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Mercredi, le 31 janvier 2024
Gyros et salade grecque
Je suis de ceux qui ont grandi avec la série télévisée d’animation franco-japonaise Ulysse 31. Un dessin animé mélangeant mythologie grecque avec de la science-fiction, quelle idée géniale ! Arrivé au collège, je connaissais par cœur le Panthéon grec et un de mes rêves était d’aller un jour à Athènes voir « en vrai » l’un des berceaux de notre civilisation, fasciné par l’héritage que les Grecs antiques nous avaient laissé dans la langue, la philosophie, la politique, la sculpture, le théâtre, l’architecture...
En 2002, inspiré par mes amis de la Gang de Lyon que je retrouvais chaque semaine à un kébab du quartier du Tonkin, je débutais ce blog, j’écrivais ma première nouvelle de fiction qui allait être publiée dans un support professionnel et je terminais mes études en soutenant une thèse de doctorat. Mon travail de recherche n’avait pas grand chose à voir avec mon amour pour l’Antiquité, mais j’avais quand même réussi à glisser dans ma conclusion la citation « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » en lettres grecques qui, selon la légende, ornait le fronton de l’Académie de Platon.
En 2002 sortait aussi l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, réalisateur que je ne connaissais pas bien. J’avais loupé le Péril jeune, qui évoquait les années de lycée à une période où je portais encore des couches, au début des années 1970. Mais dans l’Auberge espagnole, j’avais retrouvé un peu de moi : des études effectuées à l’étranger apportant leur lot de rencontres qui allaient marquer toute la vie, une dernière année à l’université avant d’entrer dans le monde professionnel, et j’avais en plus à peu près le même âge que Romain Duris qui incarnait le personnage principal.
En 2005, l’Auberge espagnole connut une suite : les Poupées russes. Dans ce deuxième volet, Cédric Klapisch s’attachait à dépeindre les problèmes professionnels et personnels de ses personnages. Cette année-là, je mélangeais encore mes deux identités, celle de l’enseignant-chercheur (qui ne m’apportait pas beaucoup de satisfaction, vivant une sorte de creux dans mon activité de recherche) et celle de l’auteur, critique et plasticien, avec un article sur le genre steampunk présenté sous mon pseudonyme au colloque La Science-Fiction dans l’Histoire, l’Histoire dans la Science-Fiction de Nice, une exposition de mes sculptures, un projet de nouvelle et la réécriture de mon roman. Au niveau sentimental, je vivais une histoire que je croyais être plus sérieuse que celles vécues jusque-là, mais qui s’achèvera brutalement dans les premiers jours de 2006.
La trilogie de Klapisch s’est poursuivie avec, en 2013, la sortie de Casse-Tête chinois. Les personnages avaient désormais la quarantaine, avec des enfants ou des désirs d’enfants, et la vie devenait ce fameux casse-tête avec les compromis à trouver entre la vie amoureuse, la vie professionnelle et la vie familiale avec l’arrivée des responsabilités parentales. À cette époque, j’étais devenu un jeune papa, mon activité professionnelle de chercheur connaissait un nouveau souffle mais mon activité d’auteur ou de sculpteur s’éteignait peu à peu...
À la mi-avril 2023, c’est sous forme de série télévisée que nous pouvons suivre la suite de cette trilogie. Cette fois-ci, Klapisch suit les aventures à Athènes des enfants des personnages qu’il nous avait fait découvrir dans ses trois films. Mes enfants sont encore trop jeunes pour partir étudier à l’étranger, ils ont l’âge que j’avais quand je regardais Ulysse 31, mais la grande, collégienne, a malgré tout déjà des projets en ce sens... Cette série résonne encore fort en moi : un peu de nostalgie, et le regard porté sur l’avenir qui retourne au passé, en se disant que l’on a sans doute davantage vécu d’années qu’il n’en reste encore à vivre. Et puis, ma première grande conférence en présentiel post-confinement avait eu lieu justement à Athènes, en juin 2022, non loin de l’Acropole. Une musique revient sans cesse dans ma tête, la chanson « O Pio Kalos Tragoudistis » :
Γεια σου, γεια σου
ποιος σου έκλεψε ας ξέραμε τη χαρά σου...

Klapisch a appelĂ© sa sĂ©rie Salade grecque. Je lui aurai plutĂ´t donnĂ© comme titre Gyros, le fameux « sandwich grec », l’équivalent du chawarma arabe ou du döner kebab turc, et qui dĂ©signe la rotation de la broche de viande qui se fait rĂ´tir. Dans l’Auberge espagnole, des Ă©tudiants vivaient un bouillonnement d’expĂ©riences, et dans Salade grecque, les expĂ©riences sont vĂ©cues par leurs enfants... La boucle est bouclĂ©e, c’est-Ă -dire un cercle, qui se dit en grec : γύρος, gyros.


Mardi, le 3 janvier 2023
Réflexions en vrac sur l’année 2022
Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur ces dessins que l’on retrouve par exemple des textes et illustration du petit Nicolas faisant une thèse. Janvier 2022, décès d’Igor Bogdanoff (il y a tout juste un an), moins d’une semaine après la mort de son frère Grichka. Petit hommage à ceux qui m’avaient collé avec fascination devant l’écran de télévision avec l’émission Temps X, dans les années 1980, et qui avaient popularisé la science-fiction dans les foyers de France. Dommage qu’ils aient fini par prendre la science pour de la fiction et la fiction pour de la science et que, trop confiants dans leur bonne santé, ils aient refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 qui allait les emporter.

Février 2022, décès du virologue Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du sida. Il avait dû être dégoûté qu’avec le SARS-Cov-2 et ses variants, plus personne ne parlait beaucoup du VIH qui avait pourtant fait tant de ravages dans les années 1990. Pour les personnes de ma génération, le sida faisait que la découverte de la sexualité était liée à un risque de mort si on n’osait pas s’acheter des préservatifs.

Mars 2022, décès du journaliste et présentateur télé Jean-Pierre Pernaut. Les rares fois où j’avais eu l’occasion de le voir dans le Journal de 13 heures de TF1, j’avais été choqué par sa capacité à remplacer des informations que je jugeais importantes et graves par des reportages futiles sur des vieux métiers ou des coutumes oubliées dans des lieux perdus.

Avril 2022, décès du chanteur belge Arno. Je l’avais découvert à l’occasion de sa contribution à l’album hommage à Jacques Brel (Aux Suivants). Touchant monsieur.

Le même jour, le 26 mai 2022, décèdent Ray Liotta, Andrew Fletcher, musicien et cofondateur du groupe Depeche Mode, et Alan White, le batteur de Yes. De Ray Liotta, je garde le souvenir de l’une des scènes les plus géniales et écœurantes que j’ai eue l’occasion de voir au cinéma, dans Hannibal, avec ce rôle d’agent du FBI ambigu participant à un repas en tant qu’invité... et partie du menu. J’ai été plus influencé par la musique de Depeche Mode que de Yes, même si Trevor Horn avait fait partie de ce groupe avant de produire les musiques des groupes emblématiques de mon adolescence que furent Frankie Goes to Hollywood, Propaganda, Pet Shop Boys ou Simple Minds...

Juin 2022, décès d’Yves Coppens, le paléontologue français. Son nom reste attaché au fossile d’Australopithèque surnommé Lucy, appelée ainsi car l’équipe écoutait Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles, au moment de la découverte. Questions sur les origines du nom de cette chanson aux thèmes psychédéliques (allusion à la drogue LSD ou inspiré par un dessin d’enfant ?), questions sur les origines de l’humanité...

Juillet 2022, décès de Charlotte Valandrey. Pour moi, l’actrice reste à jamais la jeune révoltée de Rouge Baiser, sorti en 1985. Le film parlait des amours malheureuses d’une adolescente dans un monde qui perdait foi en l’utopie communiste alors qu’au même moment, dans la vraie vie, s’écroulait l’URSS et que Charlotte apprenait sa séropositivité au VIH...

Août 2022, décès du dessinateur Sempé. Lorsque j’étais doctorant, j’étais tombé sur des textes et illustrations du petit Nicolas passant sa thèse. Indémodable !

Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...
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Septembre 2022, décès de Jean-Luc Godard. Au début des années 2000, j’avais trouvé un tas de DVD de Godard à petit prix et j’avais commencé à visionner la plupart de ces œuvres. J’avais arrêté sans trop savoir si (1) de nombreux films avaient mal vieillis, (2) il n’y avait pas une certaine escroquerie intellectuelle dans certains de ces films artificiellement complexes ou (3) si je n’étais tout simplement pas passé à côté d’un vrai grand truc vraiment puissant...

Octobre 2022, décès de Pierre Soulages. Pour un peintre, avoir son nom associé à une couleur, c’est un peu le top de la classe. Il y a le bleu Klein, le noir Soulages, le jaune Poussin, le Vert meer...

Novembre 2022, décès de Christian Bobin. Je me rappelle de petits livres précieux de cet auteur que me faisait lire mon amie d’alors. Flagrances de mots, d’images et de toutes sortes de sensations.

Décembre 2022, j’ai cessé d’être un quarantenaire. En 2009, le publicitaire Jacques Séguéla avait dit : « Si à 50 ans on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il me semble plutôt que si, à 50 ans, on croit encore que des signes extérieurs de richesse peuvent être des indicateurs d’une vie heureuse ou non, c’est à ce moment-là que l’on a raté sa vie...


Lundi, le 17 juin 2019
Liège, Kigali, Tunis, Londres, Montréal

Certains événements ont, pour moi, une musique bien particulière. Ainsi en est-il dont des moments les plus perturbants qu’il m’ait été donnés de vivre.

J’ai été particulièrement frappé de découvrir que la musique du générique de la série Netflix Black Earth Rising était You Want It Darker de Leonard Cohen. À mon sens, rien n’aurait pu être plus pertinent que d’associer cette série et une musique de l’artiste canadien qui nous a quitté en 2016.

Dans la fiction, une jeune juriste londonienne, rescapée du génocide rwandais de 1994 et adoptée par une célèbre femme procureure spécialisée dans les affaires criminelles internationales, reprend l’enquête de sa mère qui la mène à des révélations sur ses propres origines.

Dans la vraie vie, cela se passe en Belgique, et cela remonte au printemps 1992. Je n’avais pas encore vingt ans quand je m’étais retrouvé, à l’occasion d’un stage de fin d’études, dans cette ville de la banlieue industrielle de Liège au bord de la Meuse où avaient grandi les frères Dardenne. À mon arrivée ce dimanche après-midi maussade dans ce grand et triste bâtiment où j’allais passer trois mois, j’avais été dirigé vers le responsable de l’internat. Ce dernier m’avait posé une curieuse question : à quel étage souhaitais-je m’installer ? Celui des étudiants français ? Celui des étudiants étrangers ? Celui des étudiants belges en informatique ? Je n’avais pas choisi l’étage de mes compatriotes mais celui de ceux qui étudiaient la même matière que moi. Pourtant, c’est parmi les étudiants étrangers, ceux qui passaient comme moi leurs week-ends à Seraing, que je me suis fait mes meilleurs amis durant cette période. Nous étions quatre garçons inséparables : K. le Belgo-tunisien, A. le Djiboutien, I. le Rwandais et moi. Deux Noirs, deux Blancs. Deux Musulmans, deux Chrétiens. Toutes les combinaisons de couleurs de peau et de religions étaient représentées. K. et A. étudiaient le commerce, I. tout comme moi l’informatique, et c’est avec lui que les liens d’amitié s’étaient les plus serrés pour durer jusqu’à aujourd’hui.

I. était le plus âgé de nous quatre, il avait une formation juridique qui l’avait poussé à passer des concours et quitter sa région natale de Cyangugu pour devenir officier de gendarmerie dans la capitale. Poussé par sa hiérarchie, le lieutenant avait accepté de passer trois ans en Belgique pour acquérir les compétences en informatique dont son petit pays manquait cruellement, laissant là-bas sa jeune épouse et son fils nouveau-né le temps d’obtenir son graduat. Pendant quelque temps, nous avions échangé des tas de lettres et de cartes postales, I. et moi, et c’est par procuration que je découvrais ce petit pays d’Afrique inconnu, ses paysages, sa sagesse proverbiale, complétant mes connaissances par un essai d’ethnologie rédigé par des Pères Blancs trouvé dans la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Printemps 1994. Les informations à la radio avaient annoncé l’attentat ayant coûté la vie des présidents du Rwanda et du Burundi. Quelques jours plus tard nous parvenaient les premiers échos de l’horreur. C’était un samedi ou un dimanche, au moment du déjeuner, qu’I. avait appelé au numéro de téléphone familial. Il était encore en vie, sa famille aussi, son accès à une arme de service le protégeant de la folie meurtrière des machettes. Je le sentais perdu, et j’étais tout aussi perdu que lui. Sentiment absolu d’impuissance.

Été 1994. Lorsque j’avais pris pour la première fois l’avion, ce fut pour aller à Tunis, chez K., ses parents et sa grande sœeur. Visites de lieux touristiques, de musées, moments passés à la plage, invitation saugrenue à la résidence de l’ambassadeur lors du 21 juillet, la fête nationale belge, où l’on m’avait fait passer pour un « Belge de Strasbourg » qui ne connaissait pas la Brabançonne. Après-midis trop chauds à regarder le Tour de France, ou la série Angélique en soirée, avec des coupures opérées par la censure aux moments les plus croustillants. La censure, par contre, laissait voir l’horreur des informations. Cadavres innombrables sur les bords des chemins ou dans les rivières. K. et moi, sidérés devant le poste, craignions de reconnaître dans les images des charniers le visage de notre ami. La mélancolique mère de K., une Flamande qui ne s’était jamais trop bien fait à la vie en Afrique du Nord, peignait en écoutant de la musique. Elle me fit découvrir Leonard Cohen dont je ne connaissais que Everybody Knows pour avoir vu le film Pump Up The Volume d’Allan Moyle avec Christian Slater. Je rentrais en France avec des cassettes audio tunisiennes de mauvaise qualité sur lesquelles j’avais enregistré quelques albums de Cohen, dont I’m Your Man et The Future.

Les nouvelles d’I. me parvinrent de manière sporadique quelque temps plus tard, par courrier postal ou électronique. I. avait échappé aux massacres. Il avait fui avec femme et enfant au Zaïre et s’était retrouvé dans un camp de réfugiés. Exploité pour ses compétences informatiques par une ONG, il devait assurer la survie des siens, venant d’être père pour la seconde fois, son autre fils étant né au camp. La situation dans l’est du Zaïre, de précaire devenait intenable avec les signes avant-coureurs de la Première guerre du Congo qui allait éclater en 1996. I. et sa famille d’apatrides avaient entamé un périple dans l’est de l’Afrique, séjournant au Malawi, en Tanzanie, à Arusha, où I. avait participé au Tribunal pénal international, et en Afrique du sud d’où sa femme et ses enfants avaient pu s’exiler en Angleterre, alors qu’I. restait bloqué au Cap.

C’était en 1999. Je terminais mon DEA à Paris. J’avais envoyé à I. une importante somme d’argent afin de faciliter ses démarches pour rejoindre la Grande-Bretagne. Et cela lui avait effectivement permis de retrouver sa femme et ses deux fils à Londres où ils s’étaient installés.

Fin août 2002, convention nationale de science-fiction française à Tilff-Esneux, en banlieue liégeoise. J’avais abandonné pour une journée la convention et mes amis de la Gang lyonnaise pour retrouver I. que je n’avais plus vu depuis dix ans, de passage en Belgique, et qui tenait à me rembourser de l’argent prêté alors qu’il était en Afrique du Sud. Indescriptibles retrouvailles.

Cet après-midi, à l’occasion d’un séjour professionnel à Montréal, je me suis rendu au cimetière Shaar Hashomayim du mont Royal. En me recueillant sur la tombe de Leonard Cohen, mes pensées se figèrent d’abord sur les grandes atrocités du siècle passé, deux génocides, celui des Juifs dans les années 1940, mais aussi celui qui avait fait s’entre-tuer mes frères africains dans les années 1990. Pourtant, guidées par la voix grave d’un Hallelujah s’exprimant dans ma tête par mes seuls souvenirs auditifs, elles s’élevèrent vers les Cieux, me faisant prendre conscience avec acuité de la beauté de la vie, qui est si belle parce qu’elle est si fragile, de l’importance de la spiritualité et de la force de l’amour.



Lundi, le 12 juin 2017
Nice, le gâteau 100 fois bon et la Servante écarlate
En ce moment passe The Handmaid’s Tale, une série télévisée diffusée sur la plateforme de VOD Hulu. J’avais eu l’occasion de voir précédemment La Servante écarlate, le film de Volker Schlöndorff sorti en 1990, mais pas de lire le roman de la Canadienne Margaret Atwood dont le film et la série sont inspirés.
L’univers dystopique est plutôt bien rendu. Il faut dire que, dans la réalité, la montée sournoise du populisme dans le monde politique n’est malheureusement plus aussi invraisemblable qu’elle pouvait l’être dans la fiction, en témoigne le passage des présidents Obama à Trump aux États-Unis (cf. la critique de PILOTE, la chronique série).
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de croiser Margaret Atwood. C’était à Nice, lors du colloque « La science-fiction dans l’histoire, l’histoire dans la science-fiction » co-organisé par l’ami Ugo Bellagamba, en 2005. Margaret Atwood était venue y parler de sa vie et des liens avec la science-fiction.
Lors de cette rencontre, j’étais venu y présenter un article que j’avais écrit avec le compère Jean-Jacques Girardot sur « le Steampunk : une machine littéraire à recycler le passé ». Nous avions conclu notre propos ainsi :
Notre article débutait par une liste, se voulant impressionnante, d’ingrédients, dont la seule accumulation laissait présager du pire. Mais le steampunk n’est pas le Gâteau cent fois bon (Jindra Capek, Le Gâteau cent fois bon, Flammarion, Paris, 1986), il se bonifie avec chaque nouveau condiment, mais aussi avec chaque nouvelle façon de l’accommoder, et se décline aujourd’hui en plus d’un parfum (...).
Le Gâteau 100 fois bon
La référence au Gâteau cent fois bon, un livre pour enfants dont la trame se résume à l’idée que si l’on réalise un gâteau pour des amis, il sera 100 fois meilleur si l’on mélange 100 bons ingrédients, avait échappé à la plupart des auteurs et universitaires présents à ce colloque, dont Margaret Atwood. Je me rappelle ainsi qu’au moment du dîner de gala, j’avais dû raconter à l’assemblée cette histoire, et que cela avait fini par un véritable sketch quand mes paroles étaient simultanément traduites en anglais par Daniel Tron pour l’autrice canadienne.
Voilà pourquoi, dans mon esprit tordu, quand je regarde un épisode de The Handmaid’s Tale, même au moment d’une scène particulièrement dramatique, je ne peux m’empêcher de repenser au rire de Margaret Atwood lorsque j’avais donné la recette de ce gâteau concocté par des animaux. En effet, les pâtissiers amateurs de l’histoire, imaginant qu’en mélangeant ce que chacun préférait (l’os du chien, le ver de terre de la poule, l’herbe tendre de la vache, la carotte du lapin...), ils auraient dû obtenir un gâteau merveilleux... Bien entendu, le résultat culinaire avait déçu leurs attentes car leur mixture s’était avérée immangeable.
La morale de cette histoire ? Je ne sais pas. Tout dépend si on l’applique aux domaines de l’humour, de la cuisine, ou à la politique...


Lundi, le 14 novembre 2016
Violence de la nature sauvage
J’aurais voulu exprimer ma tristesse de voir disparaître Leonard Cohen ou à quel point j’étais navré du résultat des élections aux États-Unis.
Mais un autre événement s’est produit ce samedi qui m’a touché de manière aussi bien physique qu’émotionnelle.
Durant le week-end prolongé qui vient de s’achever, samedi était le seul jour annoncé par les services de météo comme étant beau, c’est ainsi qu’avec la petite famille nous avions décidé de faire une balade à l’air pur dans les proches alentours de Lyon.
Alors que nous étions encore dans la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, nous engageant dans un chemin de terre bordé d’habitations qui montait jusqu’à un bosquet, nous avons entendu un coup de feu.
J’avais mon fils de 21 mois dans les bras car la montée était un peu rude pour lui, mon épouse tenait notre fille de quatre ans par la main, et nous avons échangé un regard interrogateur.
Nous nous sommes arrêtés un instant afin que j’installe le petit bonhomme dans le porte-bébé de randonnée que je porte sur le dos, quand un bruissement de feuilles s’est fait entendre.
Et là, tout s’est passé très vite. Ma fille s’est mise à hurler. J’ai cru qu’elle avait pris peur en voyant un chien, mais c’est un sanglier qui a déboulé de la forêt. L’animal nous a contournés à toute allure mais il s’est soudain arrêté, découvrant qu’il débouchait sur des habitations, un terrain non familier.
Se sentant pris au piège, il a alors fait demi-tour, et j’ai craint pour la sécurité des enfants et de ma femme. Celle-ci s’est baissée pour les protéger et moi, j’ai crié pour lui faire peur.
Le sanglier m’a chargé et s’est échappé par un jardin.
Nous avons demandé de l’aide à la première personne croisée dans ces habitations qui m’a prodigué les premiers soins et qui, coup de chance, était médecin généraliste. Mon épouse s’est chargée de rassurer les enfants qui, après les cris et les pleurs, se sont mis à jouer avec ceux du médecin pendant que je me faisais soigner.
Nous avons ensuite vu un chasseur qui était à la poursuite du sanglier et qui, tenant une feuille ensanglantée, indiquait avoir touché la bête.
Nous avons rebroussé chemin et sommes rentrés à Lyon, non sans avoir au préalable alerté la mairie du danger.
J’ai passé le reste de la journée aux urgences et j’en suis ressorti avec quelques points de suture à la jambe.
Les enfants sont encore traumatisés. La grande ne voulait plus dormir seule dans son lit, craignant de voir débarquer un sanglier dans son sommeil. Mon gamin dit « peur, peur ! » et montre ma jambe en disant « Papa, bobo ! »
J’ai fait des cauchemars dans lesquels nous étions poursuivis par un sanglier qui, dans l’imaginaire des rêves, avait plutôt pris la forme d’un rhinocéros.
De cette surprenant et violente rencontre, je me demande encore si, entre les deux, l’animal sauvage affolé de quelques centaines de kilos était plus à craindre que le chasseur...
Conséquence physique de ma rencontre avec le sanglier




Jeudi, le 8 janvier 2015
Mes voeux pour 2015 : paix, amour et fraternité
Il peut sembler paradoxal d’écrire à nouveau sur ce blog alors qu’en ce jour je vais aussi prendre part à la minute de silence, à midi, en solidarité avec les victimes de l’attentat perpétré hier à Paris.
Je n’étais pas un vrai lecteur de Charlie. La bande dessinĂ©e constitue tout un pan manquant dans ma culture depuis le jour oĂą, Ă©lève en classe de troisième, j’ai Ă©tĂ© convoquĂ© par le Principal qui m’a indiquĂ© que ma demande d’entrĂ©e dans un lycĂ©e oĂą il m’aurait Ă©tĂ© possible de passer un bac « Lettres et Arts » Ă©tait... dĂ©conseillĂ©e. J’ai ainsi laissĂ© tomber mes crayons et mon dĂ©sir de devenir un dessinateur de BD pour suivre une carrière scientifique.
Cabu, pour moi, c’était le dessinateur de Récré A2 dans les années 1980, le gars à lunettes qui croquait Dorothée en lui faisant un nez énorme, mais c’était aussi le père du chanteur Mano Solo, lui aussi malheureusement disparu.
Wolinski, c’était un homme que j’avais croisé une fois, accompagné de Cavanna, au milieu des années 1990, à l’occasion de la première grande manifestation à laquelle j’avais participé. Cette manifestation était une réaction contre le meeting d’un parti qui ne cesse de véhiculer des valeurs de méfiance et de haine vis-à-vis de l’autre, qui salit les couleurs de la France, et qui doit bien rire de cette nouvelle tragédie. Dans le cortège, face à mon interrogation en voyant ces deux-là que des journalistes interpellaient pour recueillir leurs propos, c’était une amie qui m’avait appris de qu’il s’agissait. Je ne les connaissais pas, je ne connaissais pas leur travail, mais je me sentais lié à eux dans cette chaîne humaine unie pour faire barrage aux idées extrémistes.
Je suis triste pour vous, les victimes, et je pense aussi Ă  la douleur de vos familles et de vos proches.
Je suis triste pour vous, les artistes, dessinateurs, chroniqueurs ou autres membres du comité de rédaction, triste pour ce que vous représentiez, triste pour la liberté d’expression, triste de ne plus avoir de sourire quand je tombais occasionnellement sur les couvertures de Charlie Hebdo.
Je suis triste également pour les policiers abattus dans cette fusillade et qui, lors du déroulement de ce plan machiavélique, n’ont pas eu la possibilité d’assurer leur mission de protection.
Je suis triste enfin pour tous les musulmans que l’on va assimiler au sinistre trio de terroristes alors que, dans toute religion, il y a une part d’amour amenant à considérer l’autre comme son frère.
Que cette annĂ©e 2015, malgrĂ© son dĂ©part ratĂ©, vous apporte de la joie, de l’amour, et assalamu alaykoum, littĂ©ralement : « que la paix soit sur vous ».


Mardi, le 28 février 2012
I Will Always Love You
Il y a deux semaines, alors qu’une partie du monde pleurait la perte de The Voice, moi aussi, je perdais ma voix...
ĂŠtre privĂ© de paroles n’empĂŞche pas de tenir un beau rĂ´le, mais je n’ai ni le talent ni les mimiques de Dujardin, aussi — m’étant retrouvĂ© aphone — suis-je rentrĂ© un peu plus tĂ´t du travail. Dans le bus, en ce jour de la Saint Valentin, j’ai Ă©tĂ© un peu Ă©tonnĂ© de voir un très vieil homme avec des fleurs Ă  la main. À qui Ă©tait destinĂ© ce bouquet ? Au nouvel amour rencontrĂ© dans une maison de retraite ? À dĂ©corer la demeure de pierre de l’être aimĂ© disparu ?
Je me suis plu Ă  imaginer qu’il s’agissait tout simplement d’un petit cadeau fait par le vieux monsieur Ă  la femme de sa vie, la mĂŞme qu’à vingt ans, signe toujours renouvelĂ© d’un amour Ă©ternel...


Jeudi, le 5 janvier 2012
2012 : année du novlangue
Recevez mes meilleurs vœux en cette nouvelle annĂ©e !
Il faut se le dire, 2012 sera placĂ©e sous le signe du « novlangue » (ou le Newspeak du 1984 de George Orwell).

social, iale, iaux adj.
[1557; « agrĂ©able aux autres » 1506; « associĂ© » 1352; lat. socialis « sociable, relatif aux alliĂ©s », de socius « compagnon »]
(...)
Spécialt Qui concerne les conditions matérielles des travailleurs (généralement en vue de leur amélioration). Lois, mesures sociales. Avantages sociaux. Législation sociale. Politique sociale, concernant la situation matérielle de certains groupes sociaux particuliers (notamment pour corriger les disparités). Mesures de politique sociale en faveur des plus défavorisés.

Le Petit Robert, 2001.


L’adjectif « social » vient ainsi de prendre une nouvelle acception grâce Ă  la finesse des grands qui nous gouvernent : après les « plans sociaux » (euphĂ©misme pour dĂ©signer les licenciements collectifs), voici la « TVA sociale » (qui devrait se traduire par des taxes sur la consommation pesant identiquement sur la consommation des mĂ©nages pauvres ou riches).
Le terme « social » avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©naturĂ© Ă  partir des annĂ©es 1920 avec le « national-socialisme » de sinistre mĂ©moire. (Tiens, j’ai atteint le point Godwin tout seul !)
À travers ses jeux sur la langue, on est en droit de se demander si, en cette annĂ©e Ă©lectorale, le gouvernement de droite ne serait pas en train de travestir la signification originellement gĂ©nĂ©reuse de l’adjectif « social » pour pervertir notre reprĂ©sentation du socialisme...

Il suffit d’ajouter « militaire » Ă  un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique.

