 septembre 2010
Compagnies aériennes et aéroports
J’ai beaucoup pris l’avion ces derniers temps. En vrac, je peux dire que j’aime bien :
Samedi, le 24 juillet 2010
Incivilité
Passant pas mal de temps en transports en commun,
j’ai de nombreuses occasions de côtoyer mes semblables, ce qui est
le plus souvent agréable tant que l’on n’est pas victime ou
témoin de marque d’incivilité. Je suis surpris de découvrir
que mon dictionnaire indique pour « incivilitĂ© »
qu’il s’agit d’un terme vieux ou littéraire, de même que l’emploi
est considĂ©rĂ© vieilli pour « civilitĂ© » qui est dĂ©fini comme
l’observation des convenances, des bonnes manières en usage dans un groupe social .
Peut-ĂŞtre ai-je encore des mœurs d’un autre temps, ou en vigueur
dans d’autres régions (le plus bel exemple d’individus pour lesquels
la civilité n’est pas une valeur oubliée me semble être les Japonais).
L’autre jour, je prenais un train régional quand,
parmi les nombreux voyageurs montant Ă une gare,
s’est installé à quelques sièges de ma place un homme d’un certain âge,
de style un peu vieux beau. À peine assis, ce monsieur a fait sonner son téléphone
portable, avec une petite musique pénible et bien forte, comme s’il était
en train de se dĂ©cider Ă modifier ses sonneries. Des regards — souvent
noirs — se sont dirigĂ©s massivement sur l’importun, mais celui-ci n’y
prêtait pas attention, tout comme il ignorait la signalétique avec l’explicite
tĂ©lĂ©phone portable endormi. D’ordinaire, je n’hĂ©site pas Ă « faire
la loi » lorsqu’il y a quelqu’un qui me dĂ©range ou ennuie
les autres passagers, par exemple en fumant, mettant ses pieds sur les
sièges ou allumant de la musique très fort. Il s’agit cependant le plus
souvent de jeunes qui finissent par obéir, même s’ils jouent
aux petits caĂŻds pour ne pas perdre la face devant leurs copains.
Mais lĂ , il y avait pas mal de personnes entre le monsieur et moi,
et cela ne m’était pas encore arrivĂ© de faire des remarques Ă
quelqu’un de plus âgé. L’homme a ensuite passé un appel, en
parlant bien haut pour que tout le wagon puisse profiter de
sa conversation d’une banalité affligeante. Enfin, cinq minutes
avant d’arriver au terminus, il s’est levé pour chercher ses
bagages et s’est placé devant la porte, histoire de bien
faire comprendre que c’était lui qui allait être le premier
à débarquer, comme s’il voulait dire à tout le monde qu’il
était quelqu’un d’important et de pressé.
Au moment où je sortais du train, je ne pus m’empêcher de sourire
lorsque je le vis sur le quai réservé aux techniciens :
il s’était trompé et, penaud, devait remonter dans le train
pour sortir du côté voyageur, et cela après nous tous.
Il faut croire que l’incivilité va de pair avec l’imbécilité...
Jeudi, le 15 juillet 2010
Ma garden party en Afrique
En ces temps étonnants où le Président renonce à sa fête estivale privée
dans les jardins de l’ÉlysĂ©e pour que l’on pense moins Ă certains scandales,
je me rappelle de la curieuse
garden party à laquelle j’avais participé, il y a une
quinzaine d’années...
Pendant mes études, j’ai eu l’occasion de faire un stage de quelques mois en Belgique, en
banlieue de Liège. Pendant cette période, j’ai beaucoup sympathisé avec les autres
Ă©tudiants Ă©trangers — non pas mes concitoyens, qui donnaient une
dĂ©plorable image de la France aux Belges — mais des pays essentiellement africains,
d’anciennes colonies belges ou françaises. Là -bas, je m’étais lié d’amitié avec Karim,
un Belgo-Tunisien qui passait son temps entre Liège où se déroulaient ses études,
Louvain où il passait quelques week-ends auprès de sa tante flamande, et la Tunisie où
il retrouvait ses parents durant les vacances. Un an après mon stage, Karim était venu
visiter l’Alsace et, l’année suivante, c’est moi qui suis allé le voir à Tunis, pendant le mois de juillet.
Cette année-là , je n’avais pas fêté le 14 juillet mais... le 21. Je me suis en effet
retrouvé parmi le gratin des Belges vivant en Tunisie, intrus présenté comme
un « Belge de Strasbourg » par le facĂ©tieux père de Karim.
Après avoir écouté la Brabançonne (que je n’avais jamais entendue auparavant) et un
discours en français et en flamand de Son Excellence, nous
nous sommes restaurés de petits fours et de cochonnaille (car il était bien difficile
d’en trouver dans ce pays très majoritairement musulman). Les potins allaient bon
train, aidés en cela par la bière qui coulait à flot dans la chaleur magrébine.
Cet été, c’était de la
Jupiler qui était servie et j’avais alors appris que,
d’une année à l’autre, il y avait de soit de la bière wallonne (la brasserie
de Jupille-sur-Meuse se trouvant en banlieue de Liège)
soit de la
Stella Artois , une bière brassée à Louvain.
Eh oui, même pour cela, dans le royame d’outre-Quiévrain, il fallait
trouver de quoi ne froisser aucune susceptibilité...
Vendredi, le 25 juin 2010
Témoin d’un accident
C’est très chouette de pouvoir partir à l’autre bout
du monde pour aller faire de la plongée sous-marine...
mais il faut pour cela faire quelques vaccins
et avoir un certificat de non contre-indication
Ă la pratique de ce sport. En me rendant ce matin chez le
médecin, je commençais à m’impatienter sur le trottoir
en attendant que le feu soit vert pour les piétons. Moins prudent
que moi, un jeune homme a traversé la route... et s’est
fait renverser par un scooter en un impressionnant vol plané.
Moment de stupeur. Deux blessés à terre dans un amas de bouts de plastique et
de ferraille. J’ai sorti mon téléphone portable pour appeler les
pompiers. Je n’étais a priori pas le premier à composer le 18 :
au standard mon interlocuteur avait parlé d’un scooter avant moi.
Le coup de fil passé, le piéton renversé et la conductrice du scooter
Ă©taient Ă nouveau debout, en Ă©tat de choc et en sang, cependant
il n’était plus de question de vie et de mort, c’était rassurant. Voyant que
les blessés étaient pris en charge par d’autres témoins de
la scène et entendant la sirène des pompiers, je me suis rĂ©solu Ă
quitter les lieux pour aller Ă mon rendez-vous.
Qui était en tort ? Le piéton avait traversé alors que le feu
était rouge, c’est un fait. Mais le scooter, allait-il trop vite ?
J’aurais été bien en peine de pouvoir répondre à cette question.
Dans la salle d’attente du médecin, j’ai repris la lecture
d’un essai de neuropsychologie destiné à la mémoire, et je suis
justement tombé, dans un chapitre consacré aux faux souvenirs et aux distorsions,
sur une expérience menée par des psychologues américains
(
dont on peut trouver l’article ici )
qui consistait à indiquer quelle était la vitesse des véhicules à des sujets
assistant Ă la projection de courts films montrant des accidents de voitures.
Les résultats variaient énormément suivant la force des termes
employés dans la question (d’une vitesse considérée comme plus
faible pour une question avec l’expression « les voitures sont entrĂ©es en contact »
à une vitesse considérée comme beaucoup plus rapide quand la
question parlait de voitures qui « se sont Ă©crasĂ©es l’une contre l’autre »).
Si j’avais dû témoigner de la scène, alors que j’avais pourtant vraiment bien
vu le scooter arriver, je pense que j’aurais sans doute surestimé
sa vitesse en raison des éléments gardés en mémoire :
la violence du bruit de la collision et les images saisissantes de l’accident.
Mercredi, le 23 juin 2010
L’équipe
L’overdose des informations footballistiques va sans doute s’arrêter, et c’est tant mieux.
J’éprouve en effet une profonde aversion pour les sports d’équipe, et cela remonte à ...
loin... vraisemblablement à mes premières années de collégien.
À l’époque, j’étais plutĂ´t petit par rapport Ă ma classe d’âge (Ă©tant nĂ© en
fin d’année) et, plus que tout, je détestais l’esprit de compétition. Je n’étais pas
vraiment nul en sport, mais je montrais une mauvaise volonté évidente à obéir aux
capitaines pour marquer ou défendre un but ou un panier contre d’autres joueurs que je n’arrivais pas
Ă considĂ©rer comme des adversaires. Les « leaders nĂ©s » l’avaient
vite compris et, au moment de composer des équipes, j’étais souvent choisi en dernier,
après les grassouillets qui, bien que patauds, faisaient preuve d’une bien meilleure
motivation que moi.
Mon meilleur ami, en classe de 6
ème , montrait le
mĂŞme dĂ©sintĂ©rĂŞt que moi pour « l’esprit d’équipe », aussi
les profs, désespérés de nous voir ainsi, nous faisaient jouer avec les filles, ce qui n’avait
absolument rien de désagréable (une compagnie féminine était toujours plus plaisante,
sans doute n’étions nous pas en retard sur tous les plans).
Le sport que je pratiquais alors était le judo, quand j’aimais beaucoup tant qu’il
s’agissait de découvrir la philosophie japonaise qui l’accompagnait et
d’apprendre les gestes permettant une meilleure maîtrise de son
propre corps. Je me suis cependant mis à détester ce sport au moment où j’ai
été obligé de faire des combats, et j’avoue que j’ai passé des samedis
après-midis de cauchemar dans les dojos de la région pour participer
à d’abrutissantes et frustrantes compétitions.
Depuis, rien n’a changé. J’ai toujours aussi peu de considération pour les
sports qui mettent en avant la compétition ou d’autres valeurs
que je ne partage pas. Mon sport favori est la plongée
sous-marine : l’équipe s’appelle ici
«
une palanquĂ©e », et ce qui nous unit
n’est pas un esprit agressif envers d’autres joueurs mais une confiance
mutuelle nous permettant d’évoluer en sécurité dans un autre monde, l’eau
et la féerie des fonds du grand bleu...
Jeudi, le 10 juin 2010
Tokyo : Jour 5
Lost in T[ranslation ]okyo .
Il y a quelques années, lors de mon premier séjour au Japon,
j’ai réussi à rentrer à mon hôtel après une heure de
déambulation hésitante alors que je m’étais trompé
de sortie à la station de métro, qu’il était très tard
lorsque j’avais quitté mon collègue japonais et que je n’y
voyais plus très clair car le repas au restaurant était fort arrosé.
NĂ©anmoins, je me trouvais non dans la capitale mais dans une
grande ville de l’île de Kyushu aux dimensions beaucoup plus modestes, et mon hôtel
était un grand bâtiment ultramoderne présent sur une des principales avenues.
À Tokyo, mon hôtel est situé au sein d’un dédale de petites rues,
avec peu de points caractéristiques sur le chemin pour se repérer.
Et en utilisant de façon erronée l’astuce mnémotechnique donnée
par le collègue tokyoïte, j’ai confondu le nom de deux stations de métro
et je me suis retrouvé à Shinjuku, le quartier des gratte-ciel situé à l’est,
au lieu du paisible quartier de Ueno, beaucoup plus au nord. Après avoir repris
le métro, je me suis retrouvé dans le bon quartier, mais je n’ai plus
réussi à reconnaître les précieux indices permettant de me mettre sur la voie
de mon hôtel, et comme je n’avais pas sur mon bout de plan les rues
oĂą ce dernier se situait, en essayant diverses rues au hasard,
je ne faisais que m’éloigner de mon objectif. C’est ainsi que, un peu lâchement,
j’ai arrêté un taxi et donné mon illisible bout de papier avec les informations
écrites dans les seuls caractères japonais au chauffeur... et, après avoir fait
demi-tour, j’ai pu rentrer chez moi en un quart d’heure.
Mercredi, le 9 juin 2010
Tokyo : Jour 4
J’ai un point commun avec les Japonais qui tient dans un mouchoir de poche.
Un élément déroutant, au Japon, est l’absence de serviette. Bien sûr,
il y a des serviettes de table au restaurant, ces fameuses serviettes
humides chaudes, mais lorsque l’on veut se laver les mains dans un
lieu public, il n’y a ni serviette en papier ou en tissu, ni séchoir à main.
Il se trouve que les Japonais ont toujours sur eux un
mouchoir en tissu qui leur permet de s’essuyer.
C’est amusant, parce que j’ai l’habitude d’avoir dans les poches de mon
pantalon des mouchoirs, l’un pour me moucher (car j’ai horreur des
mouchoirs en papier), l’autre pour m’essuyer les mains au cas où je tomberais
sur un séchoir ne marchant plus ou sur un bac à serviettes vide.
Je n’avais cependant pas imaginé que cette petite manie aurait une réelle utilité ici.
Mardi, le 8 juin 2010
Tokyo : Jour 3
Je me sens un peu comme
Carrie Bradshaw .
Oui, c’est ça, le personnage de
Sex and the City joué par Sarah Jessica Parker,
la série télévisée (que je n’ai jamais regardée d’ailleurs) (mais dont je suis allé voir
la première adaptation du film) (enfin, ma copine de l’époque m’a poussé à aller voir ce film)
(ouais, on accepte parfois n’importe quoi quand on est amoureux).
Comment en suis-je venu à me sentir comme l’hystérique new-yorkaise depuis
que je suis Ă Tokyo ?
RĂ©ponse : les chaussures !
Je passe mon sĂ©jour au Pays du Soleil Levant dans un hĂ´tel traditionnel. Par « traditionnel »,
il faut entendre un petit hôtel, avec salle de bain commune, un jardin ravissant avec un plan d’eau
rempli de poissons, etc. Or, quand on entre dans l’hôtel, la première chose à faire
est se déchausser pour mettre les chaussons d’intérieur. Mais attention, pas
question d’entrer dans sa chambre avec ! Il faut être pieds nus ou en chaussettes.
Et on quand on va aux toilettes, il faut porter les « sandales pour toilettes »,
et pour pouvoir faire un tour dans le petit jardin, lĂ encore, il faut mettre les
sandales appropriées... Bref, je change de pompes encore plus souvent
que Carrie.
Lundi, le 7 juin 2010
Tokyo : Jour 2
L’Orient est indéniablement très en avance sur l’Occident.
DĂ©jĂ , ce matin, avant de partir travailler Ă
Todai , j’ai pu échanger quelques mots en messagerie
instantanée avec de la famille au Canada.
Alors qu’au Japon nous débutions la semaine, c’était encore un soir de week-end en Amérique.
C’est très curieux.
Puis, après une bonne journée de boulot, nous avons dîné dans un sushi-bar près du
Dome et de l’Institut
Kodokan . Je crois n’avoir jamais goûté à autant de variétés de
poissons, crustacés et coquillages crus accompagnés de riz. Il y avait pas mal d’animation
devant le
Dome car les
Giants disputaient un match de base-ball contre une autre Ă©quipe
de l’archipel.
Et là , de retour à l’hôtel, je lis avec amusement le courrier électronique d’un
collègue en France qui me demandait si je voulais déjeuner en sa compagnie. Comment !
DĂ©jeuner ?...
Dimanche, le 6 juin 2010
Tokyo : Jour 1
Mais où est passé mon week-end ?
Samedi, en début d’après-midi, je suis allé à l’aéroport de
Lyon Saint-Exupéry. Une escale de quelques heures, un vol
retardé pour cause de problème technique, une nuit de sommeil
difficile dans l’avion, une arrivée à Narita en milieu d’après-midi, et encore
une heure de
Kensei pour rejoindre Tokyo. Et lĂ : Ă©norme surprise !
Pas du tout l’impression d’être dans une ville de fous, l’hôtel traditionnel a un charme
extraordinaire, il s’agit d’un tout petit hôtel familial perdu à quelques pas
de
Todai ...
La sensation décevante d’avoir perdu une journée
complète a été aussitôt remplacée par le plaisir délicieux de vivre à l’heure orientale
pendant le reste de mon séjour.
Dimanche, le 16 mai 2010
Nuit des musées et Nuits sonores
Petite déception, hier soir, en arrivant au bout de la rue Boileau. Rien n’indiquait
la prĂ©sence de l’évĂ©nement « la Nuit des musĂ©es dans l’attente de
l’ouverture du musĂ©e des Confluences » pourtant annoncĂ© sur le site web
du Ministère de la culture.
Dommage. Alors cap au sud, je suis reparti à l’autre bout de Lyon, suivant le cours du fleuve
pour arriver jusqu’à l’avenue Leclerc et essayer un musée dans lequel je n’avais jamais mis
les pieds : le Musée d’Histoire militaire de Lyon. Au numéro indiqué se
trouve la caserne. Après avoir passé la barrière, il y a plein de zones interdites,
et il faut chercher les petites flèches indiquant où se trouve le musée. Là encore, rien ne semblait
indiquer que le lieu Ă©tait ouvert, mais il l’était pourtant, avec un peu de lumière Ă
l’étage. Et dans une salle pleine de panneaux, de mannequins d’hommes en armes et de vitrines,
ce fut une très intéressante plongée dans vingt siècles d’histoire, de la Gaule romaine aux
guerres contemporaines : comment Lyon s’est fortifiée, comment elle a été rattachée au royaume
de France dont elle fut pendant longtemps une ville frontière, quels événements
douloureux s’y sont déroulés, en particulier au moment de la
Révolution (allant même jusqu’à perdre son nom pour
s’appeler « Ville-Affranchie »).
Étonnant de voir des photos d’archives montrant que lĂ oĂą se trouve mon actuel bureau Ă©taient
fabriquées les armes qui équipaient l’armée française, ou qu’une caserne se tenait en lieu et
place de la gare et du centre commercial de la Part-Dieu.
Sans m’en rendre compte, les heures avaient filé à une incroyable vitesse. Lorsque je suis
enfin sorti du musée, la nuit était en train de tomber.
Près de la piscine du Rhône, une jeune femme, en me croisant, m’a demandé si je cherchais
un billet. Non merci. La musique Ă©lectronique des Nuits sonores montait
dans l’air en diffusant une chaleur que ce printemps frisquet nous refuse encore. Le cri
d’une vieille femme depuis son balcon — ça va durer encore longtemps
ce bordel ? — me fit sourire. Pour profiter d’une aussi belle ville
avec une si jolie vue sur le RhĂ´ne, on peut bien accepter de temps Ă autre quelques nuisances
sonores...
Samedi, le 15 mai 2010
Mes nuits des musées
J’ai l’impression d’être assez casanier en ce moment. Aussi, quand un événement tel que
la
Nuit des Musées a lieu,
cela me donne une occasion de sortie pour explorer des endroits insolites par
nature, par l’heure à laquelle on peut s’y promener ou par les animations qui s’y déroulent.
J’apprends que c’est déjà la 6
ème édition de la Nuit des Musées. Qu’ai-je fais aux précédentes ?
Il y a deux ans... j’étais Ă Saint-Étienne. Je me rappelle
que la ville était déserte en raison de la pluie... et s’il y avait des courageux, soir de match
oblige, ils se trouvaient au Chaudron pour encourager les Verts. Je me souviens
qu’avec mon amie d’alors, nous avions bravé les éléments en jeunes amoureux fous pour voir
le MusĂ©e d’Art et d’Industrie puis celui du Vieux Saint-Étienne.
L’an dernier, j’étais de retour à Lyon. L’oreille collée à mon téléphone, je longeais le Parc de
la Tête d’Or pour rejoindre le Musée d’Art Contemporain. Et c’est en arrivant
seul à la Cité Internationale, que j’ai appris par mon portable
que la belle histoire qui se déroulait entre elle et moi venait de s’achever...
Jeudi, le 6 mai 2010
La sensation de l’artiste
Grosse journée de travail à Paris, hier.
Avec un TGV Ă 6h30, j’aurais eu nĂ©anmoins une dizaine de minutes de retard Ă
ma réunion située de l’autre côté de la capitale, dans le 16
e arrondissement.
Puis, au dernier moment, l’heure de démarrage
de la réunion a été retardée d’une heure, aussi ai-je eu le temps de faire une
petite balade pĂ©destre. RER A depuis la gare de Lyon, descente Ă la station Charles-de-Gaulle-Étoile.
Arc de triomphe, Champs ÉlysĂ©es.... Amusant de jouer au touriste dans la
ville qui fut celle où j’avais vécu un an, il y a plus de dix années de cela.
Avenue Georges V. Boutiques de luxe, ambassades, grands hĂ´tels. Puis la
Seine, longée jusqu’à la Place du Trocadéro.
Et lĂ , la sublime citation
de Paul Valéry sur le Palais de Chaillot :
Tout homme crée sans le savoir
Comme il respire
Mais l’artiste se sent créer
Son acte engage tout son ĂŞtre
Sa peine bien-aimée le fortifie
Nul n’a aussi bien décrit ce sentiment que j’ai l’occasion de
connaître quand j’ai l’impression que plus rien au monde n’existe d’autre
que le texte que je suis en train d’écrire ou la matière que
je suis en train de sculpter...
Samedi, le 1er mai 2010
Le prix de la fin du monde
J’ai un petit frère qui vit au Canada, dans la partie anglophone, et
j’ai voulu lui envoyer un cadeau il y a quelques jours à l’occasion
de son anniversaire. J’ai eu du bol car je m’y suis pris en avance
et j’ai ainsi évité de pas grand chose de voir mon colis bloqué en raison de
l’interruption du trafic aérien (le volcan en Islande, vous vous rappelez ?)
Cependant, mon frère a eu la mauvaise surprise de découvrir qu’il devait
aux livreurs une quinzaine de dollars de frais de taxe et de douane pour pouvoir récupérer son présent,
alors que j’avais bien pris à mes frais tout ce qui concernait le transport.
Petite explication : je souhaitais offrir quelque chose représentant de
la culture française. Tout d’abord, de la littĂ©rature. J’ai donc pensĂ© Ă
Big Fan , l’excellent
roman de
Fabrice Colin .
Outre le fait que je connaisse un petit peu l’auteur, que j’avais recueilli son témoignage
sur la co-Ă©criture pour un article dans le tome 2 de la revue
Fiction et que l’on m’ait pris pour lui à un rendez-vous
parisien sur les littératures de l’imaginaire il y a une dizaine d’années (nous partageons le même prénom et la
même année de naissance),
Big Fan est vraiment un bel ovni littéraire, parlant
de musique, et plus particulièrement du groupe Radiohead (en plus, mon petit frère reprend
Creep
et
My Iron Lung
avec son groupe de rock dans les bars de Toronto) et de la plongée dans la folie d’un fan ultime.
La seconde partie de mon cadeau concernait un autre aspect de la culture de notre beau pays, Ă savoir
la cuisine, et donc je lui ai fait parvenir un kit de cuisine moléculaire (le même que
je me suis acheté et dont je me suis servi dans la préparation du plat dont je parle dans mon billet précédent).
De ce fait, un livre sous-titrĂ© « Radiohead,
la fin du monde et moi » et un
kit de cuisine ressemblant davantage à une boîte du petit chimiste avaient de quoi
rendre les douaniers quelque peu méfiants...
Lundi, le 12 avril 2010
Quand la grève a du bon
Mardi dernier, je devais rentrer de mon long week-end de Pâques passé dans ma
région natale auprès de ma famille. En train. Coup de chance, la grève SNCF ne devait démarrer que le soir.
Cependant, j’avais une réunion de travail en région parisienne prévue le lendemain et,
en raison des événements, celle-ci avait dû être reportée, mon TGV ayant été annulé.
Mon retour d’Alsace fut malgré tout pour le moins... épique.
Arrivé à Mulhouse, notre train resta bloqué un certain temps. Nous
avions eu droit Ă un « retard pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e »
de fort mauvais augure qui devint « entre une et deux heures »
et on nous distribua des paniers repas (mais la plupart des autres voyageurs Ă©taient
déjà allés s’acheter sandwichs et boissons). Au bout de deux heures,
notre train parti Ă allure rĂ©duite, patienta encore un bon bout de temps Ă
Belfort, circulation au ralenti sur une seule voie jusqu’à Montbéliard, puis
le train changea de direction en passant par la Bourgogne avant de rejoindre Lyon.
La raison de ce retard est expliquée
ici : un train de marchandises transportant des voitures avait pris feu.
La faute Ă pas de chance.
Arrivé à Lyon, j’étais heureux de ne pas avoir de correspondance (elles étaient assurées par la
SNCF en taxi, ou un hébergement sur place était prévu), néanmoins ce train n’était pas passé
par Lyon Part-Dieu avant le terminus à Lyon Perrache, et après 1 heure du matin
(au lieu de 22 heures la veille), il n’y avait plus de transport pour rentrer dans
le 6ème arrondissement (les taxis ayant été pris d’assaut par des petites vieilles).
J’eus donc droit à une bonne balade de trois quarts d’heure à pied pour rentrer chez moi
en traversant Lyon by night avec ma valise à roulettes. Pas désagréable finalement :
l’air était doux, les rues piétonnes presque désertes (j’ai simplement croisé quelques noctambules
avinés qui n’étaient pas bien méchants), et la cité est toujours aussi merveilleusement
mis en valeur par les jeux de lumière.
En plongeant dans le sommeil, vers 3 heures, j’eus une dernière pensée pour la SNCF :
je me réjouissais de cette grève qui avait provoqué le report de ma réunion francilienne,
sans quoi j’aurais dû prendre un TGV avant 7 heures du matin, ce qui ne m’aurait
guère laissé de temps pour dormir...
Jeudi, le 25 mars 2010
Nombre d’Erdös
En ce moment, je suis en phase de rédaction d’un article scientifique, d’où
cette absence de nouvelles régulières sur ce blogue.
Je travaille notamment sur la fouille de réseaux sociaux, et en particulier
sur les réseaux de publications scientifiques.
Dans le domaine des publications réalisées avec d’autres chercheurs, il y
a un concept intĂ©ressant : celui du «
nombre d’Erdös ». Le principe est le suivant : le nombre
d’Erdös du (prolifique !) mathématicien Paul Erdös est de zéro, il est de
1 pour quelqu’un qui a publié un article avec lui, de deux pour quelqu’un qui a publié
avec un co-auteur d’Erdös (mais pas avec Erdös lui-même), etc., et quelqu’un n’ayant
pas écrit et co-signé d’article scientifique avec quelqu’un ayant co-signé avec un co-auteur
d’un co-auteur (et ainsi de suite) d’Erdös ayant par définition un nombre d’Erdös infini.
J’ai trouvé que, sous mon véritable patronyme,
mon nombre d’Erdös n’est pour l’instant que de 5, ce qui n’est pas
si mal pour quelqu’un qui n’est pas un mathématicien...
Par contre, au hasard des requĂŞtes sur un moteur de recherches,
j’ai Ă©tĂ© assez surpris de dĂ©couvrir que notre PrĂ©sident — qui pourtant
n’a rien d’un scientifique —
avait un nombre d’Erdös de 1 seulement ! Vérification faite, il ne s’agissait là que d’un
amusant malentendu .
Lundi, le 15 février 2010
Des souvenirs qui démangent
L’autre jour, en mettant des chaussettes de sport (propres, hein),
j’ai ressenti des démangeaisons bizarres au niveau des pieds.
Après avoir ôté ces chaussettes, je me suis rendu compte qu’elles
étaient pleines de sable... alors qu’elles étaient pourtant passées
à la machine à laver. Un sable propre, donc, mais qui était resté
sournoisement planqué depuis mon séjour en Tunisie et ma peu
glorieuse tentative de natation dans une mer démontée... mais bon,
ami lecteur, comprends-moi, j’avais emporté combinaison de plongée
et palmes, et je n’ai vu l’indication « baignade
interdite » qu’en sortant de l’eau, très rapidement,
et je n’avais pas pris le temps de me sécher ou de me
débarrasser du sable avant de me rhabiller, d’où le pourquoi du comment.
Rien que d’y penser, j’en ai encore les orteils qui me grattent...
Samedi, le 6 février 2010
Trop rebelle dans sa tĂŞte
Depuis que je chausse des simili-Doc Martens,
je n’arrête pas de siffloter l’air d’Anarchy In The UK
des SP.
Il y a un rapport ?
Mardi, le 26 janvier 2010
Les voyages forment la jeunesse y disent...
« ...j’te dis pas dans quel Ă©tat ça met les valises. » (Coluche,
Les vacances , 1979).
À mon arrivĂ©e en Tunisie, la mer est dans tous ses Ă©tats...
Et ma valise aussi :
Dimanche, le 10 janvier 2010
Lyon sous la neige
Boulevard des Belges, les jolies demeures jouxtant
le
Parc de la Tête d’Or ne sont plus seulement cachées par les
arbres, la neige les protège un peu du regard.
À l’intĂ©rieur du parc, on ne croise pas que les
indéfectibles joggeurs... il y a aussi des personnes
en ski de fond.
Le lac est en partie gelé, les oiseaux se sont mis au loin.
La Porte des Enfants du RhĂ´ne.
Vue sur la
Colline de la Croix-Rousse
Les murs tagués près de l’aire de skate contrastent
agréablement avec les couleurs atténuées par la neige et le gris de ciel.
Rue de la RĂ©publique.
Place des Terreaux, la
fontaine Bartholdi .
Musée des Beaux-Arts . Un des bronzes du jardin
semble durement Ă©prouver le poids de la neige.
La colline de Fourvière . La basilique Notre-Dame et la
tour métallique.
Sur la colline, le
Parc des Hauteurs . LĂ aussi, des skieurs...
Depuis la colline, zoom sur l’église Saint-Nizier.
Zoom sur la Place Bellecour.
Vue sur le nord de Lyon. L’opéra. Le parc de la Tête d’or.
Le lion ailé garde l’entrée de la basilique, impassible malgré la neige et le froid.
Vue globale sur Lyon. La cathédrale Saint-Jean. Les tours de la Part-Dieu et Oxygène.
La place Bellecour.
Le théâtre gallo-romain.
La
Primatiale Saint-Jean
La Place Bellecour.
Vue sur Fourvière depuis Bellecour.
Les quais du RhĂ´ne.
Quelques jours plus tĂ´t, la Tour Part-Dieu.
Vendredi, le 8 janvier 2010
Quelques images qui réchauffent...
Alors que la France est aujourd’hui sous la neige, il y a un
mois, je me trouvais Ă Miami...
Le soir de mon arrivée, je découvre la vue depuis ma chambre d’hôtel :
le soleil se couche sur les buildings dans des couleurs magnifiques...
De l’autre côté de la route, la marina... des villas de rêve où les bateaux ont remplacé
les voitures.
Petite promenade matinale. Temps couvert mais l’air est doux. L’hôtel donne d’un côté sur la marina,
de l’autre côté sur l’océan. Sous le regard des fameux
baywatchs , je fais quelques
mouvements de brasse dans une mer chaude et agitée.
Mon hĂ´tel a l’air tout petit Ă cĂ´tĂ© de ses voisins, les « diamants vert et bleu ». Ce
n’est que de nuit que j’ai compris pourquoi ils s’appelaient ainsi.
Lundi, le 4 janvier 2010
Effet boule de neige
Réveil en douceur, c’est la rentrée.
Par ma fenĂŞtre, je vois Lyon sous la neige.
Pour sortir, je me rends compte que je n’ai plus de chaussures
adapté à ce type de temps. Oui, je comptais attendre les soldes
pour ces achats, toujours repoussés. Les soldes, dans deux jours...
J’opte pour des espèces de baskets marron qui ont l’air de
chaussures de ville, et un pantalon un peu trop long. Mauvaise
idée : les quelques centaines de mètres qui me séparent de
la gare ont suffi pour que j’arrive avec les pieds trempés et
glacés. Je ne vais pas pouvoir passer une journée de boulot
comme cela. Je rebrousse chemin. Je me change : une
paire de jeans, des grosses chaussettes et des chaussures
de ville. Allez, vite, vite ! Et un lacet se casse.
Je cherche de quoi le remplacer.
Par précaution, j’emporte une autre paire de chaussettes
et un lacet de secours.
Enfin, je retourne Ă la gare. Sur le panneau, pas mal de
retards sont annoncés, problèmes dus aux intempéries ou
à des actes de malveillance. J’espérai prendre un train
partant une demi-heure plus tard que celui que je devais
prendre un peu plus tôt, mais il est supprimé. Bon, eh bien,
je vais encore devoir attendre... une autre demi-heure.
Je suis en retard, tout va bien, c’est une nouvelle année...
Samedi, le 2 janvier 2010
Meilleurs voeux pour 2010 !
Amie lectrice, ami lecteur, reçois tous mes vœux en cette nouvelle annĂ©e.
Pour moi, l’année 2009 s’est achevée de manière très atypique, avec Noël que
je n’ai pas fêté en famille, et le 31 décembre que je n’ai pas fêté du tout,
pas plus que mon anniversaire, d’ailleurs.
Cependant, l’an 2010 commence bien parce que, après des mois où, débordé de boulot, je n’ai pu
me plonger dans la lecture de textes de fiction, je viens enfin de poster mon
chèque de réabonnement à la revue
Bifrost du
Bélial’ et d’acquérir le
dernier recueil de nouvelles d’un de mes maîtres, à savoir
Océanique
de
Greg Egan . Et c’est un recueil bourré d’inédits : je salive déjà !
Sensation amère pourtant : l’endroit où j’ai acheté le bouquin de l’auteur australien
est situé à quelques mètres d’un hypermarché où, il y a quelques jours, des vigiles
voulant jouer les gros bras ont tué un malheureux marginal...
Mardi, le 22 décembre 2009
Impressions miamiennes
Voilà plus d’une dizaine de jours que je suis rentré de ce qui fut
mon premier séjour sur le sol américain. Et encore, je me suis
retrouvé à Miami Beach, qui est une île (mais Manhattan aussi, après
tout). J’ai déjà eu l’occasion de faire des voyages aux Antilles,
mais il faut croire que je suis comme Christophe Colomb :
je rechigne Ă poser le pied sur le continent.
Les premières impressions ne sont pas très agréables, à l’arrivée aux
États-Unis, avec les formalitĂ©s de douane. Heureusement, je suis
tombé sur un chauffeur de taxi fort sympathique qui m’a déposé à mon
hôtel... mais j’ai eu la surprise de voir sur sa licence
qu’il avait un prénom français : il était Haïtien.
Hôtel luxueux, vue sur la marina, et sur l’autre rive, des bateaux
de plus ou moins grande importance jouxtent de superbes villas.
Réveil très tôt, jet lag oblige, les surprises s’enchaînent :
il faut prendre son temps pour comprendre le mécanisme de la douche,
avec ses robinets inversés par rapport aux nôtres ; des surprises
agréables comme la qualité du petit déjeuner de l’hôtel, et d’autres moins
quand, avec les taxes, ce petit déjeuner vous coûte pas loin de 30 US$,
ou 10 US$ par jour (taxe non comprise) pour l’utilisation d’Internet.
Promenade matinale dans Collins Avenue. J’ai l’impression d’être dans
un ghetto pour riches... Il y a très peu de monde sur les trottoirs, par
contre les voitures circulent. Souvent des voitures de sport, des grosses
cylindrées, et notre équivalent du jeune qui met du rap, du raï ou du R’n’B
à fond dans sa voiture : ici, il est hispanique et déverse des flots
de rythmes caribéens. Je prends une rue perpendiculaire et me retrouve de l’autre côté de
l’île, plages de sable fin, mer agitée, et même s’il ne fait pas très beau,
j’en profite pour me baigner dans l’océan. L’eau est bonne, l’air est doux,
ce n’est qu’à l’intérieur de l’hôtel que l’on se rend compte que l’on approche
de l’hiver : les Américains mettent l’air conditionné au plus bas,
nous avons l’impression de circuler dans un réfrigérateur.
Une semaine, voilà le temps que j’ai passé à Miami. Séjour pour des raisons
professionnelles (ce genre de mission est l’un des rares avantages de
mon métier). Sentiment d’une certaine frustration de n’avoir été que dans
des lieux touristiques (mon hĂ´tel, qui, avec ses dix-huit Ă©tages, semblait
ridiculement petit comparé à ses voisins, Lincoln Road et ses restaurants italiens,
japonais et français, le parc national des Everglades). Curieux décalage
culturel, notamment au moment de partir, à l’aéroport, quand une dame
m’avait félicité pour la beauté de mes dents : je lui ai répondu
que c’était parce que, en France, nous avions des sécurités sociales
et mutuelles qui remboursaient assez bien les frais dentaires, et
qu’avec les réformes souhaitées par leur nouveau président, les
Étatsuniens pouvaient espĂ©rer bĂ©nĂ©ficier des mĂŞmes traitements.
Les États-Unis, pays de tous les paradoxes...
Lundi, le 23 novembre 2009
Mon univers se détruit... mais en musique
Sans faire de bruit, ce blogue vient de fĂŞter son
septième anniversaire .
Pas beaucoup de temps pour des mises Ă jour, mais bon, je vis ces
derniers temps avec l’impression curieuse que tout est en train
de se casser la figure.
Cela avait commencé par mes problèmes
de téléphone, il y a quelques semaines. Un technicien était
passé chez moi sans pouvoir arranger quoi que ce soit, mais
j’ai retrouvé mon téléphone (et Internet) peu après, comme
par magie.
Ensuite, ce fut au tour de mon fournisseur d’accès
Internet... des problèmes à répétition.
Puis, un dimanche matin, j’ai cru que mon réfrigérateur m’avait lâché. Plus
de lumière, et je n’entendais plus le moteur du frigo. J’ai fait des
recherches sur Internet pour voir ce que cela allait me coûter de le
remplacer. Quelques heures plus tard, il faisait toujours aussi froid
dans mon réfrigérateur et dans mon congélateur : il fonctionnait
encore, il n’y avait que la lampe à changer.
Et enfin, comme j’étais assez en retard dans mes travaux professionnels,
je travaillais un soir sur mon ordinateur et j’ai décidé de dîner d’un
potage à l’indienne, vite fait... Un geste maladroit, un temps de
réaction un poil trop lent, et plouf le portable,
game over .
Bien entendu, mes dernières sauvegardes dataient d’assez longtemps,
j’avais perdu des journées de travail ainsi que de nombreux courriers
Ă©lectroniques importants. Argh...
Le lendemain, après avoir compris que la machine ne redémarrerait
plus jamais malgré une nuit au sec, je l’ai apportée auprès de
réparateurs dans l’espoir de sauver le disque dur, et,
après avoir regardé ce que je pouvais récupérer
comme données sur mes autres ordinateurs, je m’en suis acheté un
nouveau, un ultra-portable premier prix... qui, tout en Ă©tant bien
plus performant, faisait presque la moitié du prix de l’ancien
alors que je ne l’avais acheté que depuis un an et demi.
Quelques jours plus tard, je me suis changé les idées en allant
Ă un concert avec
le Capitaine , mĂŞme si, contrairement Ă lui,
j’ai clairement préféré Mahler et l’attaque de sa sixième symphonie
Ă l’œuvre de Messiaen.
Mon amour de la musique classique m’a aussi poussé à voir le film
le Concert
quelques jours plus tard que j’ai trouvé très beau, très drôle et
très touchant, et réalisé et interprété avec beaucoup de finesse.
Oui, mon monde s’écroule, mais en musique. Du coup, je pense
que je vais aller voir le film catastrophe
2012 rien
que pour la bande originale...
Mercredi, le 14 octobre 2009
L’adverbe de toutes les angoisses
Habitué aux transports en commun, et surtout ferroviaires, je
me suis pris Ă maudire un mot de 12 lettres de notre belle
langue : l’adverbe « initialement », synonyme pour moi d’une violente poussĂ©e d’adrĂ©naline.
La montée de l’angoisse se présente ainsi :
Dong, dong, dong ! (la sonnerie) : mobilisation de l’attention
Par suite de [insérer ici une excuse liée aux intempéries, à des facteurs humains
quelconques, à des problèmes matériels ou à une invasion d’araignées géantes venues de Neptune] :
angoisse de l’inconnu vague (que se passe-t-il encore ?)
le train [insérer ici un numéro incroyablement compliqué] : l’angoisse de
l’inconnu se précise (est-ce que cela va me concerner ?)
en provenance de [insérer ici la gare de départ] et à destination de
[insérer ici la gare d’arrivée] : sentiment de persécution (argh, oui, c’est bien mon train !)
départ initialement prévu à [insérer ici l’heure de départ] (argh, oui,
mon train ne partira pas à l’heure ! c’est désormais certain ! je suis damné !)
partira (ouf ! au moins il partira !) avec un retard de [insérer ici
une durée suffisamment importante pour être bien en retard à son rendez-vous, et anticiper en
s’imaginant une arrivée peu discrète à une réunion de travail hyper importante, tout en sueur à force
de courir dans tous les sens pour limiter la casse spatio-temporelle du quotidien]
...environ : l’acmé de l’angoisse avec le couperet du flou,
le sentiment d’impuissance est à son point culminant (argh, si ça se trouve,
cela risque d’être encore pire que ça !)
La SNCF, pour vous donner les jetons, c’est mieux que
les Contes de la crypte ...
Mercredi, le 7 octobre 2009
Impressions praguoises, suite (tardive)
Arrivé dans la capitale tchèque, je n’avais pas été d’emblée séduit par
la ville. Pourtant, peu à peu, le charme de la cité m’avait gagné, avec
ce je-ne-sais-quoi de familiarité et d’étrangeté mêlées.
Bien sûr, il y a des sculptures héritées du réalisme socialiste et
des bâtiments imposants mais sans âme issus d’années de vécu communiste.
Cependant, il y a aussi toutes ces Ă©glises et synagogues, toutes ces
belles constructions aux façades de pierre de taille richement travaillées.
Prague me faisait penser Ă une multitude de lieux Ă la fois :
les couleurs de certains immeubles m’évoquaient l’Allemagne ; les artistes
du pont Charles, le Montmartre de Paris ; le style
Art nouveau des
cafés (
Alfons Mucha était tchèque), un Paris de 1900 ;
les jardins sur la muraille du château, les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon.
Mais quand je me suis retrouvé là , en train de manger un bretzel en regardant l’horloge
astronomique de la cathédrale, indéniablement, je me serais cru à Strasbourg, ma ville natale...
Lundi, le 14 septembre 2009
Premières impressions sur Prague et autres péripéties
Je suis arrivé hier dans la capitale de la République Tchèque.
Cherchant à suivre les indications qui m’avaient été fournies, je
prends un bus à la sortie de l’aéroport mais j’arrive devant la
gare ferroviaire alors que j’aurais dû me retrouver près d’une
bouche de métro qui m’aurait permis, après une ou deux correspondances,
de rejoindre mon hôtel. Mais j’ai été leurré par le terme
« nàmêsti »
qui signifie « place », et je ne suis pas
du tout à la place souhaitée. Les bouches de métro devant cette gare sont
condamnées (avec du fil de fer barbelé), il y a bien un arrêt de bus
devant la gare mais je ne comprends pas où les lignes mènent, et j’ai la
sensation d’être piégé car, sur la route à plusieurs voies, les voitures roulent
à toute vitesse, et je ne trouve pas de passage pour piétons.
Finalement, je trouve un passage souterrain (sale et glauque) permettant
d’éviter l’obstacle des voitures, et quand j’en sors, soudain,
je me rends compte Ă quel point cette ville est belle !
Je me retrouve à côté de l’opéra où se joue... la Bohème .
Pour la petite histoire, si « bohĂ©mien » dĂ©signe
les Tsiganes nomades, c’est qu’à la fin du Moyen-Âge, le roi de Bohême Sigismond Ier
(du Saint-Empire) les aurait dotés d’un passeport de son pays afin qu’ils
puissent plus aisément parcourir le vaste monde.
Et puis, avant devenir le second « bo » des
bobos , un bohème consistait en une personne, le plus souvent
un artiste, vivant sans règles, en marge de la société, comme dans
l’opéra de Puccini.
Avec ces nouveaux repères, l’opéra, le nom de la rue, et la position de gare, j’ai
découvert que j’étais finalement tout près de mon hôtel (j’avais fait imprimer
une carte de Prague, mais elle était très partielle). Il ne me restait plus
qu’à me retrouver de l’autre côté de la voie ferrée, déposer mes valise et
sac dans la chambre de mon hôtel et ainsi partir à la découverte de la ville...
Vendredi, le 11 septembre 2009
Le poids de la rentrée
Une semaine bien chargée va s’achever ce soir, une
première semaine de travail « vĂ©ritable ».
J’ai l’impression bizarre de n’avoir pas vu la
saison estivale et les vacances passer. J’avais prévu de partir faire de
la plongée sous-marine à Zanzibar mais, faute de participants assez nombreux,
l’agence de voyage a dû annuler mon séjour, et je n’ai pas trouvé une solution
de rechange qui pût autant me plaire que mon idée initiale.
Mon Ă©tĂ©, c’était « Lyon plage », quelques sorties
ponctuelles, mais pas de gros déplacement. Ce n’est que dimanche, pour
une mission de boulot, que je dois partir à l’étranger.
Durant ces derniers jours, je rentrais chez moi, le
soir, très fatigué. Aussi bien nerveusement que physiquement.
Non, pas de grippe A. Je n’ai pas beaucoup dormi et je n’ai pas
arrêté de courir. Une douleur s’est réveillée au niveau du dos et
de l’épaule droite.
Pourquoi ?
Dans mon sac, trimballé quotidiennement, on peut
trouver de gros livres scientifiques,
un ordinateur portable, et quelques pochettes
comprenant plein de documents. Je l’ai mis
sur la balance. Ah ouais, quand mĂŞme :
« plus de 10 kg ! »
Jeudi, le 13 aoűt 2009
Journée évianaise
Excursion bien agrĂ©able, hier, Ă Évian-les-Bains avec des amis.
Ravissante petite bourgade en bord du lac LĂ©man, en face de Lausanne, la ville
accueillait l’exposition
Rodin et les Arts décoratifs dans le cadre de son Palais Lumière.
Superbe exposition, grand moment d’émotion, et quelques souvenirs un peu
nostalgiques aussi : j’ai toujours été un grand admirateur du travail de l’auguste Auguste
et, durant mon année parisienne, j’allais souvent me ressourcer auprès du
jardin de l’
hĂ´tel Biron .
Après avoir entendu mes amis discuter de leurs envies communes d’acquérir
un tĂ©lĂ©phone mobile « intelligent », en contemplant
la sculpture de créatures mythiques, une naïade enlevée par un satyre, j’ai pensé
que
fantasy et nouvelles technologies pouvaient enfin de se mêler avec succès :
l’invention de l’
i-faune .
Plus tard, autre source d’amusement en passant à côté d’une buvette au bord du lac.
Nous avons entendu la serveuse s’esclaffer après avoir pris une commande : « Une
Vittel-menthe ?
À
Évian ! »
Un comble, en effet...
Jeudi, le 16 juillet 2009
Petites satisfactions
Tout à l’heure, j’ai pu récupérer la montre que j’avais achetée il y a près d’un mois...
Achetée, mais bousillée aussitôt parce que, en gros balourd, je n’avais pas compris
comment fonctionnait le fin mécanisme de précision de l’horlogerie suisse.
L’ascenseur de mon immeuble a été réparé. Ouf. Cinq étages, c’est sympa
de temps en temps, mais pas tous les jours.
J’ai aussi trouvé le chemin approprié pour rejoindre le
parc de Miribel , avec
son lac. Une jolie balade en roller. Par contre, bon Ă savoir :
ne pas prendre la piste cyclable qui longe les quais du Rhône jusqu’au
rond point de Croix-Luizet. Avec les travaux, et déviations qu’ils
engendrent, la route goudronnée ne l’est plus sur une bonne partie,
et même si elle reste aisément praticable pour les vélos, patiner
en roller sur des gravillons, du sable ou de la terre battue, c’est plutôt moyen.
Enfin, demain, dernier jour de travail avant les vacances. Mais quelles
vacances ? Rien de prévu. Ce n’est finalement pas si désagréable de
laisser un peu de place au hasard...
Dimanche, le 28 juin 2009
Hors de la bulle
Durant cette semaine, afin de terminer un travail important,
je me suis isolé du reste du monde. Je ne suis sorti de ma bulle qu’hier, en
fin de matinée, après avoir passé une nuit blanche et m’être assuré
que tout avait bien été fini dans les temps.
C’est là que j’ai appris, bien en retard, l’événement du
moment : le décès de Michael Jackson. De la surprise
et un peu de peine, mais pas tant que ça : cela faisait
bien longtemps que je ne suivais plus spécialement
l’actualité du roi de la pop. Ses frasques, ses multiples
opérations chirurgicales et traitements,
sa vie dans un monde artificiel Ă la Disney,
entouré d’enfants, sa façon à lui de concevoir une bulle
pour s’isoler de l’univers réel, n’était d’après moi qu’une
recherche désespérée d’une façon de ne pas vieillir.
Elle est bien loin, l’époque de Thriller ,
où l’artiste avait marqué mon adolescence par ses musiques,
ses clips et sa façon de danser.
Et moi... oui, j’ai vieilli, mais je l’accepte.
Samedi, le 20 juin 2009
Un peu plus chanceux que la moyenne
Il y a quelques jours, à la suite de l’agression d’un contrôleur,
un mouvement de grève spontané s’est déclenché à la SNCF.
Un train sur deux seulement sur la ligne, mais bon, celui je devais
prendre roulait, et je suis arrivé à mon lieu de travail sans problème.
Ce n’était pas le cas d’un collègue : sur sa ligne ferroviaire,
aucun train ne circulait du tout et il n’a pu faire autrement que de prendre sa voiture.
Chez le dentiste, une visite de contrôle. Regard navré du spécialiste
de mes dents : rien, tout est en ordre. Comme d’habitude.
« Avec vous, il n’y a pas de surprise. C’est un peu ma
pause de la journée. Mais bon, si tout le monde était comme vous,
je serais au chĂ´mage technique... Alors, un p’tit dĂ©tartrage et Ă l’annĂ©e prochaine ! »
Et puis, plus tard dans la journée, un coup de fil de l’agence
de voyage dans laquelle j’avais pris un séjour de plongée dans
une île de l’océan Indien. Voix désolée du voyagiste : il
n’y a pas assez d’inscrits, le voyage ne peut avoir
lieu que s’il y a au moins un groupe de quatre personnes... Il
est vrai que je m’étais offert des vacances plutôt onéreuses,
mais j’avais vraiment besoin de changer d’air. Et, avec le
contexte Ă©conomique actuel, nombreux sont ceux qui ont
réduit leur budget associé aux loisirs.
Tant pis, je devrais trouver autre chose, mais cela m’a rappelé
que je dois faire partie des quelques privilégiés à ne pas
avoir été vraiment touché par la crise.
Lundi, le 8 juin 2009
Article supprimé
(...)
Dimanche, le 7 juin 2009
Les côtés positifs et négatifs de ce week-end
Pour les élections européennes d’aujourd’hui, je n’ai reçu, dans la boîte aux lettres, ni ma carte d’électeur ni les listes et professions de foi des candidats :
- j’ai horreur d’être privé d’un droit que nous avons
obtenu Ă travers des luttes difficiles au cours de la RĂ©volution ;
- mon avis sur la politique en général, la manière dont
elle est appliquée, et la façon dont nous, citoyens, sommes impliqués
dans son processus ne va pas aller en s’arrangeant ;
+ je n’ai pas à me casser la tête pour savoir qui voter.
Je suis passé hier après-midi dans les rayons livres d’une grande enseigne :
- foule interminable devant les caisses en raison des personnes
qui achetaient en dernière minute un cadeau pour la fête des mères ;
- je n’ai pas trouvé tous les bouquins que je recherchais ;
+ mais j’en ai trouvé d’autres tout aussi intéressants.
Je vais encore passer un week-end seul Ă Lyon :
- c’est dur d’être à nouveau célibataire quand on avait pris
l’habitude de fonctionner en couple ;
- il risque de faire un temps à préférer rester chez soi ;
+ je vais avoir le temps d’avancer mes travaux de recherche, avec
peut-être une conférence à la clé à Prague ou Miami.
Samedi, le 30 mai 2009
Article supprimé
(...)
Mardi, le 19 mai 2009
Tiens, un zeugma !
En répondant hier au courrier électronique d’un copain de mon laboratoire qui me
proposait de le rejoindre, avec d’autres collègues, pour une balade en roller,
je me suis aperçu que j’avais rédigé un zeugma.
Le
zeugma
se dĂ©finit comme Ă©tant une figure de style qui « force un terme Ă s’accorder avec plusieurs
dĂ©terminants alors que sur le plan sĂ©mantique un seul peut normalement convenir ».
Plus simplement, il s’agit d’un verbe suivi de deux compléments, l’un gérant une idée
abstraite, le second une idée concrète. Par exemple :
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours »
de
Guillaume Apollinaire dans son recueil de poèmes
Alcools .
Certes, ce que j’ai écrit était moins poétique, mais était arrivé de façon
inopinée.
Tout d’abord, j’avais répondu à mon collègue par l’affirmative : il devrait
faire beau, et après quatre heures de cours donnés à des étudiants de Master,
un peu de sport du temps de midi m’aurait fait du bien. Mais en préparant mon
cartable, mon enthousiasme a fait place à la franche réalité. J’avais oublié qu’en
fin d’après-midi j’allais me rendre à l’atelier d’arts plastiques.
Avec une matinée prise par les enseignements, il ne me restait plus beaucoup de
temps pour me consacrer à mes activités de recherche et d’administration. De plus,
je devais transporter, outre mon ordinateur portable et mes notes de cours, mon
matériel d’arts plastiques et ne pouvais pas en plus m’encombrer d’un sac de
sport avec mes rollers.
C’est ainsi que j’ai fini par décliner l’invitation à la balade en roller, indiquant
que ma journée allait déjà être bien chargée... et que moi aussi.
Vendredi, le 8 mai 2009
Pas si méchant
Dure journée que celle d’hier.
Tout d’abord, il me restait à évaluer des dossiers
de jeunes candidats. Ah lĂ lĂ , non ! Par rapport Ă
d’autres dossiers de candidature vus les jours plus tôt, ils
n’étaient vraiment pas bons du tout : pas de publications
scientifiques de grande valeur, ou des travaux
de recherche situés dans des thèmes trop éloignés de ceux
souhaités par le laboratoire d’accueil et qui amenaient à penser
que ces jeunes docteurs auraient de grosses difficultés d’intégration
pour le poste convoité. Dommage pour eux.
Après avoir traité ces derniers dossiers, j’ai eu à évaluer un
article proposé à une revue scientifique internationale qui
m’a choisi pour faire partie de son comité de rédaction.
Ouille ouille ouille, une catastrophe, cet
article ! Tout avait l’air brouillon, de la présentation au style,
pas de respect de la typographie, plein de fautes et, surtout, cette proposition
d’article n’avait aucune pertinence scientifique. Je ne suis
pas parvenu Ă trouver quelque chose Ă sauver dans ce fouillis. Too bad again.
Je suis ressorti un peu amer du laboratoire. Faire avancer la science,
c’est aussi séparer le bon grain de l’ivraie.
Pas grand monde dans le tramway. J’ai trouvé une place libre, isolée,
idéale pour poursuivre ma lecture des critiques de livres dans le
dernier
Bifrost .
Un peu plus tard, le tram s’est retrouvé plein. J’ai cédé ma place à une vieille dame.
Ouais, j’ai fini ma journée par une bonne action. Je ne suis pas si méchant, hein ?
Dimanche, le 26 avril 2009
Lyon, samedi après-midi
t
0 : Je ferme la porte de mon appartement.
t
0 + 2 minutes : Je suis arrivé en bas de l’immeuble après avoir
dévalé les marches des 5 étages.
t
0 + 5 minutes : Je manque de me fouler la cheville à cause d’un renflement
dans le trottoir que je n’avais pas vu.
t
0 + 7 minutes : Sur la route, une voiture klaxonne. C’est une grosse
dĂ©capotable. À son bord, des jeunes portent un drapeau algĂ©rien.
t
0 + 15 minutes : J’arrive au Pont Lafayette.
t
0 + 17 minutes : J’entre dans la Presqu’Île, je plonge dans la
foule et m’y noie avec bonheur. Le rythme de mon pas diminue notablement pour prendre celui
du flot grouillant des humains.
t
0 + 18 minutes : Je marche sur le pavé rouge figurant le lieu où
a été tué le
Président Carnot . Curieux : avant de partir, j’avais
visionné
JFK d’Oliver Stone.
Mais bon, Lyon n’est pas Dallas.
t
0 + 19 minutes : Plusieurs personnes font la queue pour avoir une glace. Sensations estivales.
t
0 + 22 minutes : Devant l’Opéra, une manifestation pro-Tibet.
t
0 + 23 minutes : Place des Terreaux. Des touristes prennent l’Hôtel de Ville,
le musée, la place et la fontaine en photo. C’est vrai que Lyon est une belle cité.
t
0 + 28 minutes : J’entre dans
Temps-Livres et recherche
l’ami
Marcus Leicht .
Pas de chance, il n’est pas là . Je sors de la librairie aux airs de Caverne
d’Ali Baba pour fan de bouquins d’occasion.
t
0 + 32 minutes : Je passe devant l’église Saint-Nizier, ma favorite.
t
0 + 34 minutes : Je prends un pont pour traverser la SaĂ´ne.
t
0 + 36 minutes : Je dépasse une femme habillée dans un curieux
costume folklorique. Je m’interroge.
t
0 + 39 minutes : Vieux Lyon. Place du Change. Tout un ensemble
d’animations médiévales, avec habits, jeux et musiques d’époque. L’énigme de
la femme en costume n’a duré que 3 minutes.
t
0 + 40 minutes : Dans la rue Saint-Jean, je croise un bourreau. Rien ne m’étonne.
t
0 + 41 minutes : Je m’engage dans une petite rue pour fuir l’amas de touristes.
J’arrive devant la mairie où s’est marié le plus jeune de mes frères. Heureux souvenirs.
t
0 + 42 minutes : Je quitte la
rue du Bœuf et prends la montĂ©e de la colline de Fourvière.
t
0 + 46 minutes : Je dépasse l’auberge de jeunesse. Tout un ensemble
de... jeunes – justement – s’y rendent en traĂ®nant des valises sur roulettes.
t
0 + 50 minutes : Je passe à côté des
théâtres gallo-romains . Plus de 2000 ans d’histoire.
t
0 + 56 minutes : J’arrive à côté de la Basilique Notre-Dame. Vision panoramique.
La
Tour Part-Dieu
domine encore la ville, mais sa petite sœur, la
Tour Oxygène émerge bien parmi les autres immeubles. En 2013, un
autre projet immobilier devrait dĂ©passer le « Crayon ». Peut-ĂŞtre
la fin d’un symbole.
Mercredi, le 22 avril 2009
Article suppimé
(...)
Jeudi, le 9 avril 2009
Quelques petits mots
Sur une aire d’autoroute, des gamins descendent d’un car et s’en vont faire leur pause
pipi. Du côté masculin, on entend une môme dire à la cantonade à ses amies :
« Non, pas lĂ , c’est les
toilettes des Turcs ! »
Au téléphone, un copain m’appelle pour que je lui donne des conseils dans
l’emploi de son traitement de texte. J’essaie de le guider dans ses manipulations
mais j’ai du mal à lui apporter l’aide désirée (l’ami en question est vraiment très peu
à l’aise avec les ordinateurs et ce n’est pas toujours facile de donner
des instructions par téléphone). Comme nous avons prévu de nous voir ce dimanche,
je lui propose de lui faire tout
exprès un petit cours pascal. « Quoi ?! Un cours de
Pascal ?
Mais je n’ai pas le niveau ! » Je prĂ©cise : non pas un
cours
de Pascal, ce langage informatique, car je n’ai pas pour objectif
de l’initier aux dĂ©lices des langages de programmation, mais un petit cours Ă
l’occasion de Pâques, et donc «
pascal ».
Lundi, le 23 mars 2009
Article supprimé
(...)
Dimanche, le 8 mars 2009
Article supprimé
(...)
Vendredi, le 6 mars 2009
Il y a des jours comme ça...
En ce moment, je n’ai pas la grande forme. Bien que je
me couche assez tĂ´t (en tout cas, avant 23 heures),
j’ai du mal à me réveiller avant 7 heures du matin,
alors que d’ordinaire je suis une véritable
pile électrique, et ceci dès 6 heures
– voire 5 heures – du matin.
Peut-ĂŞtre suis-je un peu malade. En plus de la fatigue, je ressens
une petite douleur à la gorge qui disparaît à grands coups d’infusions
au miel.
Hier, en tout début d’après-midi, j’ai assisté à un séminaire
d’un enseignant-chercheur nouvellement arrivé
dans notre laboratoire. Ses thématiques de recherche étant
très éloignées des miennes, j’ai eu bien du mal à me concentrer
sur son exposé... Au bout d’une heure, non seulement j’avais
eu l’impression d’avoir perdu mon temps, n’ayant rien retiré
de la présentation, luttant de toutes mes forces pour ne pas m’endormir,
mais en plus le vilain torticolis que j’avais attrapé samedi
dernier en bricolant s’est rappelé à mon bon souvenir.
Pas glop, pas glop...
Vendredi, le 27 février 2009
Article supprimé
(...)
Jeudi, le 26 février 2009
ÉlĂ©gie
Inducteur : histoire du jour selon un genre imposé
Écrire la journée réelle ou fictive vécue hier à la manière
d’une élégie (c’est-à -dire un poème lyrique exprimant une
plainte douloureuse, des sentiments mélancoliques).
Temps de rédaction : 15 minutes
Travail dans une ambiance de vilaine froideur,
J’ai l’impression amère qu’on se fout des chercheurs.
Ce merveilleux métier qu’est le mien dépérit :
C’est la faute Ă
Nicolas ,
Xavier ,
Valérie .
Merci Ă la
MicæV !
Mardi, le 10 février 2009
La valse des techniciens du téléphone (et de mes humeurs)
On dirait une comptine.
Le premier technicien s’est retrouvé coincé devant la porte de mon immeuble parce qu’il
ne m’avait pas prévenu qu’il viendrait. Absurde.
Une deuxième équipe (deux autres techniciens) a trifouillé un peu partout chez moi avant de plier
bagage, tout penaud : ces messieurs ne pouvaient pas entrer dans la cour intérieure de l’immeuble où
se trouvait un « PC » oĂą ils devaient changer une « paire ». Navrant.
Un quatrième technicien est venu chez moi et a bricolĂ© quelques prises et le fameux « PC »,
me redonnant de la téléphonie fixe et de l’accès Internet... pendant quelques heures seulement. Déçu.
Un cinquième technicien est arrivé dès le lendemain et m’a fait comprendre qu’il y avait un
problème nĂ©cessitant une intervention avec une « nacelle » pour
me brancher sur un autre « PC », l’ancien Ă©tant saturĂ©. IncomprĂ©hensif.
Une nouvelle équipe de deux techniciens (un de la deuxième équipe et encore un autre) est
arrivée en considérant comme insensé le diagnostic de leur précédent collègue (en fait,
ce dernier ne voyait comme solution que de gros travaux dans mon appartement !) et
n’a passé que quelques coups de fils à France Telecom (ce sont des sous-traitants),
avec la même attente frustrante qu’un abonné lambda. Les techniciens sont repartis en
m’indiquant qu’il était possible que mes problèmes ne soient pas résolus avant... deux semaines. Ubuesque.
Après le week-end, et cela sans avoir été prévenu, je découvre que j’ai retrouvé ma ligne téléphonique
et mon accès Internet. Ouf. Je reçois un peu plus tard un SMS qui m’indique qu’une intervention va avoir
lieu avant le lendemain. J’ignore ce message qui n’est plus d’actualité. Lassé.
Ce matin, très tôt, un coup de téléphone sur ma ligne fixe : le technicien (encore un
autre, d’une autre société) qui devait régler mon problème, voulait tester ma ligne et prendre
rendez-vous. Il n’avait bien entendu pas été averti qu’une équipe fantôme avait déjà tout réglé,
mais sachant comment cela se passait, et les problèmes de communication en interne et avec
France Telecom (ce qui est un comble pour des professionnels du domaine, mais bon, les cordonniers...),
m’a confié les misères que ce font les différents services du grosse entreprise ou l’impossibilité
d’agir, si ce n’est l’incompétence, de certaines entreprises de sous-traitants,
tout ça en raison d’une course aux profits. Complice.
SMS Ă l’instant : « Telecom – Orange vous informe que votre service signalĂ©
en dĂ©rangement a Ă©tĂ© rĂ©tabli. Merci de votre confiance. » Ouais, de rien,
bande d’imbéciles. Ulcéré.
En résumé, plusieurs semaines où je m’étais trouvé coupé du monde (ou presque, si je
n’avais pas eu de téléphone portable), des longs moments au téléphone pour essayer
d’obtenir des rendez-vous, une valse de techniciens ne sachant communiquer
dans leur jargon et donnant des informations contradictoires, et un problème
résolu sans savoir par qui ni comment. Joie !
Mardi, le 20 janvier 2009
Telle est (la) vision (du monde)
Depuis hier, dans mon appartement, je n’ai plus accès à Internet. Plus de
WiFi, plus d’accès même avec un câble Ethernet. Et plus de
téléphone illimité. Et plus de téléphone fixe non plus.
Je suppose que cela est dĂ» aux travaux de raccordement de
mon immeuble à la fibre optique, pourtant ces travaux n’auraient
dĂ» commencer que dans trois jours.
À quoi cette fibre optique pourrait bien me servir ? J’ai
déjà une connexion ADSL qui est tout à fait satisfaite. C’est sans
doute pour ceux qui souhaitent recevoir la télévision de cette manière,
même si je pense qu’il y a déjà le câble et la TNT là où j’habite. Qu’importe,
je n’ai pas de télévision et n’en veux pas, mais rendez-moi ma ligne
téléphonique et Internet !
Enfin, cette absence de télé me rappelle une
anecdote...
Il y a quelques annĂ©es, je vivais encore Ă Saint-Étienne,
et mes coordonnées se trouvaient dans les pages blanches. J’étais
assez fréquemment sollicité pour participer à des sondages, et les
démarcheurs ne manquaient pas pour m’appeler en soirée afin d’essayer
de me pousser Ă la consommation.
Un jour, j’étais tombé sur un vendeur particulièrement tenace qui
comptait me vanter les mérites de la télévision par câble et cherchait
à me faire prendre un abonnement. Après l’avoir laissé (car je n’avais
pas pu en placer une) m’exposer par le menu détail l’avantage qu’il
y avait à disposer de toutes ces chaînes, je lui ai dit (ou sans doute
redit) que je n’avais pas de poste de télévision.
Cela a dû l’étonner, il s’imaginait que je devais être un extraterrestre,
et j’ai senti comme un ton méprisant dans sa voix lorsqu’il a repris
mes mots : « Comment ? Vous n’avez pas la tĂ©lĂ©vision ?! »
Foncièrement agacĂ©, je lui ai alors rĂ©pondu : « Non, je n’ai
pas de télévision. Je vais au cinéma, à l’opéra, aux musées, j’assiste à des expositions...
La tĂ©lĂ©vision, c’est un loisir de pauvres... »
Je ne pensais rien de ma dernière réplique, mais elle a eu le don de clouer le
bec à l’importun.
Vendredi, le 9 janvier 2009
L comme « livre »
Je suis quelqu’un d’organisé. Si, si. Tous mes
livres – qu’ils soient des romans, des recueils de
nouvelles, des numĂ©ros de revues ou autres – sont
recensés dans un fichier. Outre les informations classiques
que sont les noms et prénoms des auteurs, les titres, les
éditeurs et années de parution, j’ajoute dans ma base
des éléments présentant quelque utilité, comme s’il s’agit d’un texte dédicacé,
et surtout si ce livre a été prêté, et si oui, à qui et quand.
De la sorte, je ne perds plus mes livres... tout en les prĂŞtant
à mes amis avec plaisir, assuré de les retrouver.
Hier soir, j’ajoutais mes trois derniers achats livresques
Ă la liste, et j’étais restĂ© bloquĂ© sur la lettre « L » :
la Vie en sourdine de l’excellent David Lodge (Rivages, 2008),
et deux petits opus, des recueils dédicacés écrits par des
amis, Ă savoir
le Passe RĂŞve de Markus Leicht
(
Le Songe des Murènes , 2008)
et
Espaces insécables de Sylvie Lainé
(
Les 3 souhaits , 2008).
EspĂ©rons que je puisse un jour ajouter une ligne Ă
la lettre suivante... j’aimerais bien qu’un éditeur soit
intéressé par mon propre roman.
Jeudi, le 8 janvier 2009
Article supprimé
(...)
Vendredi, le 19 décembre 2008
Article supprimé
(...)
Mardi, le 18 novembre 2008
Article supprimé
(...)
Mardi, le 4 novembre 2008
Article supprimé
(...)
Lundi, le 22 septembre 2008
Et ce n’est que le lundi...
Ce matin, je suis arrivé un peu trop juste sur le
quai de la gare : le train avait dĂ©jĂ
verrouillé ses portes et est parti sans moi.
J’ai ainsi été obligé de ravaler ma rage et de prendre le train
suivant, une demi-heure plus tard, et,
au lieu d’arriver à l’Université
avec 25 minutes d’avance, je suis arrivé
– la logique est implacable ! –
dans ma salle de cours avec 5 minutes de
retard. Ceci dit, les étudiants n’y ont vu
que du feu...
Toujours ce matin, au bout de mes deux
premières heures de cours,
j’ai terminé ma séance par un joli lapsus.
Au lieu de dire « Nous verrons ceci après
la pause », j’ai dit :
« (...) après la pub »,
ce qui a bien fait rire mes Ă©tudiants. Et
pourtant, je n’ai pas de télévision. Et pourtant,
ce n’est que le lundi...
Jeudi, le 11 septembre 2008
Plus blanc que blanc
À la suite de mon dĂ©mĂ©nagement Ă Lyon, j’ai
décidé de refaire mes papiers d’identité, en tout cas
ma carte nationale, histoire d’indiquer ma nouvelle
adresse sur un document officiel.
Après m’être rendu à la Mairie du 6è un samedi matin,
et m’être gentiment fait balader (il ne faut pas
croire aux informations présentes sur le site web officiel),
je suis revenu un jour de semaine, avec tous les documents
demandés (photocopies de ceci et cela, originaux de ça)
et mes photographies prises dans un appareil agréé
(j’avais vérifié).
Oui mais voilĂ .
À la mairie, la dame du guichet a pris mes photos d’identitĂ© – ces
foutues images en gros format où il n’est plus possible
de sourire –, a jetĂ© un œil desssus pendant une
fraction de seconde, et me les a rendu avec cette sentence laconique :
« Ça ne va pas aller, vous ĂŞtes trop clair. »
Là , j’avoue n’avoir rien compris. J’ai demandé des précisions
à la dame, et celle-ci m’a dit que les photographies
ne convenaient pas, que j’étais trop clair, qu’il n’y
avait pas assez de contraste, et qu’après un passage
en format noir et blanc, on n’allait plus rien voir.
OK, je ne suis pas allé en vacances cet été, et de ce
fait je n’ai pas le teint bronzé. D’accord, j’ai les
cheveux blonds plutĂ´t clairs. Certes, mes yeux sont
bleus, ou bleu-gris. Enfin, je le conviens, je portais une
chemise blanche. Mais me dire que j’étais trop clair,
c’est un peu fort ! J’imagine que si on m’avait dit
que j’étais trop foncé, j’aurais pu prendre les propos de la miss
comme Ă©tant racistes...
Mercredi, le 27 aoűt 2008
Compte rendu de l’OliCon, la convention SFF 2008
La 35
e convention nationale de science-fiction s’est déroulée la semaine dernière à Nyons, charmante bourgade de la Drôme provençale,
pays de l’olive (ce qui lui a valu d’être rebaptisée l’
OliCon ). Et j’y étais. :-)
Les conventions constituent l’occasion privilégiée d’assister à des conférences, de
participer à des tables rondes et à des débats, de rencontrer des
auteurs avec lesquels on peut discuter librement (et non juste une seule
minute, le temps d’une dédicace, comme cela peut arriver dans un
salon du livre et qui est vraiment très frustrant), d’assister à des expositions
(cette année, ce fut les photographies de
Sylvain Renault , les illustrations de Jeam Tag,
les mobiles et autres machins inclassables de Tim Rey, et les surprenantes
créations de Didier Cottier), de trouver des livres intéressants,
neufs ou d’occasion, de dĂ©couvrir des nouvelles productions – qu’elles
soient issues de professionnels ou du fanzinat – du paysage
littéraire SF... mais aussi et surtout de retrouver des copains
avec qui partager un bon moment.
jour J - 1
En voiture : ma compagne au volant,
Sylvie Lainé et le chien à l’arrière, moi en co-pilote
(mais moins fort que le GPS).
Sommes arrivés à Nyons après 22h30. Tout le monde était très fatigué. Petit couac : nous
ne pensions pas être attendus, mais la mère d’
Ugo Bellagamba avait préparé un repas. Du coup, nous étions en retard. Oups.
DĂ®ner ensommeillĂ© en prĂ©sence de Marie-Claude « la-Mama » Bellagamba,
d’Ugo, de Didier « le-sculpteur-qui-met-en-forme-ses-visions-cauchemardesques »
Cottier et de son amie Nicole.
premier jour
VoilĂ Ă quoi ressemble Nyons :
Le jeudi, c’est jour de marché (avec le dimanche). Beaucoup de monde à Nyons.