Georges Clemenceau





Lundi, le 19 septembre 2011
JEP : Journée sous l’Esprit de la Psychogéographie
Avant-hier, avec le compère AndrĂ©-François, nous avons profitĂ© des JEP (les JournĂ©es EuropĂ©ennes du Patrimoine) pour faire un peu de « psychogĂ©ographie ». Je n’aurais pu ĂŞtre mieux accompagnĂ© en cette occasion car l’ami AndrĂ©-François est expert en la matière : il a traduit et adaptĂ© PsychogĂ©ographie ! PoĂ©tique de l’exploration urbaine de Merlin Coverley, un ouvrage paru dans la collection « la bibliothèque des miroirs », volume 10, aux moutons Ă©lectriques Ă©diteurs, cette annĂ©e 2011.
Les JEP Ă©tant placĂ©es cette annĂ©e sous le signe des transports, nous avons dĂ©butĂ© notre promenade lyonnaise en nous rendant aux Brotteaux, ce quartier du 6e arrondissement de Lyon oĂą se trouve une ancienne gare. HĂ©las, point d’élĂ©ment spĂ©cial en ce week-end dĂ©diĂ© au patrimoine : la gare dĂ©saffectĂ©e depuis 1982, un beau bâtiment classĂ© au titre des monuments historiques, ne donnait Ă  voir que des miniatures de petits trains qui ne nous avaient guère intĂ©ressĂ©s. Nous avons Ă©tĂ© tout aussi déçus par la brasserie aux « cĂ©ramiques Art nouveau remarquables » (selon le programme) car aucune visite n’était prĂ©vue et nous arrĂŞter lĂ  aurait dĂ©rangĂ© la valse des serveurs s’occupant de leurs clients.
Ce n’est qu’en quittant le quartier en direction du RhĂ´ne pour nous retrouver Ă  l’HĂ´tel du gouverneur militaire de Lyon que nous avions eu de quoi nous mettre de jolies choses sous les yeux : la bâtisse est très belle avec son style Second Empire Ă  l’accent fortement italien dans sa dĂ©coration (avec voĂ»te, fontaines et arcades de la cour rappelant le style florentin). Au sortir de l’HĂ´tel du gouverneur, nous avons Ă©tĂ© surpris et amusĂ©s de voir la devanture d’une Ă©picerie surmontĂ©e de grandes lettres dĂ©coupĂ©es Ă  la police de caractères datĂ©e (entre l’après-guerre et les annĂ©es 1960) :
Nous avons pris une passerelle pour traverser le Rhône, sommes arrivés dans le 2e arrondissement, à la Place de la Bourse, mais la file d’attente présente au Palais du Commerce, trop importante, nous a fait changer nos plans et remettre la visite à une autre fois. Nous avons ainsi rejoint la foule présente dans la rue de la République, la Place Bellecour et la rue Victor Hugo, mettant les tendances agoraphobiques d’André-François à l’épreuve.
Arrivés à la gare de Perrache, nous n’avons pas trouvé les expositions qui auraient dû être présentes (dans les bâtiments de la gare ainsi qu’au sein du Grand Hôtel Château Perrache). Nous sommes cependant parvenus à découvrir qu’un train spécial pouvait nous déposer jusqu’au technicentre de Lyon et aux ateliers TER de la Mouche. En attendant le train, André-François se croyait à Bordeaux, et moi à Strasbourg. Il est vrai que ces trois gares, construites dans la deuxième moitié du XIXe siècle, présentent nombre de points communs architecturaux. Et comme André-François et moi sommes tous deux fils d’agents SNCF et que nous avons beaucoup profité du train durant nos études, nous avons l’un comme l’autre accumulé un stock considérable d’heures d’attente en gare, un livre à la main.
PsychogĂ©ographons un peu : les gares ont invariablement eu sur moi un effet apaisant. En effet, mĂŞme si je me retrouvais dans un coin complètement paumĂ© de France, je parvenais Ă  rester zen car, du moment oĂą il m’était possible de trouver une voie ferrĂ©e et, de lĂ , une gare, je ne me sentais pas perdu, disposant chaque annĂ©e d’un certain jeu de trajets gratuits nationaux et ayant ainsi la possibilitĂ© de rentrer chez moi, mĂŞme dĂ©sargentĂ©.
Un TER est entré en gare pour nous déposer au technicentre de Lyon-Gerland, seul centre TGV de province, destiné à l’entretien des TGV Duplex de la ligne Paris-Lyon (que j’emprunte à l’occasion pour me rendre dans la capitale) et du futur TGV Rhin-Rhône (qui me sera bien utile lors de prochains séjours alsaciens).
La visite a beaucoup plu Ă  AndrĂ©-François ; il est vrai que toutes ces mĂ©caniques ne manquent pas de charme, mais je n’ai pas rĂ©ussi Ă  ĂŞtre rĂ©ellement bluffĂ© par tout cela, ayant d’une part peu de goĂ»t pour l’univers des garagistes — fussent-ils ferroviaires — et ayant d’autre part eu la chance d’emprunter la ligne Paris-Lyon presque dès son ouverture, au tout dĂ©but des annĂ©es 1980, rendant « normal » ce qui pouvait paraĂ®tre Ă  d’autres merveilleux. NĂ©anmoins, parmi les TGV prĂ©sentĂ©s, il y avait quand mĂŞme le champion du monde de vitesse sur rail, belle bĂŞte qui avait fait une pointe Ă  574,8 km/h. Et puis, comme Ă  la gare des Brotteaux, nous avons eu droit Ă  une exposition de trains miniatures, dans un dĂ©cor très datĂ© « France d’autrefois », caricature des annĂ©es 1960... avec malgrĂ© tout des Ă©lĂ©ments anachroniques tels qu’une multitude de velux modernes sur les toits ou, plus Ă©tonnant pour des spĂ©cialistes, des TGV de couleurs orangĂ©e (les premiers modèles, qui dataient du dĂ©but des annĂ©es 1980) ou gris et bleu dans leur version « Atlantique » (dont la mise en service ne date que de 1989). Cela nous a amenĂ© Ă  nous interroger sur de nouvelles formes d’uchronies : après le steampunk et un de ses avatars comme le diesel-punk, pourrait-on imaginer un genre tel que le TGV-punk ? (Que ce serait-il passĂ© si le TGV Ă©tait apparu dès les annĂ©es 1960 ?)
Nous avons quittĂ© le technicentre en passant par un petit bout du 8e arrondissement et par le 7e, en suivant la route de Vienne, la rue Chevreul et nous avons plongĂ© dans le quartier multiethnique traversĂ© par la rue de Marseille. Dans le 3e arrondissement, nous nous sommes retrouvĂ©s Ă  la place Bahadourian pour rejoindre le quartier de la Part-Dieu au plus court, c’est-Ă -dire en prenant la rue Moncey, cette fameuse rue « euclidienne » (dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© dans cet article), une des rares rues qui passe en diagonale et qui permet d’éviter toutes les rues et tous les cours qui se coupent Ă  angle droit, pressĂ©s que nous Ă©tions d’échapper Ă  la pluie qui commençait Ă  tomber Ă  grosses gouttes en cette fin d’après-midi.


Jeudi, le 18 aoűt 2011
La période infernale de 10 000 jours plus ou moins 10 pourcents (10kD±10%)
Il y a moins d’un mois, l’auteur-compositrice et interprète britannique Amy Winehouse était retrouvée décédée dans son appartement londonien, rejoignant ainsi le funeste Club des 27.
Le Club des 27 regroupe tout un ensemble de musiciens de rock et du blues dĂ©cĂ©dĂ©s Ă  l’âge de 27 ans. Pourquoi tant de cĂ©lĂ©britĂ©s de la musique sont-elles mortes Ă  cet âge ? En 1978 (dĂ©jĂ  !), Serge Gainsbourg s’interrogeait sur la disparition prĂ©coce des pop-stars des Sixties Ă  travers une chanson interprĂ©tĂ©e par Jane Birkin dans une sinistre Ă©numĂ©ration : Brian Jones, Jim Morrison, Eddy Cochran, Buddy Holly, Jimi Hendrix, Otis Redding, Janis Joplin... MĂŞme si Cochran, Holly et Redding ne font pas partie du Club des 27, Ă©tant morts pour certains encore plus jeunes dans des accidents de taxi ou d’avion, on pourra s’étonner du nombre d’overdoses, d’accidents liĂ©s Ă  la prise d’alcool et mĂ©dicaments ou de suicides de ces musiciens Ă  l’âge de 27 ans...
Je ne connaissais pas bien ces musiciens — Ă©tant nĂ© après leurs morts — mais il m’aurait Ă©tĂ© difficile de passer Ă  cĂ´tĂ© de l’interprĂ©tation Ă  la guitare Ă©lectrique de l’hymne amĂ©ricain par le Voodoo Child ou d’ignorer un groupe comme les Rolling Stones alors que je ne savais pas que Brian Jones en avait Ă©tĂ© le membre fondateur. Quant Ă  Jim Morrison et les Doors, leur chanson The End illustrait l’Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979) et le groupe Ă©tait un peu revenu Ă  la mode au dĂ©but des annĂ©es 90’ avec le film d’Oliver Stone.
Mais pourquoi 27 ? Je m’étais un jour amusĂ© avec les fonctions de dates d’un tableur, et j’avais remarquĂ© que cette annĂ©e Ă©tait celle des 10 000 jours de vie d’un individu. En considĂ©rant une pĂ©riode de plus ou moins 10 %, cela donne une pĂ©riode infernale comprise entre 24 ans (9000 jours) et 30 ans (11000 jours) oĂą on retrouve de nombreuses cĂ©lĂ©britĂ©s tuĂ©es dans des processus d’auto-destruction, qu’elles soient du monde de la musique ou du cinĂ©ma :
  • l’acteur James Dean, nĂ© le 08/02/1931 et mort le 30/09/1955 dans un accident de voiture, soit Ă  exactement 9000 jours de vie ;
  • Brian Jones, nĂ© le 28/02/1942 et mort noyĂ© le 03/07/1969 dans sa piscine, après avoir abusĂ© des amphĂ©tamines et de l’alcool, soit Ă  9987 jours de vie ;
  • Jimi Hendrix, nĂ© le 27/11/1942 et mort le 28/09/1970 après d’être Ă©touffĂ© dans son vomi Ă  la suite d’un abus de barbituriques et d’alcool, soit Ă  10167 jours de vie ;
  • Janis Joplin, nĂ©e le 19/01/1943 et morte le 04/10/1970 des suites d’une surdose d’hĂ©roĂŻne, soit Ă  10120 jours de vie ;
  • Jim Morrison, nĂ© le 08/12/1943 et retrouvĂ© mort dans la baignoire d’un appartement parisien le 03/07/1971, soit Ă  10069 jours de vie ;
  • plus près de nous, Kurt Cobain, le chanteur et guitariste du groupe de grunge Nirvana, nĂ© le 20/02/1967 et mort le 05/04/1994 d’un suicide par balle, soit Ă  9906 jours de vie;
  • l’acteur australien Heath Ledger, le touchant interprète du cowboy gay du Secret de Brokeback Mountain et le terrible Joker du Dark Knight : Le Chevalier noir, nĂ© le 04/04/1979 et mort le 22/01/2008 des suites d’une intoxication aiguĂ« due aux effets combinĂ©s de divers mĂ©dicaments, soit Ă  10520 jours de vie ;
  • enfin, la chanteuse Amy Winehouse, nĂ©e le 14/09/1983 et morte le 17/08/2011, soit Ă  10199 jours de vie.
Les psychologues ou psychiatres auraient-ils une thĂ©orie pour expliquer la raison de ce pic de dĂ©cès des artistes aux alentours de leurs 10000e jour de vie ? Petits icares, qui volez vers le succès en cette pĂ©riode infernale des 10 000 jours ±10% de votre vie, prenez garde Ă  ne pas vous approcher trop près du soleil...


Mardi, le 22 mars 2011
Changements
Pas beaucoup de changements au niveau de ce site dernièrement, pourtant il s’est produit...
  • des changements sur terre, avec la production d’évĂ©nements naturels attendus avec crainte, et leurs terribles amplifications destructrices lorsqu’ils viennent toucher aux constructions humaines,
  • des changements en cours dans le monde, avec des rĂ©volutions porteuses d’espoir,
  • des changements dans ma vie, avec un jour oĂą je me suis un peu senti comme Benabar :



Jeudi, le 20 janvier 2011
La rue euclidienne
Ă€ Lyon, pour traverser Ă  pied le 3e arrondissement en diagonale (par exemple pour aller de la gare de la Part-Dieu Ă  la PrĂ©fecture), on se retrouve face Ă  joli problème mathĂ©matique : celui des calculs de distance.
Dans ce quartier, la plupart des rues sont soit parallèles au quai du RhĂ´ne (qui s’écoule grosso modo selon un axe nord-sud), soit sont perpendiculaires aux premières et traversent la ville d’est en ouest. Par consĂ©quent, pour faire le chemin entre la gare et la prĂ©fecture, la distance Ă  prendre en considĂ©ration n’est pas celle que l’on pourrait estimer Ă  vol d’oiseau mais est celle que l’on obtient en additionnant les chemins totaux selon les axes nord-sud et est-ouest. En effet, il n’est ici pas possible de traverser les immeubles de part en part puisqu’on ne peut pas y trouver les fameuses traboules. Cette dernière distance est appelĂ©e dans le jargon des mathĂ©maticiens la « distance de Manhattan » car on rencontre exactement le mĂŞme genre de problème dans la cĂ©lèbre Ă®le new-yorkaise.
Dans la figure ci-dessous, pour relier les deux points en rouge, en suivant les axes horizontaux ou verticaux en vert ou en bleu, on est obligĂ© de faire un chemin de 7 unitĂ©s (4 unitĂ©s dans le sens horizontal plus 3 unitĂ©s dans le sens vertical).
Figure 1: distance de Manhattan

Cependant, le chemin le plus rapide pour relier ces deux points rouges est la ligne droite (reprĂ©sentĂ©e ci-dessous en ligne avec tirets), qui ici ne fait que 5 unitĂ©s par application du thĂ©orème de Pythagore :
racine(32 + 42) = racine(9 + 16) = racine(25) = 5.
Figure 2: distance euclidienne

On pourrait se dire que, même si on ne peut pas suivre de chemin en diagonale, pour grignoter un peu de ces deux unités de différence entre les deux chemins, plutôt que de prendre les grandes avenues représentées en vert et en bleu plus haut, on pourrait prendre des rues plus proches du chemin idéal, comme le chemin en violet dans la troisième figure.
Pourtant, il n’en est rien : dès que des rues se croisent Ă  angle droit, on retombe sur une distance de 7 unitĂ©s...
Figure 3: encore la distance de Manhattan

Ce qui peut sembler paradoxal, c’est que mĂŞme si les immeubles Ă©taient tout petits et qu’il y existait une multitude de rues entre les blocs d’immeubles permettant de mieux s’approcher du chemin idĂ©al, dans la mesure oĂą ces rues se croisent Ă  angle droit, le chemin aurait malgrĂ© tout une distance de 7 !
En fait, si on regarde attentivement Ă  la loupe un fin segment de droite traversant en diagonale l’écran d’un ordinateur, on se rend compte que les pixels ne suivent pas un chemin Ă  angle droit, comme une tour se dĂ©plaçant d’une case sur un Ă©chiquier, mais « sautent » parfois directement sur une case en diagonale, comme la pièce du fou.
Enfin, il existe heureusement Ă  Lyon une rue spĂ©ciale qui traverse le quartier en diagonale : la rue Moncey. Et chaque fois que je l’emprunte, comme elle permet de traverser plus vite le quartier, j’ai envie de l’appeler « la rue euclidienne »...


Dimanche, le 26 décembre 2010
Choix de vie
À quelques jours de la nouvelle année, c’est classiquement l’heure des bilans. C’est le moment de prendre un instant pour s’interroger sur certains choix de vie, des choix que l’on peut faire à tout âge...
Ainsi, hier, ma nièce de cinq ans a reçu comme cadeaux — parce que c’est ce qu’elle a commandĂ© au père NoĂ«l ! — le jet privĂ© de Barbie (celui avec coin salon, coin cuisine et qui se transforme mĂŞme en destination paradisiaque) et un ensemble avec une table et un fer Ă  repasser (qui fait mĂŞme de la vapeur). Toute petite, elle semble donc dĂ©jĂ  hĂ©siter entre une existence dans l’hyperluxe et un quotidien plus ordinaire avec des tâches mĂ©nagères.
Comme quoi, mĂŞme si Sigmund Freud a fait bien des conneries (merci Michel pour l’avoir rappelĂ© !), voilĂ  un Ă©lĂ©ment qui illustre bien la thĂ©orie psychanalytique de l’opposition entre le principe de plaisir et le principe de rĂ©alitĂ©...



Mardi, le 23 novembre 2010
Positions papales sur la calotte de popol
D’ordinaire je n’aborde pas le sujet, parce que cela a tendance Ă  me mettre dans une colère noire, mais je ne peux pas m’empĂŞcher de me rĂ©jouir de la toute rĂ©cente position du pape BenoĂ®t XVI qui admet, pour la première fois, que l’utilisation du prĂ©servatif n’est plus Ă  proscrire dans toutes les situations. En effet, dans « certains cas », selon lui, il peut ĂŞtre utilisĂ© pour rĂ©duire les risques de contamination, notamment par le virus du sida.
AllĂ©luia !
Certes, ce retournement de bon sens de l’Église catholique romaine n’est qu’un trop faible assouplissement de la position extrĂŞme tenue jusqu’alors et aura bien du mal Ă  faire oublier les ravages causĂ©s par le virus et autres MST dans des pays d’Afrique oĂą la parole du pape fait force de loi, mais ce changement est, pour les optimistes comme moi, un espoir de voir les dirigeants catholiques ĂŞtre un peu plus Ă  l’écoute de la sociĂ©tĂ© et de ses problèmes actuels.
De plus, ce qui peut s’appliquer au sida peut s’appliquer aux autres maladies mortelles, et par consĂ©quent l’emploi du prĂ©servatif comme moyen de contraception n’est finalement plus Ă  remettre en cause par les croyants et pratiquants de l’Église catholique romaine... En effet, car si on y rĂ©flĂ©chit un peu, on peut se ranger aux arguments du grand philosophe et essayiste mais accessoirement aussi rĂ©alisateur, scĂ©nariste, acteur et nouvelliste amĂ©ricain Allen Stewart Königsberg :
La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible.

Prions pour que dans un jour proche les propos tenus dans la chanson l’Enceinte vierge d’Agnès Biehl n’aient plus de raison d’être...



Lundi, le 22 novembre 2010
Small world
Hier, je me trouvais en Suisse, et j’ai déjeuné avec ami français dans un restaurant chinois. À un moment, il a calculé les heures de décalage avant de s’excuser pour envoyer, avant qu’elle ne dorme, un message depuis son téléphone portable à une copine russe vivant près de la mer du Japon...


Jeudi, le 18 novembre 2010
Huit ans
Lundi, le 18 novembre 2002, je postais mon avis d’arrivée sur la planète WebLog.
Ces derniers temps, j’ai volontairement rĂ©duit le rythme de mise Ă  jour de mon blogue afin que cet anniversaire tombe très prĂ©cisĂ©ment Ă  l’occasion de l’article numĂ©ro 500. PlutĂ´t qu’un nouveau bilan de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e, ou une rĂ©flexion sur l’intĂ©rĂŞt de tenir un blogue sur mon site, je prĂ©fère parler de deux petits Ă©vĂ©nements rĂ©cents qui m’ont fait sentir de manière assez frappante le passage du temps...
La semaine dernière, avec le « Capitaine » AndrĂ©-François, je me suis rendu Ă  la Marquise, une pĂ©niche amarrĂ©e sur les quais du RhĂ´ne, pour assister au concert du groupe stĂ©phanois French Kitch. Premier coup de poing dans la face de Monsieur-le-Temps-qui-passe : le batteur de ce groupe de rock est Alain, le fils de Jean-Jacques Girardot, mon ami et collègue, mais aussi l’auteur de science-fiction avec qui j’avais Ă©crit « Quand s’envoleront ma vie et ma conscience... », mon premier texte publiĂ© professionnellement (il y a... près de huit ans, lĂ  encore). Les premières fois oĂą j’avais croisĂ© Jean-Jacques furent notamment les Conventions de Science-Fiction Française, et ce dernier venait accompagnĂ© d’un garçonnet, un drĂ´le de lutin blond qui faisait chuter la moyenne d’âge des personnes prĂ©sentes aux conventions SFF, lieux de rassemblement des grands enfants que sont souvent les amateurs du genre. Le lutin avait bien grandi, et ce soir-lĂ  Ă  la Marquise, j’ai pu voir qu’il se dĂ©pensait avec une belle Ă©nergie pour rythmer de la musique qui fait du bruit. Deuxième coup de poing : la musique jouĂ©e par les groupes actuels est un revival des annĂ©es 1980, c’est-Ă -dire de « mes » annĂ©es, de la musique que j’écoutais en tant qu’adolescent. Ben mince alors, moi qui avais du mal Ă  comprendre que des amis un peu plus âgĂ©s ne juraient que par la musique des annĂ©es 1960 ou 1970, voilĂ  que je me trouvais face Ă  des gamins, enfin des tout jeunes adultes, qui ont pour influence Cure ou TĂ©lĂ©phone...
Enfin, avant-hier, en prenant le train pour rentrer Ă  Lyon, j’ai vu un vieux monsieur aux cheveux gris qui ne m’était pas inconnu. Celui-ci, voyant mon regard un peu insistant, m’a aussi regardĂ©. À son air, sans beaucoup entrer dans le jeu des mĂ©ta-reprĂ©sentations, j’ai compris qu’il avait compris qu’il Ă©tait reconnu comme familier, sans pour autant ĂŞtre identifiĂ©. Je l’ai donc croisĂ©, hĂ©sitant un peu avant de passer sans oser le saluer, me trouvant trop gĂŞnĂ© de ne pas pouvoir lui donner un nom. Ce n’est que dans le train que je me suis souvenu de qui il s’agissait : Jean-Claude Bourret, l’ancien prĂ©sentateur des journaux tĂ©lĂ©visĂ©s de TF1 dans les annĂ©es 1970 et 1980. Ouch ! À nouveau, le temps avait fait son effet : dans mes souvenirs, le journaliste n’avait pas les cheveux gris, mais la dernière fois que j’avais dĂ» voir une image de lui remontait Ă ... une Ă©poque bien lointaine oĂą je vivais encore chez mes parents qui disposaient d’un poste de tĂ©lĂ©vision.


Mardi, le 9 novembre 2010
Occasion peut-être manquée
Dans le film Mange, Prie, Aime réalisé par Ryan Murphy ou dans le livre l’Homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle, le personnage principal, en quête spirituelle et de lui-même, rencontre un vieux sage auprès duquel sa vie reprend son sens. Et dans les deux cas, cela se passe sur l’île de Bali.
C’est un peu frustrant : je me suis rendu l’étĂ© dernier dans ce lieu magique et je n’ai pas eu l’occasion de faire une telle rencontre. J’ai visitĂ© des temples hindous, j’ai vu des paysages superbes de rizières en terrasse, mais je n’ai pas connu le choc Ă©motionnel de ces deux personnages de fiction. Par contre, avant d’arriver sur terre, j’avais passĂ© une semaine en croisière oĂą j’ai fait de la plongĂ©e sous-marine. Sous l’eau, dans un cadre fĂ©Ă©rique, je n’ai pas cherchĂ© Ă  observer le maximum d’espèces marines qu’il soit possible de voir, je me suis contentĂ© d’évoluer, tout simplement, dans cet autre univers, avec l’étrange impression de voler, et je pense qu’il s’agit de la sensation la plus proche de ce que peuvent vivre les astronautes, moi qui ai toujours rĂŞvĂ© de voyager d’une Ă©toile Ă  l’autre.
Après tout, un gourou n’est pas nécessaire pour se sentir en harmonie avec le monde et avec soi-même...


Jeudi, le 21 octobre 2010
J’en ai un peu honte...
...mais hier, j’aurais pu passer la journĂ©e Ă  Ă©couter France Info. D’ordinaire, c’est la radio que l’on n’écoute guère plus de vingt minutes, en prenant le petit dĂ©jeuner, après avoir pris sa douche et avant d’aller partir bosser. L’écouter plus longtemps, c’est du masochisme : les flashs sont les mĂŞmes tous les quarts d’heure, ou presque, les mĂŞmes reportages reviennent toutes les heures, c’est une rĂ©pĂ©tition qui donne vite la nausĂ©e. Il faut vraiment attendre l’annonce d’une nouvelle très spĂ©ciale et très importante pour parvenir Ă  rester brancher en continu sur cette frĂ©quence.
Or, hier, il y avait la grève du personnel de la radio, et donc on a pu avoir droit Ă  de la musique, d’un genre assez indĂ©terminĂ©, de la musique de films, des chansons françaises, de la pop anglaise, enfin pas de gros rap qui tache ou de cet insupportable R’n’B contemporain, mais un ensemble de musiques rĂ©centes ou anciennes qui aurait pu ressembler Ă  ma propre playlist augmentĂ©e de titres du type « si vous avez aimĂ© cette musique, vous aimerez aussi celle-ci ».
Avec quelques scrupules, je me mets à souhaiter une nouvelle grève de la radio...


Lundi, le 6 septembre 2010
Compagnies aériennes et aéroports
J’ai beaucoup pris l’avion ces derniers temps. En vrac, je peux dire que j’aime bien :


Vendredi, le 27 aoűt 2010
Si loin, si proche...
Cherchez l’erreur :
Un espace Rhône-Alpes et une galerie d’Art inuit à Montréal
Dans le Vieux-MontrĂ©al, Ă  cĂ´tĂ© d’une galerie d’Art inuit se trouve un « espace RhĂ´ne-Alpes »...


Samedi, le 24 juillet 2010
Incivilité
Passant pas mal de temps en transports en commun, j’ai de nombreuses occasions de cĂ´toyer mes semblables, ce qui est le plus souvent agrĂ©able tant que l’on n’est pas victime ou tĂ©moin de marque d’incivilitĂ©. Je suis surpris de dĂ©couvrir que mon dictionnaire indique pour « incivilitĂ© » qu’il s’agit d’un terme vieux ou littĂ©raire, de mĂŞme que l’emploi est considĂ©rĂ© vieilli pour « civilitĂ© » qui est dĂ©fini comme l’observation des convenances, des bonnes manières en usage dans un groupe social. Peut-ĂŞtre ai-je encore des mœurs d’un autre temps, ou en vigueur dans d’autres rĂ©gions (le plus bel exemple d’individus pour lesquels la civilitĂ© n’est pas une valeur oubliĂ©e me semble ĂŞtre les Japonais).
L’autre jour, je prenais un train rĂ©gional quand, parmi les nombreux voyageurs montant Ă  une gare, s’est installĂ© Ă  quelques sièges de ma place un homme d’un certain âge, de style un peu vieux beau. Ă€ peine assis, ce monsieur a fait sonner son tĂ©lĂ©phone portable, avec une petite musique pĂ©nible et bien forte, comme s’il Ă©tait en train de se dĂ©cider Ă  modifier ses sonneries. Des regards — souvent noirs — se sont dirigĂ©s massivement sur l’importun, mais celui-ci n’y prĂŞtait pas attention, tout comme il ignorait la signalĂ©tique avec l’explicite tĂ©lĂ©phone portable endormi. D’ordinaire, je n’hĂ©site pas Ă  « faire la loi » lorsqu’il y a quelqu’un qui me dĂ©range ou ennuie les autres passagers, par exemple en fumant, mettant ses pieds sur les sièges ou allumant de la musique très fort. Il s’agit cependant le plus souvent de jeunes qui finissent par obĂ©ir, mĂŞme s’ils jouent aux petits caĂŻds pour ne pas perdre la face devant leurs copains. Mais lĂ , il y avait pas mal de personnes entre le monsieur et moi, et cela ne m’était pas encore arrivĂ© de faire des remarques Ă  quelqu’un de plus âgĂ©. L’homme a ensuite passĂ© un appel, en parlant bien haut pour que tout le wagon puisse profiter de sa conversation d’une banalitĂ© affligeante. Enfin, cinq minutes avant d’arriver au terminus, il s’est levĂ© pour chercher ses bagages et s’est placĂ© devant la porte, histoire de bien faire comprendre que c’était lui qui allait ĂŞtre le premier Ă  dĂ©barquer, comme s’il voulait dire Ă  tout le monde qu’il Ă©tait quelqu’un d’important et de pressĂ©.
Au moment oĂą je sortais du train, je ne pus m’empĂŞcher de sourire lorsque je le vis sur le quai rĂ©servĂ© aux techniciens : il s’était trompĂ© et, penaud, devait remonter dans le train pour sortir du cĂ´tĂ© voyageur, et cela après nous tous.
Il faut croire que l’incivilité va de pair avec l’imbécilité...


Jeudi, le 15 juillet 2010
Ma garden party en Afrique
En ces temps Ă©tonnants oĂą le PrĂ©sident renonce Ă  sa fĂŞte estivale privĂ©e dans les jardins de l’ÉlysĂ©e pour que l’on pense moins Ă  certains scandales, je me rappelle de la curieuse garden party Ă  laquelle j’avais participĂ©, il y a une quinzaine d’annĂ©es...
Pendant mes Ă©tudes, j’ai eu l’occasion de faire un stage de quelques mois en Belgique, en banlieue de Liège. Pendant cette pĂ©riode, j’ai beaucoup sympathisĂ© avec les autres Ă©tudiants Ă©trangers — non pas mes concitoyens, qui donnaient une dĂ©plorable image de la France aux Belges — mais des pays essentiellement africains, d’anciennes colonies belges ou françaises. LĂ -bas, je m’étais liĂ© d’amitiĂ© avec Karim, un Belgo-Tunisien qui passait son temps entre Liège oĂą se dĂ©roulaient ses Ă©tudes, Louvain oĂą il passait quelques week-ends auprès de sa tante flamande, et la Tunisie oĂą il retrouvait ses parents durant les vacances. Un an après mon stage, Karim Ă©tait venu visiter l’Alsace et, l’annĂ©e suivante, c’est moi qui suis allĂ© le voir Ă  Tunis, pendant le mois de juillet.
Cette annĂ©e-lĂ , je n’avais pas fĂŞtĂ© le 14 juillet mais... le 21. Je me suis en effet retrouvĂ© parmi le gratin des Belges vivant en Tunisie, intrus prĂ©sentĂ© comme un « Belge de Strasbourg » par le facĂ©tieux père de Karim. Après avoir Ă©coutĂ© la Brabançonne (que je n’avais jamais entendue auparavant) et un discours en français et en flamand de Son Excellence, nous nous sommes restaurĂ©s de petits fours et de cochonnaille (car il Ă©tait bien difficile d’en trouver dans ce pays très majoritairement musulman). Les potins allaient bon train, aidĂ©s en cela par la bière qui coulait Ă  flot dans la chaleur magrĂ©bine. Cet Ă©tĂ©, c’était de la Jupiler qui Ă©tait servie et j’avais alors appris que, d’une annĂ©e Ă  l’autre, il y avait de soit de la bière wallonne (la brasserie de Jupille-sur-Meuse se trouvant en banlieue de Liège) soit de la Stella Artois, une bière brassĂ©e Ă  Louvain.
Eh oui, même pour cela, dans le royame d’outre-Quiévrain, il fallait trouver de quoi ne froisser aucune susceptibilité...


Vendredi, le 25 juin 2010
Témoin d’un accident
C’est très chouette de pouvoir partir à l’autre bout du monde pour aller faire de la plongée sous-marine... mais il faut pour cela faire quelques vaccins et avoir un certificat de non contre-indication à la pratique de ce sport. En me rendant ce matin chez le médecin, je commençais à m’impatienter sur le trottoir en attendant que le feu soit vert pour les piétons. Moins prudent que moi, un jeune homme a traversé la route... et s’est fait renverser par un scooter en un impressionnant vol plané.
Moment de stupeur. Deux blessĂ©s Ă  terre dans un amas de bouts de plastique et de ferraille. J’ai sorti mon tĂ©lĂ©phone portable pour appeler les pompiers. Je n’étais a priori pas le premier Ă  composer le 18 : au standard mon interlocuteur avait parlĂ© d’un scooter avant moi.
Le coup de fil passé, le piéton renversé et la conductrice du scooter étaient à nouveau debout, en état de choc et en sang, cependant il n’était plus de question de vie et de mort, c’était rassurant. Voyant que les blessés étaient pris en charge par d’autres témoins de la scène et entendant la sirène des pompiers, je me suis résolu à quitter les lieux pour aller à mon rendez-vous.
Qui Ă©tait en tort ? Le piĂ©ton avait traversĂ© alors que le feu Ă©tait rouge, c’est un fait. Mais le scooter, allait-il trop vite ? J’aurais Ă©tĂ© bien en peine de pouvoir rĂ©pondre Ă  cette question.
Dans la salle d’attente du mĂ©decin, j’ai repris la lecture d’un essai de neuropsychologie destinĂ© Ă  la mĂ©moire, et je suis justement tombĂ©, dans un chapitre consacrĂ© aux faux souvenirs et aux distorsions, sur une expĂ©rience menĂ©e par des psychologues amĂ©ricains (dont on peut trouver l’article ici) qui consistait Ă  indiquer quelle Ă©tait la vitesse des vĂ©hicules Ă  des sujets assistant Ă  la projection de courts films montrant des accidents de voitures. Les rĂ©sultats variaient Ă©normĂ©ment suivant la force des termes employĂ©s dans la question (d’une vitesse considĂ©rĂ©e comme plus faible pour une question avec l’expression « les voitures sont entrĂ©es en contact » Ă  une vitesse considĂ©rĂ©e comme beaucoup plus rapide quand la question parlait de voitures qui « se sont Ă©crasĂ©es l’une contre l’autre »).
Si j’avais dĂ» tĂ©moigner de la scène, alors que j’avais pourtant vraiment bien vu le scooter arriver, je pense que j’aurais sans doute surestimĂ© sa vitesse en raison des Ă©lĂ©ments gardĂ©s en mĂ©moire : la violence du bruit de la collision et les images saisissantes de l’accident.


Mercredi, le 23 juin 2010
L’équipe
L’overdose des informations footballistiques va sans doute s’arrêter, et c’est tant mieux.
J’éprouve en effet une profonde aversion pour les sports d’équipe, et cela remonte Ă ... loin... vraisemblablement Ă  mes premières annĂ©es de collĂ©gien. À l’époque, j’étais plutĂ´t petit par rapport Ă  ma classe d’âge (Ă©tant nĂ© en fin d’annĂ©e) et, plus que tout, je dĂ©testais l’esprit de compĂ©tition. Je n’étais pas vraiment nul en sport, mais je montrais une mauvaise volontĂ© Ă©vidente Ă  obĂ©ir aux capitaines pour marquer ou dĂ©fendre un but ou un panier contre d’autres joueurs que je n’arrivais pas Ă  considĂ©rer comme des adversaires. Les « leaders nĂ©s » l’avaient vite compris et, au moment de composer des Ă©quipes, j’étais souvent choisi en dernier, après les grassouillets qui, bien que patauds, faisaient preuve d’une bien meilleure motivation que moi.
Mon meilleur ami, en classe de 6ème, montrait le mĂŞme dĂ©sintĂ©rĂŞt que moi pour « l’esprit d’équipe », aussi les profs, dĂ©sespĂ©rĂ©s de nous voir ainsi, nous faisaient jouer avec les filles, ce qui n’avait absolument rien de dĂ©sagrĂ©able (une compagnie fĂ©minine Ă©tait toujours plus plaisante, sans doute n’étions nous pas en retard sur tous les plans).
Le sport que je pratiquais alors était le judo, quand j’aimais beaucoup tant qu’il s’agissait de découvrir la philosophie japonaise qui l’accompagnait et d’apprendre les gestes permettant une meilleure maîtrise de son propre corps. Je me suis cependant mis à détester ce sport au moment où j’ai été obligé de faire des combats, et j’avoue que j’ai passé des samedis après-midis de cauchemar dans les dojos de la région pour participer à d’abrutissantes et frustrantes compétitions.
Depuis, rien n’a changĂ©. J’ai toujours aussi peu de considĂ©ration pour les sports qui mettent en avant la compĂ©tition ou d’autres valeurs que je ne partage pas. Mon sport favori est la plongĂ©e sous-marine : l’équipe s’appelle ici « une palanquĂ©e », et ce qui nous unit n’est pas un esprit agressif envers d’autres joueurs mais une confiance mutuelle nous permettant d’évoluer en sĂ©curitĂ© dans un autre monde, l’eau et la fĂ©erie des fonds du grand bleu...


Jeudi, le 10 juin 2010
Tokyo : Jour 5
Lost in T[ranslation]okyo.
Il y a quelques années, lors de mon premier séjour au Japon, j’ai réussi à rentrer à mon hôtel après une heure de déambulation hésitante alors que je m’étais trompé de sortie à la station de métro, qu’il était très tard lorsque j’avais quitté mon collègue japonais et que je n’y voyais plus très clair car le repas au restaurant était fort arrosé. Néanmoins, je me trouvais non dans la capitale mais dans une grande ville de l’île de Kyushu aux dimensions beaucoup plus modestes, et mon hôtel était un grand bâtiment ultramoderne présent sur une des principales avenues.
À Tokyo, mon hôtel est situé au sein d’un dédale de petites rues, avec peu de points caractéristiques sur le chemin pour se repérer. Et en utilisant de façon erronée l’astuce mnémotechnique donnée par le collègue tokyoïte, j’ai confondu le nom de deux stations de métro et je me suis retrouvé à Shinjuku, le quartier des gratte-ciel situé à l’est, au lieu du paisible quartier de Ueno, beaucoup plus au nord. Après avoir repris le métro, je me suis retrouvé dans le bon quartier, mais je n’ai plus réussi à reconnaître les précieux indices permettant de me mettre sur la voie de mon hôtel, et comme je n’avais pas sur mon bout de plan les rues où ce dernier se situait, en essayant diverses rues au hasard, je ne faisais que m’éloigner de mon objectif. C’est ainsi que, un peu lâchement, j’ai arrêté un taxi et donné mon illisible bout de papier avec les informations écrites dans les seuls caractères japonais au chauffeur... et, après avoir fait demi-tour, j’ai pu rentrer chez moi en un quart d’heure.
Tokyo, ville aux multiples facettes, quartier de Ginza



Mercredi, le 9 juin 2010
Tokyo : Jour 4
J’ai un point commun avec les Japonais qui tient dans un mouchoir de poche.
Un élément déroutant, au Japon, est l’absence de serviette. Bien sûr, il y a des serviettes de table au restaurant, ces fameuses serviettes humides chaudes, mais lorsque l’on veut se laver les mains dans un lieu public, il n’y a ni serviette en papier ou en tissu, ni séchoir à main. Il se trouve que les Japonais ont toujours sur eux un mouchoir en tissu qui leur permet de s’essuyer.
C’est amusant, parce que j’ai l’habitude d’avoir dans les poches de mon pantalon des mouchoirs, l’un pour me moucher (car j’ai horreur des mouchoirs en papier), l’autre pour m’essuyer les mains au cas où je tomberais sur un séchoir ne marchant plus ou sur un bac à serviettes vide.
Je n’avais cependant pas imaginé que cette petite manie aurait une réelle utilité ici.
Un restaurant de « cuisine française » Ă  Tokyo



Mardi, le 8 juin 2010
Tokyo : Jour 3
Je me sens un peu comme Carrie Bradshaw.
Oui, c’est ça, le personnage de Sex and the City joué par Sarah Jessica Parker, la série télévisée (que je n’ai jamais regardée d’ailleurs) (mais dont je suis allé voir la première adaptation du film) (enfin, ma copine de l’époque m’a poussé à aller voir ce film) (ouais, on accepte parfois n’importe quoi quand on est amoureux).
Comment en suis-je venu Ă  me sentir comme l’hystĂ©rique new-yorkaise depuis que je suis Ă  Tokyo ?
RĂ©ponse : les chaussures !
Je passe mon sĂ©jour au Pays du Soleil Levant dans un hĂ´tel traditionnel. Par « traditionnel », il faut entendre un petit hĂ´tel, avec salle de bain commune, un jardin ravissant avec un plan d’eau rempli de poissons, etc. Or, quand on entre dans l’hĂ´tel, la première chose Ă  faire est se dĂ©chausser pour mettre les chaussons d’intĂ©rieur. Mais attention, pas question d’entrer dans sa chambre avec ! Il faut ĂŞtre pieds nus ou en chaussettes. Et on quand on va aux toilettes, il faut porter les « sandales pour toilettes », et pour pouvoir faire un tour dans le petit jardin, lĂ  encore, il faut mettre les sandales appropriĂ©es... Bref, je change de pompes encore plus souvent que Carrie.
L’emplacement pour chaussures rĂ©servĂ© Ă  « Monsieur Fabrice »



Lundi, le 7 juin 2010
Tokyo : Jour 2
L’Orient est indéniablement très en avance sur l’Occident.
Déjà, ce matin, avant de partir travailler à Todai, j’ai pu échanger quelques mots en messagerie instantanée avec de la famille au Canada. Alors qu’au Japon nous débutions la semaine, c’était encore un soir de week-end en Amérique. C’est très curieux.
Puis, après une bonne journée de boulot, nous avons dîné dans un sushi-bar près du Dome et de l’Institut Kodokan. Je crois n’avoir jamais goûté à autant de variétés de poissons, crustacés et coquillages crus accompagnés de riz. Il y avait pas mal d’animation devant le Dome car les Giants disputaient un match de base-ball contre une autre équipe de l’archipel.
Et lĂ , de retour Ă  l’hĂ´tel, je lis avec amusement le courrier Ă©lectronique d’un collègue en France qui me demandait si je voulais dĂ©jeuner en sa compagnie. Comment ! DĂ©jeuner ?...
Rien à voir avec le sushi-bar, mais les reproductions donnent une bonne idée de ce qu’il peut y avoir dans l’assiette



Dimanche, le 6 juin 2010
Tokyo : Jour 1
Mais oĂą est passĂ© mon week-end ?
Samedi, en dĂ©but d’après-midi, je suis allĂ© Ă  l’aĂ©roport de Lyon Saint-ExupĂ©ry. Une escale de quelques heures, un vol retardĂ© pour cause de problème technique, une nuit de sommeil difficile dans l’avion, une arrivĂ©e Ă  Narita en milieu d’après-midi, et encore une heure de Kensei pour rejoindre Tokyo. Et lĂ  : Ă©norme surprise ! Pas du tout l’impression d’être dans une ville de fous, l’hĂ´tel traditionnel a un charme extraordinaire, il s’agit d’un tout petit hĂ´tel familial perdu Ă  quelques pas de Todai...
La sensation décevante d’avoir perdu une journée complète a été aussitôt remplacée par le plaisir délicieux de vivre à l’heure orientale pendant le reste de mon séjour.
Vue nocturne sur le jardin depuis la cour de l’hôtel



Dimanche, le 16 mai 2010
Nuit des musées et Nuits sonores
Petite dĂ©ception, hier soir, en arrivant au bout de la rue Boileau. Rien n’indiquait la prĂ©sence de l’évĂ©nement « la Nuit des musĂ©es dans l’attente de l’ouverture du musĂ©e des Confluences » pourtant annoncĂ© sur le site web du Ministère de la culture.
Dommage. Alors cap au sud, je suis reparti Ă  l’autre bout de Lyon, suivant le cours du fleuve pour arriver jusqu’à l’avenue Leclerc et essayer un musĂ©e dans lequel je n’avais jamais mis les pieds : le MusĂ©e d’Histoire militaire de Lyon. Au numĂ©ro indiquĂ© se trouve la caserne. Après avoir passĂ© la barrière, il y a plein de zones interdites, et il faut chercher les petites flèches indiquant oĂą se trouve le musĂ©e. LĂ  encore, rien ne semblait indiquer que le lieu Ă©tait ouvert, mais il l’était pourtant, avec un peu de lumière Ă  l’étage. Et dans une salle pleine de panneaux, de mannequins d’hommes en armes et de vitrines, ce fut une très intĂ©ressante plongĂ©e dans vingt siècles d’histoire, de la Gaule romaine aux guerres contemporaines : comment Lyon s’est fortifiĂ©e, comment elle a Ă©tĂ© rattachĂ©e au royaume de France dont elle fut pendant longtemps une ville frontière, quels Ă©vĂ©nements douloureux s’y sont dĂ©roulĂ©s, en particulier au moment de la RĂ©volution (allant mĂŞme jusqu’à perdre son nom pour s’appeler « Ville-Affranchie »). Étonnant de voir des photos d’archives montrant que lĂ  oĂą se trouve mon actuel bureau Ă©taient fabriquĂ©es les armes qui Ă©quipaient l’armĂ©e française, ou qu’une caserne se tenait en lieu et place de la gare et du centre commercial de la Part-Dieu.
Sans m’en rendre compte, les heures avaient filé à une incroyable vitesse. Lorsque je suis enfin sorti du musée, la nuit était en train de tomber.
Près de la piscine du RhĂ´ne, une jeune femme, en me croisant, m’a demandĂ© si je cherchais un billet. Non merci. La musique Ă©lectronique des Nuits sonores montait dans l’air en diffusant une chaleur que ce printemps frisquet nous refuse encore. Le cri d’une vieille femme depuis son balcon — Ă§a va durer encore longtemps ce bordel ? — me fit sourire. Pour profiter d’une aussi belle ville avec une si jolie vue sur le RhĂ´ne, on peut bien accepter de temps Ă  autre quelques nuisances sonores...


Jeudi, le 6 mai 2010
La sensation de l’artiste
Grosse journée de travail à Paris, hier.
Avec un TGV Ă  6h30, j’aurais eu nĂ©anmoins une dizaine de minutes de retard Ă  ma rĂ©union situĂ©e de l’autre cĂ´tĂ© de la capitale, dans le 16e arrondissement. Puis, au dernier moment, l’heure de dĂ©marrage de la rĂ©union a Ă©tĂ© retardĂ©e d’une heure, aussi ai-je eu le temps de faire une petite balade pĂ©destre. RER A depuis la gare de Lyon, descente Ă  la station Charles-de-Gaulle-Étoile. Arc de triomphe, Champs ÉlysĂ©es.... Amusant de jouer au touriste dans la ville qui fut celle oĂą j’avais vĂ©cu un an, il y a plus de dix annĂ©es de cela. Avenue Georges V. Boutiques de luxe, ambassades, grands hĂ´tels. Puis la Seine, longĂ©e jusqu’à la Place du TrocadĂ©ro.
Et lĂ , la sublime citation de Paul ValĂ©ry sur le Palais de Chaillot :
Tout homme crée sans le savoir
Comme il respire
Mais l’artiste se sent créer
Son acte engage tout son ĂŞtre
Sa peine bien-aimée le fortifie

Nul n’a aussi bien décrit ce sentiment que j’ai l’occasion de connaître quand j’ai l’impression que plus rien au monde n’existe d’autre que le texte que je suis en train d’écrire ou la matière que je suis en train de sculpter...


Dimanche, le 7 mars 2010
Films allemands, romans français et expériences américaines
Pour moi, jusqu’il y a peu, le cinéma allemand se limitait à Nosferatu, une symphonie de la terreur de Murnau (1922) ou Metropolis de (l’Autrichien) Fritz Lang (1927).
Oui, du cinéma allemand, j’avais une vision des plus limitées...
Cependant, depuis les années 2000, nous avons la possibilité de voir dans les salles de l’Hexagone quelques petits bijoux réalisés outre-Rhin. J’avais été intrigué par Elementarteilchen d’Oskar Roehler (2006), l’adaptation plutôt réussie du roman Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq (1998). J’avais été séduit par Vier Minuten (Quatre Minutes) de Chris Kraus (2006) et son envoûtante musique.
Mais lĂ  oĂą les rĂ©alisateurs allemands sont très forts, c’est quand ils se mettent Ă  adapter des expĂ©riences comportementales menĂ©es aux États-Unis, notamment :
  • Die Welle (La Vague) de Dennis Gansel (2008) qui s’inspire de l’expĂ©rience de la Troisième Vague menĂ©e par le professeur d’histoire Ron Jones ;
  • Das Experiment (L’ExpĂ©rience) de Oliver Hirschbiegel (2001) qui reprend l’ExpĂ©rience de Stanford menĂ©e par le professeur de psychologie Philip G. Zimbardo au sujet des effets de la situation carcĂ©rale avec des Ă©tudiants jouant les rĂ´les de gardiens et de prisonniers.
Je vous conseille vivement de voir ces deux derniers films, et si vous avez la chance de vous trouver Ă  Lyon ou ses environs, sachez que le 4 avril 2010 Ă  10h00 (et non 12h30 comme indiquĂ© sur l’affiche que vous trouverez ici), le professeur Philip G. Zimbardo donnera une confĂ©rence Ă  l’UniversitĂ© Lumière Lyon 2, campus Porte des Alpes (Ă  Bron).


Dimanche, le 10 janvier 2010
Lyon sous la neige
Boulevard des Belges, les jolies demeures jouxtant le Parc de la Tête d’Or ne sont plus seulement cachées par les arbres, la neige les protège un peu du regard.

À l’intĂ©rieur du parc, on ne croise pas que les indĂ©fectibles joggeurs... il y a aussi des personnes en ski de fond.

Le lac est en partie gelé, les oiseaux se sont mis au loin.

La Porte des Enfants du RhĂ´ne.

Vue sur la Colline de la Croix-Rousse

Les murs tagués près de l’aire de skate contrastent agréablement avec les couleurs atténuées par la neige et le gris de ciel.

Rue de la RĂ©publique.

Place des Terreaux, la fontaine Bartholdi.

Musée des Beaux-Arts. Un des bronzes du jardin semble durement éprouver le poids de la neige.

La colline de Fourvière. La basilique Notre-Dame et la tour métallique.

Sur la colline, le Parc des Hauteurs. LĂ  aussi, des skieurs...

Depuis la colline, zoom sur l’église Saint-Nizier.

Zoom sur la Place Bellecour.

Vue sur le nord de Lyon. L’opéra. Le parc de la Tête d’or.

Le lion ailé garde l’entrée de la basilique, impassible malgré la neige et le froid.

Vue globale sur Lyon. La cathédrale Saint-Jean. Les tours de la Part-Dieu et Oxygène. La place Bellecour.

Le théâtre gallo-romain.

La Primatiale Saint-Jean

La Place Bellecour.

Vue sur Fourvière depuis Bellecour.

Les quais du RhĂ´ne.

Quelques jours plus tĂ´t, la Tour Part-Dieu.




Samedi, le 2 janvier 2010
Meilleurs voeux pour 2010 !
Amie lectrice, ami lecteur, reçois tous mes vœux en cette nouvelle annĂ©e.
Pour moi, l’annĂ©e 2009 s’est achevĂ©e de manière très atypique, avec NoĂ«l que je n’ai pas fĂŞtĂ© en famille, et le 31 dĂ©cembre que je n’ai pas fĂŞtĂ© du tout, pas plus que mon anniversaire, d’ailleurs.
Cependant, l’an 2010 commence bien parce que, après des mois oĂą, dĂ©bordĂ© de boulot, je n’ai pu me plonger dans la lecture de textes de fiction, je viens enfin de poster mon chèque de rĂ©abonnement Ă  la revue Bifrost du BĂ©lial’ et d’acquĂ©rir le dernier recueil de nouvelles d’un de mes maĂ®tres, Ă  savoir OcĂ©anique de Greg Egan. Et c’est un recueil bourrĂ© d’inĂ©dits : je salive dĂ©jĂ  !
Sensation amère pourtant : l’endroit oĂą j’ai achetĂ© le bouquin de l’auteur australien est situĂ© Ă  quelques mètres d’un hypermarchĂ© oĂą, il y a quelques jours, des vigiles voulant jouer les gros bras ont tuĂ© un malheureux marginal...


Mardi, le 22 décembre 2009
Impressions miamiennes
VoilĂ  plus d’une dizaine de jours que je suis rentrĂ© de ce qui fut mon premier sĂ©jour sur le sol amĂ©ricain. Et encore, je me suis retrouvĂ© Ă  Miami Beach, qui est une Ă®le (mais Manhattan aussi, après tout). J’ai dĂ©jĂ  eu l’occasion de faire des voyages aux Antilles, mais il faut croire que je suis comme Christophe Colomb : je rechigne Ă  poser le pied sur le continent.
Les premières impressions ne sont pas très agrĂ©ables, Ă  l’arrivĂ©e aux États-Unis, avec les formalitĂ©s de douane. Heureusement, je suis tombĂ© sur un chauffeur de taxi fort sympathique qui m’a dĂ©posĂ© Ă  mon hĂ´tel... mais j’ai eu la surprise de voir sur sa licence qu’il avait un prĂ©nom français : il Ă©tait HaĂŻtien.
HĂ´tel luxueux, vue sur la marina, et sur l’autre rive, des bateaux de plus ou moins grande importance jouxtent de superbes villas. RĂ©veil très tĂ´t, jet lag oblige, les surprises s’enchaĂ®nent : il faut prendre son temps pour comprendre le mĂ©canisme de la douche, avec ses robinets inversĂ©s par rapport aux nĂ´tres ; des surprises agrĂ©ables comme la qualitĂ© du petit dĂ©jeuner de l’hĂ´tel, et d’autres moins quand, avec les taxes, ce petit dĂ©jeuner vous coĂ»te pas loin de 30 US$, ou 10 US$ par jour (taxe non comprise) pour l’utilisation d’Internet.
Promenade matinale dans Collins Avenue. J’ai l’impression d’être dans un ghetto pour riches... Il y a très peu de monde sur les trottoirs, par contre les voitures circulent. Souvent des voitures de sport, des grosses cylindrĂ©es, et notre Ă©quivalent du jeune qui met du rap, du raĂŻ ou du R’n’B Ă  fond dans sa voiture : ici, il est hispanique et dĂ©verse des flots de rythmes caribĂ©ens. Je prends une rue perpendiculaire et me retrouve de l’autre cĂ´tĂ© de l’île, plages de sable fin, mer agitĂ©e, et mĂŞme s’il ne fait pas très beau, j’en profite pour me baigner dans l’ocĂ©an. L’eau est bonne, l’air est doux, ce n’est qu’à l’intĂ©rieur de l’hĂ´tel que l’on se rend compte que l’on approche de l’hiver : les AmĂ©ricains mettent l’air conditionnĂ© au plus bas, nous avons l’impression de circuler dans un rĂ©frigĂ©rateur.
Une semaine, voilĂ  le temps que j’ai passĂ© Ă  Miami. SĂ©jour pour des raisons professionnelles (ce genre de mission est l’un des rares avantages de mon mĂ©tier). Sentiment d’une certaine frustration de n’avoir Ă©tĂ© que dans des lieux touristiques (mon hĂ´tel, qui, avec ses dix-huit Ă©tages, semblait ridiculement petit comparĂ© Ă  ses voisins, Lincoln Road et ses restaurants italiens, japonais et français, le parc national des Everglades). Curieux dĂ©calage culturel, notamment au moment de partir, Ă  l’aĂ©roport, quand une dame m’avait fĂ©licitĂ© pour la beautĂ© de mes dents : je lui ai rĂ©pondu que c’était parce que, en France, nous avions des sĂ©curitĂ©s sociales et mutuelles qui remboursaient assez bien les frais dentaires, et qu’avec les rĂ©formes souhaitĂ©es par leur nouveau prĂ©sident, les Étatsuniens pouvaient espĂ©rer bĂ©nĂ©ficier des mĂŞmes traitements.
Les États-Unis, pays de tous les paradoxes...


Mercredi, le 14 octobre 2009
L’adverbe de toutes les angoisses
HabituĂ© aux transports en commun, et surtout ferroviaires, je me suis pris Ă  maudire un mot de 12 lettres de notre belle langue : l’adverbe « initialement », synonyme pour moi d’une violente poussĂ©e d’adrĂ©naline.
La montĂ©e de l’angoisse se prĂ©sente ainsi :
  • Dong, dong, dong ! (la sonnerie) : mobilisation de l’attention
  • Par suite de [insĂ©rer ici une excuse liĂ©e aux intempĂ©ries, Ă  des facteurs humains quelconques, Ă  des problèmes matĂ©riels ou Ă  une invasion d’araignĂ©es gĂ©antes venues de Neptune] : angoisse de l’inconnu vague (que se passe-t-il encore ?)
  • le train [insĂ©rer ici un numĂ©ro incroyablement compliquĂ©] : l’angoisse de l’inconnu se prĂ©cise (est-ce que cela va me concerner ?)
  • en provenance de [insĂ©rer ici la gare de dĂ©part] et Ă  destination de [insĂ©rer ici la gare d’arrivĂ©e] : sentiment de persĂ©cution (argh, oui, c’est bien mon train !)
  • dĂ©part initialement prĂ©vu Ă  [insĂ©rer ici l’heure de dĂ©part] (argh, oui, mon train ne partira pas Ă  l’heure ! c’est dĂ©sormais certain ! je suis damnĂ© !)
  • partira (ouf ! au moins il partira !) avec un retard de [insĂ©rer ici une durĂ©e suffisamment importante pour ĂŞtre bien en retard Ă  son rendez-vous, et anticiper en s’imaginant une arrivĂ©e peu discrète Ă  une rĂ©union de travail hyper importante, tout en sueur Ă  force de courir dans tous les sens pour limiter la casse spatio-temporelle du quotidien]
  • ...environ : l’acmĂ© de l’angoisse avec le couperet du flou, le sentiment d’impuissance est Ă  son point culminant (argh, si ça se trouve, cela risque d’être encore pire que ça !)
La SNCF, pour vous donner les jetons, c’est mieux que les Contes de la crypte...


Mercredi, le 7 octobre 2009
Impressions praguoises, suite (tardive)
Arrivé dans la capitale tchèque, je n’avais pas été d’emblée séduit par la ville. Pourtant, peu à peu, le charme de la cité m’avait gagné, avec ce je-ne-sais-quoi de familiarité et d’étrangeté mêlées.
Bien sûr, il y a des sculptures héritées du réalisme socialiste et des bâtiments imposants mais sans âme issus d’années de vécu communiste. Cependant, il y a aussi toutes ces églises et synagogues, toutes ces belles constructions aux façades de pierre de taille richement travaillées.
Prague me faisait penser Ă  une multitude de lieux Ă  la fois : les couleurs de certains immeubles m’évoquaient l’Allemagne ; les artistes du pont Charles, le Montmartre de Paris ; le style Art nouveau des cafĂ©s (Alfons Mucha Ă©tait tchèque), un Paris de 1900 ; les jardins sur la muraille du château, les pentes de la Croix-Rousse, Ă  Lyon.
Mais quand je me suis retrouvé là, en train de manger un bretzel en regardant l’horloge astronomique de la cathédrale, indéniablement, je me serais cru à Strasbourg, ma ville natale...


Lundi, le 14 septembre 2009
Premières impressions sur Prague et autres péripéties
Je suis arrivé hier dans la capitale de la République Tchèque.
Cherchant Ă  suivre les indications qui m’avaient Ă©tĂ© fournies, je prends un bus Ă  la sortie de l’aĂ©roport mais j’arrive devant la gare ferroviaire alors que j’aurais dĂ» me retrouver près d’une bouche de mĂ©tro qui m’aurait permis, après une ou deux correspondances, de rejoindre mon hĂ´tel. Mais j’ai Ă©tĂ© leurrĂ© par le terme « nàmêsti » qui signifie « place », et je ne suis pas du tout Ă  la place souhaitĂ©e. Les bouches de mĂ©tro devant cette gare sont condamnĂ©es (avec du fil de fer barbelĂ©), il y a bien un arrĂŞt de bus devant la gare mais je ne comprends pas oĂą les lignes mènent, et j’ai la sensation d’être piĂ©gĂ© car, sur la route Ă  plusieurs voies, les voitures roulent Ă  toute vitesse, et je ne trouve pas de passage pour piĂ©tons.
Finalement, je trouve un passage souterrain (sale et glauque) permettant d’éviter l’obstacle des voitures, et quand j’en sors, soudain, je me rends compte Ă  quel point cette ville est belle ! Je me retrouve Ă  cĂ´tĂ© de l’opĂ©ra oĂą se joue... la Bohème.
Pour la petite histoire, si « bohĂ©mien » dĂ©signe les Tsiganes nomades, c’est qu’à la fin du Moyen-Ă‚ge, le roi de BohĂŞme Sigismond Ier (du Saint-Empire) les aurait dotĂ©s d’un passeport de son pays afin qu’ils puissent plus aisĂ©ment parcourir le vaste monde. Et puis, avant devenir le second « bo » des bobos, un bohème consistait en une personne, le plus souvent un artiste, vivant sans règles, en marge de la sociĂ©tĂ©, comme dans l’opĂ©ra de Puccini.
Avec ces nouveaux repères, l’opéra, le nom de la rue, et la position de gare, j’ai découvert que j’étais finalement tout près de mon hôtel (j’avais fait imprimer une carte de Prague, mais elle était très partielle). Il ne me restait plus qu’à me retrouver de l’autre côté de la voie ferrée, déposer mes valise et sac dans la chambre de mon hôtel et ainsi partir à la découverte de la ville...


Jeudi, le 27 aoűt 2009
Saut quantique
« Natura non facit saltum » aurait dit Isaac Newton, « la nature ne produit pas de discontinuitĂ© ». Le grand homme avait tort. En physique, il existe le saut quantique qui « caractĂ©rise un changement brusque de l’état d’un système quantique de manière pratiquement instantanĂ©e ».
C’est assez curieux, mais une augmentation quantitative produit parfois, après avoir dépassé un seuil difficilement définissable, un changement qualitatif.
Par exemple, des neurones en nombre suffisant, et organisés de manière appropriée, on fait du cerveau humain ce que nous sommes, nous distinguant du reste du règne animal.
Ou alors, assis Ă  la terrasse d’un glacier lyonnais bien connu, je ne peux que me rendre Ă  l’évidence que les coupes glacĂ©es qui y sont servies sont Ă©videmment fabuleuses, qualitativement supĂ©rieures (en arĂ´mes, dans le choix judicieux des ingrĂ©dients pour les compositions, dans l’esthĂ©tique de la prĂ©sentation) Ă  celles dĂ©gustĂ©es en d’autres lieux de ma connaissance. Mais ce saut qualitatif a aussi son pendant quantitatif : la glace en question est vendue au prix d’un plat principal dans un petit restaurant...


Dimanche, le 8 mars 2009
Article supprimé
(...)


Mardi, le 18 novembre 2008
Article supprimé
(...)