Trois quart d’heure d’attente au(x) restaurant(s), mais
le plat de
spaghetti al pesto genovese se trouvait être l’incarnation parfaite
du bonheur gastronomique faite pâtes. Je ne suis arrivé
à la Maison de Pays, où se tient la convention, qu’au cours de l’après-midi, pendant l’intervention (pré-enregistrée)
de
Laurent Queyssi intitulĂ©e « Regard français sur les sĂ©ries TV des annĂ©es 2000 ».
Présent juste à temps pour animer la rencontre-débat avec Sylvie Lainé
sur le thème : « Une œuvre Ă©perluette, entre
Science et Science-Fiction ». StupĂ©fait de la manière dont il est possible
de donner des réponses intelligentes (bravo Sylvie) à des questions stupides (les miennes).
Découverte (un peu dans la douleur) que l’animation d’une rencontre n’est
pas un exercice facile.
Ensuite, conférence instructive de
Jean-Claude Dunyach sur « La publication des auteurs
français Ă l’étranger : trucs et astuces ». En rĂ©sumĂ©, mĂŞme
si c’est possible et très gratifiant (parce que cela permet éventuellement d’être
lu par des auteurs étrangers que l’on apprécie), c’est le
contraire de la loterie :
c’est difficile, ça coûte cher (en énergie, en réseautage et en prix de traduction) et
ça ne rapporte pas bien gros.
deuxième jour
Conférence de
ClĂ©ment Pieyre , conservateur Ă la BNF, sur : « Les archives
du futur, ou comment la Science-Fiction entre Ă
la Bibliothèque Nationale de France ».
Inauguration officielle de l’
OliCon et des
Journées
Barjavel en présence des représentants de la municipalité (le maire s’est
fait désirer, mais il y avait Nathalie Fert-Rifaï, l’adjointe chargée de la culture),
le sous-préfet ainsi que Pierre Creveuil, président de l’association
des
Amis de René Barjavel
et collaborateur du
barjaweb , le site Internet de référence sur Barjavel.
Quand est venu le temps de l’apéritif (avec les inévitables olives), je me
suis sauvé dans le centre-ville pour retrouver ma belle.
L’après-midi, Joseph Altairac a donné une conférence sur Van Vogt dont j’ai oublié le titre (il
avait changé par rapport à celui du programme).
Une table-ronde, animée
par Jean-Claude Dunyach, a suivi :
« Regards croisĂ©s sur le futur lointain ».
Y participaient : Ugo Bellagamba, Fabrice MĂ©reste (ah oui, tiens,
j’y étais !),
Catherine Dufour ,
Sylvie Lainé et
Michel Jeury . Jean-Claude nous a lancé sur le
thème de la
Singularité . Catherine prenait tranquillement des notes pendant
que parlaient Sylvie, Ugo et Michel, puis est intervenue soudain avec une
pluie d’idées brillantes. Quant à moi, je n’ai dû raconter qu’un truc ou deux
car le futur lointain, ce n’est pas trop ma tasse de thé, je suis plutôt
du genre à m’intéresser au futur proche (m’enfin, je ne suis même pas
capable de savoir comment je vais m’habiller le lendemain).
Après, les (très) attendus jeux de l’OliCon, avec le « champion
de la SF », animĂ©s par
Raymond Milési . Questions érudites, mauvais jeux de
mots, pouêt-pouêt, tout va trop vite pour que j’aie la moindre chance
de sortir une bonne rĂ©ponse... Bravo Ă
Timothée Rey , aussi à l’aise dans le verbe que
dans la mise en espace d’objets étranges (il exposait des sculptures étonnantes
durant la convention).
Retard sur le timing : le « Barjaquizz »
que j’étais censé animer est reporté au dimanche. Bon, dommage. Mais pas grave.
Rencontre-débat avec
Jean-Pierre Andrevon animée par Ugo Bellagamba.
L’auteur-phare de la SFF de la fin des années 1960 au début des
années 1990, et considéré par René Barjavel comme son fils spirituel,
est toujours un artiste très actif, il vient de sortir un album de chansons
et termine un nouveau roman...
Retour au centre-ville, à la Médiathèque, pour voir l’exposition de
Didier Cottier ,
le « sculpteur de l’imaginaire ».
Que dire du travail de Didier ?
Personnellement, j’adore ! On aime ou on n’aime pas,
mais ses aliens, ses compositions à la fois organique, minérale, végétale et électronique ne laissent
pas indifférent.
SoirĂ©e théâtrale sur le thème « PrĂ©histoire et Science-Fiction ».
Conférence sur Francis Carsac par
Frédéric Boyer et spectacle de paléo-fiction
« MĂ©moires d’Hommes » avec la charmante
Vanessa Bellagamba ,
la sœur d’Ugo. En plein air. Fallait prendre une p’tite laine. ;-)
Retour à la Maison de Pays. Jean-Pierre Andrevon a poussé la chansonnette accompagné de
sa guitare (euh, honte à moi, j’ai manqué cette soirée, mais l’adorable
Joëlle Wintrebert ,
rencontrée dans le restaurant de l’hôtel le lendemain, m’a tout raconté au moment du
petit déjeuner).
troisième jour
Promenade matinale au lieu d’assister à l’assemblée générale de l’association
Infini
(ce n’est pas la mort, je ne suis pas membre de l’association).
Rencontre-dĂ©bat avec Catherine Dufour sur le thème « Des goĂ»ts et
des Dieux, discutons-en ! », animĂ©e par
Jean-Jacques RĂ©gnier .
Après-midi : table-ronde sur « La publication Ă©lectronique,
quel avenir pour la science-fiction française ? »
Participants (de gauche Ă droite sur la photographie ci-dessus) :
Sylvie Lainé, Florence et Selene (les
Lyonnes de la SF ),
Jean-Luc Blary (des éditions Eons) et Clément Pieyre.
Animateur : Ugo Bellagamba. Les sujets abordés étaient aussi divers qu’intéressants :
quel prix payer pour un support Ă©lectronique,
l’importance du travail éditorial absent dans le cas d’une
auto-publication sur Internet, la lecture des textes sur e-book, etc.
Vote pour la convention SF de 2010...
RĂ©sultat : la convention SF se dĂ©roulera en 2010 Ă
Grenoble , organisée par la
Librairie Omerveilles et une petite Ă©quipe en train de se constituer
(avec déjà Gilles Goullet, traducteur).
Informations sur la
convention SF de 2009 qui se déroulera à Bellaing (dans le Nord
de la France).
Pour la suite des événements, la convention SF a retrouvé le centre-ville où
Michel Jeury, après une rencontre-dĂ©bat sur le thème « Des Ă©toiles au
certif en passant par le terroir... » a signĂ© son recueil
La Vallée du temps profond , paru aux Moutons électriques en 2008.
Alors que tout le monde quittait le salon de thé (par ailleurs tenu par Dany Jeury,
la fille de Michel) où s’étaient déroulées les signatures, mon amie et moi avons
investi les lieux, rejoint
peu après par
Markus Leicht . Pendant ce temps, Ă quelques pas de lĂ ,
se déroulait la remise officielle
des prix littéraires :
Prix Rosny-AĂ®nĂ©, catĂ©gorie romans : Élise FONTENAILLE, avec Unica (Stock)
Prix Rosny-Aîné, catégorie nouvelles : Jean-Claude DUNYACH,
avec « Repli sur soie » (in Bifrost, NumĂ©ro 47 , Le BĂ©lial’)
Prix Merlin, catĂ©gorie romans : Élodie TIREL, avec
Les HĂ©ritiers du Styrix , (Ă©ditions Milan/Grands romans)
Prix Merlin, catégorie nouvelles : Virginia SCHILLI,
avec « Dernier soupir » (in Solstice, Volume 1 :
Facettes d’Imaginaire , éditions Mille saisons)
prix Cyrano : Michel JEURY, pour l’ensemble de son œuvre
PĂ©pin d’or : TimothĂ©e REY, avec « DĂ©veloppement du râble »
En soirée, retour à la Maison de Pays pour le dîner de gala (mon amie
et moi nous trouvions à la table où étaient présents Sylvie Lainé, Jean-Claude Dunyach,
Anne Lanièce et
Gilles Massardier ). Remise du prix Versins
(du plus mauvais jeu de mots fait durant la convention)
par
JĂ©rĂ´me « Globulle » Lamarque Ă Bruno Para.
Vente aux enchères animée par Georges Pierru. Crevés, avec ma compagne,
nous allons nous coucher dès le dessert avalé.
quatrième et dernier jour
Le dimanche, ainsi qu’une partie de l’après-midi du samedi (avec la rencontre-débat avec Michel
Jeury), le programme de la convention de science-fiction Ă©tait commun avec
les
Journées Barjavel .
J’ai animĂ© la dernière grande table-ronde sur le thème : « La place de
RenĂ© Barjavel dans le patrimoine de la science-fiction française » oĂą
participaient
Nathalie Fert-Rifaï , Ugo Bellagamba, Michel Jeury, Sylvie Lainé et Pierre Creveuil.
Un regret : l’absence de Jean-Pierre Andrevon, qui aurait eu tout un tas
de choses intéressantes à dire sur René Barjavel, mais Michel Jeury a quand même eu
l’occasion d’évoquer des anecdotes émouvantes sur la relation qu’il
avait eu avec l’auteur né à Nyons, Michel appelant respectueusement
celui-ci « Mon cher Barjavel » et se voyait
rĂ©pondre « Mon cher Jeury ». Petite gĂŞne
de la Nyonsaise Nathalie lorsque l’érudit Pierre
évoquait l’attachement ambivalent de Barjavel à son pays
(le petit René avait été plus ou moins obligé de quitter Nyons durant son adolescence).
Après cette table-ronde, en compagnie de Pierre Creveuil, nous avons animé un
questionnaire très spécial (ce n’est rien de le dire)
sur René Barjavel, le fameux
barjaquizz ,
Pierre se chargeant des questions Ă©rudites sur l’auteur et son œuvre
(on peut retrouver ces questions sur le barja
web
ici ).
De mon côté, je me suis occupé des titres d’ouvrages de Barjavel à retrouver après
avoir été présentés sous la forme
de synonymes approximatifs (à la manière des jeux SF
animés par Raymond Milési le vendredi soir). Je me permets de vous les
proposer Ă nouveau dans la liste ci-dessous. Pour ceux qui
donnent leur langue au chat, passez votre curseur sur les titres
afin de voir apparaître la solution...
l’esquimau du lac
Fraise
en quête de l’épouse d’un acteur qui jouait James Bond
Danseuse génisse
Pas tôt en sous-préfecture du Jura
le
24 novembre 1929
Les
routes du Brahmane, du Kshatriya, du Vaishya et du Shudra
Le futur chêne diabétique
Le
fromage de Hollande frappe quand le cri de chasse se fait entendre
Un
mauvais cheval chez les beaux-parents de Johnny Depp
La femme de l’oncle a des vents
TĂ©nor pas rapide
Le
leurre (sonore) de ces souverains russes
Le grand gagnant du
barjaquizz Ă©tait
Georges Bormand , d’autres habitués des jeux SF (comme Bernard
Dardinier) ont aussi remporté un des livres proposés par notre sponsor
les Moutons Ă©lectriques, Ă©diteur ,
mais également quelques personnes qui étaient venues spécifiquement pour
les Journées Barjavel (dont un jeune fan de Grenoble qui
gagna le droit de participer à la conférence organisée dans l’après-midi
par Pierre Creveuil).
Dernier repas pris Ă la Maison de Pays. MĂŞme Margot Bellagamba, quatre ans,
la fille d’Ugo, était mobilisée (elle récupérait les tickets repas).
Ça sentait les au revoir.
Retour au centre-ville, cour du collège Roumanille. Pierre Creveuil et
son jeune assistant Ă©voquaient « RenĂ© Barjavel, Ă©cologiste de la science-fiction ».
La clôture de l’OliCon et des Journées Barjavel s’est faite en beauté :
Vanessa Bellagamba
et
Claude Ecken
ont lu des textes de René Barjavel, Michel Jeury,
Sylvie Lainé, Catherine Dufour et Jean-Pierre Andrevon.
Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Après les lectures et
quelques rafraîchissements, il a fallu se séparer...
Envie de rester encore, de prolonger ces bons moments, encore une glace, encore
quelques souvenirs de Nyons (de l’huile d’olives et du miel de garrigue),
profiter encore et encore du soleil de la Provence. Et puis, quand mĂŞme, il a fallu reprendre
la voiture pour rentrer Ă Lyon...
En résumé, d’une certaine manière, cette convention SF aura été pour moi paradoxale car,
en tant que co-organisateur (j’étais dĂ©jĂ venu Ă
Nyons afin de préparer l’OliCon avec
Ugo Bellagamba en novembre 2007 et j’en avais
parlé
ici ),
je m’y sentais plus fortement impliqué qu’aucune autre rencontre science-fictive
précédente, mais, comme j’étais venu
à Nyons avec mon amie, et que nous souhaitions très naturellement nous réserver
un peu de temps rien qu’à nous, je me suis finalement révélé être un
« olico-participant » assez peu prĂ©sent,
ayant manqué quelques grands rendez-vous de cette manifestation et la quasi-totalité
des repas pris en commun... (Que celui qui, à ma place, aurait souhaité ne
pas vivre les délicieux déjeuners, goûters ou dîners que nous avions pris en amoureux loin
de tout le monde me jette la première pierre.) Emmener à Nyons la fleur qui embaume sa vie du parfum de l’amour,
c’est être avec une rose...
...au Paradis !
Pour voir d’autres images prises par
Markus Leicht lors
de l’OliCon, vous pouvez aller ici (le
21 août ) et là (le
22 août ).
Pour vous rendre sur le compte rendu de
la convention réalisé par Catherine Dufour,
c’est
ici .
D’autres liens sur des comptes rendus et photos de la convention
peuvent se trouver sur la page d’accueil du site
ActuSF .
Pour récupérer les photos en grand format, il suffit de m’adresser un
courrier Ă©lectronique (Ă
fabrice arobase mereste point net ). Et si
vous vous reconnaissez sur une photo et que vous ne voulez pas apparaître
sur ce site web, il suffit de me contacter de la même manière.
Mardi, le 19 aoűt 2008
En route pour l’Olicon 2008 !
Vous n’êtes pas sans savoir – du moins, je
l’espère ! – que la
35e convention
nationale de science-fiction va avoir lieu Ă
Nyons (dans la Drôme provençale) du
21 au 24 août 2008.
Je laisserai donc mon nouvel appartement lyonnais, mes meubles
non installés et mes cartons non déballés pour quelques jours,
partant dès demain soir avec la femme de ma vie et sa chienne,
ainsi que Sylvie Lainé (Bénie soit l’invention du GPS, car ce sera
moi qui prendrai le volant).
Sylvie est l’invitée dont je m’occupe plus spécifiquement
en tant que co-organisateur de la convention, vous pouvez
lire ses réponses à mon
questionnaire proustien ici , avec une rencontre-débat
à son sujet prévue le jeudi après-midi intitulée
« Une œuvre-Ă©perluette, entre Science et Science-Fiction »
dont je me charge de l’animation (ouh la la, qu’est-ce que ça va donner !)
En attendant un compte rendu des événements (si je trouve un peu de temps),
voici l’affiche réalisée par l’illustrateur Jeam Tag :
J’espère vous voir très prochainement à Nyons...
Dimanche, le 10 aoűt 2008
La Fayette nous voici !
Ça y est, je suis installĂ© dans mon nouvel appartement !
Le déménagement s’est moins mal passé que prévu alors que l’événement de la journée
s’annonçait pourtant assez mal : après un réveil en pleine nuit pour
finir d’emballer mes dernières affaires, je me suis
retrouvé en panne de cartons un peu avant l’arrivée des déménageurs...
Ces derniers m’ont cependant fourni de quoi terminer de tout ranger
pendant qu’ils démontaient mes meubles et faisaient déjà passer
– Ă travers la fenĂŞtre –
l’électroménager, les cartons déjà préparés et autres bricoles.
Arrivé à Lyon, une mauvaise surprise nous attendait : la place réservée
pour les déménageurs est située très loin de là où se trouve
mon appartement, les camion et monte-meubles se sont ainsi garés
comme des sauvages sur la voie du trolleybus. Une autre surprise,
mais bonne : l’électricité ne m’a pas été coupée, contrairement
à ce que les services de distribution m’avaient annoncé. J’ai aussi
le téléphone, et pendant que les costauds remontent les meubles
et entassent les cartons oĂą ils peuvent, je passe des coups
de fil pour régler divers problèmes...
Là , une petite astuce de ma composition effectue des merveilles : j’étais venu la semaine
précédente avec, sous forme de collage de papiers journaux, les
formats de mes divers meubles et gros électroménagers. L’installation
stupéfie les déménageurs habitués aux aléas de l’installation
dans un appartement plus petit (« Vous avez vraiment le compas
dans l’œil, Monsieur ! »). Juste un Ă©lĂ©ment
non prévu, la machine à laver est plus haute que je n’imaginais et
dois donc être positionnée à un autre endroit que prévu.
Après ces derniers jours plutôt sportifs,
je suis donc à présent locataire d’un chouette logement
équipé de l’électricité, du gaz, de l’eau (même chaude),
du téléphone et d’Internet. Quand le technicien est venu
m’ouvrir le gaz, la voisine du dessus lui a demandé
ce qui se passait. Son inquiétude était légitime :
il y a quelques mois, une
explosion de gaz faisait un mort,
de nombreux blessés et plein de personnes à reloger...
et ceci dans cette même rue, à quelques numéros de là où j’habite à présent.
Lundi, le 4 aoűt 2008
Dans la jungle
Naïvement, j’imaginais que la France était un pays civilisé.
Enfin, la France métropolitaine. Et dans les grandes villes, quoi...
Ouah ah ah ah... (rire de désespoir)
Demain, à cette heure, les déménageurs doivent passer pour
embarquer les cartons (il m’en reste d’ailleurs encore à faire,
certaines affaires ne sont pas emballées, mais je suis en panne
sèche de cartons en ce moment et je dois en récupérer quelques
uns pour ce qui me reste de livres, vaisselle, habits, petit électroménager,
bouteilles, conserves et autres denrées alimentaires). Mais, arrivé à Lyon,
il faut dire les choses telles qu’elles le sont : ce sera la zone.
En effet, je n’aurai pas de gaz (je me faisais à peu près à l’idée de
devoir prendre mes douches à l’eau froide et à cuisiner avec mon
vieux four micro-ondes tout pourri)... et pas d’électricité non plus !
Là , c’est franchement plus problématique : pas de lumière
le soir (autres que les bougies), pas de possibilité de mettre
mon réfrigérateur en route et bien sûr pas moyen d’utiliser un
ordinateur (moi qui angoissais à l’idée d’être privé quelques
jours d’Internet, me voilà rappelé à des considérations
bien plus élémentaires).
Et donc, depuis quelques jours, mes appels aux différents
services de distribution de gaz et de l’électricité
(et encore, je n’ose pas contacter les services de distribution d’eau, parce
que sinon...) se soldent par des semi-échecs liés à un problème de logiciel (ou autre excuse bidon)
avec des promesses (jamais tenues) d’être rappelé sous 24 ou 48 heures
pour la prise d’un rendez-vous avec un technicien.
Argh, je vais vivre mes premiers jours dans mon nouvel appartement dans la
jungle, avec une foule de cartons, sans possibilité d’installer des
rideaux, Ă calquer mes horaires sur le soleil et Ă me nourrir de... je ne sais pas
quoi (des trucs qui se conservent hors d’un frigo et qui n’ont pas besoin d’être cuits pour être mangeables).
En anglais, le confort moderne se nomme, en abrĂ©gĂ©, « mod cons »,
mais vu la manière dont les sociétés gérant ces services le font
et dont elles traitent leurs clients, ce sont plutôt nous qu’elles prennent
pour cette abréviation britannique.
En conséquence : blog en pause. Vu la situation, je ne sais pas trop quand je pourrais revenir
Ă la civilisation... Allez, je vais au moins chercher des silex et du bois sec pour pouvoir faire
du feu dans mes jolies cheminées... décoratives (ah, mince : c’pas pôssib’)
Vendredi, le 1er aoűt 2008
Article supprimé
(...)
Jeudi, le 17 juillet 2008
Nos amies les bĂŞtes
Non, je ne suis « pas vraiment » en vacances,
je me suis occupé de ma chère et tendre et de nous trouver un nouvel appartement.
Maintenant que ces problèmes semblent en bonne voie de se résoudre (je dois
aller Ă Lyon ce matin pour signer le bail mais il me faudra ensuite trouver
un déménageur), je peux me poser un instant devant un ordinateur et parler de
quelques petites anecdotes de mon quotidien – en rapport avec les animaux –
qui colorent ma vie d’épisodes allant du
Disney le plus dégoulinant au
Looney Tunes le plus caricatural (avec
Pépé le putois en particulier), en passant par
Lassie chien fidèle ,
l’univers de la petite
Heidi ...
et même un peu d’
Alien aussi...
Je m’explique :
j’ai été adopté par la chienne de ma compagne, une adorable
golden
retriever , une vieille mémère qui ne se rend pas
compte de son âge... Ainsi, quand elle n’a pas un bobo Ă l’œil,
c’est à la pa-patte... Alors non, je ne vais pas te renvoyer la ba-balle,
cou-couche panier, tu arrĂŞtes de faire la fofolle, Ă la retraite pendant
3 semaines et puis c’est tout ;
en rentrant d’un week-end chez ma copine, j’ai manqué mon
train à cause d’un troupeau de vaches... Des explications ?
Pour le moment, mon amie vit en montagne, et quand les fermiers emmènent paître
leurs bêtes d’un endroit à l’autre et qu’ils empruntent
les seules routes praticables par les voitures, il n’y
a qu’à patienter, et tant pis si on arrive trop tard
à la gare de la grande ville car le train, lui, n’attend pas ;
le 8e passager : alors que je tondais les abords d’un chalet
au coupe-bordure, j’ai éprouvé une très désagréable sensation
Ă l’oreille gauche... Panique, cela faisait « toc toc »
contre mon tympan, alors à force de secouer la tête, d’y verser
de l’eau, j’ai réussi à en faire sortir l’araignée qui y avait
trouvé refuge (j’ai de grands conduits auditifs, m’a confirmé
le médecin vu le lendemain) ;
en allant voir le
Capitaine-qui-ne-signale-pas-qu’il-s’en-va-en-week-end
de retour chez lui, sa petite chatte n’a pas arrêté de me tourner autour
(histoire de dire : il ne faut pas que mon maître me laisse toute seule,
raison pour laquelle ce dernier accueillait une autre félidées le
soir mĂŞme)... et en les quittant pour aller Ă mon rendez-vous, Ă cette agence
logement, afin d’y déposer mon dossier, je me disais que je ne sentais pas très
bon... De retour chez moi, j’ai découvert que la féline créature avait
projeté sur ma chemise une espèce de liqueur brunâtre et nauséabonde que
j’imaginais être l’apanage des seuls putois ou moufettes... Sympa, la bestiole !
À bientĂ´t pour de nouvelles aventures !
Samedi, le 5 juillet 2008
L’heureux tour / le retour
Ça y est, c’est officiel : fin aoĂ»t, au retour de Nyons oĂą se dĂ©roulera la
convention nationale de science-fiction , je devrai quitter mon appartement
de Saint-Étienne. Une page sera tournĂ©e. Ou plutĂ´t qu’une page, il s’agit d’une boucle qui sera Ă nouveau bouclĂ©e, de
l’accomplissement d’un demi-tour permettant de faire tour complet... et donc, d’un « retour ».
Grâce aux archives de ce blogue, je découvre qu’il s’agit d’une drôle de réponse à la
vie que j’avais vécue il y a presque
cinq ans de cela...
Je ne suis pas vraiment triste, oh non, car si je quitte – sans vraiment la quitter –
cette préfecture de la Loire où je vais continuer à aller régulièrement pour mon travail,
c’est pour pouvoir vivre avec la femme de ma vie dans un appartement (encore à trouver)
situé dans l’un des arrondissements de la préfecture du Rhône.
Lyon est une ville que j’adore, qui m’est chère pour de multiples raisons, la ville dans laquelle j’avais dĂ©jĂ
vécu à deux occasions, la première fois pour débuter la partie la plus intéressante de mes études, loin de
mes parents, et la seconde pour y préparer et soutenir une thèse de doctorat. Six ans de ma vie.
Lyon, oĂą je me trouvais encore il y a deux jours, Ă l’occasion du bref passage de ma belle-sœur,
elle que je ne vois plus guère puisque, avec mon frère, ils se sont installés au Canada.
Ma vie va donc prendre un nouveau tour, un heureux tour, avec sans doute moins de temps
pour faire de la sculpture, mais beaucoup plus Ă passer dans les transports en commun,
ce qui va me donner l’occasion de pouvoir reprendre l’écriture, moi qui
— inspirĂ© par ma belle — porte depuis
quelque temps l’envie de coucher sur papier des nouveaux textes de fiction.
Alors, hier, j’ai pris quelques heures pour terminer la sculpture en
argile qui traînait depuis trop longtemps, elle a besoin de l’été pour sécher
afin de pouvoir être cuite avant le déménagement.
Mardi, le 24 juin 2008
Article supprimé
(...)
Mardi, le 6 mai 2008
Article supprimé
(...)
Vendredi, le 18 avril 2008
Albert / Leonard
C’est bizarre, mais chaque fois que j’écoute la terrible
– mais terriblement belle ! – chanson
Everybody knows , je ne peux m’empêcher de penser
au roman
Belle du Seigneur .
J’ai mis du temps à comprendre la raison de cette curieuse association
d’idées : dans mon esprit, le même talent pour peindre la
vie d’une noire poésie produisait une confusion entre les deux
non-frères
Cohen ,
Leonard et
Albert ...
Mardi, le 15 avril 2008
Article supprimé
(...)
Dimanche, le 30 mars 2008
Fondue asiatique aux fruits de mer
Il n’y a pas à dire : la nourriture du Japon me manque déjà .
Je me suis ainsi rendu dans une épicerie asiatique avec l’intention de m’acheter les ingrédients
nécessaires à la réalisation d’une soupe de miso, mais j’en suis ressorti avec une autre
idée qui m’a poussé à faire un détour chez le poissonnier afin de trouver d’autres ingrédients
me permettant de préparer une fondue asiatique (un mélange personnalisé sino-japonais)
aux fruits de mer.
Temps de préparation : 15 mn (pour découper le tofu, décortiquer les crevettes et
sortir les amandes de leurs coquilles).
Temps de cuisson : 1 heure pour les coquillages, 25 mn pour les champignons noirs,
5 mn pour les pâtes.
Pour deux personnes :
500 g d’amandes de mer (vivantes)
300 g de crevettes entières (déjà cuites)
du tofu (une boîte de 540 g, soit 280 g en poids net égoutté,
mais la moitié aurait été suffisante)
des pâtes asiatiques (j’ai pris des vermicelles de blé, un
paquet de 283 g, mais il y en avait trop)
des champignons noirs déshydratés (50 g, et encore,
c’est vraiment beaucoup)
de la préparation pour fondue de fruits de mer (un paquet de
200 g comprenant un mélange étrange à base de riz, graines de lotus,
fleurs de lys, gingembre, champignons, dattes (?), nèfles, crevettes séchées,
coquilles Saint-Jacques séchées, huile végétale, sucre...)
Ă©ventuellement, un bouquet garni (thym, laurier) pour la cuisson des coquillages
Laissez reposer les amandes de mer dans de l’eau salée pendant une heure. Changez
l’eau jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sable.
Suivez les indications pour la préparation des champignons. Dans mon cas, il faut les
laisser tremper pendant 15 mn dans de l’eau tiède avant de les égoutter et de
les plonger dans de l’eau bouillante pendant 10 mn.
Faites chauffer 2 à 3 litres d’eau salée avec le bouquet garni.
Quand l’eau bout, ajoutez-y les amandes de mer.
Faites Ă©goutter le tofu et coupez-le en morceaux de taille moyenne.
Préparez les pâtes asiatiques. Dans ma recette, il faut mettre les pâtes dans de 1 litre d’eau bouillante pendant 5 mn,
puis il faut les passer sous l’eau froide pendant 3 mn et les laisser égoutter.
PrĂ©parez les crevettes (en japonais, cela se dit : « ebi ») : rincez-les, Ă´tez la
tête et la carapace en prenant soin de ne pas décortiquer la partie arrière de la queue (pour des raisons esthétiques).
Ouvrez le paquet de préparation pour fondue de fruits de mer.
Versez la préparation dans un litre d’eau bouillante.
Ôtez les amandes du feu, égouttez-les, retirez la chair des coquilles. Disposez joliment les crevettes.
Placez les champignons noirs sur une assiette (n’hésitez pas à les couper un peu en morceaux si les champignons
sont trop grands), ainsi que le tofu. Mettez les pâtes dans un récipient adapté.
Versez la préparation pour fondue diluée dans l’eau dans un caquelon chaud.
Il n’y a plus qu’à ajouter les pâtes, champignons, amandes de mer, crevettes et morceaux de tofu dans le poêlon à fondue.
Plutôt que les piques à fondue, préférez les petites passoires asiatiques qui sont plus adaptées
dans ce genre de situation.
Le bouillon, à la fin de la fondue, peut se boire (versez le liquide dans des bols et servez-vous de cuillères
en pétales de lotus).
Bon appétit !
Vendredi, le 28 mars 2008
Zen / Yin / Yang / Yen
Retour en France, retour Ă la normale.
Bien arrivé, aucun problème avec les métro, avions, navette, train et tramway.
Déjà une journée de boulot, hier,
et j’imaginais même avoir la force d’aller à mon club de sport
en soirée. Je me suis cependant écroulé dans mon lit à 19 heures...
Joie, avec une heure de sommeil en moins, ce week-end, mon décalage va
se rattraper plus facilement.
Sinon, j’étais bien content : aucun des fragiles articles achetés
au Japon ne s’est cassé durant le voyage. Mes petits gâteaux à base de
crème et de pâte de haricots font les délices de mes collègues, je
vais me lancer dans la calligraphie de kanji et je vais pouvoir présenter
mes plats japonais avec un service de table très classe.
Une chose encore à régler, qui gonfle présentement la poche de ma veste où
se trouve mon portefeuille (et moi aussi, de par le fait) :
le transport et l’hôtel m’ont été payés sur place, dans la devise locale, et
j’ai donc sur moi des milliers de yens... que ma banque refuse d’échanger en euros. Gasp !
Mardi, le 25 mars 2008
Material boy
Je viens de me rendre compte qu’en cette période de Pâques,
je n’ai pas eu l’occasion de manger un seul morceau de chocolat. Néanmoins,
pour mon plus grand bonheur , j’ai acheté
plein de délices chocolatés dans la
boutique de luxe locale
(en France, Ă Saint-Étienne) mais j’ai tout offert Ă mon
collègue japonais et Ă sa sympathique famille. À noter qu’un lapin en chocolat,
dans une valise qui voyage dans la soute de l’avion, c’est une mauvaise idée.
Mais bon, pas grave.
J’espère simplement avoir plus de chance avec les fragiles objets que
je ramène du Japon chez moi, ces derniers étant méticuleusement emballés
(un mini service de table japonais pour 2 personnes).
D’ailleurs, comme j’avais encore plein de yens sur moi, j’ai pris
le temps de faire du shopping et de flâner dans les magasins.
J’ai acheté un personnage de manga pour faire semblant d’être un
otaku ,
mais aussi un mannequin articulé qui me servira en sculpture (à dire vrai, pour le
dernier article, je viens de découvrir que c’est un peu moins cher
en France). J’ai aussi acheté de quoi peindre et écrire des kanjis.
Enfin, c’est difficilement avouable, mais j’ai craqué pour des fringues...
Les Japonais adorent
les boutiques de luxe européennes, et françaises en particulier, mais
le style vestimentaire qu’ils adoptent ne se retrouve pas vraiment
dans l’Hexagone. Alors, profitant du fait que l’euro se porte plutôt
bien par rapport au yen, je me suis lâché...
D’ailleurs, c’est aussi ça l’avantage de faire régulièrement des
exercices d’abdominaux, de manger léger et d’éviter les orgies
de chocolat, on peut mettre des fringues assez
fashion .
Il faut reconnaître qu’au Japon, si on remarque qu’il y a de temps en
temps des femmes en
kimono (ou plutĂ´t en
yukata ),
si l’on peut être surpris de croiser des gens malades portant
un masque sur le nez et la bouche (pour Ă©viter de
contaminer les autres avec leurs microbes), on ne peut pas ignorer que
les hommes portent très majoritairement des costumes sombres plutôt
élégants. Bon, il est temps de préparer ma valise, je vais rentrer
Ă la maison, il faut que je range encore ma cravate, cet accessoire
vestimentaire que je ne porte
presque jamais en France... (Non, je plaisante : Ă part pour le jour de
Pâques, je n’ai pas porté de cravate au Japon !)
Lundi, le 24 mars 2008
Le Japon en quelques adjectifs
Frustrant : je parviens Ă poser quelques
questions en japonais, j’ai un accent acceptable,
mais je suis obligé de basculer
en anglais pour comprendre les réponses qui me sont faites
car ma connaissance de la langue est encore trop limitée.
Amusant : la petite musique qui se fait entendre pour
indiquer qu’il est possible de traverser la voie ressemble
à celles que l’on entend dans nos contrées en
période de Noël.
Effrayant : il y a des parkings à vélos mais il
n’existe pas vraiment de pistes cyclables (ou alors
je n’ai rien compris au marquage au sol), les piétons
et nombreux cyclistes se partagent les trottoirs, et nous nous
croisons sans nous rentrer dedans... alors qu’il y a pourtant
des personnes sur leurs bicyclettes qui ne regardent
même pas où elles vont, l’oreille collée à un téléphone
portable et la tĂŞte ailleurs.
Normal : j’étais à la messe de Pâques à la
cathédrale de Fukuoka, hier ; la chorale était
surtout composée de Philippins (une des rares minorités
asiatiques qui soit à dominante catholique), et si j’ai vraiment si bien
compris les paroles du prêtre qui s’exprimait en anglais,
si son accent et ses mots m’étaient si familiers,
c’est surtout parce que le prêtre en question... est
un Français.
Charmant : les Japonaises sont généralement
jolies, et quand elles osent des tenues sexy ,
de manière assez paradoxale, cela leur donne un air plutôt
ingénu que provocant.
Samedi, le 22 mars 2008
Réminiscences mathématiques et inquiétante étrangeté
En 2002, les Français étaient devenus des champions de la table
de 15 car quinze euros correspondaient environ à cent francs français.
En 2008, il est utile aux Français au Japon de se rappeler du même type
de calcul car 150 yens correspondent environ Ă 1 euro.
Le Japon me donne – et je suppose que cela
doit ĂŞtre un sentiment partagĂ© par d’autres –
un curieux sentiment de fausse familiarité, ce
que Freud appelait «
l’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© ».
Dans ce pays, on peut facilement se sentir à l’aise avec la présence
de transports en commun fonctionnels,
de boutiques de luxe occidentales, avec tous ces produits
high-tech ,
les bâtiments aux lignes architecturales audacieuses, un intérêt
marqué pour les cultures anciennes ou hypermodernes, néanmoins tout a de quoi déconcerter.
En effet, la langue, l’écriture, le sens de circulation (les voitures roulent
à gauche), les goûts culinaires, etc., nous laissent le plus souvent perplexe,
comme ces
shower toilets qui donnent à penser qu’il est
nécessaire de savoir piloter un avion de chasse pour pouvoir passer
sur le trĂ´ne...
Oui, au Japon, on se sent parfois aussi stupide que le
dahucapra rupidahu :
Vendredi, le 21 mars 2008
Incomparable petite satisfaction personnelle...
...d’avoir compris qu’en jouant sur la force exercée sur
les baguettes, on peut soit découper (du poisson,
du tofu) soit saisir les morceaux de nourriture.
À part cela, dans cette universitĂ© japonaise,
en tant que professeur invité, j’ai droit à un bureau de ministre...
Jeudi, le 20 mars 2008
En direct de Fukuoka
Pour parvenir à rédiger ce message, j’ai dû
– après avoir accompagnĂ© mes dĂ©licieux
sashimis d’un peu de
saké et de trop
de
shĂ´chĂ» –
retrouver mon chemin dans une ville inconnue, de nuit, et réussir
Ă connecter ma machine Ă Internet (alors que les noms des rues
et les explications de connexion ne sont décrits qu’en japonais
et que je ne connais encore rien aux
kanjis ,
hiriganas et
katakanas ).
NĂ©anmoins, ceci en est la preuve :
yatta! Mercredi, le 19 mars 2008
Un problème chasse l’autre
D’ordinaire, les heures qui précédaient un grand départ
me voyaient suer sang et eau Ă essayer de faire rentrer toutes mes
affaires dans ma petite valise (sans la bousiller).
Aujourd’hui, c’est bien fini : je me suis acheté un plus grand modèle.
Et voilà un autre problème : avec tout ce que j’ai promis de
rapporter de France au collègue et ami japonais, je ne vois pas
comment me débrouiller pour n’emporter que les 20 kg de
bagage auxquels j’ai droit...
Au secours !
Mardi, le 18 mars 2008
Pâtes au logis, nouilles au Japon
Je viens de voir la
bande annonce du film
Pathology .
Brrr. Glauque Ă souhait.
Demain, je vais prendre l’avion. Direction : le pays du soleil levant. Arrivée : Fukuoka.
Objectif : travailler avec un collègue de l’Université de Kyûshû.
Oui, mais bon : quel rapport entre ces deux événements ?
Il suffit de s’intéresser à l’
histoire et d’apprendre ce que les chercheurs en médecine japonais avaient
pratiqué sur des prisonniers occidentaux durant la Seconde Guerre mondiale pour avoir un petit peu les chocottes.
SayĂ´nara !
Vendredi, le 7 mars 2008
Lost in translation (2/2)
L’une des premières conférences où je me sois rendu tout seul,
à l’époque où j’étais étudiant en thèse, était organisée à Helsinki.
Départ de Lyon, changement à Paris, arrivée à l’aéroport de la capitale finlandaise dans l’après-midi du samedi.
Seulement voilà , ma valise n’apparaissait pas sur le tapis roulant.
Bien, bien, bien... Que faire ? Découvrant que je n’étais pas le
seul dans cette situation, je suis allé voir un guichet de réclamation
et j’ai expliqué, dans un anglais peu assuré, mon problème. J’ai alors
rempli un formulaire, indiqué à quoi ressemblait ma valise et inscrit le
nom de l’hôtel où j’allais me trouver durant mon séjour. J’ai alors reçu
une mallette de secours censée contenir un petit nécessaire de toilette,
parce que, bien entendu, ma trousse de toilette ainsi que tous mes
vĂŞtements de rechange se trouvaient dans la valise.
Avec mon seul sac sur le dos, j’ai pris la direction de la ville,
rencontrant par hasard dans les transports en commun un chercheur
italien que j’avais déjà croisé lors d’une autre conférence. Je me
suis rendu compte qu’il s’agissait du président de la session où je devais
effectuer ma présentation, aussi suis-je allé l’aborder pour le saluer et lui
faire part de ma mésaventure.
Depuis le centre-ville, je me suis rendu à mon hôtel, appréciant malgré moi
le fait d’être peu chargé pour trouver mon chemin. Je me rappelle que
le nom d’une boutique de lingerie m’avait profondĂ©ment amusĂ© : «le Slip »,
qui, pour nous, n’a rien de très sexy, mais qui, pour les Finlandais, devait paraître
très français...
Mon hôtel, ma chambre, tout est impeccable. Pas de valise à défaire, j’ai
retiré le plastique entourant ma mallette, ouvert celle-ci... et découvert qu’elle
ne contenait rien du tout. Vraisemblablement une erreur.
Bien, bien, bien... Pas de dentifrice, juste les mini-savon et mini-shampoing
de l’hôtel, je n’allais pas aller bien loin.
Avec mon plan, j’ai dĂ©cidĂ© d’explorer Helsinki, un petit passage jusqu’Ă
la mer Baltique, le centre, un dîner sur le pouce dans un fast-food (argh, je n’aurais pas
de quoi me brosser les dents !) et je suis rentrĂ© Ă mon hĂ´tel, prĂŞt Ă
me coucher devant la télévision, angoissant de ne pouvoir me changer ou me raser le lendemain,
moi qui avais prévu de faire quelques visites, et même d’assister à l’office du dimanche,
bien qu’ignorant tout du finnois et n’étant ni protestant (héritage du passé suédois de la
Finlande) ni orthodoxe (héritage russe).
Finalement, vers onze heures du soir, la réception m’a appelé pour me signaler que
ma valise a été ramenée par le service de l’aéroport (elle n’avait pas suivi mon avion
durant ma correspondance Ă Paris) et est parvenue Ă bon port avec le vol suivant. Ouf !
Dimanche, le 2 mars 2008
Lost in translation (1/2)
À un peu plus de deux semaines de mon voyage Ă
Fukuoka ,
voici le premier de deux articles sur ces « grands moments de solitude » liĂ©s
à mes déplacements professionnels à l’étranger.
Il y a quelques années (en
janvier 2006 ), j’ai dû partir à Tripoli, dans le nord du Liban, pour donner
quelques cours. Le séjour était excellent, et je désespère de ne pouvoir y retourner en raison
de la situation politique actuelle, mais il avait plutôt mal commencé...
Aéroport de Francfort où je faisais escale, deux heures de retard. Je suis arrivé à l’aéroport de Beyrouth
vers deux heures du matin, au lieu de minuit, la tête en vrac après avoir essayé de dormir
un peu dans l’avion. Coup de chance : un chauffeur de taxi était là à m’attendre, je n’y
croyais plus en raison du retard. Mais le chauffeur parlait à peine quelques mots d’anglais, et pas
du tout français, j’étais obligé de lui faire confiance et de le suivre dans sa voiture. Mes
premières impressions du pays étaient curieuses, je découvrais Beyrouth à la lueur des phares
et des lampadaires, puis nous avons longé la côte, balancés par le rythme de la musique orientale.
L’hôtel. Une charmante demoiselle à l’accueil m’a expliqué dans un anglais impeccable les consignes
d’usage, la serrure, le petit déjeuner. Il était plus de quatre heures du matin quand j’ai enfin pu
me coucher dans mon lit.
J’ai fait sonner mon réveil très tôt afin de contacter l’université et de savoir comment allaient
se passer mes interventions. Comment me rendre Ă l’universitĂ© ? À quelle heure mes
cours devaient-ils débuter ? Personne n’a répondu au numéro de téléphone que j’avais noté.
J’ai fait un nouvel essai vers huit heures, toujours personne. J’ai essayé un autre numéro,
le portable du responsable des enseignements. Rien, si ce n’était un message que j’avais laissé
sur le répondeur. Je commençais vraiment à me faire du souci. Neuf heures, nouvelle tentative.
Ah, enfin, quelqu’un a décroché ! Je suis tombé sur la secrétaire. Elle a engagé la
conversation en arabe, et je n’ai évidemment rien compris. J’ai parlé en français. La voix
poursuivait en arabe. À l’intonation, j’avais pu deviner qu’elle me posait une question. J’ai
essayé en anglais sans plus de succès. La voix semblait insister en arable, me mettant dans un
grand désarroi, jusqu’à ce que la secrétaire, de guerre lasse, finît par raccrocher.
Considérant ma situation sans issue, je suis retourné me coucher...
Finalement, vers midi, le responsable de la formation a appelé l’hôtel et tout est rentré
dans l’ordre : je n’ai eu à donner de cours qu’à partir du lendemain, mais j’avoue avoir
été dans un état de grande confusion ce matin-là , fatigué, perdu et incapable de
communiquer.
(Le titre de cet article est inspiré de l’attachant
film de Sofia Coppola ).
Mercredi, le 20 février 2008
Mots de l’âge, modelage
Pourquoi n’ai-je plus rien raconté sur ce blogue depuis plus d’une semaine ?
Eh bien, d’une part, je suis bien occupé par mon boulot, me réveillant souvent à des heures
impossibles pour avancer dans mes travaux de recherche, et d’autre part parce que
je me consacre en ce moment davantage à la sculpture qu’à l’écriture.
En effet, puisqu’il est assez frustrant d’écrire des textes qui ne sont pas lus, faute de
trouver un éditeur, je préfère réaliser des créations plastiques qui, elles, seront
vues à l’occasion d’expositions.
Je viens de terminer de patiner une pièce, intitulée
les Amants aquatiques ,
que je n’ajouterai pas à ma
galerie virtuelle
car elle n’est pas censée trouver d’acheteur, étant une commande pour un particulier.
(Les couleurs sortent un peu bizarrement, les photos ayant été prises sans flash, avec un éclairage
par lampes halogènes.)
Je travaille à présent sur une autre pièce, une fillette d’un très jeune âge,
presque un bébé, et c’est ma nièce
qui me sert de modèle, photographiée sous de nombreux angles par mes parents.
D’ailleurs, je me suis acheté quelques livres sur le modelage, la façon de réaliser
les formes humaines, les visages et les expressions. Comme je lis beaucoup dans les
transports en commun, quand je tombais sur des descriptions expliquant que le
visage est composé de telle ou telle partie, comment s’organise la ceinture scapulaire,
que pour former l’intérieur des oreilles il suffit de tracer une courbe externe, une courbe
interne et de creuser une conque, comment s’organise la jonction entre le nez et la
bouche, comment rendre une personnalité rien que par la forme des yeux... je ne pouvais m’empêcher
de vérifier ces éléments auprès des autres voyageurs, en m’arrêtant de préférence
sur les jolies filles.
Parfois, nos regards se croisaient et... mais non, mesdemoiselles, je ne suis pas un vil mateur !
Mardi, le 5 février 2008
Noël au balcon, Pâques au Japon
Si tout va bien, Ă la mi-mars, et pendant deux semaines,
je serais au Pays du Soleil levant...
Parfois, j’aime vraiment mon métier d’enseignant-chercheur.
Vendredi, le 1er février 2008
Curiosités
Demain, 2 février 2008, ce sera la
Chandeleur .
Je le sais parce qu’au resto du personnel, ce midi, il y avait des crêpes.
Sur mon agenda, il est indiquĂ© Ă cette date « PrĂ©sentation au Seigneur »
(alors qu’il devrait plutĂ´t y avoir d’écrit « PrĂ©sentation
du Seigneur »,
puisqu’il s’agit, dans le christianisme, de commémorer la présentation de Jésus au temple).
Et en-dessous, la curieuse suite de chiffres répétés : 33-333.
Ben oui, cette année étant bissextile, il y aura 366 jours, et demain nous
serons le 33
e jour de l’année (40 jours après Noël), il en restera encore 333 avant l’année prochaine.
Il n’empêche, tant de curiosités notables pour un seul jour, c’était tout à fait... euh... curieux.
Mercredi, le 23 janvier 2008
Anticipation, anti-, si, passions
Pff...
À la moitiĂ© du film
Impostor de Gary Fleder (inspirĂ© de l’œuvre
de
Philip
K. Dick ), je me doutais bien – malgrĂ© la chute Ă rebondissements –
de qui était le réel imposteur.
Dans l’improbable
Alien
vs. Predator de Paul W. S. Anderson, il ne m’a pas fallu plus de 10 minutes pour imaginer quel personnage
allait ĂŞtre le survivant.
Et dans la nouvelle
PV de Lucas Moreno, au sommaire du numéro 49 de
Bifrost
(qui vient juste de paraître, un numéro spécial
Robert Silverberg ), dès la quatrième page, au moment où le personnage
principal se demande ce que veut dire l’énigmatique inscription « P V »,
j’avais eu une idée assez nette de la signification de cet acronyme... et cette hypothèse, dévoilée 10 pages plus loin,
s’est avérée être la bonne.
Bref, aucune surprise ! Ou si peu...
Mes connaissances et capacitĂ©s de raisonnement – par dĂ©duction, induction, analogie ou autres –
me gâchent de plus en plus le plaisir de la découverte et l’émerveillement face à la nouveauté.
Merde alors : je suis en train de perdre le regard d’enfant que je portais sur le monde...
Dimanche, le 13 janvier 2008
Catalogue, mon beau catalogue
Il y en a, quand ils sont petits, ils feuillettent avec passion les magazines de voitures. Des voitures
de luxe. Des voitures de sport. Ou des motos. Quand ils grandissent, les voitures ne sont plus tout Ă fait
les mĂŞmes, la curiositĂ© Ă©merveillĂ©e de l’enfance a fait place Ă la question : « quel va
ĂŞtre mon nouveau modèle ? » – sous-entendu : « quelle voiture
correspond le mieux Ă la personnalitĂ© que je souhaite afficher ? »
Pour les filles, ce sont plutĂ´t les catalogues de fringues. Mais cela revient au mĂŞme.
Et puis, pour les deux sexes, surtout quand ils vivent ensemble et qu’ils veulent ajouter de la
matière à leur nid douillet, ce sont les catalogues
Ikea (dont l’absurdité est
cruellement illustrée dans le film
Norway
of Life de Jens Lien).
Les catalogues sont donc une sorte de miroir de l’âme, un peu comme s’ils pouvaient correspondre,
pour les gens, aux vitrines de ce qui leur font le plus envie.
Je ne me sens pas matérialiste, et pourtant je n’échappe à ce principe.
Ce qui me fait baver d’envie depuis qu’il s’est retrouvé dans ma boîte
aux lettres, c’est le catalogue d’un
marchand de matériel de Beaux-Arts .
Ahhhh... Je découvre plein de nouvelles techniques artistiques, plein de bricoles qui permettrait
de faire ceci ou cela... Et en mieux... Des peintures, des outils, des... Plein de... Toute cette potentialité
pour donner forme, couleur et matière aux élans de mon imagination...
Ah, non !
Vade retro, catalogus ! Ouais, il faut que je me calme.
Soupir : même dans la création artistique, on ne peut pas partir de rien...
Dimanche, le 6 janvier 2008
Qui veut voyager loin...
...ménage sa voiture.
Si je fais le calcul, j’ai autant roulé durant l’année 2008, au soir du
premier janvier, que durant les deux années 2006 et 2007 réunies.
Oui, c’est clair, je ne conduis pour ainsi dire plus : je suis un
citadin adepte des transports en commun, du train et occasionnellement
de l’avion (tant que les tunnels sous la mer Méditerranée ou l’océan Atlantique
ne seront pas construits).
D’ailleurs, ce 1er janvier que j’avais passé auprès de mes parents
(pour lesquels j’avais servi de chauffeur), oncles, tantes et cousins, nous
avons beaucoup parlé des nouvelles lois (ainsi, même une tante, invétérée fumeuse
jusqu’alors, avait décidé de laisser tomber la sucette à cancer tant il y avait de contraintes
Ă essayer d’en griller une), des radars et du permis Ă points. À
un moment, j’avais fait remarquer la curieuse évolution des choses :
« Lorsque nous Ă©tions petits, nous recevions des bons points, et
quand nous avions assez de bons points, nous obtenions une image.
Aujourd’hui, avec les radars, l’image, nous l’obtenons tout de suite, et
après on nous retire nos bons points du permis. »
Lundi, le 31 décembre 2007
Bilan de 2007
À moins de 10 heures de 2008, je vais essayer
de faire le bilan des trois cents et quelques jours de
cette année dont les derniers chiffres faisaient penser
Ă James Bond (ceci dit, il n’y a sans doute que moi Ă
faire ce genre d’associations d’idées bizarres).
Alors, cette année 2007 était plutôt de celles que
je rangerais dans la catĂ©gorie « vraiment pas
top, essaye encore ! ». En rĂ©sumĂ©, en 2007, j’ai :
essayé les services de réseautage social en ligne , avec
MySpace en particulier : intéressant
pour prendre des contacts avec des gens que je connaissais
dĂ©jĂ dans la « vraie » vie, moins pour
en nouer de nouveaux, mon compte existe toujours mais je
n’y poste plus d’articles, et je n’y vais que pour reprendre
des nouvelles à l’occasion de quelques amis ;
envoyé le manuscrit de mon roman à des éditeurs de
thriller... qui ne l’ont pas accepté. Gnnnh ! C’est vrai que c’est
de la fusion entre de la SF – hard science –
et du thriller d’espionnage, mais bon, les boules...
assez peu écrit, au final, au cours de cette année,
un peu dégoûté par les retours des éditeurs. Cependant, j’ai
participé à un atelier d’écriture à la fin avril où
j’ai composé quelques textes assez intéressants. Donc
la boîte à imagination n’est pas cassée, suffit juste
d’être un peu plus (re-)motivé pour écrire
de belles histoires ;
vu très nettement mon univers professionnel se
dégrader, en conséquence assez directe des dernières
élections, comme s’il était plus intelligent, dans
mon domaine, de nous faire travailler dans la compétitivité
que dans la collaboration...
repris mon site web de A à Z, en récupérant dans mon
blogue à desseins les messages postés sur mes blogs depuis... 2002 !
appris à me servir de logiciels de traitement d’images,
ce qui m’a permis de refaire mon site avec de jolies images ;
abordé de nouvelles techniques de sculptures. Après le
modelage, j’ai démarré la pierre taillée, ainsi que le papier
plié (origami). Cependant, étant encore débutant dans ces
techniques, je ne peux pas dire que j’ai su réaliser des
œuvres majeures dans ces deux domaines ;
découvert les ambigrammes , ces textes présentant de
curieuses formes de symétrie. Je peux même réaliser à la main
(et avec un peu de Toshop ) les ambigrammes d’à peu près
tout et n’importe quoi, comme ceux de (René) Barjavel et des invités de la prochaine
convention SF (en arrière-plan) ou les divers que l’on
trouve ici ... Attention, le résultat n’est pas
toujours très joli, ou très lisible ;
fait de la plongée sous-marine. Je me suis réinscrit
dans un club, le père Noël m’a apporté plein de matériel
pour que je puisse mater les poissons, et je suis allé
passer mon niveau 2 dans les Antilles. Séjour un peu écourté
à cause de l’ouragan Dean...
eu quelques ennuis de santé... mais ce n’est rien
comparé à mon père qui, après une malheureuse chute, aurait
dĂ» – selon les dires des mĂ©decins –
rester tétraplégique mais qui reprend peu à peu possession
de son corps et qui peut à nouveau, aujourd’hui, marcher, danser,
bouger même s’il est loin d’avoir retrouvé dans ses gestes
la force et la précision d’avant l’accident ;
fait des rencontres (mais pas rencontré le grand amour),
vécu des chouettes moments, quand même, parce que j’ai une
mémoire sélective et un naturel optimiste...
À l’annĂ©e prochaine !
Lundi, le 24 décembre 2007
J’interprète mon univers
Courir.
Quitter un instant le cocon de la demeure parentale,
la chaleur protectrice, le ronron du prélude à la fête.
Mes pas frappent les chemins de terre
tracés par les roues des machines agricoles,
crissements de la glace quand mes baskets rencontrent
des flaques emprisonnées par les trouées.
Les contours des végétaux proches sont nets, les herbes,
branches et brindilles sont aiguisées par les
aiguilles de givre mais, un peu plus loin, le paysage disparaît,
gommé par le brouillard.
Monde en noir et blanc, anesthésié par le froid,
à peine relevé par endroits d’un camaïeu de tons sépia.
Mon cerveau, dopé par la musique de la bande originale du film
Paprika que délivrent les écouteurs,
analyse toutes les sensations visuelles
et reconnaît les fonctions logicielles capables
de réaliser par ordinateur de telles images.
Entre le naturel et l’artificiel, je suis un interprète.
Dimanche, le 23 décembre 2007
Optimiste (trop)
Il faut faire des choix dans la vie.
Hier matin, ne parvenant pas Ă boucler ma valise, trop
vite remplie par quelques cadeaux volumineux, j’ai
décidé de ne pas prendre de pull pour cette période
que j’allais passer dans ma région natale auprès de ma famille.
Dans le train bondé qui allait de Lyon à Strasbourg,
lorsque le soleil s’est levé, j’ai découvert un paysage
d’un blanc féerique, la nature s’étant parée de givre.
Mouais. Doit pas faire chaud. J’ai encore eu une bonne idée, moi...
Jeudi, le 20 décembre 2007
Acte banqué, enfin, manqué...
Pourquoi est-ce que je ne me rappelle de l’astuce mnémotechnique
qui permet de retrouver le code d’accès à la gestion de mon compte
bancaire sur Internet qu’après avoir entré le troisième essai fatidique ?
Pourquoi, alors que je dois absolument faire des modifications sur mon
virement automatique, et que cela ne peut pas attendre ?
Pourquoi, alors que je n’ai pas le temps de passer à ma banque avant
de retourner dans ma région natale à l’occasion des fêtes de fin d’année ?
Peut-ĂŞtre que... tout simplement, cela va me donner une raison
d’aller à ma banque, même si ce sera un terrible casse-tête.
Y aller pour de vrai. Et peut-être que c’est mon
inconscient qui m’a poussé à produire cet acte manqué. Et peut-être
que ce n’est pas si mal que ça, car la personne de l’agence est
fort jolie.
Au pire, je pourrais toujours revenir avec un calendrier...
Samedi, le 15 décembre 2007
De l’avantage de voir les années passer
Il y a quand même une chose agréable dans le fait de vieillir : il
faut des gros gâteaux d’anniversaire pour pouvoir
y placer toutes les bougies...
Lundi, le 10 décembre 2007
Signes extérieurs de jeunesse (ou pas)
En fait, je ne dois pas ĂŞtre si vieux que
ça .
La plupart des pages
web que j’ai visitées durant le week-end concernaient
l’achat en ligne de papier spécial pour origami.
Du coup, je me suis retrouvé sur des sites
destinĂ©s aux 8 – 12 ans...
Samedi, le 8 décembre 2007
Signe extérieur de vieillesse
À la fĂŞte que je vais donner Ă l’occasion de mon anniversaire,
la semaine prochaine, il y aura des amis de mon âge qui viendront
avec leurs gamins.
Ben mince alors, ça va faire bizarre.
Jeudi, le 6 décembre 2007
Un jour comme les autres
Alors que c’est la
Saint Nicolas , on dirait un jour comme les
autres...
Heureusement que, pour rentrer chez moi, je vais passer par le
marché de Noël . Pourtant,
même si j’ai repéré un chalet alsacien parmi les maisonnettes
du marchĂ© « traditionnel », je doute fort d’y trouver un
manala de mon «
pays » natal...
Samedi, le 1er décembre 2007
Super crédible
Pour me débarrasser d’une personne au téléphone qui
tenait absolument à me faire la publicité de
son magasin d’ordinateurs, j’ai dit :
« Oh, mais moi, l’informatique, je
n’y comprends rien, et ça ne m’intĂ©resse pas ! »
Niveau zéro de l’argumentation technophobique : imparable.
L’importun ne pouvait pas savoir que je suis juste un petit
peu docteur, enseignant (enfin, quand la faculté ne sera plus
bloquée) et chercheur de cette discipline...
Mercredi, le 28 novembre 2007
Ma madeleine
L’autre jour, en buvant par hasard une tasse de tisane verveine-menthe,
sucrĂ©e – moi qui bois essentiellement de l’eau
ou du thĂ©, et sans sucre –, j’ai eu un
Ă©tonnant flash.
Je me suis revu, il y a vingt ans de cela (déjà !), dans la
voiture de mes parents, avec toute la famille, au retour d’une longue
promenade en ski de fond. Je me rappelle des barres de céréales et
chocolatées que nous dévorions après l’effort, et de la bouteille
thermos qui circulait parmi nous pour nous réchauffer
avec cette tisane au goĂ»t et Ă
la saveur si particuliers.
Tout en buvant le breuvage, j’étais
surpris par l’intensité de la vision, avec le rappel de
certains détails curieux, comme le fait que,
lĂ -haut , nous
ne parvenions plus à capter dans l’autoradio
la mĂŞme station que celle de la « radio de la maison »
(
Europe 1 ), dans la plaine, et que
écoutions par conséquent d’autres émissions qui n’avaient d’intérêt
que de changer les habitudes (ce devait ĂŞtre « les
Grosses TĂŞtes » sur
RTL ).
Bref, je savais depuis longtemps que les informations olfactives
et gustatives étaient traitées dans des zones cérébrales connexes
de celles liées aux traitements mnésiques, mais cela ne m’a pas
empêché d’être bluffé par l’intensité de ce souvenir impromptu.
Proust avait sa
madeleine . Pour moi, c’est une tisane...
Jeudi, le 22 novembre 2007
Impressions automnales
Vent
Feuilles mortes
Tourbillon vert, brun et orangé
Poussières
Yeux
Larmes
Jeudi, le 15 novembre 2007
MĂŞme pas froid
La nuit dernière, en rentrant de la piscine à pied,
les poches pleines de petits carrés de papier de couleurs,
j’occupais mon temps en pliant des grues du Japon.
Je me disais qu’il faisait quand même un peu froid, mais bon,
je n’allais pas mettre mes gants, je n’aurais plus été
capable de poursuivre la réalisation de mes origamis. Et puis soudain, sur les
buissons du bas-côté, révélé par un réverbère, elle était
là , cette petite masse blanche accrochée aux seules
parties de nature se trouvant dans mon environnement urbain : la neige !
Ah ouais, finalement, la température ne doit pas être bien élevée...
Lundi, le 5 novembre 2007
Week-end en familles
La seule différence entre Nyons et le paradis,
c’est qu’à Nyons, on est bien vivant.
Je ne saurais mieux exprimer mes sentiments que
René Barjavel évoquant
la ville qui l’a vu naĂ®tre , ce petit joyau situĂ© au cœur de la DrĂ´me provençale
où je viens encore de passer un inoubliable séjour.
Vendredi 2 novembre, après quelques heures de train, d’attente de correspondance et de car
– que les pages de bons bouquins et l’enchanteresse vision des paysages automnaux ne rendaient
nullement fastidieuses –, j’ai retrouvĂ©
Ugo Bellagamba et sa famille
dans cette magnifique ville médiévale. L’ami niçois, entre dix mille projets
professionnels, d’écriture, et bientôt une nouvelle paternité, est à la tête du
comité d’organisation de l’
OliCon 2008 ,
la prochaine convention nationale de science-fiction (à défaut de trouver des informations
concernant cet événement sur le site, pas encore activé, je vous conseille d’aller sur le
blog de la convention),
et nul ne saurait résister à l’enthousiasme communicatif d’Ugo quand il vous
demande de le rejoindre dans cette aventure. Comme nous Ă©tions le jour de la « FĂŞte
des Morts », je lui ai proposĂ© d’aller Ă Tarendol voir la tombe de
l’
auteur Ă qui
la convention SF 2008 souhaite rendre hommage, et, après nous être engagés sur quelques fausses
pistes (comme suivre la départementale D185 au lieu de la D185b ou aller au cimetière de
Bellecombe-Tarendol au lieu de celui de Tarendol), alors que le soleil se couchait, nous avons pu
nous recueillir auprès de la demeure paisible de l’auteur qui nous a tant marqué.
Samedi 3 novembre a débuté par une belle balade sur les hauteurs environnantes de Nyons. Après le déjeuner,
alors que nous faisions la vaisselle, nous avons écouté à la
radio
Catherine Dufour (une invitée de l’
OliCon 2008 )
en direct des
Utopiales de Nantes
qui venait d’obtenir le
Grand Prix de l’Imaginaire
pour sa nouvelle (
Ugo , qui était nominé pour
son texte
Quirites ,
n’avait ainsi pas remporté de nouveau prix). L’après-midi s’est poursuivi en se promenant dans Nyons tout
en discutant de science-fiction et de l’organisation de la convention.
Le dîner a consisté en un délicieux pot-au-feu que nous avons partagé avec l’autrice
Dany Jeury
– la fille de
Michel (autre auteur invitĂ© Ă la convention) –
son mari et son fils et, après le dessert, nous avons joué à reconnaître des films à partir
de leurs musiques (Ugo, tais-toi ! tu es trop fort...)
Dimanche 5 novembre, au matin, ayant décidé d’avancer plus sérieusement la préparation de la convention,
Ugo et moi nous sommes rendus Ă la Place des Arcades pour nous installer
au salon de thé
une Rose au Paradis que tient Dany Jeury.
Dany a donnĂ© Ă son charmant Ă©tablissement le nom d’un roman de Barjavel – le lieu ne pouvant mieux
s’y prĂŞter ! – et, pour la petite histoire, on retrouve en
quatrième de couverture de ce livre une critique signée de son papa dans Sud-Ouest.
Dans ce cadre idéal, les
thés Marco Polo et Casablanca stimulant nos neurones,
des schémas ont rempli peu à peu mon bloc-notes, nos ordinateurs ont vu leurs fichiers de données se compléter... Quelle
agréable façon de travailler !
Et puis, après le déjeuner, il a fallu ranger son sac de voyage et nettoyer la maison. Nous nous sommes quittés avec un
petit pincement au cœur, Ugo et les siens laissant le « petit Nice » qu’est Nyons pour
rejoindre le grand, plus au sud, et j’ai repris le car et les trains qui m’ont ramené chez moi.
Durant le trajet, alors que le soleil déclinant rendait la lecture difficile et que je me remémorais des moments vécus
auprès de ces familles de cœur, partageant mon goĂ»t des livres et de l’écriture, je ne pouvais m’empĂŞcher de
penser que le Paradis, pour Barjavel et pour nous, c’est peut-être cela :
rester vivant dans l’esprit des gens en leur apportant un peu de bonheur à travers quelques pages écrites
avec passion...
Jeudi, le 1er novembre 2007
Blanc / Noir
Profiter des vacances de la Toussaint pour aller aider une amie qui vient de s’acheter une maison, c’est une bonne idée.
Mettre ses affaires de travail dans un sac et dĂ©barquer – avec des habits noirs plutĂ´t chics –
dans son habitation alors que les murs sont en phase de ponçage et d’apprêtage, voilà une idée qui l’est beaucoup moins.
Jeudi, le 18 octobre 2007
Paradoxe humide
En rentrant de mon entraînement de plongée sous-marine, je découvre
avec surprise qu’il pleut. Bien entendu, avec le redoux de cette
mi-octobre, je ne m’attendait pas à cela :
dans mon sac, j’ai des palmes, un masque, un tuba, mais pas de parapluie...
et je me vois mal faire le chemin de retour depuis la piscine avec le bonnet
de bain sur la tĂŞte.
J’ai envie de lancer Ă la cantonade : « J’aime pas l’eau ! »
Enfin, j’me comprends...
Lundi, le 15 octobre 2007
Qui dîne dort peu
Ouais, l’expression française «
qui dort dĂ®ne » – du moins dans son acception actuelle et non
celle que lui donnaient les aubergistes d’autrefois – n’a pas vraiment pu s’appliquer Ă moi, la semaine dernière.
Les rares soirs consacrés à une activité qui ne soit ni sportive ni artistique, je
me suis retrouvé en bonne compagnie pour des dîners sympathiques.
Mercredi, j’ai retrouvé
André-François Ruaud
– le « capitaine » des
moutons Ă©lectriques,
Ă©diteur – Ă la gare de Châteaucreux... Nous sommes allĂ©s ensemble voir et Ă©couter l’étonnant
spectacle musical et humoristique
Laissez votre science au bestiaire des
Kazoo’s Belli , le groupe auquel participe notre ami le prof/chercheur/auteur/musicien
Jean-Jacques Girardot .
J’avais déjà assisté à une représentation des Kazoos, il y a près d’un an maintenant, mais comme Jean-Jacques
a adapté le spectacle au thème du
congrès dont il constituait la clôture peu commune, de la
fantasy avait été introduite dans cet ensemble plutôt
hard science
par l’entremise du « bon gĂ©nie des procĂ©dĂ©s ». Plaisir de voir des copains, le chanteur
Rémi Garin , l’autrice
Sylvie Lainé
venue en famille, le sculpteur
Didier Cottier ... mais les uns doivent rentrer Ă Lyon ou ailleurs, les autres ne peuvent
éviter le dîner de gala officiel, aussi André-François et moi sommes retournés au centre-ville
à la recherche d’un petit restaurant. Il était cependant déjà plus de vingt-deux heures, et en semaine,
dans notre bonne ville de Saint-Étienne, c’était peine perdue.
Malgré tout, je suis parvenu à faire quelque chose d’assez convenable pour mon invité
avec les crevettes et filets de poisson qui traînaient encore dans mon congélateur.
Jeudi soir, après une réunion pédagogique, dîner en compagnie de collègues dans un restaurant japonais.
Le repas s’éternisait, les plats mettant un temps considérable à nous
parvenir : la préparation des sushi, maki et sashimi ne semble pas bien s’adapter aux grands
groupes de personnes. Néanmoins, l’ambiance était chaleureuse : je suis ravi de pouvoir
travailler avec des infographistes, magiciens de l’art et des nouvelles technologies,
et des profs pour le moins atypiques.
Samedi midi, à mon retour de la salle de gym, j’ai rencontré
Jean-Jacques par
hasard dans un magasin de surgelés (il fallait que je reconstitue le stock de mon congélateur).
DĂ©jeuner impromptu en sa compagnie, nous Ă©voquons son spectacle de mercredi dernier
et son retour Ă la vie « normale »
car il va cesser pour un temps ses activités musicales. Chouette, il se peut que nous écrivions enfin la suite
de notre nouvelle
steampunk !
Samedi soir, j’étais invité par Gilles Massardier, un éducateur spécialisé, mais aussi diacre et auteur amateur de science-fiction
(voir
les Yeux
pour pleurer ) que j’avais rencontré le mois dernier lors
de l’événement organisé par les
Lyonnes
de la SF . La soirée s’est déroulée au
Passage de Saint-Chamond, un « lieu de vie »,
c’est-à -dire une structure où, avec son épouse et ses enfants (ainsi que, durant la semaine,
d’autres éducateurs et travailleurs sociaux), ils accueillent jusqu’à huit enfants
« Ă problèmes » dont ils s’occupent en se
démarquant des projets classiques des grosses institutions et des familles d’accueil.
Que dire d’autre que durant ces quelques heures en présence de Gilles, de son épouse, de
ses gamins, des enfants du Passage et de la charmante psychologue, j’étais entré dans un autre univers ?
La science(-fiction) Ă©voque des univers parallèles, mais il n’est pas nĂ©cessaire de recourir Ă
de tels subterfuges pour dĂ©boucher dans d’autres mondes, en tout cas « autre »
pour moi qui ai vécu une enfance heureuse et très protégée au sein d’une famille aimante.
Le travail que Gilles et ses collègues
effectuent est formidable, je suis admiratif de la force qu’ils déploient à chaque instant pour vivre au quotidien
avec des mômes dont les malheurs font ensuite trouver bien dérisoires les inimaginables horreurs rapportées
par les médias ou certaines planches dessinées par
Jiho .
Étudiant en psychologie pendant quelques annĂ©es, je n’ai jamais Ă©tĂ© spĂ©cialement
attiré par les aspects cliniques, m’intéressant davantage aux aspects expérimentaux et
aux théories cognitives. Cela m’avait permis d’échapper à la brutale réalité rencontrée
par ceux qui travaillent dans le « social »... Pourtant, la vraie vie,
ce n’est pas l’
ĂŽle aux enfants : les monstres existent et ils ne sont pas gentils.
Dimanche, enfin, j’ai pu rattraper mon manque de sommeil. Mais cela ne m’a pas empêché de terminer
une sculpture.
Naviguons sur la vie avec légèreté...
Mardi, le 9 octobre 2007
Babel, Taipei 101, le Crayon de la Part-Dieu et la Tour CN
Samedi, mon petit frère s’est marié à Lyon.
La journée a été riche en émotion : le mariage en lui-même, bien entendu ;
mon père qui – après le terrible accident lui Ă©tant arrivĂ©
il y a tout juste quatre mois, et qui devait, selon les médecins, le laisser
dĂ©finitivement tĂ©traplĂ©gique –
avait rĂ©ussi Ă valser avec ma mère ; enfin, mon autre frère – mariĂ© lui depuis
trois ans – qui annonce qu’il allait ĂŞtre Ă nouveau papa...
À cette dernière nouvelle, ma mère et la mère de mon autre belle-sœur
ne peuvent retenir leurs larmes du bonheur d’être pour la deuxième fois grand-mère...
Ayant appris juste avant que l’équipe de France de rugby venait
de remporter la victoire sur la Nouvelle-ZĂ©lande, nous nous moquons gentiment
des deux mamies en disant que les Bleus ne sont qu’en demi-finale,
que rien n’est encore joué, et tout et tout...
Au cours de cette journée tournée sur le signe du multiculturalisme,
plein de rencontres charmantes et sympathiques, un nombre considérable de
nationalités représentées parmi les invités, et, suivant les tables, les discussions
se déroulaient en français, en alsacien, en chinois mandarin, en anglais ou en italien...
Depuis l’épisode de la
Tour de Babel , les hommes de la Terre parlent plusieurs
langues, mais avec un peu de bonne volonté et à travers
l’
anglais international , ils arrivent finalement Ă se comprendre,
aussi chacun peut-il prendre part Ă la conversation, ajoutant sa petite pierre
au dialogue du monde, cette pierre prenant la forme d’un petit bout de science
pour faire avancer la Connaissance (comme le font les chercheurs, tels ma
nouvelle belle-sœur ou moi), ou, comme le manifestait ce beau mariage, pour construire un couple.