Lundi, le 4 aoűt 2008
Dans la jungle
Naïvement, j’imaginais que la France était un pays civilisé. Enfin, la France métropolitaine. Et dans les grandes villes, quoi...
Ouah ah ah ah... (rire de désespoir)
Demain, Ă  cette heure, les dĂ©mĂ©nageurs doivent passer pour embarquer les cartons (il m’en reste d’ailleurs encore Ă  faire, certaines affaires ne sont pas emballĂ©es, mais je suis en panne sèche de cartons en ce moment et je dois en rĂ©cupĂ©rer quelques uns pour ce qui me reste de livres, vaisselle, habits, petit Ă©lectromĂ©nager, bouteilles, conserves et autres denrĂ©es alimentaires). Mais, arrivĂ© Ă  Lyon, il faut dire les choses telles qu’elles le sont : ce sera la zone.
En effet, je n’aurai pas de gaz (je me faisais Ă  peu près Ă  l’idĂ©e de devoir prendre mes douches Ă  l’eau froide et Ă  cuisiner avec mon vieux four micro-ondes tout pourri)... et pas d’électricitĂ© non plus ! LĂ , c’est franchement plus problĂ©matique : pas de lumière le soir (autres que les bougies), pas de possibilitĂ© de mettre mon rĂ©frigĂ©rateur en route et bien sĂ»r pas moyen d’utiliser un ordinateur (moi qui angoissais Ă  l’idĂ©e d’être privĂ© quelques jours d’Internet, me voilĂ  rappelĂ© Ă  des considĂ©rations bien plus Ă©lĂ©mentaires).
Et donc, depuis quelques jours, mes appels aux différents services de distribution de gaz et de l’électricité (et encore, je n’ose pas contacter les services de distribution d’eau, parce que sinon...) se soldent par des semi-échecs liés à un problème de logiciel (ou autre excuse bidon) avec des promesses (jamais tenues) d’être rappelé sous 24 ou 48 heures pour la prise d’un rendez-vous avec un technicien.
Argh, je vais vivre mes premiers jours dans mon nouvel appartement dans la jungle, avec une foule de cartons, sans possibilité d’installer des rideaux, à calquer mes horaires sur le soleil et à me nourrir de... je ne sais pas quoi (des trucs qui se conservent hors d’un frigo et qui n’ont pas besoin d’être cuits pour être mangeables).
En anglais, le confort moderne se nomme, en abrĂ©gĂ©, « mod cons », mais vu la manière dont les sociĂ©tĂ©s gĂ©rant ces services le font et dont elles traitent leurs clients, ce sont plutĂ´t nous qu’elles prennent pour cette abrĂ©viation britannique.
En consĂ©quence : blog en pause. Vu la situation, je ne sais pas trop quand je pourrais revenir Ă  la civilisation... Allez, je vais au moins chercher des silex et du bois sec pour pouvoir faire du feu dans mes jolies cheminĂ©es... dĂ©coratives (ah, mince : c’pas pĂ´ssib’)


Samedi, le 12 avril 2008
Pas de sakura pour Nathalie-san
Certes, je n’ai aucune affinité avec la couleur politique de Nathalie Kosciusko-Morizet, l’actuelle secrétaire d’État chargée de l’écologie. Néanmoins, je parviendrais presque à la trouver sympathique, la miss, avec le pseudo-scandale qu’elle a déclenché en critiquant son chef et les schtroumpfs de son parti.
Enfin, faut pas dĂ©conner non plus : NKM a fait des excuses publiques, mais malgrĂ© cela, elle n’accompagnera pas ses collègues en voyage officiel au Japon.
Pas de bol, Nathalie : le Japon est un pays superbe. Surtout qu’en ce moment, c’est le sakura, la fĂŞte des cerisiers en fleurs et... sans OGM.


Dimanche, le 6 avril 2008
Superstar sister
Mon plus jeune frère, installĂ© dans la partie anglophone du Canada depuis quelques mois, a de quoi ĂŞtre fier : son Ă©pouse, chercheuse, vient de voir sa renommĂ©e internationale boostĂ©e par la parution d’un article signĂ© de sa main dans l’une des plus grandes (si ce n’est « la » plus grande des) revues scientifiques au monde.
Les chaĂ®nes de tĂ©lĂ©vision canadiennes ont donc interviewĂ© ma belle-sœur, et mon petit frère, armĂ© de son camĂ©scope, a filmĂ© la tĂ©lĂ©vision au moment oĂą son Ă©pouse passait Ă  la tĂ©lĂ©. Les vidĂ©os numĂ©riques, il les a mises en place sur Internet de manière Ă  ce que toute la famille puisse y accĂ©der...
À sa plus grande surprise, il n’y a eu que moi Ă  aller le site, voir ses vidĂ©os et fĂ©liciter sa femme.
Explication : le reste de la famille, ne parlant pas anglais, n’avait rien compris Ă  l’interface permettant de tĂ©lĂ©charger les vidĂ©os, et quand bien mĂŞme certains membres de la famille y Ă©taient parvenus, ils ne comprenaient rien aux propos de l’épouse de mon frère et aux retombĂ©es de ses dĂ©couvertes.
Ben ouais : sic transit gloria mundi, la gloire du monde ne passe pas Ă  travers le temps, Ă  travers l’espace, Ă  travers l’ocĂ©an et Ă  travers la barrière linguistique.


Mardi, le 25 mars 2008
Material boy
Je viens de me rendre compte qu’en cette pĂ©riode de Pâques, je n’ai pas eu l’occasion de manger un seul morceau de chocolat. NĂ©anmoins, pour mon plus grand bonheur, j’ai achetĂ© plein de dĂ©lices chocolatĂ©s dans la boutique de luxe locale (en France, Ă  Saint-Étienne) mais j’ai tout offert Ă  mon collègue japonais et Ă  sa sympathique famille. À noter qu’un lapin en chocolat, dans une valise qui voyage dans la soute de l’avion, c’est une mauvaise idĂ©e. Mais bon, pas grave.
J’espère simplement avoir plus de chance avec les fragiles objets que je ramène du Japon chez moi, ces derniers Ă©tant mĂ©ticuleusement emballĂ©s (un mini service de table japonais pour 2 personnes).
D’ailleurs, comme j’avais encore plein de yens sur moi, j’ai pris le temps de faire du shopping et de flâner dans les magasins. J’ai acheté un personnage de manga pour faire semblant d’être un otaku, mais aussi un mannequin articulé qui me servira en sculpture (à dire vrai, pour le dernier article, je viens de découvrir que c’est un peu moins cher en France). J’ai aussi acheté de quoi peindre et écrire des kanjis. Enfin, c’est difficilement avouable, mais j’ai craqué pour des fringues... Les Japonais adorent les boutiques de luxe européennes, et françaises en particulier, mais le style vestimentaire qu’ils adoptent ne se retrouve pas vraiment dans l’Hexagone. Alors, profitant du fait que l’euro se porte plutôt bien par rapport au yen, je me suis lâché...
D’ailleurs, c’est aussi ça l’avantage de faire régulièrement des exercices d’abdominaux, de manger léger et d’éviter les orgies de chocolat, on peut mettre des fringues assez fashion.
Il faut reconnaĂ®tre qu’au Japon, si on remarque qu’il y a de temps en temps des femmes en kimono (ou plutĂ´t en yukata), si l’on peut ĂŞtre surpris de croiser des gens malades portant un masque sur le nez et la bouche (pour Ă©viter de contaminer les autres avec leurs microbes), on ne peut pas ignorer que les hommes portent très majoritairement des costumes sombres plutĂ´t Ă©lĂ©gants. Bon, il est temps de prĂ©parer ma valise, je vais rentrer Ă  la maison, il faut que je range encore ma cravate, cet accessoire vestimentaire que je ne porte presque jamais en France... (Non, je plaisante : Ă  part pour le jour de Pâques, je n’ai pas portĂ© de cravate au Japon !)


Lundi, le 24 mars 2008
Le Japon en quelques adjectifs
Frustrant : je parviens Ă  poser quelques questions en japonais, j’ai un accent acceptable, mais je suis obligĂ© de basculer en anglais pour comprendre les rĂ©ponses qui me sont faites car ma connaissance de la langue est encore trop limitĂ©e.
Amusant : la petite musique qui se fait entendre pour indiquer qu’il est possible de traverser la voie ressemble Ă  celles que l’on entend dans nos contrĂ©es en pĂ©riode de NoĂ«l.
Effrayant : il y a des parkings Ă  vĂ©los mais il n’existe pas vraiment de pistes cyclables (ou alors je n’ai rien compris au marquage au sol), les piĂ©tons et nombreux cyclistes se partagent les trottoirs, et nous nous croisons sans nous rentrer dedans... alors qu’il y a pourtant des personnes sur leurs bicyclettes qui ne regardent mĂŞme pas oĂą elles vont, l’oreille collĂ©e Ă  un tĂ©lĂ©phone portable et la tĂŞte ailleurs.
Normal : j’étais Ă  la messe de Pâques Ă  la cathĂ©drale de Fukuoka, hier ; la chorale Ă©tait surtout composĂ©e de Philippins (une des rares minoritĂ©s asiatiques qui soit Ă  dominante catholique), et si j’ai vraiment si bien compris les paroles du prĂŞtre qui s’exprimait en anglais, si son accent et ses mots m’étaient si familiers, c’est surtout parce que le prĂŞtre en question... est un Français.
Charmant : les Japonaises sont gĂ©nĂ©ralement jolies, et quand elles osent des tenues sexy, de manière assez paradoxale, cela leur donne un air plutĂ´t ingĂ©nu que provocant.


Samedi, le 22 mars 2008
Réminiscences mathématiques et inquiétante étrangeté
En 2002, les Français Ă©taient devenus des champions de la table de 15 car quinze euros correspondaient environ Ă  cent francs français.
En 2008, il est utile aux Français au Japon de se rappeler du mĂŞme type de calcul car 150 yens correspondent environ Ă  1 euro.
Le Japon me donne – et je suppose que cela doit ĂŞtre un sentiment partagĂ© par d’autres – un curieux sentiment de fausse familiaritĂ©, ce que Freud appelait « l’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© ».
Dans ce pays, on peut facilement se sentir à l’aise avec la présence de transports en commun fonctionnels, de boutiques de luxe occidentales, avec tous ces produits high-tech, les bâtiments aux lignes architecturales audacieuses, un intérêt marqué pour les cultures anciennes ou hypermodernes, néanmoins tout a de quoi déconcerter. En effet, la langue, l’écriture, le sens de circulation (les voitures roulent à gauche), les goûts culinaires, etc., nous laissent le plus souvent perplexe, comme ces shower toilets qui donnent à penser qu’il est nécessaire de savoir piloter un avion de chasse pour pouvoir passer sur le trône...
Oui, au Japon, on se sent parfois aussi stupide que le dahucapra rupidahu :



Dimanche, le 13 janvier 2008
Catalogue, mon beau catalogue
Il y en a, quand ils sont petits, ils feuillettent avec passion les magazines de voitures. Des voitures de luxe. Des voitures de sport. Ou des motos. Quand ils grandissent, les voitures ne sont plus tout Ă  fait les mĂŞmes, la curiositĂ© Ă©merveillĂ©e de l’enfance a fait place Ă  la question : « quel va ĂŞtre mon nouveau modèle ? » – sous-entendu : « quelle voiture correspond le mieux Ă  la personnalitĂ© que je souhaite afficher ? »
Pour les filles, ce sont plutĂ´t les catalogues de fringues. Mais cela revient au mĂŞme.
Et puis, pour les deux sexes, surtout quand ils vivent ensemble et qu’ils veulent ajouter de la matière à leur nid douillet, ce sont les catalogues Ikea (dont l’absurdité est cruellement illustrée dans le film Norway of Life de Jens Lien).
Les catalogues sont donc une sorte de miroir de l’âme, un peu comme s’ils pouvaient correspondre, pour les gens, aux vitrines de ce qui leur font le plus envie.
Je ne me sens pas matérialiste, et pourtant je n’échappe à ce principe. Ce qui me fait baver d’envie depuis qu’il s’est retrouvé dans ma boîte aux lettres, c’est le catalogue d’un marchand de matériel de Beaux-Arts.
Ahhhh... Je découvre plein de nouvelles techniques artistiques, plein de bricoles qui permettrait de faire ceci ou cela... Et en mieux... Des peintures, des outils, des... Plein de... Toute cette potentialité pour donner forme, couleur et matière aux élans de mon imagination...
Ah, non ! Vade retro, catalogus ! Ouais, il faut que je me calme.
Soupir : mĂŞme dans la crĂ©ation artistique, on ne peut pas partir de rien...


Mercredi, le 9 janvier 2008
Une petite pensée pour notre gouvernement et sa politique
Ce qu’il y a d’ennuyeux, avec une jeune et charmante remplaçante au lieu de son habituel médecin traitant, c’est que, pendant que la dame aux mains expertes effectue son examen, il faut sans cesse se concentrer sur une situation qui ne soit vraiment pas sexy sous peine de se retrouver dans une posture embarrassante.
Et dire qu’il y en a qui fantasment sur les blouses blanches, les infirmières ou le milieu hospitalier...


Dimanche, le 6 janvier 2008
Qui veut voyager loin...
...ménage sa voiture.
Si je fais le calcul, j’ai autant roulĂ© durant l’annĂ©e 2008, au soir du premier janvier, que durant les deux annĂ©es 2006 et 2007 rĂ©unies. Oui, c’est clair, je ne conduis pour ainsi dire plus : je suis un citadin adepte des transports en commun, du train et occasionnellement de l’avion (tant que les tunnels sous la mer MĂ©diterranĂ©e ou l’ocĂ©an Atlantique ne seront pas construits).
D’ailleurs, ce 1er janvier que j’avais passĂ© auprès de mes parents (pour lesquels j’avais servi de chauffeur), oncles, tantes et cousins, nous avons beaucoup parlĂ© des nouvelles lois (ainsi, mĂŞme une tante, invĂ©tĂ©rĂ©e fumeuse jusqu’alors, avait dĂ©cidĂ© de laisser tomber la sucette Ă  cancer tant il y avait de contraintes Ă  essayer d’en griller une), des radars et du permis Ă  points. À un moment, j’avais fait remarquer la curieuse Ă©volution des choses : « Lorsque nous Ă©tions petits, nous recevions des bons points, et quand nous avions assez de bons points, nous obtenions une image. Aujourd’hui, avec les radars, l’image, nous l’obtenons tout de suite, et après on nous retire nos bons points du permis. »


Mercredi, le 2 janvier 2008
Une année de mots clés
Les diffĂ©rents internautes qui sont arrivĂ©s sur mes pages web au cours de l’annĂ©e 2007 y sont parvenus en suivant des liens amis ou en indiquant quelques termes spĂ©cifiques sur des moteurs de recherche. Parmi les expressions employĂ©es sur G**gle (très majoritairement), Yah**! (dans moins de 2% des cas), ou, anecdotiquement, sur V*ila ou M$Nsearch, on retrouve (les fautes d’orthographe et de grammaire sont d’origine) :
  • « mĂ©reste », « mereste », « blog mereste » et « fabrice » (c’est rassurant, quelque part)
  • les recettes culinaires (« gâteau bagdad », « gâteau christine », etc.)
  • les ambigrammes (« faire un ambigramme, « tatouage ambigramme », « logiciel ambigramme », etc.)
  • des requĂŞtes Ă  connotation sexuelle (« voire toutes les joli fille cheveux chatain », « video amateur de filmer sa voisine jupe relever en cachette », « les pieces de theatre osees en video », etc.)
  • des termes concernant la sculpture (« sculpture », « raku », « stĂ©atite », etc.)
  • les noms des copains (le sculpteur Didier Cottier, le plasticien Laurent Curat, l’artiste multimĂ©dia Yann Minh, l’auteur Ugo Bellagamba, etc.)
  • des Ă©nigmes (« comment dessiner un chips masquĂ© », « fabriquer un igloo en carton », « saule pleureur sean connery pommier jules verne », « couacs de pĂ©tomane car il joue comme un manche », etc.)
  • des personnes qui recherchent des solutions Ă  des problèmes que j’ai rencontrĂ©s (« traiteur pot de thèse », « comment prĂ©parer pot de soutenance », « je fais une intolĂ©rance alimentaire Ă  l’oignon », « four sauter vitre brisĂ©e durant pyrolyse », « en raison de travaux coupure d’eau », « ma chaudiere s’arrete sans arret », etc.)
Mouais. Un peu dĂ©cevant : très peu de monde parvient sur les pages de ce site en rapport avec mes divers Ă©crits.
Il n’empĂŞche que c’est amusant de faire de l’analyse de mots clĂ©s. Je crois que si j’avais dĂ» faire une thèse en psychologie (ça aurait très bien pu m’arriver, si, si !), je pense que je me serais intĂ©ressĂ© Ă  l’établissement de profils d’internautes Ă  partir des mots clĂ©s qu’ils emploient dans les moteurs de recherche. Et après, j’aurais Ă©tĂ© embauchĂ© par G**gle, j’aurais eu une lampe lava sur mon bureau, j’aurais aidĂ© Big Brother tout en me rĂ©pĂ©tant leur mantra « don’t be evil », tout ça en vivant dans un joli univers californien colorĂ© qui fait beaucoup penser Ă  la sĂ©rie du Prisonnier. Ah ben mince alors, non merci !


Lundi, le 31 décembre 2007
Bilan de 2007
À moins de 10 heures de 2008, je vais essayer de faire le bilan des trois cents et quelques jours de cette annĂ©e dont les derniers chiffres faisaient penser Ă  James Bond (ceci dit, il n’y a sans doute que moi Ă  faire ce genre d’associations d’idĂ©es bizarres).
Alors, cette annĂ©e 2007 Ă©tait plutĂ´t de celles que je rangerais dans la catĂ©gorie « vraiment pas top, essaye encore ! ». En rĂ©sumĂ©, en 2007, j’ai :
  • essayĂ© les services de rĂ©seautage social en ligne, avec MySpace en particulier : intĂ©ressant pour prendre des contacts avec des gens que je connaissais dĂ©jĂ  dans la « vraie » vie, moins pour en nouer de nouveaux, mon compte existe toujours mais je n’y poste plus d’articles, et je n’y vais que pour reprendre des nouvelles Ă  l’occasion de quelques amis ;
  • envoyĂ© le manuscrit de mon roman Ă  des Ă©diteurs de thriller... qui ne l’ont pas acceptĂ©. Gnnnh ! C’est vrai que c’est de la fusion entre de la SF – hard science – et du thriller d’espionnage, mais bon, les boules...
  • assez peu Ă©crit, au final, au cours de cette annĂ©e, un peu dĂ©goĂ»tĂ© par les retours des Ă©diteurs. Cependant, j’ai participĂ© Ă  un atelier d’écriture Ă  la fin avril oĂą j’ai composĂ© quelques textes assez intĂ©ressants. Donc la boĂ®te Ă  imagination n’est pas cassĂ©e, suffit juste d’être un peu plus (re-)motivĂ© pour Ă©crire de belles histoires ;
  • vu très nettement mon univers professionnel se dĂ©grader, en consĂ©quence assez directe des dernières Ă©lections, comme s’il Ă©tait plus intelligent, dans mon domaine, de nous faire travailler dans la compĂ©titivitĂ© que dans la collaboration...
  • repris mon site web de A Ă  Z, en rĂ©cupĂ©rant dans mon blogue Ă  desseins les messages postĂ©s sur mes blogs depuis... 2002 !
  • appris Ă  me servir de logiciels de traitement d’images, ce qui m’a permis de refaire mon site avec de jolies images ;
  • abordĂ© de nouvelles techniques de sculptures. Après le modelage, j’ai dĂ©marrĂ© la pierre taillĂ©e, ainsi que le papier pliĂ© (origami). Cependant, Ă©tant encore dĂ©butant dans ces techniques, je ne peux pas dire que j’ai su rĂ©aliser des œuvres majeures dans ces deux domaines ;
  • dĂ©couvert les ambigrammes, ces textes prĂ©sentant de curieuses formes de symĂ©trie. Je peux mĂŞme rĂ©aliser Ă  la main (et avec un peu de Toshop) les ambigrammes d’à peu près tout et n’importe quoi, comme ceux de (RenĂ©) Barjavel et des invitĂ©s de la prochaine convention SF (en arrière-plan) ou les divers que l’on trouve ici... Attention, le rĂ©sultat n’est pas toujours très joli, ou très lisible ;
  • fait de la plongĂ©e sous-marine. Je me suis rĂ©inscrit dans un club, le père NoĂ«l m’a apportĂ© plein de matĂ©riel pour que je puisse mater les poissons, et je suis allĂ© passer mon niveau 2 dans les Antilles. SĂ©jour un peu Ă©courtĂ© Ă  cause de l’ouragan Dean...
  • eu quelques ennuis de santĂ©... mais ce n’est rien comparĂ© Ă  mon père qui, après une malheureuse chute, aurait dĂ» – selon les dires des mĂ©decins – rester tĂ©traplĂ©gique mais qui reprend peu Ă  peu possession de son corps et qui peut Ă  nouveau, aujourd’hui, marcher, danser, bouger mĂŞme s’il est loin d’avoir retrouvĂ© dans ses gestes la force et la prĂ©cision d’avant l’accident ;
  • fait des rencontres (mais pas rencontrĂ© le grand amour), vĂ©cu des chouettes moments, quand mĂŞme, parce que j’ai une mĂ©moire sĂ©lective et un naturel optimiste...
À l’annĂ©e prochaine !


Jeudi, le 27 décembre 2007
Les gens sont méchants (f**k 2007!)
Cette année s’achève et il est de coutume de procéder à des bilans.
Que dire de 2007 si ce n’est que – dĂ©cidĂ©ment ! – je ne comprends vraiment rien aux gens.
Par exemple, en ce moment, il est de bon ton de se moquer du prĂ©sident de tous les Français (main sur le cœur) et de sa nouvelle conquĂŞte. Comment peut-on faire preuve de tant de mĂ©chancetĂ© envers celui qui les (qui nous ?!) reprĂ©sente si bien, ce grand homme qui incarne avec un tel brio leurs valeurs, les aspirations d’une France en marche (vers oĂą ?), un pays qui se lève tĂ´t afin de travailler plus pour gagner... ce qu’il peut pour le perdre, une belle nation d’aspirants Ă  la propriĂ©tĂ©, des citoyens qui ne vivent que pour le « paraĂ®tre »... ?
Non, je ne comprends pas.
Notre PrĂ©sident (re-main sur le cœur) devrait pourtant ĂŞtre admirĂ© pour sa prĂ©occupation du plus grand problème d’aujourd’hui et de demain : l’écologie de la planète et l’une des solutions, le recyclage.
Quoi de plus noble alors que de voir notre PrĂ©sident (main sur le portefeuille) donner de sa personne en s’occupant d’une ex-top-modèle (tiens, comme CĂ©cilia) (oui, un ancien mannequin : toujours cet admirable souci du paraĂ®tre) qui s’était dĂ©jĂ  recyclĂ©e avec plus ou moins de bonheur dans la variĂ©tĂ© pour faire d’elle la Première Dame de France ? D’ailleurs, le choix de l’Égypte et de ses sites touristiques comme lune de miel prĂ©nuptiale n’est-il pas un beau symbole ? En effet, devant toutes ces pierres monumentales et ces momies, nos arrivistesmoureux ne sont-ils pas en train de s’échanger les plus belles des promesses de notre temps ?
Elle : « Nico, ne m’en veux pas, mais je te plaquerai quand tu ne seras plus pharaon. »
Lui : « Ouais, je sais. Tout pareil quand tu ne seras plus qu’une vieille peau... »


Lundi, le 24 décembre 2007
J’interprète mon univers
Courir.
Quitter un instant le cocon de la demeure parentale, la chaleur protectrice, le ronron du prélude à la fête.
Mes pas frappent les chemins de terre tracés par les roues des machines agricoles, crissements de la glace quand mes baskets rencontrent des flaques emprisonnées par les trouées.
Les contours des végétaux proches sont nets, les herbes, branches et brindilles sont aiguisées par les aiguilles de givre mais, un peu plus loin, le paysage disparaît, gommé par le brouillard.
Monde en noir et blanc, anesthésié par le froid, à peine relevé par endroits d’un camaïeu de tons sépia.
Mon cerveau, dopé par la musique de la bande originale du film Paprika que délivrent les écouteurs, analyse toutes les sensations visuelles et reconnaît les fonctions logicielles capables de réaliser par ordinateur de telles images.
Entre le naturel et l’artificiel, je suis un interprète.


Samedi, le 15 décembre 2007
De l’avantage de voir les années passer
Il y a quand mĂŞme une chose agrĂ©able dans le fait de vieillir : il faut des gros gâteaux d’anniversaire pour pouvoir y placer toutes les bougies...


Samedi, le 8 décembre 2007
Signe extérieur de vieillesse
À la fĂŞte que je vais donner Ă  l’occasion de mon anniversaire, la semaine prochaine, il y aura des amis de mon âge qui viendront avec leurs gamins.
Ben mince alors, ça va faire bizarre.


Jeudi, le 6 décembre 2007
Un jour comme les autres
Alors que c’est la Saint Nicolas, on dirait un jour comme les autres...
Heureusement que, pour rentrer chez moi, je vais passer par le marchĂ© de NoĂ«l. Pourtant, mĂŞme si j’ai repĂ©rĂ© un chalet alsacien parmi les maisonnettes du marchĂ© « traditionnel », je doute fort d’y trouver un manala de mon « pays » natal...


Jeudi, le 22 novembre 2007
Impressions automnales
Vent
Feuilles mortes
Tourbillon vert, brun et orangé
Poussières
Yeux
Larmes



Jeudi, le 25 octobre 2007
Pli, noeud, graphe, lien...
Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, mais tous mes centres d’intĂ©rĂŞt – aussi diversifiĂ©s soient-ils – me dirigent, que je le veuille ou non, vers une thĂ©matique commune.
En sculpture, après m’être intéressé au modelage et à la taille directe, je continue mon travail sur les formes et les couleurs avec un épisode sur les pliages, et leurs expressions magnifiées qu’est l’origami.
Mes 100 premières grues en origami
En arts graphiques, et cela depuis quelque temps maintenant, je travaille sur les ambigrammes, ces textes dont la calligraphie étrange cache des propriétés de symétrie.
Pour l’une de mes activitĂ©s sportives favorites, la pratique de la plongĂ©e sous-marine, lorsque nous ne nous entraĂ®nons pas dans la piscine, nous voyons – en plus des consignes de sĂ©curitĂ©, des aspects liĂ©s au matĂ©riel et Ă  l’orientation – comment rĂ©aliser des nœuds marins, essentiels pour attacher une partie du matĂ©riel de plongĂ©e ou pour la navigation en bateau.
Il est étonnant de voir que ces trois domaines, abordés de façon ludique en ce qui me concerne, sont grandement étudiés et théorisés, et j’ai du mal à employer ces derniers sous forme purement artistique ou pratique en essayant d’ignorer tous les modèles mathématiques qui se trouvent derrière.
Dans mon travail de recherche, je suis amené à manipuler des graphes pour de multiples raisons, des propriétés de voisinage, des histoires de distance ou certaines formes de représentation.
Ainsi, dans la « vraie vie », tout comme dans mes textes de fiction, je suis amenĂ© Ă  assembler des concepts qui semblent n’avoir aucun point commun, Ă  les replier, Ă  les nouer, Ă  les assembler, Ă  les lier...
Avec un peu d’espoir et de chance, j’espère bien aboutir un jour à une forme artistique ou intellectuelle qui puisse avoir quelque intérêt, dans quelque domaine que ce soit... une petite clé ouvrant l’une des portes parmi la multitude constituant l’énigme de l’univers...


Mardi, le 9 octobre 2007
Babel, Taipei 101, le Crayon de la Part-Dieu et la Tour CN
Samedi, mon petit frère s’est marié à Lyon.
La journĂ©e a Ă©tĂ© riche en Ă©motion : le mariage en lui-mĂŞme, bien entendu ; mon père qui – après le terrible accident lui Ă©tant arrivĂ© il y a tout juste quatre mois, et qui devait, selon les mĂ©decins, le laisser dĂ©finitivement tĂ©traplĂ©gique – avait rĂ©ussi Ă  valser avec ma mère ; enfin, mon autre frère – mariĂ© lui depuis trois ans – qui annonce qu’il allait ĂŞtre Ă  nouveau papa...
À cette dernière nouvelle, ma mère et la mère de mon autre belle-sœur ne peuvent retenir leurs larmes du bonheur d’être pour la deuxième fois grand-mère... Ayant appris juste avant que l’équipe de France de rugby venait de remporter la victoire sur la Nouvelle-ZĂ©lande, nous nous moquons gentiment des deux mamies en disant que les Bleus ne sont qu’en demi-finale, que rien n’est encore jouĂ©, et tout et tout...
Au cours de cette journée tournée sur le signe du multiculturalisme, plein de rencontres charmantes et sympathiques, un nombre considérable de nationalités représentées parmi les invités, et, suivant les tables, les discussions se déroulaient en français, en alsacien, en chinois mandarin, en anglais ou en italien...
Depuis l’épisode de la Tour de Babel, les hommes de la Terre parlent plusieurs langues, mais avec un peu de bonne volontĂ© et Ă  travers l’anglais international, ils arrivent finalement Ă  se comprendre, aussi chacun peut-il prendre part Ă  la conversation, ajoutant sa petite pierre au dialogue du monde, cette pierre prenant la forme d’un petit bout de science pour faire avancer la Connaissance (comme le font les chercheurs, tels ma nouvelle belle-sœur ou moi), ou, comme le manifestait ce beau mariage, pour construire un couple. Il s’agit d’ailleurs d’une drĂ´le de revanche sur Babel, puisque ma belle-sœur est nĂ©e Ă  Taipei, la capitale taĂŻwanaise cĂ©lèbre pour sa Tour 101, qu’avec mon frère ils vivent Ă  Lyon oĂą le fameux Crayon domine le quartier de la Part-Dieu et que, au mois prochain, ils quitteront l’ancienne capitale des Gaules pour vivre Ă  Toronto, cĂ©lèbre pour sa Tour CN.
Voilà un couple promis par d’heureux auspices à côtoyer les plus hautes sphères du monde...


Jeudi, le 30 aoűt 2007
Il pleut (tribute to Jacques Brel)
Il pleut
C’est pas ma faute à moi
Les carreaux des usines
Sont toujours mal lavés
Il pleut
Les carreaux des usines
Y en beaucoup d’cassés


Il pleut
L’usine abandonnée
C’est la Manufacture d’Armes
Future Cité du Design
Et les carreaux de verre
DĂ©truits par les ouvriers
Il pleut
C’est un pan de l’histoire
Qui retourne au passé


Il pleut
Il pleut, mais ce n’est pas Dean
Il pleut dans ma région
Il pleut dans mon immeuble
Il pleut dans mon bureau
Il pleut
Et l’agence immobilière
Ne bouge pas le p’tit doigt
Pour vraiment s’occuper
De ce dégât des eaux...



Jeudi, le 26 juillet 2007
Ressources
Achats compulsifs. Hier, une razzia à la Fnac (plein de bouquins de David Lodge et un essai en neuropsychologie). Puis, de retour chez moi, plus d’un dixième de mon salaire mensuel est parti en commande en ligne d’outils et de pierres afin de poursuivre mes activités de sculpture...
Whouf !
Et puis, en soirĂ©e, l’ordinateur s’arrĂŞte, ainsi que toutes les lumières. Panne d’électricitĂ©. Je rĂ©ouvre les volets, allume quelques bougies... plus d’électricitĂ© dans tout l’immeuble. Je vais voir Ă  l’extĂ©rieur... et remarque une note scotchĂ©e sur la porte d’entrĂ©e : en raison des travaux, coupure prĂ©vue entre 20 heures et 23h30.
Je rentre chez moi et essaie de profiter des dernières lueurs du jour pour avancer une nouvelle de Lodge, mais il est très difficile de lire, même à l’aide de plusieurs bougies. Bon, eh bien, je vais au moins dormir longtemps cette nuit... C’était sans compter les lumières qui se sont rallumées vers 22 heures.
Le lendemain matin, une autre surprise : plus d’eau. Ah, l’horreur, maudits travaux ! Impossible de vivre sans pouvoir prendre sa douche, tirer la chasse d’eau, se laver les dents. De l’évian pour faire du thĂ© au petit dĂ©jeuner. Je regarde mon stock de bouteilles d’eau. Est-ce que cela sera suffisant pour faire un semblant de toilette ? L’eau revient vers 10 heures, juste de quoi faire la vaisselle... puis ne coule plus. Une heure Ă  patienter avant que ne parvienne un filet saumâtre... pas très engageant, puis une eau incolore, en gros flot, comme d’ordinaire.
Ces petits moments de privations ont quand mĂŞme le mĂ©rite de nous permettre de relativiser sur l’emploi des ressources, foutus citadins privilĂ©giĂ©s que nous sommes... Sur cette planète, combien de personnes n’ont pas d’accès Ă  l’eau potable, Ă  l’électricitĂ©, Ă  des livres ou d’autres formes de culture ?