Il s’agit d’ailleurs d’une drôle de revanche sur Babel, puisque ma
belle-sœur est nĂ©e Ă Taipei, la capitale taĂŻwanaise cĂ©lèbre pour
sa
Tour 101 , qu’avec mon frère ils vivent à Lyon
oĂą le fameux
Crayon domine le quartier de la Part-Dieu et
que, au mois prochain, ils quitteront l’ancienne capitale des Gaules pour
vivre à Toronto, célèbre pour sa
Tour CN .
Voilà un couple promis par d’heureux auspices à côtoyer les plus hautes sphères du monde...
Mercredi, le 3 octobre 2007
Dessin, sculpture et mauvais jeu de mots
Reprise de l’atelier d’arts plastiques, hier soir. Les habitués, quelques nouveaux, discussions
sur les projets à venir, le matériel à acheter, les techniques qui seront étudiées ; de fait, je suis un des rares
à réellement travailler.
Je prĂ©sente Ă
Laurent
– l’artiste qui anime l’atelier – l’
ambigramme que j’ai dessiné à partir de son nom (voir
ici ), dessin qui a l’heur de lui
plaire et de l’intriguer. Il a envie d’essayer d’en faire un avec son seul prénom.
Je lui montre aussi l’ambigramme de mon pseudo sous style « tribal »
(voir
lĂ ) et lui fait savoir
que je compte l’adapter pour me le faire tatouer. (À ce propos,
j’ai vu mon médecin, il n’y a
a priori
aucune contre-indication pour un tatouage, à part quelques rares allergies recensées, l’essentiel
Ă©tant de ne pas faire de
tatouages
temporaires , surtout en noir, ce qui ne sera pas le cas). Laurent me déconseille
d’employer un tel motif, ou du moins de davantage le travailler (il ne faut pas
oublier qu’il a là un caractère définitif !) ; le
tatouage devant avoir un squelette avec une structure plus précise que les
petits « bidules » que j’ai dessinĂ©s un peu partout,
lors de mes premiers pas dans ce mode graphique. Pas faux. L’ami Laurent est
toujours de bon conseil...
Allez, au travail ! Avec ma massette et un ciseau, ainsi qu’une grosse lime,
je dégrossis la pierre pour transformer le bloc de
stéatite en un majestueux voilier. Puis je ponce l’élément
qui deviendra la voile et passe la pierre polie sous l’eau afin de révéler la couleur
que l’on retrouvera une fois la pièce terminée.
Laurent : « Ah oui, c’est un très joli vert veinĂ©... »
Et moi, de rĂ©pondre : « Tu veux dire... comme la tisane ? »
Dimanche, le 30 septembre 2007
Trouble d’un tribal tattoo
Hier matin, je me suis rendu Ă un club de gym pour ma petite
séance de remise en forme bihebdomadaire. Comme je me sentais
confiant, j’ai chargé ma barre avec davantage de poids que d’ordinaire.
Sous l’effort, mes muscles ont bien réagi, j’ai simplement un peu plus transpiré que d’habitude.
Je n’ai rien des brutes actuellement mises Ă l’honneur par les mĂ©dias Ă
l’occasion de la coupe du monde de rugby, mais une activité physique
est nĂ©cessaire et le cours de «
body pump »
que je suis régulièrement est un sport que j’apprécie vraiment (le cadre du club
est agréable, la musique entraînante, les entraîneurs professionnels et plein d’humour,
avec une super ambiance ; rien Ă voir avec le fait de pousser de
la fonte dans un salle de musculation, activité que je trouve ennuyeuse au possible),
c’est un sport complet (nous travaillons presque tous les groupes musculaires,
et c’est assez
cardio-training ), et puis, bien entendu, cela
permet de garder un corps que nous n’avons pas trop honte d’exposer au regard des autres à la piscine ou en bord de mer.
Ensuite, je me suis rendu à la bibliothèque universitaire où sont encore exposées mes sculptures.
Pendant que le personnel de la BU cherchait les clés permettant d’ouvrir les vitrines,
j’ai feuilleté les dernières acquisitions, en particulier un livre illustré sur Lyon entre 1800 et
1914 (mmm... pourquoi ne pas situer lĂ -bas la suite de la
nouvelle
steampunk
que j’avais écrite avec Jean-Jacques Girardot ?) et un bouquin sur le tatouage.
C’est alors qu’une idée m’est venue... Les tatouages, finalement, forment des motifs
très esthétiques quand ils ne se limitent pas à du vilain figuratif approximatif ou à des textes codés
de gangs ou d’ex-taulards. Je suis assez séduit par les motifs aux courbes étranges du style
« tribal », ces graphismes en lignes Ă©paisses inspirĂ©s des tatouages des cultures polynĂ©siennes.
J’étais là , patientant avec ce livre sur le tatouage, tournant devant la vitrine présentant mes
sculptures, et j’ai revu, auprès de chacune de mes œuvres, l’étiquette indiquant le nom de la pièce, l’adresse
de mon site Web et l’
ambigramme de mon nom d’artiste. Je me suis alors dit :
« Pourquoi ne ferais-je pas un ambigramme de mon nom de type
tribal ? »
Eh bien voilà , c’est chose faite, avec le dessin d’un livre stylisé :
Je vais encore me renseigner auprès du médecin pour savoir si cela ne m’est pas
contre-indiqué (comme j’ai une peau très sensible au soleil, un tatouage ne risque-t-il pas
d’avoir d’effets néfastes ?) et auprès d’un tatoueur (pour savoir si un tel motif est
réalisable, et combien cela me coûterait). Si tous les feux sont au vert, je vais sans
doute me décider à adopter ce tatouage sur mon épaule.
Lundi, le 17 septembre 2007
Rencontres ambigrammées (sens dessus dessous)
Samedi soir s’est déroulé le
Lyonnacolo , une rencontre science-fictive franco-italienne
organisée par les Lyonnes de la SF.
Un peu avant 17 heures, j’arrive Ă
Temps Livres , l’antre
de Markus Leicht, où se trouve déjà Georges Bormand.
Un peu plus tard, d’autres gens arrivent : des Français, des Italiens, un Espagnol...
Nous collons des Ă©tiquettes (« I speak English » et
« Je parle français » dans mon cas) sur nos badges.
LĂ , trop la classe : je sors mon propre badge avec mon pseudo « MĂ©reste »
sous forme d’
ambigramme
(
celui-ci ). Les gens ne peuvent
s’empêcher de tourner mon badge à l’envers parce que ça les intrigue...
Notre petite troupe quitte la boutique en laissant Markus, qui a l’air bien fatigué, et qui ne
nous rejoindra pas pour la soirée, dommage. Il y a aussi d’autres absents :
Franco Ricciardiello
ne pourra pas venir. Et m... ! J’avais prévu de lui faire signer deux bouquins amenés tout exprès,
dont
Passés recomposés où se trouve également une de mes nouvelles : il était l’un des
derniers auteurs de cette anthologie dont je n’avais pas encore la dédicace...
Nous passons auprès des bouquinistes du quai de la Pêcherie, puis traversons la Saône, quai Fulchiron, pour
aller chez le
Père Penard . Mon sac est prêt à exploser... j’ai emporté ma trousse de toilette
et un minimum de vêtements (mon petit frère lyonnais a prévu de m’héberger pour la nuit). Par conséquent, avec
les livres dĂ©jĂ emportĂ©s, les « nouveaux » bouquins (d’occasion) achetĂ©s,
ça n’va pas l’faire...
Un peu plus de 19 heures, nous arrivons au Café de la Cloche. Nous retrouvons d’autres gens, dont
Sylvie LainĂ©, une amie qui faisait – comme moi – partie de la
Gang , au début des années 2000 (ben mince, ça semble super loin, dit comme ça !).
Sylvie sera invitée à la prochaine convention nationale de science-fiction,
l’
OliCon , dont je suis l’un des organisateurs.
Je lui montre l’ambigramme que j’ai fait à partir de son nom :
Ça a toujours quelque chose d’étonnant...
À propos de l’OliCon qui aura lieu Ă Nyons en 2008, l’auteur RenĂ© Barjavel
(né dans cette ville) fera partie du programme à travers une table ronde lui
étant consacrée (et que votre serviteur se devra de modérer) et où
participera, outre Sylvie (ah, tu n’étais pas au courant ?),
Pierre Creveuil, l’un des principaux animateurs du
barjaweb , le site Web le plus complet sur ce grand monsieur.
Hop, voici l’ambigramme que j’ai fait pour Pierre :
Appelé par la faim, nous rejoignons une crêperie, et je fais la connaissance de Gilles Massardier, un
éducateur spécialisé (mais portant aussi bien d’autres casquettes !) qui est l’auteur de
quelques petits textes de SF, dont
celui-ci . Le personnage est fort intĂ©ressant, et comme c’est un « voisin »
saint-chamonais, plutĂ´t que de passer la nuit chez mon frère, il s’est proposĂ© de me raccompagner Ă Saint-Étienne
et nous avons pu poursuivre sur le chemin du retour vers la Loire la discussion que nous avions entamée
au restaurant puis en revenant au café.
Voici ce que donne son nom en ambigramme :
En résumé, cette soirée
Lyonnacolo s’est passée de manière assez curieuse,
je n’ai pas tellement eu l’occasion de discuter avec les amateurs italiens de science-fiction
(je ne me suis pas retrouvé à côté de l’un d’eux, à table ou au café), mais pas de réel regret : j’ai retrouvé
des anciens amis et
fait la connaissance de personnages intéressants, tel Gilles, même s’il était bizarre de se rencontrer
Ă Lyon alors que la distance qui sĂ©pare Saint-Étienne de Saint-Chamond n’est que d’une douzaine de kilomètres...
Jeudi, le 13 septembre 2007
La double double-vie de Fabrice M.
L’excellent et regrettĂ© Polonais Krzysztof Kieślowski
avait réalisé, en 1991, un film étonnant :
la Double Vie de VĂ©ronique .
Dans ce petit bijou cinématographique, une femme, après la mort de son impossible double, voyait sa vie curieusement changer...
En ce qui me concerne, j’ai deux doubles vies : une d’enseignant/chercheur qui m’occupe durant
une bonne partie de la période diurne des jours ouvrables (et bien souvent davantage)
oĂą je suis le « docteur Fab M. », et une
autre d’auteur/sculpteur – que j’exerce le reste du temps – sous le pseudonyme de Mister « F. MĂ©reste ».
Parfois, ces deux vies se mĂŞlent. Hier matin, avant de coiffer ma casquette de prof et de
passer la journée à participer à des jurys de soutenance de stage ou à donner des cours, j’étais devant
l’ordinateur afin de concevoir l’affiche annonçant la prochaine exposition d’arts plastiques
de mes collègues et moi-même (cela se passera à l’atrium de la Bibliothèque universitaire du
site de TrĂ©filerie « Droit, Lettres », Ă Saint-Étienne,
du 13 au 28 septembre 2007, voir
ici ). Et tout à l’heure, je
vais installer cette expo avant de retourner bosser « pour de vrai » Ă mon labo.
Samedi, cette fois en tant qu’auteur, j’irai à Lyon pour participer au
Lyonnacolo , une soirée-débat avec quelques auteurs et animateurs du
petit monde science-fictif de France et d’Italie, un événement organisé
par les
Lyonnes de la SF .
Bref, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer...
Enfin, petite nouveauté : j’ai décidé de ne plus indiquer directement mon
pseudonyme sur les Ă©tiquettes des œuvres plastiques que je vais exposer.
Désormais, seuls seront présents le nom de la sculpture, l’URL permettant d’accéder à ce site Web
et, en guise de signature, le nouvel
ambigramme
de mon nom d’artiste :
Samedi, le 1er septembre 2007
Sept moins un : la gourmandise
Et m... !
Hier, après une consultation chez mon médecin, j’ai tiré un peu la tronche.
En effet, l’interprétation des résultats de
ma dernière analyse biologique est sans appel : j’ai trop de « mauvais cholestĂ©rol ».
Je ne suis pas du genre à faire des excès de sucre et de graisse, mais il est vrai
que je ne me prive pas vraiment pour autant. Seulement les gènes, on ne les
choisit pas, et je suis bien le fils de ma mère qui, connaissant le même type de problème,
m’avait demandé de faire un test...
Eh bien, il va falloir que je surveille de près mon alimentation et que je
prenne des médicaments. Soit. Effets secondaires annoncés : douleurs musculaires.
Ah, pas glop.
Alors, en rentrant chez moi, et en prĂ©vision de la diminution du budget « nourriture »,
j’ai fait un tour sur Internet et je me suis acheté un nouveau joujou sur un site marchand
de matériel électronique : une tablette graphique.
Ne vous étonnez donc pas si je présente encore ici dans les jours prochains des
ambigrammes ou des dessins...
Bon, puisque je n’ai plus droit à la gourmandise,
il me reste toujours la paresse (pas terrible : je suis incapable de
rester des heures dans mon lit), la luxure (pour cela, il faudrait
que je me trouve à nouveau une copine), l’avarice (alors que je me
moque pas mal de l’argent et que je le dépense tant que j’en ai),
la colère (impossible, je suis un type super zen),
l’envie (pas possible non plus, je ne suis pas du genre à jalouser les autres)
et l’orgueil (ça, à la rigueur, pourquoi pas ?)
Jeudi, le 30 aoűt 2007
Il pleut (tribute to Jacques Brel )
Il pleut
C’est pas ma faute à moi
Les carreaux des usines
Sont toujours mal lavés
Il pleut
Les carreaux des usines
Y en beaucoup d’cassés
Il pleut
L’usine abandonnée
C’est la
Manufacture d’Armes
Future Cité du Design
Et les carreaux de verre
DĂ©truits par les ouvriers
Il pleut
C’est un pan de l’histoire
Qui retourne au passé
Il pleut
Il pleut, mais ce n’est pas
Dean
Il pleut dans ma région
Il pleut dans mon immeuble
Il pleut dans mon bureau
Il pleut
Et l’agence immobilière
Ne bouge pas le p’tit doigt
Pour vraiment s’occuper
De ce dégât des eaux...
Mardi, le 21 aoűt 2007
L’invité malvenu
Résumé hyper-rapide de mes deux semaines de vacances à la Martinique :
Côté positif : la beauté des tropiques à la luxuriante végétation ;
la mer des Caraïbes dans laquelle j’ai réalisé de formidables plongées
(la faune sous-marine – car il y a très peu de flore
sous l’eau : les coraux, Ă©ponges, gorgones, anĂ©mones ou autres sont des animaux –
est magnifique, étonnante et diversifiée avec ses tortues, poulpes, calmars, crustacés
(les drôles de crabes-flèches et les jolies crevettes nettoyeuses),
coquillages et poissons aux couleurs et formes variées) ; les grands
mammifères marins sauvages vus lors du retour en bateau (des dauphins qui s’amusaient
avec les vagues produites par notre embarcation, ainsi que des orques naines, moins
joueuses) ; l’ambiance sympathique dans le centre ; la ville de Saint-Pierre
(détruite par l’éruption de la montagne Pelée en 1902) ; Fort-de-France et son
marché ; le jardin de Balata ; les plages des Salines et de Tartane ;
les cocktails et jus de fruits exotiques ; la nourriture antillaise...
Côté négatif : les bestioles qui piquent sous l’eau (corail de feu, oursin
de feu, ver de feu, Ă©ponge « pas-touche » ainsi que
toute une série de poissons) ou qui piquent dans l’air (mes bras et jambes sont
ravagés par les piqûres de moustiques mais je m’estime heureux de ne pas
avoir fait la connaissance des mygales) ; les coups de soleil... et un
invitĂ© non attendu appelĂ© « Dean ».
ouragan n. m.
1640; houragan 1604; huracan, uracan XVIe ;
d’une langue des Antilles, par l’esp. huracán « tornade »
Forte tempête caractérisée par un vent très violent dont la vitesse dépasse 120 km à l’heure,
et spĂ©cialement par un vent cyclonal. ⇒
cyclone, tornade, typhon. La mer des Antilles est souvent agitée par des ouragans.
Conséquences de l’arrivée de Dean : je n’ai pu plonger qu’à 15 occasions au lieu des 20 prévues, la
fin du séjour devenait un peu compliquée avec les coupures généralisées
d’eau, d’électricité et de télécommunication, et nous devions rester à l’abri du cyclone, limitant
nos activités à la lecture et aux jeux de société. Le passage de l’ouragan
a été terrible pour l’île, mais (fort heureusement) ne touchant que des éléments matériels
avec les bateaux renversés, les toitures arrachées, les champs de bananiers complètement détruits,
la canne à sucre très atteinte également, les routes coupées, etc.
Oui, se trouver dans l’œil du cyclone Ă©tait une expĂ©rience assez particulière dont j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© ne pas avoir
Ă me vanter...
Dimanche, le 5 aoűt 2007
Pourquoi « blogue Ă desseins » ?
Bien entendu, pour le jeu de mots entre « blogue »
(l’aphérèse de
web log ) et « bloc Ă dessins ».
Mais, si cela concerne des petits bouts de textes, pourquoi pas plutĂ´t « blogue-notes » dans ce cas ?
Parce que je ne me déplace presque jamais sans un carnet (celui qui est d’ailleurs scanné sur les
pages de ce site) qui me
sert à la fois à prendre des notes, à réaliser des croquis, ou de
to do list .
Et pourquoi « dessein » alors ?
Selon la définition du Petit Robert :
Littér . Idée que l’on forme
d’exĂ©cuter qqch. ⇒ but, dĂ©termination, intention, objet, projet, propos,
résolution, visée, volonté, vue. Concevoir, réaliser, accomplir un dessein.
Avoir des desseins secrets. Nourrir de noirs, de coupables desseins.
Grands, vastes desseins.
Former le dessein de (et inf.). –Â Avoir des desseins sur (qqn ou qqch.) :
avoir des projets concernant (qqn ou qqch.).
Loc. adv. À DESSEIN : intentionnellement, de propos délibéré.
Donc, en résumé, il s’agit d’un
weblog où je rédige des propos (dé)libérés
sur ma vision du monde ainsi que sur mes principaux centres d’intérêts
que sont l’écriture et les arts.
Pour en revenir au dessin (sans
e ), justement, je m’intéresse depuis peu à une
forme graphique originale : les
«
ambigrammes »
Il s’agit de textes qui peuvent se lire suivant certaines transformations (par
exemple par une rotation de 180°). Je me suis ainsi amusé à faire un ambigramme sur mon
propre nom et je suis arrivé à ceci, sans ou avec un petit effet
de décoration :
Joli, non ? Y arriveriez-vous avec votre propre nom ?
Alors Ă bientĂ´t, et prenez soin de vous.
Pour ma part, dans 24 heures, je serai près d’arriver dans les
tropiques afin de passer deux semaines à faire de la plongée sous-marine...
Jeudi, le 26 juillet 2007
Ressources
Achats compulsifs. Hier, une razzia Ă la Fnac
(plein de bouquins de David Lodge et un essai en neuropsychologie).
Puis, de retour chez moi, plus d’un dixième de mon salaire mensuel
est parti en commande en ligne d’outils et de pierres afin de
poursuivre mes activités de sculpture...
Whouf !
Et puis, en soirée, l’ordinateur s’arrête,
ainsi que toutes les lumières. Panne d’électricité.
Je réouvre les volets, allume quelques bougies... plus d’électricité
dans tout l’immeuble. Je vais voir à l’extérieur... et remarque une
note scotchée sur la porte d’entrée : en raison des travaux, coupure
prévue entre 20 heures et 23h30.
Je rentre chez moi et essaie de
profiter des dernières lueurs du jour pour avancer une nouvelle de Lodge,
mais il est très difficile de lire, même à l’aide de plusieurs bougies. Bon,
eh bien, je vais au moins dormir longtemps cette nuit... C’était sans compter
les lumières qui se sont rallumées vers 22 heures.
Le lendemain matin, une
autre surprise : plus d’eau. Ah, l’horreur, maudits travaux ! Impossible de
vivre sans pouvoir prendre sa douche, tirer la chasse d’eau, se laver les dents.
De l’évian pour faire du thé au petit déjeuner. Je regarde mon stock de bouteilles
d’eau. Est-ce que cela sera suffisant pour faire un semblant de toilette ? L’eau
revient vers 10 heures, juste de quoi faire la vaisselle... puis ne coule plus.
Une heure à patienter avant que ne parvienne un filet saumâtre... pas très engageant,
puis une eau incolore, en gros flot, comme d’ordinaire.
Ces petits moments de privations ont quand même le mérite de nous
permettre de relativiser sur l’emploi des ressources, foutus citadins
privilégiés que nous sommes... Sur cette planète, combien de personnes n’ont pas
d’accès à l’
eau potable , Ă
l’
électricité , à des livres ou d’autres formes de culture ?
Mardi, le 24 juillet 2007
De la poussière
Depuis quelques jours, je fais de la sculpture sur
stéatite dans mon appartement.
Du coup, il y a plein d’éclats un peu partout, et surtout,
de la poussière, vu que cette pierre est pleine de talc.
Bizarre : j’ai l’impression que ce sont les vacances sur la blogosphère.
Les copains de MySpace semblent aux abonnés absents. Pas de nouvel article,
plus de commentaire. Espérons qu’ils se reposent bien.
Pour ma part,
je compte partir bientĂ´t. Partir en vacances, oui, car les Antilles,
ce sera dans moins de deux semaines ; mais je parlais surtout de mon départ
prochain de MySpace. Je compte en effet reconstruire mon
site web perso ,
avec des vraies pages sur mes textes, sur mes sculptures et un blog
contenant les archives des diverses versions des carnets virtuels tenus depuis... 2002.
Eh bien, voilà encore quelque chose à dépoussiérer !
Mercredi, le 4 juillet 2007
De la terre sur le clavier
Je suis allé voir mon médecin pour récupérer un pack "vacances"
(quinine pour protéger ma peau de l’hypersensibilité au soleil,
gouttes pour les oreilles en cas de pépin quand je ferais de la plongée sous-marine,
et autres médicaments nécessaires quand on se trouve dans des contrées exotiques)
ainsi que mon dentiste qui, désespéré de ne rien trouver au niveau de mes magnifiques quenottes,
a quand même procédé à un détartrage, pour la forme.
Enfin, je poursuis Ă domicile mes
sculptures en cours, en particulier une en argile, avant de m’attaquer à la
stéatite .
Avancer ce genre d’activité chez soi, c’est bien parce que les retouches
peuvent se faire au jour le jour, mais c’est un peu compliqué quand on a
du matériel électronique :
j’ai retrouvé ce matin des traces de terre un peu partout, sur le téléphone ou le clavier...
Mercredi, le 27 juin 2007
Le nain Ternette et l’âne Haunime
Samedi dernier, j’ai été victime d’hameçonnage (ou de "phishing", vu que MySpace
ne sait pas parler français). Bon, hein, rien de grave, je n’ai eu qu’à changer
mon mot de passe, rien n’a été touché ou perdu, contrairement à ce qui est arrivé
au malheureux ami
Bernard ...
Il n’empêche, si je reprends la définition de l’hameçonnage ("technique utilisée par
des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer
une usurpation d’identité", merci Wikipedia), quelqu’un aurait
essayé de se faire passer pour moi...
Oui, mais bon, pourquoi moi ? Suis-je si connu ? Et pour quoi faire ?
Du coup, j’ai passé le test pour savoir si j’étais un
connard prétentieux
(sic) et en fait non, ou du moins je n’ai qu’un petit score de 34, soit :
"Sur une échelle allant de 0 à 100, votre score de Connard Prétentieux est
très exactement de 34.
Vous vous sentez parfois obligé d’afficher votre supériorité,
mais dans l’ensemble vous restez quelqu’un d’ouvert capable de prendre en
compte l’opinion d’autrui. Lorsqu’il s’agit d’intervenir sur un forum,
vous privilégiez le débat d’idée et la discussion à la rhétorique et
aux attaques personnelles. Continuez sur cette voie. Ne vous laissez
pas entraîner dans des disputes stériles par des imbéciles ou des connards prétentieux.
Vous valez mieux que ça !"
Me voilà rassuré. En clair, relativisons :
un méchant pirate essayait de se faire passer pour moi, mais pas parce que
je suis moi, Fabrice MĂ©reste, auteur et sculpteur, il aurait pu choisir
n’importe quel quidam, et ceci à des fins très vraisemblablement peu louables...
Voilà , pour ceux qui sont allés jusqu’au bout de la lecture de cet article, désolé pour
les jeux de mots laids en titre.
Samedi, le 2 juin 2007
Blanche
Blanche, comme la nuit que je viens de passer Ă terminer
un article scientifique tout juste avant la date limite,
le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard
du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne,
et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir
le coup et avoir les neurones en Ă©veil, mais je connais trop
bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter...
contrairement aux Ă©tudiants (ou profs ?) de la
Ville éternelle . Du coup, je me suis dopé aux thés à la menthe
super sucrés et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite,
n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo,
la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène
du môme qui les offrait à sa maman. Merde, c’est la fête des mères demain.
Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyées à bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de
prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une
de mes sculptures de couleur bronze.
Dimanche, le 29 avril 2007
Ce que disent les pierres
DĂ©jĂ de retour de week-end (eh ouais, je ne fais pas le pont) oĂą,
au sein d’un château, s’est déroulé un atelier d’écriture.
J’en reviens avec quelques textes que je posterai ici dans les jours prochains.
Le premier, petite mise en condition, a été écrit après une visite guidée effectuée
parmi les vieilles pierres. L’inducteur était : "ce que disent les pierres..."
Les pierres nous racontent notre histoire.
La nĂ´tre ? La vĂ´tre ? La mienne ?
Non, simplement l’histoire de quelques familles illustres qui ont
fait se dresser ces pierres en donjons d’où elles exerçaient leur pouvoir,
quand ce n’était des murailles derrière lesquelles elles cherchaient à se protéger.
Mon histoire – c’est d’un commun – a commencé dans un hôpital. Nulle trace de
mon passage en ce lieu, si ce n’est peut-être parmi de quelconques registres.
L’histoire contemporaine ne se grave plus dans la pierre mais prend la forme de données
numériques présentes dans des fichiers de l’administration.
Aujourd’hui, pour se faire entendre, la voix des hommes devient
bombe de peinture pour s’éclater en cri sauvage sur les murs blancs.
Les châteaux racontent les seigneurs, les événements heureux ou tragiques,
les restes qui ont échappé à l’insatiable appétit du temps et de l’oubli.
Les pierres parlent de mes racines, mais je suis un déraciné.
J’ai toujours regardé avec méfiance ceux qui étalent leurs branches généalogiques
comme un paon faisant la roue. On ne peut que se vanter de son ascendance quand
on est incapable de faire valoir ses propres fruits.
La seule pierre que parlera de moi portera mon nom, mon année de naissance,
et une autre date… que j’espère la plus lointaine possible.
© Fabrice MĂ©reste, 2007.
Mardi, le 24 avril 2007
Le jour le plus long
Réveillé avant
4h00 du mat’, déjà fait le tour de quelques blogs, ceux de
Markus
(merde, je suis accro aux aventures de son agent vraiment très spécial), de
Valérie (tiens,
rien de neuf ce matin ?) et d’
Adeline
(avec son test coloré mais... même si je l’adore, je lui conseille de
surveiller sa grammaire).
De 4h00 Ă 8h00, cela fait un peu moins de 3 heures si je tiens compte du
temps pris pour le petit déj’, pour terminer cet article sur mon blog, pour
me préparer et prendre le bus afin de me rendre au travail.
De 8h00 à midi, j’enchaîne deux surveillances d’examen de 2 heures chacune,
et comme je me suis super bien préparé, je vais pouvoir bosser sur mon
ordinateur portable en jetant de temps à autre un oeil (puisqu’il paraît
que je n’en ai qu’un, comme Albator) sur mes étudiants pour qu’ils ne
copient pas les uns sur les autres.
De midi à deux, encore 2 heures, moins la pause déjeuner (pas de sandwich,
mais 20 minutes suffisent pour passer au resto du personnel).
Ensuite, nouvelle pause dans mon activité de recherche afin d’endosser mon
costume d’enseignant : quatre heures de cours magistraux devant le nombre
ridicule d’étudiants ayant choisi mon option (soyons zen).
Enfin, retour Ă la maison, et sans doute encore beaucoup de travail avant
d’aller retrouver mon lit.
Tout ça parce qu’il me reste moins de 2 jours, 8 heures et 43 minutes pour
envoyer un article-de-recherche-qu’il-sera-trop-bien à une
conférence-qu’elle-est-trop-chouette en Pologne.
Allez, Goldodrak, go !
Vendredi, le 20 avril 2007
Expresssss
De passage Ă Lyon hier pour des raisons professionnelles,
j’en ai quand même profité pour aller voir l’ami
Markus
à sa boutique avant de prendre un verre avec lui et d’échanger quelques mots.
Sympa de souffler un peu. Je cours dans tous les sens en ce moment,
j’ai envie d’écrire, les idées qui bouillonnent dans mon cerveau,
mais je garde la pression pour... plus tard... Je ne peux pas me laisser
la possibilité de me lâcher devant l’écran ou un bout de papier, j’ai un
travail hyper important Ă terminer et cela va me prendre tout le week-end ;
seule la matinée du samedi consacrée aux courses et à un tour à mon club de sport
constitueront ma distraction du week-end. Joie...
Mais le week-end suivant, j’irai dans un joli
château
du coin pour participer à un atelier d’écriture. Parmi ces vieilles pierres,
l’inspiration nous viendra pour écrire, tels des troubadours, des histoires
légendaires de princesses, de preux chevaliers, de dragons et de sorciers. Ou pas.
Enfin, d’ici là , j’essaie de profiter de mes rares instants de liberté. Ce matin encore,
dans mon tramway, plongĂ© dans un roman de Greg Egan achetĂ© Ă
Temps Livres
(l’antre de Markus), j’ai manqué mon arrêt... Et mon actuelle pause web de 10h00
- argh ! - dure bien plus que ce qu’elle aurait dû.
A bientĂ´t !
Lundi, le 16 avril 2007
C’est la droite ou la gauche qui nous gouverne ?
À quelques jours du premier tour des
élections présidentielles (mon mari ! (pouf, pouf ! (désolé))), j’ai
remplacé la pause choco-BN ou tea-time par une pause
testalakonduouaib, sur les traces de
Valérie .
Et donc, verdict : je suis légerement dominé par mon hémisphère droit (en
gros, la créativité) plutôt que par le gauche (la logique). Car dans
la vraie vie, j’ai besoin d’être créatif, mais d’avoir aussi les pieds sur
terre (ça s’appelle la recherche scientifique, et il y a des budgets, des
projets, etc.).
Il n’empêche que c’est pourtant mon hémisphère gauche (notez que l’on dit
une sphère mais un hémisphère ; question : en coupant la boule en deux, y
aurait-il eu apparition de petits attribus ?) qui occupe le plus
de place dans ma boîte crânienne (et j’en ai la preuve en photo, j’ai fait
une IRM pour les besoins d’une expé de sciences cognitives). M’enfin, c’est
normal, je suis 100% droitier.
Donc le test :
You Are 45% Left Brained, 55% Right Brained
The
left side of your brain controls verbal ability, attention to detail, and
reasoning.
Left brained people are good at communication and persuading others.
If you’re left brained, you are likely good at math and logic.
Your left brain prefers dogs, reading, and quiet.
The right side of your brain is all about creativity and flexibility.
Daring and intuitive, right brained people see the world in their unique
way.
If you’re right brained, you likely have a talent for creative writing
and art.
Your right brain prefers day dreaming, philosophy, and sports.
Are You Right or Left Brained? Mercredi, le 11 avril 2007
Cent euros
Cent euros, enfin 94,88 euros pour être précis,
c’est le prix à payer pour franchir le Rubicon... ou le Styx.
Ou du moins, j’espère que c’est la fin de cette traversée,
et qu’elle s’achèvera sur les rives des Champs Elysées...
Voilà maintenant plus de 10 ans que j’ai commencé à travailler
sur mon roman, j’ai fini par choisir les éditeurs susceptibles de me publier,
j’ai terminé de réimprimer toutes les pages du manuscrit ce matin,
je l’ai fait photocopier en 6 exemplaires en début d’après-midi
(365 feuillets Ă un peu moins de 3 centimes la page, cela fait 65 euros),
et j’ai enfin fait la queue à la Poste (je n’étais pas le seul, tout le
monde semblait s’être donné le mot, joie des vacances scolaires)
pour envoyer mon manuscrit Ă 6 Ă©diteurs de thriller (un peu moins de
5 euros l’envoi, donc 29,88 euros).
Une journée à ne pas avoir pu travailler, mais une journée nécessaire
si j’ai l’intention de valoriser d’une manière ou d’une autre ces années
d’écriture et réécriture, et ceci pour pouvoir tourner la page (pouf, pouf !)
et reprendre certains de mes personnages dans une suite dont les éléments prennent
place peu Ă peu dans ma tĂŞte, dans les fichiers de mon ordinateur et sur le papier.
J’ai un vilain rhume (je ne m’explique pas comment j’ai pu l’attraper),
un furieux mal de crâne (pas assez dormi ?) et les intestins en vrac (à cause de
l’excès de chocolat reçu à l’occasion des fêtes pascales ?) mais j’ai de quoi redevenir
zen grâce à ça :
Jeudi, le 5 avril 2007
De la supériorité du cerveau sur le poing
Je n’en ai pas l’air, comme ça, mais je suis une véritable tête brûlée.
C’est plus fort que moi : quand je me trouve dans une situation où
je suis témoin d’incivilité, je me dois de réagir. Plus d’une fois,
j’ai cru me faire casser la figure, dans le bus, dans le métro,
dans la rue, simplement parce que je ne suis pas du genre à détourner les
yeux ou changer de trottoir. Mais je n’agis que par la parole. Jusqu’Ă
présent (et touchons du bois pour que ça dure), les mots ont toujours suffi
car, de toute ma vie, et aussi invraisemblable que cela puisse paraître,
je ne me suis jamais battu !
Bien entendu, comme tous les enfants, et ceci jusqu’au collège,
j’ai donné des petits coups de pieds ou des petits coups de poings
à mes camarades de classe, mais cela n’a jamais été méchant, c’était simplement
ce que font les lionceaux quand ils apprennent Ă mesurer leur force.
Quand j’étais ado, et même pré-ado, pour faire comme papa, je pratiquais un
sport de combat : le judo.
Quelle erreur !
Je n’avais pas de problème pour réaliser les prises,
aucun souci pour la technique, mais j’étais vraiment mauvais en
combat par peur de faire mal Ă mes adversaires (qui, eux, ne se
gĂŞnaient pas pour me balancer Ă terre).
Je me rappelle une compétition
où je me suis retrouvé face à un seul adversaire dans ma catégorie. Je l’ai
battu et j’étais content : je croyais que tout était fini et que j’allais
pouvoir rentrer Ă la maison.
Mais non, les organisateurs du championnat, ennuyés de nous avoir fait
déplacer pour un seul match, nous ont proposé, à mon adversaire battu
et moi, de combattre deux filles de la même catégorie de poids que nous.
Eh bien, mon rival n’a laissé aucune chance aux demoiselles, alors que moi,
je me suis fait battre lamentablement par ces dernières, ponctuant un « désolé »
ou un « excuse-moi » chaque fois que j’esquissais un mouvement pour les faire tomber...
Non, le judo, ce n’était vraiment pas mon truc.
Enfin, pour en revenir aux incivilités dont je suis et j’ai été témoin,
comme je n’ai pas ma langue dans ma poche, j’aurais pu me faire tabasser
des milliers de fois par des personnes à qui j’ai fait quelques remarques
— toujours justifiées !— parfois désobligeantes...
Une fois, pourtant, ce n’est pas passé loin. Cette anecdote est garantie 100% véridique.
À l’époque, j’étais étudiant en psychologie, et, suite à des
réorientations et des envies de poursuivre de longues études,
j’ai suivi une "préparation à l’Armée de l’Air", histoire de
pouvoir repousser d’un an mon passage sous les drapeaux et de me
retrouver dans ce corps de la Défense qui était, m’avait-on dit,
le moins "pénible".
C’est ainsi que, pendant une semaine de vacances scolaires,
je me suis retrouvé en tenue kaki à faire semblant d’être un petit
soldat.
Un jour, Ă midi, Ă une table voisine de la mienne, un
p’tit gars se croyait spirituel en jouant au gros dégueulasse avec
la nourriture qu’il gâchait pour les autres et en faisant de
multiples bruits corporels. Écœuré, j’ai dû lui sortir quelques propos qui,
visiblement, ne lui avaient pas fait plaisir.
Ă€ la pause qui avait suivi le
déjeuner, j’étais avec mes camarades dans la grande tente qui nous abritait
lorsque plusieurs personnes d’un autre groupe sont entrées. Parmi elles,
une espèce de colosse qui devait faire une tête de plus que moi
(finalement, 1m77, ça peut être bien petit parfois),
et sans doute pas loin du double de mon poids, et bien entendu
le petit gros à qui j’avais fait la remarque désobligeante un peu
plus tĂ´t. Le petit, avec ses airs de caĂŻd, m’a indiquĂ© du doigt Ă
son copain super costaud et mes amis m’ont regardé d’un air effaré
car le monstre de muscles s’avançait vers moi et allait me réduire
en bouillie...
Là , j’avoue que j’ai eu vraiment très peur. Mais,
si l’homo sapiens sapiens a pu survivre parmi les autres animaux de la savane,
ce n’est pas parce qu’il était rapide ni parce qu’il était pourvu de griffes, de crocs
ou de glande à venin, mais bien parce qu’il savait utiliser son cerveau un peu
mieux que les autres prédateurs.
Et dans cette situation, je n’avais pas
le choix : aucun moyen de fuite (la seule issue de la tente Ă©tait
condamnée par les copains du petit gros), il fallait agir au plus vite,
je devais être génial sinon j’allais être transformé en steak haché...
Je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis dirigé vers Monsieur Muscle,
je lui ai dit bonjour et je me suis assis à côté de mon lit de camp en
l’invitant à s’allonger et à me parler de ses problèmes, genre psy en
consultation (mais publique, la consultation).
Ma réaction a quelque
peu dérouté la personne censée me casser la figure. Le type m’a alors sorti
quelque chose comme : « Eh là , mais je ne suis pas fou ! »
Et moi :
« Mais je n’ai jamais dit que tu étais fou ! Je suis simplement
là pour que tu puisses me parler de tes problèmes, je suis là pour t’aider... »
Cela a eu pour effet d’énerver le type qui m’a sorti :
« Mais ça va ! Je n’ai pas de problèmes, moi ! »
Moi (fourbe), l’air étonné : « Mais alors... Pourquoi ton copain t’a dit de venir me voir ? »
Alors là , Monsieur Muscle n’était vraiment pas content, surtout qu’il y avait tous les
copains de son groupe en plus des miens, il a attrapé le petit gros, l’a bloqué contre
un pilier de notre tente et a commencé à lui donner des coups de tête (pas trop violents,
mais quand même) en marmonnant « pourquoi tu m’as fait ça », ce qui m’a
obligé (c’était le comble !) d’intervenir pour les séparer...
L’autre groupe est parti, j’ai pu m’asseoir à nouveau sur mon lit, soulagé,
et mes copains, pas fiers de ne pas avoir osé me défendre, se sont laissé
aller Ă un grand Ă©clat de rire.
Ah, quelle histoire : j’avais vraiment eu très chaud !
Mardi, le 27 mars 2007
Next: n or n+1 ?
J’ai du mal à comprendre...
J’appelle un restaurant pour réserver deux couverts et
j’indique pour la date "samedi prochain".
"Le 7 ?" demande le restaurateur.
"Non, samedi 31", que je lui réponds.
"Ah, ce samedi... Pas samedi prochain", corrige mon interlocuteur.
"Euh... Oui, le prochain samedi, ce samedi, le 31",
suis-je obligé de préciser, un brin confus par sa remarque.
Bon, certes, c’est un restaurant japonais, et mon interlocuteur
a l’accent asiatique caractéristique, mais j’ai déjà remarqué ce
problème de date avec d’autres personnes de la région.
Pour moi, "prochain", et l’ami Robert (le petit) le confirme,
c’est "très rapproché, le plus rapproché", "qui est près de se produire"
ou "qui suit chronologiquement". Donc, quoi ? Le "prochain" sous-entend-il
"Ă partir d’aujourd’hui", comme je le suppose, ou "le suivant Ă
partir d’une première occurrence de l’événement déjà rencontré"
comme me l’a fait entendre le restaurateur ?
La langue française n’est pas très claire ici, et c’est bien dommage
car cela est source de quiproquos, et donc d’éventuelles discordes,
alors qu’il aurait été préférable de bien se comprendre pour se considérer... en prochains.
Lundi, le 26 mars 2007
Immortel (ou presque)
Je le savais, je le savais... J’ai fait un test pour savoir de quoi
je risquais de mourir. Ben, c’est rassurant...
You scored as Natural Causes .
Your death will be by natural causes, though not by any diseaese,
because that is another option on this test. You will probably just
silently pass away in the night from old age, and people you love won’t
realize until the next morning, when you are all purple and cold and icky.
So be happy, you won’t be murdered.
Natural Causes
100%
Gunshot
53%
Disease
53%
Bomb
47%
Disappear
47%
Stabbed
40%
Drowning
40%
Suffocated
33%
Eaten
33%
Cut Throat
33%
Poison
27%
Accident
27%
Suicide
13%
How Will You Die??
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Dimanche, le 25 mars 2007
De l’avantage d’avoir une semaine éprouvante
Semaine très chargée, niveau boulot. Du coup, je me retrouve
le samedi sur les rotules... enfin, cela ne reste qu’une expression
pour moi, parce qu’après
ça ,
mes genoux sont encore un peu douloureux.
Samedi, après le retour du club de sport et des courses,
cela n’a été que du travail pour le boulot... intéressant, certes, mais j’avais plein
d’autres choses prévues et non réalisées, telles que la recherche de nouveaux éditeurs
pour mon roman, l’impression de mon manuscrit (plus justement "tapuscrit", de par le fait)
et le tour des boutiques d’arts plastiques.
Super fatigué après cette journée studieuse,
je n’ai fait qu’un tour sur les sites des copains sur MySpace avant de me coucher très tôt,
tant pis pour le festival du cinéma hors frontières et la soirée italienne (deux films dont
Romanzo criminale , plus un buffet italien, dommage d’avoir loupé ça).
Mais... dimanche matin, après une bonne nuit de sommeil, j’ai une excellente forme, je
digère sans problème le changement d’heure, je fais plein de trucs avant de partir en
fin de matinée au cinéma voir les fameux
300 de Snyder (d’une remarquable fidélité
par rapport à la BD de Miller, mais pas trop par rappory à l’Histoire),
puis je me laisse aller Ă des nouvelles recettes culinaires
(j’avais toujours prévu de préparer des sot-l’y-laisse depuis que j’avais vu
le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jeunet au ciné,
c’est maintenant chose faite).
Allez, encore un peu de boulot, et je me lance enfin dans la veille technologique
pour dénicher l’éditeur de thriller susceptible d’être intéressé par mon bébé, et
je fais chauffer l’imprimante !
Mercredi, le 21 mars 2007
Équipement sportif
Rôôôh, je fais ma chochotte, je ne vais pas aller au festival du cinéma
hors frontières (un festival qu’il est bien dans ma petite ville à moi que j’ai)
parce que je suis rentré trop tard du boulot, crevé, avec les pieds mouillés/gelés
en raison de cette foutue neige (fondue, en plus).
Il y a deux ans, je me suis planté en ski (ouais, je ne tombe pas qu’en roller).
Sur le moment, a priori, pas de bobo. Sauf que le lendemain, je me suis retrouvé
avec une méga-entorse du genou. Pas glop. Du coup, plus de ski de toute la saison,
ni de ski cet hiver non plus. En fait, je n’aime plus trop ça, skier.
J’ai failli faire comme mon petit frère qui a décidé de se mettre au surf des neiges,
mais j’ai joué à Madame Soleil (pouf, pouf !) et fait des prévisions à long
terme : réchauffement de la Terre, moins de neige, mais montée des eaux.
De ce fait, j’ai investi dans du matériel de plongée sous-marine, et non dans
du matos de ski ou autre amusement prévu pour des pentes enneigées.
Sauf que.
Oui, sauf que Saint-Etienne est la la deuxième plus grande ville d’altitude
d’Europe. Donc va falloir qu’il en fonde, de l’iceberg, pour que je retrouve
la plage au pied de mon immeuble. Et aujourd’hui, c’est théoriquement le
printemps, or il y a plein de neige ici-bas. P’t’êt’ que tout le monde s’est
trompé et que l’on se dirige vers un nouvel âge de glace ?
Lundi, le 19 mars 2007
Autoanthropophage
Ce matin, en observant mes genoux blessés
(cf. mon accident raconté dans le billet précédent),
avec leur couleur rouge violacé et les stries de la chair,
je n’ai pu m’empêcher de penser au steak que je me suis fait cuisiner la veille...
Aurais-je des tendances à l’anthropophagie ?
Soudain, la lumière : une célèbre chanson d’Henri Salvador
("J’aime tes g’noux", parodie de "Shame, shame, shame, shame on you")
m’apparaît avec un sens tout différent...
Samedi, le 17 mars 2007
Quelques degrés de séparation
Stanley Milgram, psychologue américain mort en 1984 (coucou Orwell), est un très grand
monsieur. On le connaît en particulier pour son expérience sur la
soumission à l’autorité (reprise notamment dans
I comme Icare ,
le film de Verneuil avec Montand),
mais aussi pour l’expérience dite "du
petit monde " (coucou David Lodge). Cette dernière
consistait, pour les sujets de l’expérience, à passer une lettre d’un
endroit du monde à un autre par l’intermédiaire de relations sociales.
L’expé a montré qu’il y avait besoin de finalement très peu
d’intermédiaires pour arriver au but, et de là est apparue la notion de
"six degrés de séparation".
Un degré de séparation est un concept assez flou, cependant, quand on dit
"connaître" quelqu’un, qu’entend-on vraiment ? (Sans doute pas le
sens biblique du terme, à moins de s’intéresser aux degrés de séparation
liés aux transmissions de maladies vénériennes, mais ce n’est pas là le
propos). Dans l’expérience de Milgram, il s’agissait de faire passer un
message, et suivant l’importance supposée de ce message, il avait plus ou
moins de chances d’aboutir à destination.
Entre vous (relations dites "Ă©tendues" de MySpace) et
moi, combien de degrés nous séparent ? Je connais "en vrai"
certains d’entre vous (pour vous avoir rencontré à des événements divers,
des soirées, des concerts, des conventions, des conférences).
Mais ne vous êtes-vous jamais demandé de combien de degrés vous êtes
séparés de n’importe qui ?
Du Président de la République française, par exemple. Si je considère la
voie de la Défense, je peux y arriver assez vite. Il y a quelques années,
j’ai réalisé mon service militaire. J’étais prof d’informatique, sergent
affecté au poste de commandement, et j’ai eu l’occasion de servir de
secrétaire au colonel dirigeant la base aérienne où je me trouvais.
Colonel, Général, Ministre de la Défense, Président. Donc quatre degrés, grand maximum. Ou je peux suivre la voie de l’éducation. Je connais l’ancien
président de l’Université, et je vais faire la connaissance du nouveau, qui
connaissent ou vont faire la connaissance du Ministre de l’Education
nationale lors des CPU, ou au moins d’un représentant du ministère, qui
connaît le Président. Trois ou quatre degrés.
Le pape ? Je connais des curés, qui connaissent leurs évêques, archevêques,
cardinaux, pape. Quatre. Non, encore plus fort, un très bon copain est le
filleul d’un nonce apostolique. Trois degrés.
Un auteur au hasard ? Stephen King ? Lors d’une convention de
science-fiction, j’ai fait la connaissance de l’auteur américain
Robert
Sheckley , peu avant sa mort. Celui-ci, auteur de la nouvelle le
Prix du Danger (adaptée en film par
Yves Boisset avec GĂ©rard Lanvin), avait eu une discussion avec King-Bachman
au sujet de
Running Man ,
aussi adapté au cinéma, pour savoir s’il s’était "inspiré" de sa
nouvelle (et King aurait déclaré que non). Deux degrés.
Bien entendu, ce ne sont lĂ que des exemples oĂą il est possible de calculer
les degrés de séparation, ou alors il s’agit de relations de
connaissances apprises par hasard. Et encore, dans certains cas, le lien de
la chaîne sociale était rompu (Sheckley ou le dernier pape sont morts, et
je n’ai plus de contact avec mes anciens "supérieurs" de
l’Armée).
Il n’empêche qu’il est toujours surprenant d’entendre une personne
A parler d’une personne B, pensant que vous ne connaissez pas B alors
que c’est pourtant le cas (un tout petit monde, on vous l’a dit), et de
confronter la représentation de A que vous avez de B avec celle que vous
vous faites de vous-mĂŞme...
Euh, trop compliqué à suivre ? Exemple : un pote (ou une amie) vous parle
de son ex-copine (ou copain), sans savoir que vous Ă©tiez vous-mĂŞme sorti(e)
avec elle (ou lui).
Cela peut donner, selon la situation, du vaudeville, de l’absurde, ou
du drame...
Samedi, le 17 mars 2007
À part le mercurochrome
Levé tôt pour aller faire du sport, comme d’hab, mais... pas possible.
J’ai l’impression d’être retombé en enfance, entre mes 7 et 13 ans,
quand mes genoux n’apparaissaient que couverts d’écorchures.
Tout ça, c’était la faute au vélo-cross, cet ancêtre du VTT, avec
lequel nous n’hésitions pas à faire les fous, pour le plus grand
malheur de nos mamans lorsque nous rentrions des champs et des forĂŞts
le plus souvent blessés avec nos habits abîmés.
Hier soir, j’ai participé comme de coutume à la randonnée roller
organisée dans ma petite ville, mais en discutant avec des amis,
je n’ai pas vu un gros trou et je me suis étalé de tout mon long,
rattrapé tout juste par mes protections aux poignets. Les genoux,
cependant, n’étaient pas protégés. Je croyais m’en sortir avec quelques bleus.
Mais rentré chez moi en serrant les dents (car chaque pas m’aurait arraché
un cri de douleur), j’ai découvert que j’étais en sang. Un petit coup d’antiseptique,
voilà , c’est fini.
Mes plaies ressemblent à celles que j’avais tout petit, en dehors
du fait que mes genoux ne soient pas tout rouges. Ouais, il y a un an
que le mercurochrome n’est plus vendu ici-bas.
Mardi, le 13 mars 2007
My name is MĂ©reste, Fabrice MĂ©reste...
Je n’aime pas trop la série des James Bond.
Le dernier (
Casino Royale ) est cependant assez intéressant,
avec un agent 007 sombre et en devenir.
Mais si je devais être un acteur ayant interprété l’agent
de Sa Gracieuse Majesté, je serais...
Your results:
You are Roger Moore
Roger Moore
73%
Timothy Dalton
64%
Daniel Craig
64%
Sean Connery
55%
George Lazenby
53%
Pierce Brosnan
32%
The third actor to play Bond in the movies
was more light-hearted and humorous. At the same time he
was a charismatic ladies man.
Click here to take the
"Which James Bond are you?" quiz... Lundi, le 12 mars 2007
L’éternel gagnant (suite)
Se retrouver devant la porte d’une salle inconnue avec un trousseau
d’une quinzaine de clés. En choisir une au hasard. Tomber sur la bonne.
Une chance sur quinze, soit 6,67% de la trouver du premier coup.
C’était vendredi matin. Et ça n’arrive qu’à moi. Evidemment, ça n’est
pas un événement impossible, mais les probabilités étaient très faibles.
Cependant, pour moi, c’est très souvent comme ça. Si j’étais marié, je
devrais certainement douter de la fidélité de mon épouse...
Ou alors cela. Eviter constamment les chutes d’objets, le ciel qui nous
tombe sur la tĂŞte, la grande peur des ancĂŞtres gaulois. Quelques semaines
plus tôt, à la fonte précoce des neiges, ces énormes blocs de glace tombés du
toit, juste à côté, et se retrouver à peine éclaboussé par les débris gelés. Ou
ce matin, ces morceaux de ce qui semblait ĂŞtre de la terre cuite, vraisemblablement
un pot de fleurs tombé depuis un balcon, à quelques mètres. Là encore :
ça n’arrive qu’à moi.
Mais si je suis ici, si je peux en parler, c’est parce que je suis un
éternel gagnant. Quelques secondes plus tôt, j’étais dans la ligne de mire.
Un gros coup sur la tête. Blessé. Peut-être mort. Tout ça n’arrive qu’à moi.
Combien de temps ma bonne Ă©toile veillera-t-elle encore sur moi ?
Combien de temps vais-je pouvoir ĂŞtre ce survivant du quotidien ?
Mardi, le 6 mars 2007
Caché derrière sa barbe, je n’ai pas reconnu le loup(Lou)
Je reviens à l’instant du cinéma où je suis allé voir
Contre-enquête de Fanck Mancuso. Oui, j’ai
gagné des places en avant-première et c’est une agréable surprise :
le film est vraiment intéressant, même si pesant et très
noir.
Petite curiosité : j’ai découvert que j’avais
assisté par hasard au tournage d’une des scènes de ce film.
En août dernier, en revenant de la fête donnée en Gironde dans la
demeure familiale de l’ami
Francis Valéry , j’avais remarqué pas mal d’agitation
devant la gare de Bordeaux Saint-Jean où j’attendais mon train pour
rentrer à Saint-Etienne. Je n’avais pas reconnu les acteurs, je pensais
Ă un simple spot de pub, mais le barbu qui attendait le passage du tramway
pour retrouver un ami chauve, c’était bien
Jean Dujardin ...
Lundi, le 5 mars 2007
Appelez-moi SaĂŻd...
Salam walekoum Ă tous,
Ca y est, je suis retombé dans les tests qui ne servent à rien...
J’ai donc fait le test pour savoir quel personnage perdu j’étais,
mais en fait, non, je n’avais pas compris, c’était quel personnage
de la série
Lost, les disparus .
Et il se trouve que je serais le personnage de SaĂŻd (enfin, Sayid Jarrah),
le bricoleur et ex-officier irakien de la série. Pas faux car, même si
j’ai un physique un peu plus européen et que je n’y comprends pas
grand chose à l’électronique, je parle deux mots d’arabe (quand même !),
j’ai fait mon service militaire, et j’aurais aussi été intéressé par
la jolie blonde un peu snob que le personnage finit par séduire... :-)
(Mais bon, dans mes scores, je serais tout autant la Coréenne Sun ou
Boone)
Your results:
You are Sayid Jarrah
Sayid Jarrah
85%
Sun Kwon
85%
Boone Carlyle
85%
Mr. Eko
65%
Michael Dawson
64%
John Locke
60%
Shannon Rutherford
60%
Claire Littleton
56%
Walt Lloyd
56%
Dr. Jack Shephard
52%
Kate Austen
50%
Hugo "Hurley" Reyes
43%
James "Sawyer" Ford
42%
Charlie Pace
40%
Jin-Soo Kwon
40%
Ana-Lucia Cortez
28%
You can take electronic devices apart and see how to fix them.
You are good at problem solving and at interrogating people.
Click here to take the Lost
Personality Test Et vous ?
Samedi, le 3 mars 2007
Mars, et ça repart
En vrac :
Des jours à trop peu dormir, pris par du boulot avec des collègues qui ne
remplissent pas leurs parts du marché, mais au final un bel article de recherche bouclé
pour une conférence sympathique.
Tristesse, un grand monsieur de la science-fiction nous a quitté.
J’en avais parlé
ici .
Enfin, j’ai (encore !) gagné des places de cinéma. Cela m’a inspiré
cette
short short story .
Vendredi, le 2 mars 2007
L’éternel gagnant
Lorsque mes tartines tombent, c’est toujours du côté non beurré.
Cette semaine, je viens encore de gagner Ă un concours :
des places de cinĂ©ma en avant-première. Je n’ai jamais jouĂ© Ă
la loterie, mais vu les malheurs qui arrivent Ă ceux qui gagnent
de trop grosses sommes, je ne préfère pas essayer. A quoi cela
me servirait-il ? Je n’ai jamais eu de réels soucis d’argent,
et je ne suis pas matérialiste.
Si je loupe mon bus ou mon train, il en arrive toujours un autre
permettant de ne pas manquer mes rendez-vous.
Le seul examen que j’aie jamais râté était le permis de conduire,
et encore, juste la première fois. Mais toi, que l’inspecteur
avait jugé digne de posséder le précieux sésame, trop confiant,
tu as perdu la vie lors d’une sortie de route.
Quand, grâce aux hasards de la vie, j’avais rencontré un directeur
de collection parisien acceptant mon premier roman pour publication,
il a fallu que la maison d’édition fît faillite pour que le projet ne
pût aboutir. Des années plus tard, j’ai compris que cet échec frustrant
s’avérait être une chance, mon roman disposait d’un potentiel nécessitant
d’être davantage retravaillé, et surtout pas publié par une maison d’édition
qui n’aurait pas réussi à le faire connaître auprès des lecteurs.
Toi, que j’ai aimée à la sortie de l’adolescence, pourquoi n’avais-tu pas
répondu à mes sentiments ? Un premier chagrin d’amour, c’est triste,
c’est vrai, mais ce n’est rien comparé à la douleur de ton compagnon lorsque,
peu après tes 20 ans, une leucémie t’a emportée.
Et toi aussi, que je courtisais il n’y a pas si longtemps, pourquoi
as-tu préféré cet autre ? On s’aime, on vit ensemble, on décide
d’acheter un appartement... Bonheur bourgeois en apparence. S’il était
heureux avec toi, alors pourquoi se serait-il suicidé ?
Je suis un Ă©ternel gagnant.
Maudite soit ma bonne Ă©toile !
Mardi, le 27 février 2007
À la mĂ©moire de Patrice
Désolé de ne répondre ni aux messages ni aux commentaires,
je suis pris par le boulot... et je n’ai pas trop le moral pour cela en ce moment.
Dimanche, à savoir hier, j’étais à Lyon. Je devais voir là -bas des amis et connaissances
du petit monde de la littérature de l’imaginaire (science-fiction et fantastique), et parmi
eux,
Patrice Duvic ,
un de ces géants de la SF francophone qui, même s’il était resté discret en tant qu’auteur
(avec quand même une poignée de romans, dont même un adapté au cinéma, et quelques nouvelles),
avait eu l’occasion de cotoyer et interviewer les plus grands auteurs de SF américains
(
Philip K. Dick
par exemple) et avait travaillé en tant que directeur de collection pour Denoël ou Pocket.
Patrick et son Ă©pouse se faisaient attendre.
André-François Ruaud ,
notre hôte, a cherché à les contacter pour prendre des nouvelles.
Les larmes aux yeux, il a reposé le téléphone pour nous apprendre le décès de Patrice.
C’était un choc car, même si nous savions tous que Patrice était malade, il était sorti de
l’hôpital et semblait mieux aller.
Adieu Patrice... VoilĂ un grand vide. Nous pensons tous Ă Monique et Ă sa douleur.
Cette soirée ,
à la mi-décembre, sera donc la dernière où j’aurais vu Patrice vivant.
Nous avions eu une discussion en aparté intéressante, il m’avait donné des conseils
au sujet de la publication de mon roman. Je lui avais envoyé un courrier électronique
dernièrement qui poursuivait cette discussion. Mais il n’y aura plus jamais de réponse.
Mardi, le 20 février 2007
Guique-moi donc : guique ĂŞtes-vous ?
En ce jour de Mardi Gras, j’ai croisé plein de Schtroumpfs
déguisés (ainsi qu’un adulte portant bonnet et pantalon de sport blancs
avec un anorak bleu, mais je crois que ce monsieur ne voulait pas être déguisé, enfin bref).
Donc plein de gamins déguisés, oui, mais pas moi, hein, non...
Et pourtant, je me rappelle d’une soirée d’Halloween - il y a 10 ans maintenant ! -
où je m’étais rendu en discothèque (tout seul, si !) en costume de
vampire (sur le flyer, il était indiqué "entrée gratuite" si déguisé).
Je passe à la caisse, entrée gratuite et bonbons à la fraise en cadeaux,
mais là , panique en entrant dans la boîte : personne n’était déguisé,
Ă part deux ou trois serveurs et le barman.
Là , plusieurs possibilités s’offrent à vous :
(1) vous vous Ă©vanouissez ou vous mourez de honte,
(2) vous vous faites super discret et vous prenez la porte
de sortie pour fuir ce traquenard, ou
(3) vous assumez, vous vous dites que les autres n’ont pas voulu jouer le
jeu mais que cela ne va pas vous empĂŞchez de vous amuser.
Ben ouais, pour moi, c’était la réponse (3), et je n’avais rien bu
d’autre que du nectar d’abricot.
Ce petit épisode (100% véridique,
j’ai des témoins et des photos) pourrait me faire passer pour "geek",
cet espèce d’asocial, fan de trucs compliqués qui ne "servent à rien" et
d’univers alternatifs. Alors, pour me rassurer (ou voir si je devais consulter),
j’ai passé le
Geek Test
(tiens, v’là un nouveau test, rien que pour toi,
Valérie ).
Résultat des courses : j’ai presque tout
coché dans la catégorie "Apprentissage", presque rien en "J’ai déjà été"
(Ă part Ă une convention de SF), que les cases en rapport avec la SF dans "Loisirs", etc.,
et le verdict est le suivant :
12.5% - Geekish Tendencies
(Mééééeuh, c’est pas ma faute, c’est parce que j’ai fait de longues études,
en rapport avec l’informatique, et que j’écris de la SF. Mais bon, que des
"tendances à la geekitude", mon cas n’est pas désespéré !)
Dimanche, le 18 février 2007
Vivent les vacances !
Chouette, pas de cours Ă donner la semaine Ă venir, je vais pouvoir mettre les autres
casquettes dont je coiffe ma vie : chercheur, auteur et sculpteur. Joie !
Que dire depuis presque deux semaines ?
Ai gagné des places de cinéma, suis allé voir le film d’animation danois
le vilain petit Canard
et moi de Michael Hegner et Karsten Kiilerich. Quelques longueurs, ça ne vaut pas
Shrek , mais il y a des idées plutôt bien vues sur le passage de l’enfance à l’adolescence et
à l’âge adulte.
Ai eu l’occasion de faire du roller, vendredi dernier, avec mon copain
Rémi . Bah, le pote a beau faire le malin sur une scène d’opéra, il fait moins
le fier sur des roulettes. :-) Avons sympathisé avec un curieux monsieur et appris à la fin de
la randonnée qu’il est...curé.
Sinon, pour les billets réguliers, c’est
ici
qu’il faut aller :
–
Egoquizz 150 : avez-vous ou êtes-vous déjà ...
–
Oui, je suis un super héros
–
La conspiration des demi-sucristes
–
Je suis un "Stépamois" (attention : humour !)
–
HĂ©liophobe Samedi, le 17 février 2007
Egoquizz 150 : avez-vous ou êtes-vous déjà ...
Ce questionnaire, rencontré à plusieurs reprises sur le Net,
je ne sais pas qui en est l’auteur, mais je trouve qu’il est
un intéressant catalyseur de souvenirs, et même s’il est bien long,
je vous conseille aussi d’y répondre...
AVEZ-VOUS (OU ETES-VOUS) DEJA :
01. Payé votre tournée dans un bar ?
Euh, non : je déteste les bars et la bière, préfère de loin organiser
des soirées chez moi, et préparer toutes sortes de cocktails.
02. Nagé avec des dauphins dans l’océan ?
Pas encore. Mais je compte bien passer un niveau de plongée sous-marine supérieur cet été,
et ensuite vivre une telle aventure.
03. Escaladé une montagne ?
Pas vraiment. Mais j’ai fait de la via ferrata, c’est très sympa.
04. Conduit une Ferrari ?
Non, ce qui est bien normal, vu mon désintérêt légendaire pour les voitures.
Par contre, c’était justement le dernier cadeau offert à mon petit frère
(des tours en Ferrari sur un circuit, pas la voiture elle-mĂŞme, bien entendu !)
05. Visité les Grandes Pyramides ?
Pas encore, ni vu "en vrai" tout un ensemble de ruines de glorieuses civilisations. Mais je le ferai.
06. Porté une tarentule ?
Pas eu l’occasion, mais pourquoi pas ? J’aime bien les animaux atypiques
(tels que les lézards et les serpents).
07. Pris un bain avec quelqu’un à la lumière des bougies ?
Y avait-il des bougies ? Je ne me rappelle plus. Mais c’était bien sympa.
08. Dit « Je t’aime » en le pensant vraiment ?
Toujours, quand ça m’est arrivé. Mais on ne m’y reprendra plus.
09. Pris un arbre dans vos bras ?
A cause d’une mauvaise manoeuvre en ski de piste, ça compte ?
10. Sauté à l’élastique ?
Pas encore. Mais je pense que je préférerai sauter en parachute.
11. Visité Paris ? J’y ai même vécu un an. Pas assez pour perdre mon regard de provincial émerveillé.
12. Regardé un orage sur la mer ?
Bien entendu. Parce qu’il arrive qu’il fasse beau en Bretagne ?
13. Resté éveillé toute la nuit pour regarder le lever du soleil ?
Pas sûr. Par contre, dormir la journée pour pouvoir passer la nuit à observer
les étoiles, pendant plus d’une semaine, reste un très bon souvenir de vacances.
14. Vu une aurore boréale ?
Non, dommage.
15. Allé dans un grand événement sportif ?
Pas que je me souvienne. Ou alors par erreur.
16. Monté les marches de la Statue de la Liberté ?
Non. Jamais encore mis les pieds aux Etats-Unis.
17. Fait pousser et mangé vos propres légumes ?
Indirectement, en m’occupant du jardin potager parental.
18.Touché un iceberg ?
Non, Ă part le dessert avec la glace Ă la menthe et au chocolat.
19. Dormi sous les Ă©toiles ?
Dormir "à la belle étoile" ? Je crois que j’ai dû essayer, étant petit.
20. Changé la couche d’un bébé ?
Euh... Pleine, la couche ? Non, non. Mais ça m’arrivera sans doute un jour.
21. Fait un voyage en montgolfière ?
Tiens, c’est une idée...
22. Vu des Ă©toiles filantes ?
Plein !
23. Eté soûl avec du champagne ?
Je ne pense pas, je n’aime pas trop. Mais avec du punch ou un autre cocktail, c’est certain.
24. Donné plus que vous en pouviez à une oeuvre caritative ?
Donné à une oeuvre caritative, oui. Mais plus que je pouvais, comment ça ?
25. Observé la nuit avec un télescope ?
Oui, en particulier à l’occasion d’un stage d’astronomie, étant ado.
26. Participé à un record du monde ?
Je ne crois pas. Ou alors d’un truc absurde, mais je n’ai pas dû gagner.
27. Fait une bataille avec de la nourriture ?
Non. J’ai été choqué de découvrir que des petits-suisses ou de
la purée pouvait servir de projectile à la cantine.
28. Parié sur le cheval gagnant ?
Non, je ne joue que quand je pense avoir des chances de gagner.
29. Demandé votre chemin à un étranger ?
Oui. Et même fait le contraire : en séjour à Helsinki,
une dame m’a demandé son chemin en finnois. Je ne parle pas la langue du pays,
mais j’ai compris ce qu’elle voulait. Cependant mes indications n’ont pu l’aider,
elle ne parlait pas anglais...
30. Fait une bataille de boules de neige ?
Très souvent, même si je préférais fabriquer un igloo ou faire un bonhomme de neige.
31. Crié aussi fort que vous pouviez ?
Je crois.
32. Porté un agneau ?
Vivant ? Je ne crois pas. Sinon, j’ai déjà fait une sculpture d’agneau pour la Crêche.
33. Vu une Ă©clipse totale ?
La fameuse éclipse d’il y a quelques années, oui, mais le temps n’était pas génial.
34. Escaladé une dune ?
J’ai fait un tour dans le désert, en Egypte, mais c’était de la roche, pas du sable.
35. Ecrasé un animal en voiture ?
Sans doute un nombre incalculable d’insectes avec le pare-brise, mais pas plus gros.
36. Dansé comme un fou sans vous soucier de qui vous regarde ?
Ce n’est pas impossible...
37. Adopté un accent pour une journée entière ?
Il m’arrive de choper les accents, expressions et tics de langage de mon entourage,
et comme j’ai vécu en Alsace, un peu en Belgique, à Paris et à Lyon, c’est possible.
38. Senti vraiment heureux, mĂŞme un court moment ?
Ben oui...
39. Eu deux disques durs sur votre ordinateur ?
Quand un ami a branché son disque dur externe pour recopier certaines de mes données.
40. Visité tous les départements français ?
Non, je connais mal le Nord, des coins de l’Ouest, la région Bourgogne...
41. Pris soin de quelqu’un de soûl ?
Oui. Dur.
42. Des amis Ă©tonnants ?
Je n’ai que cela !
43. Dansé avec une inconnue dans un pays étranger ?
Je crois bien.
44. Observé les baleines dans l’océan ?
Pas encore.
45. Volé un panneau ?
Non, pourtant c’était une épreuve typique des bizutages, à l’époque...
46. Voyagé « sac au dos » en Europe ?
Non. J’ai déjà fait du trekking, mais pas dans cet esprit.
47. Entrepris un long voyage sur la route ?
Oui mais pas seul, en nous relayant avec des amis au volant.
48. escaladé des rochers ?
Il est très branché "escalade", ce questionnaire.
Avec la Via ferrata, je dirai donc oui, plus ou moins.
49. Fait une balade de minuit sur la plage ?
Euh, sans doute, mais je n’ai pas vérifié ma montre.
50. Fait du parapente ?
Pas encore.
51. Visité l’Irlande ?
Non (chouette, il me reste encore plein de trucs Ă faire !)
52. Eu le coeur brisé plus longtemps que vous n’aviez été amoureux ?
Même que c’est presque une généralité pour moi...
53. Au restaurant, vous asseoir à une table d’inconnus et manger avec eux ?
Presque. Souvenir amusé d’une conférence en Italie, où je me suis retrouvé avec des
chercheurs japonais (je n’en connaissais qu’un parmi la douzaine de personnes présentes).
On avait dîné "à la japonaise" : chacun commandait un plat sur le menu, mais
n’en mangeait que quelques bouchées, les plats faisant le tour des différents convives. Très rigolo.
54. Visité le Japon ?
Ah, ben tiens ! Non, pas encore, mais ça me tente énormément !
55. Trait une vache ?
Non, mais je me suis occupé d’autres animaux (des poules et des lapins, par exemple).
56. Classé vos CD par ordre alphabétique ?
Ils le sont (plus ou moins).
55. Prétendu être un super héro ?
Voir le billet précédent sur ce blog.
58. Chanté dans un karaoké ?
Lors du mariage d’une cousine. Mais je crains que ma prestation n’ait pas été terrible...
59. Traîné au lit une journée entière ?
Ca m’est arrivé, un jour de maladie.
60. Joué au football ?
Un pseudo-foot entre copains, sans doute, mais je fuis d’ordinaire ce genre de sport.
61. Fait de la plongée sous-marine ?
J’en fais tous les ans, depuis que j’ai découvert cette activité géniale (j’avais 17 ans),
avec quelques périodes où j’ai dû laisser tomber la plongée faute de temps ou de moyens.
62. Embrassé quelqu’un sous la pluie ?
Euh, mais alors sous un parapluie.
63. Joué dans la boue ?
Parce que modeler de l’argile, ce n’est pas jouer avec de la boue peut-être ?
64. Joué sous la pluie ?
Bien sûr, c’est encore plus drôle.
65. Eté dans un théâtre de plein air ?
Eté dans un amphithéâtre gallo-romain, oui. Mais avoir vu une
représentation théâtrale en plein air ? ... Si, Dom Juan, joué au parc de Gerland (Lyon),
il y a quelques années.
66. Visité la grande Muraille de Chine ?
Pas encore...
67. Créé votre entreprise ? Ben non.
68. Tombé amoureux sans avoir le coeur brisé ? Je ne crois pas,
même quand c’était moi qui étais à l’origine de la rupture avec une copine.
69. Visité d’anciens monuments ? Oui, bien sûr ! Normal
pour l’amoureux des arts et de l’histoire que je suis.
70. Suivi un cours d’arts martiaux ? Du judo, étant petit.
71. Joué à la Playstation pendant 6h d’affilée ? Je n’ai pas de
console de jeux, mais j’ai sans doute dû me défouler à des jeux type "Age of Empire"
sur PC durant des heures, pendant des vacances.
72. Eté marié ? Non. Pas encore.
73. Tourné dans un film ? Pas que je sache...
74. Organisé une fête surprise ? Pas vraiment.
75. Eté divorcé ? Ben non (cf. 72)
76. Ne pas manger pendant 5 jours ? Quelle idée ?! En plus, c’est dangereux...
77. Fait des cookies à partir d’un sachet tout prêt ? Non, je SAIS cuisiner !
78. Gagné le premier prix à un concours de déguisement ? Non.
79. Conduit une gondole à Venise ? Je ne vois pas l’intérêt...
80. Eté tatoué ? Non. Pas intéressé.
81. Fait du canoë-kayak ? Oui, c’est sympa.
82. Eté interviewé à la télévision ? Je crois : je devais être au collège,
un reportage avait été tourné dans l’atelier d’arts plastiques que je suivais...
83. Reçu des fleurs sans raison particulière ? Pas que je me souvienne.
84. Joué sur une scène ? Oui. J’avais même suivi un stage "théâtre et science".
Intéressant.
85. Eté à Las Vegas ? Non (cf. 16)
86. Enregistré de la musique ? Plus ou moins, la prestation d’un copain chanteur d’opéra.
87. Mangé du requin ? Oui, les ailerons, c’est très bon.
88. Embrassé quelqu’un dès le premier rendez-vous ? Euh... Oui.
(Qui a dit "tombeur" ?)
89. Eté en Thaïlande ? Non. Il paraît que c’est un chouette pays, enfin surtout
si on aime les statues de Bouddha.
90. Acheté une maison ? Non, et ce serait plutôt un appartement en ville, si je
décide d’être propriétaire.
91. Eté dans une zone de combat ? Pas vraiment, mais j’ai fait mon service militaire.
92. Enterré un de vos parents ? Non, ils sont bien vivants, Dieu merci.
93. Fait une croisière ? Euh, non, bof. A moins que ce ne soit pour aller d’îles en
îles, ou aborder différents spots de plongée sous-marine.
94. Parlé plus d’une langue couramment ? Français de France, franco-belge, et anglais
à l’étranger.
95. Joué dans le « Rocky Horror » ? Hein ?!
96. Elevé des enfants ? Non, mais je me suis occupé de mes petits frères, ayant
7 et 9 ans de plus qu’eux.
97. Suivi votre chanteur favori en tournée ? Pas vraiment, pas assez fan.
D’ordinaire j’attends une tournée dans la région proche.
98. Fait une randonnée en vélo dans un pays étranger ? Pas que je sache. Mais
en patins Ă roulettes en Angleterre, si.
99. Déménagé dans une autre ville pour une nouvelle vie ? A plusieurs reprises, oui.
100. Mangé des fourmis ? Je ne crois pas, mais si c’est bien préparé, pourquoi
pas ?
101. Marché sur le Golden Gate Bridge ? Non (cf. 16)
102. Chanté à tue-tête dans votre voiture et ne pas avoir arrêté alors que vous saviez
qu’on vous regardait ? Pas vraiment, ça m’arrive (ou m’arrivait) plutôt sur
des routes peu fréquentées.
103. Subi de la chirurgie esthétique ? Des beaux yeux comme les miens, c’est naturel.
104. Survécu à un accident duquel vous auriez pu ne pas survivre ? Non,
mon ange gardien veille sur moi.
105. Ecrit des articles pour une grande publication ?
Ben ouais, c’est un peu aussi ça, mon métier...
106. Perdu plus de 30kg ? Diable, mais il ne resterait plus rien de moi alors !
107. Soutenu quelqu’un qui perdait connaissance ? Non, mais j’ai
moi-même perdu connaissance un jour, à l’occasion d’un don du sang, après avoir fait
un concours avec ma mère pour remplir le plus vite possible la pochette (et j’avais perdu, en plus).
Oui, la honte...
108. Piloté un avion ? Non. Pas intéressé. Mais une fusée ou une navette spatiale,
pourquoi pas ?
109. Touché une raie vivante ? Euh, effleuré seulement.
110. Brisé le coeur de quelqu’un ? Chacun son tour...
111. Aidé un animal à donner naissance ? Non.
112. Gagné de l’argent à un jeu télévisé ? Non, déjà que je ne regarde
pas la télé...
113. Vous cassé un os ? Non, tout va bien.
114. Participé à un safari photo en Afrique ? Non, je n’ai mis
les pieds qu’en Tunisie et en Egypte sur ce continent.
115. Percé une autre partie de votre visage que les oreilles ?
Non, ni mĂŞme les oreilles.
116. Utilisé un revolver ou autre arme à feu ?
Oui, un fusil d’assaut de la manufacture d’armes de Saint-Etienne, alias le FAMAS,
à l’occasion de mon service militaire.
117. Mangé des champignons que vous aviez ramassé ?
Oui, je crois, étant petit, sous la responsabilité de mon papa.
118. Monté à cheval ?
Pendant des vacances, oui. Mais c’est que ça fait mal au derrière,
quand ces bestioles vont un peu vite.
119. Subi une importante opération chirurgicale ?
Les amygdales, les végétations, et d’autres trucs comme ça quand j’étais tout petit,
mais ce n’était pas très grave.
120. Eu un serpent comme animal de compagnie ? Non, mais un lézard.
121. Survolé le Grand Canyon ? Non (cf. 16)
122. Dormi plus de 30h d’affilée ? Non, même pas plus de 10 heures.
124. Visité tous les continents ? Non, juste l’Europe, le nord de
l’Afrique et une partie occidentale de l’Asie (Liban)
123. Visité plus de pays que les 50 Etats des USA ? Non.
125. Fait une randonnée en canoë de plus de 2 jours ? Non.
126. Mangé du kangourou ? Euh, je crois.
127. Mangé des sushi ? Je sais même les préparer...
128. Eu votre photo dans le journal ?
Oui, petit, quand je participais à des compétitions (locales) de judo. Sic transit gloria mundi...
129. Changé l’opinion de quelqu’un à propos de quelque
chose qui vous tenait vraiment Ă coeur ? Je crois.
130. Repris vos études ? Oui, après le break de 10 mois lié au service national.
131. Fait du parachute ? Pas encore.
132. Porté un serpent ? Pas eu l’occasion.
133. Mangé des tomates vertes grillées ? Je les préfère bien mûres.
134. Lu « L’Illiade » ? Eh non... Voir le film "Troie", ça compte ?
135. Choisi un auteur important que vous n’aviez pas lu à l’école
pour le lire maintenant ? Oui, plein de Balzac, Stendhal, etc.
136. Tué et préparé un animal pour le manger ? Non, mais j’ai
un peu aidé ceux qui s’en occupaient, mes grand-parents avaient des poulets et
des lapins.
137. Séché un cours ? Jamais ! A part les fois où les cours
tombaient au moment oĂą moi-mĂŞme je donnais des vacations.
138. Communiqué avec quelqu’un alors que nous n’aviez aucune langue en commun ?
Un chat, ça compte ?
139. Eté élu dans votre ville ?
Non, mais aux élections municipales de mon ancien village, alors que je ne m’étais
pas présenté, j’ai appris que j’avais obtenu quelques voix.
140. Créé votre propre langage sur votre ordinateur ?
Non... Mais j’ai écrit mes premiers textes avec un éditeur que j’avais moi-même programmé.
141. Pensé que vous viviez votre rêve ? Quelques fois.
142. Eté obligé de mettre quelqu’un de proche dans un hospice ? Non.
143. Construit votre PC à partir de différents morceaux ?
Le logiciel, ça va, mais je ne connais rien à l’aspect matériel.
144. Vendu une de vos créations à quelqu’un qui ne vous connaissait pas ?
J’espère !
145. Tenu un stand dans une fĂŞte foraine ? Pas dans une fĂŞte foraine,
mais lors de la "Fête de la Science", il y a des années, oui.
146. Teint vos cheveux ? Non : blond au naturel.
147. Eté DJ ? Non. A part pour les soirées organisées chez moi.
148. Rasé votre tête ? Même à l’armée, j’avais des cheveux pas trop courts.
149. Causé un accident de la route ?
Non, heureusement.
150. Sauvé la vie de quelqu’un ?
Je ne sais pas si mon geste a eu cet effet, mais je me suis jeté sur
un copain qui ne parvenait pas à freiner en roller et qui se précipitait
sur une voie oĂą les voitures filaient Ă toute vitesse.
Mercredi, le 14 février 2007
Oui, je suis un super héros
RĂ©sultats
du test
pour savoir de quel héros de film je me rapprochais le plus :
NĂ©o (Matrix) : 79%
Indiana Jones : 75%
Jim Levenstein (American Pie) : 74%
Batman / Bruce Wayne : 73%
Forrest Gump : 72%
Hannibal Lecter : 72%
James Bond : 71%
Yoda (Star Wars) : 71%
Eric Draven (The Crow) : 70%
Maximus (Gladiator) : 70%
Tony Montana (Scarface) : 63%
Schrek : 63%
Quel héros de film es-tu ?
Mouais, bof. Rien de bien tranché, et autant Forrest Gump (là , niveau QI, ça fait
à mal à mon égo) qu’Hannibal Lecter (qui pour trancher, lui, sait y faire).
Et rien de commun avec Thomas A. Anderson, si ce n’est que je sais aussi me servir
d’un ordinateur (mais je ne touche pas aux pilules rouges ou bleues... la pilule bleue...
en cette Saint-Valentin, c’est pour les amoureux).
Jeudi, le 8 février 2007
HĂ©liophobe
C’est sans doute une histoire de gènes, ou un truc comme ça.
Toujours est-il que, avec ma peau claire, je crains le soleil. Écran total,
indice de protection 200 XXL. Et pourtant, ça ne suffit pas. Pour me baigner,
lorsque j’avais passé des vacances aux Antilles, j’avais dû garder mon tee-shirt.
Vous y croyez, vous ?
Foutus gènes. Je comprends la douleur des albinos.
Et mes yeux... De couleur bleu-gris. Toujours obligé de porter des lunettes
noires dès que le moindre rayon parvient à percer les nuages. Il y en a qui
disent que je fais ça pour la frime. Les imbéciles, s’ils savaient.
Et mon intolérance alimentaire. Impossible de manger de la tarte aux poireaux.
Et Dieu que ça me donnerait pourtant envie !
Quand je suis au restaurant, je dois toujours veiller au grain pour fuir
tous les plats présentant de l’oignon ou de l’ail. Ou de l’échalote. Ou de la ciboulette.
Un véritable casse-tête. Le tri nécessaire de ce qui se trouve dans mon assiette. Du coup,
par nécessité, je suis devenu un expert en cuisine, et vous ne trouverez pas chez moi toutes
ces épices ou ces légumes de la famille des liliacées qui me rendent malade comme un chien.
D’ailleurs, quand je fais la cuisine, j’ai pour habitude de ne pas beaucoup faire
cuire la viande. Certains de mes invités la trouvent même crue, à leurs goûts.
Heureusement qu’ils n’ont jamais fait un tour sur Google Image pour voir
mon véritable visage .
Dommage pour eux, oui dommage surtout si c’est moi qui trouve leurs
viandes et leurs sangs à mon goût.
Mardi, le 30 janvier 2007
Et si vous Ă©tiez une ville ?
Un amusant test suivi à partir du lien d’un autre Fabrice
(
http://blog.myspace.com/fabricecolin )
pour trouver la ville européenne dans laquelle vous devriez vivre.
Bien entendu, le test marche surtout pour les Etats-uniens, mais on peut le faire pour le fun.
Surprise : je me suis retrouvé avec une ville dans laquelle j’avais déjà vécu... :-)
You Belong in Paris
You enjoy all that life has to offer, and you can appreciate
the fine tastes and sites of Paris. You’re the perfect person to
wander the streets of Paris aimlessly, enjoying architecture and a crepe.
Samedi, le 27 janvier 2007
Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
Il est assez amusant de voir que de nombreux auteurs de science-fiction sont complètement
"largués" au quotidien par la technologie, offrant dans leurs textes des visions se
situant à des années-lumière du tout-venant mais carburant dans la vraie vie au low-tech.
Un de mes amis auteurs travaille encore avec un vieil ordinateur avec un modem en bois,
et transfère ses fichiers avec une disquette... à la plus grande perplexité de certains
éditeurs qui ne savent plus comment récupérer les données binaires sur
ce type de support archaĂŻque.
Moi-mĂŞme, pourtant chercheur en intelligence artificielle, je me refuse
à des éléments considérés comme "indispensables" à la vie moderne, et je
passe pour un extra-terrestre auprès de ceux qui font ma connaissance.
1) Je n’ai pas de télévision. Moyen d’interactivité nul, on passe trop de
temps Ă regarder des bĂŞtises. Non, la vie est trop courte pour perdre du
temps devant la pub. Aujourd’hui, il est vrai que j’arrive à avoir les chaînes
de la TNT sur mon ordinateur, mais je me limite aux titres des journaux de
20 heures et à de rares émissions enregistrées de temps à autres.
2) Je n’ai pas de voiture. Je suis de l’espèce hyper-urbaine qui vit
avec les transports en commun, ou le roller en cas de grève ou de beaux jours.
J’ai pourtant mon permis avec tous ses points et j’avais une voiture pendant
une dizaine d’années, mais habitant en centre-ville, je prends bus et tramway
pour me déplacer au quotidien, ou train et avion de temps en temps. Je n’ai
jamais beaucoup aimé conduire une voiture, je ne suis pas fan de la vitesse,
et j’ai toujours un bouquin dans la poche ou mon sac. Les transports en commun,
c’est du stress en moins, et du temps de lecture en plus.
3) Je n’ai pas de téléphone portable. Bien sûr, j’ai un téléphone fixe chez moi
et à mon bureau, et je consulte très régulièrement mes courriers électroniques.
Mais quelle idée saugrenue que de faire croire que l’on a besoin d’être contacté
dans l’instant même, à tout moment ? J’avais d’ailleurs écrit une nouvelle au
sujet des téléphones portables, il y a de cela quelques années :
Cellulaire sans en avoir l’air
Ce qui est pratique n’est pas toujours nécessaire... Il faut faire des choix dans la vie. :-)
Mercredi, le 24 janvier 2007
Pourquoi Ă©crire ?
Tous les enfants ont des rĂŞves.
« Et toi, tu veux faire quoi quand tu seras plus grand ? »
Pour moi, ce n’était pas pompier ou policier mais astronaute.
Et un jour, je devais être en maternelle, j’ai compris que ce n’était
peut-être pas une bonne idée. Comme j’avais un joli coup de crayon, il n’y
avait pas de quoi hésiter : je serai dessinateur de BD.
Et ce rêve enfantin m’a poursuivi longtemps. Au collège, je venais
spécialement le samedi à un atelier encadré par mon prof d’arts plastiques,
et j’ai découvert que j’étais aussi attiré par la sculpture.
À la fin du collège, j’avais fait un dossier pour ne pas aller dans le lycée
généraliste qui nous était à tous destiné mais dans un des rares lycées de la
région préparant à un bac "Lettres et Arts". Et un jour,
convocation par le Principal du collège (Mais, qu’ai-je bien pu faire ?),
résultat du jury du lycée à la vue de mon dossier (artistique et scolaire) :
on m’a déconseillé de suivre cette voie. Quoi, n’étais-je pas assez bon en
arts plastiques ? Non, j’étais trop bon dans les autres matières, et en
particulier scientifiques, pour ne développer que le potentiel de création
artistique.
J’ai donc été dans un lycée standard, j’ai suivi une filière scientifique,
fait le bac le plus difficile de l’époque ("Maths-Physiques") et
gardé l’option "dessin" le plus longtemps possible.
Mais... quelque chose en moi me poussait Ă ne pas suivre le troupeau et Ă
m’exprimer, par la plume à défaut des pinceaux ou de l’argile.
J’avais rapporté sur papier une aventure amoureuse de vacances, le
"je" est devenu "il", les quelques pages sont devenues un
chapitre, et le tout a formé un roman de science-fiction au cours de mes
premières années d’étudiant. J’avais 20 ou 21 ans.
Bien entendu, personne n’a accepté de publier cette première oeuvre, et je
comprends bien les éditeurs en l’ayant relu, il y a deux ans : il n’y a rien
à sauver, le style est minable, les idées sont éculées, bref, rien, mais cela
m’avait mis le pied à l’étrier de l’écriture.
L’échec de mon premier manuscrit ne m’avait pas découragé : les idées
s’enchaînaient dans mon esprit pour bâtir la trame d’un nouvel opus,
grandissant avec les années, et particulièrement pendant mon service
militaire où je fis la rencontre de plusieurs personnes intéressantes. Puis
ce fut lors de mes Ă©tudes Ă Paris que je fis la connaissance, Ă travers des
amis d’amis, d’un jeune directeur de collection d’une maison d’éditions.
Ayant lu les premiers chapitres de mon roman en cours d’écriture, il me
proposa de les faire éditer sous la forme d’une première partie, et
cela après avoir procédé à des retouches mineures... Toutefois, le
projet ne vit jamais le jour : la maison-mère décida de supprimer les
nouvelles collections, dont celle de science-fiction.
Je me suis ensuite retrouvé à Lyon pour passer ma thèse. Toujours impliqué
dans les associations Ă©tudiantes en sciences cognitives, j’avais participĂ© Ă
une rencontre-débat sur le thème "science et science-fiction". En
préparant cette rencontre, je fis la connaissance d’un sympathique auteur,
directeur de fanzine et libraire lyonnais : André-François Ruaud, et ses
compères de la
Gang m’adoptèrent. Je
dĂ©couvris grâce Ă mes nouveaux amis de fabuleux auteurs, je m’essayai Ă
la nouvelle, et ce fut entre le moment où je soutins ma thèse et celui où je
fis les dossiers de candidature que j’écrivis avec un ami stéphanois mon
premier texte à être publié professionnellement.
Depuis, j’ai quelques nouvelles de science-fiction et fantastique dans mon
disque dur et sur papier, et un roman (de type thriller) qui n’attend plus
qu’à être accepté par une maison d’édition.
Pourquoi écrire ? Parce qu’on ne peut pas faire autrement !
Lundi, le 22 janvier 2007
Mylène et moi
Je crois que ça a commencé comme ça. Je devais être au collège, dans les
premières années (6ème ou 5ème), et j’avais entendu une chanteuse fredonner
des paroles que je n’avais pu comprendre qu’à l’aide d’un dictionnaire (les mots
"libertine" et "catin" m’avaient ensuite fait rougir).
Un de mes meilleurs amis, plus proche de la "grande ville", avait accès Ă
davantage de chaînes de télévisions (hertziennes, à l’époque, ce devait
être les débuts d’M6) que la télévision familiale, à mon grand désespoir.
Et un jour, il m’a annoncé être tombé sur le clip de la quasi-inconnue
"Mylène Farmer", une curieuse ritournelle illustrée par un mélange de sexe
(les scènes de la baignoire et avec l’amant) et de violence (la bagarre avec la méchante).
Bref, tout pour intriguer les jeunes ados que nous étions. Et c’est sur la frustration
de n’avoir la chance de voir le clip "Libertine" de la flamboyante chanteuse que j’ai
commencé à construire mon admiration pour elle. Premiers albums, premiers concerts,
des clips travaillés comme de véritables petits films par Laurent Boutonnat (seul Michael
Jackson avec "Thriller" faisait aussi bien), des chansons aux sens obscurs qui nous
détournaient de nos problèmes quotidiens d’ados en quête d’identité, des chorégraphies
étranges, des interviews rares, du mystère. Ouais, j’étais fan, sans conteste.
Et depuis ce temps-lĂ ?
Si je n’ai pu voir la belle il y a un an à Bercy, je me suis fait offrir
le DVD du concert, et je suis allé dimanche dernier voir le film de
celui qui nous l’a fait découvrir. "Jacquou de croquant" s’avère être
une très belle épopée périgourdine, avec des acteurs de talent,
le tout filmé par celui qui ne s’est pas laissé abattre par l’échec de "Giorgino",
son opus précédent.
Cerise sur le gâteau : Mylène Farmer chante le générique de fin, "Devant soi".
Respect, Mylène...
Lundi, le 15 janvier 2007
Cerveau en pause
Pas Ă©crit de fiction depuis un mois.
Et ce n’est hélas pas durant le week-end que j’ai pu m’y remettre malgré
toute la bonne volonté du monde : je suis malade.
Pas glop, pas glop.
Lundi, le 1er janvier 2007
Bonne année !
J’espère que vous avez bien fini 2006 (avec toutes les fêtes religieuses ou non)
et bien démarré 2007.
En ce qui me concerne, j’ai fait très fort parce que j’ai commencé l’année
en occupant ma journée avec la partie la plus sympa de mon job qui
me rapporte des sous (parce que je serais mort depuis longtemps si je
ne devais vivre que de mes droits d’auteur ou des ventes de mes sculptures).
Oui, depuis 11h00 du matin, et malgré une très courte nuit, je fais de la recherche scientifique.
Ces dernières années, je ne m’avais pu que trop peu me consacrer à cette activité,
débordé par mes responsabilités administratives ou autres liées à ma fonction, mais là , cette
nouvelle collaboration scientifique avec un chercheur japonais est vraiment
des plus stimulantes. En plus, à la clé, il y a peut-être un voyage en
Californie pour présenter notre travail...
Sinon, parmi les bonnes résolutions prises, je vais essayer de ne
plus mettre de sucre dans mon thĂ© (on m’a offert un guide du «
ThĂ©ophile », vraiment excellent !), je vais
manger un peu plus léger et bio, je vais continuer à aller
régulièrement à la salle de sport (et tenter de retourner à la piscine),
je vais débuter et poursuivre mes projets d’écriture (des nouvelles et un roman), et enfin
je souhaite diversifier mes créations dans le domaine de la sculpture. Voilà , on y croit.
L’année 2006 était vraiment mal partie (ma petite amie d’alors m’avait quitté juste après le
Réveillon que nous avions passé ensemble) et a connu des hauts, certes, mais
quand même pas mal de bas, et donc je suis assez confiant en l’avenir et aux
changements qui se prĂ©parent. À part
ceux-lĂ , bien entendu...
Mardi, le 12 décembre 2006
Partir, revenir
Lundi de la semaine passée, j’étais à Lyon pour écouter mon ami
RĂ©mi chanter du Rossini.
La petite messe solennelle ... Ah ! Un moment d’émotion rare...
Le seul Ă©lĂ©ment un peu pĂ©nible de cette soirĂ©e fut le trajet depuis Saint-Étienne,
avec les trains en grève. L’arrivée dans la Capitale des Gaules ne causa pas de
problème, j’étais tombé par hasard sur l’un des seuls trains disponibles de la
fin d’après-midi, mais le retour fut moins évident, même s’il fut assuré par un car.
Réveil le lendemain avec moins d’heures de sommeil que prévues, matinée à bosser, puis
retour à Lyon pour travailler avec un collègue japonais. Toujours pas de train.
Quant aux cars de remplacement... Ils n’étaient présents qu’au hasard de leurs disponibilités.
Arrivée à Lyon pour ma réunion avec près d’une heure de retard par rapport à l’horaire convenu. Du coup,
la concentration dans le travail fut maximale. Puis la galère pour le retour Ă Saint-Étienne.
À Lyon Part-Dieu, un train est annoncĂ© Ă Perrache. J’ai filĂ© Ă l’autre gare en mĂ©tro
(pas vu de train faisant Lyon Part-Dieu – Lyon-Perrache Ă l’affichage)
et découvert là -bas qu’il n’y avait ni train ni car. Retour à la Part-Dieu. Un TGV
annoncĂ© pour Saint-Étienne. Je n’ai pas de rĂ©servation pour ce type de train,
me suis renseigné auprès d’un agent de la SNCF qui m’a dit d’attendre un autre train devant
normalement partir deux heures plus tard. Je me suis dis qu’il était malade (et grand bien
m’en a pris !) et j’ai pris le train soi-disant Ă grande vitesse – puisqu’il roulait comme un train
ordinaire – pour rentrer Ă la maison. Mais enfin, je suis quand mĂŞme arrivĂ© Ă bon port. Ouf !
Samedi, après avoir transpiré au club de sport, je me suis rendu au centre commercial
faire quelques achats en prévision de mon anniversaire (le 16 décembre).
Panique au moment de payer : impossible de mettre la main sur ma carte bancaire.
Retour chez moi, vérification dans mon portefeuille, rien. J’ai fouillé mon sac de sport,
regardant dans la poche de mon short. Rien. Le gros stress. La diode de mon téléphone
fixe clignotait, indiquant un nouveau message sur mon répondeur. Plein d’espoir, j’ai écouté le message.
La voix du directeur du club de sport. Ouf ! C’était lui qui avait trouvé ma carte bancaire
dans les vestiaires.
J’ai filé à nouveau dans le quartier de
Centre 2 pour récupérer mon précieux
sésame, j’ai poursuivi ma course folle jusqu’au centre commercial pour payer mes commissions. Et j’ai pu souffler...
Sinon, retour Ă Lyon ce vendredi 15/12 au restaurant le Saint-Amour pour la
soirée culturelle, littéraire et festive (à partir de 19 heures).
Il y a plein d’auteurs sympas prévus, et j’y dédicacerai les
Anges
Ă©lectriques !
Lundi, le 27 novembre 2006
Les gamins, parfois c’est mal, parfois c’est bien
Les gamins, quand ils naissent et que des collègues vous laissent tomber parce qu’ils prennent
des congés parentaux, et que du coup vous devez les remplacer et êtes obligés de modifier
tous vos projets, ce n’est vraiment pas cool.
Mais quand les gamins sont présents dans une salle de cinéma où vous vous trouvez aussi avec
un bon copain parce que vous avez gagné des places pour voir
Souris City , c’est quand même bien sympa. Il y en a vraiment pour
tous les âges dans le dernier né des studios
DreamWorks , avec différents niveaux de lecture
(sérieusement, vous croyez qu’un môme saisit l’allusion quand on découvre un cafard lisant
la
Métamorphose de Kafka ?), et il est difficile de résister aux fous rires communicatifs
de la salle et aux applaudissements spontanés. On a beau dire, ça n’a rien à voir comparé
au home cinéma.
Mardi, le 21 novembre 2006
Le week-end de Monsieur Malchance
Jeudi, soirée bien sympa avec chez un couple d’amis... mais le lendemain,
avec un cours à 8h00, pas assez de sommeil et un furieux mal de crâne.
Du coup, je ne suis pas allé au concert de l’
ami chanteur Ă Lyon. Dommage.
Samedi, réveil avec la bizarre impression qu’il fait très frais.
En effet, la chaudière est éteinte, sans possibilité de la rallumer.
Pas moyen d’appeler l’agence logement, le week-end sera ainsi sans
chauffage ni eau chaude. Gasp.
Samedi midi, je me prépare un osso buco. La sauce tomate cuit dans
une casserole, je me retourne un instant et la casserole – en
position instable sur la gazinière – se retrouve par terre,
repeignant d’écarlate tout ce que je possède de meubles, murs et sol
dans un rayon de deux mètres. Zen, je décide de manger ce qui est
encore mangeable avant de me mettre à la corvée nettoyage.
Dimanche matin, les copains avec qui je devais aller voir le
Prestige
(d’après l’excellent roman éponyme de Christopher Priest) au cinéma me
font faux bond. Tant pis pour eux, le film est génial.
Lundi, après m’être douché à l’eau froide, je me mets à mon ordinateur
pour travailler un peu avant de partir au boulot. Coupure net d’électricité.
Je sors de mon appartement. Des électriciens me disent que c’est normal,
qu’ils avaient prévenu les locataires par affiche, mais l’affiche en
question a été ôtée par d’autres ouvriers s’occupant de la nouvelle
boutique d’en bas.
Au bureau, j’envoie un petit courrier électronique à une amie pour
lui rappeler que je fĂŞte mon anniversaire bientĂ´t et que son compagnon et
elle sont invités. Une heure plus tard, je reçois une réponse
laconique de sa part m’indiquant que son petit ami est décédé
vendredi et que l’enterrement aura lieu jeudi. Stupeur face Ă
l’horreur de la situation. Se trouver bien coup d’avoir mis aussi
sauvagement les pieds dans le plat. Mes petits problèmes du week-end sont
soudain si dérisoires...
Mercredi, le 15 novembre 2006
Top chrono, boulot, c’en est fini du dodo !
Le chrono est lancĂ©. Dans un mois, ce sera mon anniversaire, et d’ici lĂ
j’aurai envoyé le tapuscrit de mon roman à un éditeur
(au futur antérieur, pas au conditionnel, je ne me laisse pas
d’échappatoire).
Parce que, il faut se le dire, je vieillis. Si, si. La gentille dame
qui organisait les ateliers d’écriture auxquels je participais il
y a deux-trois ans ne m’avait pas reconnu, du moins pas avant que je
n’ôte mes lunettes de soleil (qu’elle avait d’ailleurs dans les yeux...
le soleil, pas les lunettes !).
Samedi dernier, au salon du livre de Lyon, j’ai eu l’occasion de revoir
Sire CĂ©dric ,
auteur aussi sympathique que ses textes fantastiques sont horrifiques,
rencontré lui aussi il y a trois ans de cela lors d’une convention
de science-fiction. Entre temps, le garçon a publié d’intéressants
recueil et roman fantastiques et prend l’apparence d’un vampire
lorsqu’il dédicace ses écrits.
Enfin, après ce passage décisif à la Poste, l’esprit libéré de mon roman,
pas de temps pour le
baby blues : les projets ne manquent pas.
Avec mon compère
Jean-Jacques , nous reprendrons la suite des aventures
du
professeur Challenger dans l’univers
steampunk
que nous avions Ă©laborĂ© dans « Quand s’envoleront ma vie
et ma conscience... », notre première nouvelle en commun
parue il y a – lĂ aussi ! – trois ans.
Samedi, le 4 novembre 2006
Carcasse royale
Me voilĂ de retour de mon escapade bordelaise. De ce court
séjour dans l’ancienne capitale de Guyenne, je retiendrai
le temps encore clément malgré la fin du curieux été indien
arrivé un peu plus tôt dans l’Hexagone, la présence des
Anges Ă©lectriques Ă la Fnac mais pas
chez Virgin, le charme des musées des beaux-arts et d’art contemporain (des pièces
intéressantes, mais certaines expositions n’avaient pu être présentées,
aussi ces musées étaient-ils gratuits), ainsi qu’un plat dont le nom
est tout un poème : « la carcasse royale ».
Deux jours après Halloween, ce menu avait une saveur curieuse. Je pensais
d’abord à un gag, mais vu le prix affiché, cette possibilité était à écarter.
Mon choix de déjeuner fut donc tout trouvé. Comme ça, au pif.
Et grand bien m’en prit !
La surprise fut en effet excellente : dans une grande assiette
se trouvait la carcasse d’un canard auquel ne pendait plus que
quelques magrets, des pommes de terre et des cèpes avaient remplacés
les entrailles de la bête, le tout était accompagné de foies gras poêlés,
manchons et gésiers sur un lit de salade... Un véritable festival !
(Remarquez d’ailleurs que cela rime opportunĂ©ment avec « rĂ©gal ».)
Lundi, le 9 octobre 2006
La fĂŞte des pieds et des rollers
Vendredi dernier, Ă Saint-Étienne, aurait dĂ» se dĂ©rouler la
grande fête liée à l’inauguration de la
nouvelle ligne de tramway. Eh bien, c’était
loupé . Les
conducteurs de bus et tramway ont fait la grève.
Après plus d’un an de travaux qui ont défiguré la ville
et causé bien du souci au quotidien, c’était vraiment vache...
Bien entendu, après l’annonce des préavis, j’avais anticipé
ces mouvements sociaux : je me suis levé un peu plus
tĂ´t et je me suis rendu sur mon lieu de travail en roller,
sur des chemins mal éclairés, au revêtement parfois traître,
mais heureusement encore praticables (il n’y avait ni pluie
ni feuilles mortes).
Après le déjeuner, le retour de ma petite université sur la colline
s’est fait très rapidement, tout schuss sur mes rollers, et j’ai rejoint
mon laboratoire en empruntant la voie des tramways restés
exceptionnellement au dépôt.
La fête eut quand même lieu (je me souviens avoir assisté à un spectacle de
percutions), ne rencontrant qu’un succès mitigé
en raison des circonstances (une inauguration de ligne de tramway sans
tramway, ça ne le fait pas vraiment)... et la grève se prolongea
durant tout le week-end. Pas glop, tout ça...
Mercredi, le 6 septembre 2006
C’est la rentrée
Même si je suis retourné travailler à mon labo depuis deux semaines, ce n’est qu’à partir de lundi
qu’a eu lieu la rentrée des différentes promotions d’étudiants, et je n’ai donné mon premier
cours de l’année que cet après-midi : plus de 200 étudiants dans mon amphi.
Et de l’autre côté de la barrière ?
Certains
ont des visions cauchemardesques de leur scolarité, d’
autres se souviennent surtout du cĂ´tĂ© « chacal » des annĂ©es collège,
mais moi, bizarrement, je n’ai pas de si mauvais souvenirs que cela, peut-être faut-il accuser ma mémoire d’être
optimistiquement sélective...
Le week-end dernier, j’ai accueilli mes parents qui faisaient Ă©tape Ă Saint-Étienne dans leur
traversée de la France, et ces derniers sont venus chargés de légumes du jardin (potirons,
tomates, courgettes, concombres...), de confitures, mais aussi d’un gros carton étiqueté
« affaires scolaires Fabrice ». Et lĂ , en ressortant ces feuilles volantes
et ces cahiers oubliés depuis des années, grosse plongée dans le passé.
Comment imaginer que l’auteur de ces croquis qui se détachaient à peine des gribouillis
allait plus tard faire des dessins si jolis qu’il pensait – jusqu’à la
fin de la troisième – se destiner au mĂ©tier de la bande dessinĂ©e ?
Est-ce que le professeur de français de première qui mettait des mauvaises notes
Ă ceux qui choisissaient la dissertation au lieu du commentaire composĂ© – sous
prĂ©texte qu’ils Ă©taient dans une filière scientifique – se doutait qu’un jour
l’un d’entre eux
publierait des articles et nouvelles... avant peut-ĂŞtre un roman ?
Ce n’est pas simple d’être un élève, c’est encore moins simple d’être prof,
mais nul n’a jamais prétendu que la vie était simple...
Mercredi, le 23 aoűt 2006
Trop cool !
Ne plus prendre de douche, ne plus se brosser les dents,
laisser traîner la vaisselle sale dans l’évier...
Il y a quelques jours, j’ai failli me transformer
en crasseux garnement. La raison de cela : la malheureuse
voisine du rez-de-chaussée
avait fait couper l’alimentation en eau dans tout l’immeuble afin
de ne pas voir son appartement détruit par l’eau coulant du plafond
et s’infiltrant aussi par le sol.
A priori, le plombier a pu régler le problème depuis, mais pendant une
soirée et une matinée, j’ai pu me rendre compte de l’importance de
cette ressource précieuse qu’est l’eau au quotidien, en utilisant
avec parcimonie les réserves que j’avais dans quelques bouteilles.
Mais pas de tout envie de revivre cette pénible expérience.
Vendredi, le 11 aoűt 2006
Les trains qui sillonnent la France
Me voici de retour de Gironde où j’ai passé quelques jours chez
Francis Valéry
qui organisait une petite fête à l’occasion de son anniversaire. Moment bien agréable
dans une charmante demeure sise dans les CĂ´tes de Blaye en compagnie
d’autres artistes, auteurs, musiciens, illustrateurs, gens du théâtre...
Prendre le train Lyon-Bordeaux, c’est un peu partir en expédition. Roanne, St-Germain-des-Fossés,
Gannat, Commentry, Montluçon, Guéret, St-Sulpice-Laurière, Limoges, Thiviers,
PĂ©rigueux, Coutras, Libourne... Il faut savoir
s’occuper entre la fin de la matinée et le début de la soirée, des heures suffisantes
pour terminer un roman de taille ordinaire (pour moi, ce fut
l’Alchimiste
de Paulo Coelho), pour Ă©crire, voir du paysage ou faire de drĂ´le de rencontres.
À l’aller,
une espèce d’ogre m’a tenu compagnie pendant près d’une heure. Sans préambule ni quelconque
signe d’encouragement de ma
part, l’animal s’est aussitôt mis à se raconter, et très fort,
Ă©tant devenu dur de la feuille. Ancien de la SNCF, il avait, dans sa jeunesse,
alimenté en charbon des locomotives, sept tonnes aller, sept tonnes retour,
et ce travail de force l’amenait à se restaurer
d’une omelette faite de trois douzaines d’œufs...
Il m’a parlĂ© de ses collègues – dont il
s’efforçait de retrouver le nom de chacun – et de leurs petites mĂ©chancetĂ©s,
des matchs de foot qu’il arbitrait, de la mémorable finale de district
Ă
la Souterraine ,
de la fanfare oĂą il jouait du saxophone...
Le marque-page posé dans mon livre, je l’ai laissé évoqué les petits riens qui faisaient
sa vie, alors que dans le wagon, vu la corpulence et les décibels du compagnon de
voyage, on ne voyait et n’entendait que nous... (Enfin, surtout lui.)
Avec du recul, je me dis que si j’avais été psy, je crois que je me serais fait payer.
Sans transition. Demain, cela fera un mois que
ça a commencé. Ne
les oublions pas.
Jeudi, le 3 aoűt 2006
Sun and tonic
Je suis de ceux qui craignent les beaux jours. Alors que les nuits et les jupes
des filles deviennent plus courtes, je cache mes yeux derrières des lunettes
noires et je passe pour un extraterrestre en persistant
à me promener en pantalon et veste. Au cours du mois de mai, j’étais allé faire une
journée de marche en montagne avec des amis, et malgré ma casquette, de l’écran
total 50+XXL et un léger pull à manche longue, je me suis retrouvé avec des méchants
coups de soleil sur les mains, le visage, les oreilles et la nuque.
Vous imaginez mon angoisse avant de partir une semaine en Tunisie faire de la plongée sous-marine...
Eh bien, je suis revenu de mon séjour en Méditerranée avec un joli hâle après avoir
suivi le traitement que m’avait indiqué mon médecin... à base de
quinine . Ben ouais,
son usage n’est pas réservé au traitement du seul paludisme. Si comme moi vous êtes
du type blond aux yeux bleu clair, avant de partir au soleil, demandez conseil Ă votre
médecin...
Sinon, demain, je reprends le train pour aller du côté de Bordeaux voir l’ami
Francis Valéry .
Enfin, ce n’est pas parce que ce sont les vacances qu’il faut oublier
ceux qui sont lĂ -bas .
Lundi, le 24 juillet 2006
La flambée de l’immobilier
Au mois de décembre dernier, je me posais la question de savoir si j’allais
ou non acheter l’appartement que j’occupais alors en location
et que mes propriétaires souhaitaient vendre. J’exerce un métier
stable, le loft me plaisait, mais le prix me semblait excessif,
l’appartement nécessitait un grand nombre de travaux pour le
transformer en un duplex intéressant et, surtout,
j’éprouvais des réticences à m’attacher de manière définitive
Ă des murs.
Pourtant, dans mon entourage, toutes les personnes dans ma situation
franchissaient le cap et
se décidaient à devenir propriétaire en regrettant souvent de
ne pas s’être décidées plus tôt.
Las, je m’étais séparé de ma petite amie, et ces projets ne
convenaient plus à mon statut de célibataire. Je me suis donc
mis à la recherche d’un nouvel appartement à louer...
Quelques semaines plus tard, en arpentant les rues d’une très jolie
ville portuaire de Méditerranée, je discutais avec un de mes collègues
et lui faisais remarquer le nombre important d’immeubles qui s’y
construisaient. Il m’expliqua qu’avec la flambée des cours de
l’immobilier depuis des années, le moyen le plus simple de faire
fortune était d’acheter un terrain, d’attendre un peu et de le
revendre ensuite avec une plus-value extraordinaire ou, mieux
encore financièrement, de bâtir une résidence revendue ensuite appartement
par appartement. Il suffisait d’avoir l’apport financier nécessaire,
et, ajouta-t-il dans un soupir, c’est ce qui lui manquait.
La flambée d’aujourd’hui, elle n’est plus due aux promoteurs mais
aux missiles. Cette ville, c’était
Tripoli . Ce pays, le
Liban .
Juste avant de partir en vacances, ironie du sort, j’ai appris que la
RĂ©gion
venait d’accepter nos demandes de financement pour aller refaire pour l’année
2006-2007 des missions d’enseignement. Comme
lui et
d’autres, n’oubliez-pas ceux qui sont là -bas. S’il vous plaît.
Mercredi, le 19 juillet 2006
Pour voir
Alors que s’embrasent les États du Levant où se trouvent certains de
mes collègues et étudiants, je n’ai que le courrier électronique
qui me relie Ă eux pour avoir une vision « de
l’intĂ©rieur » de la situation.
Le cèdre que j’ai ramené de là -bas se meurt (bien que Stéphanois, je
n’ai peut-être pas la main verte) et je me rends compte soudain que
l’autre bout de la Méditerranée est situé vraiment très loin de la France.
Vivement les vacances. Ironie, c’est bien sur les terres puniques que je vais partir
la semaine prochaine, or ce sont des Phéniciens partis de
l’actuel Liban qui avaient fondé la civilisation carthaginoise...
Est-ce que ces quelques jours me permettront de fermer les yeux sur le monde ?
Je suis myope. De ma famille, je suis sans doute celui qui a la
meilleure vue (enfin, « j’étais », car
mon frère cadet s’est fait opéré des yeux
au laser la semaine dernière) mais j’ai quand même besoin de lunettes
pour voir de loin, c’est-à -dire quand je conduis (ce qui m’arrive deux
fois par an) ou quand j’assiste à un spectacle (cela est plus fréquent,
heureusement). Dans les eaux tunisiennes,
je vais faire de la plongée sous-marine, aussi me suis-je fait faire
un masque dont les verres corrigent ma myopie. Je pourrai ainsi
me baigner et voir, car le site est réputé pour cela,
de nombreux
mérous , poissons qu’appréciés des
amateurs de calembours parce qu’ils produisent de la laine et des vents.
Dimanche, le 2 juillet 2006
Allô Docteur ? C’est la Noiraude
Cette semaine, mon ancienne Université m’a fait parvenir mon
diplĂ´me de doctorat. Ouais, cela fait trois ans et demi que
j’ai soutenu ma thèse, mais le diplôme officiel n’a été
imprimé que l’an dernier, et ce document avait été égaré
quelque part entre la Faculté, les Archives et le Service du Troisième
Cycle.
C’est finalement une nouvelle personne qui, en remplaçant une autre
(vraisemblablement incompétente) au Service de la Recherche,
a repris mon dossier (une liste de demandes postales
et électroniques, sans compter tous mes coups de téléphone,
je crois qu’on peut appeler ça un « dossier »)
et a découvert le précieux papier cartonné.
Un petit message de la part de cette brave dame laissé
sur mon répondeur téléphonique, je la rappelle pour lui
confirmer l’adresse, et je reçois avec joie un avis du
facteur m’indiquant d’aller chercher ma lettre recommandée.
Voilà , c’est officiel, c’est marqué dessus : je suis docteur en informatique...
même si j’exerce mon métier d’enseignant-chercheur depuis pas
mal d’années, du moins déjà trois en tant que fonctionnaire.
Mais bon, qui dit docteur en informatique, pour tout un
chacun, dit aussi spécialiste de tout ce qui touche de près
ou de loin aux ordinateurs. J’ai beau préciser que mon
domaine, c’est à la fois l’intelligence artificielle, la
fouille de données et les sciences cognitives, cela n’empêche pas les gens
de mon entourage – amis et famille – de m’appeler au secours
lorsqu’ils sont perdus devant leur écran, clavier et souris.
On va dire que c’est la rançon du succès.
Et il y a des cas qui mettent les nerfs Ă
rude épreuve, même si je n’ai jamais eu l’occasion de dépanner
quelqu’un d’aussi nul que ce pauvre monsieur .
Ceci dit, j’ai parfois l’impression d’être le vétérinaire
de la Noiraude (si vos souvenirs sont lointains, je vous invite
Ă voir ou revoir
cette vidéo ou
celle-ci ) et je me demande
si mon diplôme le plus utile n’est finalement pas plutôt
ma licence de psychologie...
Lundi, le 26 juin 2006
DĂ©crochage local
Argh, je ne parviens plus à alimenter régulièrement mon weblog.
Pourtant, j’ai à nouveau l’ADSL à la maison, et j’écris depuis
un tout nouvel ordinateur. Mais ça doit être aussi ça : ma
machine est dotée de tout un tas de trucs dernier cri dont un
bidule qui permet d’avoir (et de voir) la
TNT .
Or la télévision, tout comme la voiture et le téléphone portable,
est un accessoire de la vie moderne dont j’ai toujours réussi
à me passer jusqu’à aujourd’hui. Cependant, je suis resté un gamin,
et lĂ , c’était comme le lendemain de NoĂ«l, des heures Ă
passer en revue les chaînes télévisées jusqu’à me rendre compte
que, malgré la qualité numérique, malgré le nombre conséquent
de chaînes (chez mes parents, on pouvait voir les six chaînes
nationales plus trois chaînes allemandes), je crois
en avoir fait le tour : rien de bien neuf sous le soleil.
En plus, j’ai de la chance : il y a du football à la télé,
donc rien qui puisse attirer mon attention devant l’écran
en ce moment, n’éprouvant aucun intérêt pour le ballon rond.
Enfin, voilà , il n’y a pas eu que des plongées dans le virtuel car ces derniers
jours ont quand même été l’occasion de voir des copains auteurs.
Tout d’abord, il y a déjà trois semaines de cela, l’ami
Francis Valéry était de passage
Ă Saint-Étienne. Francis, avec qui, en compagnie de
Jiji , nous avions dîné
dans une crêperie qui fait d’excellente
râpées , a parlé de tout et de rien, et de son
nouveau bouquin
Chroniques du Premier Ă‚ge ,
mais peut-être avec un peu moins de cohérence que lorsque nous
étions chez moi pour prendre l’apéritif et qu’il y avait encore
des bouteilles de Soho et de Malibu dans mon réfrigérateur.
Francis, bien que grand amateur de whiskies, s’est avéré être
aussi un véritable exterminateur de mes alcools de filles.
Et puis, vendredi dernier, à Lyon, j’étais dans un bar de la Croix-Rousse pour
fĂŞter le lancement des
Minuscules Flocons de Neige depuis Dix Minutes de
David Calvo .
Cadre sympa, un peu techno-branchouille, et même si je n’ai pas eu
l’occasion de vraiment discuter avec David car pas mal de monde voulaient lui parler
(pas grave, nous avions déjà eu l’occasion de parler autour d’une pizza
quelques jours plus tĂ´t chez
André-François Ruaud ), j’en ai profité pour entamer
la discussion avec le sympathique
Markus
Leicht dont je viens de découvrir le
blog .
Jeudi, le 15 juin 2006
Sur de bonnes bases
Ah, enfin, j’ai à nouveau Internet à la maison !
Il fait beau, je profite du soleil (mais à l’ombre, vu que j’ai
une fâcheuse tendance à me transformer trop vite en homard).
Le festival de la semaine dernière (Fest’Uval Jean Mon’Arts,
au château de Saint-Victor-sur-Loire) a remporté un franc succès.
J’ai bien aimé les concerts
(qu’ils aient été de musique chorale, jazz ou rock),
la danse (modern jazz) ou le théâtre (avec une petite
préférence pour les pièces des
Amis en scène
et de la
Compagnie Navaja avec son « Navaja Circus »).
Et puis, bien entendu, il y avait une exposition. Me voilĂ devant la vitrine
prĂ©sentant quatre de mes sculptures : « Alter-Ă©goĂŻsme »,
en haut ; le « Don », au milieu, Ă gauche ;
le « Masque du DĂ©mon » au milieu, Ă droite ;
« l’Ange contemplatif » en bas.
Si j’ai une tête étrange, c’est que je me
suis
photoshopé en Fantomas pour qu’on ne puisse pas me reconnaître...
mais vous ne me distinguerez pas mieux
sur les autres photographies que l’on peut trouver de moi sur Internet, par
exemple parmi
les
auteurs de SF sur le site des
Pages Françaises de Science-Fiction .
Lundi, le 29 mai 2006
Bien dans le réel, moins dans le virtuel
Ça y est. Enfin, presque... Quel soulagement d’avoir pu
vider le dernier carton du déménagement ! Maintenant, mon
appartement a désormais une allure à peu près convenable. Les
derniers meubles m’ont été livrés ces derniers jours, j’en ai installé
une partie avec l’aide d’un
copain ,
le reste tout seul par la suite (je suis à présent un roi du tournevis,
du marteau et de la perceuse), et maintenant que j’ai une grande
armoire et une nouvelle bibliothèque, j’ai pu m’acheter des
fringues... et je vais à nouveau pouvoir m’offrir des livres.
Mouais...
Il n’empêche que, plus de deux mois et demi après ma nouvelle
installation dans ce logement, je n’ai toujours pas Internet
(enfin, l’ADSL). Et comme plein de contribuables de notre beau
pays, j’ai choisi la télédéclaration des revenus. Mmmmmm...
Faudrait quand même que je puisse me connecter très prochainement
sur le sites des impôts.gouv.freu, sinon, ça va pas l’faire.
À part ça, sachez que je vais prĂ©senter mes dernières
sculptures lors de l’exposition organisée pendant le Fest’Uval
Jean Mon’Arts, au château de Saint-Victor-sur-Loire, à quelques
kilomètres de Saint-Étienne.
Mercredi, le 17 mai 2006
Coups doubles et pelote de liens
Ça commence toujours par des picotements dans la gorge. Puis
apparaît la toux. Et viennent les éternuements, le besoin de se
moucher sans arrêt et la fièvre. Enfin, depuis hier, j’ai beaucoup de
mal à m’exprimer... ma voix a perdu une octave... et je ne peux dire que
quelques mots Ă la Barry White (
oh, baby, you’re so sexy ) avant d’être
aphone.
Mais s’il n’y avait que ça...
Dimanche, je suis allé faire une petite balade en montagne avec
des amis, entre la Haute-Loire et l’Ardèche. Pas un temps super
génial, j’avais un pull, mais j’ai quand même mis mes lunettes
de soleil et ma casquette. Heureusement. J’en suis revenu avec des
coups de soleil sur le visage, les oreilles, la nuque, les mains...
À croire que j’avais passĂ© toute une semaine Ă faire du ski.
Lundi, je suis allé à Lyon pour mon boulot, mais j’en ai aussi profité pour
voir des amis, dont le
gars
qui cause dans le
poste , je lui ai montré des liens sympas, tels
que
comment retrouver une musique par son rythme ou
trouver une image en dessinant . J’aurais aussi pu lui
montré
Google Earth , que l’on peut maintenant avoir aussi bien
sur un PC sous
Windows que sous
Macintosh ,
ou
Google Moon (zoomez au max, pour voir),
le
Montage-a-Google ,
la recherche d’un article encyclopédique sur
Wikipedia ou
la création de posters à partir d’images avec
Rasterbator ...
Bon, c’était facile, j’avais participé le samedi après-midi à l’animation de la
Vogue
du Net , un événement grand public dédié à l’internet.
Lundi, le 8 mai 2006
Vivement l’école, qu’on puisse dormir...
La semaine dernière, je suis parti en conférences.
Cela avait commencé sur les chapeaux de roues. Le matin même,
c’était déjà la course pour aller dans un magasin d’électroménager
afin de leur rapporter les enceintes de mon ordinateur...
elles n’émettaient plus qu’un horrible grésillement
et, comme par hasard, la garantie allait s’arrêter deux jours plus tard.
Voilà un imprévu dont on se passerait volontiers.
À la gare, j’ai retrouvĂ© mon co-auteur. Vu son âge, il pourrait
être mon père, et c’est cependant un vrai gamin... Depuis deux semaines,
il est un jeune papa, son épouse ayant accouché de jumeaux.
Pas le temps de souffler.
Même le petit temps d’attente à la gare de Lyon Part-Dieu était
mis à profit pour retrouver un copain. Durant le trajet jusqu’au grand Ouest
en TGV, mon collègue et moi avions mis une dernière touche à notre présentation.
Nous sommes arrivés à destination à 20h31 précises, sans une minute de retard, hélas
ce n’était pas suffisant pour attraper le dernier bus dont le départ était
prĂ©vu Ă 20h15... Tant pis, nous avons fait rouler nos valises jusqu’Ă
l’hôtel en passant par des endroits étonnamment champêtres
(il faudrait un jour que les fabricants de valises pensent
Ă Ă©quiper leurs produits de roulettes 4x4).
La conférence a rassemblé des grands chercheurs de mon domaine
– c’est toujours Ă la fois curieux
et très plaisant de voir en vrai des personnes que l’on
a Ă©tudiĂ© Ă l’UniversitĂ© –, j’ai retrouvĂ© un copain
qui avait vĂ©cu pendant deux ans Ă Saint-Étienne,
j’ai fait plein de connaissances sympathiques, j’ai très
bien mangé (dans un restaurant gastronomique, j’ai choisi
en entrée un flan de tourteau au coulis de chorizo, suivi
de selle et ris d’agneau, un régal !), je suis même
allé en discothèque avec d’autres conférenciers, bref, ce
fut un de ces grands moments de stimulation intellectuelle
qui me fait adorer mon métier.
Samedi, le 29 avril 2006
Vous avez bien dit... « vacances » ?
Théoriquement, la semaine qui vient de s’achever était une semaine de vacances.
Mais bon, ça, c’est la théorie.
En pratique, je n’ai sans doute jamais autant donné d’heures de cours
dans ma vie d’enseignant-chercheur que cette semaine-là : il fallait bien rattraper
les heures qui étaient prévues durant la période de blocage de
l’Université (le blocage lié au retrait du CPE, vous vous rappelez ?)
Et hier matin, j’ai enfin pu endosser l’autre casquette de mon métier :
je suis allé chez un copain avec qui j’ai écrit un article scientifique
pour terminer la présentation que nous allons en faire à une conférence
oĂą nous irons la semaine prochaine. Joie !
C’était sans compter la réception du message électronique
– mais nĂ©anmoins affolĂ© ! –
du directeur de mon labo qui, de l’autre bout de la Terre, m’a demandé de
lui faire parvenir une fusion de différents fichiers rédigés par les membres de notre
Ă©quipe et nos partenaires sur un gros projet de recherche. Retour en
urgence à mon bureau dans l’après-midi pour effectuer le travail
demandé, j’en ai profité pour rajouter un joli paragraphe
sur les sciences cognitives, et, lorsque la nuit s’est mis à tomber,
j’en avais fini avec tout ça aussi ai-je pu envoyer mes fichiers par e-mail
avant d’éteindre mon ordinateur, fermer la porte de mon bureau, brancher
l’alarme, fermer la porte de mon laboratoire, quitter l’Université
et arriver devant l’arrêt de bus... Sauf qu’il n’y avait plus
de bus à cette heure (à moins d’aimer patienter une demi-heure dans
le noir dans un quartier pas vraiment accueillant).
Bilan des courses : retour Ă pied (entre 45 minutes et
une heure de marche, avec des nouvelles chaussures, argh),
mon sac sur le dos chargé de mon ordinateur portable
(heureusement mon sac – nouveau, lui-aussi –
est bien plus pratique et agréable à porter que l’ancien), avec
ma légère chemise et ma veste printanière ne me protégeant guère de
la fraîcheur nocturne...
Bon, à vrai dire, on s’est fout : ce sont les vacances, non ?
Dimanche, le 23 avril 2006
En vitesse
M’énerve... Mises à jour limitées ces derniers
temps parce que cela fait un mois que j’ai déménagé et
que je ne peux toujours pas avoir accès à l’ADSL ;
France Telecom et mon fournisseur d’accès Internet se
revoient la balle. Par contre, j’ai réussi
à installer l’ADSL chez un de mes meilleurs amis, pourtant ce
n’était pas gagné avec un identifiant et un mot de passe de
chez Cegetruc alors qu’il avait un modem avec un kit Wanachose.
Le soleil brille enfin. Le printemps semble bien installé. Première
sortie roller tout à l’heure... Arbres en fleurs. Du bonheur. (Oh,
ça rime !) Mon genou (blessé par une entorse
l’an dernier) s’est bien remis, le fait de le laisser se reposer
et de ne pas aller skier n’a donc pas été vain.
Les quelques pentes que je descends en roller Ă Saint-Étienne
ne sont pas les pistes noires des Alpes... et c’est tant mieux,
avec la circulation et les obstacles de la vie citadine,
ce serait autrement du suicide.
Dimanche, le 2 avril 2006
Dans mes nouveaux murs
Mes cartons se vident les uns après les autres dans les meubles que j’installe.
Mes sculptures reprennent leur place et, peu Ă peu, mon univers se reconstruit.
Le soleil refait son apparition, la nature se réveille,
des vies comme la mienne connaissent un printemps composé de retrouvailles,
de rencontres et de bonnes nouvelles.
Hors de mes nouveaux murs plane une odeur mêlée de
douceur, d’espoir et... de lutte sociale.
Lundi, le 27 mars 2006
Avec des murs
Ça y est, j’ai enfin dĂ©mĂ©nagĂ©. J’ai quittĂ© mon petit loft pour un
appartement plus jeune et plus fonctionnel. Des allers et retours sans
nombre jusqu’à mon ancien quatrième étage sans ascenseur avec des gros
sacs... c’est fou ce que l’on peut accumuler comme affaires sans être
pourtant le moins du monde matérialiste.
C’est en déménageant que j’ai découvert que j’avais de gentils voisins ;
dommage, trop tard pour sympathiser.
Pour accéder à mon nouvel appartement, c’est curieux, il faut traverser un
miroir comme dans le monde merveilleux d’Alice.
Autre curiosité, les chiffres significatifs d’identification de mon compteur
gaz sont 6, 6 et 6.
À part ça, j’éprouve encore quelques difficultĂ©s Ă vivre parmi les cartons
dans l’attente de l’achat de nouveaux meubles, et surtout ma chaudière mal réglée
s’arrête presque toutes les nuits, ce qui rend mes réveils dans la fraîcheur
des matins sans chauffage, et avec des douches sans eau chaude, des plus
désagréables...
Lundi, le 20 mars 2006
Ma vie est un roman : 5. Autour de la Méditerranée
Ici, l’
incipit place directement
le roman dans son contexte. Il s’agit d’un livre que je n’ai pas
encore lu mais qui est sur le haut de la pile de ceux que je devrais lire.
Pour l’instant, je n’ai pas encore été convaincu par cet auteur classique
car la lecture d’un de ses romans, étudié en
classe de seconde, m’avait été si fastidieuse que je ne l’avais pas
achevé, événement qui ne m’était jamais arrivé auparavant.
Maintenant que j’ai deux fois l’âge que j’avais en seconde, je pense que
je serais sans doute un peu plus résistant et que je pourrais
à nouveau m’intéresser au sort de cette infortunée
mariée à un insignifiant médecin de province.
C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.
Aujourd’hui, de l’antique cité, il ne reste que des ruines, mais un peu
d’imagination permet de se donner une idée de la grandeur d’un peuple
qui a failli terrasser Rome. Je suis en ce moment en train de terminer
la
Dame des abeilles de Thomas Burnett Swann qui se déroule au temps
mythique de la construction de la cité, dans l’alliance des troupes de
Didon la phĂ©nicienne (l’actuel Liban) et d’ÉnĂ©e, rescapĂ©e de la
destruction de Troie (dans l’actuelle Turquie) par les Grecs après des années
de siège. Les bords de la mer Méditerranée ont vu naître
et mourir des villes, des royaumes, des nations, des religions et des civilisations
dont nous sommes héritiers. Même si je n’ai rien de très méditerranéen,
du moins dans mon physique, j’ai toujours été fasciné par cette mer, que ce soit
depuis le sud de l’Europe, le Proche-Orient ou le Maghreb, mon mode de
pensée est un cartésianisme latin métissé, et mes grandes amours puisent leurs
racines en Afrique du Nord ou en Italie...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur
ici .
Dimanche, le 5 mars 2006
Ma vie est un roman : 4. Déménagement
L’
incipit de la semaine n’est pas très caractéristique du roman. Il
faut attendre la troisième phrase pour voir apparaître le nom du héros,
la quatrième pour supposer qu’il s’agit de science-fiction et la cinquième
phrase pour ressentir un certain malaise. Le titre est une date.
C’était une journée d’avril froide et claire.
Je ne sais
si la fin de l’hiver sera froide mais je me trouverai
Ă ce moment-lĂ dans mon nouvel appartement. Il est un peu
moins clair que le loft que j’occupe encore jusqu’à la fin
du mois de mars et il a sans doute un peu moins de charme
(mon appartement actuel a un haut plafond, des murs recouverts de
chaux vénitienne , du parquet à bâtons rompus
et de grandes fenêtres donnant sur une bonne partie du ciel depuis le quatrième étage), pourtant
je sens que je vais me plaire dans cet espace plus grand et plus fonctionnel, avec
son chouette salon et ses pièces qui deviendront ma chambre, mon bureau-bibliothèque et mon atelier
de sculpture. Je vais avoir les clés dans dix jours et j’aurai
deux semaines pour déménager...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur
ici .
Samedi, le 25 février 2006
Ma vie est un roman : 3. Salut bisamme, ich bin a Elsasser
L’
incipit du jour (ou de la semaine) est celui des
Particules élémentaires de Michel Houellebecq...
Ce livre est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut
la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant
la seconde moitié du XXe siècle.
Étant nĂ© au cours des annĂ©es
soixante-dix, j’espère quand même vivre bien davantage dans le siècle suivant, le
XXI
e ... Je suis né à Strasbourg, l’une des trois capitales
européennes. J’ai passé presque toutes mes premières années (jusqu’à la
moitié des années quatre-vingt dix) en Alsace avant de m’établir en
région Rhône-Alpes.
Bien qu’étant né de parents originaires d’Alsace et ayant un patronyme germanique, je
ne connais que des bribes du dialecte
alsacien , je n’ai jamais réellement eu l’accent régional (qui n’est
finalement pas pire que l’accent stéphanois, ch’ti ou méridional) et je n’apprécie
que très peu le folklore alsacien. Cependant, je reste fidèle à mon tempérament alsacien
par plusieurs caractéristiques dont l’intérêt pour les autres cultures
(Strasbourg est une accueillante cité carrefour au sein de l’Europe,
son nom signifie d’ailleurs « la ville des routes »)
et le goût de la bonne chère (la nourriture y est peut-être un peu trop
riche mais succulente et convient bien Ă la rigueur des hivers alsaciens).
Seulement, jusqu’il y a peu, je n’avais pas encore réussi à faire un
kouglof , cette brioche
caractéristique de ma région natale dont il y a autant de recettes que
d’orthographes possibles...
Eh bien, voilà qui est chose arrangée depuis hier :
Après plusieurs essais malheureux dus à un mélange imparfait de la
pâte, une levure mal utilisée, ou d’autres petits problèmes de préparation,
j’ai enfin réussi à faire
mon kouglof. Délicieux au petit déjeuner,
Ă dĂ©guster nature ou avec cette fameuse pâte Ă tartiner au chocolat et Ă
la noisette... Il y a de l’Alsace ce matin dans mon chez-moi de Saint-Étienne.
Lundi, le 20 février 2006
Grand et mince ?
Je viens d’apprendre que je mesure un centimètre de plus que la
moyenne nationale des hommes adultes... et que je pèse quelques kilogrammes
de moins.
Ah, quand mĂŞme.
Samedi, le 18 février 2006
Ma vie est un roman : 2. les séparations
Nouvel
incipit pour me raconter, celui de
La Nuit des Temps de
René Barjavel , un livre qui m’avait
boulversé aux premiers moments de mon adolescence...
Ma bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t’ai laissée
là -bas au fond du monde, j’ai regagné ma chambre d’homme de
la ville avec ses meubles familiers sur lesquels j’ai si
souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses livres
qui m’ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi
mon enfance et où, cette nuit, j’ai cherché en vain le sommeil.
Ce n’est jamais simple de perdre celle que l’on aimait. Lorsqu’une
histoire d’amour se meurt, on regarde l’autre avec incompréhension,
on se demande pourquoi on l’a aimé, ou on ne parvient pas à comprendre pourquoi
l’autre nous aime encore. Parfois, quand on comprend et accepte
le malentendu réciproque, on peut se pardonner mutuellement et
rester bons amis. La regarder faire sa vie avec quelqu’un d’autre sans jalousie,
sans amertume, et se réjouir de son bonheur, c’est possible
quand on fait le deuil de la relation passée.
C’est rare, mais ça m’est pourtant arrivé alors que j’avais pourtant été
très amoureux d’elles. Je suis un grand lecteur, alors je sais tourner
la page...
Mardi, le 14 février 2006
Ma vie est un roman : 1. le sommeil
Près de deux semaines sans donner de nouvelles.
Je vais bien mais suis très occupé ces derniers temps.
J’ai trouvé un truc : raconter un bout de ma vie
à partir de l’
incipit d’une œuvre cĂ©lèbre ou
non, d’un roman que j’ai lu, ou pas. Ici, il s’agit d’un
incipit archi-connu, je n’ai lu que l’adaptation BD réalisée
par Stéphane Heuet (ouh, la honte ! oui, je sais).
Longtemps, je me suis couché de bonne heure.
Et c’est d’ailleurs toujours
le cas car je suis au meilleur de ma forme le matin.
Comme je me réveille tôt, avant six heures,
et plus souvent même avant cinq heures du matin, et que j’ai besoin de mes
sept heures de sommeil, j’essaie de me coucher avant dix heures du soir
(qui a dit « comme les poules » ?).
J’ai l’avantage d’avoir un excellent sommeil, de m’endormir presque aussitôt
que je souhaite dormir, et de ne me réveiller que cinq minutes avant la
sonnerie du réveille-matin. Toutes mes petites amies m’ont toujours envié
cette particularité... et m’ont reproché le fait de ne pas être amateur de
grasses matinĂ©es. Las, le monde appartient – paraĂ®t-il –
à ceux qui se lèvent tôt. Tant pis pour elles.
Mardi, le 24 janvier 2006
Gardons nos trottoirs propres, mangeons du chien
Il ne m’a pas fallu très longtemps pour regretter mon retour en France.
Il faut dire qu’au Liban j’étais soigné comme un coq en pâte...
Certes, l’organisation là -bas était un peu bordélique, mais tout se
passait quand mĂŞme dans une ambiance chaleureuse et finissait
par arriver, il suffisait d’être patient. Tripoli, le soleil, la mer, la montagne, la cuisine
aux senteurs épicées, la saveur de la menthe, les pâtisseries d’Hallab...
Ici : le froid, le restaurant universitaire, les problèmes du quotidien à gérer.
Et plus de téléphone à la maison. France Telecom m’a encore fait le coup
du faux contact quelque part (ça vient juste de fonctionner à nouveau).
Les bus ou le tramway que j’ai l’habitude de prendre ont changé de trajet et d’arrêt.
Même les magasins où je vais faire mes courses ont modifié leur structure,
perdant des rayons de produits pratiques au profit des conneries en solde.
C’est dingue, ça, je ne suis parti qu’une semaine, et je ne reconnais plus rien !
Ah, si. Il y a quand mĂŞme encore les immuables clochards qui font la manche ou les Mormons
qui veulent me convertir... Aux uns comme aux autres, je réponds
que je suis désolé. Belle hypocrisie occidentale.
Et puis, bien sûr, il y a toujours les merdes de chien.
Dimanche, le 15 janvier 2006
MĂ©dicament
Dans un instant, je vais partir au Liban (pour mon boulot).
Du coup, j’ai bu du soda en prévision des troubles gastriques
qui risquent de m’arriver là -bas (par exemple si j’oublie de me
brosser les dents à l’eau minérale). Et je compte en boire aussi
sur place (avec du thé, hein, faut quand même pas déconner)
parce que c’est quelque chose qu’il est assez facile de trouver un peu
partout sur Terre. La boisson du docteur Pemderton est en effet si
horrible (à la fois terriblement acide et effroyablement sucrée)
que même les méchantes bactéries n’osent s’y frotter.
C’est peut-être ça, la mondialisation : la santé pour tous ?
Teuf, teuf, qu’est-ce qu’il ne faut pas dire, parfois...
Vendredi, le 13 janvier 2006
Dormir, nager, manger
Je ne sais si cela est dĂ» Ă mon manque de sommeil
(ne dormir que quatre heures parce que l’on participe Ă
l’organisation d’un congrès) ou à un certain stress
(je dois partir dans quelques jours au Liban pour une
mission d’enseignement, et un bon nombre de problèmes
logistiques n’ont pu être réglés à l’heure actuelle),
mais je viens de faire un rĂŞve dont je suis parvenu Ă me souvenir.
Ou plutĂ´t un cauchemar.
J’étais dans la mer, avec de nombreux baigneurs, et soudain
une grosse ombre s’est rapprochée à très grande vitesse.
Puis un « plouf », quelques Ă©claboussures,
et j’ai mis ma tête sous l’eau pour voir s’éloigner une
espèce d’énorme requin noir.
Mon voisin de baignade (ou ma voisine ?) avait disparu,
laissant à l’eau une sinistre teinte rouge.
Tout le monde a alors été pris de panique, et c’est à ce
moment-là que je me suis réveillé en sursaut...
Euh, docteur Freud, c’est grave ?
Mardi, le 3 janvier 2006
Article supprimé
(...)
Lundi, le 2 janvier 2006
Et d’une !
Ça y est, j’ai dĂ©jĂ commencĂ© Ă rĂ©aliser les bonnes
résolutions énoncées un peu plus tôt.
J’ai profité des dernières heures de vacances pour mettre à jour mon site,
il n’y a donc plus de « frame »... Ainsi, mĂŞme si cela
est transparent, il est à présent possible de lier les différentes
sections de mon site.
Et puis, comme promis, voici une présentation de mes
sculptures .
Voilà une année qui démarre bien !
Dimanche, le 1er janvier 2006
Euh... Bonne année !
Deux mille cinq est morte.
C’était une année que j’aimais bien, une année
où j’ai fait pas mal de choses intéressantes, de bonnes rencontres,
des expositions de mes créations en terre cuite, une année où j’ai
vécu de très bons moments...
Quelques regrets, bien sûr, comme ne pas avoir assez avancé au niveau
de l’écriture, mon roman ayant dû à nouveau hiberner avec la fièvre de boulot
connue Ă la fin de l’annĂ©e. À ajouter aux Ă©lĂ©ments nĂ©gatifs,
je n’ai toujours pas ajouté les archives de mes anciens weblogs à ce site et
je n’ai pas encore mis en place d’exposition virtuelle de mes sculptures
digne de ce nom. Mais ça va venir. Rapidement. En tout cas, je l’espère.
C’est le moment de prendre des
bonnes résolutions .
Me remettre sérieusement à terminer la réécriture de mon roman, trouver
un Ă©diteur, me lancer dans de nouveaux textes.
Je vous souhaite une bonne année, avec santé (on ne se rend compte de son
importance que quand on ne l’a plus), amour et réalisation des projets
qui vous tiennent Ă cœur...
Vendredi, le 30 décembre 2005
Article supprimé
(...)
Vendredi, le 16 décembre 2005
Autant que de lunes autour de Saturne
Ou que de vertèbres dans le squelette humain...
En bref, je viens d’avoir aujourd’hui l’âge qu’avaient, lorsqu’ils sont morts,
Alexandre III de Macédoine (qui avait alors conquis le monde connu) ou Jésus de
Nazareth (qui lui, pour le coup, n’est semble-t-il pas resté mort très
longtemps).
Et tout va bien, d’autant que je suis pour la première fois, et cela depuis
deux jours, oncle et parrain d’une adorable petite demoiselle...
Mardi, le 13 décembre 2005
La clé laxienne est celle du Paradis
Triste nouvelle.
Robert
Sheckley , l’auteur états-unien de SF qui savait mettre
une bonne dose d’humour dans ses œuvres, vient de nous quitter.
Sheckley, c’est l’auteur de pas mal de romans, de recueils, de
nouvelles... C’est lui qui a écrit la nouvelle
le Prix du
Danger qui a été adaptée en
film en 1983 avec GĂ©rard Lanvin,
Marie-France Pisier et Michel Piccoli.
Sheckley, c’est un grand monsieur que j’ai rencontré il y a de
cela un peu plus d’un an, à la convention SF de l’
ĂŽsle-sur-la-Sorgue
de 2004.
J’avais eu l’occasion de lui parler de l’écriture en collaboration, un thème qui m’est cher,
car il avait publié la trilogie du démon
Azzie avec Roger Zelazny,
peu avant le décès de ce dernier. Sheckley m’avait confié ne s’être
pas réellement prêté au jeu de la coécriture étant donné que, dans cette
aventure, l’un s’était simplement occupé de développer un synopsis que l’autre
avait pris comme base pour rédiger le texte de A à Z.
Un peu désolé d’apprendre ce demi-échec sur le procédé
d’écriture en collaboration, je lui ai alors fait part
de mon idée qu’écrire à deux, quand cela fonctionne,
produit quelque chose qui n’est le reflet ni de l’un ni de
l’autre des auteurs, mais une nouvelle entité unique qui
va vivre sa propre histoire, un peu comme un enfant.
À cet instant, nous nous sommes regardé en souriant, imaginant
tous deux que les textes Ă©crits en collaboration auraient pu ĂŞtre
l’œuvre d’un auteur virtuel, un individu ayant les traits
de chacun des co-auteurs, un être impossible malgré les prospectives
technologiques du clonage et des manipulations génétiques.
« Yes, it’s a child, m’avait alors confirmĂ© Bob avec malice.
It’s a magic child... »
Dimanche, le 11 décembre 2005
Article supprimé
(..)