Samedi, le 2 juin 2007
Blanche
Blanche, comme la nuit que je viens de passer à terminer un article scientifique tout juste avant la date limite, le 1er juin, et minuit, fuseau horaire du Temps standard du Pacifique, soit en cours de matinée en ce qui me concerne, et dans l’après-midi pour mon collègue japonais.
Blanche, comme la poudre que j’aurais pu renifler pour tenir le coup et avoir les neurones en Ă©veil, mais je connais trop bien les effets pharmacologiques de ces saloperies pour ne pas me laisser tenter... contrairement aux Ă©tudiants (ou profs ?) de la Ville Ă©ternelle. Du coup, je me suis dopĂ© aux thĂ©s Ă  la menthe super sucrĂ©s et aux tartines de Nut’ (je sais, c’est mal).
Blanche, comme mes sculptures sorties du four. L’argile beige, une fois cuite, n’est pas vraiment intéressante sans patine. Et je dois tout terminer avant l’expo, la peinture sera à peine sèche au moment de l’accrochage. Gasp.
Blanche, c’est la couleur des roses de l’horrible chanson lacrymogène du mĂ´me qui les offrait Ă  sa maman. Merde, c’est la fĂŞte des mères demain. Ah oui, joie d’Internet : deux clics et des fleurs sont envoyĂ©es Ă  bon port.
Blanche, c’est ma figure de vampire qui fuit le soleil. Bon, j’ai besoin de prendre des vacances. Je les ai méritées. Tiens, du coup, je vais patiner une de mes sculptures de couleur bronze.


Mardi, le 8 mai 2007
Le théoricien
[Voici un texte reflétant mes angoisses en rapport avec l’état du monde et de mes connaissances personnelles très spécialisées sur le domaine.
Espérons que cela ne restera que de la fiction...]

Ă€ l’UniversitĂ©, les Ă©tudiants l’appelaient entre eux « Professeur Tournesol Â». Au laboratoire, bien qu’il n’ait pas portĂ© de surnom officiel, il Ă©tait considĂ©rĂ© par ses collègues comme une espèce de dinosaure. Ses derniers doctorants avaient soutenu leurs thèses depuis bien longtemps, ses sujets de recherche Ă©taient aujourd’hui complètement dĂ©suets. Le directeur lui avait fait savoir Ă  de multiples reprises que la seule manière pour lui de s’en sortir aurait Ă©tĂ© de demander un CRCT, un « congĂ© pour reconversion et congĂ© thĂ©matique Â», mais il s’obstinait Ă  ne rien changer Ă  son mode de fonctionnement. Travaillant en Ă©lectron libre, il poursuivait son petit bonhomme de chemin dans le domaine le plus thĂ©orique qui soit de l’apprentissage automatique, ce thème de l’intelligence artificielle qui cherchait Ă  rendre les machines plus « intelligentes Â» Ă  travers des processus d’apprentissage. Tout juste tolĂ©rĂ© – car il publiait quand mĂŞme chaque annĂ©e son lot d’articles dans des revues qui avaient en commun de contenir en sous-titre les termes « theoretical issues Â» â€“, il occupait le bureau le plus exigu du campus, avec pour seul mobilier une armoire bancale pleine de vieux livres accumulĂ©s au fil des annĂ©es, une chaise, une table de classe et une antiquitĂ© d’ordinateur dont la dĂ©plorable dĂ©finition d’écran fatiguait ses yeux dĂ©sabusĂ©s.

L’époque était à la recherche appliquée. Ainsi, chaque fois qu’il demandait des crédits pour partir en mission, il se voyait répondre une fin de non recevoir, les conférences où il souhaitait se rendre ne se trouvaient jamais parmi celles de la liste que le laboratoire finançait. Un jour, à sa grande surprise, on parla de lui. Un de ses articles avait été cité dans un papier d’une équipe américaine qui essayait de mettre au point un système d’analyse des blogs d’étudiants. L’objectif affiché était de prévenir une tragédie telle que l’absurde carnage qui s’était produit en Virginie, à la mi-avril 2007. Ses travaux purement théoriques en apprentissage automatique avaient ainsi quelque espoir d’être réutilisés dans des applications concrètes. Seulement, il n’y avait qu’aux États-Unis que cela pouvait se produire.

Il fit quand mĂŞme une chose qu’il n’imaginait possible : il rĂ©pondit Ă  un appel Ă  projet initiĂ© par le Ministère dĂ©lĂ©guĂ© Ă  la Recherche et aux Nouvelles Technologies. L’enveloppe budgĂ©taire de ces projets avait sensiblement gonflĂ© peu après les Ă©lections prĂ©sidentielles et lĂ©gislatives. MalgrĂ© son ignorance des chiffres et le peu de contact qu’il avait avec ses collègues du mĂŞme ou d’autres laboratoires, sa proposition reçut une rĂ©ponse favorable. Il pouvait Ă  prĂ©sent monter une Ă©quipe rien qu’à lui, incitant des Ă©tudiants brillants Ă  venir Ă  ses cĂ´tĂ©s pour les encadrer en thèse, accueillir des stagiaires de master de recherche et faire travailler des ingĂ©nieurs… Ses collègues jaloux se dirent que la comète avait tardĂ© Ă  s’écraser sur Terre et que le dinosaure, au lieu de disparaĂ®tre, s’était en fin de compte adaptĂ©, prĂŞt Ă  dĂ©vorer les mammifères.

Boostés par l’argent, les travaux qu’il dirigeait avancèrent au pas de charge. Les algorithmes fondamentaux qu’il avait développés trouvaient une application idéale dans la fouille de données multiformes telles que les informations présentes sur l’internet. Peu soucieux de ses semblables, il ne se rendit pas compte que le nouveau président de la République avait fait passer en douceur tout un ensemble de mesures inspirées de l’USA PATRIOT Act.

Les jeunes docteurs qu’il avait formés ne trouvèrent pas de postes dans la recherche ou l’enseignement supérieur mais dans une autre instance ministérielle, celle de l’Intérieur.

Lorsque les mesures liberticides mises en place par le gouvernement furent trop visibles, lorsque les forums et les blogs commencèrent Ă  s’enflammer sur l’internet, avant que le feu de la rĂ©bellion ne descende dans la rue, il ne fallut qu’un instant Ă  la Police pour l’étouffer en arrĂŞtant quelques centaines de meneurs. Grâce aux outils de veille dont elle disposait pour prendre le pouls de la conscience de la France, elle avait pu remonter jusqu’aux principaux fauteurs de trouble potentiels : les petits moucherons, en s’agitant sur la Toile, croyaient s’en servir pour communiquer alors qu’ils ne faisaient qu’attirer Ă  eux la vorace araignĂ©e.

Quand le professeur vit le lendemain les arrestations des blogueurs aux journaux télévisés, il eut la désagréable impression qu’il avait peut-être été un des innombrables engrenages d’une énorme machine répressive, mais cette idée s’envola aussi rapidement qu’elle était apparue. Après tout, il n’était qu’un théoricien.


© Fabrice MĂ©reste, 2007.



Vendredi, le 6 avril 2007
Vous avez deux vaches
Repris depuis le site de la Désencyclopédie et augmenté (voir tout à la fin).
Pays et régions
Afghanistan
Vous avez deux vaches. Vous ne les trayez pas car il est interdit de toucher les parties intimes d’une autre créature. Vous les trayez de nuit, pendant que personne ne vous regarde. Puis, le gouvernement vous oblige à leur faire porter des burqas. Par la suite, il les tue car ce sont "des symboles religieux hindous".
Afrique
Vous avez deux vaches. Vous devez donner la moitié de la viande aux fonctionnaires pour pouvoir obtenir des cartons de lait de la part des O.N.G.
Afrique du Sud
Vous avez deux vaches. L’une est enlevée et le gouvernement redistribue l’autre en petits morceaux aux citoyens désavantagés. Vous vivez grâce au lait que vous avez détourné durant l’apartheid.
Allemagne
Vous avez deux vaches. Vous modifiez leur conception pour qu’elles vivent 100 ans, ne mangent qu’une fois par mois, et se traient elles-mêmes. Malheureusement, elles demandent treize semaines de congés payés.
Andorre
Vous avez deux vaches, mais pas la place pour les ranger.
Angleterre
Vous avez deux vaches. Vous abattez l’une pour la donner à manger à l’autre, qui devient folle. Le gouvernement vous demande de l’abattre. Vous la donnez à manger à vos moutons.
Belgique
Vous avez deux vaches. Comme la vache flamande ne veut s’exprimer qu’en néerlandais et que la vache wallonne ne connaît que le français (et encore), le gouvernement fédéral décide de les placer dans des enclos séparés. Isolées, elles deviennent toutes les deux neurasthéniques. Le gouvernement wallon périclite parce qu’il ne tire plus une seule goutte de lait de sa vache. Le gouvernement bruxellois se plaint auprès de la Commission européenne parce qu’il n’a pas reçu sa part de vache. Le gouvernement de la Communauté germanophone n’en a pas eu non plus mais il s’en fout parce qu’il reçoit son lait directement d’une laiterie d’Aix-la-Chapelle. Le gouvernement de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles non plus mais il s’en fout parce qu’il n’aurait de toute façon pas d’argent pour financer la machine à traire la vache. Le gouvernement flamand ne se contente pas de la communautarisation de sa vache et exige son indépendance de façon à appliquer sa propre méthode originale de traite des vaches qu’il espère breveter et exporter à l’étranger bien qu’elle soit inefficace.
Bordurie
Vous trouvez deux vaches dans le terrain vague du bidonville: vous envoyez un gamin prévenir la Gendarmskaïa que des extraterrestes à l’allure pacifique ont envahi le pays du Maréchal Plekszy-Gladz.
Brésil
Vous avez une vache; vous brûlez 10 hectares de forêt vierge et vous y laissez la vache. Elle rencontre le taureau (qui était probablement une vache il y a 2 ans, avant son opération) du voisin et vous vous retrouvez rapidement avec une dizaine de vaches. Pour faire de la place, on brûle encore 50 hectares de forêt.
Cambodge
Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend et vous tue en vous accusant de comploter avec vos vaches contre le Parti.
Canada
Vous avez deux vaches. You have two cows.
Canada
Vous avez deux vaches. La banque les saisit, en tue une et jette le lait. Vous vous suicidez. Le gouvernement donne l’autre aux populations indigènes par traité.
  • MontrĂ©al: Vous et vos deux vaches sont entrĂ©es en collision avec un camion-citerne, bloquant la Trans-Canadienne pendant dix heures ce matin. Vous passerez les deux prochaines annĂ©es Ă  essayer Ă  vendre de la viande fumĂ©e.
  • Toronto: Vous avez deux vaches. Les avocats du barreau ontarien passent tout leur temps Ă  construire une clĂ´ture Ă  portail très Ă©troite autour du pavillon Osgoode Hall pour les empĂŞcher d’y entrer.
Chine
Vous avez deux cochons. Le gouvernement lance une campagne pour vous convaincre de les donner "volontairement" afin de fournir de la viande aux travailleurs des villes. Puis le gouvernement déclare que le peuple n’a pas besoin de cochons pour faire de la viande de porc. En vous aidant des passages adéquats de votre petit livre rouge, vous et vos voisins tentez de créer de la viande de porc par la force de la volonté. Le responsable local du parti annonce que vous avez dépassé tous les objectifs. Vous et vos voisins mourez de faim.
Chine
Vous n’avez pas de vaches. Le gouvernement crée un joint-venture avec MacDonalds.
Corée du Nord
Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous les prend, en tue une, trait l’autre et boit le lait lui-même, vous mourrez de faim.
Corse
Vous avez deux vachons qui courent dans la forêt. Vous en déclarez 200 et vous touchez des subventions européennes.
Corse
Vous avez 2 vaches. Le chat des Paoli boit de votre lait quand vous avez le dos tourné. Pour venger votre honneur, vous assassinez un cousin des Paoli. En représailles, son frère tue votre femme et prend le maquis. Votre beau-frère venge sa sœur en assassinant le grand-père Paoli. Les gendarmes ne font rien. Au final, on dénombre 84 morts, dont vos deux vaches, mortes dans l’attentat qui a détruit votre étable (mais ce n’est pas grave car la laiterie des Paoli a aussi sautée), mais le chat est toujours vivant.
Cuba
Vous avez deux vaches. Elles meurent de la fièvre aphteuse. Fidel vous dit que ce sont des espions de la CIA qui l’ont inoculée à vos vaches pour affaiblir le régime. Vous et votre famille crevez de faim.
Égypte
Vous avez deux vaches. Vous surgelez le lait et vous embaumez les vaches.
États-Unis
Le gouvernement promet de vous donner deux vaches si vous votez pour lui. Après les élections, le président fait l’objet d’une procédure d’impeachment pour avoir spéculé sur les obligations bovines. La presse rebaptise le scandale "Cowgate".
Europe
Vous avez deux vaches. L’Union Européenne développe un système de quotas limitant les émissions de gaz à effet de serre des vaches pétomanes. Vous revendez vos droits d’émission de carbone, mais pas le lait.
Europe
Vous avez deux vaches. On vous subventionne la première année pour acheter une 3ème vache. On fixe des quotas la deuxième année et vous payez une amende pour surproduction. On vous donne une prime la 3ème année pour abattre la 3ème vache.
Finlande
Vous avez 2 vaches.
  • Vous les mettez au sauna, elles cuisent Ă  la vapeur, et vous pouvez inviter vos voisins Ă  manger.
  • Vous les laissez dehors au printemps, elles meurent de noyade quand la glace du lac invisible dessous est fondue
France
Vous avez deux vaches. Les deux vaches forment un syndicat et se mettent en grève.
France
Pour financer la retraite de vos deux vaches, le gouvernement dĂ©cide de lever un nouvel impĂ´t : la CSSANAB (Cotisation Sociale de SolidaritĂ© Avec Nos Amies les BĂŞtes). Deux ans après, comme la France a rĂ©cupĂ©rĂ© une partie du cheptel britannique, le système est dĂ©ficitaire. Pour financer le dĂ©ficit on lève un nouvel impĂ´t sur la production du lait : le RAB (Remboursement de l’Ardoise Bovine). Les vaches se mettent en grève. Il n’y a plus de lait. Les français sont dans la rue : "DU LAIT! ON VEUT DU LAIT!" La France construit un lactoduc sous la manche pour s’approvisionner auprès des Anglais. L’Europe dĂ©clare le lait anglais impropre Ă  la consommation. Le lactoduc ne servira jamais. On lève un nouvel impĂ´t pour l’entretien du lactoduc.
Hong Kong
Vous avez deux vaches. Vous en vendez trois à votre société cotée en bourse en utilisant des lettres de créance ouvertes par votre beau-frère auprès de votre banque. Puis vous faites un "échange de dettes contre participation", assorti d’une offre publique, et vous récupérez quatre vaches dans l’opération tout en bénéficiant d’un abattement fiscal pour entretien de cinq vaches. Les droits sur le lait de six vaches sont alors transférés par un intermédiaire panaméen sur le compte d’une société des îles Caïman, détenue clandestinement par un actionnaire qui revend à votre société cotée les droits sur le lait de sept vaches. Au rapport de ladite société figurent huit ruminants, avec option d’achat sur une bête supplémentaire. Entre temps vous abattez les deux vaches parce que leur horoscope était défavorable.
Inde
Vous avez deux vaches. Vous leur portez un culte, les adorez et vous leur faites des offrandes.
Indonésie
Vous avez deux vaches en trop. Vous les envoyez en Australie. Les Australiens les coulent et vous laissent des messages énervés sur votre répondeur.
Irlande
Vous avez deux vaches dans un champ. Vous corrompez les autorités pour qu’un projet immobilier puisse être construit sur-le-champ. Vous niez en bloc au tribunal. Vous allez en prison après vos vacances de Noël.
Irlande du Nord
Vous avez deux vaches, l’une protestante, l’autre catholique. Vous recevez des subventions au titre de la coopération interconfessionnelle. Malheureusement, elles s’entretuent quelques années plus tard.
Italie
Vous avez deux vaches, mais vous ne savez pas trop où elles sont, vu que vous aviez la flemme de mettre une barrière. Pendant que vous les cherchez, vous croisez une jolie femme. Vous l’invitez à déjeuner. La vie est belle.
Japon
Vous avez deux vaches. Vous modifiez leur conception pour qu’elles ne prennent que le dixième de la taille d’une vache ordinaire et qu’elles produisent vingt fois plus de lait.
Japon
Il ne reste plus que deux vaches dans le monde. Vous en tuez une dans le cadre d’un programme de recherche scientifique sur la reproduction des bovidés. Vous concluez qu’elle était délicieuse.
Luxembourg
Vous avez deux vaches mais tout le monde s’en fous et personne ne sait vraiment à quoi vous servez.
Madagascar
Vous croyez avoir deux vaches, en fait ce sont deux deux zébus femelles ou zébutes. Vous voici donc en possession de deux belles zébutes! C’est malin!
Mexique
Vous pensez avoir deux vaches, mais vous ne savez pas Ă  quoi ressemble une vache. Vous faites une sieste.
Monaco (dédicace spéciale pour Valérie)
Vous avez un pré. Vous le défiscalisez et vous le louez le centimètre carré au plus offrant pour attirer les meilleures vaches à lait.
Nigeria
Vous avez eu deux vaches avant que le gouvernement vous tue et envoie les vaches Ă  ZĂĽrich.
Québec
Vous avez deux vaches. Vous les trayez, fabriquez du fromage, que vous mélangez avec des frites et de la sauce brune. Les deux vaches tombent en dépression, refusent de donner du lait et s’offrent une retraite sur le dos de la CSST.
Russie
Vous avez deux vaches. Vous les comptez pour vous rendre compte que vous avez cinq vaches. Vous les recomptez pour vous apercevoir que vous en avez quarante-deux. Vous les recomptez encore une fois pour découvrir qu’il n’en reste plus que douze. Vous arrêtez de les compter et vous ouvrez une nouvelle bouteille de vodka.
Russie Soviétique
Les deux vaches ont VOUS !
Rwanda
Vous avez deux vaches. Vous faites abattre les vaches par votre ethnie et forcez l’ethnie propriétaire des vaches à l’exil pendant que vous négociez la livraison d’autres vaches par l’aide internationale.
Singapour
Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous inflige une amende de 175 000 $ pour détention non autorisée de bétail en appartement.
Suède
Vous avez besoin de deux vaches. Vous achetez des vaches Ikea à assembler vous-même (c’est moins cher). Les vaches Volvo sont peut être moins à la mode mais elles durent plus longtemps.
Suisse
Vous avez cinq mille vaches, mais aucune ne vous appartient. Vous les gardez en cachette pour le compte d’autres personnes.
Suisse
Vous aviez deux vaches : Milka les a rachetĂ©es et les a repeint en violet.
URSS
Vous avez deux vaches. Vous devez vous en occuper, le gouvernement prend tout le lait et le revend dans des magasins d’état. Vous n’avez pas assez d’argent pour en acheter et vous mourez de faim.

Philosophie

Bouddhisme
Vous avez et vous n’avez pas deux vaches. En réalité, ni vous, ni les vaches, n’ont jamais existé.
Cartésianisme
Vous avez deux vaches. Donc vous ĂŞtes.
Christianisme
Vous avez deux vaches. Elles crient famine pendant que vous priez mais vous pardonnez leur colère.
Constructivisme
Vous avez deux vaches. Ou bien sont-ce ces vaches qui vous ont.
Contre-culture
Waahh mec, c’est comme... ces deux vaches, mec. Tu dois goûter de ce lait.
Cyberculture
Vous avez deux vaches. Un type passe, elles lui plaisent. Il commence par prĂ©tendre que le champ est Ă  lui, puis crĂ©e un blog pour y mettre des photos et un enregistrement vidĂ©o de vos vaches. Il appelle ça BovidĂ© 2.0.
DadaĂŻsme
Vous avez deux girafes. Le gouvernement exige que vous leur donniez des leçons d’harmonica.
FĂ©minisme
Vous avez deux vaches. Elles se marient et adoptent un veau.
Indépendantisme
Vous avez deux vaches. Les vaches décident que vous n’avez aucun droit sur leur lait et vous quittent pour former leur propre société.
Luddisme
Vous avez deux vaches. Vous les trayez Ă  la main.
Masochisme
Vous avez deux vaches sadiques.
Misanthropie
Rien Ă  battre de tout ça !
Nihilisme
Est-ce que ça a vraiment de l’importance ?
Pacifisme
Vous avez deux vaches. Elles vous piétinent.
Platonicisme
Vous voyez le reflet de deux vaches. Leur lait a le goût de l’eau. Vous cherchez deux vraies vaches à traire.
Socratisme
Combien ai-je de vaches ? Pourquoi ?
Simpsonisme
Vous avez deux vaches. Mmmm... vaches...
TaoĂŻsme
Vous avez deux vaches. Pendant que vous réfléchissez à ce que vous allez en faire, elles meurent de faim.
Téléréalité
Vous avez deux vaches. Pourtant, vous mangez des sauterelles pour le plaisir de passer à la télé.
Yodisme
Deux vaches tu as. Traie les ou ne les traie pas, il n’y a pas à essayer...

Politique

Anarchie
Vous avez deux vaches. Vous les laissez se traire en autogestion, elles scissionnent. Autonomisme
Vous avez deux vaches. Vous les laissez faire ce qu’elles veulent.
Bureaucratie
Le gouvernement émet de nouvelles règles d’hygiène qui vous obligent à abattre une de vos deux vaches. Puis, le gouvernement vous fait déclarer la quantité de lait obtenue, vous achète le lait et le jette. Après quoi, il vous fait remplir des formulaires pour déclarer la vache manquante.
Capitalisme
Vous avez deux vaches. Vous en vendez une et achetez un taureau pour faire des petits.
Capitalisme sauvage
Vous avez deux vaches. Vous équarissez l’une, forcez l’autre à produire comme quatre et licenciez l’ouvrier qui s’en occupait, en l’accusant de l’avoir laissé mourir d’épuisement.
Communisme
Vous aviez deux vaches. Consolez-vous, dans la société communiste du futur vous aurez toutes les vaches que vous voudrez. En attendant, faites la queue comme les autres devant la laiterie.
Conspirationnisme
Vous n’avez pas de vaches. Il n’y a jamais eu de vaches ici. Il n’y a rien à voir.
Dictature
Vous avez deux vaches. Les miliciens les confisquent et vous fusillent.
DĂ©mocratie
Vous avez deux vaches. Un vote décide à qui appartient le lait.
DĂ©mocratie directe
Vous avez deux vaches. Un comité organise un référendum pour vous obliger à en revendre une. Deux ans plus tard, le vote vous autorise à les garder mais quand vous voulez les traire, une association émet une réserve de droit. Quand vous pouvez enfin traire légalement vos vaches, elles sont mortes.
DĂ©mocratie participative
Vous avez deux vachitudes. Ségolène Royal vient leur demander leur avis pour savoir comment gérer le lait si un jour elle est présidente.
Démocratie représentative
Vous avez deux vaches. Un vote désigne celui qui décide à qui appartient le lait.
Écologie
Vous avez deux vaches. Vous gardez le lait et le gouvernement vous achète la bouse.
Fascisme
Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend et vous vend le lait.
FĂ©minisme
Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous inflige une amende pour discrimination. Vous Ă©changez une de vos vaches pour un taureau que vous trayez aussi.
FĂ©odalisme
Vous avez deux vaches. Le seigneur s’arroge la moitié du lait.
Fondamentalisme
Vous avez deux vaches. Malheureusement, la Bible ne mentionne pas les vaches et le gouvernement les confisque car elles n’existent pas.
Industrialisme
Vous avez deux vaches. Vous les disséquez et réfléchissez à la manière de les remplacer par une usine de production de lait de synthèse.
Libertarianisme
Dehors ! Ce que je fais de mes vaches n’est pas vos oignons.
Mafia
Vous avez deux vaches. Des tueurs à gages en tuent une et déposent sa tête dans votre lit. On vous offre une protection pour l’autre en échange de lait.
Matrice
Tu ne peux pas traire les vaches. C’est impossible. Rappelle-toi plutôt de ça... Il n’y a pas de vaches. Tu verras, ce ne sont pas les vaches qui se font traire, mais toi.
Militaire
Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend toutes les deux et vous enrôle dans l’armée.
Nazisme
Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend la vache blonde pour son troupeau et abat la brune.
Protectionnisme
Vous avez deux vaches. Vous ne pouvez acheter un taureau d’un autre pays.
Social-démocratie
Vous avez deux vaches. Les deux vaches forment un syndicat et se mettent en grève pour réclamer une augmentation de leur ration minimum de soja. Devant votre refus catégorique, elles organisent un blocus des étables et paralysent la distribution de lait. Au bout d’une semaine, voyant que le conflit tourne mal (comme le lait), le gouvernement prend le taureau par les cornes et organise une table ronde.
Totalitarisme
Vous avez deux vaches. Le gouvernement les prend et nie qu’elles ont jamais existé. Le lait est interdit.

Et la tout dernière qui est de mon invention :
MĂ©restisme
Vous avez deux vaches. Vous postez un test sur MySpace intitulĂ© "What famous cow are you?". Elles rĂ©pondent en commentaire dans le quart d’heure qui suit : l’une d’elles dĂ©couvre qu’elle est la Noireaude (celle qui appelle tout le temps son docteur au tĂ©lĂ©phone pour lui poser des questions mĂ©taphysiques), l’autre qu’elle est Marguerite dans la Vache et le Prisonnier avec Fernandel (une vache qui n’a pas vraiment le sens de l’orientation).
Le mot de la fin ? MĂ©Ă©Ă©euh !



Jeudi, le 5 avril 2007
De la supériorité du cerveau sur le poing

Je n’en ai pas l’air, comme ça, mais je suis une vĂ©ritable tĂŞte brĂ»lĂ©e. C’est plus fort que moi : quand je me trouve dans une situation oĂą je suis tĂ©moin d’incivilitĂ©, je me dois de rĂ©agir. Plus d’une fois, j’ai cru me faire casser la figure, dans le bus, dans le mĂ©tro, dans la rue, simplement parce que je ne suis pas du genre Ă  dĂ©tourner les yeux ou changer de trottoir. Mais je n’agis que par la parole. Jusqu’à prĂ©sent (et touchons du bois pour que ça dure), les mots ont toujours suffi car, de toute ma vie, et aussi invraisemblable que cela puisse paraĂ®tre, je ne me suis jamais battu !

Bien entendu, comme tous les enfants, et ceci jusqu’au collège, j’ai donné des petits coups de pieds ou des petits coups de poings à mes camarades de classe, mais cela n’a jamais été méchant, c’était simplement ce que font les lionceaux quand ils apprennent à mesurer leur force.

Quand j’étais ado, et mĂŞme prĂ©-ado, pour faire comme papa, je pratiquais un sport de combat : le judo.

Quelle erreur !

Je n’avais pas de problème pour réaliser les prises, aucun souci pour la technique, mais j’étais vraiment mauvais en combat par peur de faire mal à mes adversaires (qui, eux, ne se gênaient pas pour me balancer à terre).

Je me rappelle une compĂ©tition oĂą je me suis retrouvĂ© face Ă  un seul adversaire dans ma catĂ©gorie. Je l’ai battu et j’étais content : je croyais que tout Ă©tait fini et que j’allais pouvoir rentrer Ă  la maison.

Mais non, les organisateurs du championnat, ennuyés de nous avoir fait déplacer pour un seul match, nous ont proposé, à mon adversaire battu et moi, de combattre deux filles de la même catégorie de poids que nous.

Eh bien, mon rival n’a laissĂ© aucune chance aux demoiselles, alors que moi, je me suis fait battre lamentablement par ces dernières, ponctuant un « dĂ©solĂ© Â» ou un « excuse-moi Â» chaque fois que j’esquissais un mouvement pour les faire tomber...

Non, le judo, ce n’était vraiment pas mon truc.

Enfin, pour en revenir aux incivilitĂ©s dont je suis et j’ai Ă©tĂ© tĂ©moin, comme je n’ai pas ma langue dans ma poche, j’aurais pu me faire tabasser des milliers de fois par des personnes Ă  qui j’ai fait quelques remarques — toujours justifiĂ©es !— parfois dĂ©sobligeantes...

Une fois, pourtant, ce n’est pas passé loin. Cette anecdote est garantie 100% véridique.

À l’époque, j’étais étudiant en psychologie, et, suite à des réorientations et des envies de poursuivre de longues études, j’ai suivi une "préparation à l’Armée de l’Air", histoire de pouvoir repousser d’un an mon passage sous les drapeaux et de me retrouver dans ce corps de la Défense qui était, m’avait-on dit, le moins "pénible".

C’est ainsi que, pendant une semaine de vacances scolaires, je me suis retrouvé en tenue kaki à faire semblant d’être un petit soldat.

Un jour, à midi, à une table voisine de la mienne, un p’tit gars se croyait spirituel en jouant au gros dégueulasse avec la nourriture qu’il gâchait pour les autres et en faisant de multiples bruits corporels. Écœuré, j’ai dû lui sortir quelques propos qui, visiblement, ne lui avaient pas fait plaisir.

À la pause qui avait suivi le déjeuner, j’étais avec mes camarades dans la grande tente qui nous abritait lorsque plusieurs personnes d’un autre groupe sont entrées. Parmi elles, une espèce de colosse qui devait faire une tête de plus que moi (finalement, 1m77, ça peut être bien petit parfois), et sans doute pas loin du double de mon poids, et bien entendu le petit gros à qui j’avais fait la remarque désobligeante un peu plus tôt. Le petit, avec ses airs de caïd, m’a indiqué du doigt à son copain super costaud et mes amis m’ont regardé d’un air effaré car le monstre de muscles s’avançait vers moi et allait me réduire en bouillie...

Là, j’avoue que j’ai eu vraiment très peur. Mais, si l’homo sapiens sapiens a pu survivre parmi les autres animaux de la savane, ce n’est pas parce qu’il était rapide ni parce qu’il était pourvu de griffes, de crocs ou de glande à venin, mais bien parce qu’il savait utiliser son cerveau un peu mieux que les autres prédateurs.

Et dans cette situation, je n’avais pas le choix : aucun moyen de fuite (la seule issue de la tente Ă©tait condamnĂ©e par les copains du petit gros), il fallait agir au plus vite, je devais ĂŞtre gĂ©nial sinon j’allais ĂŞtre transformĂ© en steak hachĂ©...

Je ne sais pas ce qui m’a pris, je me suis dirigé vers Monsieur Muscle, je lui ai dit bonjour et je me suis assis à côté de mon lit de camp en l’invitant à s’allonger et à me parler de ses problèmes, genre psy en consultation (mais publique, la consultation).

Ma rĂ©action a quelque peu dĂ©routĂ© la personne censĂ©e me casser la figure. Le type m’a alors sorti quelque chose comme : « Eh lĂ , mais je ne suis pas fou ! Â»

Et moi : « Mais je n’ai jamais dit que tu Ă©tais fou ! Je suis simplement lĂ  pour que tu puisses me parler de tes problèmes, je suis lĂ  pour t’aider... Â»

Cela a eu pour effet d’énerver le type qui m’a sorti : « Mais ça va ! Je n’ai pas de problèmes, moi ! Â»

Moi (fourbe), l’air Ă©tonnĂ© : « Mais alors... Pourquoi ton copain t’a dit de venir me voir ? Â»

Alors lĂ , Monsieur Muscle n’était vraiment pas content, surtout qu’il y avait tous les copains de son groupe en plus des miens, il a attrapĂ© le petit gros, l’a bloquĂ© contre un pilier de notre tente et a commencĂ© Ă  lui donner des coups de tĂŞte (pas trop violents, mais quand mĂŞme) en marmonnant « pourquoi tu m’as fait ça Â», ce qui m’a obligĂ© (c’était le comble !) d’intervenir pour les sĂ©parer...

L’autre groupe est parti, j’ai pu m’asseoir à nouveau sur mon lit, soulagé, et mes copains, pas fiers de ne pas avoir osé me défendre, se sont laissé aller à un grand éclat de rire.

Ah, quelle histoire : j’avais vraiment eu très chaud !




Jeudi, le 29 mars 2007
Et un, et deux, et Web 2.0
Oups, presque un mois sans billet sur mon weblog. Mais bon, je l’ai dĂ©jĂ  dit Ă  de multiples reprises, c’est dorĂ©navant via mon espace personnel sur MySpace que je donne rĂ©gulièrement des nouvelles. Ben ouais, moi, un professionnel de l’informatique (je ne vous ai pas permis de rigoler !), moi qui pensais que le Web 2.0 n’était qu’une vaste fumisterie, j’ai migrĂ© sur une plate-forme de rĂ©seautage social via Internet (si c’est pas malheureux...)
Mais il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que les stars de la blogosphère ne sont plus (je lis des weblogs depuis fin 2001, et je tiens le mien depuis mi-2002), que les commentaires de weblogs personnels se sont réduits comme peau de chagrin, ou qu’ils se limitent la plupart du temps aux "preum’s" ou "kikoolol", à part pour quelques sites de personnes dont bloguer est une partie de leur métier (par exemple, dans le cas des blogs-BD, afin d’entrenir l’intérêt du public pour leurs créations hors du monde virtuel).
Peut-ĂŞtre est-ce liĂ© Ă  la vague de skybloguisation des ados et post-ados qui a dĂ©ferlĂ© sur le Net comme un tsunami et en a rejetĂ© les personnes Ă  la recherche d’un peu plus de contenu et de forme littĂ©raire, peut-ĂŞtre est-ce liĂ© Ă  une certaine lassitude des auteurs et de leurs lecteurs qui ont grandi, changĂ© de mĂ©tier ou de statut social, et eut moins de temps, je ne sais, toujours est-il que les faits sont lĂ . C’est ainsi que j’ai migrĂ© mon blog pour une certaine durĂ©e ici et que je ne reviendrais sans doute sur celui de mon site personnel que lorsque j’en aurai changĂ© la structure, intĂ©grĂ© des composantes du Web 2.0, et que j’aurai des choses Ă  vous raconter (telle que la publication de mon roman, croisons les doigts !)
À bientĂ´t, ici ou ailleurs !


Samedi, le 17 mars 2007
Quelques degrés de séparation
Stanley Milgram, psychologue américain mort en 1984 (coucou Orwell), est un très grand monsieur. On le connaît en particulier pour son expérience sur la soumission à l’autorité (reprise notamment dans I comme Icare, le film de Verneuil avec Montand), mais aussi pour l’expérience dite "du petit monde" (coucou David Lodge). Cette dernière consistait, pour les sujets de l’expérience, à passer une lettre d’un endroit du monde à un autre par l’intermédiaire de relations sociales. L’expé a montré qu’il y avait besoin de finalement très peu d’intermédiaires pour arriver au but, et de là est apparue la notion de "six degrés de séparation".
Un degrĂ© de sĂ©paration est un concept assez flou, cependant, quand on dit "connaĂ®tre" quelqu’un, qu’entend-on vraiment ? (Sans doute pas le sens biblique du terme, Ă  moins de s’intĂ©resser aux degrĂ©s de sĂ©paration liĂ©s aux transmissions de maladies vĂ©nĂ©riennes, mais ce n’est pas lĂ  le propos). Dans l’expĂ©rience de Milgram, il s’agissait de faire passer un message, et suivant l’importance supposĂ©e de ce message, il avait plus ou moins de chances d’aboutir Ă  destination.
Entre vous (relations dites "Ă©tendues" de MySpace) et moi, combien de degrĂ©s nous sĂ©parent ? Je connais "en vrai" certains d’entre vous (pour vous avoir rencontrĂ© Ă  des Ă©vĂ©nements divers, des soirĂ©es, des concerts, des conventions, des confĂ©rences).
Mais ne vous ĂŞtes-vous jamais demandĂ© de combien de degrĂ©s vous ĂŞtes sĂ©parĂ©s de n’importe qui ?
Du Président de la République française, par exemple. Si je considère la voie de la Défense, je peux y arriver assez vite. Il y a quelques années, j’ai réalisé mon service militaire. J’étais prof d’informatique, sergent affecté au poste de commandement, et j’ai eu l’occasion de servir de secrétaire au colonel dirigeant la base aérienne où je me trouvais. Colonel, Général, Ministre de la Défense, Président. Donc quatre degrés, grand maximum. Ou je peux suivre la voie de l’éducation. Je connais l’ancien président de l’Université, et je vais faire la connaissance du nouveau, qui connaissent ou vont faire la connaissance du Ministre de l’Education nationale lors des CPU, ou au moins d’un représentant du ministère, qui connaît le Président. Trois ou quatre degrés.
Le pape ? Je connais des curĂ©s, qui connaissent leurs Ă©vĂŞques, archevĂŞques, cardinaux, pape. Quatre. Non, encore plus fort, un très bon copain est le filleul d’un nonce apostolique. Trois degrĂ©s.
Un auteur au hasard ? Stephen King ? Lors d’une convention de science-fiction, j’ai fait la connaissance de l’auteur amĂ©ricain Robert Sheckley, peu avant sa mort. Celui-ci, auteur de la nouvelle le Prix du Danger (adaptĂ©e en film par Yves Boisset avec GĂ©rard Lanvin), avait eu une discussion avec King-Bachman au sujet de Running Man, aussi adaptĂ© au cinĂ©ma, pour savoir s’il s’était "inspirĂ©" de sa nouvelle (et King aurait dĂ©clarĂ© que non). Deux degrĂ©s.
Bien entendu, ce ne sont là que des exemples où il est possible de calculer les degrés de séparation, ou alors il s’agit de relations de connaissances apprises par hasard. Et encore, dans certains cas, le lien de la chaîne sociale était rompu (Sheckley ou le dernier pape sont morts, et je n’ai plus de contact avec mes anciens "supérieurs" de l’Armée).
Il n’empêche qu’il est toujours surprenant d’entendre une personne A parler d’une personne B, pensant que vous ne connaissez pas B alors que c’est pourtant le cas (un tout petit monde, on vous l’a dit), et de confronter la représentation de A que vous avez de B avec celle que vous vous faites de vous-même...
Euh, trop compliquĂ© Ă  suivre ? Exemple : un pote (ou une amie) vous parle de son ex-copine (ou copain), sans savoir que vous Ă©tiez vous-mĂŞme sorti(e) avec elle (ou lui).
Cela peut donner, selon la situation, du vaudeville, de l’absurde, ou du drame...


Mercredi, le 21 février 2007
C’est la "faîte"
Aujourd’hui, ici, dans le département ligérien, c’est le dernier jour des soldes.
Sur une boutique de fringues voisine, une jolie banderole colorĂ©e, entre deux promotions :
"FAÎTES L’AMOUR... PAS LA GUERRE"
LĂ , moi je dis "non" !!!
Et "non" absolument pas parce que j’aurais une âme de militariste mais parce que ça me gave de voir se répéter partout cette faute.
Bon, les gars de la com’, ils ont mis des majuscules accentuées. C’est déjà bien, ça évite d’écrire "PALAIS DES CONGRES" et de se retrouver avec des quiproquos sans fin lors du salon national de la (pêche à la) mouche artificielle, avec des congressistes aussi peu frais que l’anguille de mer sur l’étalage d’Ordralfabetix...
Mais pour le verbe "faire", pas d’accent circonflexe en dehors des formes du passé simple "nous fîmes" et "vous fîtes" ainsi que du subjonctif imparfait "qu’il fît". Voilà qui est dit (et non "dît", subjonctif imparfait là aussi).
Parce que "faîte", c’est un nom commun masculin qui signifie le point le plus haut.
Alors, compris ? La prochaine fois, faisez tous bien attention !


Lundi, le 12 février 2007
La conspiration des demi-sucristes
Ils sont parmi nous. Ce sont nos voisins. Parfois, mĂŞme, ils font partie de notre famille ou se retrouvent parmi ceux que nous croyons nos amis.
C’est terrible.
Et un jour, lorsqu’il est trop tard, nous découvrons au hasard d’un événement anodin que nous sommes perdus parce qu’ils sont partout.
Oui, j’ose lever le voile, je parle d’EUX : les demi-sucristes.
Hier, j’ai voulu me préparer un thé à la menthe, façon orientale. Très fort et très sucré. D’ordinaire, je ne mets plus jamais de sucre dans mon thé, mais il faut de temps à autre changer ses habitudes. Enfin, bref.
Ce fut au moment où je voulus plonger deux morceaux de sucre dans mon mug que je me rendis compte qu’il n’y en avait qu’un et demi.
C’est quoi, ce demi-sucre ? A quoi ça sert ? Qui a fait ça ?
En voulant rĂ©cupĂ©rer un morceau de sucre entier, j’ouvris la boĂ®te, et pris conscience du massacre : il y avait plein de moitiĂ©s de morceaux de sucre...
Et vous croyez que parmi ces moitiĂ©s, il y en a une qui correspondrait Ă  sa partie complĂ©mentaire ? Ben non, bien entendu, jamais le morceau n’est coupĂ© net en son milieu, il y a toujours une variation qui peut mĂŞme aller jusqu’au quart de morceau...
C’est pas possible, c’est fait exprès.
Il n’y a pas d’autre explication, parce que sinon, un demi-sucriste, au lieu de se faire lui-mĂŞme son demi-morceau de sucre, il n’aurait qu’à en chercher un dans la boĂ®te, non ?
Mais c’est plus fort que lui, le demi-sucriste se fait un devoir de choisir un morceau entier afin d’y mettre ses doigts gras, d’y ajouter sa sueur produite par l’effort nécessaire à ce qu’il prend peut-être pour une création mais qui n’est qu’une action destructrice, pitoyable Erostrate, et alors il peut se réjouir du bruit sec que fait le morceau de sucre en se brisant, et dans cette fierté contenue, il remet négligemment dans la boîte le demi-cadavre signant son forfait.
Demi-sucriste, sache-le, ma demeure ne t’est plus la bienvenue !


Mercredi, le 7 février 2007
Precious little diamond
Week-end cinéma.
Samedi, je suis allé voir Blood Diamond d’Edward Zwick et, dimanche, Pars vite et reviens tard de Régis Wargnier.
Je craignais un peu le pire pour la production américaine, avec Leonardo DiCaprio au générique, le traitement d’un sujet très sensible (les diamants exportés de pays d’Afrique en guerre servant à financer les guerres où sont enrôlés des enfants soldats), mais avec un scénario de Charles Leavitt (qui avait déjà été scénariste du curieux K-Pax, l’homme qui vient de loin), le film s’en sort plutôt bien, évitant presque les clichés du genre (presque car DiCaprio, jouant un méchant garçon, nous fait le coup de Titanic à la fin).
Le film français est aussi une rĂ©ussite. La version cinĂ©matographique diffère en de nombreux points du roman de Fred Vargas mais cette adaptation prĂ©sente l’avantage de faire tenir en moins de deux heures l’essentiel du thriller de l’autrice-archĂ©ologue sans recourir aux nombreux flashs-back qui auraient Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour devoir expliquer la personnalitĂ© et les motivations des diffĂ©rents personnages.
Un point commun entre les deux films ? Les diamants, symboles du sang versĂ© lors des guerres africaines fratricides dans le film amĂ©ricain, et talismans sensĂ©s protĂ©ger du flĂ©au dans le film français.


Samedi, le 27 janvier 2007
Science-fiction sans technologie n’est-elle que ruine de l’âme ?
Il est assez amusant de voir que de nombreux auteurs de science-fiction sont complètement "largués" au quotidien par la technologie, offrant dans leurs textes des visions se situant à des années-lumière du tout-venant mais carburant dans la vraie vie au low-tech.
Un de mes amis auteurs travaille encore avec un vieil ordinateur avec un modem en bois, et transfère ses fichiers avec une disquette... à la plus grande perplexité de certains éditeurs qui ne savent plus comment récupérer les données binaires sur ce type de support archaïque.
Moi-même, pourtant chercheur en intelligence artificielle, je me refuse à des éléments considérés comme "indispensables" à la vie moderne, et je passe pour un extra-terrestre auprès de ceux qui font ma connaissance.
1) Je n’ai pas de télévision. Moyen d’interactivité nul, on passe trop de temps à regarder des bêtises. Non, la vie est trop courte pour perdre du temps devant la pub. Aujourd’hui, il est vrai que j’arrive à avoir les chaînes de la TNT sur mon ordinateur, mais je me limite aux titres des journaux de 20 heures et à de rares émissions enregistrées de temps à autres.
2) Je n’ai pas de voiture. Je suis de l’espèce hyper-urbaine qui vit avec les transports en commun, ou le roller en cas de grève ou de beaux jours. J’ai pourtant mon permis avec tous ses points et j’avais une voiture pendant une dizaine d’années, mais habitant en centre-ville, je prends bus et tramway pour me déplacer au quotidien, ou train et avion de temps en temps. Je n’ai jamais beaucoup aimé conduire une voiture, je ne suis pas fan de la vitesse, et j’ai toujours un bouquin dans la poche ou mon sac. Les transports en commun, c’est du stress en moins, et du temps de lecture en plus.
3) Je n’ai pas de tĂ©lĂ©phone portable. Bien sĂ»r, j’ai un tĂ©lĂ©phone fixe chez moi et Ă  mon bureau, et je consulte très rĂ©gulièrement mes courriers Ă©lectroniques. Mais quelle idĂ©e saugrenue que de faire croire que l’on a besoin d’être contactĂ© dans l’instant mĂŞme, Ă  tout moment ? J’avais d’ailleurs Ă©crit une nouvelle au sujet des tĂ©lĂ©phones portables, il y a de cela quelques annĂ©es :
Cellulaire sans en avoir l’air
Ce qui est pratique n’est pas toujours nĂ©cessaire... Il faut faire des choix dans la vie. :-)


Jeudi, le 21 décembre 2006
La nuit la plus longue
Cette nuit est, semble-t-il, la plus longue de l’année. C’est aussi celle où je vais essayer de me coucher le plus tôt possible afin de prendre un train me permettant de rejoindre ma région natale pour les fêtes.
Aujourd’hui, il m’est arrivé une chose curieuse. La vieille dame aux cheveux blancs, engoncée dans un gros manteau rouge et traînant un cabas qui se trouvait au carrefour, de loin, je l’avais prise... pour le père Noël.
Faut croire que c’est la saison ou jamais.
Passez de joyeuses fĂŞtes !


Lundi, le 9 octobre 2006
La fĂŞte des pieds et des rollers
Vendredi dernier, Ă  Saint-Étienne, aurait dĂ» se dĂ©rouler la grande fĂŞte liĂ©e Ă  l’inauguration de la nouvelle ligne de tramway. Eh bien, c’était loupĂ©. Les conducteurs de bus et tramway ont fait la grève.
Après plus d’un an de travaux qui ont défiguré la ville et causé bien du souci au quotidien, c’était vraiment vache...
Bien entendu, après l’annonce des prĂ©avis, j’avais anticipĂ© ces mouvements sociaux : je me suis levĂ© un peu plus tĂ´t et je me suis rendu sur mon lieu de travail en roller, sur des chemins mal Ă©clairĂ©s, au revĂŞtement parfois traĂ®tre, mais heureusement encore praticables (il n’y avait ni pluie ni feuilles mortes).
Après le déjeuner, le retour de ma petite université sur la colline s’est fait très rapidement, tout schuss sur mes rollers, et j’ai rejoint mon laboratoire en empruntant la voie des tramways restés exceptionnellement au dépôt.
La fête eut quand même lieu (je me souviens avoir assisté à un spectacle de percutions), ne rencontrant qu’un succès mitigé en raison des circonstances (une inauguration de ligne de tramway sans tramway, ça ne le fait pas vraiment)... et la grève se prolongea durant tout le week-end. Pas glop, tout ça...


Samedi, le 19 aoűt 2006
Pas encore la rentrée, mais presque...
Le temps est redevenu beau et des amis partent la semaine prochaine dans le sud de la France ou en Espagne mais on ne s’y trompe pas : les vacances semblent bien sur le point de s’achever.
Les fournitures scolaires occupent les tĂŞtes de gondole des magasins, je suis allĂ© transpirer Ă  mon club de sport, j’ai remplacĂ© mes baskets par des chaussures de ville ; ce sont des signes qui ne trompent pas.
C’est le temps du retour, les personnes en exil occupent Ă  nouveau ce qui leur reste de maison ici ou lĂ , la paix fragile s’installe Ă  l’ombre des fusils et des canons de l’armĂ©e officielle et des intĂ©rimaires de l’ONU. La vie reprend son cours, les uniformes changent mais c’est toujours la mĂŞme litani(e). Ça va sans doute me faire bizarre, quand je reviendrai donner des cours dans la triple ville, au Nord, cet hiver...


Vendredi, le 11 aoűt 2006
Les trains qui sillonnent la France
Me voici de retour de Gironde où j’ai passé quelques jours chez Francis Valéry qui organisait une petite fête à l’occasion de son anniversaire. Moment bien agréable dans une charmante demeure sise dans les Côtes de Blaye en compagnie d’autres artistes, auteurs, musiciens, illustrateurs, gens du théâtre...
Prendre le train Lyon-Bordeaux, c’est un peu partir en expédition. Roanne, St-Germain-des-Fossés, Gannat, Commentry, Montluçon, Guéret, St-Sulpice-Laurière, Limoges, Thiviers, Périgueux, Coutras, Libourne... Il faut savoir s’occuper entre la fin de la matinée et le début de la soirée, des heures suffisantes pour terminer un roman de taille ordinaire (pour moi, ce fut l’Alchimiste de Paulo Coelho), pour écrire, voir du paysage ou faire de drôle de rencontres.
À l’aller, une espèce d’ogre m’a tenu compagnie pendant près d’une heure. Sans prĂ©ambule ni quelconque signe d’encouragement de ma part, l’animal s’est aussitĂ´t mis Ă  se raconter, et très fort, Ă©tant devenu dur de la feuille. Ancien de la SNCF, il avait, dans sa jeunesse, alimentĂ© en charbon des locomotives, sept tonnes aller, sept tonnes retour, et ce travail de force l’amenait Ă  se restaurer d’une omelette faite de trois douzaines d’œufs... Il m’a parlĂ© de ses collègues – dont il s’efforçait de retrouver le nom de chacun – et de leurs petites mĂ©chancetĂ©s, des matchs de foot qu’il arbitrait, de la mĂ©morable finale de district Ă  la Souterraine, de la fanfare oĂą il jouait du saxophone...
Le marque-page posé dans mon livre, je l’ai laissé évoqué les petits riens qui faisaient sa vie, alors que dans le wagon, vu la corpulence et les décibels du compagnon de voyage, on ne voyait et n’entendait que nous... (Enfin, surtout lui.)
Avec du recul, je me dis que si j’avais été psy, je crois que je me serais fait payer.
Sans transition. Demain, cela fera un mois que ça a commencé. Ne les oublions pas.


Lundi, le 24 juillet 2006
La flambée de l’immobilier
Au mois de décembre dernier, je me posais la question de savoir si j’allais ou non acheter l’appartement que j’occupais alors en location et que mes propriétaires souhaitaient vendre. J’exerce un métier stable, le loft me plaisait, mais le prix me semblait excessif, l’appartement nécessitait un grand nombre de travaux pour le transformer en un duplex intéressant et, surtout, j’éprouvais des réticences à m’attacher de manière définitive à des murs.
Pourtant, dans mon entourage, toutes les personnes dans ma situation franchissaient le cap et se décidaient à devenir propriétaire en regrettant souvent de ne pas s’être décidées plus tôt.
Las, je m’étais séparé de ma petite amie, et ces projets ne convenaient plus à mon statut de célibataire. Je me suis donc mis à la recherche d’un nouvel appartement à louer...
Quelques semaines plus tard, en arpentant les rues d’une très jolie ville portuaire de Méditerranée, je discutais avec un de mes collègues et lui faisais remarquer le nombre important d’immeubles qui s’y construisaient. Il m’expliqua qu’avec la flambée des cours de l’immobilier depuis des années, le moyen le plus simple de faire fortune était d’acheter un terrain, d’attendre un peu et de le revendre ensuite avec une plus-value extraordinaire ou, mieux encore financièrement, de bâtir une résidence revendue ensuite appartement par appartement. Il suffisait d’avoir l’apport financier nécessaire, et, ajouta-t-il dans un soupir, c’est ce qui lui manquait.
La flambée d’aujourd’hui, elle n’est plus due aux promoteurs mais aux missiles. Cette ville, c’était Tripoli. Ce pays, le Liban. Juste avant de partir en vacances, ironie du sort, j’ai appris que la Région venait d’accepter nos demandes de financement pour aller refaire pour l’année 2006-2007 des missions d’enseignement. Comme lui et d’autres, n’oubliez-pas ceux qui sont là-bas. S’il vous plaît.


Mercredi, le 19 juillet 2006
Pour voir
Alors que s’embrasent les États du Levant oĂą se trouvent certains de mes collègues et Ă©tudiants, je n’ai que le courrier Ă©lectronique qui me relie Ă  eux pour avoir une vision « de l’intĂ©rieur » de la situation.
Le cèdre que j’ai ramené de là-bas se meurt (bien que Stéphanois, je n’ai peut-être pas la main verte) et je me rends compte soudain que l’autre bout de la Méditerranée est situé vraiment très loin de la France.
Vivement les vacances. Ironie, c’est bien sur les terres puniques que je vais partir la semaine prochaine, or ce sont des PhĂ©niciens partis de l’actuel Liban qui avaient fondĂ© la civilisation carthaginoise... Est-ce que ces quelques jours me permettront de fermer les yeux sur le monde ?
Je suis myope. De ma famille, je suis sans doute celui qui a la meilleure vue (enfin, « j’étais », car mon frère cadet s’est fait opĂ©rĂ© des yeux au laser la semaine dernière) mais j’ai quand mĂŞme besoin de lunettes pour voir de loin, c’est-Ă -dire quand je conduis (ce qui m’arrive deux fois par an) ou quand j’assiste Ă  un spectacle (cela est plus frĂ©quent, heureusement). Dans les eaux tunisiennes, je vais faire de la plongĂ©e sous-marine, aussi me suis-je fait faire un masque dont les verres corrigent ma myopie. Je pourrai ainsi me baigner et voir, car le site est rĂ©putĂ© pour cela, de nombreux mĂ©rous, poissons qu’apprĂ©ciĂ©s des amateurs de calembours parce qu’ils produisent de la laine et des vents.


Dimanche, le 9 juillet 2006
De l’usage abusif du pronom personnel indéfini
« On » va jouer ce soir ! « On » va Ă  nouveau ĂŞtre les champions du monde !
Si les espoirs des supporteurs de l’équipe de France de football se rĂ©alisent, le « on » va se transformer en « nous » et provoquer des explosions de joie, des gonflements d’orgueil, comme si, derrière leurs tĂ©lĂ©visions (ou dans le stade de Berlin), ils Ă©taient pour quelque chose dans ce qui ne reste, malgrĂ© tout, qu’un simple sport devenu spectacle. Si ce n’est pas le cas, les plus fidèles des supporteurs pleureront la dĂ©faite de leurs hĂ©ros, et les plus lâches, déçus, transformeront le « on » en « eux », et ce sera ainsi la faute de l’arbitre, de l’entraĂ®neur, de l’équipe, du temps, du terrain, de la forme des poteaux ou de je-ne-sais-quoi d’autre comme excuse imaginable.
Ah, « on » va encore m’accuser d’être rabat-joie, de ne pas ĂŞtre solidaire de l’équipe nationale, voire de ne pas aimer mon pays... Point du tout, je me fĂ©licite de savoir que les joueurs de l’équipe de France sont constituĂ©s d’un bel ensemble Black-Blanc-Beur, mais je n’ai jamais pu Ă©prouver d’attrait pour les sports d’équipe, surtout quand je me rappelle de ça et de ce que certains adolescents, en mal de reconnaissance, Ă©taient prĂŞts Ă  faire pour obtenir une – malheureuse – victoire.
Mais bon, si cela peut mettre des gens en joie, ne boudons pas leur (nĂ´tre ?) plaisir... Alors allez les Bleus ! (enfin, ceux qui ont un maillot blanc, j’y comprends rien.)


Mardi, le 11 avril 2006
Machine arrière
Enfin !
Le gouvernement s’est décidé à retirer le CPE, du moins sous sa forme actuelle...
Les étudiants ont donc décidé d’arrêter le blocage de l’Université où je travaille.
Les cours ont pu reprendre, le programme des enseignements s’est remis en route avec trois semaines de retard. Le retour à la normalité nous ramène à la situation que nous vivions durant le mois dernier.
Du coup, le temps aussi a dĂ©cidĂ© de faire machine arrière : en plein mois d’avril, nous avons eu de la neige !


Dimanche, le 2 avril 2006
Dans mes nouveaux murs
Mes cartons se vident les uns après les autres dans les meubles que j’installe.
Mes sculptures reprennent leur place et, peu Ă  peu, mon univers se reconstruit.
Le soleil refait son apparition, la nature se réveille, des vies comme la mienne connaissent un printemps composé de retrouvailles, de rencontres et de bonnes nouvelles.
Hors de mes nouveaux murs plane une odeur mêlée de douceur, d’espoir et... de lutte sociale.


Lundi, le 20 mars 2006
Ma vie est un roman : 5. Autour de la MĂ©diterranĂ©e
Ici, l’incipit place directement le roman dans son contexte. Il s’agit d’un livre que je n’ai pas encore lu mais qui est sur le haut de la pile de ceux que je devrais lire. Pour l’instant, je n’ai pas encore été convaincu par cet auteur classique car la lecture d’un de ses romans, étudié en classe de seconde, m’avait été si fastidieuse que je ne l’avais pas achevé, événement qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Maintenant que j’ai deux fois l’âge que j’avais en seconde, je pense que je serais sans doute un peu plus résistant et que je pourrais à nouveau m’intéresser au sort de cette infortunée mariée à un insignifiant médecin de province.

C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.


Aujourd’hui, de l’antique citĂ©, il ne reste que des ruines, mais un peu d’imagination permet de se donner une idĂ©e de la grandeur d’un peuple qui a failli terrasser Rome. Je suis en ce moment en train de terminer la Dame des abeilles de Thomas Burnett Swann qui se dĂ©roule au temps mythique de la construction de la citĂ©, dans l’alliance des troupes de Didon la phĂ©nicienne (l’actuel Liban) et d’ÉnĂ©e, rescapĂ©e de la destruction de Troie (dans l’actuelle Turquie) par les Grecs après des annĂ©es de siège. Les bords de la mer MĂ©diterranĂ©e ont vu naĂ®tre et mourir des villes, des royaumes, des nations, des religions et des civilisations dont nous sommes hĂ©ritiers. MĂŞme si je n’ai rien de très mĂ©diterranĂ©en, du moins dans mon physique, j’ai toujours Ă©tĂ© fascinĂ© par cette mer, que ce soit depuis le sud de l’Europe, le Proche-Orient ou le Maghreb, mon mode de pensĂ©e est un cartĂ©sianisme latin mĂ©tissĂ©, et mes grandes amours puisent leurs racines en Afrique du Nord ou en Italie...
Pour ceux qui n’ont pas trouvé d’où est tiré l’incipit, laissez reposer votre curseur ici.


Jeudi, le 16 mars 2006
Ouvert / Fermé
Hier avait lieu la Journée Portes Ouvertes dans l’Université où j’interviens, la fameuse grand-messe annuelle d’information sur tout l’éventail de nos formations auprès des futurs bacheliers ou autres diplômés du supérieur...
Sauf que, en raison de la grève des étudiants liée au retrait du CPE, les portes de certaines facultés étaient fermées.
Finalement, pour éviter ce couac mémorable, comme c’était aussi la Journée Nationale du Sommeil, tout le monde aurait dû plutôt rester coucher chez soi.


Lundi, le 20 février 2006
Grand et mince ?
Je viens d’apprendre que je mesure un centimètre de plus que la moyenne nationale des hommes adultes... et que je pèse quelques kilogrammes de moins.
Ah, quand mĂŞme.