Mardi, le 6 décembre 2005
Saint Nicolas
Dans mon enfance, dans ma région natale, le
6 décembre était le jour des enfants, la fête
patronale des Ă©coliers.
Je me rappelle que lorsque je me levais et allais prendre mon petit
déjeuner, je trouvais à ma place des pains d’épice avec l’image de
Saint Nicolas , des brioches en forme de bonhomme
appelĂ©es « manala », des mandarines et du chocolat.
C’était un moment magique qui donnait aux bambins en cartable que
nous Ă©tions du courage pour affronter le mauvais temps de
l’automne mourant et qui nous permettait de patienter encore quelques
jours avant Noël, moment de vacances et de cadeaux.
C’était il y a longtemps. C’était quand on était petit.
Aujourd’hui, Nicolas ne fait hélas plus penser qu’au prénom d’un ancien
dictateur roumain ou d’un ambitieux carcherisateur de ministre...
Mercredi, le 30 novembre 2005
Comme Phil et Arthur
Ouais, comme tout bon Ă©crivain de science-fiction,
je suis né un
16 décembre . Et pas les moindres des
auteurs : ceux, entre autres, de
2001, l’Odyssée de l’Espace et de
la nouvelle
Les androĂŻdes rĂŞvent-ils de moutons Ă©lectriques
(la base du film
Blade Runner ).
Meuh non, ce n’est même pas pour qu’on pense à me souhaiter mon anniversaire
dans deux semaines !
Et puis, tant que j’y suis, bonne fête papa !
Dimanche, le 30 octobre 2005
Heurs et malheurs de l’heure
La semaine dernière, j’ai cru être tombé dans une faille temporelle.
Dans la nuit de samedi à dimanche, ma montre s’est arrêtée. Bon,
simplement une histoire de pile, il suffit de l’apporter à un horloger.
Ouais, mais pas avant mardi. Flûte et zut.
Je me suis alors servi d’une montre de rechange, une vieille montre
de plongée avec profondimètre qui eut son heure de gloire il y a des
années mais qui avait depuis subi quelques dommages : plus moyen de la
mettre autour du poignet (le dispositif d’accroche du bracelet était
complètement bousillé), et l’aiguille des minutes ne tournait plus.
Enfin, soit, une petite montre avec la fonction minimale, Ă savoir
afficher l’heure sur un cadran numérique à défaut de pouvoir lire
l’heure au moyen des aiguilles. En plus, cette montre me sert de réveil
(et éventuellement de chronomètre).
Allez savoir pourquoi, mais ce restant de montre avait justement
choisi le moment où j’en avais besoin pour se mettre à déconner :
l’un des interrupteurs, servant en particulier à annuler le réveil,
refusait de fonctionner. Et avec les vacances qui arrivaient, je n’avais
guère envie de me faire réveiller dès l’aube... Gasp !
Mardi, j’imaginais vivre ma dernière journée de travail avant une semaine
de vacances. Et puis, petit à petit, le doute s’est installé en voyant
des collègues prĂ©parer des choses pour le lendemain. Contrairement Ă
ce que je croyais, les vacances de Toussaint ne débutaient pas le soir-même
mais le lendemain. Mon erreur s’expliquait par le fait que je m’étais
basé sur le calendrier de l’établissement pour lequel j’exerce un certain
nombre de responsabilités et qui avait un jour de décalage pour ses vacances
avec mon centre. Gasp, je devais travailler le lendemain !
J’ai quand même pu passer chez un horloger-bijoutier pour changer la pile de
ma montre... En revenant la chercher, ni le chronomètre ni le réveil
ne fonctionnaient. L’horloger-garagiste m’a alors baratiné, m’annonçant
que s’il devait ouvrir ma montre pour la réparer, cela me
reviendrait cher, très cher... (« la main d’œuvre,
vous comprenez ») Comment lui prouver que c’était sa
faute si les mécanismes annexes ne fonctionnaient plus ?
Je suis rentré chez moi étouffer la froide colère que m’avait valu
la discussion avec cet escroc.
Je suis quand mĂŞme revenu le voir le lendemain, juste avant de
partir travailler, et j’ai demandé à cet horloger-arnaqueur de
vérifier le mécanisme, mais le prévenant que ce n’était pas la peine
d’y toucher si la réparation allait me coûter trop cher (le prix
annoncé était d’abord l’équivalent des deux tiers du prix d’achat de la montre,
et même s’il s’agissait d’un cadeau auquel je tenais, cela aurait
été absurde de vouloir la conserver à tout prix).
Finalement, la réparation ne m’a pas coûté grand chose, et j’ai pu récupérer
ma montre hier (escroc, mais pas trop).
Et aujourd’hui, comme tout le monde, j’ai pu changer l’heure, espérant par
ce retour à l’heure d’hiver un retour normal à la réalité temporelle.
Dimanche, le 16 octobre 2005
Quelques mots en passant...
Ben tiens, ça fait maintenant plus d’une semaine que je n’ai pas
mis de nouveau post sur mon weblog. Pourtant, des trucs, il m’en
est quand même arrivé un paquet depuis.
DĂ©jĂ , j’étais malade. Ça a commencĂ© en dĂ©but de semaine
passée par une sensation bizarre au niveau de la gorge, puis au crâne.
Puis le rhume, la grosse fatigue et la voix qui s’en va. Ouais, j’étais
presque aphone, alors je réservais ma voix pour le boulot, ce qui
fait que mes interlocuteurs au téléphone
avaient l’impression de discuter avec le
mime Marceau . Pas terrible. Aujourd’hui,
ça va un peu mieux, même si je dois toujours encore pas mal tousser.
J’aurais aussi pu parler de la sortie du
Tome 2 de la revue Fiction
auquel j’ai modestement collaboré par le recueil des témoignages
des sieurs
Fabrice Colin ,
Ugo Bellagamba
et
Thomas Day , tous trois
ayant expérimenté la coécriture dans leurs parcours d’auteurs.
Je pourrais aussi raconter que cela va faire bientĂ´t trois ans que
je tiens un weblog, débuté sur
Blogger , poursuivi sur un site perso
installé sur
Free
et maintenant en place ici. Le problème, c’est que les nouveaux
posts s’ajoutent aux anciens sans aucun souci d’archivage et le texte
brut finit à présent par atteindre le poids de 100 ko (c’est pas bien),
sans compter que les anciennes archives n’ont pas été rapatriées. Et il y a aussi
toute la section sculpture Ă reprendre, avec de meilleures photos,
l’ajout de mes nouvelles créations, etc.
Bon, ben, il y a du travail ! Mais ce ne sera pas pour tout de suite car,
maintenant que je retrouve peu à peu la forme et que mon temps n’est pas
pris par mon job officiel, je vais poursuivre la réécriture de mon roman...
Lundi, le 3 octobre 2005
Le collectionneur
Une collection, c’est un rassemblement d’objets qui peut comprendre un ou
plusieurs exemplaires d’un même objet (merci
WikipĂ©dia ). Mais lorsque le fait d’amasser tourne Ă
l’obsession, là , il y a un problème.
Ce matin, avec l’arrivée du temps frisquet, je me suis fait des tartines au miel...
(mmmmmh ! c’est bon, ça !) et sur mes deux tartines, j’ai remarqué
que je n’avais pas déposé moins de quatre variétés de miel différentes,
et encore, j’avais fini la veille un pot avec miel et gelée royale.
Et quand je ne prends pas miel, je mange de la confiture. Dans mon
réfrigérateur, on peut trouver jusqu’à sept sortes de confitures
et marmelades. Ainsi que huit bouteilles de jus de fruits différents.
Je possède aussi seize variétés distinctes de thés ou infusions... ainsi
qu’un nombre assez hallucinant de peintures et pinceaux, et pas mal de
bouquins et CD.
C’est grave, docteur ?
Jeudi, le 22 septembre 2005
La loi des séries
Dans un article daté du 06/09/2005, j’évoquais le fait
de ne pas avoir vraiment de chance en matière
de déplacement. Les endroits où j’ai prévu de me
rendre et oĂą je ne peux finalement aller se retrouvent soudain
maudits (à savoir Londres, Charm el-Cheikh, la Nouvelle-Orléans).
L’autre jour, à Lyon, entre mes activités de recherche
nuptiale aquariophile (voir mon post précédent), je suis allé
voir mon ancien directeur de thèse qui devait, lui, se
rendre à cette fameuse conférence prévue à l’origine en
Louisiane. Il m’a appris qu’à quelques jours de l’événement, les
organisateurs avaient décidé de déplacer cette grande rencontre
Ă Houston, dans l’État du Texas voisin.
Donc tout va bien, madame la marquise.
Ben non.
V’là -t-y pas qu’après Katrina, Rita vient d’atteindre la force d’un
cyclone et s’approche dangereusement... du Texas.
Ben ouais.
Scoumoune, quand tu nous tiens !
Dimanche, le 18 septembre 2005
Mes journées du patrimoine
D’ordinaire, un tel week-end, je vais voir des musées, j’assiste
à des visites guidées, je me rends dans des édifices qui
n’ouvrent leurs portes qu’à cette occasion...
Samedi. J’essaie de donner une touche finale à ma
sculpture « le Succube masquĂ© et la BĂŞte »
et c’est la cata : les bras de terre de la créature, encore
trop fragiles, cassent, et il me faut réparer les dégâts avant
de passer la pièce au four. L’heure tourne. Je loupe mon cours de sport.
Je me rends alors dans divers magasins. Pas très agréable de rejoindre
la meute des consommateurs. Mais j’en reviens quand même avec un bac, ce
qui me permet de replanter mon bananier, devenu trop à l’étroit dans
son pot. Ça ferait plaisir au copain Francis ValĂ©ry qui, la dernière
fois qu’il était venu chez moi, s’était coiffé d’une casquette
de consultant fen shui pour dire que mon appartement Ă©tait
admirablement organisé mais manquait de plantes vertes.
Dimanche. Suis parti tĂ´t le matin avec trois autres sympathiques
Stéphanois et nous nous sommes retrouvés dans un charmant coin
de la Drôme où nous avons aidé une amie et son copain à déménager.
Retrouvailles agréables, et journée bien sportive, les quatre étages
sans ascenseur et les multiples cartons, meubles et matériels
électroménagers (dont deux machines à laver) ont allègrement
compensé le cours loupé la veille.
De bons moments entre copains à l’autre bout de la région,
de la sculpture, du jardinage... c’est une autre vision des
journées du patrimoine.
Mardi, le 6 septembre 2005
Scoumoune
Pour mes déplacements dans le monde, il n’y a pas à dire,
je suis maudit...
Au mois de juillet, un de mes meilleurs amis, de retour
d’Afrique, me proposait de le retrouver auprès de sa
famille, à Londres. Finalement, suite à des problèmes d’hébergement,
je n’ai pu me rendre dans la capitale britannique... et, du coup,
j’ai évité de peu
ceci .
Ensuite, j’aurais dû partir dans le sud de la France avec des copains,
mais cela n’a pu se faire.
Tant pis, j’ai décidé de partir tout seul
en Égypte faire de la plongĂ©e en mer Rouge.
Et il y a eu
cela .
Alors je ne suis pas allé à Charm el-Cheikh mais au sud d’Hurghada
où j’ai pu passer un excellent séjour.
Maintenant, les vacances sont terminées.
Pour mon boulot, j’aurais normalement dû me rendre prochainement à une
conférence à la Nouvelle-Orléans. Mais je n’ai pas eu le temps de
terminer l’article de recherche que je destinais à cette conférence, et le projet
est tombé à l’eau. De toutes façons, de l’eau, il y en a justement,
et bien plus qu’il n’en faut, dans cette ville de Louisiane, après
le passage de Katrina.
Maudit, oui, je suis maudit...
Il faut croire que quand la folie des hommes ne touche pas les lieux
où je compte me rendre, les catastrophes naturelles s’y mettent.
Bon, pour mon prochain dĂ©placement, je vais aller – si
possible pas en avion – dans un endroit rĂ©putĂ© sĂ»r.
Ah, ben zut, non : cette année, je vais devoir partir donner des cours
Ă Tripoli, dans le Liban nord...
Vendredi, le 2 septembre 2005
Il suffira d’un signe
La semaine dernière, à cette date, je réalisais les deux dernières plongées
sous-marines en mer Rouge de mon séjour.
Exceptés les mammifères marins (j’ai loupé de peu des dauphins et un
dugong), j’ai eu l’occasion de rencontrer sous l’eau, de jour comme de nuit,
tout ce que je voulais voir :
des poissons-clown protégeant leurs anémones, des jolies méduses qui
ne piquent pas, des tortues qui prenaient en stop des rémoras sur
leurs carapaces, des rascasses parées comme des samouraïs en armure,
des tétrodons masqués, des murènes dans leurs trous, des poissons
appelés papillons, perroquets, balistes ou napoléons, de
curieux poissons-flûte (des fistulaires ?), des calmars,
des raies, des mérous, des rougets, un thon, un requin-guitare...
Ce que j’ai appris, c’est que pour chaque espèce rencontrée
(ou presque), il existe un signe, car il n’y a pas de moyen de communiquer
autrement ses découvertes sous-marines aux autres plongeurs. Ainsi, une main ouverte posée
comme une aileron sur la tĂŞte est le signe du requin ; les deux mains
posées à plat l’une sur l’autre, les deux pouces bougeant de part et
d’autre, forment le signe de la tortue ; le poing tournant autour
du nez (comme pour désigner un mec bourré) est le signe du poisson-clown ;
l’index tapotant le dos de l’autre main est le signe de la raie
pastenague Ă taches bleues ; les mains faisant mine de se servir
d’un ouvre-boîte est le signe du thon ; etc.
Un jour, notre moniteur de plongée nous avait indiqué un poisson
caché dans le sable dont les yeux globuleux et la bouche, en un
masque lugubre, sortait d’un camouflage parfait. Notre chef de
palanquée nous a alors indiqué qu’il s’agissait
d’un
poisson-pierre , appelĂ© aussi poisson–24 heures
(devinez pourquoi...), en faisant son très explicite signe :
le pouce passé sous la gorge à la manière d’une lame de couteau...
Mardi, le 30 aoűt 2005
Réflexe conditionné
Depuis mon retour en France, je suis victime d’une curieuse
illusion sensorielle. J’ai l’impression qu’un air frais
souffle sur mes bras, ce qui me donne aussitĂ´t envie,
par cette habitude acquise dans mon hĂ´tel en Égypte, d’aller arrĂŞter
la clim.
Mais point d’air conditionné ici : les 22 ou 23°C correspondent
à la température normale du lieu et de la saison...
Lundi, le 29 aoűt 2005
Carte postale
ArrivĂ© en Égypte, Ă quelques centaines de kilomètres au sud de Hurghada.
Paysages extraordinaires, sur terre (hôtel, tel une oasis, coincé entre
la mer Rouge et un désert de roches et de sable) comme sous mer
(récifs coralliens avec une faune marine superbe).
Excellente ambiance avec les autres plongeurs.
Trop bien, les vacances...
Hier, retour en France. Et aujourd’hui, c’est à nouveau le boulot...
Mardi, le 16 aoűt 2005
Vacances, j’(n’)oublie (rien du) tout...
Ça y est, le moment de mon dĂ©part en vacances approche.
Un séjour reculé d’une quinzaine de jours pour cause de
problème de passeport. Du coup, je ne serai pas
là bien que pré-inscrit.
Tant pis. Mais partir une semaine dans le sud de l’Épte
pour faire de la plongée dans la mer Rouge, dans un
site
magnifique complètement perdu, passer son temps à faire des
découvertes et des rencontres (si possible, pas celle d’un
requin affamé), bah... c’est un peu le Paradis sur Terre
(et sous la mer).
La dernière fois que j’ai pris des vacances, j’allais
entrer en thèse... C’était en 1999. Argh ! Déjà ?!
Ouais, durant ces six dernières années, je n’ai plus pris de
réelles vacances. Certes, en plus de séjours auprès de ma
famille, ou hébergé chez des amis (en Ardèche, dans la
DrĂ´me, en Provence...), je suis quand mĂŞme pas mal sorti de
chez moi. Par intérêt pour la science-fiction, j’étais présent
à quelques unes des dernières conventions SF ou, tout dernièrement,
au
colloque
SF de Nice . Et puis, surtout, j’ai la chance d’exercer
le métier d’enseignant-chercheur qui m’amène à voyager dans des
endroits souvent sympathiques (la Finlande, l’Italie, la Guadeloupe
et quelques jolies villes de l’Hexagone restent d’excellents
souvenirs) pour y présenter le résultat de mes travaux de
recherche. Mais bon, ce ne sont pas des vacances même s’il est
toujours prévu quelques plages horaires pour pouvoir jouer au touriste.
Retour prévu dimanche 28. Et lundi 29, pas le temps de souffler,
le boulot redémarre sec avec des réunions de travail prévues
en tout début de matinée...
Mercredi, le 10 aoűt 2005
Avec modération
En dehors du retour en train qui Ă©tait Ă la limite
du
too much (le « grande ligne »
qui s’arrête tout
spécialement pour moi dans la petite gare où je l’attendais
parce que l’omnibus qui devait me
permettre la correspondance avait été supprimé ;
et le livre que j’ai terminé juste au moment où
le contrôleur annonçait notre arrivée en gare de
Saint-Étienne Châteaucreux), mon sĂ©jour
pourrait se rĂ©sumer aux seuls mots : « un peu ».
Oui, pas d’excès lors de cette quasi-semaine auprès de mes parents,
le temps s’est écoulé tout en douceur. J’ai un peu vu ma famille (outre mes parents,
mes frères et belle-sœur ; ainsi qu’une tante, un oncle, un cousin et son fils),
j’ai fait un peu de sport (une petite plongée de
réadaptation en gravière, une petite balade en VTT), j’ai discuté avec un
copain de mon ancien village (devenu aujourd’hui un libraire Ă
la conversation raffinée), j’ai passé une journée dans les musées
de ma ville natale, assisté à des spectacles de rue
(j’ai notamment revu les étonnants
Tambours de feu que j’avais pu découvrir
à Lyon), et je n’ai pas trop abusé de bonne chère (malgré la cuisine
de maman et quelques restaurants).
En résumé, c’est tout simplement la somme de ces petits moments sympathiques
qui a rendu mon séjour des plus agréables...
Mardi, le 2 aoűt 2005
Les voyages déforment (la jeunesse)
Demain, Ă cette heure, je serai dans le train qui me transportera
jusqu’à ma région natale pour un séjour de quelques jours...
Ma région natale, c’est ma terre nourricière, l’endroit
où j’ai grandi (en mangeant de la soupe), une contrée
célèbre pour ses spécialités culinaires que j’ai
quittée, il y a 10 ans maintenant, pour Lyon (une autre
ville gastronomique).
Le problème, dans ma région natale, c’est la bouffe. Attention,
la Grande Bouffe, les repas de famille qui durent des heures,
le temps qui disparaît de façon surprenante à mesure que les
plats sont engloutis.
Je n’étais retourné dans la maison de mes parents l’an dernier
qu’à deux occasions : à la fin du printemps, lors du mariage
de mon frère, et au début de l’hiver, pour les fêtes de Noël.
Un repas de mariage, celui de Noël, et déjà des images de plaisirs
de bouche parviennent aux yeux, des senteurs délicates chatouillent
les narines, la langue colle au palais à la recherche de bonne chère,
et je ne peux m’empêcher de saliver...
Mais il ne faut pas, non, il ne faut pas. Je reviens toujours de
ces séjours avec quelques kilos en trop. Et là , juste avant de
partir en vacances en bord de la mer Rouge, ça ne le ferait
vraiment pas. Donc non, cette fois-ci, j’ai décidé de la jouer
zen et de ne pas succomber aux tentations culinaires. C’est pourtant
facile : Ă la question-piège « Fabrice, tu reprendras bien un
peu de ratatouille, hein ? », il faut savoir
rester stoĂŻque, rĂ©pondre un gentil mais ferme : « Non
merci, Maman, c’est dĂ©licieux, mais non, dĂ©finitivement ! »
Et là , je ne sais pas pourquoi, mais déjà je sens
le « non » se transformer en
« non, ou alors juste un peu... » ou en
« je ne sais pas si c’est raisonnable mais, bon, d’accord... ».
Allez, je ne suis pas quelqu’un de velléitaire. J’ai fait l’armée,
j’ai fait plein de trucs difficiles dans ma vie, donc ce n’est pas
quelques tomates farcies ou quelques grillades qui auront raison
de moi.
Pourtant, ça va être dur : ma mère est une extraordinaire cuisinière...
Mardi, le 19 juillet 2005
Devoirs de vacances
Bon, même si je suis en vacances (enfin, je télétravaille un peu
– le minimum syndical), est-ce une raison pour dĂ©laisser ce weblog ?
Non, hein ?
Mais, quand on fait de la sculpture presque toute la journée,
difficile de se mettre à l’ordinateur, parce que l’argile, ben,
ça salit le clavier...
Alors, avant de partir je-ne-sais-pas-quand pour je-ne-sais-pas-oĂą,
je termine de modeler une grosse pièce en terre, j’ai imprimé les
corrections de mon roman faites par un copain alors qu’il habitait
la Californie (mince, cinq ans déjà que ces corrections ont été
faites, il m’a fallu tout ce temps pour les digérer !)
avec la ferme intention de retoucher intégralement mon manuscrit,
et j’ai aussi quelques bons bouquins en stock pour me rafraîchir l’esprit
(les dernières parutions
des
moutons
Ă©lectriques ,
L’auteur ! L’auteur ! de David Lodge,
et un Amin Maalouf pour la touche d’exotisme)...
J’espère qu’en septembre j’aurais bien avancé les corrections de mon roman,
que les pièces en argile sur lesquelles je travaille pourront passer au four
et ĂŞtre peintes, et m’attaquer Ă une nouvelle dont le scĂ©nario trotte dĂ©jĂ
depuis quelque temps dans ma tĂŞte...
Vendredi, le 8 juillet 2005
Distributeur de bonheur
Il y a quelques jours, j’étais dans un lycée pour présider un jury
de bac. Longue discussion avec les différents enseignants pour savoir
qui méritait d’avoir les quelques points manquants nécessaires
pour passer du refus à l’admissibilité à la session de rattrapage, de
l’admissibilité à l’admission, ou obtenir une mention...
C’est rassurant de voir que les élèves ne sont
pas notés à la légère et que le facteur humain est encore essentiel
dans ce genre de processus.
De la psychologie, il en fallait quand les lycéens venaient récupérer
leurs relevĂ©s de notes, pas pour dire « fĂ©licitations »
à ceux qui étaient admis, mais pour les autres, les recalés, déçus, ou ceux
qui devaient passer le rattrapage et qui Ă©taient un peu perdus...
« Vous voyez, ce 4 en maths, c’est sans doute un accident,
alors choisissez cette matière, comme il y a un gros coefficient,
vous avez toutes les chances de vous rattraper à l’oral
si vous rĂ©visez bien... » avais-je dit Ă cette jeune fille, les yeux
noyés de larmes.
Et hier se sont déroulées les épreuves de rattrapage. Un grand nombre
d’élèves avaient réussi à se racheter. Il y avait toujours quelques déçus,
bien entendu, mais aussi ces visages plein de joie à la réception du relevé
de notes marqué des palmes... La fille émotive de la fois passée avait
Ă nouveau des larmes aux yeux, mais de bonheur cette fois, et ne cessait
de dire : « merci ! »... Quel plaisir
d’avoir le rôle du père Noël !
Au mĂŞme moment, Ă Londres, des monstres avaient fait exploser des
bombes dans les transports en commun... et le hasard avait
distribué aveuglément la mort parmi de malheureux voyageurs et
passants.
Cruel contraste.
Vendredi, le 1er juillet 2005
Décès de Monsieur Noir et de Monsieur Rouge
Hier, je suis allé faire une visite d’entreprise.
Au moment de noter les Ă©valuations du stagiaire, ma feuille se maculait petit
à petit de curieux ronds noirs... et, après un léger examen pour
trouver l’origine de ce phénomène, j’ai découvert que des taches
se trouvaient aussi bien sur mes doigts que sur le bureau.
Oups, il y avait comme un problème.
Très sérieux, le P.-D. G. de la boîte a expliqué que, avec cette
chaleur, il n’était pas rare de voir l’encre des stylos se fluidifier
et passer à travers la bille, d’où ma mésaventure.
Mais, en fait, non. Mon stylo noir n’était pas le seul à avoir
rendu l’âme (pour les discussions sur l’âme des stylos, je ne suis
pas spĂ©cialiste, demandez plutĂ´t Ă
Benoît , le gros garçon qui fait des bulles) :
mon stylo rouge, de la même marque, présentait les mêmes sinistres
symptĂ´mes.
C’est alors que j’ai eu un flash. Le week-end dernier, dans la pile de
linge que j’ai lavé, j’avais mis ma veste... Et j’ai dû oublier de
sortir mes stylos de la poche dans laquelle j’ai l’habitude de les mettre.
Monsieur Noir et Monsieur Rouge ont donc été noyés par ma négligence...
Samedi, le 25 juin 2005
Comment naissent les légendes
L’autre jour, dans le bus, plusieurs personnes étaient montés en groupe et,
à peine installés, se sont
interrogés sur le chemin : le Lycée Fauriel , le Cour Fauriel, et
le Centre de Congrès Fauriel où ils se rendaient...
Mais qui est donc ce fameux Fauriel ? se demandaient-ils en cherchant
parmi les passagers stéphanois une réponse.
« Euh... le gĂ©nĂ©ral Fauriel ? » me sentis-je
obligé de dire sous le poids des regards interrogateurs.
« Ah, c’était un militaire, alors ! » s’exclama
avec satisfaction l’un d’eux.
« Je crois... sous Bonaparte, il me semble... », poursuivis-je,
nageant dans une grosse mare d’incertitude.
Et ils s’en furent à leur salon, congrès, ou que sais-je, leur soif de curiosité
étanchée...
Dans le bus, pendant le reste du trajet, je me demandais quand mĂŞme si je ne
confondais pas. À peine arrivĂ© Ă mon bureau, je me suis jetĂ© sur
mon navigateur pour faire une recherche... Et je suis tombé sur
ça . Point de général
Fauriel. Claude Fauriel était bien un homme qui avait effectué son service
sous les ordres de Napoléon, mais il s’agissait surtout d’un historien et
d’un philologue, l’auteur, entre autres, d’une volumineuse
Histoire de la Gaule méridionale sous la domination des conquérants germains .
Oups, voilĂ tout un groupe de personnes qui quitteront Saint-Étienne en
croyant que Fauriel était un général d’Empire... Bah... c’est ainsi que naissent les légendes.
Dimanche, le 19 juin 2005
Ça sent les vacances
Passer tout l’après-midi du samedi à faire de la sculpture, bien protégé
du soleil brûlant à l’ombre de l’appartement, et se faire appeler par
un copain avec qui on a prévu d’aller aux spectacles
musicaux de la ville, prémices de la Fête de la Musique...
Se rendre compte qu’il est déjà 18 heures, et découvrir
qu’il y a de l’argile un peu partout, en particulier sur le
téléphone...
Réussir à nettoyer partiellement les dégâts, à dîner, à se
doucher, à se changer, et à être l’heure au rendez-vous...
Ne pas trop se tromper de chemin pour parvenir Ă la
Cour des Sons (c’est une contrepétrie ?)
et louer le Ciel du retard du premier groupe afin de ne rater aucun
morceau de ce duo Ă©lectro-jazzy...
Être assez stupéfait de la performance du second groupe, un trio
Ă©lectro-trip hop-rock (un DJ, un guitariste et un « homme-machine »)
accompagné, suivant les morceaux, de trois chanteurs et une chanteuse,
passant d’une puissance musicale à la Prodigy aux accords superbes
dignes de Portishead... Ouah !
Revenir dans le centre de Saint-Étienne et Ă©couter les
étranges carillons de la cathédrale Saint-Charles ...
Décidément, la ville ne veut pas dormir !
Dimanche, le 12 juin 2005
M’est arrivé plein de trucs
Samedi, il y a une semaine (déjà !), je suis allé au
Fest’Uval Jean Mon’Arts pour assister à divers
spectacles et voir l’exposition où se trouvaient (et se trouvent encore
pour quelques jours) certaines de mes sculptures.
Avant d’aller chez le copain qui devait m’emmener au lieu du festival,
j’ai mémorisé les chiffres de son digicode et je suis allé à un distributeur
de billets automatique. Et lĂ , la gaffe : je me suis fait la remarque
que les chiffres du digicode du copain sont presque les mĂŞmes que
mon code de carte bleue. Du coup, au moment de taper ma suite de
chiffres, les autres, ceux du digicode, sont venus parasiter ma
séquence... au point que ma carte a fini par se faire avaler par
la machine après trois essais infructueux. Et merdeeeeeeeeeeu.
C’était donc avec mes dix petits euros restants que je me
suis retrouvé au château de Saint-Victor sur Loire. Pas mal
de spectacles sympas, l’expo attirait aussi des gens,
et en allant Ă©couter de la musique chorale, je me suis rendu Ă
l’église. Là , surprise : mon ex petite amie était présente.
C’était bizarre de la revoir car elle n’avait plus donné signe
de vie depuis près d’un an. Après le concert, nous avons discuté comme
de bons amis et ça m’a fait très plaisir : notre douloureuse histoire
fait maintenant partie du passé.
La semaine dernière,
Francis Valéry
Ă©tait de passage Ă Saint-Étienne. Ça fait du bien de
revoir l’ami Francis. Nous avons pas mal discuté, pas mal mangé
(restaurants mardi soir, mercredi soir, jeudi midi et jeudi soir,
aïe, aïe, aïe, ça fait mal à la carte bleue à peine retrouvée...), pas mal
picolé aussi (mais où est passée ma bouteille de liqueur de litchi ?).
Jamais couché avant minuit et au boulot avant huit heures du matin,
les nuits de cette semaine Ă©taient courtes... et ce week-end Ă©tait vraiment
le bienvenu pour se reposer un peu.
Samedi, le 4 juin 2005
J’aime bien...
Il est des personnages qui ne peuvent pas laisser indifférent.
Pour moi, le réalisateur et scénariste
Jean-Pierre Jeunet est de ceux-lĂ .
Mercredi dernier, j’ai eu la chance de le voir au cinéma
Le France
de Saint-Étienne. De 18 heures au lendemain, rien que du bonheur...
Cela a débuté par
les premiers courts métrages de Jeunet :
L’évasion (1978) et
Le Manège (1980), des films d’animation où le travail de son complice Marc
Caro fait des merveilles et annonce la superbe
Cité des Enfants perdus (1995),
Pas de repos pour Billy Brakko (1984) et
Foutaises (1989), oĂą
on retrouve les prémices d’éléments qui seront exploités dans
Delicatessen
(1991) et
Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001).
Ce type est fascinant. On sent bouillonner en lui une créativité
extraordinaire. Pour passer d’
Alien IV (1997)
Ă
Amélie Poulain , il faut vraiment être un magicien.
Et le mélange des genres, il l’a transcendé
dans son dernier film,
Un long dimanche de fiançailles ,
qui mĂŞle avec brio Ă la fois la romance,
le film de guerre et l’enquête policière.
De Jean-Pierre Jeunet, j’adorais l’œuvre, maintenant je suis aussi
admiratif de l’homme, un immense artiste, et un être fondamentalement
humain.
Et si vous tenez à voir d’autres créatifs, aux réalisations plus
modestes, certes, pensez Ă faire un tour Ă
Saint-Victor sur Loire . C’est le dernier jour du
Fest’Uval Jean Mon’Arts où vous pourrez assister
à une multitude de spectacles, de la danse, de la poésie, de la
chanson française, de la musique chorale, du trip hop, du rock...
et même assister à une exposition où votre serviteur présente quelques
une de ses sculptures.
Dimanche, le 29 mai 2005
Rouget de Lisle vainqueur de Beethoven
Ce dimanche, après être allé faire mon devoir électoral, j’ai
vu le troisième épisode de Star Wars . Très chouette film,
mon préféré de la nouvelle trilogie, assurant avec brio la transition entre
les deux premiers Ă©pisodes et les anciens. Dans la salle, des papas un peu
plus âgés que moi étaient accompagnés de leurs rejetons
et leur expliquaient le pourquoi du comment de la saga qu’ils avaient vu
quand ils avaient le même âge qu’eux,
jolie transmission de savoir Ă la sauce culture pop.
Une horrible découverte, cependant. Jamais je n’ai vu
autant d’adolescents... et ces derniers sont épouvantablement gros !
Non, mais c’est dingue : les ados de la nouvelle génération sont
obèses ! Et ça va s’acheter des paquets de pop-corn maxi avec
des grands verres de soda super sucré. Argh... Mes futurs étudiants ressembleront
donc à ça dans quelques années ? Il y a de quoi avoir peur !
Et dans la sĂ©rie lamentable, les premières estimations donnent le « non »
largement vainqueur. M.... ! Non, je n’ai pas lu le traité dans
son intégralité, j’aurais été bien incapable de saisir la portée
des divers articles, mais je m’en suis fait expliquer certains points
par une juriste de confiance qui m’a conforté dans mon idée initiale
de voter « oui ». Bon, puisque c’est jouĂ©,
alors c’est « non »,
quel plan B va se préparer pour la France et pour l’Europe ? Vous y croyez, vous,
à une renégociation menée entre, d’un côté, une union contre nature entre
les divers partis des extrĂŞmes et les branches dissidentes
des partis de droite et de gauche, et, de l’autre, le reste de l’Union
européenne ? D’autant que dans ces autres pays,
qui seront nos interlocuteurs ? Tout prĂŞte Ă croire
que la droite passera chez nos voisins. Chers compatriotes, voilĂ une bien
curieuse manière de préparer une Europe sociale...
Enfin, ce qui m’ennuie tout autant que l’avenir dans notre vraie vie est
que le roman sur lequel je travaillais – et que je
laissais en stand-by depuis quelque temps – dĂ©crivait un futur proche avec une France
clairement européenne et une Union européenne fédérant de manière forte les
nations de notre bon vieux continent. Ben, du coup, il va falloir que je change plein
de choses. Les Ă©lections auront au moins eu pour effet de me motiver
pour me remettre Ă Ă©crire.
Lundi, le 23 mai 2005
De l’eau et des éclairs
Samedi, avec un copain qui venait d’apprendre la veille sa rĂ©ussite Ă
un concours, nous nous sommes rendus au festival
6ème
Continent Ă Lyon. Nous quittons le Rond-point de Saint-Étienne
pour nous engager dans la voie rapide, et je fais la remarque :
« Tiens, la voiture devant nous s’est fait flasher ! ».
Le temps que le pilote vérifie sa vitesse sur le compteur et... merde... nous avons
aussi droit Ă une photo souvenir.
Bon, ça commence bien. Le copain prend cependant l’amende à venir avec une
certaine philosophie. Il est conducteur depuis seize ans et n’a jamais
effectué une seule infraction au code de la route. Il faut bien une première fois...
Penser à la réussite à son concours et aux nouvelles fonctions qu’il va
occuper à la rentrée prochaine efface un peu cet ombrageux événement.
Sur le chemin, nous passons en revue diverses stations de radio pour tomber sur
les informations. Non, il est encore trop tôt pour connaître le résultat du
festival de Cannes.
Nous entrons dans Lyon, passons à côté de la Halle Tony Garnier, et nous trouvons
une place devant l’entrée du Parc de Gerland. Musiques du monde. Tenues bab’,
look « altermondialiste », ceux qui sont lĂ
ne tiennent pas à se prendre la tête. Petit tour auprès des stands sur le thème
du développement durable, du commerce équitable ou du Tibet libre... Je me sens
bien.
Nous achetons des tickets Ă Ă©changer contre de la nourriture et de la boisson.
Je prends du poulet au riz avec des trucs bizarres, genre beignet de banane,
avec sauce épicée et légumes délicieux mais non identifiables.
Quelques gouttes tombent. Des éclairs lézardent le ciel. Nous nous mettons
à l’abri à côté des pistes de vélo et roller acrobatiques.
Nous partons ensuite Ă la recherche de toilettes.
Je me rappelle un endroit oĂą il y en avait, au niveau des petites maisons
du parc. Mmmmm... Loupé : fermeture à 19 heures. Mais un policier zélé
nous indique la présence de cabines automatiques un peu plus loin. Nous
traversons un long terrain gazonné. J’entre dans le lieu d’aisance
à l’air futuriste. Je pousse au hasard un bouton et lis ensuite
que c’est là qu’il faut appuyer quand on veut sortir. Bon, qu’importe.
La cuvette du trône en métal bouge. Je me dépêche. Puis de l’eau
envahit le sol et noie mes baskets. Argh ! Je me lave vite fait les
mains. La lumière s’éteint. Je me précipite vers la sortie de peur d’être
enfermé. Bon, OK, la prochaine fois, je le saurai : appuyer sur le bouton
pour sortir seulement. Le copain a préféré se soulager contre un arbre.
Il avait sans doute raison.
La nuit tombe. Nous nous rapprochons de la scène. Il y a beaucoup de monde
maintenant. Les organisateurs demandent au public des parapluies et
mettent en place une protection de fortune pour le prochain groupe.
Les
Bistanclaque
montent sur scène. Ces Croix-Roussiens, un duo, rejoint un peu plus tard par
une saxophoniste, nous livrent une musique aux paroles pleines
de sel, de sucre et d’acide. Une bonne partie du public se retrouve dans
les cercles concentriques d’une danse circasienne.
Avant qu’un nouveau groupe ne prenne place sur scène, nous partons
chercher des boissons. Je demande un jus de goyave, je me fais servir
de la mangue. Bah, pas grave, il n’y a que moi pour demander des
jus de fruits impossibles.
Je vais m’acheter le CD des
Bistanclaque
(que j’écoute en boucle depuis, avec une préférence pour les chansons
l’Ancienne ,
Consomme ! et la
Scottish ).
Il pleut toujours, et les prochains musiciens ne viennent pas.
Le copain me parle de
Femi Kuti , que l’on attend et qui devrait venir
d’une minute à l’autre, et de son père, Fela Kuti, le fameux chanteur militant
à l’origine de l’afro beat.
Sous la pluie, le public s’impatiente. Les musiques enregistrées n’ont pas
la chaleur de celles en live. Les organisateurs montent sur scène.
Explications.
Pluie. Matériel électrique.
Risque d’électrocution. Concert annulé.
C’est la grosse déception. Face aux éléments, nous
sommes bien impuissants. Nous nous décidons à rentrer, fort marris qu’avec
cette pluie, la suite de la soirée soit tombée... à l’eau.
Jeudi, le 19 mai 2005
Journée pas type (mais j’aimerais bien !)
Hier, réveil à 4 heures du mat’.
Non, ce n’est pas pour faire la queue afin de
voir la « revanche des suites » au cinĂ©, je
devais aller à Lyon où j’étais convié à un jury.
Auditions, discussion, vote... de 8h30 à 15h30. Au final, j’ai été heureux de faire
basculer la majorité dans le sens qui me semblait le plus juste.
Petit coucou à mes anciens collègues.
Passage pour voir le copain André en train de bosser avec son pote Rafu.
Un bref bonjour à mon ex copine, une fille charmante qui est restée ma meilleure amie.
Un peu de temps pour acheter de la nourriture pour mes poissons exotiques
et du matériel pour mon aquarium.
Puis la course pour arriver Ă la gare et attraper le train du retour.
ArrivĂ© Ă Saint-Étienne, je croise la miss avec qui j’ai failli
sortir, l’an dernier. Ah, les hasards...
Soirée à finaliser un article sur le steampunk avec le compère Jean-Jacques.
Je me suis couché, très tard, avec la satisfaction d’avoir eu une
journée remplie, et bien remplie.
Dimanche, le 15 mai 2005
Article supprimé
(...)
Samedi, le 7 mai 2005
Renouveau
Voir par la fenĂŞtre les rayons du soleil.
Se dire qu’il serait dommage de ne pas en profiter.
Oser sortir ses rollers qui étaient abandonnés depuis trop longtemps.
ĂŠtre accueilli dans la rue par un concert de klaxons, des voitures de personnes se rendant Ă un mariage.
Utiliser son nouveau joujou, un baladeur MP3.
Se rendre compte que
the Prodigy dans les oreilles, ça
aide vraiment à gravir les montées.
Découvrir que le genou, bien que tirant un peu, ne fait pas mal, malgré la vilaine entorse résultant d’une chute de ski, en février dernier.
Croiser une mariée au Parc de l’Europe, et la trouver jolie.
Rentrer en sueur et se dire que, pour une fois, le sommeil viendra des suites
d’une bonne fatigue physique, et non intellectuelle...
Jeudi, le 28 avril 2005
Cuivre, or, argent
Grosse fatigue.
Lundi, je suis allé voir le médecin. Je n’en pouvais plus. Cette maudite
toux qui ne partait pas, et puis des maux de tête à n’en plus finir,
chaque fois que je tousse j’ai l’impression d’un marteau qui s’enfonce
dans mon crâne. Sans compter des troubles du goût, toute nourriture me semblait
contenir du savon (depuis, j’ai changé de dentifrice, et ça va
mieux). Et une impossibilité à me concentrer, plus moyen d’écrire
malgré la motivation et le temps pour le faire.
Le médecin voulait me donner un arrêt de travail. Meuh non, pas la peine,
je suis en vacances. Alors il m’a interdit d’utiliser un ordinateur. Argh,
non, pitié, vous voulez ma mort !
Je me retrouve maintenant avec de la vitamine C, des trucs au goût
d’orange (chimique) pour soigner la toux, et des oligo-éléments :
cuivre, or, argent. Manquent bronze et fer et j’aurais eu les mêmes
métaux que ceux présents dans les peintures que j’utilise pour mes sculptures.
J’imagine cette curieuse remarque pour une exposition :
« Ce qu’il fait de beau Ă l’extĂ©rieur, l’artiste
l’emploie aussi pour son bien Ă l’intĂ©rieur... »
Vendredi, le 22 avril 2005
Devenir grand
Étrange sensation de mĂ©tamorphose.
Cela fait une semaine que je suis chez moi. Une semaine
de vacances aux allures de retraite monacale. Dans ma solitude,
je retrouve ma voix (j’étais aphone), je retrouve ma voie,
je reprends l’écriture de mon roman après avoir pu gérer toutes les urgences.
Ce matin, j’ai fait le grand ménage avec mon passé universitaire.
Il y a quelque temps, mes parents m’avaient rapporté tous mes
cours qui encombraient leur grenier. Plus de dix années d’études,
cela fait beaucoup de notes, de supports de cours, de mémoires...
J’ai tout trié, ne gardant que ce qui pourrait m’être utile à nouveau
un jour. Ce sont les matières techniques qui s’en sortent le
moins bien, Ă©videmment. Je conserve presque tous mes cours de sciences
humaines mais les matières informatiques ont garni la benne
à recycler le papier. C’est fou ce que j’ai pu écrire comme listings.
Les codes des programmes que j’ai développés, mes premiers écrits
adultes, ces lignes cabalistiques sont synonymes d’heures de peine,
de manque de sommeil, d’yeux papillotant suivant la fluorescence verte
ou orange d’un terminal VT100.
Poubelle.
Ne conserver que ce qui a encore de la valeur. Toutes ces applications
logicielles n’ont servi à rien d’autre qu’à faire de moi quelqu’un
capable de programmer. Elles ne sont pas un but, simplement des
bornes sur le chemin de ma formation.
Allez, on efface tout ça... Cela libère de la place parmi les étagères.
Pas de regret, même s’il n’y a pas de récupération possible dans les
méandres numériques d’un fichier compressé.
Cette métamorphose de mon état mental s’accompagne d’une tentative
de changement physique. Nouveau régime. Moins de viande rouge
et de graisses, plus de poissons. Plus d’exercices. En ce moment,
le matin, je me réveille vers 3 heures. Bien malgré moi.
C’est tôt, trop tôt, mais je ne parviens pas à me rendormir...
et ce décalage avec le reste du monde fait que je suis complètement crevé
après 20 heures. Alors, le matin, comme le lit m’étouffe, je prends
un bain. Je passe presque une heure à lire dans l’eau, c’est comme si
ma peau avait besoin d’humidité autant que mon esprit de
stimulation intellectuelle.
Ensuite, je passe ma journée à essayer de me raccrocher à la réalité...
Ça fait bizarre de grandir. Eh oui,
Sophie : on savait, on savait...
Samedi, le 16 avril 2005
L’économie et la politique expliquées aux enfants
Mercredi dernier, j’ai assisté à une pièce de théâtre assez étonnante :
« Une Ă©conomie de rĂŞve », adaptĂ©e de l’ouvrage de RenĂ© Passet
et jouée par une talentueuse troupe d’amateurs, la compagnie
l’Œil en coulisse .
Des fables mettant en scène des utopies économiques, des moments drôles,
féroces et tendres, des révélations sur les trous de la Lune...
Ainsi présentée, l’économie devient une matière vraiment intéressante,
même pour les étudiants les plus réfractaires ou les personnes qui n’y portaient
a priori que peu d’intérêt. Un grand moment.
Cela m’a fait un peu penser à cette histoire que m’a fait suivre une amie...
Petit Pierre rentre de l’école et demande à son père :
Papa, je dois faire un devoir sur la politique
et expliquer le fonctionnement de notre gouvernement, peux-tu
m’expliquer ? »
Rien de plus facile, répond le père,
il suffit de comparer le gouvernement et notre société à notre famille.
Tu vois, moi, je ramène de l’argent :
je suis le capitaliste.
Ta mère gère notre famille et fait
les dépenses : elle est le gouvernement.
La femme de ménage, qui travaille pour nous, est
la classe ouvrière.
Toi, tu es le peuple.
Ton petit frère Hector est la génération future.
As-tu compris ? »
Oui, je pense », rĂ©pondit petit Pierre.
Dans la nuit, petit Pierre est réveillé par Hector qui pleure.
Il se lève et va voir son petit frère qui a besoin que l’on change sa couche
qui dégage une forte odeur !
Il se rend dans la chambre de ses parents et
tente de réveiller sa maman mais celle-ci dort profondément. Voulant
réveiller son Papa, il constate qu’il n’est pas dans le lit avec sa maman.
Il le cherche et le trouve faisant de la gymnastique tout nu
dans le lit de la bonne. Entre-temps, Hector, fatigué, s’est rendormi.
Alors petit Pierre se recouche.
Le lendemain, au petit déjeuner, petit Pierre dit à son père :
Tu sais Papa j’ai tout compris de la politique ! »
Ah oui ? Et qu’as-tu compris ? »,
demande son Papa.
C’est simple, j’ai compris que le capitalisme
baise la classe ouvrière pendant que le gouvernement roupille,
restant sourd aux appels du peuple et laissant la future génération
dans la merde ! »
Dimanche, le 10 avril 2005
Dans les fesses...
« Dans les fesses. Non, il n’y a rien de mieux.
Des études scientifiques ont été faites, et elles indiquent
toutes que c’est dans les fesses que c’est le meilleur.
Les Américains préfèrent dans la bouche, mais non, c’est
dans les fesses, ni dans la bouche, ni sous le bras. »
Ça fait plutĂ´t curieux, sorti de son contexte. Mais telle
est la réponse de mon médecin lorsque je suis sorti de
chez moi, sous la neige, hier (c’est quoi ce poisson d’avril
avec plus d’une semaine de retard, monsieur Météo ?) pour lui
demander quelle était la meilleure manière de prendre sa température
avec un thermomètre...
Voilà , je suis malade. Aphone. Nauséeux. Toussant sans arrêt. Et avec de la fièvre.
Vendredi, le 8 avril 2005
Au fou !
Je me demande si c’est rassurant.
Aujourd’hui, j’ai parlé de psychologie à mes collègues lors
d’un séminaire de recherche.
C’était plutôt sympa, mais bon, mon boulot qui rapporte des sous, on s’en
moque un peu ici...
Mais aussi, pris d’une inspiration soudaine, j’ai fait ce
test
trouvé au hasard des clics. Voici ce qui m’a été répondu :
De quel trouble mental ĂŞtes-vous atteint(e) ?
Vous avez entre 60 et 69 points : vous ĂŞtes SCHIZOPHRENE !
Vous menez des conversations imaginaire avec votre ex ?
Vous sucrez votre café puis prétendez vouloir maigrir ?
Pas de doute ! Vous êtes schizophrène.
Caractérisée par la cohabitation de deux personnalités
distinctes au sein d’un même individu, la schizophrénie
se manifeste par de brusques sautes d’humeurs, des troubles
de la pensée, des idées délirantes, voire des hallucinations.
Ce petit top que vous aimiez tant tout à l’heure, vous
correspond-il réellement ? Et finalement, qui a dit que
vous n’aimiez pas l’osso buco ?
On vous dit volontiers touche-à -tout, doué(e) aussi
bien pour la couture que pour la peinture sur soie :
tout cela n’est-il pas un peu suspect ?
À l’évidence, cette personnalitĂ© multifacette
dont vous vous targuez cache quelque chose...
Pourquoi ne pas essayer d’être plus à l’écoute
de vous-mĂŞme et de vous relaxer ?
Car n’oubliez pas ! Une schizophrénie mal
soignée peut conduire à l’isolement social ou à l’homicide !
Réagissez avant qu’il ne soit trop tard...
Schizophrènes célèbres : Staline, Isabelle Alonso.
Arf, je suis mort de rire.
Bien entendu, il s’agit d’une parodie de test, avec des questions
hyper orientées, et les résultats semblent produits de manière pseudo-aléatoire.
Et pourtant... Une double personnalité,
tant de talents derrière un seul homme... Et s’il y avait quelque chose
de vrai derrière tout ça ? Et, en plus, après moi, ma collègue a fait
le test et est tombĂ©e sur « hystĂ©rique »... Je l’ai
rassurée, bien sûr, mais je n’en pensais pas moins. Du coup, je
commence Ă me poser des questions.
Schizophrène ? C’est grave, docteur ?
Mercredi, le 6 avril 2005
Prenez, ceci est mon sang
Bizarre.
Aujourd’hui, je suis passé à un labo d’analyse médicale pour
faire une prise de sang.
Bon, jusqu’ici, rien d’anormal.
Retour à la maison prendre un petit déj’, puis je suis parti à la fac.
LĂ -bas, il y avait une annonce pour aller
donner son sang .
Je me suis renseigné, il n’y avait pas de contre-indication car
la quantité prélevée pour une analyse est minime (comparée à un don
ou à notre capacité à nous régénérer),
et le Bon Dieu ayant bien fait les choses, nous sommes pourvus
de deux bras (sinon, pas de chocolat, mais c’est une autre histoire).
Je me retrouve à présent avec des trous au niveau de la saignée (tiens,
pour une fois, un terme qui porte bien son nom) de mes deux coudes.
Ouais, j’ai un peu l’air d’un junkie ce soir. Drôle de situation pour
moi qui évite l’alcool, fuis la caféine,
essaie d’échapper à tout médicament, ne fume pas et n’ai jamais
touché à la dope. Mais arrêté par les flics, j’imagine qu’en voyant
les stigmates sur mes bras, le malentendu aurait été... stupéfiant !
Jeudi, le 31 mars 2005
Hardware error
Pâques, c’est normalement le jour de la résurrection.
Eh bien, c’est aussi celui du jour de la mort de mon ordinateur. Enfin,
de son disque dur, du moins. Parce qu’après un démarrage sans
échec, voir son bureau orné d’une fenêtre avec un point
d’exclamation et le message laconique : « Hardware
error », ben, ça fait aussi peur qu’Alien contre
Predator avec Freddy et Jason.
Pas glop.
Voilà l’explication de mon silence de ces derniers jours, alors
que j’avais plein de petits trucs à raconter.
M’enfin...
Bon, ça va, je travaille maintenant avec une machine de rechange que m’a
prêtée la fnacque le temps de la réparation de mon ordi perso à moi
qu’il est beau mais qu’il sera tout vide, sniff, je peux dire adieu Ă
mes données non sauvegardées.
Mercredi, le 2 février 2005
À la recherche d’un certain bien-ĂŞtre ou « petite annonce »
Tout à l’heure, je me suis rendu au magasin
Bien-ĂŠtre
afin de récupérer la perceuse (dont je me moque) et surtout
les couteaux de boucher de ma soi-disant chère et tendre
(lire le post précédent pour comprendre).
Ben, le magasin en question, c’est un endroit où sont vendus
des canapés moches, avec des gens parfois assis dessus,
qui bien souvent viennent récupérer leurs cadeaux (j’ai vu
d’autres types avec leurs perceuses, si, si !).
Bon, moi, j’arrive, je fais un tour, je fais semblant de
m’intéresser aux canapés (toujours moches), par politesse, et une jeune et jolie demoiselle
arrive pour me demander si elle peut m’aider. Je réponds par
l’affirmative et lui présente l’invitation me permettant de
récupérer mes lots. La demoiselle me dit que ce n’est pas possible,
je dois venir avec mon épouse et je lui réponds que comme elle
a la grippe et tout et tout, ben, je suis tout seul et puis
elle repassera p’t’êt’ un jour plus tard quand elle sera guérie,
et tout le monde sera content.
Qu’a cela ne tienne ! La miss, pas bête, griffonne sur mon
invitation : « Prolongation de 2 semaines »
(« Elle sera sans aucun doute guĂ©rie d’ici lĂ ,
non ? »),
signe et me rend le tout avec un charmant sourire.
Eh méééééééééééééérdeeeeeeeeeeeeu ! Me voilà bien embêté.
Parce que la Madame censée partager ma vie, elle n’est pas
prêt de venir, elle n’a jamais existé. D’où la petite annonce que
je m’apprête à faire passer dans les journaux locaux :
JH BCBG cadre fonct. publ.
cherch JF aimant littér. et voy. en vue
mariage immédiat pr cause cout. bouch. Bien-être. Cand.
pas sér. s’abstenir.
On ne sait jamais. Comme disait le grand philosophe Jean-Claude Drusse,
en 1979 : « sur un malentendu, ça peut marcher ».
Vendredi, le 28 janvier 2005
Je me suis marié !
ou « trucidons-nous dans la joie ! »
Je me suis marié. Si si !
Eh, Maman, avant de faire une crise cardiaque, attends de lire la
suite, tu vas comprendre...
L’autre soir, alors que je corrigeais des copies, j’ai eu un
appel téléphonique d’une société de j’sais-pas-quoi-jeu-pub-qu’importe.
La dame, au téléphone, elle me dit que pour l’ouverture d’un nouveau
magasin, je vais recevoir une invitation me permettant de retirer mon
lot-tout-beau-à -moi-que-je-l’ai-gagné-que-j’ai-vraiment-trop-de-la-chance.
C’est une perceuse. Youpi. (M’en fous, j’en ai déjà une, et je n’ai pas
besoin de faire de nouveaux trous dans mes murs.)
Et la dame continue, elle me dit que pour madame, elle a de superbes couteaux de
boucher. (Parce que la cuisine, bien entendu, c’est réservé à madame...)
« Vous ĂŞtes bien mariĂ©, monsieur ? » Et moi,
après un instant d’hésitation, de répondre par l’affirmative d’un air très
convaincu. La dame me demande alors le prénom de mon épouse. Je lui donne
en pâture le premier prénom féminin quelconque qui me passe par la tête.
« Très bien, monsieur... Donnez moi un nombre... Indiquez-moi
l’annĂ©e de naissance de madame... et voici donc votre numĂ©ro de chance... »
De quoi elle se mêle ? Je sors des trucs bidons en réponses à ces
questions et, en raccrochant, je me retrouve avec mon précieux numéro
que j’oublie aussitôt avec toute cette curieuse histoire.
C’était il y a quelques jours.
Sauf que là , tout à l’heure, en rentrant chez moi, j’ai trouvé une lettre
avec cette fameuse invitation. Une lettre adressée à Monsieur ou Madame Moi-Même,
avec le prénom de mon épouse virtuelle. Et un plan du magasin. Et les
lots que nous sommes censés récupérer. Et le fameux numéro chance.
Et cette consigne : « Notre partenaire de la semaine vous
ouvre les portes de son magasin. Venez en couple y dĂ©couvrir sa collection. »
Ouais, ben, on dira alors que la femme de ma vie est souffrante, au lit avec
de la fièvre.
Mais le plus drĂ´le, c’est que ce magasin s’appelle « Bien-ĂŠtre ».
Mettez la musique du film Psychose en fond sonore (vous vous
rappelez, ces fameux petits bruits stridents qui accompagnaient la
scène du meurtre de la blonde qui prend sa douche ?) Vous imaginez le couple de
dingues, le monsieur, perçeuse à la main, transformant tout ce qui passe
à sa portée en gruyère, et la madame, avec son ensemble de
couteaux de boucher, se la jouant comme Uma Thurman dans le bar
japonais de Kill Bill ?
Bien-être ... vraiment, il y a des trucs qui ne s’inventent pas !
Mercredi, le 26 janvier 2005
Ouais, je sais...
Au lieu de m’occuper de
mon nouveau site Ă moi , je fais du
ski le week-end, je termine une nouvelle sculpture
et je corrige des copies...
Et surtout, je suis à présent l’heureux papa de 8 charmants
bambins : trois
betta splendens (complètement stones,
les jolies bêtes, le combattant mâle ne bouge que pour faire des bulles ou
se déplacer vers la bouffe, et les femelles se cachent presque tout le
temps) et cinq
brachydanio rerio (complètement speedés,
eux, ils traversent l’aquarium en une fraction de seconde, de vraies
« formules un » de la natation).
Ah oui, j’y pense : faut que je reprenne mes entraînements à la piscine...
Bon, en attendant que je revienne, vous pouvez toujours voir
ça
(elle est pas belle, la vie ?)
Jeudi, le 13 janvier 2005
Est-ce bien raisonnable ?
Je viens d’effectuer un gros virement bancaire entre un compte où l’argent faisait des
petits et un autre où les sous seront prêts à être dépensés.
En raison des soldes. Et de multiples achats en vue.
Dans le dĂ©sordre, les dĂ©penses prĂ©vues sont une imprimante couleurs (j’ai dĂ©jĂ
des bons d’achats offerts par mes petits frères à Noël, mais cela
ne suffira pas), un abonnement Ă un club de sport (parce que je me suis dit
qu’il fallait vraiment que je pense à ma petite personne, surtout si je n’arrête
pas de cuisiner et de goûter à ma cuisine), des fringues de sport (parce
que mes seuls vêtements de sport sont, pour l’heure, un maillot de bain, un
bonnet de pain et des lunettes de piscine), et plein de bricoles d’arts plastiques
(terre Ă modeler, peintures).
Ah, vive la société de consommation...
Dimanche, le 9 janvier 2005
C’est mal
J’ai lu dernièrement que, selon une grande prêtresse du savoir-vivre, il ne faudrait
absolument jamais saucer Ă table. Oui, tremper la mie de son pain pour nettoyer
l’assiette, ça ne se fait pas, c’est comme tartiner son foie gras comme un
vulgaire pâté, c’est mal, c’est sale, bêêeeuh.
Ben, je ne peux pas m’en empêcher. Je ne sais pas qui a établi cette
stupide règle du « bien se tenir Ă table », mais elle a
visiblement été écrite en dépit du bon sens, et surtout en toute méconnaissance
de la gastronomie, de l’art culinaire et, au sein de cet art, de l’originalité,
de la finesse et du doigté nécessaire à la réalisation de sauces se mariant au mieux aux divers
mets pour qu’ils puissent exprimer leurs plus subtiles saveurs.
J’ai même tendance à croire qu’il s’agit d’une
règle imposée par une dame acariâtre et ayant tendance à prendre de l’embonpoint,
et ceci simplement pour frustrer les jeunes âmes épicuriennes qui auraient pu profiter
d’une sauce un peu riche dont elle, la méchante, devait se priver, non par goût
mais par nécessité médicale ou diététique...
Sans transition. Vendredi, juste avant de partir du bureau, j’ai lancé à mes
collègues : « C’est comme les prĂ©servatifs ! ».
Devant l’étonnement justifié de ces derniers, je me suis expliqué. J’étais en
train de réaliser une sauvegarde des données les plus précieuses sur ma clé USB
personnelle. Il s’agit là du genre de choses que je n’oublie jamais de réaliser
car je suis un garçon prudent. D’où la petite phrase. Mais ça ne se dit pas.
C’est mal...
Ah, mais dans quel monde vit-on ?
Dimanche, le 2 janvier 2005
Let’s talk about sex!
En ce moment, je lis
Sexomorphoses d’Ayerdhal (que le monsieur m’avait dédicacé
lors de sa venue à Sainté, en octobre dernier, à la Fête du Livre). Un peu compliqué,
surtout quand on n’a pas lu le premier tome (
l’Histrion ) : space opéra avec
stratégies impériales galactiques, pouvoirs psy... et un héros/héroïne qui, à travers
des mutations, passe d’un genre à l’autre. Et c’est pas mal...
Je viens de terminer d’écrire une nouvelle et ce serait vraiment génial de la voir publier,
pour bien débuter l’année. Je suis content des thèmes qui y sont abordés, de l’histoire,
des personnages... Et surtout,
j’ai tout particulièrement soigné une scène d’amour qui y est décrite (car nous
étions vraiment très, voire trop,
soft dans « Quand s’envoleront ma
vie et ma conscience... », la nouvelle Ă©crite avec Jean-Jacques Girardot).
Entendue hier soir, mais que l’on trouve encore sur le site de
Mauvais Genres
(l’émission de
France Culture qu’elle est bien), une heure consacrée au
sexe bizarre . À Ă©couter sans attendre... parce que, Ă partir
de samedi prochain, le 8 janvier, ce sera trop tard !
Au hasard des clics, je suis tombé sur un quizz sympa :
Sex Quiz for
Dummies . Bon, c’est en anglais, mais c’est rigolo et instructif. En plus, le réalisateur
du quizz, un prof (qui doit être un sacré original, apparemment), donne des explications
à chacune des réponses, avec références à la clé.
Et puis, que faisiez-vous au moment de passage de la nouvelle année ?
Pour ma part, avec mes amies, nous Ă©tions surpris en pleine partie de
Love Trivia ...
Voilà une année qui s’annonce donc sous d’agréables auspices érotiques.
[Certes, je ne suis pas insensible aux horreurs qui touchent le monde en ce moment.
Mais même sans être licencié en psychologie, vous n’êtes pas sans savoir que Thanatos
s’accompagne de l’autre pulsion : Éros...]
Samedi, le 1er janvier 2005
Du rĂŞve, ayons !
Retour Ă Saint-Étienne pour dĂ©couvrir qu’elle m’avait encore fui. Elle Ă©tait
bien là à mon arrivée en Alsace, mais trop peu de temps pour que je puisse la toucher
ou jouer avec elle. Elle brillait par son absence à Noël. Des amis disaient l’avoir vue à Lyon,
d’autres Ă Saint-Étienne, cette dame toujours aussi belle... mais lorsque je suis
revenu chez moi, elle avait Ă nouveau disparu, ou se cachait parfois sur les toits, cette
neige sauvageonne.
Je suis donc revenu dans ma bonne ville de Saint-Étienne le 29 dĂ©cembre afin de fĂŞter
la Saint-Sylvestre avec des amis rhône-alpins. Mais bien vite, les coups de fils passés aux
uns et aux autres modifiaient mes plans : quelques uns étaient encore auprès de leur
famille chez qui ils allaient réveillonner, d’autres étaient malades et n’avaient
que peu d’envie de passer leur g....o à tout le monde, et il y avait aussi les amis de Lyon
qui n’étaient pas très chauds pour venir jusqu’à Saint-Étienne...
Donc changement de programme de dernière minute : je suis allé fêter le passage de la
nouvelle annĂ©e en comitĂ© restreint auprès de mon ex petite amie et de sa sœur, Ă Lyon.
Ma foi, ce fut finalement plutôt réussi...
Merci maman pour m’avoir passé les recettes de florentins et du tartare de noix de saint-jacques-crevettes-mangue.
Merci ma belle-sœur pour m’avoir fait dĂ©couvrir le Malibu mangue qui se boit
avec délice aussi bien pur que mélangé à des jus de fruits.
Merci Ă vous, lecteurs, qui suivez ce carnet virtuel depuis plus de deux ans. Recevez tous
mes vœux de bonheur en cette nouvelle annĂ©e : que 2005 vous apporte la santĂ©
et la chance d’échapper aux malheurs qui touchent notre monde, que ceux qui cherchent
l’amour voient celui-ci frapper à leur porte, et que la vie vous soit, à tous, un peu plus douce...
Mardi, le 28 décembre 2004
Entre Noël et Nouvel An
Assis à la table de la salle à manger, le sapin décoré dans le dos, la Crèche
sur la droite, la cheminée à gauche, l’ordinateur en face, la musique de la
radio diffusée par
le Net (merci le WiFi), ambiance feutrée de la maisonnée familiale...
Un sentiment de calme et de sĂ©curitĂ©. Il faut bien ça. À l’heure du
repas, la télévision, que je n’ai plus l’habitude de regarder, annonce des
horreurs. Des morts qui se comptent par dizaines de milliers en Asie. Les journalistes
font grand cas de la poignée d’étrangers disparus (des Français !).
Bien sûr, nul n’envie le sort de ces malheureux touristes, mais il est quand même assez
impudique de s’intéresser surtout à ces quelques uns alors que le cataclysme
laisse sans voix par son immensité.
La télévision, c’est toujours comme ça ? Une fenêtre ouverte sur le grand monde... et
la petitesse des gens. Sentiment lĂ©ger d’écœurement ne se mariant que trop bien avec
la bonne chère que l’on consomme toujours un peu à l’excès en ces jours.
Pas de trêve sur Terre, même en cette période de fêtes, l’année n’avait pas encore eu
son lot de sinistres.
Impuissant, devant un autre Ă©cran, un Ă©cran oĂą – contrairement Ă la tĂ©lĂ©vision – on n’est pas passif,
je lance mon vieux traitement de texte pour Ă©crire, Ă©crire, Ă©crire... Modestement, je reconstruis
l’univers du bout de mes doigts.
Vendredi, le 24 décembre 2004
Compétent, le gars !
Hier après-midi, j’ai fait mes achats de Noël. Si, si, en quelques heures,
dans le centre de Strasbourg, j’ai pu passer auprès d’une maroquinerie, de
deux parfumeries, de trois librairies (dont une fnacque où j’ai vu un
exemplaire de
ça ), de quatre boutiques vendant du matériel pour les beaux-arts et la décoration...
et, du coup, j’ai tous mes cadeaux.
Sans compter que j’en ai profité pour saluer un copain libraire, que
je me suis achetĂ© un billet de train pour le retour Ă Saint-Étienne,
que j’étais allé voir les artisans du marché de Noël jusqu’à la petite France, que
je suis passé par la cathédrale Notre-Dame pour y admirer la Crèche, que
j’ai trouvé un magasin d’alimentation asiatique pour y acheter les
ingrédients nécessaires à la confection des maki-sushis prévus pour ce soir
et que j’ai pu essayer un pantalon (que l’on doit m’offrir).
Et tout ça, accompagné par ma maman (s’il vous plaît !).
Bon, je l’admets : en rentrant à la maison, ma mère était sur les
rotules, et j’ai attrapé une ampoule (quelle idée aussi de faire les
courses de Noël avec de nouvelles chaussures).
Rien qu’un regret : ce matin, avec le redoux, la pluie a nettoyé
tout ce qui restait encore de neige...
Jeudi, le 23 décembre 2004
V.I.S.
(
Very Important Stéphanois )
Oui, par la grâce du WiFi (Riri, Loulou, non, je l’ai faite le premier) et
de l’agilité techno-branchouille de mon petit frère ingénieur, contrairement
à ce que j’ai indiqué dans mon post précédent, je peux me connecter au Ternet
depuis le lieu où je vais passer les fêtes de Nouël (ou Nowell, comme vous
préférez).
Alors, le voyage s’est bien passé. Je suis parti
d’
ici
et j’ai voyagé avec une ch’tite compagnie qui organise des vols entre
la préfecture de la Loire et Nantes (pratique pour se rendre aux
Utopiales ,
tiens, j’y songerai la prochaine fois), Paris (ah, les Champes Zélizéeuh...
ah, la Eiffel Tower !)... et...
Strasbourg .
Si, si. Pourquoi cette
dernière ?
Je n’en sais rien, mais en tout cas, pour le coup, ça m’arrange, parce que
je suis né dans la capitale alsacienne et que je passe les fêtes de la Nativité
du Christ avec ma famille proche, devant un
vrai feu de cheminée ,
un
vrai sapin
décoré avec des jolis cadeaux à son pied, une Crèche (réalisée par votre serviteur
mais mise en scène par sa maman), une odeur de petits gâteaux (n’avez-vous jamais
vu ou, mieux, goûté aux
Spritzbredle ?), des lumières scintillant dans
la nuit sous la neige, la messe de Minuit et ses chants sacrés ? (Ambiance
100 % authentique.)
Bon, ben, bref, hier, après une matinée à corriger des copies (un QCM, en plus, la joie),
j’ai retrouvé une collègue qui, en partant elle aussi en vacances,
a eu la bontĂ© de faire un petit dĂ©tour pour me dĂ©poser Ă l’aĂ©roport de Saint-Étienne,
alias l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon, parce que pour y aller par les transports en commun...
Comment ! Je ne vous ai pas raconté ?
OK, donc c’était il y a un peu plus d’une semaine, alors que je venais de prendre
mon billet d’avion sur le Ternet (30 € le vol, une promo d’enfer, vous imaginez ?),
je me suis dit : « Fab, t’es un gars prudent, tu vas faire un repĂ©rage et aller
Ă l’aĂ©roport avant pour pas te retrouver dans la m.... au moment du dĂ©part ».
Alors, je vais naĂŻvement regarder sur le
site ,
et je trouve des informations qui me parlent
de trains, de cars et de taxis. Youpi, tout va bien.
J’hésite un instant entre le car et le train, et comme je connais plus facilement les
horaires de la SNCF, je prends mon billet à la gare de Châteaucreux, direction Roanne, et
je descends moins d’un quart d’heure plus tard à la gare de Bouthéon.
...
Surprise, c’est une gare perdue au milieu de rien. Enfin, même pas une gare, une espèce
d’abribus fantôme pour train paumée dans le brouillard (oui, en plus, il y avait
du brouillard à couper à la tronçonneuse).
Bien entendu, aucune indication pour se rendre à l’aéroport.
Juste un restaurant appelĂ© « Aux deux Ă‚nes » qui fait, compte tenu
de la situation, que l’on se sent subitement devenu le troisième. Et soudain, j’entends
braire le grison (parce qu’il y avait réellement un tel animal),
j’essaie de reprendre mes esprits et je me dis
que le petit chemin qu’empruntent les autres personnes
qui sont descendues du train avec moi doit bien mener quelque part (et sortir de
ce monde parallèle, parce que, ouh là là , j’ai l’impression d’être arrivé dans une
autre dimension).
Et le chemin débouche en effet sur des semblants de civilisation. En particulier,
il y a deux gendarmes qui arrêtent des voitures à un rond-point. Je me renseigne auprès
de ces messieurs (car il n’y a que des indications très locales sur les divers
panneaux de circulation du rond-point) et les représentants de la maréchaussée me
désignent la route à suivre, sur cinq kilomètres environ, en terminant leur phrase par
un « mais vous voulez y aller Ă pied ?! » pas très
rassurant.
Alors, je marche en me repérant à quelques signes, je passe devant la gendarmerie,
je traverse toute la petite ville, je tombe sur des panneaux avec un avion caractéristique
(froid, froid, froid... chaud, ça y est, je brûle !), je tombe dans une zone
industrielle, je me dirige dans une zone commerciale, j’aboutis sur le bas-côté
de voies très rapides (argh, c’est vraiment trop dangereux d’être un piéton parfois...)
et, au bout d’une heure, les pieds mouillés, froids et boueux, j’entre dans l’aéroport.
Je me renseigne à l’accueil, la demoiselle est ravissante et serviable, mais confirme
ce que je craignais : le samedi, au niveau des transports en commun, c’est un peu la mort...
et la semaine, il faut tenter sa chance avec les cars du Conseil général de la Loire, parce
que venir depuis la gare de Bouthéon, c’est une expérience à ne pas reproduire, surtout
chargé de valises. Pas de taxi non plus. Les abribus que j’ai croisés n’indiquaient plus de départs
avant le lundi suivant, le train pour Saint-Étienne ne part que dans trois heures...
et l’attente avec ce froid...
bref, ça s’annonçait mal. J’ai pris le chemin du retour en direction de la gare de Bouthéon
(motivé, le gars), puis j’ai vu un car de la fameuse compagnie circulant pour le Conseil
général de la Loire et j’ai fait de grands signes désespérés au chauffeur. Ce
dernier s’est arrĂŞtĂ©, m’a informĂ© qu’il venait de Saint-Étienne et s’en allait
dans l’autre sens (m... !) mais m’a indiqué un arrêt où j’avais une chance d’avoir un car
pour rentrer chez moi. Et ce fut vrai. Alléluia.
...
Retour Ă hier.