Mardi, le 24 janvier 2006
Gardons nos trottoirs propres, mangeons du chien
Il ne m’a pas fallu très longtemps pour regretter mon retour en France.
Il faut dire qu’au Liban j’étais soigné comme un coq en pâte... Certes, l’organisation là-bas était un peu bordélique, mais tout se passait quand même dans une ambiance chaleureuse et finissait par arriver, il suffisait d’être patient. Tripoli, le soleil, la mer, la montagne, la cuisine aux senteurs épicées, la saveur de la menthe, les pâtisseries d’Hallab...
Ici : le froid, le restaurant universitaire, les problèmes du quotidien Ă  gĂ©rer.
Et plus de téléphone à la maison. France Telecom m’a encore fait le coup du faux contact quelque part (ça vient juste de fonctionner à nouveau).
Les bus ou le tramway que j’ai l’habitude de prendre ont changé de trajet et d’arrêt.
Même les magasins où je vais faire mes courses ont modifié leur structure, perdant des rayons de produits pratiques au profit des conneries en solde.
C’est dingue, ça, je ne suis parti qu’une semaine, et je ne reconnais plus rien !
Ah, si. Il y a quand même encore les immuables clochards qui font la manche ou les Mormons qui veulent me convertir... Aux uns comme aux autres, je réponds que je suis désolé. Belle hypocrisie occidentale.
Et puis, bien sûr, il y a toujours les merdes de chien.


Dimanche, le 15 janvier 2006
MĂ©dicament
Dans un instant, je vais partir au Liban (pour mon boulot).
Du coup, j’ai bu du soda en prévision des troubles gastriques qui risquent de m’arriver là-bas (par exemple si j’oublie de me brosser les dents à l’eau minérale). Et je compte en boire aussi sur place (avec du thé, hein, faut quand même pas déconner) parce que c’est quelque chose qu’il est assez facile de trouver un peu partout sur Terre. La boisson du docteur Pemderton est en effet si horrible (à la fois terriblement acide et effroyablement sucrée) que même les méchantes bactéries n’osent s’y frotter.
C’est peut-ĂŞtre ça, la mondialisation : la santĂ© pour tous ?
Teuf, teuf, qu’est-ce qu’il ne faut pas dire, parfois...


Dimanche, le 11 décembre 2005
Article supprimé
(..)


Mardi, le 6 décembre 2005
Saint Nicolas
Dans mon enfance, dans ma région natale, le 6 décembre était le jour des enfants, la fête patronale des écoliers.
Je me rappelle que lorsque je me levais et allais prendre mon petit dĂ©jeuner, je trouvais Ă  ma place des pains d’épice avec l’image de Saint Nicolas, des brioches en forme de bonhomme appelĂ©es « manala », des mandarines et du chocolat.
C’était un moment magique qui donnait aux bambins en cartable que nous étions du courage pour affronter le mauvais temps de l’automne mourant et qui nous permettait de patienter encore quelques jours avant Noël, moment de vacances et de cadeaux.
C’était il y a longtemps. C’était quand on était petit.
Aujourd’hui, Nicolas ne fait hélas plus penser qu’au prénom d’un ancien dictateur roumain ou d’un ambitieux carcherisateur de ministre...


Lundi, le 14 novembre 2005
Portnawak-cities
Samedi après-midi, Ă  Lyon, nous sommes arrivĂ©s trop tard pour profiter pleinement de la Biennale. Pas grave, ce sera pour la prochaine fois. Nous nous Ă©tions garĂ©s près des quais, non loin des UniversitĂ©s Lyon II et Lyon III, avions traversĂ© le pont de la Guillotière et, parvenus dans la Presqu’île, nous avions l’impression de vivre un mauvais rĂŞve. La rue de la Barre portait bien son nom car elle Ă©tait barrĂ©e par un cordon de CRS. Pas moyen d’aller Ă  la place Bellecour. Nous avons alors pris la rue Bellecordière, n’en revenant pas quand nous avions vu dĂ©barquer les clients de la FNAC Ă©vacuĂ©s par la sortie arrière, entendant sans comprendre parler de casseurs et gaz lacrymogènes.
Le lendemain après-midi, passage au musĂ©e d’arts modernes de Saint-Étienne pour assister, outre aux expositions temporaires et permanentes, Ă  une reprĂ©sentation théâtrale des plus originales sur le thème des mathĂ©matiques. En rentrant du musĂ©e, nous nous sommes arrĂŞtĂ©s Ă  une station service pour faire le plein. Mon amie, en remplissant le rĂ©servoir de sa voiture, a vu des jeunes mettre de l’essence dans un jerricane. La vente au dĂ©tail n’est-elle pas proscrite depuis quelque temps ? Impossible de ne pas penser aux incendiaires de vĂ©hicules.
Ainsi, le week-end dernier, les balades initialement destinées à nous élever au moyen de l’art nous ont pourtant désagréablement ramenés à la bassesse matérielle à travers la cruelle insécurité ambiante...


Lundi, le 7 novembre 2005
Portnawak-city
Ce matin aurait Ă©tĂ© propice Ă  la rĂ©alisation d’une grasse matinĂ©e : dans notre bonne ville de Saint-Étienne, nul tramway ne fait entendre son doux « cling-cling ! » caractĂ©ristique.
Une belle journĂ©e s’annonce, aussi vais-je me rendre avec plaisir Ă  mon lieu de travail Ă  pied, dĂ©laissant pour une fois les transports en commun. MĂŞme si les tempĂ©ratures ne sont pas encore clĂ©mentes Ă  cette heure – bien que la radio parle « des chauds fourrĂ©s » s’étant produits la veille –, de jeunes gens se feront un devoir de transformer avec diligence les bus inutiles en braseros pour la plus grande satisfaction des piĂ©tons souffrant du froid.
Le monde est vraiment formidable quand on est sous prozahiac.


Dimanche, le 30 octobre 2005
Heurs et malheurs de l’heure
La semaine dernière, j’ai cru être tombé dans une faille temporelle.
Dans la nuit de samedi à dimanche, ma montre s’est arrêtée. Bon, simplement une histoire de pile, il suffit de l’apporter à un horloger. Ouais, mais pas avant mardi. Flûte et zut.
Je me suis alors servi d’une montre de rechange, une vieille montre de plongĂ©e avec profondimètre qui eut son heure de gloire il y a des annĂ©es mais qui avait depuis subi quelques dommages : plus moyen de la mettre autour du poignet (le dispositif d’accroche du bracelet Ă©tait complètement bousillĂ©), et l’aiguille des minutes ne tournait plus. Enfin, soit, une petite montre avec la fonction minimale, Ă  savoir afficher l’heure sur un cadran numĂ©rique Ă  dĂ©faut de pouvoir lire l’heure au moyen des aiguilles. En plus, cette montre me sert de rĂ©veil (et Ă©ventuellement de chronomètre).
Allez savoir pourquoi, mais ce restant de montre avait justement choisi le moment oĂą j’en avais besoin pour se mettre Ă  dĂ©conner : l’un des interrupteurs, servant en particulier Ă  annuler le rĂ©veil, refusait de fonctionner. Et avec les vacances qui arrivaient, je n’avais guère envie de me faire rĂ©veiller dès l’aube... Gasp !
Mardi, j’imaginais vivre ma dernière journĂ©e de travail avant une semaine de vacances. Et puis, petit Ă  petit, le doute s’est installĂ© en voyant des collègues prĂ©parer des choses pour le lendemain. Contrairement Ă  ce que je croyais, les vacances de Toussaint ne dĂ©butaient pas le soir-mĂŞme mais le lendemain. Mon erreur s’expliquait par le fait que je m’étais basĂ© sur le calendrier de l’établissement pour lequel j’exerce un certain nombre de responsabilitĂ©s et qui avait un jour de dĂ©calage pour ses vacances avec mon centre. Gasp, je devais travailler le lendemain !
J’ai quand mĂŞme pu passer chez un horloger-bijoutier pour changer la pile de ma montre... En revenant la chercher, ni le chronomètre ni le rĂ©veil ne fonctionnaient. L’horloger-garagiste m’a alors baratinĂ©, m’annonçant que s’il devait ouvrir ma montre pour la rĂ©parer, cela me reviendrait cher, très cher... (« la main d’œuvre, vous comprenez ») Comment lui prouver que c’était sa faute si les mĂ©canismes annexes ne fonctionnaient plus ? Je suis rentrĂ© chez moi Ă©touffer la froide colère que m’avait valu la discussion avec cet escroc.
Je suis quand même revenu le voir le lendemain, juste avant de partir travailler, et j’ai demandé à cet horloger-arnaqueur de vérifier le mécanisme, mais le prévenant que ce n’était pas la peine d’y toucher si la réparation allait me coûter trop cher (le prix annoncé était d’abord l’équivalent des deux tiers du prix d’achat de la montre, et même s’il s’agissait d’un cadeau auquel je tenais, cela aurait été absurde de vouloir la conserver à tout prix).
Finalement, la réparation ne m’a pas coûté grand chose, et j’ai pu récupérer ma montre hier (escroc, mais pas trop).
Et aujourd’hui, comme tout le monde, j’ai pu changer l’heure, espérant par ce retour à l’heure d’hiver un retour normal à la réalité temporelle.


Mardi, le 4 octobre 2005
Travailleurs de tous les pays... levez-vous !
Aujourd’hui, en France, cela va ĂŞtre la grande journĂ©e de grève et de manifestations dans les transports et dans la rue. Les rares transports en commun qui fonctionneront vont ĂŞtre pris d’assaut ; les trains, mĂ©tros, trams et bus seront bondĂ©s, on va se marcher sur les pieds, entassĂ©s, debout dans des espaces confinĂ©s.
Ouais, tous debout.
Et pourtant, par un curieux hasard de calendrier, ce mercredi 4 octobre est paradoxalement le jour de la Saint François... d’Assise !


Mardi, le 27 septembre 2005
Différences de points de vue et mélange des genres
De la Russie, mes parents m’ont rapportĂ© l’image d’un pays oĂą de superbes Ă©glises orthodoxes cĂ´toient aussi bien des immeubles modernes apparus avec le capitalisme que des lourds bâtiments Ă  l’inesthĂ©tique mais fonctionnelle architecture soviĂ©tique. À Moscou, des bateaux de tourisme voguent sur le canal menant Ă  la Volga, et il semble difficile de passer un jour dans les belles rues de la capitale sans voir une scène de mariage et des limousines. À peu de choses près, j’y retrouvais la vision qu’en avait donnĂ©e CĂ©dric Klapisch dans son film les PoupĂ©es russes.
Mais quand ce sont les Russes qui parlent de leur pays, comme le réalisateur Timur Bekmambetov dans le film Night Watch, le Moscou d’aujourd’hui devient le terrain de chasse des vampires, un lieu où s’affrontent les Forces du Bien et du Mal, où des tourbillons de corbeaux annoncent des événements funestes, et où la sorcellerie est encore toute-puissante...
L’image réfléchie par les miroirs n’est pas celle que l’on trouve dans le regard des autres.


Jeudi, le 22 septembre 2005
La loi des séries
Dans un article daté du 06/09/2005, j’évoquais le fait de ne pas avoir vraiment de chance en matière de déplacement. Les endroits où j’ai prévu de me rendre et où je ne peux finalement aller se retrouvent soudain maudits (à savoir Londres, Charm el-Cheikh, la Nouvelle-Orléans).
L’autre jour, Ă  Lyon, entre mes activitĂ©s de recherche nuptiale aquariophile (voir mon post prĂ©cĂ©dent), je suis allĂ© voir mon ancien directeur de thèse qui devait, lui, se rendre Ă  cette fameuse confĂ©rence prĂ©vue Ă  l’origine en Louisiane. Il m’a appris qu’à quelques jours de l’évĂ©nement, les organisateurs avaient dĂ©cidĂ© de dĂ©placer cette grande rencontre Ă  Houston, dans l’État du Texas voisin.
Donc tout va bien, madame la marquise.
Ben non.
V’là-t-y pas qu’après Katrina, Rita vient d’atteindre la force d’un cyclone et s’approche dangereusement... du Texas.
Ben ouais.
Scoumoune, quand tu nous tiens !


Mardi, le 20 septembre 2005
Une nouvelle fiancée
En fait, non, pas tout Ă  fait.
Quoi de mieux qu’une nouvelle fiancĂ©e ?
Trois nouvelles fiancĂ©es !
Elles sont trois, des charmantes demoiselles que j’ai apporté à mon betta splendens célibataire aujourd’hui.
Sont-elles aussi splendides que leur nom latin le suggère ? Certes, elles sont jolies, mais dans le monde animal, c’est le mâle qui se pare des plus beaux atours, et les trois timides femelles ne peuvent rivaliser avec le monsieur qui semble ĂŞtre vĂŞtu d’une robe de soirĂ©e aquatique conçue par les plus grands couturiers de la crĂ©ation.
Chez les homo sapiens sapiens que nous sommes, en revanche, ce sont les dames qui portent les plus belles toilettes, qui arborent les plus élégantes coiffures et les maquillages les plus recherchés.
D’oĂą vient cette diffĂ©rence ?
Mettez deux poissons combattants mâles dans le mĂŞme aquarium (non, ne le faites surtout pas en vrai, c’est un exemple fictif !). Ils ont beau ĂŞtre magnifiques, ces combattants, mais mis l’un en face de l’autre, ils se retrouvent aussitĂ´t transformĂ©s en de redoutables guerriers (les betta splendens ne s’appellent pas « poissons combattants du Siam » pour rien) et vont se battre jusqu’à la mort de l’un, et bien souvent des deux.
Ceci m’amène Ă  proposer une thĂ©orie : n’est-ce pas pour faire disparaĂ®tre les duels que les hommes d’aujourd’hui, lorsqu’ils se retrouvent en (« bonne ») sociĂ©tĂ©, portent tous le mĂŞme type d’habit, Ă  savoir un smoking ?


Mercredi, le 14 septembre 2005
De l’inavouable bonheur d’être méchant
Il y a encore peu de temps, j’étais étudiant et mes seuls problèmes se résumaient à la réussite de mes années universitaires. J’étais plutôt tranquille, personne ne venait m’embêter, je n’avais qu’à me consacrer à mon travail.
Depuis que j’ai obtenu un poste, c’est Ă©trange, mais j’existe soudainement pour d’autres gens. Il suffit d’avoir une certaine renommĂ©e scientifique, ou d’exercer des responsabilitĂ©s mettant en jeu de l’argent ou des ressources humaines, et de curieuses tĂŞtes – pas toujours très bien intentionnĂ©es – font leur apparition dans le paysage pour lancer des attaques et s’approprier le modeste pouvoir (euh ?) dont on peut jouir.
Au dĂ©but, on essaie d’être diplomate, on fait des concessions, on sort d’épuisantes rĂ©unions en croyant avoir Ă©vitĂ© le pire... Jusqu’à dĂ©couvrir un peu plus tard que l’on s’est fait planter un couteau dans le dos. MĂŞme si ça fait mal, Ă  la longue, cela ne ressemble plus qu’à un picotement dĂ©sagrĂ©able. Alors on devient moins naĂŻf. Et on en vient Ă  rĂ©pondre en dĂ©tournant les coups portĂ©s par l’agresseur comme cela l’est pratiquĂ© dans l’aĂŻkido. Après, il est dĂ©licat de ne pas se rĂ©jouir de voir ces coquins mis hors d’état de nuire par KO. Mais, honnĂŞtement, qui peut s’empĂŞcher de sourire en voyant des mĂ©chants recevoir une tarte Ă  la crème ?


Mardi, le 6 septembre 2005
Scoumoune
Pour mes déplacements dans le monde, il n’y a pas à dire, je suis maudit...
Au mois de juillet, un de mes meilleurs amis, de retour d’Afrique, me proposait de le retrouver auprès de sa famille, à Londres. Finalement, suite à des problèmes d’hébergement, je n’ai pu me rendre dans la capitale britannique... et, du coup, j’ai évité de peu ceci.
Ensuite, j’aurais dû partir dans le sud de la France avec des copains, mais cela n’a pu se faire.
Tant pis, j’ai dĂ©cidĂ© de partir tout seul en Égypte faire de la plongĂ©e en mer Rouge. Et il y a eu cela.
Alors je ne suis pas allé à Charm el-Cheikh mais au sud d’Hurghada où j’ai pu passer un excellent séjour.
Maintenant, les vacances sont terminées.
Pour mon boulot, j’aurais normalement dû me rendre prochainement à une conférence à la Nouvelle-Orléans. Mais je n’ai pas eu le temps de terminer l’article de recherche que je destinais à cette conférence, et le projet est tombé à l’eau. De toutes façons, de l’eau, il y en a justement, et bien plus qu’il n’en faut, dans cette ville de Louisiane, après le passage de Katrina.
Maudit, oui, je suis maudit...
Il faut croire que quand la folie des hommes ne touche pas les lieux oĂą je compte me rendre, les catastrophes naturelles s’y mettent. Bon, pour mon prochain dĂ©placement, je vais aller – si possible pas en avion – dans un endroit rĂ©putĂ© sĂ»r. Ah, ben zut, non : cette annĂ©e, je vais devoir partir donner des cours Ă  Tripoli, dans le Liban nord...


Lundi, le 29 aoűt 2005
Carte postale
ArrivĂ© en Égypte, Ă  quelques centaines de kilomètres au sud de Hurghada.
Paysages extraordinaires, sur terre (hôtel, tel une oasis, coincé entre la mer Rouge et un désert de roches et de sable) comme sous mer (récifs coralliens avec une faune marine superbe). Excellente ambiance avec les autres plongeurs.
Trop bien, les vacances...
Hier, retour en France. Et aujourd’hui, c’est à nouveau le boulot...


Vendredi, le 12 aoűt 2005
Prenez et mangez, ceci est son corps
Là, à l’instant, une mouche est venue m’ennuyer.
En la chassant de la main, sans le faire exprès, j’ai attrapé la bestiole entre mes doigts.
Du coup, je ne savais plus quoi en faire...
Écraser l’animal pour ne plus me faire embĂŞter ? Beurk...
Noyer l’insecte dans l’évier ? Ça fait moins de saletĂ©s, c’est sĂ»r.
Pourtant, bêtement, je l’ai balancé dans mon aquarium.
La mouche, Ă©tourdie, a tentĂ© de se sortir de ce piège aquatique... mais pas bien longtemps. Avec une certaine surprise, j’ai vu mes poissons exotiques se jeter sur elle. Ils sont vraiment tout petits, ces danio rerio mais, Ă  quatre, il n’a pas fallu longtemps pour qu’ils la dĂ©vorent. Ben ouais, ils sont carnivores, alors quoi de plus normal ? Quand on leur donne toujours des vers de vase lyophilisĂ©s ou de cet obscur « aliment complet », comme je le fais, on ne se rend pas bien compte, alors ça surprend. Enfin, cette mort stupide n’aura donc pas Ă©tĂ© inutile pour tout le monde.
Merde, dans une semaine, je partirai faire de la plongée en mer Rouge. Et là-bas, il y a des requins...


Mercredi, le 27 juillet 2005
La complainte du consommateur
Pourquoi, en pĂ©riode de soldes, les articles qui dont nous avons besoin, qui nous plaisent le plus et qui sont Ă  notre taille ne sont (presque) jamais ceux qui sont soldĂ©s ?
Hein, pourquoi ?
Parce que, moi, je me demande bien pourquoi...


Vendredi, le 8 juillet 2005
Distributeur de bonheur
Il y a quelques jours, j’étais dans un lycée pour présider un jury de bac. Longue discussion avec les différents enseignants pour savoir qui méritait d’avoir les quelques points manquants nécessaires pour passer du refus à l’admissibilité à la session de rattrapage, de l’admissibilité à l’admission, ou obtenir une mention...
C’est rassurant de voir que les élèves ne sont pas notés à la légère et que le facteur humain est encore essentiel dans ce genre de processus.
De la psychologie, il en fallait quand les lycĂ©ens venaient rĂ©cupĂ©rer leurs relevĂ©s de notes, pas pour dire « fĂ©licitations » Ă  ceux qui Ă©taient admis, mais pour les autres, les recalĂ©s, déçus, ou ceux qui devaient passer le rattrapage et qui Ă©taient un peu perdus... « Vous voyez, ce 4 en maths, c’est sans doute un accident, alors choisissez cette matière, comme il y a un gros coefficient, vous avez toutes les chances de vous rattraper Ă  l’oral si vous rĂ©visez bien... » avais-je dit Ă  cette jeune fille, les yeux noyĂ©s de larmes.
Et hier se sont dĂ©roulĂ©es les Ă©preuves de rattrapage. Un grand nombre d’élèves avaient rĂ©ussi Ă  se racheter. Il y avait toujours quelques déçus, bien entendu, mais aussi ces visages plein de joie Ă  la rĂ©ception du relevĂ© de notes marquĂ© des palmes... La fille Ă©motive de la fois passĂ©e avait Ă  nouveau des larmes aux yeux, mais de bonheur cette fois, et ne cessait de dire : « merci ! »... Quel plaisir d’avoir le rĂ´le du père NoĂ«l !
Au même moment, à Londres, des monstres avaient fait exploser des bombes dans les transports en commun... et le hasard avait distribué aveuglément la mort parmi de malheureux voyageurs et passants.
Cruel contraste.


Dimanche, le 12 juin 2005
M’est arrivé plein de trucs
Samedi, il y a une semaine (dĂ©jĂ  !), je suis allĂ© au Fest’Uval Jean Mon’Arts pour assister Ă  divers spectacles et voir l’exposition oĂą se trouvaient (et se trouvent encore pour quelques jours) certaines de mes sculptures. Avant d’aller chez le copain qui devait m’emmener au lieu du festival, j’ai mĂ©morisĂ© les chiffres de son digicode et je suis allĂ© Ă  un distributeur de billets automatique. Et lĂ , la gaffe : je me suis fait la remarque que les chiffres du digicode du copain sont presque les mĂŞmes que mon code de carte bleue. Du coup, au moment de taper ma suite de chiffres, les autres, ceux du digicode, sont venus parasiter ma sĂ©quence... au point que ma carte a fini par se faire avaler par la machine après trois essais infructueux. Et merdeeeeeeeeeeu.
C’était donc avec mes dix petits euros restants que je me suis retrouvĂ© au château de Saint-Victor sur Loire. Pas mal de spectacles sympas, l’expo attirait aussi des gens, et en allant Ă©couter de la musique chorale, je me suis rendu Ă  l’église. LĂ , surprise : mon ex petite amie Ă©tait prĂ©sente. C’était bizarre de la revoir car elle n’avait plus donnĂ© signe de vie depuis près d’un an. Après le concert, nous avons discutĂ© comme de bons amis et ça m’a fait très plaisir : notre douloureuse histoire fait maintenant partie du passĂ©.
La semaine dernière, Francis ValĂ©ry Ă©tait de passage Ă  Saint-Étienne. Ça fait du bien de revoir l’ami Francis. Nous avons pas mal discutĂ©, pas mal mangĂ© (restaurants mardi soir, mercredi soir, jeudi midi et jeudi soir, aĂŻe, aĂŻe, aĂŻe, ça fait mal Ă  la carte bleue Ă  peine retrouvĂ©e...), pas mal picolĂ© aussi (mais oĂą est passĂ©e ma bouteille de liqueur de litchi ?). Jamais couchĂ© avant minuit et au boulot avant huit heures du matin, les nuits de cette semaine Ă©taient courtes... et ce week-end Ă©tait vraiment le bienvenu pour se reposer un peu.


Dimanche, le 29 mai 2005
Rouget de Lisle vainqueur de Beethoven
Ce dimanche, après être allé faire mon devoir électoral, j’ai vu le troisième épisode de Star Wars. Très chouette film, mon préféré de la nouvelle trilogie, assurant avec brio la transition entre les deux premiers épisodes et les anciens. Dans la salle, des papas un peu plus âgés que moi étaient accompagnés de leurs rejetons et leur expliquaient le pourquoi du comment de la saga qu’ils avaient vu quand ils avaient le même âge qu’eux, jolie transmission de savoir à la sauce culture pop.
Une horrible dĂ©couverte, cependant. Jamais je n’ai vu autant d’adolescents... et ces derniers sont Ă©pouvantablement gros ! Non, mais c’est dingue : les ados de la nouvelle gĂ©nĂ©ration sont obèses ! Et ça va s’acheter des paquets de pop-corn maxi avec des grands verres de soda super sucrĂ©. Argh... Mes futurs Ă©tudiants ressembleront donc Ă  ça dans quelques annĂ©es ? Il y a de quoi avoir peur !
Et dans la sĂ©rie lamentable, les premières estimations donnent le « non » largement vainqueur. M.... ! Non, je n’ai pas lu le traitĂ© dans son intĂ©gralitĂ©, j’aurais Ă©tĂ© bien incapable de saisir la portĂ©e des divers articles, mais je m’en suis fait expliquer certains points par une juriste de confiance qui m’a confortĂ© dans mon idĂ©e initiale de voter « oui ». Bon, puisque c’est jouĂ©, alors c’est « non », quel plan B va se prĂ©parer pour la France et pour l’Europe ? Vous y croyez, vous, Ă  une renĂ©gociation menĂ©e entre, d’un cĂ´tĂ©, une union contre nature entre les divers partis des extrĂŞmes et les branches dissidentes des partis de droite et de gauche, et, de l’autre, le reste de l’Union europĂ©enne ? D’autant que dans ces autres pays, qui seront nos interlocuteurs ? Tout prĂŞte Ă  croire que la droite passera chez nos voisins. Chers compatriotes, voilĂ  une bien curieuse manière de prĂ©parer une Europe sociale...
Enfin, ce qui m’ennuie tout autant que l’avenir dans notre vraie vie est que le roman sur lequel je travaillais – et que je laissais en stand-by depuis quelque temps – dĂ©crivait un futur proche avec une France clairement europĂ©enne et une Union europĂ©enne fĂ©dĂ©rant de manière forte les nations de notre bon vieux continent. Ben, du coup, il va falloir que je change plein de choses. Les Ă©lections auront au moins eu pour effet de me motiver pour me remettre Ă  Ă©crire.


Lundi, le 23 mai 2005
De l’eau et des éclairs
Samedi, avec un copain qui venait d’apprendre la veille sa rĂ©ussite Ă  un concours, nous nous sommes rendus au festival 6ème Continent Ă  Lyon. Nous quittons le Rond-point de Saint-Étienne pour nous engager dans la voie rapide, et je fais la remarque : « Tiens, la voiture devant nous s’est fait flasher ! ». Le temps que le pilote vĂ©rifie sa vitesse sur le compteur et... merde... nous avons aussi droit Ă  une photo souvenir.
Bon, ça commence bien. Le copain prend cependant l’amende à venir avec une certaine philosophie. Il est conducteur depuis seize ans et n’a jamais effectué une seule infraction au code de la route. Il faut bien une première fois... Penser à la réussite à son concours et aux nouvelles fonctions qu’il va occuper à la rentrée prochaine efface un peu cet ombrageux événement.
Sur le chemin, nous passons en revue diverses stations de radio pour tomber sur les informations. Non, il est encore trop tôt pour connaître le résultat du festival de Cannes.
Nous entrons dans Lyon, passons Ă  cĂ´tĂ© de la Halle Tony Garnier, et nous trouvons une place devant l’entrĂ©e du Parc de Gerland. Musiques du monde. Tenues bab’, look « altermondialiste », ceux qui sont lĂ  ne tiennent pas Ă  se prendre la tĂŞte. Petit tour auprès des stands sur le thème du dĂ©veloppement durable, du commerce Ă©quitable ou du Tibet libre... Je me sens bien.
Nous achetons des tickets à échanger contre de la nourriture et de la boisson. Je prends du poulet au riz avec des trucs bizarres, genre beignet de banane, avec sauce épicée et légumes délicieux mais non identifiables.
Quelques gouttes tombent. Des éclairs lézardent le ciel. Nous nous mettons à l’abri à côté des pistes de vélo et roller acrobatiques.
Nous partons ensuite Ă  la recherche de toilettes.
Je me rappelle un endroit oĂą il y en avait, au niveau des petites maisons du parc. Mmmmm... LoupĂ© : fermeture Ă  19 heures. Mais un policier zĂ©lĂ© nous indique la prĂ©sence de cabines automatiques un peu plus loin. Nous traversons un long terrain gazonnĂ©. J’entre dans le lieu d’aisance Ă  l’air futuriste. Je pousse au hasard un bouton et lis ensuite que c’est lĂ  qu’il faut appuyer quand on veut sortir. Bon, qu’importe. La cuvette du trĂ´ne en mĂ©tal bouge. Je me dĂ©pĂŞche. Puis de l’eau envahit le sol et noie mes baskets. Argh ! Je me lave vite fait les mains. La lumière s’éteint. Je me prĂ©cipite vers la sortie de peur d’être enfermĂ©. Bon, OK, la prochaine fois, je le saurai : appuyer sur le bouton pour sortir seulement. Le copain a prĂ©fĂ©rĂ© se soulager contre un arbre. Il avait sans doute raison.
La nuit tombe. Nous nous rapprochons de la scène. Il y a beaucoup de monde maintenant. Les organisateurs demandent au public des parapluies et mettent en place une protection de fortune pour le prochain groupe.
Les Bistanclaque montent sur scène. Ces Croix-Roussiens, un duo, rejoint un peu plus tard par une saxophoniste, nous livrent une musique aux paroles pleines de sel, de sucre et d’acide. Une bonne partie du public se retrouve dans les cercles concentriques d’une danse circasienne.
Avant qu’un nouveau groupe ne prenne place sur scène, nous partons chercher des boissons. Je demande un jus de goyave, je me fais servir de la mangue. Bah, pas grave, il n’y a que moi pour demander des jus de fruits impossibles.
Je vais m’acheter le CD des Bistanclaque (que j’écoute en boucle depuis, avec une prĂ©fĂ©rence pour les chansons l’Ancienne, Consomme ! et la Scottish). Il pleut toujours, et les prochains musiciens ne viennent pas. Le copain me parle de Femi Kuti, que l’on attend et qui devrait venir d’une minute Ă  l’autre, et de son père, Fela Kuti, le fameux chanteur militant Ă  l’origine de l’afro beat.
Sous la pluie, le public s’impatiente. Les musiques enregistrées n’ont pas la chaleur de celles en live. Les organisateurs montent sur scène.
Explications.
Pluie. Matériel électrique. Risque d’électrocution. Concert annulé.
C’est la grosse déception. Face aux éléments, nous sommes bien impuissants. Nous nous décidons à rentrer, fort marris qu’avec cette pluie, la suite de la soirée soit tombée... à l’eau.


Dimanche, le 15 mai 2005
Article supprimé
(...)


Mercredi, le 6 avril 2005
Prenez, ceci est mon sang
Bizarre.
Aujourd’hui, je suis passé à un labo d’analyse médicale pour faire une prise de sang.
Bon, jusqu’ici, rien d’anormal.
Retour à la maison prendre un petit déj’, puis je suis parti à la fac.
LĂ -bas, il y avait une annonce pour aller donner son sang.
Je me suis renseigné, il n’y avait pas de contre-indication car la quantité prélevée pour une analyse est minime (comparée à un don ou à notre capacité à nous régénérer), et le Bon Dieu ayant bien fait les choses, nous sommes pourvus de deux bras (sinon, pas de chocolat, mais c’est une autre histoire).
Je me retrouve à présent avec des trous au niveau de la saignée (tiens, pour une fois, un terme qui porte bien son nom) de mes deux coudes.
Ouais, j’ai un peu l’air d’un junkie ce soir. DrĂ´le de situation pour moi qui Ă©vite l’alcool, fuis la cafĂ©ine, essaie d’échapper Ă  tout mĂ©dicament, ne fume pas et n’ai jamais touchĂ© Ă  la dope. Mais arrĂŞtĂ© par les flics, j’imagine qu’en voyant les stigmates sur mes bras, le malentendu aurait Ă©tĂ©... stupĂ©fiant !