Je suis arrivé à l’aéroport avec un sac sur le dos, ma valise à roulette à la main, et
il n’y avait personne. Ou si, une demoiselle qui venait d’arriver à l’aéroport, et qui
appelait quelqu’un pour venir la chercher, car point de taxi à l’horizon (une habitude
locale, sans doute). C’est curieux,
un aéroport vide. Bon, il y avait bien mon avion indiqué sur l’écran, puis un autre pour Londres,
en fin d’après-midi, donc pas d’inquiétude. Je me suis assis (ouais, il n’y avait pas à se
battre pour trouver un siège de libre), j’ai pris un bouquin et je ne suis sorti de ma lecture
qu’à quelques occasions, lorsque des demoiselles en uniforme (qui était fort charmantes, au demeurant)
passaient en me disant un souriant « bonjour ! ».
Puis un homme à moustaches s’est installé à un guichet et une voix féminine a annoncé
dans le hall que l’enregistrement des bagages pouvait commencer. Je me suis retourné, j’étais
toujours tout seul. Sur le coup, je peux dire que je me suis senti... très important.
Tant de gens aux petits soins pour ma modeste personne ? Puis nouvelle attente
armée d’un bouquin. Dans mon dos, pendant que je lisais, j’ai entendu un couple
de personnes âgĂ©es prendre place dans le hall d’embarquement. Et nous avons Ă©tĂ© trois Ă
monter dans l’avion (qui pouvait transporter une cinquantaine de passagers).
À vrai dire, nous Ă©tions cinq, en comptant l’hĂ´tesse de l’air et le commandant de bord.
Hallucinant. Le pire, c’est que les autres voyageurs ont aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© de tarifs Ă
trente euros... Gasp. Et pourtant, nous avions été traités comme des princes.
Et au bout d’une heure et quelques minutes de vol dans les nuages (ah non, ce ne sont
pas des nuages bas tout bizarres, à l’est, mais la chaîne des Alpes), nous sommes
arrivés à Entzheim (alias l’aéroport international de Strasbourg), découvrant du ciel
que la terre Ă©tait recouverte de neige...
À Saint-Étienne, il faisait froid avec grand soleil mais, en Alsace,
l’ambiance de Noël s’annonçait bien 100 % authentique.
Mardi, le 21 décembre 2004
After the party
Quelques remarques post-festives :
une petite dizaine (en clair, neuf), c’est sans doute le nombre
idéal de personnes à une soirée : moins, on a trop
vite fait le tour des gens, et plus, on n’a pas le temps de discuter
avec tout le monde ;
les amis qui connaissent mon goût pour la lecture m’ont offert
des livres (de cuisine ou de science-fiction), les plasticiens m’ont
fait cadeaux de compositions artistiques, d’autres m’ont apporté des
bouteilles de vin, et un dernier le fruit d’un amusant bricolage (une
paire de pistolets tirant des Ă©lastiques, si, si !) ;
je prépare deux fois trop de choses à manger (je suis pire que ma mère) ;
mes maki-sushis sont vraiment excellents (ouais, mais faut y aller
doucement avec la pâte wasabi, j’ai dit que c’était très fort !) ;
ma recettes de crevettes à la crème fraîche et... (non, je ne
vais pas tout raconter, secrets de chef), c’est vraiment une tuerie
pour les papilles ;
les artisans pâtissiers du coin font vraiment des merveilles (mmmmmmh.... l’exquis au
caramel et à l’orange, mmmmmmh... le forez au chocolat...) ;
quand 32 bougies sont réparties sur deux gâteaux, ce n’est pas simple de
les Ă©teindre sans reprendre son souffle ;
les invités préfèrent le gewurztraminer au riesling, au champagne ou au crémant
d’Alsace (la prochaine fois, j’en prendrai plus de bouteilles) ;
mes voisins doivent ĂŞtre sourds, ou alors il y a une excellente isolation
phonique dans mon immeuble ;
les demoiselles les plus charmantes sont aussi celles qui dansent le mieux ;
le mélange chichon + alcool, ça fait dormir (n’est-ce pas, Fred ?)...
...et finalement c’est tant mieux, car, comme ça, il y a moins de concurrence lors
des séries de slows (gnarf, gnarf !)
le lendemain, en nettoyant, j’ai pu remplir plusieurs grands sacs poubelles
(j’avais acheté tout ça ?) ;
il y avait des Ă©lastiques de partout, mĂŞme dans les endroits les plus improbables
(merci, Chris !) ;
j’ai mis en route une pyrolyse... ce qui a eu pour
effet de faire à nouveau casser la vitre intérieure de mon four (heureusement que
ce dernier est encore sous garantie) ;
j’ai plein de restes dans mon réfrigérateur... et je dois partir dans quelques jours
pour fêter Noël dans ma famille (bénie soit l’invention du congélateur) ;
il n’y a pas à dire, des fêtes comme ça, ça donne envie de prendre un an de plus !
VoilĂ , fermeture temporaire de ce weblog car je vais prendre quelques jours de vacances
et je ne sais si je pourrais poster entre temps.
Passez de joyeuses fêtes et à l’année prochaine !
Samedi, le 18 décembre 2004
Cure de jouvence
Ça y est, j’ai 20 ans.
Trop d’la balle, et ce soir, je fais une teuf avec des potes chez ouam.
La vérité, c’est que mon birthday, c’était jeudi dernier, mais comme
j’étais au taf, j’ai préféré organiser ma party during the week-end.
Alors, ça s’annonce plutôt bien, plein de charmantes amies ont accepté mon
invitation (je traduis : « y aura de la meuf grave au mètre-carrĂ© ! »),
mes Ă©toiles du jour annoncent : «
Sagittaire,
Sensualité, séduction, profond regard. Poète, esthète, romantique, et délicieusement charmeur.
Vous tiendrez vos promesses ». Yeah ! Trop bien ! Et puis,
cette description, c’est vraiment trop ouam, la vérité !
J’ai préparé des compiles de ziques. De la house & de la techno, du trip hop
& du lounge, des slows-de-la-mort-qui-tuent... des tubes des années quatre-vingt.
Les années 1980 ? Ah, mince, c’est vrai : j’ai 20 ans, ouais, mais
20 en base hexadécimale, faut dire... Alors j’arrête d’écrire à la manière
des
skybloggeurs
(en plus, je n’ai même pas prévu de passer du rap ce soir, gasp,
je suis démasqué...)
Dimanche, le 12 décembre 2004
La vie, la mort, et caetera
En début de semaine, j’ai appris la mort d’un membre de ma famille.
Un oncle. Sexagénaire. Solide comme le roc.
À l’annonce de cette macabre nouvelle, plutĂ´t que d’être submergĂ© par
l’émotion, je ne parvenais qu’à être un bloc d’incompréhension. Ce
n’est que la voix tremblotante de ma mère, au téléphone, qui m’a
fait ressentir la douleur de la cruelle disparition de son frère.
Par un clin d’œil assez ironique de la vie, le jour de l’enterrement de mon oncle
a aussi été celui de l’anniversaire de mon père, et donc le rappel annuel de la venue
au monde de la personne qui a eu – avec ma mère –
une participation essentielle Ă ma propre existence.
La vie, la mort...
J’ai remarqué que mon rapport avec la mort était assez étrange. Je ne
parviens jamais à réaliser exactement ce qui arrive. Ce n’est qu’au moment
de l’enterrement, face au cercueil porté en terre, ce n’est que lors
de la messe funèbre, ce n’est que quand je retrouve des proches en
habits noirs et en larmes, que je peux parvenir Ă me faire une
idée de la fin définitive, du moins sous son aspect terrestre, de
quelqu’un que l’on a connu et aimé.
La mort, la vie...
Je pense que c’est sans doute pour cela qu’il est si important, pour moi, avant de
mourir, de laisser une trace. Lorsque le temps et les vers auront
fait disparaître mon enveloppe corporelle, je me dis qu’au moins mes créations, écrits et
sculptures, seront ici bas mes restes ... MĂ©reste...
Dimanche, le 5 décembre 2004
Satisfaction
Quelques petits riens de la vie qui font passer un bon week-end...
Quitter le bureau en se disant que l’on a bien travaillé durant la semaine.
Se dire que les amis invités pour la soirée d’anniversaire, dans quelques jours, pourront
être là , ou, à défaut d’être présents, auront une petite pensée au même moment.
Donner de l’argent au Téléthon et se dire qu’il sera utilisé pour la bonne cause.
Terminer une sculpture, en recommencer une nouvelle, trouver les produits tant
recherchés pour donner de superbes effets de patine aux pièces.
Apprendre que les sculptures mises au four n’ont pas explosé et attendre
avec impatience de les récupérer pour essayer les nouvelles patines.
Avoir le temps de faire les courses, le ménage et préparer de nouveaux plats.
Aller à une soirée organisée par des collègues, passer un moment très
sympa, découvrir de nouvelles têtes, apporter les sushis préparés un peu plus
tôt et recueillir plein d’éloges pour cet essai culinaire plus que réussi.
Rentrer de la soirée vers quatre heures du matin, mais être quand même
assez en forme pour débuter un kilomètre de brasse coulée, dès onze heures.
Passer devant le marchĂ© de NoĂ«l, entendre la musique de « Douce Nuit »,
fredonner les paroles en allemand et s’amuser de la force des traditions, des habitudes, des rituels.
Découvrir des prix de vols promotionnels sur la ligne aérienne qui convient et
se dire que rejoindre la famille à Noël en avion est peut-être une idée judicieuse.
Installer la Crèche sculptée l’an passée et se rendre compte que les personnages, bien
que très fragiles (car réalisés en argile non cuite), n’ont pas trop souffert du rangement.
Ne toujours pas être fatigué malgré une nuit à moins de six heures de sommeil.
Être prêt à prendre de l’avance sur le travail de la semaine en préparant encore ce soir
un sujet d’examen.
Et avoir le temps de penser Ă tout ceci, de le coucher par Ă©crit, et de le mettre en ligne...
Vendredi, le 3 décembre 2004
Fabrice et moi
Ça y est, je me fais une crise d’identitĂ©.
Bon, c’est pas grave, mais juste un peu gênant.
Je m’explique...
Dans la vraie vie, quand j’ai bien fait mon travail, je vais présenter
le résultat de mes recherches dans des endroits où il y a d’autres gens
qui sont aussi là pour ça, présenter leurs recherches et voir ce qu’ont fait
les collègues et/ou copains.
Voilà , pour l’instant, c’est tout simple.
Dans l’autre vie, celle qui est aussi vraie, mais un peu moins,
celle que je mène avec ce nom qui, pour de sombres histoires
familiales, n’est pas le mien (ouais, je vis dans un pays bizarre où on porte
un nom qui est aussi celui de son papa, ou occasionnellement celui
de sa maman, et pas un nom inventĂ© pour la circonstance, comme les « Tarzan »
ou « Dartagnan » Ă Madagascar), dans l’autre vraie vie,
disais-je, je porte un nom que je me suis choisi avec lequel je signe mes
sculptures, mes textes de fiction, ce weblog... ou encore
des articles qui portent sur des textes de fiction.
Et c’est là que tout se complique.
Parce que je vais aller au
Colloque
International de Science-Fiction de Nice pour y parler de
steampunk ... sous mon nom d’auteur.
Or il se trouve qu’il s’agit d’un vrai colloque
avec des vrais professionnels qui présentent leurs travaux... ouais, tout comme dans
la vraie vie. Du coup, je ne sais pas trop comment m’inscrire ou me présenter.
Enfin, je crois que ça va se passer comme toujours dans ces cas-lĂ : « Docteur Fabrice M. »
bosse et paie les factures (le con !), et « Mister F. MĂ©reste » fait le beau et rĂ©colte les lauriers (le salaud !)...
Dimanche, le 21 novembre 2004
Article supprimé
(...)
Vendredi, le 19 novembre 2004
Le prix Ă payer
Mardi soir, je suis retourné à l’opéra voir
RĂ©mi dans le rĂ´le de « Nemorino »
dans l’opéra l’
Elisir d’Amore de Donizetti Ă l’Esplanade de Saint-Étienne.
Bien que ce fût en soirée (oui, me levant d’ordinaire très tôt, j’ai vraiment
du mal avec les spectacles se déroulant tard), j’ai suivi avec autant de plaisir
que le dimanche après-midi cette magnifique représentation.
Après avoir félicité Rémi en loge, je suis reparti chez moi, tranquillement,
la tête pleine d’images et de musiques, me disant que je devais m’endormir
rapidement pour ĂŞtre en pleine forme le lendemain, ayant un cours de 4 heures Ă
donner dès huit heures du matin.
Mais sur le chemin du retour, j’ai été surpris par une voiture qui s’était
arrêtée à ma hauteur. Il s’agissait d’une amie du ténor, vue à l’opéra,
qui m’a proposé de prendre un pot avec Rémi et quelques copains venus de Lyon.
J’ai hésité un instant avant d’accepter car il était déjà 23 heures 30 et
j’avais un peu peur de me coucher trop tard. Et la soirée s’est donc poursuivie
avec un verre pris avec tout le monde, puis il y a eu un dîner... Bref, je suis
rentré chez moi un peu avant deux heures du matin. Et le réveil a sonné un peu plus
de trois heures plus tard, argh !
Le cours du matin s’est très bien déroulé mais l’après-midi, j’étais minable, enchaînant
bâillements sur bâillements, incapable de me concentrer sur une activité quelconque.
Ah, dur, mais c’était le prix à payer pour avoir passé une aussi excellente soirée.
Dimanche, le 14 novembre 2004
RĂ©conciliation
Parce que c’était un dimanche après-midi et non en soirée
(Ă©tant quelqu’un du matin, il m’est difficile d’assister Ă
un spectacle où on ne peut pas bouger sans lutter contre le sommeil après 22 heures) ;
parce que mon copain
Rémi , qui tenait le rôle principal, a une voix d’or
et un excellent jeu de scène ;
parce qu’il m’a obtenu des places très bien situées dans le grand théâtre Massenet ;
parce que la mise en scène d’Arnaud Bernard était tout simplement grandiose
(avec de subtils clins d’œil Ă la Belle Époque) ;
parce que l’
Elisir d’Amore de Donizetti
a quelque chose d’envoûtant et que la difficile alchimie entre le spectacle
et la musique est un art délicat qui ici s’exprime parfaitement ;
parce que j’y étais allé en compagnie de mon ex-petite amie venue tout
exprès de Lyon et que nous nous entendons toujours aussi bien ;
parce que je n’ai pas vu passer ces trois heures alors
que je m’étais fermement ennuyé (voire même presque endormi) lors
de mes malheureuses expériences précédentes
(
Don Giovanni de Mozart et
Cerenentola de Rossini) ;
pour toutes ces raisons, aujourd’hui, j’ai été réconcilié avec l’opéra.
Un seul mot aux artistes : merci !
Vendredi, le 12 novembre 2004
Les petites fées et le grand méchant loup
Cette semaine, un matin, avant d’aller en cours à 8h00, j’entre dans le bus bondé.
Comme je ne suis pas en avance et que je ne veux pas faire attendre mes Ă©tudiants,
je ne peux pas me permettre de prendre le suivant et je m’entasse avec le reste
de chair humaine. Mais là , vers le fond, on dirait que l’on peut un peu plus respirer.
Normal, c’est le coin réservé aux petits caïds de lycées. Qu’importe. Je m’adosse contre
la paroi à l’arrière du bus. Mes narines m’alertent d’abord, puis mes yeux me le confirme :
un jeune tient à la main une cigarette. Voilà pourquoi la fenêtre est entrouverte malgré
la grande fraîcheur matinale.
Je m’imagine dans la peau du méchant loup et je
jette un regard courroucé au jeune, puis je lui dis d’éteindre sa cigarette. Point
d’interrogation, ce n’est pas une demande de ma part mais un ordre, le rappel
de quelqu’un que la fumée dérange et qui est dans son bon droit.
(Amis fumeurs, pensez aux autres : regardez
ceci
ou
cela ).
Le lycéen évite l’affrontement verbal, il me fuit du regard et jette sa cigarette par la fenêtre.
Ah... On se sent mieux. Je sors le
Phénix vert de Thomas Burnett Swann de mon sac et termine les
dernières pages de cet ouvrage de
fantasy .
Mmmmmmmmmmm. De la
fantasy . Des créatures mythiques, des histoires épiques,
l’auteur chante au fil des pages son amour de la nature et des univers magiques.
Je lève les yeux de mon livre pour découvrir que le jeune en regarde avec curiosité
la couverture à l’oiseau vert. J’imagine qu’il doit se dire que je dois finalement être
quelqu’un de bien inoffensif, ce en quoi il n’y aurait pas tort.
Ça y est, j’ai perdu toute crĂ©dibilitĂ©...
Samedi, le 6 novembre 2004
Saint-Étienne, ou la fĂ©erie moderne
Saint-Étienne n’est pas, ou n’est plus, la ville noire de mineurs que l’on peut
imaginer. C’est une ville verte, et pas seulement à cause de
ça .
Bien qu’étant la deuxième agglomération de la
RĂ©gion RhĂ´ne-Alpes après Lyon, Saint-Étienne, qui n’a pas mille ans,
est une ville bordée par la nature.
Prenez le bus depuis le centre-ville et, en un quart d’heure, vingt minutes,
vous pourrez pénétrer dans un univers boisé féerique...
Mais Saint-Étienne, ce n’est pas que cela. Saint-Étienne
est une ville d’arts. L’
École
des Beaux-Arts y est plus réputée que celle de Lyon. Depuis quelques années,
cette école s’est spécialisée dans le design. Et aujourd’hui, et ce jusqu’au 14 novembre 2004,
y est organisée la
Biennale
Internationale (du) design .
Je suis allé faire un tour cet après-midi à la Plaine Achille où se déroulent
la plupart des manifestations et j’y ai découvert un enchantement
de créations... une multitude d’objets dont l’esthétique et l’originalité
apportent une délicieuse touche de fantaisie dans notre quotidien.
J’étais tellement sous le charme que je n’ai même pas eu la présence
d’esprit de prendre quelques photos des défilés...
Saint-Étienne, capitale du design : la ville est devenue le lieu de rencontre
des magiciens modernes de la création.
[Remarque : Ce post n’a pas été inspiré par l’esprit
fantasy dans lequel
je baigne actuellement à l’occasion de la lecture de l’excellent
Phénix vert de Thomas Burnett Swann...]
Jeudi, le 28 octobre 2004
Ret’nez-moi, ou j’vais l’frapper !
Hier, un peu après 18 heures, à la sortie de mon laboratoire, je me suis installé sous l’abribus et,
en attendant l’arrivée du mon habituel moyen de transport, je
me suis plongé dans le dernier
Bifrost
(le numéro 36 de cette excellente revue de science-fiction).
Absorbé par la désopilante lecture de la nouvelle
steampunk de Luc Dutour, je n’ai pas remarqué
cette ombre s’approcher pour me récupérer d’un geste vif le sac que j’avais sur mes genoux.
Le premier instant de surprise passé, je me suis rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’une
mauvaise blague d’un copain mais qu’un inconnu m’avait bel et bien subtilisé mon sac !
Aussitôt, je me suis lancé à la poursuite du voleur qui avait profité de mon incompréhension pour
gagner du terrain et qui s’apprêtait déjà à disparaître dans le labyrinthe des HLM voisins.
Comprenant que je courais plus vite que lui, tel un rapace tenant dans ses serres un rongeur
voyant un oiseau plus fort prĂŞt Ă lui disputer sa proie,
le jeune délinquant a abandonné mon bien et a poursuivi son chemin à petites foulées.
J’ai mis mon sac sur l’épaule, et fixant le jeune homme (15-17 ans, pas plus) qui s’était arrêté
pour me narguer, j’ai repris ma course pour l’atteindre. Le méchant schtroumpf s’est alors
échappé parmi les tas d’immeubles, et comme mon bus arrivait, j’ai rebroussé chemin.
Installé sur le siège du bus qui s’en allait, reprenant doucement mon souffle, j’ai vu le
mauvais drôle sortir de sa tanière, tenant d’une main un pan de son blouson afin de
masquer son visage, de l’autre exhibant le poing fermé, excepté un doigt dressé en
guise d’insulte...
C’est vraiment très bizarre. Quelques heures plus tôt,
je rappelais encore à mes collègues, lorsque nous déjeunions,
que, de toute ma vie (d’adulte, au moins),
je ne m’étais battu, et je leur avais raconté cette
anecdote
où j’avais assez subtilement trouvé une astuce pour éviter de me faire démolir.
Mais là , qu’aurais-je fait si je m’étais finalement retrouvé face à cette petite frappe
à qui j’aurais voulu adresser une leçon ?
Mercredi, le 27 octobre 2004
J’adore faire la cuisine
Hier, deux couples d’amis sont venus dîner chez moi.
Apéritif :
Cocktail salé (cacahuètes, amandes, noix de cajou, noisettes), chips de crevettes,
sticks et bretzels (d’Alsace), rivesaltes, punch coco,
cocktail avec un mélange de Soho (liqueur de litchi), de jus de goyave, de jus d’orange-banane et de jus d’ananas.
Repas chinois cuisiné au wok : nouilles chinoises, crevettes, noix de Saint-Jacques,
émincés de poulet, germes de soja, petits pois, champignons noirs, champignons parfumés,
gingembre (sauce d’huître, sauce de soja, jus de citron)... bière chinoise (tsingtao) et riesling.
Dessert : nougat glacé accompagné de macarons (pistache ou café), tarte au citron
ou tarte aux noix.
Bon, c’est pas tout ça, mais maintenant, il me reste à faire la vaisselle...
Vendredi, le 22 octobre 2004
Temps relatif
Un lundi matin, vers 7 h 40, dans le bus. Parmi la foule, deux Ă©tudiants.
Le premier, vérifiant l’heure
sur sa montre, demande au second :
« Tu crois qu’on va ĂŞtre en retard ? »
Et le second répond avec philosophie :
« On arrivera en retard le jour oĂą les profs arriveront en avance... »
En ce moment, je cours tout le temps. Autrefois, j’arrivais toujours à mes rendez-vous en avance, mais
maintenant, les journées ont dû rétrécir, je ne parviens plus qu’à limiter mes retards.
Heureusement que je ne me déplace qu’à pied ou en transport en commun. Si j’avais une
voiture au quotidien, peut-être que j’aurais pu devenir un de ces connards qui font
constamment des excès de vitesse...
Dimanche, le 17 octobre 2004
Le roi de la montagne
J’ai grandi dans la plaine. Au nord : Strasbourg ; à l’est, la Forêt Noire de l’autre côté
du Rhin ; Ă l’ouest : la ligne bleue des Vosges... À cette Ă©poque, lorsque
j’allais du côté du Mont Sainte-Odile, j’avais la possibilité de voir l’Alsace, ou du moins
une certaine partie de celle-ci, avec ses villages bâtis autour du clocher de l’église, ses champs,
ses forĂŞts, ses vignobles.
Lorsque j’ai quitté ma région natale et que je me suis retrouvé à Lyon, j’ai toujours aimé
aller sur la colline de Fourvière, à côté de la Basilique Notre-Dame.
De là -haut, je repérais ma nouvelle géographie :
impossible de manquer la tour en forme de crayon permettant de localiser la Part-Dieu ;
puis sur la gauche, le nord, l’opéra et l’Hôtel-de-Ville ; au milieu, la place Bellecour ;
sur la droite, le sud, la Saône se mêlant au Rhône. Le même désir de hauteur me prenait quand
je vivais à Paris : j’allais à la place du Trocadéro pour voir, au-delà de la Seine, la tour Eiffel
et le reste de la Ville Lumière...
VoilĂ un peu plus d’un an que je vis Ă Saint-Étienne. Au dĂ©but, j’avais un peu peur
de ne pas trop m’y plaire : étant citadin dans l’âme, je craignais de trouver cette ville
trop petite pour moi. Mais, finalement, non. Je m’y suis très vite attaché. Peut-être est-ce
parce que je vis en plein centre-ville, Ă deux pas de toutes les manifestations culturelles
importantes, comme la
FĂŞte
du Livre qui s’est déroulée ce week-end,
peut-être est-ce parce que mon immeuble se trouve à côté de toutes les facilités de transport en
commun, peut-être est-ce parce que cette ville offre la possibilité de pratiquer des activités
que je n’avais jamais eues l’occasion de reprendre, comme la sculpture,
peut-ĂŞtre est-ce parce que je suis venu ici pour des raisons professionnelles et
que j’exerce maintenant un travail que j’aime bien et dans lequel je parviens Ă
m’épanouir, ce qui n’est pas si fréquent, ou peut-être est-ce simplement parce que j’ai trouvé ici quelques
bons amis...
Cela peut sembler assez curieux, mais je crois que c’est aussi et surtout parce que tous les jours, lorsque
je vais travailler, je me retrouve sur la colline d’où je peux voir la nature, les forêts, le
ciel, les montagnes et la vallée du Gier qui s’étire vers Lyon. Chaque jour, devant mes yeux,
s’étale le paysage aux mille beautés. Chaque jour, ce spectacle fait de moi le roi de la montagne.
Jeudi, le 7 octobre 2004
Panorama en tĂŞte de gondole
À mon retour d’Italie, j’ai trouvĂ© de la saine lecture :
le
Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux , le premier (et très bel) ouvrage
de la prometteuse maison d’édition les
moutons Ă©lectriques .
Alors, mon voyage : Venise est une ville merveilleuse, « naturellement »,
ai-je envie de dire. Et Padoue est un endroit splendide, aussi m’a-t-il fallu bien du courage pour rester
travailler alors que tout appelait à la découverte de cette charmante cité, aux habitantes tout aussi charmantes...
Sans compter le beau temps, la culture et le raffinement qui transpirent des murs et des places autant que
des musées, ainsi que la nourriture savoureuse (pâtes et pizzas, bien entendu,
et Ă©galement de fameux
antipasti : par exemple, j’ai goûté à un délicieux carpaccio de pieuvre).
Bref, la
dolce vita ...
Dimanche, le 19 septembre 2004
Mise en abyme
Sinon, ce matin, petite balade
sympathique en roller :
« se dĂ©placer autrement » dans le cadre des JournĂ©es du Patrimoine.
Saluons la Ville pour cette belle initiative !
[Edit : Merci Ă
Akelia
et
André-François
pour la correction de l’expression
employée dans le titre.]
Mardi, le 7 septembre 2004
C’est la rentrée
Hier, sept heures trente. J’entre dans le bus bondé. Je ne peux attendre le prochain,
je dois donner un cours à huit heures. Poussif, le véhicule se met en route, avalant
de nouveaux élèves et étudiants aux arrêts suivants. Je reconnais certains de mes
anciens Ă©tudiants que je suppose faire partie de ma nouvelle promotion. Échange
de regards, Ă©change de bonjours. Je veux rĂ©pondre : « Ah, si vous ĂŞtes
lĂ , tout va bien, je ne suis pas en retard... » mais cette boutade ne parvient
pas à se former sur mes lèvres.
À un moment, pas mal d’élèves descendent, et des contrĂ´leurs montent. Un jeune
sans ticket s’explique en prenant le chauffeur Ă tĂ©moin : « Faut leur
dire, monsieur, que vous n’avez pas de monnaie ! ». Le conducteur du bus
approuve avec lassitude. Le contrĂ´leur laisse passer pour cette fois.
Terminus. Je me dépêche de déposer mon sac dans mon bureau et de récupérer mes
affaires. J’ai horreur des craies mais la salle avec un tableau blanc Ă©tait dĂ©jĂ
prise. Tant pis.
Mince, mes étudiants sont prêt d’une quarantaine. J’avais prévu de faire des
groupes de 3 ou 4 personnes, tablant sur une trentaine d’étudiants, ils seront
donc plutĂ´t 5 si je veux avoir mes 8 groupes.
Depuis quelques jours, je n’ai plus de rhume, mes yeux et mon nez ont cessé de
couler, mais je dois souvent tousser, et j’ai un peu peur pour ma voix. Pas
eu le temps de passer voir un médecin.
Mais tout va bien, je parviens à motiver ma promotion en la lançant sur des
sujets nouveaux et étonnants. Pour la documentation, mes étudiants n’auront même pas
à passer des heures à la bibliothèque : je leur demande de voir certains
films ou de s’intéresser à quelques jeux vidéos. Au moins ai-je quelques espoirs,
en agissant de la sorte, de ne pas me retrouver avec des documents résultant
de quelques copier-coller issus d’Internet.
Ça a l’air de marcher. Je dois intervenir Ă plusieurs reprises pour
faire le silence mais je crois avoir réussi à les sortir de la passivité
dans laquelle ils se laissent trop souvent glisser.
À la fin du cours, un Ă©tudiant vient me voir et me propose mĂŞme de
faire un sondage en rapport avec le sujet sur le lequel il souhaite travailler,
belle initiative que je m’empresse d’accepter en lui donnant carte blanche.
Je retourne Ă mon bureau pour travailler sur mon cours du lendemain.
Et aujourd’hui, il est un peu plus de cinq heures du mat’ et je suis
debout pour finaliser un cours que je donnerai cet après-midi.
La journée sera bien chargée car, en plus de ce cours, je vais
avoir deux réunions et être de jury à une soutenance de stage.
Après tout, ce n’est pas si mal que ça d’être prof...
Samedi, le 28 aoűt 2004
Il faudrait que...
Il faudrait que je remette de l’ordre dans ce blog, ne garder
dans la page principale que les posts du mois en cours, mettre
dans les archives les autres, les trier par date et par
thème.
Il faudrait que je termine de corriger le site web qui doit ĂŞtre mis en ligne
à la fin du mois, mais nous ne sommes que le 28, et août à 31 jours, et je suis
bien incapable, en ce moment, de parvenir à finaliser les choses avant la dernière minute.
Il faudrait que je termine de préparer mes nouveaux cours. Ce serait bien, ne plus
avoir grand chose à faire en enseignement, j’aurais davantage de temps à consacrer à la recherche.
Il faudrait que je me remette sérieusement à écrire. Et corriger mon roman. Et l’envoyer
Ă un Ă©diteur.
Il faudrait que je termine les livres que l’on m’a prêté.
Il faudrait que je lise les livres que je me suis acheté.
La pile de mes « livres Ă lire » commence Ă ĂŞtre dangereusement grande. Je ne veux pas ĂŞtre de ceux
qui achètent des livres tout en sachant qu’ils n’auront jamais assez de temps dans une vie
pour tout lire. Et même s’ils étaient éternels, cela ne changerait rien, car
ils achètent de manière compulsive de nouveaux ouvrages
à chaque fois qu’ils passent devant une librairie ou un bouquiniste. J’aimerais
pouvoir mourir après avoir lu l’ultime page du livre qui m’attendait, oui,
j’aimerais fermer une dernière fois les yeux en me disant qu’il est temps,
et que tout en sachant qu’il me resterait encore plein de choses à découvrir,
j’aimerais pouvoir me dire que je m’en irais en
ayant mon âme suffisamment chargée de bons souvenirs.
Il faudrait que... euh, je me brosse les dents. Et que je fasse la vaisselle.
Ouais.
Il faudrait vraiment.
Lundi, le 23 aoűt 2004
Rencontres Remparts / Convention nationale de science-fiction 2004
Visions subjectives de ces deux événements. Je n’ai pas pris de notes, aussi la chronologie n’est-elle peut-être
pas correcte, veuillez par conséquent pardonner les erreurs de ma mémoire dues à la richesse des moments vécus
en ces occasions.
Samedi 14 août. Départ en fin d’après-midi. Il faut environ deux heures au car pour se perdre
dans l’Ardèche septentrionale. Pas vu le temps passer, pas eu le temps de lire une page :
je reconnais Alain Huet, organisateur de la convention SF de Saint-Denis, en 2001, et nous
n’arrêtons pas de discuter de science-fiction, des fanzines, de l’encyclopédie à venir
de Jacques Goimard, de ses projets fous comme la publication d’un index du fanzine
Satellite
ou des pseudonymes avérés des auteurs du milieu... Nous arrivons à Saint-Agrève, Jean-Jacques Girardot
vient nous récupérer et nous entraîne dans un lieu où un chemin de terre, de pierres et de flaques
d’eau traîtresses nous garantit une tranquillité à toute épreuve.
Dimanche, lundi, mardi, mercredi... Les jours filent, les amis du fandom SF arrivent. Petit Ă petit,
de façon très dĂ©cousue, une pièce de théâtre se construit, mĂ©lange curieux de clins d’œil science-fictifs
et de jeux de mots (laids). Mais l’ambiance n’est pas au travail studieux, même si
Remparts est d’ordinaire
une période d’atelier d’écriture, et même si les orages nous retiennent la plupart du temps enfermés
dans une grande bâtisse : nous profitons de ces instants pour discuter entre nous, lire un peu au calme,
voir des films ou jouer sur nos ordinateurs, et je découvre que les dernières pièces du sculpteur
Didier Cottier ont vraiment pris de la maturité.
Jeudi 19 août. C’est le départ. Nous quittons l’Ardèche pour le Vaucluse, les uns après les autres.
Je pars dans la voiture des Girardot. Après un passage par l’hôtel, nous retrouvons le lieu de la convention.
L’organisateur n’est pas là , obligé de faire la navette entre les différentes gares et la salle des fêtes,
mais nous retrouvons déjà des connaissances, et les rayons de livres sont là pour ceux qui recherchent
la perle rare... Première conférence :
Francis Saint-Martin évoque l’histoire des fanzines, ces magazines
réalisés par des fans. Après le repas,
Yann Minh
nous parle de cyberpunk et de ses travaux multimédias pour la télévision, nous plongeons alors dans son univers
qui fait autant appel à l’intellect (avec de multiples anecdotes) qu’aux sens (souvent à travers l’érotisme).
Retour à l’hôtel sous une pluie torrentielle. Nous devinons la route cachée par les eaux, les éclairs
illuminent une nuit de déluge, sensations de fin du monde.
Vendredi 20 août. Conférence de Joëlle Wintrebert sur l’évolution
de la sexualité dans les textes de science-fiction et de
fantasy .
Je me rappelle qu’au cours du déjeuner, des jeunes gens tout de noir vêtus sont entrés dans la salle,
et parmi les personnes attablées, beaucoup se demandaient qui étaient ces gens-là , imaginant qu’il
s’agissait d’une secte ou autre bizarrerie. En fait, point du tout, il s’agissait des membres
des éditions de l’
Oxymore , Ă savoir LĂ©a &
Greg Silhol, Natacha & Anthony Giordano, ainsi que
Sire Cédric . Parmi l’assemblée des fans de SF, il faut dire qu’ils détonnaient
un peu, par leur aspect vestimentaire, leur recherche d’une certaine classe, le fait de venir en
couple, leur goût marqué pour la
fantasy plutĂ´t que la SF... En effet, la plupart des membres
du fandom SF sont, caricaturalement, moins soucieux de leurs personnes, très souvent d’éternels célibataires
(d’où peut-être le sentiment de "famille" qu’ils ressentent les uns envers les autres), et
leur intérêt pour le seul genre SF semble parfois friser l’obsession.
Dans l’après-midi, conférence de
Eric Henriet
sur l’uchronie. L’auteur de l’
Essai , qui avait intelligemment critiqué la
nouvelle
que j’avais écrite avec Jean-Jacques Girardot, nous présente sous forme statistique les
différents points de divergence de l’histoire qu’il a recensé dans les textes uchroniques
et pose une question intéressante : quels sont les points
de divergence que les auteurs auraient pu exploiter ?
En fin d’après-midi, avec les membres de
Remparts , nous présentons notre
pièce de théâtre. Je joue le rôle du "sous-genéral Dennté", et le seul nom de ce personnage
au grade peu commun vous donne déjà une idée de ce qu’a pu être notre représentation...
Retour à l’hôtel au cours de la nuit. Je vais à la piscine. Je ne suis pas seul à nager
sous les étoiles, les hommes en noir de l’
Oxymore
profitent avec moi de la fraîcheur de l’eau.
Samedi 21 aoĂ»t. Nous manquons la confĂ©rence du matin (j’ai demandĂ© Ă
Gilles Goullet
de me ramener à l’hôtel, j’avais en effet égaré mes clés... et pensais les avoir perdu au bord de la piscine).
J’entame la conversation avec
Sire CĂ©dric , ce jeune homme
(je peux dire "jeune", il a deux ans de moins que moi) qui me fait
irrésistiblement penser, aussi bien par son allure que ses ambitions littéraires, à une
sorte de
Francis Valéry
idéal, ou idéalisé, ce qui me le fait trouver des plus sympathiques. Je regrette soudain de
n’avoir encore rien lu de lui. Je mange à la table des "gens en noir" dont je me sens finalement
proche, mĂŞme si mes vĂŞtements sont aussi clairs que les leurs sont sombres, et mĂŞme si mon genre
littéraire de prédilection est la science-fiction et non la
fantasy . Mais, au-delĂ de
ces différences mineures, c’est la même foi qui nous anime en l’écriture, le même souci de
toucher le lecteur, les mêmes désir et besoin mêlés de défendre ce qui nous semble beau et qui nous émeut.
Après le déjeuner, conférence du dessinateur
Philippe Caza en hommage Ă
René Laloux. Puis vient la conférence de
Robert Sheckley . Le nom de cet auteur américain
ne me disait pas grand chose, et puis je me suis rappelé que j’avais adoré l’humour de ses nouvelles, telle la
clef
lanxienne ou de ses romans, comme la
Dimension des miracles , et que le film français
le Prix du danger
des années 80, qui m’avait marqué lorsque je l’avais vu à la télévision, était en fait adapté d’un de ses romans.
Jeux SF animés par Raymond Milési et Roland C. Wagner. Même pas gagné un point (les autres
sont trop Ă©rudits ou trop rapides).
Dîner de gala. Remise des prix Merlin à Mélanie Fazi pour son roman
Trois pépins du fruit des morts
et Sylvie Miller et Philippe Ward pour leur nouvelle
Le survivant (le prix Ă©tait une illustration de
Didier Cottier). Remise du prix Rosny Aîné à Roland C. Wagner pour son roman
La saison de la sorcière
et Ă Claude Ecken pour sa nouvelle
Eclats lumineux du disque d’accrétion (le prix était une statue réalisée suivant
un modèle dessiné par Caza). Remise du prix Cyrano (aussi une sculpture d’après Caza),
un nouveau prix récompensant une personnalité du monde de la science-fiction
présent à la convention, à Robert Sheckley. Remise du prix Versins du plus mauvais jeu
de mots de la convention à Sylvie Laîné (le prix consistait en une figurine en plastique).
Vente aux enchères. Rien acheté cette fois-ci. Terriblement fatigué.
Dimanche 22 août. Alors que tout le monde semble encore endormi, Greg Silhol et moi discutons au bord
de la piscine. Après le petit déjeuner, quelques longueurs de brasse, puis il faut faire sa valise.
Sylvie m’emmène jusqu’à l’hôtel où se trouve Robert Sheckley. Nous y croisons Roland C. Wagner, Yann
Minh, Didier Cottier, et d’autres. Arrivé sur le lieu de la convention, Jérôme "globule" Lamarque
me donne un coup de main pour connecter mon PC portable au Mac de
Yann Minh afin de pouvoir récupérer la vidéo
de la pièce de théâtre (2 giga, quand même). Et puis, c’est le moment des aux revoirs, désagréable
sensation de fin de colonie de vacances. Je me retrouve ensuite dans la voiture de Sylvie, en compagnie de MĂ©lanie Fazi
(qui prendra un TGV à Avignon) et de Robert Sheckley. Tiens, amusant, je me rends compte à l’instant que,
des occupants de la voiture, je suis le seul des quatre à ne pas avoir été primé lors de la soirée de gala.
Après quelques bouchons du côté de Valence, nous arrivons à Lyon. Je prends le métro, j’arrive à la gare.
Le car me ramène Ă Saint-Étienne. À dix mètres de chez moi, je croise un collègue qui me dit :
« À demain ! ». DĂ©jĂ ? Mon rĂ©pondeur est plein de messages d’une gamine inconnue
qui a dû se faire offrir un téléphone portable et qui m’a appelé par erreur. Ma plante verte a besoin d’eau.
Mon petit frère m’a fait parvenir un ensemble de CD souvenirs de son mariage. Parmi les e-mails, il y en
a un de mon père qui me souhaite ma fête...
Bref, c’est la fin des vacances.
Vendredi, le 30 juillet 2004
RĂŞves de composants Ă©lectroniques
Dans la vraie vie, celle où j’ai un autre nom, avec un métier qui
me rapporte des sous (parce que les seuls droits d’auteur que j’aie
jamais touchés ne m’ont permis que de payer un restaurant à des amis,
donc c’est pas bézef), j’exerce moult (qui a dit "frites" ?)
responsabilités. Et parmi celles-ci, je suis "responsable informatique
non technique".
Ouais.
En clair, je gère plus ou moins le parc informatique (c’est-à -dire que
je recense qui a quoi) et je prends les commandes de nouveaux matériels.
Mmmmm. Quand je dis ça, ça l’fait moins, non ? Parce qu’il n’y a pas
Ă dire, mais je suis une bille en informatique, du moins dans son versant
matériel et technique. OK, je ne suis pas ingénieur, je suis seulement
docteur en info, mais l’intelligence artificielle a autant à voir avec
le matériel informatique ou l’installation d’un réseau que... euh...
disons, la psychanalyse n’en a avec la chirurgie du cerveau (vous ne
voyez pas le rapport ? tant pis).
Bon, soit. Quand je commande du matos pour mes collègues, je suis à peu
près sûr de rappeler notre fournisseur officiel dans 24 heures.
La faible qualité du matériel est sans doute une raison de la chose,
mais j’ai un peu l’impression d’être maudit : entre mes mains,
un ordinateur ne démarre plus, le lecteur CD ne fonctionne qu’une
fois sur deux, l’aspirateur n’aspire plus, la vitre
du four Ă©clate lors du nettoyage par pyrolyse. Donc, rien
d’étonnant à ce que, parfois, je préfère m’adonner à la
sculpture, là au moins, pas d’ennui lié des aberrations
Ă©lectroniques ou Ă©lectriques.
Mais voilà . J’ai décidé de m’abonner à l’ADSL. Et donc, hier, j’ai
reçu mon joli colis, j’ai tout sorti avec précaution, lu avec
attention, j’ai allumé mon ordi, installé ce
qu’il faut, tout s’est fait de manière quasi-automatique, mais... rien,
problème de connexion. Je vérifie tout, je rebranche, éteins, redémarre
l’ordinateur, réeffectue la manipulation, désinstalle, réinstalle,
toujours rien, nada, que dalle, le néant de la connexion. De guerre lasse,
après de longs moments à trifouiller vainement les câbles, à suivre
les différentes voies des procédures d’installation sans succès, je me suis
couché, en me disant que, définitivement, il y a un truc qui devait m’échapper.
Ce matin, je me suis préparé à appeler la hotline. Par précaution, j’ai
réeffectué la manip de connexion qui, la veille, m’avait occasionné bien
des crises de nerfs... et... miracle ! ça fonctionne.
J’imagine la honte suprême que j’aurais eu avec le personne de la hotline
si cela s’était produit. Là , je n’avais rien fait d’autre qu’éteindre tout le
matériel pendant la nuit, et Dieu sait que j’avais pourtant tout éteint
pendant mes tests, quelques heures plus tĂ´t, et cela a suffi pour que tout
fonctionne comme il faut.
Mais pourquoi donc ? C’est un peu magique.
J’ai donc une théorie. Le mariage réussi entre mon
ordinateur et mon boîtier ADSL n’a pu se faire d’emblée.
J’imagine mal la machine qui me sert d’ordinateur accepter
directement de se faire pénétrer par la prise du modem. Oui,
agir ainsi, ce n’est pas très galant. Par conséquent, mes
deux appareils ont dû passer une nuit ensemble, sans être connecté,
et ce n’est qu’après avoir pu rêver l’un et l’autre, dans
dans des lits séparés, qu’ils ont pu ensuite entreprendre
de se lier... et cela pour mon bonheur.
Ah, quand même, on est peu de choses. Tiens, faut que j’aille voir
« I, robot », ça me changera les idĂ©es...
Mardi, le 20 juillet 2004
Plongée dans les ténèbres
Plein de trucs curieux arrivés ces derniers jours.
D’abord, une nouvelle qui m’a fait plaisir, sur l’instant : un copain
qui déprimait depuis plus de deux ans suite à une rupture
a retrouvé une petite amie. Content pour lui.
Je demande des détails sur la miss. C’est une blonde de vingt ans.
Ah... (il a plus de 15 ans qu’elle). Et, de la manière dont il
me l’a décrite, elle est exactement comme son ex.
Angoisse : l’histoire qu’il a vécue ne lui a vraiment pas servi de leçon ?
J’ai aussi eu des nouvelles de D.
Un message sur mon répondeur. Depuis sa sortie de l’hôpital, il y a des mois, il n’avait plus
donné signe de vie.
Je l’ai aussitôt appelé. Il avait l’air complètement stone au téléphone. Il dort toute la journée, sonné
par les médocs. Pourtant, avec la fin prochaine de son arrêt médical, il a pris conscience
d’arriver au bout du tunnel cotonneux dans lequel on le laissait traîner depuis un an.
Welcome to the real world.
Passage éclair de papa-maman. C’était sympa, ils étaient tout bronzés (la retraite, chez
certains, ça signifie vraiment les vacances), et ça doit être la première fois qu’ils
ont squatté dans mon nouvel appart.
Mon père avait son appareil photo. Alors petite mise à jour du
sculpturoblog .
Profitez-en pour voir de jolies choses...
À propos de « Jolies Choses »,
je vous conseille le blog de
Virginie .
Qui ça ? Indices : sexe, violence et drogue. Mais surtout des mots, des mots, des mots...
Sans transition : l’alcool tue au volant, et pas nécessairement celui qui a conduit bourré. Et quand il ne tue pas... ça
peut donner
ça ...
(vous n’aviez pas vu les jolies choses avant ? tant pis pour vous, c’est aussi ça, la vraie vie.)
Je crois que je vais passer à la nuit à écrire après des semaines à me contenter de
bosser, mater des DVD et jouer sur l’ordi. C’est dingue, mais me faut-il l’électrochoc
de me prendre une veste, voir des images fortes et lire des mots puissants pour retrouver
l’essence de moi-même ?
Dimanche, le 20 juin 2004
Raku
Au cours de cette semaine, j’ai eu le plaisir de revoir un sympathique
enseignant-chercheur japonais. Je lui ai fait un peu visiter
Saint-Étienne, et je crois que c’est sans doute la première
fois que j’ai servi de guide, n’étant pas encore arrivé dans la
ville depuis an. Toutefois, comme je m’intéresse à mon cadre de
vie immédiat, il ne m’a pas été trop difficile de présenter
quelques curiosités, quelques témoignages du passé minier
ou quelques endroits bien agréables de la ville comme ces
ruelles où les bouquinistes gardent des trésors ou ces
places oĂą il est si doux de prendre un repas en terrasse.
Par ailleurs, j’aimerais bien un jour découvrir le Japon. J’ai failli
y partir, il y a de cela quelques années à l’occasion d’une
importante conférence, mais la date de soutenance de ma thèse m’a
fait manquer ce rendez-vous. Alors j’assimile au quotidien certaines
touches de culture de ce pays, que ce soit dans le domaine culinaire
ou vidéo en allant de Kurosawa... au Capitaine Harlock de notre
enfance, plus connu ici sous le nom d’Albator.
Une nouvelle envie venue du Japon concerne la sculpture. Samedi
dernier, je suis allé à une exposition et je suis tombé sous le
charmes des œuvres en terre cuites Ă raku du sculpteur.
Le raku est une technique apparue au Japon au XVI
e siècle
où les pièces, juste après cuisson au four, sont mises dans un récipient
(une grosse poubelle par exemple) avec des matières combustibles
comme de la sciure ou du papier pour être enfumées
un certain temps. Le carbone présent va alors agir avec les matières
et donner des effets de surface étonnants. En admirant les séries de
têtes de rhinocéros et les bustes de samouraïs, j’écoutais le sculpteur
et mon prof d’arts plastiques parler de cette technique raku, des
terres plus ou moins chamottées, des
engobes, des températures de cuissons, des mélanges d’oxyde et
des aléas : le résultat final est presque toujours surprenant. Dans de telles
conditions, l’artiste se doit d’être aussi alchimiste...
Pour l’instant, je débute à peine dans la sculpture. Mes premiers essais présents
sur le
sculpturoblog sont le plus souvent des
pièces en terre crue peintes à l’acrylique. Mais, qui sait, peut-être un jour prochain
oserais-je aussi me lancer dans l’aventure du raku ?
Jeudi, le 10 juin 2004
Ne pas Ă©touffer
La fin de l’année universitaire annonce les vacances pour les étudiants
mais une période particulièrement chargée pour les enseignants :
préparation des sujets d’examen, correction des copies, dossiers de
candidature Ă examiner, auditions des nouveaux candidats, bref,
difficile de pouvoir faire un tout petit peu de recherche quand on
est débordé par ses activités administratives et pédagogiques.
Et c’est ce qui m’est arrivé. Et ce n’est pas fini. Je suis en
train de terminer d’écrire un article pour une encyclopédie
internationale, et j’ai bien du mal à réussir à avancer sa
rédaction. Il est vrai que la chaleur suffocante n’est pas là pour m’aider :
même si je résiste tant bien que mal à l’absence de climatisation,
souvent un message d’alerte apparaît sur l’écran de mon ordinateur
pour m’indiquer que la chaleur a atteint une valeur critique au
sein des composants de la machine, aussi suis-je obligé de
l’arrêter...
J’ai aussi prévu de partir dans ma région natale à l’occasion du
mariage de mon petit frère, samedi prochain. Et Saint-Étienne,
depuis plus d’une semaine, est une ville dont les voies ferrées
sont paralysées en raison d’une grève...
Enfin, qu’importe... Durant cette période, pour ne pas me laisser étouffer
par mes problèmes, j’ai quand mĂŞme pris le temps de partir en Ardèche Ă
l’occasion d’un week-end d’écriture avec l’ami Jean-Jacques. Même là ,
j’ai dû voler des heures sur mon sommeil afin de préparer des sujets
d’examen. Et je ne regrette rien, à part le fait que mon ex-copine,
malheureusement présente en ces lieux, ait tenté de m’empoisonner.
Il y a aussi eu, dimanche dernier, une intéressante représentation
théâtrale organisée sur le thème de Francis Bacon au musée d’arts
modernes. Y assister en présence d’une ravissante compagnie
avait été très... rafraîchissant.
Hier et avant-hier, j’ai dîné avec Francis Valéry. Outre son
indiscutable talent (assassiné ) d’auteur, j’apprécie le
personnage, cet attachant extraterrestre profondément humain,
avec qui discuter autour de bonnes chères et boissons alcooliques
est toujours un grand moment de partage d’idées (d)étonnantes.
D’ailleurs, j’ai sans doute un peu trop bu et trop mangé
ces derniers temps. Faudrait peut-ĂŞtre que je pense Ă
surveiller mon alimentation... mais — gasp ! —
samedi, il y aura le repas de mariage du frangin, ça ne va pas être simple...
Et puis...
Et puis à l’instant, les informations régionales viennent d’apporter un
nouveau bol d’air dans mon univers. Des orages sont attendus en soirée,
libérant la tension des cieux, et les agents de la SNCF locaux annoncent
la fin de la grève avec un retour progressif à la normale en ce qui
concerne la circulation des trains.
Je respire...
Dimanche, le 23 mai 2004
La fièvre et les frissons
Samedi. Le monde hispanique retient son souffle. Une femme
du peuple, ancienne reine des médias, en disant oui
au prince héritier, deviendra sans doute la reine d’Espagne.
Amour passionné, vie princière et télévision,
tel est le cocktail étonnant d’un conte de fées moderne.
Samedi, vingt heures. À Cannes, au Palais, annonce
des prix du festival. Je m’en moque un peu mais je suis content
d’apprendre la récompense française d’Agnès Jaoui pour le scénario
et la palme Ă©tats-unienne pour Michael Moore et son documentaire
engagé.
Samedi, vingt heures. À Saint-Étienne, au Chaudron, coup
d’envoi du dernier match de la ligue 2. De chez moi, alors
que je prépare une pizza aux fruits de mer, j’entends
la tension de la place de l’Hôtel de Ville où se sont rassemblés
les supporters des Verts qui n’ont pas pu se rendre au stade.
Les volets fermés et le double vitrage ne me protègent pas
de l’évolution du match. Premier but de l’équipe stéphanoise,
cris de joie. Égalisation vingt
minutes avant la fin, consternation. Mais l’ASSE réussit
Ă doubler son score dans les derniers instants, et ainsi,
en plus de passer à la saison prochaine en ligue 1, l’équipe
de football stéphanoise devient championne de ligue 2.
Après le match, c’est la fête. J’hésite à aller voir
le concert situé à deux pas car, bien qu’amateur de musique populaire,
je ne parviens pas à me couler dans l’ambiance.
Je reste insensible à cette fièvre et à ces frissons apportés
par procuration.
Non, des frissons, je les ai ressentis en ce début de semaine
lorsque, avec ces beaux jours, j’ai fait du « ski ».
Oui, je suis
rentré chez moi en roller, et comme je travaille
sur une colline, le chemin du retour par le Parc de l’Europe
et les contre-allées est entièrement en pente. Et en roller,
on prend très facilement de la vitesse. Mais ici, pas de neige
pour amortir les chutes, tout est un jeu de maîtrise de
la vitesse, d’anticipation des mouvements des piétons et
des voitures, des changements de glisse en fonction des
différences revêtements du sol. Voilà l’occasion de se procurer
quelques vrais frissons...
Mercredi, le 5 mai 2004
La cata...
Ça commencĂ© comme ça. Jeudi 22 avril, je devais aller Ă Lyon
en début d’après-midi pour faire de la recherche avec mes anciens collègues
lorsque, suite au retard du TER prévu, j’ai suivi l’annonce des
haut-parleurs de la gare de St-Étienne qui nous incitait Ă prendre Ă la
place le TGV.
Train à Grande Vitesse , paraît-il, mais le TGV ne prend
de la vitesse qu’entre Lyon et Paris, aussi nous traînions-nous depuis
cinq minutes quand un message nous a alerté que dans la voiture 8 un sac
avait été trouvé sans son propriétaire et invitait celui-ci à se manifester
au plus vite auprès du contrôleur. Une bombe ? Paranoïa, paranoïa...
Encore un peu plus tard, le train s’est arrêté complètement dans un
endroit appelé
Lorrette . Cette fois-ci, les haut-parleurs nous
ont parlĂ© d’un « incident personnel ».
Au bout de quelques minutes, nous avons vu les camions des pompiers,
puis les véhicules du SAMU et de la police.
Bien évidemment, je me suis aussitôt rappelé
cet
événement .
Dans le compartiment, les rumeurs n’ont pas tardĂ© Ă se rĂ©pandre : « C’est
un suicide » « C’est la personne qui a abandonnĂ© son sac
qui s’est tuĂ©e dans les toilettes », puis Ă se contredire :
« C’est une petite fille de douze ans qui a traversĂ© la voie ».
Nous nous armions de patience, mais quelques voyageurs
agacés s’en sont quand même pris aux contrôleurs qui essayaient tant bien
que mal de gérer la situation. Une dame d’un certain âge, paniquée de ne
pouvoir attraper sa correspondance pour partir en vacances en Espagne,
a lâchĂ© bien fort : « Quand mĂŞme, il aurait pu se tuer
ailleurs, il embĂŞte tout le monde ! »
Ma voisine d’en face et moi n’avions pu nous empêcher de nous regarder et de commenter
avec sourire l’énormité de ces propos odieusement égoïstes.
Avec près de deux heures de retard, nous sommes enfin parvenus à Lyon.
J’ai profité du reste de la journée pour faire de la recherche, prendre
des notes sur mon vieil ordinateur portable et la soirée s’est achevée avec
mes collègues dans un restaurant dansant de la Presqu’île.
Retour normal au petit matin Ă St-Étienne. En lisant les journaux gratuits
dans le train, ces multiples journaux distribués depuis quelque temps aux points
stratégiques des stations de métro et à l’entrée de la
gare, j’ai appris que l’incident de la veille était dû à un homme de 21 ans
qui voulait mettre fin à ses jours et qui avait manqué son suicide, étant
toujours vivant, mais qui s’était retrouvé les jambes en moins.
Je suis arrivé chez moi, j’ai rapidement pris une douche et un petit déjeuner, et j’ai
sorti mon ordinateur portable... Et là , nouveau malheur, la connexion déjà bien mal en
point entre l’unité centrale et l’écran a décidé de me lâcher...
Horreur ! J’avais prévu de préparer pendant le week-end un cours pour le mardi
suivant sur ma machine... J’ai appelé mon plus jeune frère un peu en catastrophe
pour lui demander conseil au sujet d’ordinateurs portables dont j’avais vu la
publicité. Je suis allé à la faculté faire mes enseignements puis je me suis
renseigné auprès des magasins pour savoir si les ordinateurs dont ils faisaient
la promotion étaient encore disponibles. En fin d’après-midi, je m’étais décidé,
et je suis allé débourser mes mille euros dans un grand magasin.
Le soir, j’ai lu avec attention le manuel, j’ai allumé la machine... et rien.
Si, du son. Mais pas d’image. L’écran semblait ne pas fonctionner. J’ai vérifié
les branchements, effectué deux ou trois nouveaux essais de démarrage. Toujours rien.
Dégoûté, j’ai tout rangé dans les cartons et, le lendemain, dès l’ouverture, je
me suis retrouvé au magasin. Le technicien chargé de vérifier les ordinateurs
n’arrivait qu’une demi-heure plus tard, bien entendu. Et lorsqu’il a mis l’ordinateur
en route, l’écran s’est allumé, comme par magie.
Penaud, je suis rentré chez moi, sans comprendre, en ayant perdu pas mal de temps
qui m’aurait pourtant été bien utile pour avancer la préparation de mon cours.
J’ai donc cherché à installer mes logiciels et mes données sur ma nouvelle machine,
mais le lecteur de CD/DVD n’arrêtait pas de faire des siennes, faisant planter le
système lorsqu’il ne parvenait pas à lire les données de mes archives.
Coup de fil Ă la
hotline , un quart d’heure d’incompréhension pour se rendre compte que
l’ordinateur n’avait pas l’autocollant du numéro de série, et tout ça pour se
rendre compte que la personne à qui j’ai parlé ne savait pas trop s’il s’agissait d’un
problème logiciel ou matĂ©riel. À force de persĂ©vĂ©rance, je suis parvenu
à installer mon environnement de travail minimal, et donc j’ai pu passer mon
week-end à bien avancer mon cours. Mardi, après une petite nuit pour cause
d’ultimes préparations, j’ai pu réaliser ma présentation sans problème.
L’après-midi, je suis allé au magasin avec mes CD et DVD pour pouvoir montrer
de bonne foi le problème de mon lecteur de CD/DVD, espérant que j’aurais
bien les soucis qui m’avaient tant ennuyé, mais les personnes du service
après-vente n’ont pas été pénibles et ont bien voulu, sans faire de test,
me l’échanger. Seulement, il n’y avait plus de machine de ce modèle en
magasin, les derniers ordinateurs avaient été vendus... Il était donc
convenu de me réaliser un avoir sur le magasin d’un montant de mille euros.
En insistant un peu, j’ai réussi à me faire rembourser.
Je me suis donc retrouvé au point de départ, sans ordinateur. Toutefois,
en y réfléchissant, j’ai pris mes mésaventures avec le sourire :
finalement, j’ai eu droit à une location gratuite d’ordinateur portable
pour le week-end, le lundi et le mardi...
Et pour l’heure, après avoir pris un peu plus de temps pour comparer les prix
et les qualités des machines, j’écris avec mon nouvel ordinateur portable, un beau SONY
un peu plus cher, mais tellement mieux et qui n’a pas un mode de
fonctionnement aussi caractériel que le portable anonyme qui m’avait été vendu/repris
il y a deux semaines.
Samedi, le 20 mars 2004
Tramway
Affublé d’un sac rempli de mon matériel de
sculpture, j’arrive à l’arrêt de l’Hôtel de Ville.
Dans le tram, je trouve une place tout à l’avant, juste
derrière le chauffeur, l’endroit idéal pour poser un sac imposant
sans déranger personne. Il n’est pas encore neuf heures du
matin, ce samedi, la rame est à moitié vide, il est facile
de trouver où s’asseoir.
En sortant un livre de ma poche, mes oreilles sont distraites
un instant par un air de techno. Je ne peux m’empêcher
d’essayer de regarder le conducteur. C’est un jeune.
À l’arrĂŞt du feu rouge, il en profite pour grignoter
une bricole que je ne parviens à distinguer derrière la
vitre fumée.
Avec un bouquin, j’arrive tout le temps à m’isoler et
faire abstraction de la musique que diffusent les haut-parleurs
des transports en commun. Suivant les chauffeurs et les moments,
c’est RTL , Nostalgie , parfois Rire et chansons
ou même France Inter . Ce matin, c’est Fun . Je me
rappelle une fin de journée, il y a quelque temps, le chauffeur
avait mis la radio un peu plus fort : les Verts jouaient
Ă Geoffroy Guichard, aussi les amateurs pouvaient suivre
religieusement l’évolution du score.
Un peu plus tard, avant treize heures, je reprends le tram pour
me rendre au centre commercial. Je vois un tramway à l’arrêt mais
je ne me dépêche pas : même en courant, je sais que je
ne parviendrais pas Ă l’attraper. Un coup d’œil au
panneau d’affichage électronique, le prochain arrivera
dans deux minutes. Mais je ne suis pas le premier
à l’attendre. Une jeune fille a aussi manqué
la rame. Elle a une vingtaine d’années. Elle n’est pas
très grande. Elle semble vouloir protéger ses doux yeux
clairs derrière une paire de lunettes de vue. Ses longs
cheveux sont splendides, d’une étonnante couleur
fauve. Elle est vraiment ravissante. Le tram approche.
Je me déplace un peu vers l’avant, finissant par
connaître avec le temps la position où s’ouvrent
les portes malgré l’absence de repères au sol. Bien entendu,
j’entre le premier, je valide mon ticket, et je trouve
à nouveau une place derrière le chauffeur. Cette fois-ci,
la musique est du bon vieux rock. Oui, notre conducteur
est d’un autre âge que le jeune de ce matin. J’ouvre
le livre pour poursuivre ma lecture mais, au moment
oĂą mes yeux vont se poser sur les mots de Silverberg,
je croise de la jolie fille aux cheveux fauves.
Instantanément, je me mets à espérer qu’elle vienne
s’asseoir à mes côtés, malgré les nombreuses autres
places vacantes. Et elle exauce ma prière muette.
En s’installant, elle remet sa chevelure en ordre d’un
geste de la main, ce qui a pour effet de libérer les
molécules son délicieux parfum. Mais voilà déjà le
centre commercial. Je me lève à regret, n’emportant
que le souvenir des effluves subtils et de la vision angélique.
Samedi, le 13 mars 2004
MĂ©tamorphoses, suite...
Une petite semaine à préparer de nouveaux cours... une petite
semaine où notre laboratoire s’est vu privé de capitaine,
le directeur ayant démissionné de ses fonctions...
une petite semaine qui s’est achevée par la venue de mon
petit frère à qui j’ai fait un peu visiter la ville.
Saint-Étienne est une ville en plein travaux,
une ville qui change de visage, petit Ă petit, une ville
qui « bouge dans le bon sens » comme
l’indique si bien l’émission
Vivre sa ville de
France Culture (et que l’on peut
écouter jusqu’au 20/03/2004).
Côté sculpture, une tête de jeune femme en argile
que je n’avais plus touchée depuis 15 ans
(oui, oui, elle date du collège) est passé à la perceuse et va changer
radicalement pour devenir une tĂŞte de diablesse...
D’ailleurs, le
sculpturoblog vient
d’être mis à jour avec mes dernières créations : un Minotaure, un
étrange félin, ainsi que la Méduse (encore en cours de travaux).
Enfin, à défaut de changer de visage, une modeste métamorphose personnelle
des pieds à la tête : je suis allé chez le coiffeur et je me suis
acheté une nouvelle paire de chaussures.
Bah, euh... C’est déjà ça, non ?
Dimanche, le 7 mars 2004
Article supprimé
(...)
Dimanche, le 29 février 2004
Article supprimé
(...)
Mercredi, le 25 février 2004
Article supprimé
(...)
Dimanche, le 15 février 2004
Ce week-end...
CĂ©line, Voyage au bout de la nuit , lecture.
Radio, branchée sur France Culture.
De l’argile à modeler, sculptures.
Pour les créations en terre sèches, peinture.
Maintenant, des textes Ă avancer, Ă©criture.
Et tout ça avec le rhume... C’est tur, euh dur !
Vendredi, le 30 janvier 2004
Instant lucide
DrĂ´le de semaine Ă se croire maudit. De nouveaux ordinateurs Ă installer
tombent en panne en ma présence. Serais-je doté d’un mauvais fluide
magnétique ou le matériel actuel n’aurait-il plus les qualités d’antan ?
La fenêtre de mon bureau, heureusement, présente un spectacle enchanteur.
La cour intérieure est enneigée, le bassin en partie gelé, des stalactites de
glace se pendent sous la fontaine. Douce zénitude...
Ce matin, en prenant le bus, je suivais les périples de Flaubert dans son
Voyage en Orient . De ce fait, je ne faisais guère attention à mon
propre voyage. Dans mon dos, un homme s’est mis à fredonner une jolie
chanson, trop bas cependant pour que je puisse en suivre les paroles.
Puis son fils l’a accompagné, et le mélange de ces deux voix m’a
surpris par son harmonie d’une rare beauté. Hélas, le père et l’enfant
sont sortis trop tôt, étant arrivés devant l’école.
Au terminus, il n’y avait presque plus personne. J’ai rangé mon livre et
ma voisine, que je n’avais pas remarquée, s’est tournée vers moi.
Ce joli visage m’a demandé où se trouvait un institut dont je n’ai jamais
entendu parlé. J’étais désolé de ne pouvoir l’aider.
Nous sommes tous un peu perdus hors de nos habitudes.
Non, voyons les choses autrement : il nous reste encore tout un univers
à découvrir !
Samedi, le 17 janvier 2004
De bonnes résolutions
Ce soir, je me remets sérieusement à la réécriture de mon roman.
Depuis le mois de décembre, mes écrits en cours avaient été
délaissés au profit de la sculpture et de la peinture.
Plusieurs raisons explique ce détournement passager. Tout
d’abord, j’étais arrivé à un passage assez critique de mon
texte qui demandait beaucoup de retouches, ce qui risquait de
modifier un peu le cours de l’intrigue.
À cela s’ajoute le fait que mon activitĂ© professionnelle
(d’enseignant-chercheur en informatique) me prend énormément de
temps, aussi n’ai-je plus guère envie, lors de mes rares moments
de loisir, de me retrouver Ă nouveau devant un ordinateur et un
traitement de texte (oui, c’est plus rigolo d’avoir de la terre
ou de la peinture sur les doigts que ceux-ci posés sur un clavier).
Mais aujourd’hui, après avoir terminé de peindre mes dernières
sculptures (les personnages d’une nouvelle crèche ainsi qu’un dragon dont je suis
particulièrement fier), l’appel de l’écriture, auquel je faisais
la sourde oreille pendant plus d’un mois, est devenu impossible
Ă ignorer. Alors, au travail !
[Le week-end prochain, pas de mise Ă jour de Singuliers :
je pars faire du ski...]
Dimanche, le 11 janvier 2004
Il n’y a pas à dire...
Lundi.
— Bonne annĂ©e !
— Merci Fabrice. Bonne annĂ©e, meilleurs vœux ! Alors,
des bonnes résolutions pour cette année ?
Je réfléchis un instant.
— Euh... J’ai dĂ©cidĂ© d’arrĂŞter de fumer.
— Ah, c’est bien ! Mais... tu n’as jamais fumĂ© ?!
— Peut-ĂŞtre, mais comme tous ceux qui disent qu’ils arrĂŞtent
sont félicités ou encouragés, je me suis dit que moi aussi. Et puis,
au moins c’est le genre de résolution que je suis sûr de tenir...
Un peu plus tard, un collègue affolé entre dans mon bureau.
— Fabrice, tu es au courant ? Il faut rendre les corrections demain !
— Mais non, ce n’est pas possible !
Je tĂ©lĂ©phone Ă la scolaritĂ©. À la rĂ©ponse Ă ma question, je reste bouche bĂ©e.
Je cesse aussitôt toute activité pour prendre mon stylo rouge et mon paquet de devoirs.
Je quitte l’Université en milieu d’après-midi, m’isole dans mon appartement, ferme
les volets. J’arrive à corriger vingt copies à l’heure au meilleur de ma forme.
Mais j’ai un paquet de plus de 150 copies...
Soirée épouvantable. J’ai veillé à rester fidèle au barème,
à noter les copies anonymes de la façon la plus juste possible,
et à compter et recompter les points. Mais en fin de matinée,
tout était corrigé, et j’avais obtenu pour mes étudiants une
moyenne générale dans la norme, entre 10 et 11 sur 20.
Il n’y a pas à dire : c’est vraiment la rentrée...
Mercredi, le 31 décembre 2003
Strasbourg, entre modernisme et traditions
Quelques jours après Noël, je me suis rendu dans la capitale
alsacienne (et européenne), ville qui m’a vu naître et qui
a toujours gardĂ© une place de choix dans mon cœur...
En ce tout début d’après-midi, le
train régional circule à un bon rythme entre les petites gares.
Mon regard n’arrive pas à se porter sur les pages du Flaubert grand ouvert,
l’Éducation sentimentale attendra, mon attention
s’accroche à ligne bleue des Vosges et à la Forêt Noire.
Ça y est,
nous arrivons. Dès la sortie de la gare, une grande roue frappe
d’emblée, la terre recrache quelques passants, je n’ai jamais pu me faire
à l’idée de ce tram construit après avoir passé trois ans dans
cette ville.
Je prends les rues qui me mènent à la place Kléber, m’arrête devant
les boutiques de beaux-arts et de bricolage qui n’ouvriront qu’Ă
14 heures, entre au Virgin voir ce qu’il y a à l’étage de
la librairie, me perds dans les envoûtants méandres de la librairie
KlĂ©ber, et monte tout en haut de la Fnac. À chaque fois, la
même déception : pas moyen de trouver l’anthologie Passés
recomposés où se trouve ma première nouvelle. En sortant,
je fais biper la portière. Je m’étonne : c’est mon sac.
AccompagnĂ© d’un vigile, je vais dans les coulisses de la Fnac et sors un Ă
un les divers objets dont je me suis encombré. Ce n’est pas le
vieux Flaubert, c’est ma pochette. À l’intĂ©rieur se trouvent
la facture et l’emballage d’un DVD, cadeau fait à mon frère,
éléments que j’avais gardé pour procéder à un échange en cas de problème.
Mais dans l’emballage, il y avait un antivol, tout s’explique.
Je traverse la place Kléber, veux prendre un raccourci et m’égare dans
un vieux marché avant d’arriver devant la cathédrale.
La majesté de Notre-Dame m’éblouit à chaque fois. Les odeurs de
vin chaud et d’épices du marché de Noël, comme une farandole de
senteurs pour les narines, forment un joyeux compagnon dont on ne
peut se passer avant de parvenir au pied de l’édifice de grès rose.
Merveilles de sculptures et de vitraux, merveille de précision aussi
que l’horloge astronomique. Seul regret : ce lieu a un peu perdu
son âme de maison de Dieu avec tous ces guides touristiques
qui y vont de leurs petits commentaires en français ou en allemand.
Trois euros, je décide de monter les trois cents et quelques marches
de la cathédrale. Je dépasse quelques familles qui reprennent leur
souffle avant d’aboutir à la plate-forme. Comme c’est haut !
Je m’amuse à reconnaître les bâtiments, telle église, tel immeuble universitaire.
La grande roue paraît bien petite vue d’ici. Là -bas, cette construction qui
fait penser au Futuroscope, c’est l’endroit où se réunissent les parlementaires
europĂ©ens. Une gamine allemande demande Ă son père : « Wo ist
Deutschland ? ». Celui-ci lui rĂ©pond en pointant du doigt l’est
et la petite fille, agitant la main, salue son pays.
Les marches se descendent plus facilement qu’elles ne se montent. Dans l’escalier,
un jeune garçon évoque son souvenir de la Tour Eiffel où il a assisté
à une demande en mariage. Belle idée.
Je passe dans une petite rue que j’empruntais souvent, étant étudiant, pour aller
manger à un resto U. Je me rappelle qu’on y servait des pizzas cuites
dans un four à pain et, le soir, des tartes flambées remplaçaient les pizzas,
gastronomie régionale oblige.
Finalement, je décide de changer de chemin afin de longer l’Ill. Les quais
m’ont toujours charmés avec leurs cygnes, le saule pleureur,
et le lycée international aux allures de château. Je rejoins la BNU, la
bibliothèque nationale et universitaire. J’étais souvent venu travailler ici,
mais aussi me détendre dans des salles de lectures regorgeant de trésor.
Je tombe sur un appareil de visualisation des microfiches et j’en profite
pour vérifier comment se présent ma thèse
dont j’ai reçu, tout récemment, des exemplaires dans
ce format. Trois ans de travail tiennent sur un petit bout de plastique, on
est bien peu de choses...
J’arrive devant le Palais Universitaire. « Palais U »,
ce nom m’a toujours intrigué. Ici a étudié Goethe. Je poursuis par la
rue de l’Université. Je me rappelle ces endroits où, onze ans plus tôt,
j’étais venu dans l’espoir d’étancher ma soif de savoir. Quand on y pense,
j’ai passé trois ans dans cette faculté à étudier une matière que je
n’enseigne même pas maintenant. Ce furent des années qui me donnèrent le
goût des études, des années qui me décidèrent à quitter mes racines pour
aller Ă Lyon afin de trouver une formation correspondant davantage
à mes préoccupations scientifiques. Que sont devenus mes anciens profs ?
Imaginaient-ils que je deviendrai un jour un collègue ?
Boulevard de la Victoire. Le tram y circule à présent pour le plus grand
plaisir des étudiants du campus de l’Esplanade.
Tiens, encore d’autres changements. L’ENSAIS (Ecole Nationale Supérieure
des Arts et Industrie de Strasbourg) est devenu un INSA (Institut National
des Sciences Appliquées). Le resto U a fait peau neuve. La bibliothèque
de sciences aussi. J’ai passé bien du temps là -bas, à lire, travailler,
rencontrer des copains. J’y ai même eu l’idée de mon roman... que je
n’ai commencé qu’arrivé à Lyon... dont j’ai failli publier une première
partie à Paris... et que j’ai maintenant presque achevé, après une
ultime phase de recorrection.
Je passe à côté des amphithéâtres. Un jour,
une odeur épouvantable s’était répandue dans l’amphi suite à une
panne de ventilation, nous révélant que les sous-sols abritaient
une animalerie. Je flâne un peu du côté de la Faculté de Droit, reviens
sur mes chemins, découvre des bâtiments d’une nouvelle école d’ingénieurs
dédiée au domaine supramoléculaire, reprends le boulevard de la Victoire.
La piscine, ou plutĂ´t « les Établissements de Bains
Municipaux »... Chaque semaine, Ă l’époque, j’y allais pour
l’entraînement de plongée sous-marine en salle.
Je longe les quais jusqu’à tomber sur la Place des Halles. Je ne retrouve
pas les magasins que je cherchais. Je traverse l’Ill afin de gagner la
place Kléber puis prends à droite, en direction de la gare. Je m’arrête
dans les boutiques de beaux-arts, récupérant de la peinture dans l’une,
de l’argile dans l’autre. Mon sac est maintenant bien chargé avec
les cinq kilos de terre, je vais
pouvoir poursuivre la crèche de Noël que je sculpte en ce moment. Il
fait nuit, je composte mon billet et fonce rejoindre la dernière voie,
le train vient juste de se placer sur le quai. Un dernier regard et
je retourne dans la campagne oĂą vivent mes parents.
Samedi, le 20 décembre 2003
Une semaine de folie !
Vendredi 12. Ça y est ! Il est 10 heures du matin,
on vient enfin de me livrer une partie de mes
meubles... une table et des chaises, ouf !
Je file acheter des bricoles et je fonce Ă la gare de
Châteaucreux où je viens accueillir
André-François
qui va passer le week-end Ă Saint-Étienne. Sur le chemin, je passe
mes clés et mon plan de la ville au Capitaine, lui indique ce qu’il y a
à manger dans le réfrigérateur et je retourne à toute vitesse à la faculté où je dois faire passer
une série d’examens oraux de rattrapage.
Le soir, je retrouve André-François qui a passé son après-midi au Musée d’Art Moderne
ainsi qu’à découvrir la ville. Un coup de fil. C’est Jean-Jacques. Avec son amie, nous
allons dîner dans un curieux restaurant oriental familial. Les brochettes, merguez
et salades, accompagnées de frites (?!), suffisent à nos estomacs, A.-F. a bien du mal
Ă terminer son couscous.
Samedi 13. Je pars sur la pointe des pieds à l’atelier d’arts plastiques.
J’en reviens avec une nouvelle sculpture en forme de dragon. A.-F. a passé la
matinée à écrire (et à dormir aussi, quand même...). D’un pas léger, nous
nous promenons dans la ville, nous poussons vers l’ouest, jusqu’à l’ancienne
mine transformée aujourd’hui en musée, puis passons par des petites rues
jusqu’à revenir chez moi pour déjeuner, puis reprenons notre visite dans
l’après-midi en allant vers l’est et le sud, le Jardin des Plantes (bien mal
nommé), la Maison de la Culture et son point de vue sur la ville aux
bâtiments hétéroclites, le cours Fauriel... puis rebroussons chemin et
tentons de rejoindre le centre à travers Saint Roch. Nous passons à côté
de monuments dont de joyeux plaisantins ont habillé les statues
de quelques vêtements et arrivons devant le Musée d’Art et d’Industrie.
Des cycles, des armes et des rubans... L’esthète A.-F. n’est pas très chaud
pour visiter ce musée-ci. Le bâtiment des Beaux-Arts et son jardin...
Nous nous Ă©tonnons du fait que la Ville sache si peu mettre en valeur
ce qui fait sa fierté. Avec la vente des sapins de Noël,
Saint-Étienne a un agrĂ©able aspect forestier. Nous retournons
chez moi, je suis appelé pour une soirée avec des collègues tandis qu’A.-F.
va chez Jean-Jacques et son amie. Lorsque je les retrouve, je ne suis pas
bien frais : je n’ai guère l’habitude de boire de l’alcool et certains
vins liquoreux m’ont pris en traître.
Dimanche 14. Réveil à l’aurore sans aucune trace de la gueule de bois
de la veille. Pendant qu’A.-F. dort du sommeil du juste, je poursuis ma sculpture
en dragon. Puis il est l’heure de faire de courses avant l’arrivée d’A. & J.-J.
et de préparer le repas. Beignets de crevettes et olives en entrée, servis
dans ma nouvelle vaisselle asiatique, et cuisine au wok (champignons noirs
et parfumĂ©s, soja, crevettes, noix de Saint-Jacques, riz), et beignets Ă
la pomme et Ă la banane pour le dessert (qui ont mis bien du temps Ă cuire,
je ne suis pas encore très à l’aise avec ce nouvel instrument de cuisine).
Après le repas, nous avons discuté bouquins, le temps est bien vite passé,
et A.-F. a dû reprendre ses affaires, direction la gare de Châteaucreux
et retour Ă Lyon en car SNCF.
Lundi 15. Rien de particulier : préparation d’un cours pour
le lendemain matin... Je suis à la bourre, j’avais prévu d’avancer
un peu au cours du week-end. Je fais des gâteaux : deux cuisinés
au four Ă micro-ondes (celui Ă la noix de coco
et un autre amande-chocolat) et un troisième, inspiré par l’actualité,
appelĂ© « gâteau Bagdad » (dont je vais
tâcher de donner la recette demain).
Mardi 16. RĂ©veil Ă deux heures du matin pour terminer mon cours.
Je pars à l’Université avec mes deux gâteaux cuisinés au four à micro-ondes.
Tout se passe bien, on me souhaite un joyeux anniversaire en vrai
ou par courrier électronique, après le
déjeuner au restaurant universitaire, je fais goûter les gâteaux à mes
collègues du laboratoire. Je rentre chez moi en début d’après-midi, passe
vite faire des courses, m’occupe de la cuisine. À nouveau, de la
nourriture asiatique, avec, cette fois-ci, des nouilles chinoises. Et du gingembre
aussi (ça avait manqué au cours du repas du dimanche). Ainsi que des fruits
(clémentines, litchis & mangue).
Mes invités arrivent peu
après 19 h 30, comme convenu. Je sers les cocktails, vins et jus de fruits...
Après quelques tentatives maladroites, tout le monde parvient plus ou moins à se
servir des baguettes. Un copain passe en revue mes CD et décide de jouer au DJ.
Au moment du dessert, deux amies s’affairent autour du
gâteau afin de le recouvrir des 31 bougies. Cette soirée des plus charmantes
se prolonge jusqu’à une heure du matin, mais nombre d’entre nous ont cours en
matinée (ils sont presque tous, tout comme moi, de jeunes enseignants),
aussi est-il l’heure de se dire au revoir.
Mercredi, Jeudi, Vendredi... Guère le temps de rattraper mon manque de sommeil.
Nouveau réveil vendredi à 2 heures du matin afin de terminer un article
à envoyer à une conférence internationale. Mais le vendredi soir, je quitte le
laboratoire avec la satisfaction d’avoir terminé en beauté mon travail...
Je reprendrais les préparations de nouveaux cours et corrections de copies d’examen
l’année prochaine.
En attendant, je m’en vais passer quelques jours auprès de ma famille,
quelques jours de vacances que je n’aurais certainement pas volés !
Dimanche, le 23 novembre 2003
Décalage hor’art
Samedi, 18 heures, gros coup de pompe alors que je suis en train
de travailler sur un nouvel article de recherche.
Allez, une petite sieste, rien qu’une heure, histoire d’avoir
de l’inspiration.
Réveil embrumé. Il est plus de 23 heures.
À la radio, des animateurs jouent aux DJ’s et invitent
les auditeurs à venir les rejoindre dans une boîte du coin.
J’ai une pêche d’enfer. Boosté par la musique, je transforme mon loft
en atelier. Je démonte une lampe halogène que j’ai bricolée mais qui
manque encore d’une certaine touche esthétique. Avec de la terre, je
m’arrange pour que la lampe ait une jolie structure.
Et comme je suis lancé, je me décide à commencer une nouvelle
sculpture, un monstre angélique inspiré de la
Chaire de la Vérité de la Cathédrale de Liège.
Un peu plus tard, ma créature prend forme. J’entends à la radio
que la soirée à la discothèque s’achève. Déjà 4 heures du matin !
Euh... Si je retournais bosser mon article ?
Mardi, le 18 novembre 2003
Avinnersaire : un an sur la blogosphère
Ça y est !
Le weblog, blog ou avirtuel
Singuliers fête sa première
année d’existence.
Dans mon premier message, je me posais diverses questions :
Aurais-je réalisé une bonne thèse ?
Serais-je qualifié au poste de maître de conférences ?
Y aura-t-il un poste dans mon domaine ?
Devrais-je quitter cette bonne ville de Lyon ?
À toutes ces questions, je peux Ă prĂ©sent rĂ©pondre par
l’affirmative, ayant depuis trouvé un poste d’enseignant-chercheur
Ă Saint-Étienne.
Et en un an, outre les changements dans ma vie professionnelle
ainsi que l’écriture et la publication de mon premier texte,
bien d’autres choses se sont passées...
5000 visites depuis janvier 2003 et le passage de Blogger Ă Free
(et un nouveau déménagement de Singuliers qui se produira sans
doute prochainement si Free ne parvient pas à régler tous ses problèmes) ;
des posts journaliers, passage Ă un rythme hebdomadaire ;
des prises de tête à trouver comment faire débuter le titre de mes posts
par le terme « avis » ;
apparitions de nouveaux blogs, disparitions de certains (comme Eaux troubles
d’Olivier) ou changements de noms d’autres (Captain & Books
d’André-François est devenu >>Neverlands ) ;
via le blog et Internet, j’ai fait la connaissance de la sympathique bloggeuse canadienne
Akelia qui, entre
deux voyages en Europe, vit depuis quelques mois dans la région lyonnaise ;
plus triste, la Gang ,
cette extraordinaire entité qui regroupait mes amis auteurs et amateurs
de science-fiction et fantasy, semble avoir perdu sa vitalité et sa raison
d’être...
Merci de votre fidélité et à bientôt pour d’autres avis singuliers dans un
monde pluriel !
Dimanche, le 16 novembre 2003
(L)a vie d’artiste
Ă” joie, Ă´ bonheur !
J’ai enfin eu le temps de m’acheter des meubles. Oui, depuis
septembre, je dormais sur un matelas posé à même le sol. Maintenant,
ça y est, j’ai un vrai lit, un tout beau qui va bien avec mon loft.
Alors je joue au décorateur d’intérieur, une armoire ici, un luminaire là ,
j’essaie de rendre mon lieu de vie le plus esthétique possible... Enfin,
pour l’instant, je ne me suis pas encore fait livrer
mes diverses autres commandes, je n’ai pas encore confirmation
de la justesse de mes choix.
Et puis, je reprends des cours d’arts plastiques. C’est fou ce que le
fait de sculpter me manquait ! Quel plaisir de retoucher de la
terre, de sentir les formes naître sous ses doigts !
Tiens, je me demande
d’ailleurs si je n’étais pas sorti dans le passé avec une jolie sculpteur
(sculpteuse ? sculptrice ?) simplement par amour de
ses créations...
Qu’importe !
Ah, j’apprécie mille fois mon appartement avec ses grandes fenêtres,
ses murs aux tonalités claires, sa lumière... Idéal pour s’en
servir comme atelier.
Mais bon, allez savoir pourquoi, mes premières sculptures sont
d’étranges et terrifiantes créatures sorties des plus noires
profondeurs de mon imaginaire...
Samedi, le 8 novembre 2003
Avide de bonne chère : le cuisinier gaffeur
De mon séjour en Provence, j’ai rapporté un moule à kouglof.
Oui, je sais, les
kouglofs , ou « kougelhopf »,
sont des gâteaux alsaciens, mais je ne suis plus à un paradoxe près.
En plus, à mon retour de Vieuxbourg, j’ai eu la surprise de voir que
le magasin où j’ai l’habitude de faire mes courses proposait cette
semaine des spécialités culinaires d’Alsace. Alors, j’ai acheté une
« palette Ă la diable » (un rĂ´ti de porc
cuit Ă la moutarde et Ă la bière) et des «spätzle »
(pâtes alimentaires de semoule de blĂ© dur aux œufs frais ;
prononcez : « chpè-tzlĂ© »).
Bon, ça s’annonçait bien : je devais voir mes amis de la
Gang
le dimanche et pensais venir en apporter le gâteau alsacien.
De plus, je me disais que j’allais pouvoir présenter la recette du
kouglof sur le weblog que vous êtes présentement en train de lire,
ça changerait un peu de mes gâteaux cuits au four micro-ondes.
Problème : je disposais de deux recettes de kouglof, une que
je tenais de ma gentille maman, l’autre indiquée sur le paquet de raisins secs
dont je devais me servir pour la constitution du gâteau. Et les quantités,
suivant les deux sources, variaient du simple au double pour la farine...
De quoi me laisser perplexe. J’ai donc suivi la recette maternelle,
m’inquiétant quand même quelque peu du mal que la préparation avait
à lever ainsi que des étranges morceaux de pâte tout durs obtenus après l’avoir à nouveau
mélangé. Par ailleurs, la constitution désespérément collante et granuleuse
de la pâte, au lieu de disposer d’une
belle forme en boule Ă mettre dans le moule avant de passer le tout au
four (il paraĂ®t que le terme « KĂĽgel »,
qui a donné
kouglof , signifie « boule » en alsacien),
n’était guère rassurante.
J’ai programmé mon four, suis parti faire mes courses, et, à mon retour,
j’ai découvert avec horreur que de la pâte aux raisins secs
(non cuite chose) avait débordé
partout. Soit. J’ai démoulé le gâteau. Il n’était pas cuit. J’ai
donc tenté de le remettre au four un moment, mais c’était peine perdue.
Tant pis.
J’ai nettoyé mon four et fait cuire la palette à la diable tout en préparant
mes spätzle. C’était très bon, et il m’en restait plein à congeler.
J’ai fait la vaisselle et décidé de nettoyer mon four avec un bon coup
de pyrolyse. Le four s’est bloqué et a commencé à chauffer. Fort. Très fort.
Tiens, un bruit de verre ! Non, je m’étais dit que j’avais rĂŞvĂ©.
La pyrolyse terminée, une surprise m’attendait... Une toile d’araignée était
apparue dans mon four : la vitre interne n’avait pas supporté la chaleur intense
et s’était cassée.
Las. J’avais tout faux...
J’ai fini par préparer
un gâteau aux pruneaux ,
c’est quand même bien plus simple que de faire de la cuisine traditionnelle.
Samedi, le 1er novembre 2003
À Vieuxbourg, pour ĂŞtre calme, c’est calme...
J’ai testé pour vous... les vacances !
Oui, cela faisait vraiment
longtemps que je n’avais pas fait de pause dans mon
activité professionnelle, alors, un peu par hasard,
je suis parti dans un lieu fort apprécié des curistes.
Mais les curistes, ce ne sont pas des anciens de l’Université Paris VI,
rien Ă voir non plus avec l’Église catholique
ni avec les amateurs de cuisine au curry. Non, les curistes,
ce sont des personnes qui se trimballent avec des sacs transparents dans lesquels
elles transportent un curieux matériel composé de tuyaux, de tubes, de récipients,
d’inhalateurs, de pastilles de Javel à diluer dans 5 litres d’eau, et
qui, lorsqu’elles rencontrent des semblables, leur parlent dans un langage
ésotérique fait de prénoms féminins et d’étranges onomatopées en
« kĂ©-kĂ©-kĂ©-kĂ©-kĂ© ! ».
Oui, les curistes sont là pour être soignés et remis en forme et, a priori, ça
semble plutĂ´t bien marcher car, au bout de trois semaines, les piles sont
rechargées pour une année. Seulement voilà , dans cette petite ville provençale,
il n’y a quasiment que des gens comme ça. Et des personnes qui ont besoin de ce genre de soin,
ce sont surtout des personnes d’un certain âge ou, au moins, qui sont malades. Ouais,
pas très rock and roll comme endroit. Pour des vacances à regarder de
charmantes créatures en bikini bronzer sur des plages de sable fin, ce n’était pas
tout à fait le lieu. Ni la saison, de toute façon.
Je suis arrivé à Vieuxbourg dimanche, en début d’après-midi, sous une pluie
battante, entre chien et loup (nous venions de changer d’heure).
Un oncle curiste, venu d’Auvergne en voiture, m’avait pris au
passage Ă Saint-Étienne. Je n’ai dĂ©couvert Vieuxbourg-les-Bains que
le lendemain : joli village provençal tout en pente avec ses rues escarpées,
ses places, son église, sa rivière, son lotissement et, bien entendu, ses établissements
thermaux.
Programme d’une journée-type : Sept heures du matin, je pars courir. Il n’y a
personne dehors de si bonne heure. Plouf ! Les canards, surpris par le
joggeur matinal que je suis, rejoignent la rivière. Au bout de trois-quart d’heure,
je termine mon parcours par la boulangerie où j’achète croissant et baguette.
Le reste de la matinée, je suis devant l’ordinateur à corriger un chapitre
tout en jetant un vague coup d’œil de temps Ă autre aux clips d’une chaĂ®ne
musicale. Vers midi, mes parents et mon oncle curistes arrivent, nous déjeunons
et l’après-midi, nous visitons les alentours.
Retour vendredi, à nouveau sous une pluie battante, à la gare TGV d’Aix-en-Provence,
pluie qui ne me quittera pas du chemin jusqu’à Lyon ou Saint-Étienne. Le temps
de marcher jusqu’à chez moi, je suis trempé. Quelques messages sur le répondeur me
réchauffent. Mais Halloween sera fêtée sans moi : quel temps !
Bilan de ces quelques jours sans Internet ni jeu sur ordinateur :
j’ai pu voir ma famille, j’ai visité des endroits plaisants, je me suis reposé
et, surtout, j’ai eu le temps de corriger le premier quart de mon roman.
Finalement, même à Vieuxbourg, ce n’est pas si mal que ça, les vacances !
Samedi, le 18 octobre 2003
Avis de décès : lorsque j’étais mort...
En ce moment, Ă Saint-Étienne, se dĂ©roule l’évĂ©nement
Livres en FĂŞte .
Au programme : auteurs venus dédicacer leurs ouvrages, stands de
libraires et bouquinistes, ateliers et animations diverses.
Hier, j’ai fait un petit tour sur le lieu de cette manifestation culturelle
en essayer de voir si certains auteurs m’étaient familiers et j’ai
vu le nom de Fabrice Colin, récemment primé (tout comme Jean-Jacques Girardot,
voir post ci-dessous) au Grand Prix de l’Imaginaire.
Fabrice Colin et moi-même avons comme points communs d’être nés la même année,
d’avoir le même prénom, et d’écrire tous les deux dans le domaine de la
littérature de l’imaginaire, bien que lui soit un auteur bien plus publié
que moi et qu’il écrive davantage dans le domaine de la Fantasy.
Il y a de cela quelques années, j’étais
étudiant à Paris, et lors d’une rencontre organisée par le Club Présences
d’Esprits, on m’avait pris pour lui...
C’est toujours ennuyeux d’être pris pour quelqu’un d’autre.
Voici une anecdote qui m’est arrivée justement à cette époque où je poursuivais
mes Ă©tudes Ă Jussieu.
Un jour de novembre, mes parents eurent la surprise de recevoir une lettre
d’une dame d’un village voisin, cette dame s’avérant être la mère d’un de mes
anciens camarades de classe de collège. Un détail aurait pu mettre la
puce à l’oreille de mes parents : le nom de famille était mal
orthographiĂ© (« MĂ©reste » est un pseudonyme, mon
véritable patronyme étant trop difficile à écrire correctement par le
commun des mortels). Dans cette lettre, une carte indiquant :
« Sincères CondolĂ©ances » avec une image de fleurs
tristes comme il convient dans ce genre de situation.
En ouvrant la carte, mes parents purent lire le texte suivant, en caractères
d’imprimerie :
« Le livre de la vie
est le livre suprĂŞme
qu’on ne peut ni fermer
ni ouvrir Ă son choix.
On voudrait revenir
à la page que l’on aime
et la page du chagrin
est déjà sous nos doigts.
Sincères CondolĂ©ances. »
Puis, Ă©crit Ă la main :
« Je suis bouleversĂ©e par le deuil qui vous frappe.
Croyez en ma sympathie bien attristĂ©e. »
Suivis du nom de la mère de mon ancien copain de classe et d’un
post-scriptum : « Si je peux vous aider... »
Passé le premier moment d’émotion et de surprise, mes parents m’ont
quand même appelé par téléphone pour prendre de mes nouvelles, et comme
je me portais comme un charme, ma mère s’est décidée à prévenir la
personne à l’origine de la lettre afin de la rassurer.
L’explication était simple : quelques jours plus tôt, un malheureux homonyme
(à une lettre près dans l’écriture du nom de famille), du même âge
et de la même région natale que moi, s’était tué dans un accident de
voiture. L’avis de décès avait été publié dans les pages nécrologiques
du journal local.
Certaines personnes ont cru qu’il s’agissait de moi, comme des habitants
du village de mes parents, mais voyant que ma mère ne semblait en rien
touchée par le décès de son fils aîné, ils ont vite compris qu’il ne s’agissait pas
de moi : une lettre de différence dans le nom de famille
ainsi que l’activité du défunt
(serveur dans un restaurant) avait fini par lever le doute.
Quoi qu’il en soit, apprendre que j’avais été considéré comme mort
aux yeux de certains est une drôle d’expérience : cela permet de
relativiser les problèmes divers qui nous touchent car ceux-ci
sont toujours bien dérisoires face à la chance que nous avons d’être
vivants.
Mercredi, le 8 octobre 2003
Avis de dérangement
Lors des derniers jours de septembre, l’opérateur national (mais privé) de télécommunications
(non, je ne vais pas leur faire de publicité, en plus !) me fait une proposition
bien jolie : la possibilité d’envoyer des mini-messages (ou SMS, ou textos)
Ă partir de ma ligne fixe
(oui, je n’ai et ne veux pas de téléphone portable
sans pour autant me priver des nouvelles formes de communication).
Joie, ce vendredi-là , je vais sur le site web de l’opérateur téléphonique et je m’abonne
aux options payantes d’affichage du nom ou du numéro, options nécessaires à l’activation du
service gratuit de la possibilité d’envoi et de réception des textos (cherchez l’erreur)
et j’attends que ma demande soit prise en compte.
Le week-end se passe, mais rien n’est changé sur ma ligne.
Je profite d’un moment de libre, le mardi matin suivant, pour
aller à l’agence la plus proche de cet opérateur téléphonique. J’attends patiemment mon tour,
j’expose mon problème, et on me confirme qu’il y avait effectivement un petit
souci technique et que ma commande était bloquée mais que tout allait se mettre en
place dans les heures qui allaient suivre.
Je rentre chez moi, bien content que
tout puisse se régler aussi simplement, mais m’étonne quand même, en souhaitant
faire une mise à jour de mon blog, de ne plus avoir accès à Internet. Et de ne plus
pouvoir appeler depuis mon poste fixe non plus, d’ailleurs.
Je pars travailler, j’essaie d’appeler
chez moi depuis mon bureau, et j’aboutis finalement à une boutique de lingerie.
N’ayant rien de particulier à acheter, je m’excuse, un peu surpris, et raccroche.
Aurais-je fait un faux numéro ?
Un peu plus tard, je rappelle, tombe Ă nouveau sur la boutique de lingerie,
j’expose mon problème et à la vendeuse qui me confirme que, depuis le matin,
elle a rencontré des anomalies avec son téléphone et n’a reçu aucun appel
de ses clients (et surtout clientes). Je comprends : ma ligne téléphonique a été
redirigée par erreur chez cette boutique voisine...
Le lendemain, je retourne à l’agence de l’opérateur téléphonique,
j’attends mon tour, expose mon problème à une personne qui m’arrête
tout de suite en disant que c’est au service central que je dois m’adresser.
Je lui rétorque que, justement, je n’ai plus accès au téléphone, celui-ci
m’indique un téléphone spécial dans son agence où je peux appeler. Je décroche,
appuie sur un bouton présélectionné qui compose automatiquement le numéro,
une voix enregistrée me demande de préciser mon problème en appuyant sur une
touche, chose que je ne peux faire avec ce téléphone spécial, et, le premier
moment de perplexitĂ© passĂ©, j’arrive quand mĂŞme Ă avoir un interlocuteur Ă
qui je raconte la situation ubuesque que je vis en ce moment.
Je rentre chez moi, un peu agacé quand même, et trouve dans ma boîte
aux lettres deux courriers de l’opérateur téléphonique. Premier courrier,
c’est le contrat d’affichage du numéro et du nom de l’appelant, ce qui
me permet d’avoir l’option mini-messages... entre le lignes, je peux
lire qu’on me félicite d’être un si bon client et d’avoir si bon
goût. Deuxième courrier, c’est une lettre de rappel valant mise
en demeure ! Là , c’est à la limite de l’insulte, et vas-y que je
te menace de te faire payer 10% de plus si tout n’est pas réglé dans
moins d’une semaine, ou plutôt cinq jours, vu le trajet par poste.
Mais c’est quoi, ce cirque ?
Je retourne à mon bureau, appelle le numéro indiqué sur la
lettre de l’opérateur téléphonique et la personne
à qui je m’adresse m’indique que l’autorisation de
prélèvement automatique effectuée par mes soins n’a pu être
prise en compte et que donc je dois régler au plus tôt
ma facture par carte bancaire. J’appelle ensuite ma
banque qui me confirme que l’autorisation de prélèvement a
été validée... le jour même où le prélèvement aurait dû être
effectué, d’où ce couac.
Le soir-même, je retrouve ma ligne téléphonique, je peux appeler
l’opérateur pour effectuer le paiement de ma facture... Las, tout
commence enfin à rentrer dans l’ordre.
C’est alors que j’essaie l’option mini-messages en écrivant un
petit mot sur le tĂ©lĂ©phone portable de mon frère. Ça ne
marche toujours pas. Quelques jours plus tard, en recevant le
contrat détaillé de cette option, je comprends : il ne m’est
possible d’envoyer des textos qu’aux numéros de téléphones fixes
équipés de la même option (je ne connais encore personne dans ce
cas) ou aux possesseurs de téléphones portables
ayant comme opérateur téléphonique la filiale colorée de l’opérateur national.
Cependant tous mes correspondants téléphoniques, amis ou famille, ont
pris des abonnements auprès d’opérateurs concurrents...
Jeudi, le 25 septembre 2003
À visiter : Saint-Étienne
Samedi et dimanche derniers étaient organisées les
Journées du Patrimoine .
J’en ai profité pour découvrir ma nouvelle ville d’adoption.
Samedi matin. Rendez-vous devant l’Office du Tourisme.
Nous sommes un groupe d’une quarantaine de personnes,
pas mal de personnes âgées, mais je ne suis pas le seul jeune, loin
s’en faut.
Saint-Étienne en 39-45. Un guide confĂ©rencier nous parle
des lieux martyrs (comme l’église Saint-François bombardée, un
jour de mariage, par les Américains qui cherchaient à détruire
la gare à quelques rues de là ), des bâtiments occupés par les
Allemands, des endroits où se réunissaient les groupes de
résistants. Anecdote amusante : une pharmacie appelée
« Ă la Croix de Lorraine », sur laquelle
Ă©tait Ă©crit en grand « Renseignements ici »,
était un grand lieu d’échanges d’information des Résistances. Et jamais
cette pharmacie n’a été inquiétée par la gestapo. Comme quoi, plus c’est
gros...
Samedi après-midi, 14 heures, visite du rez-de-chaussée de l’Hôtel
de Villeneuve. Plongée dans le XVII
e siècle. L’association
des
Amis
du Vieux Saint-Étienne comprend des passionnĂ©s qui
se font un plaisir de raconter les anecdotes du passé stéphanois, des
luttes entre la Seigneurie voisine et la ville industrieuse.
Des cassettes audios sont données gratuitement, on peut y entendre
des chansons et saynètes en « parler gaga »,
le langage populaire stéphanois à l’accent si particulier et
aux Ă©tonnantes expressions.
Quinze heures, devant l’église Saint-Louis, nouvelle visite guidée.
Tiens, c’est le même guide conférencier. L’hôtel Jullien-Chomat
de Villeneuve, dont je venais de visiter une partie, est le
cœur d’un Ă®lot datant du milieu du XVII
e siècle.
Promenade commentée dans les étroites rues médiévales, contraste avec
la Grand’Rue, cette avenue aux noms divers le long de son tracé
(ici, la rue Gambetta) oĂą circule le tramway, du nord (le Forez) au sud (le Pilat).
Explication de l’implantation de Saint-Étienne par sa
rivière, le Furan (prononcez : « le Furâon » avec
l’accent stéphanois) qui avait des propriétés intéressantes pour
la trempe des métaux, d’où la fabrique d’armes sous François I et les
artisans de la coutellerie et de la « clinquaillerie ».
Croissance arrĂŞtĂ©e par les eaux et la « ceinture mystique »,
c’est-à -dire la présence de nombreux couvents établis à la période de la
Contre-RĂ©forme. Saint-Étienne avait pu s’étendre Ă la RĂ©volution,
lorsque les terrains des ordres religieux Ă©taient passĂ©s Ă l’État.
Dimanche matin, nouvelle visite. Circuit-découverte des monuments historiques
de la ville. Tiens, un autre guide. Tiens, nous croisons le guide de hier qui
fait un autre circuit. Les beaux bâtiments ont tous un
lien plus ou moins direct avec l’activité des
passementiers ,
ces artisans du ruban, frères ennemis des canuts lyonnais. Petit passage Ă
cĂ´tĂ© d’une œuvre d’art ratĂ©e au niveau de la place du Peuple : le
Chronocycle , une grande roue de pierre au mouvement de rotation
infime (un tour en un an) censĂ© reprĂ©senter le temps qui passe. Échec
car les infiltrations du Furan ont fait rouiller les Ă©normes engrenages de
la machine... (on n’entend plus le mécanisme formidable qui l’actionne mais
il arrive que l’on voie celle-ci parfois tourner, ce qui est un comble).
Dimanche après-midi,
musée de la Mine .
Plongée dans l’univers des mineurs. Instructif. Vivant. Impressionnant.
Le charbon avait fait la richesse de la ville mais, aujourd’hui, cette activité n’existe plus dans la région
et les crassiers se sont couverts de verdure. Une page est tournée.
Dans la cour du musée, un trio de musiciens-chanteurs-comédiens appelés
« les compagnies Brossard ». Je tombe sous le
charme de leurs étonnantes interprétations des chansons des années 1930 à 50.
À 18 heures, le trio a Ă©puisĂ© son rĂ©pertoire. Je suis arrivĂ© au
musée de la Mine à 14 heures... Que le temps passe vite !
Au final, un week-end culturel bien sympathique... les a priori négatifs
que j’avais pu avoir sur Saint-Étienne, en tant qu’ex-lyonnais, sont tombĂ©s :
cette ville, certes moins gâtée par l’histoire que sa voisine Lyon,
est pleine de charmes.
Dimanche, le 7 septembre 2003
Compte-rendu (bien singulier) de la XXXème
Convention nationale de Science-fiction française
1. Introduction
Ça l’air d’un film :
Sara et la Convention perdue
...mais, non, il s’agit de la convention S.-F. nationale de 2003,
ou plutĂ´t de la « Convention transnationale d’imaginaire francophone »
puisque celle-ci s’est déroulée du 28 au 31 août 2003 au Centre wallon d’art contemporain
de la Châtaigneraie, à Flémalle, au sud de Liège.
Une convention hors norme, en quelque sorte, puisque hors de France
(même si quelques conventions S.-F. avaient déjà eu lieu auparavant en Belgique
ou en Suisse) mais aussi hors du simple domaine de la science-fiction
car les autres genres de la littérature de l’imaginaire
(
fantasy et fantastique, et même polar) étaient aussi à l’honneur.
Hors norme enfin par le jeu de rôles dans lequel se sont retrouvés plongés
les participants et invités à la convention.
2. Au cours du mois de juillet...
Dans un document attaché à un courrier envoyé par
Sara Doke, il est indiqué :
« Joueur : MĂ©reste, Fabrice
Groupe : Agents du Vatican (représentants des gardiens
de l’Aggartha)
Membres : Jean-Claude Dunyach, Fabrice MĂ©reste
Alliés : Personne !
Ennemis : Tout le monde
Signe distinctif : chemise blanche et accessoire noir (n’oubliez
pas que vous ĂŞtes des prĂŞtres) (...) »
Sont aussi indiqués les personnages connus et reconnus, missions
et historique.
Ouh là ! Je ne comprends pas grand chose, c’est la première fois
que je participe à un jeu de rôles. Bon, ça peut être drôle. Je mets
dans mon sac de voyage un jeans noir et une chemise blanche...
3. Jeudi 28 août 2003 : le départ
Jean-Jacques Girardot, son fils Alain, et moi-mĂŞme,
à savoir les Stéphanois de la
Gang ,
retrouvons les Lyonnais chez Sylvie Lainé à 7 heures
du matin.
Tout le monde est déjà là (André-François Ruaud, Gizmo
Mergey, ainsi qu’un fan et auteur suisse prénommé Vincent)
mais ce n’est pas pour autant que nous partons pour la
Belgique : nous discutons entre copains en prenant le
petit déjeuner.
Les Stéphanois prennent place dans la voiture de Jean-Jacques et les autres
(Sylvie, Vincent, André et Gizmo) dans la Gizmobile, nous
voilà enfin sur le départ alors que le jour tarde à se lever :
nous ne sommes plus habitués aux gros nuages gris après cette canicule.
Nous quittons la région Rhône-Alpes, traversons la Bourgogne, entrons
en Champagne-Ardenne, passons par la Lorraine (avec nos sabots) et
déjeunons à Luxembourg où Georges, un ami d’André-François qui
travaille dans cette ville, nous montre quelques bien beaux endroits
le temps d’une visite-éclair.
Nouveau changement de frontière : la Belgique. Le chemin semble
long pour aller jusqu’à Liège. Jean-Jacques quitte
l’autoroute à un moment pour prendre de l’essence dans une bourgade appelée
« Vaux-sur-SĂ»re ». Ce nom curieux nous rappelle la
blague au sujet des manifestations de mai 68 à Bruxelles : du côté des
Ă©tudiants, on criait : « CRS, SS ! »
et du cĂ´tĂ© des forces de l’ordre : « Étudiants, -diants,
-diants ! »
Liège nous accueille sous une pluie battante. Nous suivons la voiture
de Gizmo. Nous arrivons en centre-ville, tournons, hésitons... il est
dur de trouver son chemin lorsque les panneaux sont difficiles Ă voir
ou lorsqu’une route prévue dans l’itinéraire
est barrée.
En fin d’après-midi, nous parvenons enfin à l’hôtel, à Rocourt,
dans la périphérie de Liège.
Nos chambres ont bien été réservées. Mais c’est Anne Smulders
qui a nos factures (et le numéro du code pour ouvrir le portail de nuit).
Elle a bien fait : arrivés trop tard, nous n’aurions pu trouver
quelqu’un à l’accueil de l’hôtel. Nous nous rendons au lieu de la convention,
et le chemin n’est pas moins simple que pour aller jusqu’à l’hôtel
(doux euphémisme).
Il pleut, il fait froid, nous sommes fourbus. Je ne remarquerai la
beauté de la Châtaigneraie que plus tard, petit manoir entouré
d’un parc qui n’est pas sans évoquer le Moulinsart de Tintin.
Nous avons manqué le programme de l’après-midi, tant pis.
Dommage pour la conférence de l’auteur britannique
Brian Stableford sur « l’Imaginaire
du XIX
ème siècle », celle de Patrick Marcel
sur le fantastique (auteur, entre autre, du guide
Atlas des
brumes et des ombres sur le Fantastique en Folio S.-F.,
ah, ben non, en fait, cette conférence n’a pas eu lieu
m’a-t-on rapporté),
et la rencontre avec Jean-Marie Buchet, cinéaste et
historien du cinĂ©ma au sujet de « CinĂ©ma et Science-fiction ».
De toute manière, les conventions, ce n’est pas seulement
assister à une série de rencontres, conférences, tables rondes
et débats, c’est aussi et surtout l’occasion de retrouver des
copains, de rencontrer des auteurs, de faire de nouvelles
connaissances avec des personnes qui partagent le même intérêt
pour la science-fiction, ou, d’une manière plus globale, pour la
littérature de l’imaginaire.
À l’accueil, c’est Jean-Claude Dunyach, mon partenaire dans
le jeu de rôles, qui s’occupe de la caisse :
tickets repas et « delsemmes » pour les
boissons. Comme l’année passée, les bières et cafés se paient avec
une monnaie de singe : le
delsemme , en l’honneur
de Serge, cet auteur de S.-F. liégeois récemment disparu.
À peine le temps de dire bonjour aux copains prĂ©sents,
de jeter un coup d’œil
aux œuvres exposĂ©es Ă l’étage (sculptures, peintures
et collages d’inspiration science-fictionnelle ou fantastique) et c’est dĂ©jĂ
l’heure de dĂ®ner (ou plutĂ´t de « souper »
car, en Belgique, le terme « dĂ®ner »
s’applique Ă ce que nous, Français, appelons le « dĂ©jeuner »).
Nous nous retrouvons sous une grande tente pour nous restaurer :
soupe, puis boulet (?) de viande et... frites, bien entendu, et enfin
dessert ou fromage, je ne me rappelle plus.
Il est bien tard lorsque nous avons terminé de manger, la
conférence prévue par le professeur Tassilo Von Töplitz est
reportée au lendemain.
Vincent, notre nouvel ami helvète, plutôt que d’aller
dormir à l’auberge de jeunesse, souhaite rester en
compagnie de la Gang, il partagera donc ma chambre
pendant ces trois nuits.
Retour à l’hôtel (en suivant les voitures de ceux qui connaissent
le chemin), puis dodo...
4. Vendredi 29 août 2003
Petit déjeuner dans la salle à manger de l’hôtel.
Les habitués (qui sont déjà debouts) occupent les lieux : Raymond Milési, Pierre Stolze,
Alain Huet, JĂ©rĂ´me Baud...
Nous suivons les voitures pour arriver jusqu’au lieu de la convention.
Assemblée générale de l’association
Infini .
[J’échappe pour un moment à la convention car je dois retrouver un
de mes meilleurs amis que je n’ai plus vu depuis plus de... dix ans,
ami que j’avais connu au temps d’un stage réalisé à Seraing, ville
voisine de Flémalle. Cet ami, Africain d’origine rwandaise, est
justement de passage aux Pays-Bas et en Belgique, et il a pu
s’arranger pour venir à Liège au moment où j’étais aussi présent.
Vers 11 heures, ce sont les retrouvailles. Avec un de ses
compatriotes habitant maintenant la région, nous quittons Flémalle en voiture
pour le centre de Liège, dĂ©ambulons dans les rues du « CarrĂ© »
et nous décidons d’aller manger dans un restaurant de poissons.
Le temps est bien trop court pour se raconter les milliers de choses
qui nous sont arrivées et que nous n’avions pu communiquer ni
par courrier postal ni par courrier Ă©lectronique.
Juste le temps de faire un tour à la cathédrale de Liège où
je tenais temps Ă revoir la
sublime statue
de l’ange déchu sur la
Chaire de la Vérité de
Guillaume Geefs.
Mon ami doit prendre le train pour aller Ă Bruxelles, il faut dĂ©jĂ
se dire au-revoir, je suis raccompagné à Flémalle...]
J’arrive à la Châtaigneraie alors qu’André-François Ruaud débute sa
conférence sur l’initiation à la
fantasy . Devant moi, je reconnais
quelqu’un de dos, en chemise écarlate, assis à côté de Gizmo :
Gilles Dumay, directeur de la collection
Lunes d’Encre de Denoël
(et Ă©galement auteur sous pseudonyme).
Au gré de mon humeur, j’assiste à des conférences (Joseph Altérac remplaçant
Tassilo Von Töplitz pour nous parler de « Terre Creuse et
Monde souterrain » et du fameux « roi du monde »),
je vais voir les livres neufs ou d’occasion proposés à la vente (j’en profite
pour compléter ma collection
Histoires , l’anthologie de science-fiction
du Livre de Poche), je participe sans trop comprendre au jeu de rĂ´les
(où semblent beaucoup s’amuser le jeune Alain Girardot et Sylvie Lainé),
j’écoute Gilles Dumay parler de télétravail (il vit à présent dans un coin
perdu des montagnes de Thaïlande et exerce ses fonctions depuis un cyber-café),
j’échange quelques mots avec Thomas Day au sujet du
Double Corps du Roi
(aux Éditions MnĂ©mos) qu’il a Ă©crit en collaboration avec mon copain
Ugo Bellagamba...
Repas. En face de moi, à table, Raymond Milési n’est qu’à moitié content du
plat de rechange qui lui a été servi au lieu des haricots, légumes
qu’il abhorre (qu’a-t-il eu à la place,
des concombres cuits ?!).
Après le repas, Raymond prend sa guitare et nous gratifie d’un concert
(chansons parodiques avec paroles de sa composition) mais certains
d’entre nous ont bien du mal à en profiter en raison de la fatigue.
Retour à l’hôtel, dodo.
5. Samedi 30 août 2003
P’tit dèj’. Voiture. Flémalle.
Présentation des candidatures pour les conventions 2004 et 2005.
On prend les mĂŞmes et on recommence : la
convention de 2004 sera organisée par Jérôme Baud
et aura lieu à l’Isle-sur-la-Sorgue
(comme en 2000, première convention à laquelle j’avais participé),
la convention de 2005 sera organisée par l’équipe d’Alain le Bussy
à Tilff (à nouveau en Belgique, comme en 2002, où je n’avais
pu être présent pour cause de rédaction de thèse).
Conf’versation sur la « structure du conte »
animée par Claude Mamier et Philippe Dulauroy, deux personnes
qui décident de mener le projet assez fou de raconter et collecter
des contes pendant près de trois ans (voir leur projet
ici ).
Conférence sur les OVBI présentée par
Jean Etienne . Non, je n’ai pas
dit les OVNI mais bien OVBI : Objets Volants Belges Identifiés.
À propos, saviez-vous pourquoi il y a tant d’OVNI recensĂ©s en Belgique ?
Il paraît que c’est un des pays les plus brillants de la Terre car
les autoroutes y sont éclairées... Et ce n’est pas une blague.
Revenons aux OVBI. Historique et
petit cours de physique sur les
lifters , Ă©tranges dispositifs
qui parviennent à voler à l’aide d’une haute tension. Nous assistons
à une démonstration surprenante de cet engin.
Après le repas (buffet froid), dĂ©bat sur « l’Histoire de la S.-F. »
animé par Jean-Claude Vantroyen, Jean-Pierre Fontana et Jean-Claude Dunyach.
Je croise Sara Doke qui s’inquiète de la disparition de Gilles Dumay
(qui est l’invité mystère) et d’André-François Ruaud. Ces derniers
étaient à Liège à la recherche d’un distributeur de billets acceptant les
cartes bancaires du type dont est pourvu le Gillou.
Autres conférences et rencontres, je ne comprends toujours rien au jeu
de rôles, je m’accroche un bout de plastique vert fluo autour du
poignet afin d’indiquer que je participe à la
murder party .
Je repère Michel Pagel qui est lui aussi affublé de ce signe distinctif
mais, peine perdue, nos missions n’ont rien en commun, nous avons l’impression
qu’il y a plusieurs histoires indépendantes emmêlées dans ce jeu de rôles.
AndrĂ©-François et Gilles sont de retour. Le dĂ©bat sur « la Guerre
des Étiquettes » peut dĂ©buter. Il ne sera pas animĂ© par
Catherine Dufour (qui n’est pas encore là en raison d’un problème de voiture)
mais par Patrick Marcel (qui traduit aussi les propos de Brian Stableford).
Le débat est très intéressant. Brian Stableford nous parle des attentes des
Ă©diteurs (« Ă©crivez-nous la mĂŞme chose, donc le mĂŞme genre, parce que
ça marche ! ») et des envies des auteurs ; l’idĂ©aliste
Gilles Dumay de la nécessité commerciale de présenter le genre des livres
(science-fiction, fantasy avec nains de jardin, fantasy sans nains de jardin...)
mais que ce qui compte, selon lui, est de publier et défendre un auteur et
une œuvre, qu’importe son Ă©tiquette ; AndrĂ©-François Ruaud et Patrick Marcel,
tous deux auteurs d’un guide respectivement sur la
fantasy et le fantastique
commandés par... Gilles Dumay (j’en profite pour saluer Francis Valéry, auteur
du guide de lecture sur la science-fiction dans la mĂŞme collection
qui n’a malheureusement pu venir pour des raisons de santé...
nous te souhaitons un prompt rétablissement, Francis !), évoquent les
difficultés qu’ils ont eu à définir les genres
(fantastique, science-fiction,
fantasy )
et à classer des textes dans l’un ou l’autre
de ceux-ci, certains relevant de la fusion des genres...
Nous quittons ensuite la Châtaigneraie pour aller au Préhistosite, non loin de là .
Et c’est dans la reconstitution d’une caverne qu’ont lieu les remises de prix,
dont le prix Rosny
Aîné (auteur de la
Guerre du feu ), prix dont s’occupe
Joseph Altérac et qui est établi selon le vote
des lecteurs afin de récompenser le meilleur
texte francophone de science-fiction de l’année
écoulée.
Roulement de tambour...
Le prix Rosny de la nouvelle de science-fiction est attribué à ...
Jean-Jacques Girardot pour « Gris et amer, les Voyageurs
de l’Éclipse » (extrait de son recueil de
nouvelles
DĂ©dales virtuels paru aux Éditions Imaginaires Sans
Frontières), ex æquo avec Sylvie LainĂ© pour « Un signe
de Setty » (dans un numĂ©ro de la revue
Galaxies ).
Trop de bonheur : il s’agit de textes que j’avais lus et vraiment beaucoup
aimés, et en plus, ce sont des copains... En recevant leur trophée
(la sculpture en forme de crâne de mammouth),
Sylvie et Jean-Jacques se prettent Ă un Ă©tonnant jeu de duettistes.
Ne s’agirait-il que de la même entité implémentée dans deux corps différents ?
Prix Rosny du roman attribué à Joëlle Wintrebert (hélas absente) pour
Pollen .
Prix Merlin (Ă©quivalent en
fantasy de ce qu’est le Rosny pour
la science-fiction) de la nouvelle attribuĂ© Ă
Jess Kaan pour
l’Affaire des Elfes
Vérolés .
Prix Merlin du roman attribuĂ© Ă Lea Silhol pour « la Sève
et le Givre » (qui, comme JoĂ«lle, est aussi absente).
Les auteurs de
fantasy se sont vus remettre de jolies planches :
un crayonné pour Jess Kaan qui avait bien du mal à cacher son émotion et
une peinture pour Lea Silhol.
Prix Versins (du plus mauvais jeu de mots réalisé pendant la convention)
attribué à Pierre Stolze. Contexte : la convention avait pour
sous-titre « Sara Jones et la Convention perdue ».
Et il y eut effectivement beaucoup de problèmes pour trouver à la fois
l’hôtel et le lieu de la convention, dans ce petit coin de Wallonie.
Le jeu de mots de Pierre, fort Ă propos, fut ainsi :
« OĂą wallons-nous ? ». Pierre s’est vu
remettre un magnifique... euh... bidule... un machin avec plein
d’hélices de couleurs que je me rappelle avoir déjà eu quand
j’était tout petit.
Apéritif. Discussions par petits groupes :
Gilles Dumay, André-François et Patrick Marcel parlent entre
eux de plein de textes et d’auteurs qui me sont inconnus,
Gizmo
et Éric Henriet discutent d’uchronie,
Sylvie et Jean-Jacques taillent la bavette avec les
42
(Ellen Herzfeld et Dominique Martel), Catherine Dufour vient
d’arriver, certains s’essaient Ă la bière « prĂ©historique »
faite maison (qui, une fois ouverte, se déverse follement en
mousse)...
Retour à la Châtaigneraie, c’est le dîner de gala.
Sara Doke est habillée en créature angélique. D’autres vont se changer
au cours du repas. Vincent, à côté de moi, dégouline de faux sang.
Je devrais le regarder avec appétit, m’étant déguisé en vampire, mais
c’est plutĂ´t Ă la serveuse largement dĂ©colletĂ©e Ă qui j’ai lancĂ© un « vous
ĂŞtes Ă croquer, mademoiselle ! » qui retient mon attention.
J’ôte mes dents de
Dracula pour manger. Après la soupe aux orties et le saumon, nous
avons droit à de l’agneau (argh, une gousse d’ail, on veut ma mort !)
et, en dessert, un machin-truc-chose au nom imprononçable pour un
non-Belge qui ressemble Ă une sorte de grosse poire cuite au jus.
Pendant le repas, vente aux enchères
d’objets improbables animée par Georges Pierru (dans le
rĂ´le du commissaire priseur) et JĂ©rĂ´me Baud. Jean-Jacques
Girardot s’en sort plutôt bien : cette année, son fils Alain
ne l’a pas ruiné en achetant toutes les bêtises dont il avait envie.
Tout le monde (ou presque) se déguise : André-François en cadavre élégant
Ă canotier, Michel Pagel en Mort rouge Ă faux, il y a aussi des
men in black et des extraterrestres, des cow-boys et des indiens,
des créatures
monstrueuses diverses et variées (je vous invite à voir le site de
Matthieu
Walraet pour vous faire une idée), ceux qui ne se sont pas déguisés
se retrouvent avec des masques ou casquettes ridicules.
Jean-Jacques Girardot et son fils partent se coucher. Nous convenons
de l’heure de départ pour le retour à neuf heures, il ne faut pas oublier que
lundi 1
er septembre, c’est la rentrée pour Alain
(et aussi pour moi et mes collègues enseignants). Tant pis pour
le jeu « S.-F. again fascism » et le
décrochage de l’exposition, et tant pour avoir si peu profité
de Liège.
Jacob Durieux est aux platines mais
il n’y a pas réellement de bal costumé. Le sol
caillouteux de la tente ne s’y prête d’ailleurs guère et nous aidons
à débarrasser les tables.
Gizmo ramène à Rocourt de bien curieux personnages : le maquillage blanc
d’André-François s’en va par plaques et le faux sang n’en finit pas
de couler du visage de Vincent. En se démaquillant à l’extérieur de
la chambre d’hôtel, Vincent manque même de provoquer une
crise cardiaque, ayant fait très peur à un touriste japonais noctambule.
6. Dimanche 31 août 2003 : le retour
Petit déjeuner en compagnie de Peter Motte
(personne d’autre n’est debout si tôt). Ce traducteur
néerlandophone s’est chargé de nous faire connaître des
auteurs flamands durant la convention, notamment Ă
travers la distribution d’un hors série en français
de la revue littéraire trimestrielle
De Tijdlijn (
la Ligne de Temps ).
Il est presque neuf heures, Jean-Jacques n’est
toujours pas descendu Ă la salle Ă manger alors que
je suis prĂŞt Ă partir. Je frappe Ă la porte de sa chambre.
Il vient à peine de sortir du lit. Bon, pendant qu’il se
prépare, je regarde les dessins animés à la télévision
en essayant de ne pas réveiller Vincent.
Jean-Jacques arrive enfin, et c’est parti.
Le mauvais temps qui nous avait accompagné tout au long
de la convention a laissé place au soleil.
Le retour nous semble long jusqu’au Luxembourg et à la France.
Nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute pour déjeuner et
je prends la relève au volant. Je conduis sur la majeure partie de l’autoroute,
Jean-Jacques s’assoupit à côté de moi, Alain semble
bien sage Ă l’arrière. Nous sommes Ă Saint-Étienne en fin
d’après-midi.
Voilà , c’était une bien belle convention, riche en émotions,
en rencontres et en prix... Encore merci aux organisateurs :
Sara, Anne et Jacob. Et à l’année prochaine à l’Isle-sur-la-Sorgue !
Vendredi, le 15 aoűt 2003
Ah, vivre avec ou sans les autres ? Et quels « Autres » ?
Hier, je suis allé rendre visite à D., un ami qui s’est retrouvé en situation d’hospitalisation
d’office après avoir tenté de tuer son frère à coups de couteau.
A priori, D. va bien. Certes, ses paroles sont un peu embrumées par
les anxiolytiques et neuroleptiques mais il occupe la chambre la
plus spacieuse du pavillon où il est interné, il a le droit de
recevoir des coups de fil et d’en passer et il peut également
avoir des visites.
Pourtant, petit à petit, j’ai revu mon jugement :
D. ne va pas bien du tout.
D’abord, D. sait très bien que s’il quitte l’hôpital, il va se retrouver
dans un autre établissement, celui-là réellement carcéral, car, même s’il n’y a pas eu
de plainte déposée par son frère (très légèrement blessé) ou ses parents,
l’État se porte partie civile dans cette histoire et il risque
jusqu’à sept ans de prison.
Ensuite, D. n’a toujours pas débloqué les choses dans son esprit.
Il se sent toujours victime d’un coup de folie, de la situation, de ce qu’il
a ressenti comme une agression de la part de son frère, et il a tendance
à ignorer la gravité de son geste. Lui, qui est si religieux,
considère que Dieu l’a mis à l’épreuve et se sent maintenant perdu.
Cependant, s’il parvenait à prendre conscience de son acte
potentiellement meurtrier et de la portée de ce dernier, il y a
fort à parier que la culpabilité l’entraînerait à une
auto-dépreciation absolue, une dépression, un suicide...
D’ailleurs, D. m’a confié que sa relation avec les psychiatres et soignants
restait dans une impasse. Sa situation matĂ©rielle a Ă©voluĂ© jusqu’Ă
atteindre le maximum de droits accordés à quelqu’un retenu en hôpital
contre son gré, mais sa situation intellectuelle semble ne pas
avoir avancé d’un pouce.
Enfin, et c’est sans doute ce qui, a posteriori, m’a fait le
plus craindre pour son Ă©volution, D.
reste toujours entourĂ© par sa « communautĂ© ».
D. était seul lorsque je suis venu le voir mais au bout d’une
heure, S., une autre amie est passée lui rendre visite. S., jeune
et jolie, lui apporte des bouquins. Les livres sont le plus souvent
des contes pour enfants car D., avec ses médicaments, ne parvient
pas trop Ă se concentrer sur des histoires complexes. En discutant
à trois, j’ai appris que S. qui, a vingt-cinq ans, poursuit
encore ses études, s’était mariée à l’âge de vingt-deux ans.
Cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille... Nous sommes allés
dans le jardin du pavillon, toujours entouré de grillage et d’yeux
nous surveillant, bien entendu, pour poursuivre notre conversation.
C’est alors qu’est arrivé M., la cinquantaine, visiblement très
proche de D., cheveux poivre et sel, un joli hâle mis en valeur par
des habits blancs, et une verve sans faille... Pour moi, instinctivement,
M. avait tout de l’idée que je me faisais d’un gourou.
Pendant des années, D. était venu les samedis lui prêter main forte pour
l’aménagement de sa maison. S. et moi nous sommes alors présentés à M.
et avons indiqué comment nous avions connu D. Et très vite, la
religion est apparue dans nos propos. D. et S. s’étaient rencontrés à la sortie d’une
« Ă©glise », Ă©glise dont le nom
complexe m’était inconnu. Sourire pincé de M. à l’évocation de
ce groupe religieux. S. explique que son mari et elle ne se
rendent plus à cette église car elle a très mal vécu
son passage dans celle-ci, en particulier parce que son mari
est pentecôtiste et que dans l’église où ils allaient,
il y avait des oppositions dogmatiques importantes, notamment
sur le fait de renier les dons de l’esprit. Moi, j’observais
cette conversation un peu ahuri. M. m’a alors demandé à quelle
Ă©glise je me rendais (ou « j’appartenais ? »)
et je lui ai répondu que j’étais catholique romain, ce qui n’a pas
manqué de le surprendre. Mi-sérieux, M. a demandé à D. :
« Tu frĂ©quentes un catholique romain ?! »
Je n’ai pas souhaité préciser que j’étais catholique parce que je croyais
en Dieu et que le catholicisme Ă©tait ma religion de baptĂŞme mĂŞme
si, contrairement Ă eux ,
cela n’avait pas d’influence sur certaines sphères de ma
vie personnelle... en effet, comment prétendre être scientifique
si on considère les allégories bibliques comme des faits
véritables ? comment mener une vie sexuelle dans le respect
de son partenaire sans prĂ©servatif ? De tout mon ĂŞtre, je
m’oppose farouchement aux dĂ©cisions du « Saint Père ».
Et là , tous les petits couacs de ma relation d’amitié avec D.
m’ont sauté à la figure : il me prêtait des livres religieux
mais ne voulait que très difficilement lire ceux que je lui
conseillais, il ne m’accompagnait au cinéma que si le film était
en accord avec ses convictions et surtout... il ne pouvait
envisager de relations intimes avec des personnes du sexe opposé que
s’il agissait d’une fille (1) qui partageait la même croyance que
lui et (2) qui serait son Ă©pouse.
Voilà pourquoi S. s’était mariée si jeune.
La communauté, rien que la communauté.
Fonctionnement en vase clos.
Attachement rigoureux à la doctrine, et une certaine intolérance
vis-Ă -vis de ceux qui ne partagent pas les mĂŞmes convictions.
Dans mon dictionnaire, c’est ce qui définit une secte .
Oui, si j’avais été admis dans la sphère d’amitié de D., c’est
simplement parce que
j’avais suivi Ă un moment donnĂ© son « groupe d’étude de la Bible »
(lorsque, dans le cadre de l’écriture de mon roman de science-fiction,
je faisais des recherches sur certains groupes religieux « chrĂ©tiens »
et leur interprétation de la Bible). Puis j’avais fait connaître à D.
les randonnées en roller, ce qui l’avait fait un peu sortir de son micro-monde.
Même si tes frères parlent constamment d’amour ,
avec les contraintes qu’ils t’imposent, ou que tu t’imposes,
D., à plus de vingt-cinq ans, tu n’as jamais aimé et été aimé
de la façon la plus intime qui soit. Et le jour où tu as porté la
main sur ton frère de sang, c’est parce que lui, avec lequel tu ne
peux t’entendre parce qu’il refuse tout de cette communauté
étouffante et castratrice qui est toute ta vie, tu t’estimais dans
ton droit, tu te croyais dépositaire de la loi, tu étais là pour
le punir d’avoir abusé du téléphone parce que ton jeune frère appelait...
sa copine.
Oh, D., combien de temps mettras-tu Ă faire le chemin qui
te fera prendre conscience du fait que tu as agi sous le coup de la colère
et de la jalousie ? Comment peux-tu guérir si les amis qui
viennent te soutenir ne sont que les membres de cette communauté
aux préceptes t’empêchant de mener une vie harmonieuse ?
Quel gâchis.
Cette visite, sans doute la dernière avant longtemps puisque je
quitte Lyon dans quelques jours, m’a laissé un goût bien amer.
Dimanche, le 3 aoűt 2003
(Le coût de l)a vie
Vendredi, j’ai mis à peu près une heure pour aller de chez moi...
Ă chez moi. Enfin, de mon nouveau chez moi, Ă Saint-Étienne,
à mon chez-moi actuel, à Lyon. Dix minutes pour aller de l’hypercentre
de « SaintĂ© » Ă la gare de Châteaucreux, trois
quarts d’heure en car (il n’y a plus de train en ce moment pour cause
de travaux) et un peu plus de cinq minutes de métro depuis Perrache
pour rejoindre le centre
de la Presqu’île de Lyon où j’habite encore jusqu’à la fin du mois.
Il y a encore quelques travaux Ă faire dans le loft que je vais
occuper, aussi ne puis-je pas encore emménager, mais j’apprécie le
fait de goûter petit à petit à mon nouvel environnement, d’autant que
j’ai encore pas mal de choses à régler à Lyon, en particulier des
travaux de recherche à terminer avec mon ancien directeur de thèse,
sans compter que je dois préparer mes nouveaux cours, et ces
derniers vont démarrer dès le début de septembre... Oups !
Vendredi soir, à Lyon, randonnée roller avec
Macadam Roller , comme d’hab. Saint-Étienne
a beau être plus valloné que Lyon, il y a quand même de quoi faire du
roller là -bas, heureusement... D’ailleurs, vendredi dernier,
Akelia était présente à la rando.
Certes, la miss est peut-ĂŞtre une pro de la descente, mais elle ne
mérite pas le maillot à pois rouges... (Aïe, pas taper : j’avais
dit que c’est
bloguable !)
Aujourd’hui, vu le film
le Coût de la vie
de Philippe Le Guay. Très sympa. Des
petites histoires illustrant nos travers et les relations troubles
que nous avons avec l’argent, du radin joué par Fabrice
Luchini au flambeur interprété par Vincent Lindon. Mais le personnage
principal, c’est Lyon. C’était assez étrange de voir sur l’écran ces
lieux que je connais si bien. D’ailleurs, une petite phrase du film
m’a amusé. Un antiquaire faisait remarquer que le prix des assiettes
qu’il vendait aurait été le double à Paris. Et la personne qui convoitait
ces assiettes a fort justement rĂ©pondu : « Oui, mais
nous ne sommes pas Ă Paris mais Ă Lyon... »
Je frémis encore au souvenir du loyer de ma chambre minuscule en
toute proche banlieue parisienne, lorsque j’ai fait mes Ă©tudes Ă
Jussieu. Et Ă partir de maintenant, pour un loyer de 100 balles
de plus (15 euros) Ă peine, je vais occuper Ă Saint-Étienne
un appartement qui fait presque le double de celui de Lyon...
Mercredi, le 23 juillet 2003
Ah, vivre et laisser mourir... ou Fabrice « M. », le Maudit
C’est assez terrifiant.
Un de mes très bons amis, dont je m’inquiétais de ne plus avoir de nouvelles
(il ne répondait pas aux messages que je laissais sur son répondeur),
ne va sans doute plus me voir aux randonnées roller avant que je quitte Lyon.
Et pour cause :
j’ai appris hier qu’il était enfermé dans un hôpital psychiatrique pour avoir
tenter d’agresser mortellement son frère. Oui, c’est le genre de nouvelle qui vous
laisse sur le cul. Comment imaginer que quelqu’un dont on se croit proche peut
en arriver là ? Il est vrai qu’il a l’esprit complètement pourri par la
morale darbyste. Il est vrai aussi que je l’avais déjà hébergé, un soir après la
randonnée en roller, car il m’avait dit qu’il était furieux contre son frère
au point d’être capable de le tuer s’il rentrait dormir chez ses parents.
Mais tout cela, ce n’était que des mots, rien que des mots, et sa bouche
avait toujours tendance à tout exagérer. Ainsi aurait-il fini par réellement
pêter un câble ?
Et ce n’est pas le seul de mes amis à qui il arrive des choses aussi
surprenantes.
À vingt ans, j’avais fait un stage en Belgique oĂą
j’ai fait la connaissance d’un Africain d’un petit pays que je n’avais jamais
entendu parler. Nous étions vraiment des amis très proches. Puis, son diplôme en
poche, il a pu retourner dans son pays auprès de son épouse et de son fils. Nous
avons gardĂ© contact en nous Ă©changeant très rĂ©gulièrement du courrier jusqu’Ă
ce qu’en 1994 les actualités ne parlent plus que de son pays. Il a connu la
guerre, les exils, les camps de réfugiés, il s’est fait exploiter
par des ONG, et aujourd’hui, ne parvenant à retrouver sa famille,
il est enquĂŞteur pour le TPI.
Et ce n’est guère plus joyeux au sujet de celles que j’ai aimées.
L’exemple le plus criant est celui de cette fille que j’ai rencontrée quand
je passais mon permis de conduire (j’avais un peu plus de 18 ans, cet été-là ).
Cette fille, je la connaissais bien : j’étais en secret amoureux d’elle que je ne
voyais qu’en cours de latin alors que j’étais au collège. Le destin
nous avait remis sur la même route, c’était trop beau. J’ai tout fait pour
la revoir et nous sommes sortis ensemble, mais pas très longtemps car elle a fini
par me dire qu’elle avait un copain auquel elle tenait plus que moi. Malheureux.
Réponses de glace à mes lettres et coups de fils passionnés.
Un peu plus tard, je l’ai revue, par hasard, au restaurant universitaire où
elle a fait semblant de ne pas me voir. Tant pis. Et bien des annnées après,
j’ai revu une autre copine de collège avec laquelle j’avais échangé quelques
propos au sujet du « bon vieux temps ». Elle m’a alors
parlé de cette fameuse fille qui était avec nous en classe de latin, sans savoir
que j’en avais été épris. Cette fille, pourtant brillante, avait fini par laisser
tomber ses études, elle vivait avec son copain (celui-là même qu’elle avait préféré
à moi, ai-je compris) et était tombée enceinte. Le jour de l’accouchement, les
médecins, faisant passer une série de tests à la maman et à son enfant, ont
découvert que la jeune mère avait la leucémie. Deux mois plus tard, elle était morte.
Oui, j’ai conscience de rapporter des faits complètement horribles. Mais ils sont
hélas véridiques. Est-ce que je porte malheur à ceux que j’aime (d’amour ou d’amitié)
et dont je ne suis pas autant aimé en retour ?
C’est une bien curieuse et bien pénible malédiction...
Mercredi, le 16 juillet 2003
À visage dĂ©couvert
Instant (extra ?)lucide
Lundi, 14 juillet, fĂŞte nationale...
Tout l’monde dehors ! . Dans le cadre de
ces événements organisés à Lyon, je me suis promené le long des quais
Ă la recherche des
Subsistances .
Rive gauche de la Saône. J’ai pris le quai de la Pêcherie, remonté le quai Saint-Vincent.
Mais non, rien vu. Quelques bâtiments qui me semblaient bien se prêter à un tel
exercice artistique, mais aucune indication venant renforcer cette idée.
Arrivé au bout du quai, j’ai fait demi-tour, sur l’autre côté de la route.
J’en ai profité pour descendre sur la berge, marcher le long de l’eau,
passer à côté de pêcheurs se reposant à l’ombre d’un pont. Puis je suis
remontĂ© et j’ai vu un petit drapeau annonçant la prĂ©sence de ce « laboratoire
artistique » au niveau de ce qui fut autrefois un convent. Pas Ă©vident
d’entrer dans le lieu. Il faut oser. Un coup d’œil Ă ma montre m’en a
découragé, il ne restait plus qu’un quart d’heure du spectacle. Dommage.
Retour, place des Terreaux, traversée d’un pont du Rhône, j’arrive
sur le
Quai des guinguettes .
La plage au cœur de Lyon.
La ville est en vacances.
Insolite. Beach-volley. Chaises longues. Des poneys, des chameaux, joie des enfants.
Musiques agréables : acid-jazz, exotique et même rétro.
Je ne sais pas si c’est en raison de cette dernière musique, mais
un sentiment étrange de nostalgie m’envahit. Oui, je regarde Lyon
comme si cette ville n’était déjà plus mienne... Je me dis que
demain, j’aurais la réponse tant attendue pour ce fameux poste.
Je rentre chez moi, un peu de lecture, et en soirée, je regarde les
feux d’artifice avec un ami. Superbe. Cela valait le coup de s’installer
un peu en avance. Vue sur l’Hôtel-Dieu et la basilique Notre-Dame de
Fourvière. Les bâtiments magnifiquement mis en valeur par les jeux
de lumière. Noblesse de la pierre. La nuit. Tir des fusées, scintillements
de couleurs. Magie.
Mardi, 15 juillet.
J’arrive au laboratoire un peu avant neuf heures. Je n’ai pas voulu me
presser. Je me connecte sur le site ANTARES du Ministère de l’éducation nationale,
entre mon identifiant et mon mot de passe. Confirmation : je suis
affecté en tant que Maître de Conférences dans cette autre université.
Heureux.
Je quitte Lyon, pas pour aller très loin, mais pour démarrer une nouvelle vie.
Dimanche, le 13 juillet 2003
À visage dĂ©couvert
Les films de ma vie...
Et pour 10 de plus :
After Hours
(Martin Scorsese, 1985).
Parce qu’il change un tout petit peu ses habitudes,
un informaticien de New York va vivre une nuit
de cauchemar. Hilarant. Tragique. Absurde. Superbe.
Brazil (Terry Gilliam, 1984).
De l’absurde, encore, dans cette société futuriste peinte avec
grand art par
un ancien des Monty Python.
La Cité de la peur (Alain Berberian, 1993).
Les Nuls, le film. À voir plusieurs fois, on y redĂ©couvre
à chaque fois un nouveau gag. Une bouffée d’oxygène qui rend content
(Non, Dominique !)
Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982).
NĂ©cessairement. La troupe du Splendide au meilleur de sa forme.
C’est arrivé près de chez vous
(Remy Belvaux et André Bonzel, 1992).
Benoît Poelvoorde en tueur en série. Humour noir, très noir, filmé en noir
et blanc. Complètement fou, et pourtant si réaliste
(Reviens, gamin, c’était pour rire !)
Simple Mortel (Pierre Jolivet, 1991).
Coup de cœur pour ce film du frère de l’humoriste, hĂ©las assez peu
remarqué à sa sortie. De la science-fiction sans effets spéciaux. Si, si.
Une histoire haletante. Du grand art.
The Breakfast Club (John Hughes, 1985).
Mon film d’ado. Une jolie note d’espoir.
Purple Rain (Albert Magnoli, 1984).
Plongeon dans les années quatre-vingt.
Prince, du temps de sa splendeur.
Et la bombe du moment : Apollonia Kotero.
When Doves Cry , un petit bijou.
Et Purple Rain , le slow de plus de huit minutes.
OK, faut être adolescent pour vraiment apprécier.
Les films de Krzysztof Kieslowski .
Certes, il a une orthographe impossible (il ne peut pas
s’appeler « Christophe » comme
tout le monde ?) et il a eu le mauvais goût de
mourir trop tôt. Mais le réalisateur et scénariste
polonais nous a gratifiĂ© de quelques chefs d’œuvre
avant de s’éteindre. Et il filmait à merveille la magnifique Irène Jacob, dans
La Double Vie de VĂ©ronique ou Trois couleurs : Bleu .
Sans compter les morceaux de choix de la série du Décalogue .
Les films de Claude Lelouch .
Mes favoris :
Un homme et une femme (Chabadabada...),
Itinéraire d’un enfant gâté ,
la Belle Histoire ,
Tout ça... pour ça ! ,
Les Misérables ...
L’homme-orchestre du cinéma filme la vie, les sentiments,
les hasards, les rencontres, ses femmes (il faut avouer
qu’il a plutôt bon goût) et... c’est beau !
Vendredi, le 11 juillet 2003
À visage dĂ©couvert
Les films de ma vie...
S’il ne fallait en retenir que 10 :
Blade runner
(Ridley Scott, 1982).
Adapté de la nouvelle de Philip K. Dick portant le joli titre de
Do Androids Dream of Electric Sheep? , ce film reprend, dans l’univers
du cyberpunk , l’éternelle question
« qui suis-je ? »
en la formulant sur le mode « suis-je humain ou un
ĂŞtre artificiel ? ».
Film superbe, avec une esthétique que l’on trouve trop rarement
en science-fiction, Ă part quelques autres merveilles comme
Bienvenue Ă Gattaca (Andrew Niccol, 1997).
Pour l’anecdote, J’ai découvert ce film en vidéo, des années après sa
sortie, je l’ai vu plus de six fois sur cassette ainsi qu’une fois,
tout dernièrement, au
cinéma dans le cadre de
la nuit
de la science-fiction d’Oullins.
Metropolis (Fritz Lang, 1926).
Le chef d’œuvre du genre. Source d’inspiration essentielle,
par exemple du sympathique Cinquième élément (Luc Besson, 1996).
L’histoire peut sembler aujourd’hui un peu simple mais les images ont
une telle force !
Monty Python, la vie de Brian (Terry Jones, 1978).
Mon préféré des Monty Python . La vie d’un type qui n’a pas de
chance et qui ne sera pas retenu par l’Histoire, contrairement à un
certain JĂ©sus avec lequel il partage pourtant pas mal de points communs.
Hilarant du début à la fin !
La Grande menace (Jack Gold, 1978).
En anglais, "The Medusa touch", film fantastique avec
Richard Burton et Lino Ventura. Étonnant.
Parfois j’ai cru avoir le même pouvoir (le terme "malédiction"
conviendrait mieux cependant) que l’étrange
Morlar, l’immortalité en moins.
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil
(Jean Yanne, 1972). Une belle critique de la société de consommation
des années Pompidou. Vu un grand nombre de fois à la télévision,
ce film m’a marqué par son cynisme et son humour noir.
Le
fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2000).
Une adorable petite bombe d’optimisme, ou comment apprécier les petits plaisirs
simples de la vie. Mention spéciale à Jeunet pour sa facilité à passer
d’un genre l’autre : avant Amélie , il avait réalisé
Alien, la résurrection ...
Les Temps modernes (Charlie Chaplin, 1936).
Avant le Dictateur (1940), dans la suite des
Charlot , ce film plein d’humour et d’émotion est une
description au vitriol de la société contemporaine et des nouvelles
conditions de travail des ouvriers. Derrière les mimiques, il
y a un cri. Mais les films de Chaplin, ce sont aussi sa vie Ă
l’écran : du gamin miséreux à sir Charles Spencer Chaplin,
une vie pas vraiment rose.
Moulin Rouge (Baz Luhrmann, 2001).
Hallucinant !
Un Montmartre fantasmé à la fin du XIXe siècle.
De l’émotion, de l’exubérance, des reprises musicales audacieuses,
un film Ă couper le souffle.
E.T. l’extraterrestre (Steven Spielberg, 1982).
J’avais à peu près l’âge d’Elliot quand j’ai vu ce film au cinéma.
Le premier film que j’aie vu sans être accompagné.
Un film inoubliable.
Je trouve qu’après E.T. , Spielberg a eu bien du mal à réaliser un bon
film de science-fiction : ce n’est qu’en 2002
avec Minority report que j’ai retrouvé
la magie du Spielberg d’antan...
Fantasia (Walt Disney, 1940).
Le premier film vu au cinéma. J’étais tout petit. J’en garde
un souvenir confus bien qu’émerveillé. De belles images
colorées, des histoires toutes simples... et la Musique !
J’ai retrouvé un peu de ce bonheur, récemment, avec
Fantasia 2000 . Comme beaucoup,
j’ai grandi avec les films des studios Disney... mais, avec le
recul, j’ai été troublé de remarquer certains faits des plus
dĂ©rangeants, voire malsains, dans cette œuvre.
Un exemple d’une telle curiosité ? Prenons
le Livre de la jungle . Vous souvenez-vous
de la scène où Mowgli se retrouve chez le roi des singes ?
À quoi ressemblent les singes ? On dirait qu’ils ont
des traits négroïdes. Et que chantent-ils ? Du jazz, musique
black par excellence. Et quelles sont les paroles du roi singe ?
« Je veux ĂŞtre un homme comme toi ! »
Comme si, dans ce film, les auteurs sous-entendaient que les Noirs
ne peuvent pas prétendre à l’humanité... Et ça passe innocemment
devant les yeux de nos chères petites têtes blondes, et rousses, et
brunes ? Oui, vraiment : c’est malsain. Parents, prudence...
Mercredi, le 25 juin 2003
À visage dĂ©couvert
Impressions stéphanoises.
État d’esprit difficilement descriptible en ce moment.
Si j’étais physicien, je crois que je parlerais d’un « Ă©tat de
transition ».
Déjà , je rédige ces lignes en écrivant au stylo sur un bloc-notes,
dans ce bus, moi qui n’écrivais presque plus que directement au
clavier.
C’est curieux. Je me trouve dans la ville où je vais sans doute
passer les prochaines années de ma vie.
Ville que je ne connais pas. Ville oĂą
je ne suis mĂŞme pas venu une dizaine de fois.
Ville que je n’ai jamais pris la peine
de visiter. Je ne sais pas encore
si je vais réussir à l’aimer. Je sais déjà , suite à la réunion
de tout à l’heure, à quoi va ressembler une partie de mes
futures activités ici même si, officiellement, je n’aurais de
confirmation (ou non) de mon poste qu’à la mi-juillet.
J’ai encore un peu de temps avant de prendre mon train.
Je suis lĂ , sur le quai de la gare, en train de respirer les
chaudes effluves empoisonnées brassées par les TER.
Je ne suis pas pressé. J’aurais très bien pu prendre le train
suivant. J’ai hésité un moment à me promener au hasard dans
la ville, Ă la sentir vivre autour de moi par tous les pores
de ma peau, à voir si elle m’acceptera... mais, non, le
soleil est trop fort pour que je me prĂŞte Ă un tel exercice.
Plus tard, peut-ĂŞtre... Sans doute.
Vendredi, le 20 juin 2003
Avis sur le sens de la vie
Aujourd’hui :
la drogue, c’est de la merde
ou :
confessions d’un ludomane mangeur de pommes
Je reviens de loin...
Il y a quelques jours, j’ai pris la douloureuse décision de désinstaller
Age of Empire , un
jeu de stratégie qui était en train de me bouffer la vie.
C’est terrible à dire, mais je crois bien que j’étais complètement drogué.
L’histoire :
J’ai toujours cru avoir une physiologie propre à n’être dépendant de rien.
Du moins, d’aucune substance. Je n’apprécie pas vraiment l’alcool et, si jamais il m’arrive
d’en boire, ce qui est très rare, c’est toujours en quantité infime (ce qui semble
incompréhensible à mon entourage car je ne conduis pas). De toute ma vie, je
n’ai fumé qu’un paquet de cigarettes. Sans intérêt. Quelques bouffées de
cigarettes qui font rire. Sans intérêt non plus. Je ne tenterai rien de
plus costaud, bien entendu, connaissant les ravages provoqués par les
drogues sur le cerveau (j’ai vu ça en cours, et je tiens trop à ma
tĂŞte). Enfin, je ne bois jamais de
café et, s’il m’arrive de boire du thé, c’est sans doute moins d’une tasse par mois.
Et pourtant...
Combien d’heures ai-je passées devant un Tetris ?
Combien de temps ai-je perdu avec un jeu de stratégie ?
Il y a déjà quelques années, alors que je venais de recevoir
Age of Empires II: The Age of Kings , ma copine de l’époque
m’avait fait sentir qu’elle n’appréciait pas d’être délaissée au profit
de Jeanne d’Arc (l’un des personnages du jeu). Sur le moment,
j’avais trouvé sa réaction ridicule. Mais elle avait raison !
Je n’avais qu’une envie, chaque jour, c’était de rentrer
chez moi, d’allumer mon ordinateur et de lancer une partie. Seule
la découverte des codes permettant de fausser les règles du jeu
m’a vacciné contre la ludopathie.
Il y a quelques mois, je me suis retrouvé chez mes parents,
pour un week-end prolongĂ©. J’ai passĂ© de longues soirĂ©es Ă
découvrir
Age of Mythology: The Titans , à m’extasier
des nouveautĂ©s, Ă vouloir progresser dans les scĂ©narios, Ă
poursuivre de nouvelles aventures... Mais bon, ça n’a duré
que quelques jours car, ne disposant que d’un vieux PC
pauvre en mémoire, à mon domicile, pas moyen d’installer ce jeu...
Il y a quelques semaines, j’ai retrouvé la première version du
jeu. J’ai mis quelques jours à terminer les scénarios des diverses
campagnes, puis je me suis rabattu ensuite sur les cartes aléatoires et,
depuis, ce fut l’horreur.
J’avais du mal à comprendre. J’ai un job passionnant. J’ai des amis.
J’ai d’excellentes lectures en attente. Et j’écris. Écrire
est vraiment ce qui donne un sens Ă ma vie...
Mais, c’était complètement fou, je n’avais qu’une envie, rentrer
au plus vite chez moi pour faire une ou deux parties avant d’être
vaincu par le sommeil. Heureusement, de temps en temps, un instant
de lucidité me disait de sortir de mon appartement, de voir
mes amis, d’assister aux
spectacles
proposés dans ma bonne ville de Lyon... Bref, d’avoir une
vraie vie,
pas d’être un zombie avachi devant son ordinateur, passant
son temps à une activité vaine, asociale et débilitante.
Tout va bien, je m’en suis sorti. Je me surprends de temps
à autre à vouloir recommencer une partie, comme ça, pour
voir, mais le jeu n’est plus sur mon ordinateur, et la raison
fait son retour « Non, Fab, arrĂŞte de
perdre ton temps avec ces conneries. La vie, ce n’est pas ça ! »
Mercredi, le 11 juin 2003
(M)a vie, en vrac : plus jamais avant minuit
Tout a commencé dimanche dernier, le 1
er juin.
Sylvie donnait une petite fĂŞte chez elle pour son
poste de prof des universités. Très sympa. Il y avait les copains de la
Gang
(Marie, André, Olivier, Gizmo, Jean-Jacques) ainsi
que Francis Valéry. Il m’a surpris, le Francis. D’ordinaire,
il est habillé de noir (avec les ongles vernis dans la
mĂŞme couleur). Mais lĂ , il Ă©tait sobrement vĂŞtu de
beige. Oh, le copieur ! (Oui, mes fringues sont
le plus souvent blanches, beiges et couleur sable.)
En partant, le mari de Sylvie m’a prêté des CD vidéos
et je n’ai pu m’empêcher de regarder le film sur mon
ordinateur, ce qui m’a fait coucher plus tard que
d’ordinaire et presque louper le réveil... alors que,
le lendemain, commençait une conférence (enfin, un colloque
s’étalant sur toute la semaine) organisée par mon
laboratoire.
Donc lundi, je me suis rendormi après la sonnerie du
réveil (c’est la première fois que ça m’arrive, et
c’est désagréable), d’où un départ un peu à la bourre
de chez moi. J’arrive au labo avant 8 heures,
j’aide à installer ce qu’il faut, ça baigne, tout
est prêt. Le discours des officiels, conférence
d’un invité prestigieux, tout va bien. Nous gérons
aussi le problème du mardi car, avec les grèves des
transports, nous prévoyons de chercher les conférenciers
logeant Ă Lyon pour les amener sur le campus de Bron,
dans l’Est lyonnais (c’est moi qui vais servir
d’accompagnateur).
Alors, cette semaine, ça a été dur. Et pas moyen de trouver
le temps de poster un message sur
Singuliers
(OK, j’avoue : j’ai commencé trois messages, je n’en ai terminé aucun
avant celui-ci).
D’abord, du sommeil en retard. D’ordinaire, je me
lève très tôt (à 5 heures) et j’essaie de me coucher
vers 22 heures, mais lĂ , quand je ne rentrais pas tard
après avoir dîné avec des collègues, j’ai redécouvert ce que c’est
que de jouer sur l’ordinateur, ça me permet de tuer le temps jusqu’à ce
que j’aie l’air d’un zombie et que, malgré la chaleur
Ă©touffante, je parvienne Ă trouver le sommeil. Mais bon,
dodo plus jamais avant minuit, et lever assez tĂ´t, mĂŞme si
c’est un peu plus tard que d’ordinaire, ça finit par taper
durement sur le système.
Ensuite, j’ai pris trois kilos. Les pauses-café
accompagnées de délicieuses pâtisseries, les
cocktails, le dîner de gala, le resto avec des Liégeois
(pas au chocolat, des
collègues belges), le déjeuner du vendredi avec le comité
d’organisation, sans compter ce week-end... Argh !
Bon, au pain sec et à l’eau.
Sinon, pour finir, le bon mot du docteur Fab. Le mercredi, juste
avant le dîner de gala, nous avons eu droit à des dégustations
de produits locaux (des beaujolais, des jus de fruits, du
saucisson, des fromages de chèvres, du miel). Quand je suis passé
devant les fromages, j’en ai goûté un qui était affiné, et l’autre
qui ne l’était pas. Oui, rien à voir. Et là , je me suis dit que
ce que c’était vraiment ce qu’il fallait pour un congrès de
mathématiciens : la seule différence entre les deux fromages,
c’était une fonction « affine »... (si vous ne comprenez pas,
envoyez-moi un
courrier
électronique (c’est pourtant le programme de troisième,
non ?)
Enfin, samedi, petit tour au
13ème
festival de la science-fiction et de l’imaginaire de Roanne.
Le Capitaine en parle mieux que moi sur son
site
ici (billet du 08/06/2003).
Déjeuner à Roanne puis après-midi agréable
au bord de la Loire, dans le département du même nom,
le fameux
42 , solution Ă toutes les Ă©nigmes, et peut-ĂŞtre
même, en ce qui me concerne, à celle de la quête acharnée
d’un futur poste d’enseignant-chercheur.
Affaire Ă suivre...
Mercredi, le 14 mai 2003
Avis sur le sens de la vie
Aujourd’hui : il ne faut pas faire de blagues aux petits enfants.
Samedi dernier, j’étais invité à déjeuner chez un ami que je n’avais plus vu depuis
presque un an, ami qui est marié et qui a deux enfants de trois et un ans (enfin non,
pas tout à fait, pour la plus jeune, disons quelques mois, ne me demandez pas plus de précision,
moins de douze).
Comme je suis un garçon bien élevé (si, si !), je suis venu avec un cadeau
pour la maîtresse de maison, en l’occurrence une boîte de chocolats (j’ai pris les
plus chers que j’ai trouvés au Monoprix, ce n’est pas très original, je sais).
Alors je vois le schtroumpf de trois ans, je lui donne la boîte (j’ai quand même
fait l’effort de faire un joli paquet cadeau), et je lui dis : « C’est un
cadeau pour ta maman ! ».
Le gamin s’en va en criant : « Maman, maman ! » tout en
secouant la boîte, et pendant ce temps le copain arrive et me dit qu’il a un problème
avec son fils car il mange trop de sucreries.
Oups...
Je vois alors la maman, sans la boîte, mais le gamin arrive en brandissant celle-ci
après l’avoir débarrassée de son joli papier cadeau. Et comme il y a des chocolats
dessinés dessus, bien entendu, c’est le drame, le môme veut en manger.
Alors, pendant que le papa explique à son fiston que, non, ce n’est pas le
moment de manger des chocolats et lui montre des apéritifs à la place, je
planque la boîte de chocolats au-dessus du réfrigérateur.
Après le déjeuner, nous discutons, je joue un peu au clown et au magicien
pour amuser le gamin, puis j’abuse lâchement du fait d’avoir la cote
avec lui pour qu’il range sa chambre : « Si tu ne mets pas
tes lĂ©gos dans la boĂ®te, je m’en vais ! ».
Et, j’en ai un peu honte, ça a marché...
Donc, pendant que nous discutons entre grandes personnes, le schtroumpf
fouille partout dans sa chambre pour retrouver les briques de légo et les
mettre dans sa grande boîte.
On papote de tout et de rien, on boit, on grignote les restes des biscuits
apéritifs et je passe dans la chambre du môme pour voir s’il a tout bien rangé.
D’ailleurs, c’est presque le cas.
Le gamin, remarquant ma bouche pleine : « Qu’est-ce que
tu manges ? ».
Et lĂ , je ne sais pas ce qui m’a pris : « Ah, mince !
Je viens de manger le dernier chocolat de la boĂ®te ! ».
Devinez ce qui s’est produit...
Le petit garçon a fondu en larmes, nous avions eu beau lui expliquer que
c’était une blague, rien ne parvenait à l’arrêter. Et finalement,
pour le calmer, nous avons dû ouvrir la fameuse boîte de chocolats
pour lui en donner un...
Samedi, le 3 mai 2003
Mercredi dernier, j’ai fait la connaissance
d’
Akelia , weblogueuse
canadienne dont je suivais les aventures depuis déjà pas mal de temps.
Pendant deux jours : visite en roller des lieux non touristiques de Lyon,
menus non lyonnais (poulet basquaise, kébab, salade de gésiers), déjeuner
au soleil avec d’autres weblogueurs de la
Gang
(
André-François et
Olivier ) dans
le Parc Flaubert (ne cherchez pas sur un plan, c’est le
Jardin des
Chartreux rebaptisé ainsi, on se demande pourquoi, par le philosophe
Olivier )...
D’ailleurs, j’ai même une preuve éclatante de la venue de la sympathique Akelia :
je n’ai pas pris de photo !
Vendredi, le 2 mai 2003
Avis de plagiat (j’assume !)
Hier : déjeuner & promenade sur les hauteurs verdoyantes de la Saône.
Le ciel fut doux, le soleil Ă peine caressant.
Ce fut une sorte de « spĂ©cial blog »
puisqu’en compagnie de Geneviève (
Akelia ),
d’André-François (
Captain & Books )
& d’Olivier (
Eaux troubles ).
(Post honteusement inspiré de l’ avirtuel
du
Capitaine Ruaud . )
Lundi, le 10 mars 2003
Ah, vite, vite, vite !
C’est dingue, je n’ai même plus le temps de poster un message par semaine sur mon blog.
Faut dire que c’est le mois de mars, et comme chacun sait,
mars attaque
(il y a aussi "mars, et ça repart", mais bon...)
Mars attaque, oui, c’est vraiment ça. Déclaration de revenus pour Mon Trésor. Youpi.
Dossiers et audition pour un poste à la prochaine rentrée. Génial. Et bonheur suprême, je
viens d’apprendre que mes concurrents, pour presque toutes les places, ce sont mes meilleurs copains.
Ô joie, il va falloir s’entre-déchirer. Ah, que le monde est bien fait : on s’est battu
cĂ´te Ă cĂ´te durant nos Ă©tudes, et maintenant on va se livrer une guerre indirecte,
bonjour les dégâts collatéraux.
Pas eu le temps de faire la critique de
la Cité du Soleil, et autres récits
héliotropes , le recueil de nouvelles d’
Ugo
Bellagamba (ça attendra une semaine ou deux), ni de
Ni pour, ni contre (bien au contraire) ,
le troublant film de CĂ©dric Klapisch...
Donc un week-end qui est passé trop vite mais où j’ai pris le temps d’aller à la 17
ème
FĂŞte du Livre de Bron ,
sur "l’Inconnu" où il y avait plein de choses à voir et à entendre, en particulier une conférence
sur le cerveau par
Marc
Jeannerod , des jeux pour enfants qui intéressaient aussi les plus grands, ou
des textes lus (voire "interprétés") par un lecteur public à bibliocycle...
Samedi, le 1er mars 2003
À vitesse de croisière...
Lorsque j’ai commencé ce weblog, je postais un message par jour.
Assez vite, je me suis rendu compte qu’il n’était pas
Ă©vident de parler de quelque chose
de pertinent aussi fréquemment. Aussi, à défaut de trouver un message
présentant un quelconque intérêt pour les lecteurs qui arrivent ici,
je préfère me taire et restreindre mes messages à un rythme hebdomadaire...
J’ai ainsi volontairement choisi de parler sur «
Singuliers »
de petites anecdotes personnelles (en évitant de trop m’étendre sur mon boulot),
d’éléments culturels (en privilégiant les "petits" événements qui m’ont intéressé)
ou sociaux (occultant volontairement les thèmes dont vous entendez parler
à longueur de journée), voire de profiter de cet espace pour
indiquer, à l’occasion, des recettes de cuisine.
C’est un fait, j’aime bien parler de ces petits riens qui peuvent
mettre le cœur en joie.
Par exemple, ce matin, j’ai voulu cuisiner un
gâteau aux pruneaux.
Dans la recette, il était indiqué qu’il fallait prendre 10 gros pruneaux, or
j’avais déjà commencé un sachet de 250 g de gros pruneaux d’Agen (dénoyautés)
et pensais qu’il ne m’en restait pas assez. J’ai versé le contenu du sachet dans
une assiette, compté, il y en avait 10 tout pile. Parfait.
Ensuite, je suis allé faire mes courses, et j’ai découvert le shampooing que je
recherchais depuis longtemps dans une multitude de magasins était présent en
rayon. Avez-vous remarqué que dans les grandes surfaces,
il y a des rayons entiers destinés aux shampooings et après-shampooings ?
Oui, il y en a avec toutes les subtilités possibles, pour des cheveux colorés,
cassants, gras, à la camomille pour les cheveux blonds, à usage fréquent,
pour un démêlage facile, pour éviter les fourches, antipelliculaires...
Mais si certains shampooings sont explicitement destinés à des cheveux féminins,
la mixité du produit est bien souvent masqué. Moi, j’en voulais un "pour homme".
Pas compliqué, non ? Il faut croire que si. Combien de fois ai-je été dans
ces rayons, véritablement perdu par toutes les marques et les diverses spécificités ?
Combien de fois suis-je reparti dépité de ces rayons en me
disant que les shampooings "pour homme" ne devaient plus
exister et que la seule coupe autorisée en ces temps d’après-Barthez était la
"boule à (et 1 et 2 et 3) zéro" ? Mais non, finalement, j’ai trouvé, sur le
rayon du bas, complètement coincé, quelques shampooings destiné à des cheveux
masculins. Ă” joie !
Puis, un peu plus loin, j’ai remarqué que deux produits que j’allais de toute manière
acheter (car notés sur ma liste de courses) étaient en promotion. Coup de bol.
Enfin, plus tard, lorsque je suis allé à la Fnac Bellecour, j’ai trouvé le recueil
la Cité du Soleil du
frangin
Ugo . GĂ©nial !
Il y a des jours comme ça ou tout va bien.
Merci la vie.
Dimanche, le 16 février 2003
Avirtuel sur la vie réelle
[Message personnel à la personne qui se connecte assez régulièrement
depuis
Stanford.edu ... Allez, Nono,
reviens sur la liste de diffusion de la
Gang !
C’est frustrant de te voir disparaĂ®tre (joli paradoxe) Ă
chaque fois que la discussion devient intéressante. Fin du message perso.]
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "avenir".
Je suis officiellement qualifié aux fonctions
de maître de conférences en informatique. Youpi ! Maintenant, va falloir
s’accrocher dans la course aux postes...
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "recherche".
J’ai reçu les retours du comité de rédaction d’une revue scientifique
internationale au sujet d’un article dont je suis le premier signataire.
Youpi ! Mon papier est accepté. Rien de méchant à corriger sur le
plan scientifique, par contre je vais devoir trouver un
native English
pour régler les problèmes de langue.
Nouvelles de ma vie d’enseignant-chercheur. Catégorie "enseignement".
Après discussion avec la responsable du cours du module dont j’ai
en charge les travaux dirigés, j’ai indiqué à mes étudiants
de maîtrise que je ne leur demanderai pas de me rendre un projet,
ces derniers (qui sont très occupés par leur stage) en ont
déjà réalisé un en licence. J’ai fait cette annonce en regardant une
partie de ma salle de TD et je me suis retourné vers l’autre. Un peu trop
vite. Du coup, j’ai vu une étudiante (fort charmante, ma foi)
qui faisait mine de m’embrasser
(« M’sieur, on vous adore ! »).
Elle est devenue rouge de confusion. Ah, finalement, il en
faut peu pour être aimé... (euh, youpi ?)
Nouvelles littéraires. Le numéro 29 de
Bifrost
est enfin arrivé dans ma boîte aux lettres. Avec les excuses
d’Olivier Girard pour le retard sur une feuille cartonnée qui
n’est autre que la pub pour
la Cité du Soleil (et autres récits
héliotropes) du frangin
Ugo .
Déjà presque terminé de lire la revue. Parmi les fictions,
une très chouette novella de Claude Ecken. Et un compte-rendu
très personnel des Utopiales de Nantes par Francis Valéry,
alternant avec des passages de son roman Ă venir, le
Talent
ressuscité , la suite du
Talent
assassiné . D’ailleurs Francis doit arriver à Lyon ce soir.
La semaine prochaine, il est prévu de passer quelques soirées sympas
en sa compagnie.
Nouvelles de ma vie d’être humain. Catégorie "douleur". Je ne sais comment,
je me suis fait mal à l’index gauche, juste en dessous de l’ongle. Ce n’est
qu’un bobo ridicule, qui a à peine saigné, qui a presque cicatrisé
maintenant mais qui fait toujours mal. Et qu’est-ce que c’est gênant !
Je me sens vraiment handicapé de la main gauche. Je viens
enfin de comprendre l’histoire du supplice chinois qui consistait Ă
introduire des aiguilles brûlantes à cet endroit. Brrrr...
Nouvelles de ma vie de célibataire. Catégorie "Saint Valentin".
Vendredi soir, avec mon copain PYM et quelques autres, nous
avions prévu de terminer la soirée dans un bar après notre
habituelle balade en roller hebdomadaire, une sorte
d’anti-Saint-Valentin entre potes. Tout était prévu,
nous avions l’intention de nous affubler de signes
distinctifs tels que des "cœurs Ă prendre" avec
des planches anatomiques de l’organe en question ou des
gros cœurs avec un ange descendu par sa propre flèche.
Pas de très bon goût, certes, mais il faut bien ça pour
lutter face à la mièvrerie de ce jour. Et finalement, rien
de tel n’a été fait... PYM est retombé dans une phase
down , il n’est pas venu à la rando roller, j’ai
essayé de l’appeler mais le message sur son répondeur
donne une bonne idée de son humeur noire...
PYM, arrête de te regarder le nombril, c’est pas parce
que tu t’es fait plaquer qu’il faut faire croire à tout
le monde que tu vas te suicider (tu nous fais le coup
tous les deux mois).
Nouvelles cinématographiques. Catégorie "horreur". J’ai vu
Le Cercle-The Ring de Gore Verbinski. Au début, j’ai eu
peur... mais peur que le film soit un navet car il commence
comme un de ces films pour adolescents au scénario sans
surprise. Mais passées les dix premières minutes où une
jeune fille raconte à sa meilleure amie une légende urbaine
sur laquelle repose l’histoire, le film démarre comme une
enquĂŞte journalistique avec un oppressant fond fantastique.
Pas du grand cinéma, certes, mais le film remplit son rôle :
j’étais calé au fond du fauteuil, la trouille au ventre.
Nouvelles citoyennes. Catégorie "je milite". Samedi,
14 heures, place Bellecour. Manifestation contre la guerre
en Irak. Bizarre. Pas vraiment de musiques ou de slogans
(contrairement aux manifs anti-FN auxquelles j’avais participées).
Une manifestation "pacifique", dans tous les sens du terme.
J’ai retenu ce message, bien trouvé, écrit sur une pancarte :
« Bush, si tu veux du
pĂ©trole, viens le chercher sur nos plages ».
Samedi, le 1er février 2003
Ah, violence évitée, intégrité sauvée...
De toute ma vie, je ne me suis jamais battu.
Bien entendu, comme tous les enfants, et ceci jusqu’au collège, j’ai donné des coups de pieds
et coups de poings à mes camarades de classe, mais cela n’a jamais été méchant, c’était
simplement ce que font les lionceaux quand ils apprennent Ă mesurer leur force.
Quand j’étais petit, pour faire comme papa, je pratiquais un sport de combat : le judo.
Quelle erreur !
Je n’avais pas de problème pour réaliser les prises, aucun souci pour la technique,
mais j’étais vraiment mauvais en combat par peur de faire mal à mes adversaires (qui,
eux, ne se gĂŞnaient pas pour me balancer Ă terre).
Je me rappelle une compétition où je me suis retrouvé face à un seul adversaire dans
ma catégorie. Je l’ai battu et j’étais content : je croyais que tout était fini
et que j’allais pouvoir rentrer à la maison.
Mais non, les organisateurs du championnat, ennuyés de nous avoir fait déplacer pour
un seul match, nous ont proposé, à mon adversaire battu et moi,
de combattre deux filles de la même catégorie de poids que nous.
Eh bien, mon rival n’a laissé aucune chance aux demoiselles, alors que moi, je
me suis fait battre lamentablement par ces dernières, ponctuant un « dĂ©solĂ© »
ou un « excuse-moi » chaque fois que j’esquissais un
mouvement pour les faire tomber...
Non, le judo, ce n’était vraiment pas mon truc.
Pourtant, nos sociétés ne sont pas toujours tendres et il faut parfois combattre pour sauver sa peau.
D’autant que je n’ai pas ma langue dans ma poche et que j’aurais pu me faire tabasser des milliers
de fois par des personnes Ă qui j’ai fait quelques remarques — toujours justifiĂ©es ! —
parfois désobligeantes...
Une fois, pourtant, ce n’est pas passé loin. Allez, je vous raconte cette anecdote, garantie 100% véridique.
À l’époque, j’étais Ă©tudiant en psychologie, et, suite Ă des rĂ©orientations et des envies de poursuivre
de longues études, j’ai suivi une "préparation à l’Armée de l’Air", histoire de pouvoir repousser d’un
an mon passage sous les drapeaux et de me retrouver dans ce corps de la Défense qui était, m’avait-on dit,
le moins "pénible".
C’est ainsi que, pendant une semaine de vacances scolaires, je me suis retrouvé en tenue kaki à faire semblant
d’être un petit soldat.
Un jour, à midi, à une table voisine de la mienne, un p’tit gars se croyait spirituel en
jouant au gros dĂ©gueulasse avec la nourriture et en faisant de multiples bruits corporels. ÉcœurĂ©,
j’ai dû lui sortir quelques propos qui, visiblement, ne lui avaient pas fait plaisir.
À la pause qui avait suivi le dĂ©jeuner, j’étais avec mes camarades dans la grande tente qui nous abritait
lorsque plusieurs personnes d’un autre groupe sont entrées. Parmi elles, une espèce de colosse qui devait
faire une tête de plus que moi, et sans doute pas loin du double de mon poids, et le petit gros à qui j’avais fait
la remarque désobligeante un peu plus tôt. Le petit m’a indiqué du doigt à son copain super costaud et mes
amis m’ont regardé d’un air effaré, le monstre de muscles allait me réduire en bouillie...
Là , j’avoue que j’ai eu vraiment très peur. Mais, si l’homo sapiens sapiens a pu survivre parmi les
autres animaux de la savane, ce n’est pas parce qu’il était rapide ni parce qu’il était pourvu de griffes,
de crocs ou de venin, mais bien parce qu’il savait utiliser son cerveau un peu mieux que les autres
prédateurs.
Et dans cette situation, je n’avais pas le choix : aucun moyen de fuite (la seule issue de la
tente était condamnée par les copains du petit gros), il fallait agir au plus vite, je devais être
génial sinon j’allais être transformé en steak haché...
Je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis dirigé vers Monsieur Muscle, je lui ai dit bonjour et je me
suis assis à côté de mon lit de camp en l’invitant à s’allonger et à me parler de ses problèmes.
Ma réaction a quelque peu dérouté la personne censée me casser la figure. Le type m’a alors sorti
quelque chose comme : « Eh lĂ , mais je ne suis pas fou ! »
Et moi : « Mais je n’ai jamais dit que tu Ă©tais fou ! Je suis simplement lĂ
pour que tu puisses me parler de tes problèmes, je suis lĂ pour t’aider... »
Cela a eu pour effet d’énerver le type qui m’a sorti :
« Mais ça va ! Je n’ai pas de problèmes, moi ! »
Moi (fourbe), l’air Ă©tonnĂ© : « Mais alors... Pourquoi ton copain t’a dit de venir me voir ? »
Alors là , Monsieur Muscle n’était vraiment pas content, surtout qu’il y avait tous les copains de son
groupe, il a attrapé le petit gros, l’a bloqué contre un pilier de notre tente et a commencé à lui donner
des coups de tĂŞte (pas trop violents, mais quand mĂŞme) en marmonnant « pourquoi
tu m’as fait ça », ce qui m’a obligĂ© Ă intervenir pour les sĂ©parer...
L’autre groupe est parti, j’ai pu m’asseoir à nouveau sur mon lit, soulagé, et mes copains, pas
fiers de n’avoir osé me défendre, se sont laissé aller à un grand fou rire.
Ah, quelle histoire : j’avais vraiment eu très chaud !
Mardi, le 14 janvier 2003
Villon, sur l’avenue Berthelot : tu commençais ta vie, et je t’ai tué
Parce que mon bureau était surchauffé, comme toujours.
Parce que j’avais mal à la tête.
Parce que je devais aller sur le site de l’Université en centre-ville pour
récupérer des exemplaires de ma thèse. Parce que j’ai quitté
mon laboratoire au beau milieu de l’après-midi...
Parce que tout ça, je me suis retrouvé dans
ce tramway.
Plongé dans mon bouquin, assis dans le sens opposé à la marche,
je n’ai rien remarqué.
Il n’est pas encore 16 heures.
Avenue Berthelot. Juste après la station "Villon".
Un choc. Quelques secousses. Un coup de frein.
Avec les autres passagers du tramway, nous nous regardons les uns
les autres, sans comprendre.
Dans le bistrot d’à côté, deux hommes rentrent à toute allure.
Une femme dit : « Il y a eu un accident ! »
À cĂ´tĂ© de moi, sur le trottoir, un peu Ă l’arrière du tram,
je vois des gants, ou un
bonnet, des habits déchirés.
Portables aux oreilles, des passagers alertent les secours.
Les deux types du bistrot ressortent.
Un des deux fait des signes affolĂ©s. « Il est lĂ -dessous ! »
Un autre homme sort d’une boutique. Un parent ou un ami.
Son regard, je n’oublierai pas ce regard, se porte à mon niveau, à mes pieds.
Et il se met Ă crier...
Désespéré et fou de rage, il contourne le tram, prêt à tuer le chauffeur.
On nous fait enfin sortir. Certains d’entre nous osent un coup d’œil
sous le tramway.
Moi, j’ai les mains qui tremblent.
Des bruits de sirènes approchent.
Je traverse la route, je veux me réfugier chez mon ex qui habite non loin de là .
Je ne peux pas garder ça pour moi.
Ce n’est que lorsque je vois la jambe du malheureux dépassant du tramway
que je réalise vraiment.
À 19 heures, Ă la radio, aux informations locales,
ils viennent de dire que tu avais vingt-six ans.
Que tu n’as pas survécu à tes blessures. Que tu t’es peut-être suicidé.
Pourquoi ?
Pardonne-nous de t’avoir tué.
Pardonne-nous aussi de ne t’avoir ni compris ni écouté.
Samedi, le 4 janvier 2003
Aviateurs de l’Aéropostale et cavaliers du Pony Express
Hier matin, je suis allé poster des dossiers sur
lesquels va se jouer mon avenir d’enseignant-chercheur.
J’avais beau être plutôt confiant, les quelques jours de
"vacances" passés dans ma famille avaient été mis à profit
dans la réalisation de ces fameux dossiers de "qualification
aux fonctions de maître de conférences", je sentais quand même
de dĂ©sagrĂ©ables nœuds dans
mon estomac... Pourtant, j’avais à peine franchi la porte
de la Poste que je me suis senti plus léger.
Période de fêtes et début de mois obligent, les personnes
qui attendaient leur tour au guichet Ă©taient tout sourire,
ce qui est suffisamment rare pour être signalé :
colis cadeaux à envoyer, paquets ou mandats à récupérer,
et, pour le collectionneur, nouveaux timbres à découvrir...
La Poste est une institution pour laquelle j’ai le plus
grand respect. En effet, comment faire parvenir autrement des
messages ou des biens à des personnes éloignées sans être obligé de
se déplacer soi-même ?
J’ai moi-même été membre de cette institution au cours d’un été
pour me faire un peu d’argent de poche. Chapeauté de ma casquette
de facteur, je parcourais les rues de la petite ville voisine avec
mon vélo, me sentant l’héritier des braves cavaliers du Pony Express ou des
audacieux aviateurs de l’Aéropostale , pour distribuer le
courrier, un sourire aux lèvres lorsque je voyais la lettre d’une
jeune amoureuse, identifiable aux petits cœurs dessinĂ©s sur
l’enveloppe.
Aujourd’hui cependant, grâce à Internet, il nous est possible de
nous passer de bon nombre des services de la Poste, pour le plus
grand malheur de cette institution et des amoureux de la correspondance
papier. Mais la messagerie Ă©lectronique, quasiment gratuite et
immédiate, est devenue une nécessité de notre temps : sans elle,
je me demande bien comment j’aurais pu contacter aussi facilement
mon meilleur ami en Afrique, un collègue japonais ou une blogueuse
canadienne que mes correspondants de l’Hexagone...
Mardi, le 17 décembre 2002
Avinnersaire (yoijeux)
« C’est un bon jour pour mourir... »,
dit le vieil Indien dans
Little Big Man .
Moi je dis que 30
ans, c’est un bon jour pour vivre.
Le jour de ses trente ans, mon
ami
Ugo ,
de deux semaines mon aîné, a passé son audition de maître de
conférences et a obtenu son poste.
Le jour de mes trente ans, Ă
savoir hier, j’ai soutenu ma thèse.
Dimanche 15
décembre.
Je me rĂ©veille assez tard. J’étais la veille Ă
l’anniversaire d’un ancien amour.
Je répète mentalement ce que je
dois dire lors de ma soutenance de thèse en prenant mon petit
déjeuner, en me rasant, en prenant ma douche...
Fin de la
matinée.
Passage Ă©clair au Virgin
situé à moins de 100 mètres de mon appartement.
Manque de bol, il
est fermé et n’ouvre qu’à midi.
Je prends mon courage Ă deux
mains et vais jusqu’à la FNAC (à au moins 300 mètres de là ),
je trouve ce que je recherche (comme quoi, les chercheurs trouvent
quand mĂŞme aussi parfois !) : le recueil de nouvelles de
Jean-Jacques
Girardot (pas pour moi mais pour offrir, en espérant qu’un ami
charitable pensera Ă me faire cadeau de
DĂ©dales
virtuels car j’ai tant envie de lire ce bouquin !)
Je
passe le reste de la journée à répéter la présentation de ma
soutenance...
Lundi 16 décembre, jour
« J »
J’ai décidé de rester chez moi toute la
matinée.
Nouvelle répétition mentale de la soutenance de
thèse.
Qui est le premier Ă me souhaiter mon
anniversaire ?
Le robot de
NotreFamille.com !
Ouais,
je ne travaille pas dans le domaine de l’intelligence artificielle
pour rien...
D’autres messages électroniques de soutien arrivent
sur ma boîte.
Un premier coup de fil pour me souhaiter mon
anniversaire et me dire m..... : je mets un instant à réaliser
qu’il s’agit de Nathalie, une amie de Lorraine.
Un second :
il s’agit de ma bonne maman qui m’appelle du train.
DĂ©jeuner
léger.
Avec le stress, mon ventre fait des nœuds...
Je me
fringue. Non, pas encore la cravate.
Treize heures.
Je
sors de chez moi. De la pub et une enveloppe récupérées dans ma
boîte aux lettres. Je lirai la lettre plus tard.
Je prends le
métro et le tramway, je ne vois personne : sur le chemin je
répète encore ma soutenance.
Quatorze heures moins le
quart.
J’arrive au labo.
Mais où est passé mon directeur de
thèse ? C’est lui qui devait me prêter son ordinateur
portable...
Je cours dans tous les sens.
Bon, pas de panique,
je peux emprunter celui du secrétariat du laboratoire.
Les
bouteilles sont déjà au frais ? Parfait !
Mes parents
arrivent. Pendant que je copie mon fichier, maman et papa s’occupent
du pot (bouteilles, verres, gâteaux...).
Quinze
heures.
Avec un collègue, je vais chercher le vidéoprojecteur que
j’ai réservé. Manque de bol, avec le service audiovisuel, nous nous
sommes mal compris :
le vidéo ne passe que de
la
vidéo (appréciez la nuance) et non de
"l’informatique".
Grrrmbl...
Une solution, peut-ĂŞtre : un
autre vidéoprojecteur doit être rapporté.
J’attends le retour du
matériel. Les minutes s’écoulent, tout comme des gouttes de sueur
froides dans mon dos.
Et voici la bĂŞte !
Beau, beau, il
est beau le vidéo !
J’arrive sur le lieu que j’ai réservé
pour la soutenance. La salle est fermĂ©e. Je fais le tour, frappe Ă
la porte d’un secrétariat, c’est ouvert, de gentilles dames vont
ouvrir la salle de conférences où je vais officier.
Bricolage
pour installer le vidéoprojecteur, les rallonges ne fonctionnent pas
(un problème de triphasage), je vais en chercher d’autres, ça y
est.
Bon, l’image ne s’affiche pas à l’écran. Nous cherchons la
combinaison de touches adéquates. Mmmm... Ce n’est pas ça le
problème. Peut-être faut-il changer le port du
vidéoprojecteur ? Oui, c’est ça.
RĂ©glages ultimes, des
bouteilles d’eau sont mises à la disposition des membres du jury,
ainsi que des exemplaires de ma thèse.
Des personnes arrivent
dans la salle : mes parents, mon ami
Ugo (venu tout exprès d’Aix
pour m’écouter), mon ex-copine, des collègues, des amis, et mon
directeur avec quelques membres du jury.
Bonjour, bonjour, c’est
gentil d’être venu.
Des personnes proches me souhaitent aussi mon
anniversaire.
Les derniers membres du jury arrivent, il est un
peu plus de 16 heures, le président du jury me laisse la
parole.
Go! Je me fais peur : le démarrage est
un peu chaotique, ma langue s’accroche sur quelques mots. Mais je me
rattrape. J’ai un débit de paroles plus rapide qu’à l’ordinaire, ma
présentation coule, les transparents défilent, je présente mes
travaux et l’auditoire est attentif. Un coup d’œil sur la montre, il
faut que je me dépêche, j’augmente encore un peu le débit mais tout
va bien, j’arrive à ma dernière diapositive, la numéro trente-trois
(clin d’œil à la parole classique du docteur : « Dites
33 ! ») et je termine ma présentation entre 40 et
45 minutes, c’est-à -dire le temps qui m’était
accordé.
Parfait.
Questions du jury.
Les rapporteurs et
examinateurs me félicitent pour la qualité de mon travail
(« Merci ! ») et me posent certaines
questions.
Mes réponses semblent les satisfaire.
Mes directeur
et co-directeur louent mes qualités scientifiques et humaines, ma
maman verse une larme.
La dernière question du président du jury,
je suis heureux de voir que les personnes se sont
vraiment
intéressées à mon travail.
Délibération.
Papa prend
quelques photos sur son appareil numérique.
Je débranche le
matériel.
Le jury arrive, le président prend la parole, ça y
est, je suis docteur, les félicitations ne sont plus données (pour
éviter les différences de politiques entre les établissements
nationaux), sinon je les aurais eues (c’est ce que dit mon président
de jury).
Joie.
Pot de thèse.
Tout est beau, tout est
bien. Les amis avec qui je fais du roller arrivent. Il y a moins de
Gangsters
que prévu mais je suis heureux, les bouteilles et les plats se
vident, je parle avec les uns et les autres, la tension accumulée
ces derniers jours se relâche petit à petit.
Les gens s’en vont
progressivement.
Gizmo de la
Gang vient chercher
Ugo . Il
emportera aussi quelques restes.
Vingt heures.
J’abandonne
collègues, famille et amis pour retrouver les membres du jury dans
un bon restaurant situé sur la Croix-Rousse.
J’imaginais ne plus
avoir faim mais la soupe de bulots tiède aux crevettes, le cabillaud
et sa salade d’algues ainsi que le gâteau à la nougatine m’ouvrent
de nouvelles perspectives sur les capacités de mon
estomac.
Comblé.
Minuit et quelques.
J’arrive chez
moi.
Mes parents sont déjà couchés.
Un message en anglais sur
mon répondeur. Marina, une amie grecque, me souhaite mon
anniversaire...
Mardi 17 décembre.
RĂ©veil
matinal.
J’essaie sans succès de copier les photos prises par
l’appareil numérique de mon père sur mon vieil ordinateur portable.
Foutu port USB !
Métro, nous arrivons à la gare de la Part-Dieu. J’en
profite pour acheter un billet.
Ça y est, ils sont partis et
fiers de leur fiston.
Je vais chez
André et
Olivier récupérer
Ugo .
André
est déjà parti travailler, je fais la connaissance de
Guillaume .
Ugo et moi
nous rendons tranquillement au centre commercial de la Part-Dieu
pour papoter, faire un coucou Ă
André , prendre un petit
déjeuner chez Paul, essayer de trouver des idées de cadeau pour
Noël, faire un tour devant la bibliothèque municipale...
Puis
l’heure à laquelle
Ugo doit prendre son train
arrive, il retourne dans son sud natal, je retourne dans mon
labo...
Au boulot
Dimanche, le 15 décembre 2002
Avide de bonne chère, troisième !
Ou de bonne "chair" ?
Dernièrement, un Allemand a commis un crime
anthropophage, "dans la lignée des films sur
Hannibal ", selon
certains médias.
Moi, cela me fait plutĂ´t penser Ă
La
Chair , ce film italien Ă©trange de Marco Ferreri (1991) oĂą un
amoureux (Sergio Castellitto) transforme sa voluptueuse compagne
(Francesca Dellera) en carpaccio. Ou au film brésilien
Qu’il
était bon, mon petit Français . Dans ce film de Nelson Pereira
Dos Santos (1971), une tribu d’Indiens d’Amazonie garde en vie son
prisonnier Français, à défaut de disposer de réfrigérateur. À la fin
du film, la plus jolie Amérindienne du village consomme avec plaisir
un morceau de choix de son ancien amant...
Oui, les rapports
entre l’amour, la mort et le fait de manger sont bien
curieux.
Moi qui adore les fruits de mer, je me demande si je
n’éprouve pas une certaine satisfaction quasi-divine face aux
multiples animaux marins offerts en sacrifice Ă ma gourmandise. Il y
a du vrai lĂ -dedans, dis-moi, Sigmund ?
Hier, mon ex-copine
m’a invité à son anniversaire. Je crois que je suis normal : je
n’ai pas eu l’intention de la dévorer. Mais peut-être est-ce parce
qu’elle est grande et mince, il n’y aurait pas eu grand chose Ă
manger. Par contre, j’ai préparé un gâteau au café pour elle. En voici
la recette...
Délice au café Préparation
: 10 minutes environ
Cuisson : 10 minutes (au four
micro-onde Ă allure maximale)
Pour 6
personnes
Ingrédients :
150 g de farine ;
1 cuillerée à café de chocolat en poudre ;
2 cuillerées à café de levure chimique ;
150 g de sucre roux ;
150 g de beurre ;
3 cuillerées (à café) de café soluble ;
1 cuillerée à soupe de rhum ;
3 Ĺ“ufs ;
2 cuillerées à soupe d’eau. Faites dissoudre le
café avec le rhum dans une tasse ou un verre.
Mettez le beurre
dans un grand saladier et passez-le dans le four micro-onde
30 secondes (à l’allure maximale) afin de le faire
ramollir.
Dans le saladier, ajoutez le sucre, le café dilué et un
œuf après l’autre puis les 2 cuillerées d’eau.
MĂ©langez le
tout vigoureusement en terminant par la farine préalablement
additionnée de la levure chimique et du chocolat en
poudre.
Placez la préparation dans un moule beurré et garni d’une
feuille de papier sulfurisé.
Passez le moule dans le four
micro-onde pendant 8 à 10 minutes à l’allure
maximale.
Bon appétit !
[Note : pas d’article
hier et il en sera sans doute de mĂŞme demain pour cause de boulot...]
Vendredi, le 13 décembre 2002
Aviné
Ce matin, soutenance de l’habilitation à diriger les recherches de mon
co-directeur de thèse. J’avais l’impression de stresser davantage
que ma "moitié d’encadrant"... Présentation excellente, réponses
aux questions du jury très perspicaces, critiques
Ă©logieuses. RĂ©ussite sur toute la ligne, et en particulier aussi
pour le pot de thèse : grand luxe. J’ai même pris un verre de
champ’ alors que je devais bosser. En fait, grand bien m’en a
pris : ça m’a remonté le moral. J’ai récupéré les
exemplaires de ma thèse. Relié collé (et non boudiné) et en
recto-verso, mon manuscrit en jette un max ! J’ai pu
réserver le vidéoprojecteur, j’ai acheté les boissons et quelques
bricoles pour mon pot de soutenance. J’ai même acheté une nouvelle
cravate. Bon, c’est vrai, j’en ai quelques unes (que je ne mets que
3 ou 4 fois l’an) mais je n’ai plus retrouvé ma cravate fétiche,
offerte par une ex. (D’ailleurs, je ne comprends pas comment j’ai pu
perdre cette cravate, tous les cadeaux faits par ceux qui vous
aiment sont précieux.) Et bien sûr, je viens de terminer ma
présentation. J’ai mis du temps, mais ça en vaut vraiment le
coup. Sacrifier ma randonnée en roller du vendredi soir n’a pas été
inutile...
Jeudi, le 12 décembre 2002
Ă€ vif (les nerfs)
Je soutiens ma thèse dans quatre jours. Enfin,
moins de 100 heures, si on veut être plus précis.
Et ça devient
vraiment très dur.
Au niveau du pot de thèse, c’est à peu
près réglé : merci les parents pour les spécialités régionales
(les bouteilles et les verres pour papa, les spécialités culinaires
pour maman), la commande est passée auprès du traiteur, je dois
encore acheter des trucs complémentaires, en particulier des
boissons, ce que je ferai samedi (je me réjouis déjà , vu que les
grands magasins seront déserts un samedi avant Noël, n’est-ce
pas ?)
Pour le restaurant du soir avec les membres du jury,
c’est aussi OK, j’ai réservé un endroit sympa sur la
Croix-Rousse...
Au niveau de la soutenance, pour la présentation,
il y a encore des bricoles Ă modifier sur mes diapos. (Au boulot,
Fab !)
J’ai vu le service repro pour disposer de quelques
nouveaux exemplaires de ma thèse (celui avec le résumé et les
remerciements en bonus track).
La salle de soutenance est
réservée, OK, OK...
La salle prévue pour le pot sera occupée par
un cours juste avant mais j’ai quand même un peu de marge de
manœuvre... Chaud !
Les vidéoprojecteurs... Il y a celui du
labo mais je devrais aussi en réserver un autre demain au service
audiovisuel (on ne sait jamais)...
Les ordinateurs portables...
Je prendrai le mien, mais il y aura sans doute aussi ceux de mes
collègues au cas où...
Le transport et l’hébergement du
jury : lĂ aussi, tout baigne, ou presque (un de mes rapporteurs
sera à une soutenance juste avant la mienne à l’autre bout de la
ville). Va falloir inventer la téléportation vite
fait...
J’ai fait mon maximum, j’ai encore des p’tits trucs Ă
régler. Mais bon, je gère, je gère... Enfin, j’espère.
Et puis,
bon, faut pas stresser. Songer aussi Ă dormir tĂ´t, je commence Ă
avoir mal à la tête avec tout ça, c’est mauvais signe...
Oui,
je me demande comment ça se passera, le jour où je me marierai(s).
Ah, j’oubliais : pour se marier, faut être deux, et on
partagera les tâches à ce moment-là ...
Mais bon, voyons la
vie en rose. Ou en bleu. Et écoutons, pour nous détendre, l’émission
la Planète
bleue qui passe le dimanche soir sur
Couleur 3 , une radio suisse
qu’elle est achtement bien.
Pour ceux qui ont une connexion qui
booste (et qui ne paient pas le téléphone), il est possible
d’écouter l’émission
la Planète bleue sur le
Net.
Une heure de plongée dans la musique de demain : c’est
étrange, c’est beau, c’est bon, ça calme...
Vous croyez que
j’en ai besoin ?
Mercredi, le 11 décembre 2002
À visage découvert
Allez, dans la joie, je réponds au
questionnaire du mercredix concocté par le
Dr Tomorrow ...
1/ Si
la dépense de la somme ne posait pas de problème, et si vous aviez
l’assurance que personne n’en saura jamais rien... Achèteriez-vous
les DVD de Benny Hill disponibles ? Euh... Non.
D’ailleurs, je n’ai ni télévision ni de quoi voir les DVD sur mon
ordinateur (c’est un choix, je préfère aller au cinéma plus
souvent). Benny Hill me rappelle les débuts de soirée du dimanche
après-midi, alors qu’il fallait aller se coucher pour être en forme
à l’école. Mais là , revoir Benny Hill, non, je ne suis pas assez
nostalgique pour ça...
2/ Si l’on accepte le "concept
global" de Superman... est-ce qu’il y a un élément, précis cette
fois, qui continue de vous choquer ? Une incohérence
interne ? Euh... Vous pouvez répéter la
question ? Ou il y a un truc que je ne pige pas. S’agit-il du
"concept global" de Superman vu en tant que symbole du
superhéros absolu ?
Bon, j’y réfléchis, je vous rappelle, on
se fait une bouffe et on en discute.
3/ Vous n’aviez
même pas commencé à boire ! A côté de vous s’assoit Rita
Hayworth, avec son physique de la trentaine. « Euh, vous n’êtes
pas... », balbutiez-vous. « Morte ? Si, ça fait
douze ans. Mais ce n’est pas la question. J’ai envie de toi,
baby... », répond-elle. « Ah, euh, cool. Il y a une
condition, je suppose ? ». Elle ricane et répond :
« Oui, une seule. Il se peut que lors de nos étreintes, tu aies
la vision fugitive de moi dans mon sépulcre. Une seconde seulement,
et ce n’est même pas sûr. Alors, tenté ? » Je vous
retourne la question. Et bien sûr, pour ceux que cela concerne, on
remplace Rita par Errol Flynn. Pour info, je ne bois
presque jamais (à part du jus d’orange ou du nectar
d’abricot).
Alors, des propositions faites par une superbe rousse
(fausse mais bon...) comme Rita, oui, pourquoi pas ?
Tant
pis pour le risque de la vision d’enfer.
D’ailleurs, une
expérience sexuelle avec un fantôme doit être très intéressante
(d’un point de vue scientifique, cela s’entend).
4/ Au
cours de cette promenade champĂŞtre, vous vous ĂŞtes un peu perdu. Au
bout d’un chemin, il y a un épais mur de broussailles, haut de deux
mètres environ. Il y a quelque chose derrière, c’est sûr, mais
quoi ? Un manoir hanté ?
Godzilla en
short ?
L’école de magie d’Harry
Potter ?
5/ Par un hasard trop long à développer,
vous avez la possibilité de recevoir l’une de ces personnes pour
dîner : Bill Clinton, David Bowie, Catherine Zeta-Jones,
Matthew Perry, Amélie Nothomb, Molière et le mec qui posait sur les
boîtes de "MasterMind" dans les 80’s. Qui
choisissez-vous ? Clinton ? Non, je préfère le
son du violon Ă celui du saxophone.
Bowie, non plus, il me fait
peur depuis que je l’ai vu en vampire dans un film avec Catherine
Deneuve.
Zeta-Jones, non. Je ne suis pas certain qu’elle ait une
conversation passionnante. En plus, je ne ressemble ni Ă Zorro ni au
fils Douglas.
Amélie Nothomb ? Non, à table, elle doit être
un peu saoulante Ă la longue.
Matthew Parry ? Euh, c’est
qui ? Un acteur américain ? Non, sans façon...
Le mec
qui posait sur les boîtes de "Master Mind" ? Non. Je n’ai
jamais aimé les jeux de société.
Donc, sans hésiter :
Molière.
Et je lui demanderais si je peux faire des adaptations
science-fictives de ses pièces, genre "le Misanthrope de la station
orbitale"...
6/ Est-ce que certaines personnes ont un
physique qui vous Ă©voquent des objets ? Je pose la question
parce que Jean-Claude Narcy m’a toujours fait penser à un flacon de
poivre Ducros. Des exemples ? Mmmm... Je me demande
si le Dr Tomorrow ne devrait pas aller voir un psy.
Non, les gens
me font penser à d’autres gens, parfois. À la limite, je
rapprocherais certains physiques ou comportements humains de traits
caractéristiques d’animaux. Mais d’objets ? Non, je ne vois
pas...
7/ La première fois que vous avez pensé "pff,
encore cette série de photos" en faisant la tournée des sites
coquins sur votre sujet fétiche, vous vous êtes senti
comment ? Euh... J’ai compris que j’étais plus
rapide que les mises Ă jour de
http://www.disney.fr/ .
8/
Quelle est l’idée la plus abominable que vous ayez jamais lue dans
un conte de fée ? "Lue" ? Aucune. Non, il n’y a
rien d’abominable, vu que les contes actuels (façon Disney) sont
très épurés par rapport à leur version originelle (voir Bruno
Bettelheim).
Mais j’ai bien eu quelques idées abominables, comme
donner une mauvaise direction au prince charmant Ă la recherche du
château de la princesse pour me glisser dans le lit de la Belle au
Bois Dormant Ă sa place.
9/ Est-ce qu’il y a des
douleurs que vous ne trouvez pas si désagréables ? (moi, j’aime
bien avoir des courbatures musculaires, par exemple) Non,
je ne suis pas vraiment masochiste. Mais la douleur peut
effectivement être agréable au moment où elle prend fin (c’est comme
l’histoire du fou qui se tape sur la tête avec un marteau pour le
plaisir ressenti quand il s’arrête).
10/ Les goûts
culturels de quelqu’un peuvent-ils être un obstacle à votre
amitié ? Non, j’ai des amis de toutes cultures et
de tous goûts culturels.
Mais j’ai beaucoup plus de mal à avoir
des amis de goûts politiques trop éloignés des miens (par exemple,
j’ai grand peine à éprouver quelques sympathies pour les militants
de l’extrême droite. Étonnant, non ?)...
Lundi, le 9 décembre 2002
Ah, ville magique !
Hier après-midi, je suis allé voir mes
amis
Gangsters .
Trop peu de temps car
j’ai dû rentrer bien vite pour terminer la présentation de ma
soutenance de thèse.
Je ne connais pas bien le quartier de
Saint-Just, sur la colline de Fourvière, et je me suis trompé de rue
à un moment donné, loupé la station de métro. Enfin, de funiculaire.
La "ficelle", comme on l’appelle ici.
Je suis donc rentré chez
moi Ă pied.
Pas compliqué, il suffit de descendre. Et ça descend
sec.
Après avoir traversé la Saône, je me retrouve au niveau de
la gare de Perrache et je plonge sans le vouloir dans la féerie de
la Fête des Lumières.
Place Carnot, le marché de Noël.
Un
monde fou.
J’évite : quand on a connu les marchés de Noël
alsaciens, les autres sont bien ternes en comparaison.
Rue Victor
Hugo. Une rue piétonne. Des gens de partout. Odeurs de marrons
grillés.
Place Bellecour. Odeurs de tartiflette.
Je poursuis
jusqu’au Théâtre des Célestins.
Théâtre en flammes ?
Non,
c’est beau, c’est de la magie.
Je me force un chemin jusqu’à la
Place des Jacobins.
La fontaine des Jacobins a retrouvé ses
couleurs.
J’arrive chez moi. J’allume trois bougies à mes
fenĂŞtres. La tradition...
Au bout d’une demi-heure de
travail, je regarde par la fenĂŞtre.
Les bougies ont été soufflées
au premier coup de vent.
Je les rallume.
Quelques heures
plus tard, épuisé, je vais me coucher.
Ce matin, je tire les
rideaux.
Les trois bougies sont allumées. Elles ont brillé toute
la nuit.
C’est la magie de la Fête des Lumières.
Dimanche, le 8 décembre 2002
Aviez-vous pris un peu de temps ?
Vendredi soir.
Trop longtemps au labo,
je suis en retard.
Je me dépêche de rentrer chez moi.
Vite,
vite, vite, si je veux aller faire du roller, il faut que je me
grouille.
Dîner pris à l’arrache.
Je passe quelques coups de
fils, très vite, je chausse mes rollers, et ce n’est que lorsque
j’arrive dans la rue que je remarque le vilain crachin qui rend la
route humide.
Flûte ! Flotte et flaques en roller signifient
perte d’adhérence.
La place Louis Pradel est une patinoire. Je
jette un Ĺ“il sur le bus de la radio suisse romande
Couleur 3 .
Je traverse le pont
Morand. Un vent vif gèle les oreilles.
Vite, vite, vite, j’arrive
devant la Porte des Enfants du RhĂ´ne du Parc de la TĂŞte
d’Or.
Juste une poignée d’irréductibles.
Je repère mes
amis.
Avec un temps pareil, pas la peine de compter faire la
rando.
Tant pis, « Ciao ! », je retourne chez
moi.
Arrivé à l’opéra, je vois que l’Hôtel de Ville est tout
illuminé.
Je rejoins la place des Terreaux.
Son et
lumière.
La fontaine Bartholdi, la façade du musée des Beaux-Arts
et des bâtiments adjacents sont le théâtre d’une création
poétique.
Le spectacle est d’autant plus beau que totalement
inattendu.
Splendeur de ces moments magiques.
Aujourd’hui,
8 décembre, c’est la Fête des Lumières...
Mardi, le 3 décembre 2002
A vision of the future
Samedi soir, je suis allé à la nuit de la
science-fiction d’Oullins (dans le sud de Lyon). Très
intéressant.
Tout d’abord, un documentaire intitulé
Robot
Sapiens avec des interviews de chercheurs d’équipes toulousaine
et
parisienne
ainsi que d’un
GĂ©rard Klein en
pleine forme (non, pas l’instit’, Klein, c’est l’auteur de S.-F. et
directeur de la collection
Ailleurs et Demain , chez Robert
Laffont).
Surprise, GĂ©rard Klein profère des propos virulents Ă
l’encontre de l’intelligence artificielle, la considérant,
grosso
modo , comme une escroquerie intellectuelle.
Après le
documentaire, Klein, présent dans la salle, confirme ses propos,
proposant de se référer à sa
préface d’Excession de Iain M. Banks et se lance dans
le jeu des questions-réponses...
Une intervention venue du milieu
de la salle. Un jeune homme prend le micro et se présente en tant
que chercheur en intelligence artificielle (Klein avec un
sourire : « Ah, il fallait bien que ça
arrive ! ») et comme amateur de science-fiction
(Klein : « Merci ! ») et auteur à ses rares
moments de temps libre. Le chercheur tient à préciser que ce dont
GĂ©rard Klein parle, et dont le documentaire a fait Ă©tat, Ă©tait de
robotique et de vie artificielle et non réellement d’intelligence
artificielle. Il indique aussi que des travaux en intelligence
artificielle ont produit des réalisations concrètes... En réponse,
Klein poursuit sur ses critiques de l’intelligence artificielle
"forte", parlant des positions défendues par des chercheurs
hyper-médiatisés tels que Hugo de Garis (auteur d’une interview
parue dans le
Monde , le 9 novembre 1999).
Le
chercheur en IA répond à Klein que de Garis n’est pas un chercheur
considéré par ses pairs mais qu’il s’agit de quelqu’un de
complètement allumé...
Finalement, Klein et le chercheur tombent
plus ou moins d’accord sur les limites de l’intelligence
artificielle dans sa version forte et conçoient que le terme
"intelligence artificielle" est sans doute assez
malheureux.
Ah oui, j’ai oublié de préciser, le chercheur en
IA, c’était moi...
Dimanche, le 1er décembre 2002
Ah, Vinatier, tes portes sont ouvertes sur une autre dimension spatio-temporelle...
Hier après-midi, j’étais au
laboratoire (oui, c’était samedi, mais j’avais un article
scientifique à terminer) et il m’est arrivé quelque chose de bien
singulier alors que je rentrais chez moi par les transports en
commun.
À un moment, un homme est entré dans le tramway et s’est
assis à côté de moi. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire. Mais très
vite, j’ai remarqué une odeur bizarre, proche du fromage trop fait,
et je me suis rendu compte que mon voisin en était l’auteur. Faisant
un effort pour ignorer les messages envoyés par mes cellules
sensorielles olfactives, j’ai replongé dans la lecture
d’Ulysse de James Joyces.
Un instant plus tard, les
haut-parleurs du tramway ont annoncĂ© que pour les 7 et 8 dĂ©cembre, Ă
l’occasion de la Fête des Lumières (la grande fête lyonnaise), le
réseau des TCL proposeront
des conditions de circulation plus avantageuses : plus de
métros, fonctionnant plus longtemps, et tickets à durée de validité
étendue. Suite à cette annonce, mon odoriférant voisin m’a demandé
si demain nous serions le premier. Un coup d’œil sur ma montre pour
voir le nombre "30" et je me suis tourné vers lui pour lui confirmer
que demain serait effectivement le premier du mois.
Et mon
voisin, complètement perdu, m’a encore
interrogé :
« 2002 ou 2003 ? »
Surpris,
j’ai répondu :
« 2002 ! Le 1er décembre
2002 ! »
Le monsieur m’a remercié, m’a souhaité
poliment une bonne journée et est descendu du tram à la station
suivante.
J’étais stupéfait. Comment pouvait-on ignorer l’année
dans laquelle on se trouvait ? De quelle planète venait-il de
débarquer ? De quel monde parallèle ? De quelle dimension
temporelle ?
Je vivais la nuit de la science-fiction avant
l’heure !
Me remémorant cette anecdote alors que je
poursuivais ma route vers la station de métro, un début
d’explication m’est apparu. Je me suis rappelé que ce bonhomme était
monté dans le tram à l’arrêt "Vinatier". Peut-être que ce malheureux
venait tout simplement de sortir du grand hĂ´pital psychiatrique
lyonnais...
Vendredi, le 29 novembre 2002
Avibus secundis
L’Université vient de me faire parvenir les
retours de mes rapporteurs accompagnés de l’autorisation officielle
de soutenance de thèse. Les rapports de ces deux grands chercheurs
qui ne me connaissaient pas auparavant (ce n’est pas un jury de
complaisance) sont très positifs et indiquent qu’ils ont lu avec
attention ma thèse, mettant fort justement en valeur les qualités de
mon travail et faisant un ensemble de remarques pertinentes. Ainsi
avais-je bien raison d’annoncer que j’allais être docteur dans mon
premier post sur ce weblog : connaissant le professionnalisme
et l’exigence de mon chef, celui-ci ne m’aurait pas laissé soutenir
ma thèse s’il n’avait pas été satisfait de mon travail de recherche
et de la rédaction de mon manuscrit.
Joie !
La soutenance
de ma thèse se présente ainsi sous d’heureux
auspices...
Cependant, mĂŞme si je n’ai mĂŞme pas de corrections Ă
apporter à mon document, le week-end prochain s’annonce pourtant
chargé : j’ai un article pour une revue à boucler (avant lundi)
tout en espérant pouvoir aller à la manifestation
Rifl Art fiction de Villeurbanne
(samedi), Ă la
nuit
de la science-fiction d’Oullins (dans la nuit de samedi Ă
dimanche) et voir (dimanche) mes amis de la
Gang ...
Bon, je me reposerai (sur
mes lauriers) quand je serai mort.
Jeudi, le 28 novembre 2002
Ah, vivement l’hiver !
\ | | / // \ \ // /// \ ######### /// \ ### ### // -- ## ## -- -- ## SPLATCH ## -- -- ## ## -- // ### ### \ /// ######## \ /// // \ \ // / | | \ / | La
saison des batailles de boules de neige vient de débuter et je vous
ai eu le premier ! À côté de chez moi, sur les pavés de
la Rue de la Ré’ (la grande rue piétonne de Lyon), de jolis
sapins, sculptures de glace et petits chalets montagnards ont
poussé. Cette magie urbaine s’explique par l’arrivée de
l’hiver : il ne s’agit que d’un décor publicitaire vantant les
mérites des stations alpines voisines. Ah, la
neige... Lorsque les montagnes se parent de blanc, je retombe
en enfance et j’attends avec impatience le week-end pour pouvoir
chausser mes skis. La neige est, pour moi, associée à la féerie
de Noël et à ces vacances trop courtes pour profiter des nouveaux
jouets et terminer l’igloo dans le jardin. Mais cette neige, j’ai
l’impression qu’elle se fait toujours plus rare. Pour nous,
citadins, c’est sans doute préférable car bien trop souvent, elle
est cause d’accidents divers et finit par se transformer en une
écœurante boue grise. Si nous voulons de la neige, il suffit de
la chercher auprès des hauteurs voisines. En enfants inconscients,
nous pouvons ainsi oublier que nous sommes plus ou moins directement
les malheureux auteurs du dérèglement climatique...
Jeudi, le 21 novembre 2002
A view to a kill
Alors que "Meurs un autre jour" (Die another
day ), le dernier "James Bond 007" vient de sortir sur les Ă©crans
de France, avec une B.O.F. interprétée par Madonna, je viens de me
rendre compte de l’importance capitale qu’a eu le visuel dans mes
goûts musicaux. En effet, j’ai commencé à écouter de la musique au
début des années 80, lorsque, tout jeune adolescent, j’ai découvert
les vidéos clips. Je venais d’arriver au collège quand explosa
"Thriller", fin 1982. La musique du roi de la pop, tout juste
couronné, était accompagnée d’un petit bijou de film mêlant
l’horreur et l’humour, et Dieu sait que cette recette marche auprès
du jeune public. Les autres titres de l’album "Thriller" me
marqueront moins, même si j’ai eu une petite tendresse pour la vidéo
de Billie Jean . En 1983, le groupe anglais Duran Duran
débarque dans l’Hexagone avec "The Reflex". Vous souvenez-vous du
clip ? La vague qui tombe de la scène et qui arrose le
public ? "Wild Boys" et son univers Ă la "Mad Max" ? Et la
B.O.F. de "Dangereusement vĂ´tre" (A view to a kill ) en 1985.
Clip extraordinaire oĂą les membres du groupe, sur la Tour Eiffel,
jouent les agents secrets et se dégomment les uns après les
autres... On ne se moque pas : j’avais la même coupe de cheveux
que Simon LeBon ! En 1983, toujours, Frankie Goes to
Hollywood sortait "Relax". Le choc ! Le clip se déroulait dans
une boîte gay SM... (Je n’avais pas compris, à l’époque.) En
1984, les Allemands de Propaganda et leur "P-Machinery". Du bizarre,
aussi bien dans le son que dans l’image. J’ai beaucoup aimé. La
même année, les Norvégiens de A-HA et leur fameux "Take on me".
Musique extra sur un clip mêlant film et bande dessinée. "Hunting
high and low", slow de l’été (ah, les colonies de vacances de cette
année-là !), clip où le chanteur se métamorphosait en animaux.
Et plus tard la B.O.F. du James Bond "The living daylights" en
1987... Mais 1984, c’est aussi l’année où une brune étrange
fredonne une comptine curieuse : "Maman a tort". Deux autres
titres, passés plus ou moins inaperçus : "On est tous des
imbéciles" (à oublier) et "Plus grandir" (où l’univers Farmer se
dessine déjà ). En 1986, Mylène Farmer est devenue rousse et devient
"Libertine" : une musique aux paroles osées sur un véritable
film (en costume... et sans) oĂą Laurent Boutonnat voit les choses en
grand. C’est le triomphe. Alors, il n’y a rien eu, au niveau
musical, dans les années 80 ? N’oublions pas la brit pop, la
new wave, la dark wave, les Irlandais U2, les Écossais Simple Minds
et les Français Indochine, Mano Negra et les Rita
Mitsouko... C’était l’époque où j’ai arrêté de regarder les
Ă©missions de Maritie et Gilbert Carpentier pour passer aux "Enfants
du Rock" (et Ă "Top 50").
Archives Chronologie :
Parce que rien ne vaut le fait d’avoir de bons copains et de partager avec eux des joies simples.
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Au sujet de nos amies les bĂŞtes.
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Article critique. Point de vue personnel sur une œuvre. Coup de cœur ou coup de gueule.
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Curiosités linguistiques
À propos de la langue française ou d’autres langues, dialectes et parlers rĂ©gionaux. RĂ©flexions sur les usages linguistiques de la communautĂ© francophone. Aspects insolites de la langue. Jeux de mots.
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Dessin / Arts graphiques et numériques
Dessins réalisés de manière traditionelle (crayon, stylo, feutre,
fusain, pastel, pierre noire ou sanguine, craie, plume, encre de Chine, etc.) ou traités par ordinateur à travers des logiciels d’infographie.
Curiosités calligraphiques. Ambigrammes (figures graphiques de mots devenant d’autres mots à partir d’une symétrie ou rotation). Anamorphoses. Peintures. Arts en deux dimensions.
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Événements / Grands rendez-vous
Comptes rendus ou programmes de grandes rencontres : conventions, festivals, conférences et soirées thématiques.
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Parce qu’on est le fils, le frère, le cousin ou le neveu de quelqu’un.
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De tout ce qui a trait Ă ce genre artistique oĂą intervient le surnaturel.
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Films / Télévision / Vidéo
À propos des productions artistiques essentiellement visuelles : films (court, moyen ou long mĂ©trage), animations, dessins animĂ©s, mangas, sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, vidĂ©o-clips, etc.
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Histoires / LĂ©gendes
Au sujet de l’Histoire et des histoires. Faits avérés ou non. Mythes.
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Humour / Insolite / BĂŞtises
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Questionnaires et sondages, le plus souvent ludiques.
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Impressions à la première personne.
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Travaux d’écriture
Au sujet de l’art d’écrire, que ce soit sous forme romanesque, documentaire ou émotionnelle. Travaux personnels d’écriture en cours. Réflexions d’amis auteurs.
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Au sujet de mon travail d’enseignant-chercheur.
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