Dimanche, le 3 avril 2005
Vacance du Saint Siège
Karol Wojtyla, l’évêque de Rome, s’en est allé...
Le monde souligne le champion de la paix qu’a Ă©tĂ© Jean-Paul II, les Églises juive, musulmane ou orthodoxe partagent leur Ă©motion avec les chrĂ©tiens catholiques.
Moi aussi, je pleure Ă  la fois l’homme et le globe-trotter qui eut une influence considĂ©rable sur l’entente entre les diffĂ©rentes religions ou sur l’ouverture des pays de l’Est prisonniers du bloc soviĂ©tique, mais j’ai le plus grand mal Ă  lui pardonner d’avoir toujours dĂ©fendu les positions les plus traditionnelles du Vatican : cĂ©libat des prĂŞtres, opposition Ă  l’avortement, refus des mĂ©thodes de contraception (alors faites un geste au profit du Sidaction, n’oubliez pas les ravages que cette maladie a causĂ©s en Afrique chez ceux qui refusaient de mettre un prĂ©servatif sous prĂ©texte de suivre la dĂ©cision papale).
Et surtout, une angoisse : qui sera le nouveau successeur de Saint Pierre ? Si j’avais le droit de voter, j’aurais choisi l’évĂŞque d’Evreux de Partenia, Jacques Gaillot. Mais il ne faut pas rĂŞver, non seulement Mgr Gaillot n’est point cardinal, mais, de plus, cela ne risque guère d’arriver : il n’est pas vraiment en odeur de saintetĂ© auprès de Rome...
Et plutĂ´t si : rĂŞvons ! Changer le monde, c’est ce que nous faisons en Ă©crivant de la fiction.


Samedi, le 26 mars 2005
In God I trust
Je viens de faire ce test et j’ai eu comme rĂ©sultat :
You scored as Christianity. Your views are most similar to those of Christianity. Do more research on Christianity and possibly consider being baptized and accepting Jesus, if you aren’t already Christian. Christianity is the second of the Abrahamic faiths; it follows Judaism and is followed by Islam. It differs in its belief of Jesus, as not a prophet nor historical figure, but as God in human form. The Holy Trinity is the concept that God takes three forms: the Father, the Son (Jesus), and the Holy Ghost (sometimes called Holy Spirit). Jesus taught the idea of instead of seeking revenge, one should love his or her neighbors and enemies. Christians believe that Jesus died on the cross to save humankind and forgive people’s sins.

Christianity

92%

Buddhism

50%

Judaism

50%

agnosticism

25%

Satanism

21%

Islam

17%

Paganism

17%

Hinduism

8%

atheism

8%

Which religion is the right one for you? (new version)
created with QuizFarm.com
Bon, si je n’ai pas 100% pour le christianisme, c’est sans doute parce que j’ai dĂ» mal comprendre certaines des questions en anglais, ou alors parce que ma foi n’est pas aveugle au point de prendre tous les propos de l’actuel pape (actuel ? ... oui, actuel, je viens de vĂ©rifier aux infos : Karol n’est pas aussi mal au point que Rainier) pour pain bĂ©ni.
Et puis, hier soir, en rentrant du travail, Ă  dĂ©faut d’avoir Ă©tĂ© Ă  la messe du Vendredi Saint (ouais, dans ma rĂ©gion natale, ce jour-lĂ  est fĂ©riĂ©), j’ai Ă©coutĂ© « Nouveaux visages de la mystique » dans l’émission les Vivants et les Dieux de France Culture. Mais bon, ça va. MĂŞme si j’ai mangĂ© du Nutella® pendant le CarĂŞme, je crois que mon âme n’est pas perdue pour autant...


Jeudi, le 24 mars 2005
Ben, y s’rait temps !
Oups, je viens de dĂ©couvrir que la Crèche que j’avais sculptĂ©e est toujours en place sur une Ă©tagère... NoĂ«l et l’Épiphanie sont maintenant bien loin, j’aurai dĂ» ranger ma Crèche depuis longtemps.
Oui, surtout qu’aujourd’hui, c’est Jeudi Saint, et donc demain, l’« anniversaire » de la mort du Christ (tant pis pour ceux qui peinent Ă  suivre par dĂ©faut de culture judĂ©o-chrĂ©tienne, manquerait plus que je fasse un cours de catĂ©chisme, non mais !).
De la fĂŞte de la naissance Ă  la commĂ©moration de la mort suivie, dimanche prochain, du rappel de la RĂ©surrection ou, sous sa version laĂŻque, du Père NoĂ«l distributeur de cadeaux aux œufs de Pâques, tout ça, c’est le temps qui passe avec son lot de choses agrĂ©ables... et certaines qui le sont moins. Oui, Forrest, la vie, c’est comme une boĂ®te de chocolats.


Jeudi, le 13 janvier 2005
Est-ce bien raisonnable ?
Je viens d’effectuer un gros virement bancaire entre un compte où l’argent faisait des petits et un autre où les sous seront prêts à être dépensés.
En raison des soldes. Et de multiples achats en vue.
Dans le désordre, les dépenses prévues sont une imprimante couleurs (j’ai déjà des bons d’achats offerts par mes petits frères à Noël, mais cela ne suffira pas), un abonnement à un club de sport (parce que je me suis dit qu’il fallait vraiment que je pense à ma petite personne, surtout si je n’arrête pas de cuisiner et de goûter à ma cuisine), des fringues de sport (parce que mes seuls vêtements de sport sont, pour l’heure, un maillot de bain, un bonnet de pain et des lunettes de piscine), et plein de bricoles d’arts plastiques (terre à modeler, peintures).
Ah, vive la société de consommation...


Dimanche, le 9 janvier 2005
C’est mal
J’ai lu dernièrement que, selon une grande prĂŞtresse du savoir-vivre, il ne faudrait absolument jamais saucer Ă  table. Oui, tremper la mie de son pain pour nettoyer l’assiette, ça ne se fait pas, c’est comme tartiner son foie gras comme un vulgaire pâtĂ©, c’est mal, c’est sale, bĂŞĂŞeeuh. Ben, je ne peux pas m’en empĂŞcher. Je ne sais pas qui a Ă©tabli cette stupide règle du « bien se tenir Ă  table », mais elle a visiblement Ă©tĂ© Ă©crite en dĂ©pit du bon sens, et surtout en toute mĂ©connaissance de la gastronomie, de l’art culinaire et, au sein de cet art, de l’originalitĂ©, de la finesse et du doigtĂ© nĂ©cessaire Ă  la rĂ©alisation de sauces se mariant au mieux aux divers mets pour qu’ils puissent exprimer leurs plus subtiles saveurs. J’ai mĂŞme tendance Ă  croire qu’il s’agit d’une règle imposĂ©e par une dame acariâtre et ayant tendance Ă  prendre de l’embonpoint, et ceci simplement pour frustrer les jeunes âmes Ă©picuriennes qui auraient pu profiter d’une sauce un peu riche dont elle, la mĂ©chante, devait se priver, non par goĂ»t mais par nĂ©cessitĂ© mĂ©dicale ou diĂ©tĂ©tique...
Sans transition. Vendredi, juste avant de partir du bureau, j’ai lancĂ© Ă  mes collègues : « C’est comme les prĂ©servatifs ! ». Devant l’étonnement justifiĂ© de ces derniers, je me suis expliquĂ©. J’étais en train de rĂ©aliser une sauvegarde des donnĂ©es les plus prĂ©cieuses sur ma clĂ© USB personnelle. Il s’agit lĂ  du genre de choses que je n’oublie jamais de rĂ©aliser car je suis un garçon prudent. D’oĂą la petite phrase. Mais ça ne se dit pas. C’est mal...
Ah, mais dans quel monde vit-on ?


Mardi, le 28 décembre 2004
Entre Noël et Nouvel An
Assis à la table de la salle à manger, le sapin décoré dans le dos, la Crèche sur la droite, la cheminée à gauche, l’ordinateur en face, la musique de la radio diffusée par le Net (merci le WiFi), ambiance feutrée de la maisonnée familiale...
Un sentiment de calme et de sĂ©curitĂ©. Il faut bien ça. À l’heure du repas, la tĂ©lĂ©vision, que je n’ai plus l’habitude de regarder, annonce des horreurs. Des morts qui se comptent par dizaines de milliers en Asie. Les journalistes font grand cas de la poignĂ©e d’étrangers disparus (des Français !). Bien sĂ»r, nul n’envie le sort de ces malheureux touristes, mais il est quand mĂŞme assez impudique de s’intĂ©resser surtout Ă  ces quelques uns alors que le cataclysme laisse sans voix par son immensitĂ©.
La tĂ©lĂ©vision, c’est toujours comme ça ? Une fenĂŞtre ouverte sur le grand monde... et la petitesse des gens. Sentiment lĂ©ger d’écœurement ne se mariant que trop bien avec la bonne chère que l’on consomme toujours un peu Ă  l’excès en ces jours.
Pas de trêve sur Terre, même en cette période de fêtes, l’année n’avait pas encore eu son lot de sinistres.
Impuissant, devant un autre Ă©cran, un Ă©cran oĂą – contrairement Ă  la tĂ©lĂ©vision – on n’est pas passif, je lance mon vieux traitement de texte pour Ă©crire, Ă©crire, Ă©crire... Modestement, je reconstruis l’univers du bout de mes doigts.


Jeudi, le 23 décembre 2004
V.I.S.
(Very Important Stéphanois)
Oui, par la grâce du WiFi (Riri, Loulou, non, je l’ai faite le premier) et de l’agilité techno-branchouille de mon petit frère ingénieur, contrairement à ce que j’ai indiqué dans mon post précédent, je peux me connecter au Ternet depuis le lieu où je vais passer les fêtes de Nouël (ou Nowell, comme vous préférez).
Alors, le voyage s’est bien passĂ©. Je suis parti d’ici et j’ai voyagĂ© avec une ch’tite compagnie qui organise des vols entre la prĂ©fecture de la Loire et Nantes (pratique pour se rendre aux Utopiales, tiens, j’y songerai la prochaine fois), Paris (ah, les Champes ZĂ©lizĂ©euh... ah, la Eiffel Tower !)... et... Strasbourg. Si, si. Pourquoi cette dernière ? Je n’en sais rien, mais en tout cas, pour le coup, ça m’arrange, parce que je suis nĂ© dans la capitale alsacienne et que je passe les fĂŞtes de la NativitĂ© du Christ avec ma famille proche, devant un vrai feu de cheminĂ©e, un vrai sapin dĂ©corĂ© avec des jolis cadeaux Ă  son pied, une Crèche (rĂ©alisĂ©e par votre serviteur mais mise en scène par sa maman), une odeur de petits gâteaux (n’avez-vous jamais vu ou, mieux, goĂ»tĂ© aux Spritzbredle ?), des lumières scintillant dans la nuit sous la neige, la messe de Minuit et ses chants sacrĂ©s ? (Ambiance 100 % authentique.)
Bon, ben, bref, hier, après une matinĂ©e Ă  corriger des copies (un QCM, en plus, la joie), j’ai retrouvĂ© une collègue qui, en partant elle aussi en vacances, a eu la bontĂ© de faire un petit dĂ©tour pour me dĂ©poser Ă  l’aĂ©roport de Saint-Étienne, alias l’aĂ©roport d’AndrĂ©zieux-BouthĂ©on, parce que pour y aller par les transports en commun... Comment ! Je ne vous ai pas racontĂ© ?
OK, donc c’était il y a un peu plus d’une semaine, alors que je venais de prendre mon billet d’avion sur le Ternet (30 € le vol, une promo d’enfer, vous imaginez ?), je me suis dit : « Fab, t’es un gars prudent, tu vas faire un repĂ©rage et aller Ă  l’aĂ©roport avant pour pas te retrouver dans la m.... au moment du dĂ©part ». Alors, je vais naĂŻvement regarder sur le site, et je trouve des informations qui me parlent de trains, de cars et de taxis. Youpi, tout va bien.
J’hésite un instant entre le car et le train, et comme je connais plus facilement les horaires de la SNCF, je prends mon billet à la gare de Châteaucreux, direction Roanne, et je descends moins d’un quart d’heure plus tard à la gare de Bouthéon.
...
Surprise, c’est une gare perdue au milieu de rien. Enfin, mĂŞme pas une gare, une espèce d’abribus fantĂ´me pour train paumĂ©e dans le brouillard (oui, en plus, il y avait du brouillard Ă  couper Ă  la tronçonneuse). Bien entendu, aucune indication pour se rendre Ă  l’aĂ©roport. Juste un restaurant appelĂ© « Aux deux Ă‚nes » qui fait, compte tenu de la situation, que l’on se sent subitement devenu le troisième. Et soudain, j’entends braire le grison (parce qu’il y avait rĂ©ellement un tel animal), j’essaie de reprendre mes esprits et je me dis que le petit chemin qu’empruntent les autres personnes qui sont descendues du train avec moi doit bien mener quelque part (et sortir de ce monde parallèle, parce que, ouh lĂ  lĂ , j’ai l’impression d’être arrivĂ© dans une autre dimension).
Et le chemin dĂ©bouche en effet sur des semblants de civilisation. En particulier, il y a deux gendarmes qui arrĂŞtent des voitures Ă  un rond-point. Je me renseigne auprès de ces messieurs (car il n’y a que des indications très locales sur les divers panneaux de circulation du rond-point) et les reprĂ©sentants de la marĂ©chaussĂ©e me dĂ©signent la route Ă  suivre, sur cinq kilomètres environ, en terminant leur phrase par un « mais vous voulez y aller Ă  pied ?! » pas très rassurant.
Alors, je marche en me repĂ©rant Ă  quelques signes, je passe devant la gendarmerie, je traverse toute la petite ville, je tombe sur des panneaux avec un avion caractĂ©ristique (froid, froid, froid... chaud, ça y est, je brĂ»le !), je tombe dans une zone industrielle, je me dirige dans une zone commerciale, j’aboutis sur le bas-cĂ´tĂ© de voies très rapides (argh, c’est vraiment trop dangereux d’être un piĂ©ton parfois...) et, au bout d’une heure, les pieds mouillĂ©s, froids et boueux, j’entre dans l’aĂ©roport.
Je me renseigne Ă  l’accueil, la demoiselle est ravissante et serviable, mais confirme ce que je craignais : le samedi, au niveau des transports en commun, c’est un peu la mort... et la semaine, il faut tenter sa chance avec les cars du Conseil gĂ©nĂ©ral de la Loire, parce que venir depuis la gare de BouthĂ©on, c’est une expĂ©rience Ă  ne pas reproduire, surtout chargĂ© de valises. Pas de taxi non plus. Les abribus que j’ai croisĂ©s n’indiquaient plus de dĂ©parts avant le lundi suivant, le train pour Saint-Étienne ne part que dans trois heures... et l’attente avec ce froid... bref, ça s’annonçait mal. J’ai pris le chemin du retour en direction de la gare de BouthĂ©on (motivĂ©, le gars), puis j’ai vu un car de la fameuse compagnie circulant pour le Conseil gĂ©nĂ©ral de la Loire et j’ai fait de grands signes dĂ©sespĂ©rĂ©s au chauffeur. Ce dernier s’est arrĂŞtĂ©, m’a informĂ© qu’il venait de Saint-Étienne et s’en allait dans l’autre sens (m... !) mais m’a indiquĂ© un arrĂŞt oĂą j’avais une chance d’avoir un car pour rentrer chez moi. Et ce fut vrai. AllĂ©luia.
...
Retour Ă  hier.
Je suis arrivĂ© Ă  l’aĂ©roport avec un sac sur le dos, ma valise Ă  roulette Ă  la main, et il n’y avait personne. Ou si, une demoiselle qui venait d’arriver Ă  l’aĂ©roport, et qui appelait quelqu’un pour venir la chercher, car point de taxi Ă  l’horizon (une habitude locale, sans doute). C’est curieux, un aĂ©roport vide. Bon, il y avait bien mon avion indiquĂ© sur l’écran, puis un autre pour Londres, en fin d’après-midi, donc pas d’inquiĂ©tude. Je me suis assis (ouais, il n’y avait pas Ă  se battre pour trouver un siège de libre), j’ai pris un bouquin et je ne suis sorti de ma lecture qu’à quelques occasions, lorsque des demoiselles en uniforme (qui Ă©tait fort charmantes, au demeurant) passaient en me disant un souriant « bonjour ! ».
Puis un homme Ă  moustaches s’est installĂ© Ă  un guichet et une voix fĂ©minine a annoncĂ© dans le hall que l’enregistrement des bagages pouvait commencer. Je me suis retournĂ©, j’étais toujours tout seul. Sur le coup, je peux dire que je me suis senti... très important. Tant de gens aux petits soins pour ma modeste personne ? Puis nouvelle attente armĂ©e d’un bouquin. Dans mon dos, pendant que je lisais, j’ai entendu un couple de personnes âgĂ©es prendre place dans le hall d’embarquement. Et nous avons Ă©tĂ© trois Ă  monter dans l’avion (qui pouvait transporter une cinquantaine de passagers). À vrai dire, nous Ă©tions cinq, en comptant l’hĂ´tesse de l’air et le commandant de bord. Hallucinant. Le pire, c’est que les autres voyageurs ont aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© de tarifs Ă  trente euros... Gasp. Et pourtant, nous avions Ă©tĂ© traitĂ©s comme des princes.
Et au bout d’une heure et quelques minutes de vol dans les nuages (ah non, ce ne sont pas des nuages bas tout bizarres, à l’est, mais la chaîne des Alpes), nous sommes arrivés à Entzheim (alias l’aéroport international de Strasbourg), découvrant du ciel que la terre était recouverte de neige...
À Saint-Étienne, il faisait froid avec grand soleil mais, en Alsace, l’ambiance de NoĂ«l s’annonçait bien 100 % authentique.


Dimanche, le 12 décembre 2004
La vie, la mort, et caetera
En début de semaine, j’ai appris la mort d’un membre de ma famille. Un oncle. Sexagénaire. Solide comme le roc.
À l’annonce de cette macabre nouvelle, plutĂ´t que d’être submergĂ© par l’émotion, je ne parvenais qu’à ĂŞtre un bloc d’incomprĂ©hension. Ce n’est que la voix tremblotante de ma mère, au tĂ©lĂ©phone, qui m’a fait ressentir la douleur de la cruelle disparition de son frère.
Par un clin d’œil assez ironique de la vie, le jour de l’enterrement de mon oncle a aussi Ă©tĂ© celui de l’anniversaire de mon père, et donc le rappel annuel de la venue au monde de la personne qui a eu – avec ma mère – une participation essentielle Ă  ma propre existence.
La vie, la mort...
J’ai remarqué que mon rapport avec la mort était assez étrange. Je ne parviens jamais à réaliser exactement ce qui arrive. Ce n’est qu’au moment de l’enterrement, face au cercueil porté en terre, ce n’est que lors de la messe funèbre, ce n’est que quand je retrouve des proches en habits noirs et en larmes, que je peux parvenir à me faire une idée de la fin définitive, du moins sous son aspect terrestre, de quelqu’un que l’on a connu et aimé.
La mort, la vie...
Je pense que c’est sans doute pour cela qu’il est si important, pour moi, avant de mourir, de laisser une trace. Lorsque le temps et les vers auront fait disparaître mon enveloppe corporelle, je me dis qu’au moins mes créations, écrits et sculptures, seront ici bas mes restes... Méreste...


Mercredi, le 1er décembre 2004
Calendrier de l’Avent
Lorsque dans la rue, il y a plein de sapins
cela veut dire que Noël n’est pas loin


Aujourd’hui, c’est le premier décembre. Quand j’étais plus jeune, c’était le signal pour ouvrir la première fenêtre du calendrier de l’Avent. Ainsi nous préparions-nous spirituellement (et psychologiquement) à l’arrivée de Noël...
Mais quelle escroquerie, ces calendriers de l’Avent ! Certes, l’image est souvent bien jolie (pour peu qu’on trouve aussi jolis, pour rester dans les calendriers, les chatons ou chiots qui ornent ceux de la Poste, arf !), mais pour le reste, c’est vraiment du foutage de gueule...
D’abord, la fenĂŞtre. En gĂ©nĂ©ral, c’est un Ă©lĂ©ment prĂ©dĂ©coupĂ© qui, malgrĂ© toute la dĂ©licatesse de nos fĂ©briles doigts enfantins, va se retrouver dĂ©chirĂ© une fois sur deux. Donc de l’image globale (qui est pourtant fort jolie, rappelons-le !), il ne restera plus grand chose Ă  quelques jours de NoĂ«l.
Ensuite, le chocolat. A-t-on idĂ©e de mettre un aussi mauvais chocolat dans un calendrier de l’Avent ? Bon, je reconnais que ce n’est pas Ă©vident de conserver toutes les propriĂ©tĂ©s du chocolat dans un emballage tel que le calendrier. Et quand on est mĂ´me, on n’est pas très regardant au niveau gustatif. Mais quand mĂŞme. Beurk et rebeurk, le chocolat des calendriers de l’Avent.
Enfin, la conception mĂŞme des calendriers. Bien souvent, il suffit de rĂ©cupĂ©rer un chocolat pour que celui de la case du dessus vienne aussi avec. « Oh, deux chocolats d’un coup ! » Et mĂŞme si ces chocolats ne sont vraiment pas bons, ils sont la seule rĂ©compense Ă  la dure attente imposĂ©e Ă  nos rĂŞves d’enfants en cette pĂ©riode. Imaginez la dĂ©ception dans nos grands yeux brillants d’émotion lorsque, en ouvrant une fenĂŞtre, nous dĂ©couvrions avec stupeur que le chocolat n’était pas au rendez-vous ! Ah, c’est vraiment cruel.
Par consĂ©quent : Non au calendrier de l’Avent !
(Ouais, j’suis trop rebelle, lĂ  ! Et un autre jour, je vous dirai ce que je pense du Père NoĂ«l.)


Jeudi, le 25 novembre 2004
Ligne d’eau
Depuis que je me suis remis Ă  une activitĂ© de natation rĂ©gulière, j’ai identifiĂ© diffĂ©rents profils de comportements parmi les baigneurs :
  • le barboteur : souvent d’âge avancĂ©, il nageote tout doucement et gĂŞne – bien malgrĂ© lui – les baigneurs plus rapides ;
  • le dauphin : bon nageur, il est trop gentil toutefois pour doubler le barboteur et se plie au rythme de celui qu’il suit ;
  • la baleine : de forte corpulence, la baleine avance Ă  son rythme, qui est rapide, et les baigneurs lui font naturellement de la place ;
  • le pĂ©dalo aveugle : ce baigneur kamikaze nage sur le dos, avec de grands mouvements des bras, inconscient de l’endroit oĂą il va et des nageurs qu’il rencontre dans l’autre sens ;
  • le requin : bon nageur, il souhaite nager Ă  son rythme, mais n’ayant pas les arguments physiques de la baleine ou l’inconscience du pĂ©dalo aveugle, il double ceux qui sont lents en fonction de certaines stratĂ©gies Ă©laborĂ©es...
Ami mammifère marin, choisis ton camp !
Moi, personnellement, je suis plutôt un requin et j’ai pour stratégie de suivre les baleines qui vont à mon rythme, et quand je dois les dépasser, je profite d’un moment de faiblesse de leur part, par exemple quand elles sont aux prises avec des barboteurs ou des pédalos aveugles...


Samedi, le 6 novembre 2004
Saint-Étienne, ou la fĂ©erie moderne
Saint-Étienne n’est pas, ou n’est plus, la ville noire de mineurs que l’on peut imaginer. C’est une ville verte, et pas seulement Ă  cause de ça. Bien qu’étant la deuxième agglomĂ©ration de la RĂ©gion RhĂ´ne-Alpes après Lyon, Saint-Étienne, qui n’a pas mille ans, est une ville bordĂ©e par la nature. Prenez le bus depuis le centre-ville et, en un quart d’heure, vingt minutes, vous pourrez pĂ©nĂ©trer dans un univers boisĂ© fĂ©erique...
Mais Saint-Étienne, ce n’est pas que cela. Saint-Étienne est une ville d’arts. L’École des Beaux-Arts y est plus rĂ©putĂ©e que celle de Lyon. Depuis quelques annĂ©es, cette Ă©cole s’est spĂ©cialisĂ©e dans le design. Et aujourd’hui, et ce jusqu’au 14 novembre 2004, y est organisĂ©e la Biennale Internationale (du) design.
Je suis allé faire un tour cet après-midi à la Plaine Achille où se déroulent la plupart des manifestations et j’y ai découvert un enchantement de créations... une multitude d’objets dont l’esthétique et l’originalité apportent une délicieuse touche de fantaisie dans notre quotidien.
J’étais tellement sous le charme que je n’ai même pas eu la présence d’esprit de prendre quelques photos des défilés...
Saint-Étienne, capitale du design : la ville est devenue le lieu de rencontre des magiciens modernes de la crĂ©ation.

[Remarque : Ce post n’a pas Ă©tĂ© inspirĂ© par l’esprit fantasy dans lequel je baigne actuellement Ă  l’occasion de la lecture de l’excellent PhĂ©nix vert de Thomas Burnett Swann...]


Jeudi, le 4 novembre 2004
Il paraît que...
Il paraît que la caractéristique principale d’un ami est sa capacité à vous décevoir.
Soit.
Et cela se justifie encore une fois, hĂ©las : ami Ă©lecteur Ă©tats-unien, qu’as-tu fait ?


Dimanche, le 17 octobre 2004
Le roi de la montagne
J’ai grandi dans la plaine. Au nord : Strasbourg ; Ă  l’est, la ForĂŞt Noire de l’autre cĂ´tĂ© du Rhin ; Ă  l’ouest : la ligne bleue des Vosges... À cette Ă©poque, lorsque j’allais du cĂ´tĂ© du Mont Sainte-Odile, j’avais la possibilitĂ© de voir l’Alsace, ou du moins une certaine partie de celle-ci, avec ses villages bâtis autour du clocher de l’église, ses champs, ses forĂŞts, ses vignobles.
Lorsque j’ai quittĂ© ma rĂ©gion natale et que je me suis retrouvĂ© Ă  Lyon, j’ai toujours aimĂ© aller sur la colline de Fourvière, Ă  cĂ´tĂ© de la Basilique Notre-Dame. De lĂ -haut, je repĂ©rais ma nouvelle gĂ©ographie : impossible de manquer la tour en forme de crayon permettant de localiser la Part-Dieu ; puis sur la gauche, le nord, l’opĂ©ra et l’HĂ´tel-de-Ville ; au milieu, la place Bellecour ; sur la droite, le sud, la SaĂ´ne se mĂŞlant au RhĂ´ne. Le mĂŞme dĂ©sir de hauteur me prenait quand je vivais Ă  Paris : j’allais Ă  la place du TrocadĂ©ro pour voir, au-delĂ  de la Seine, la tour Eiffel et le reste de la Ville Lumière...
VoilĂ  un peu plus d’un an que je vis Ă  Saint-Étienne. Au dĂ©but, j’avais un peu peur de ne pas trop m’y plaire : Ă©tant citadin dans l’âme, je craignais de trouver cette ville trop petite pour moi. Mais, finalement, non. Je m’y suis très vite attachĂ©. Peut-ĂŞtre est-ce parce que je vis en plein centre-ville, Ă  deux pas de toutes les manifestations culturelles importantes, comme la FĂŞte du Livre qui s’est dĂ©roulĂ©e ce week-end, peut-ĂŞtre est-ce parce que mon immeuble se trouve Ă  cĂ´tĂ© de toutes les facilitĂ©s de transport en commun, peut-ĂŞtre est-ce parce que cette ville offre la possibilitĂ© de pratiquer des activitĂ©s que je n’avais jamais eues l’occasion de reprendre, comme la sculpture, peut-ĂŞtre est-ce parce que je suis venu ici pour des raisons professionnelles et que j’exerce maintenant un travail que j’aime bien et dans lequel je parviens Ă  m’épanouir, ce qui n’est pas si frĂ©quent, ou peut-ĂŞtre est-ce simplement parce que j’ai trouvĂ© ici quelques bons amis...
Cela peut sembler assez curieux, mais je crois que c’est aussi et surtout parce que tous les jours, lorsque je vais travailler, je me retrouve sur la colline d’où je peux voir la nature, les forêts, le ciel, les montagnes et la vallée du Gier qui s’étire vers Lyon. Chaque jour, devant mes yeux, s’étale le paysage aux mille beautés. Chaque jour, ce spectacle fait de moi le roi de la montagne.


Jeudi, le 7 octobre 2004
Panorama en tĂŞte de gondole
À mon retour d’Italie, j’ai trouvĂ© de la saine lecture : le Panorama illustrĂ© de la fantasy & du merveilleux, le premier (et très bel) ouvrage de la prometteuse maison d’édition les moutons Ă©lectriques.
Alors, mon voyage : Venise est une ville merveilleuse, « naturellement », ai-je envie de dire. Et Padoue est un endroit splendide, aussi m’a-t-il fallu bien du courage pour rester travailler alors que tout appelait Ă  la dĂ©couverte de cette charmante citĂ©, aux habitantes tout aussi charmantes...
Sans compter le beau temps, la culture et le raffinement qui transpirent des murs et des places autant que des musĂ©es, ainsi que la nourriture savoureuse (pâtes et pizzas, bien entendu, et Ă©galement de fameux antipasti : par exemple, j’ai goĂ»tĂ© Ă  un dĂ©licieux carpaccio de pieuvre).
Bref, la dolce vita...


Samedi, le 14 aoűt 2004
MĂ©tamorphoses (encore)
J’ai toujours été fasciné par les transformations des gens.
Enfin, les transformations physiques. Les transformations de caractère sont bien souvent pathĂ©tiques : le bon Docteur Jekyll devient l’abominable Mister Hyde ; ainsi un de mes amis, une espèce d’ours hypersensible et dĂ©pressif, s’est soudainement changĂ© en un vulgaire macho arrogant lors de sa nouvelle phase maniaque.
Non, ce qui m’intéresse, c’est l’évolution que l’on peut faire de l’apparence que l’on a, ou que l’on donne de soi aux autres. Un de mes collègues, que j’avais toujours connu grassouillet, avait décidé, lorsque sa petite amie était tombée enceinte, de prendre sérieusement son problème de poids en main. Il s’était en effet projeté dans l’avenir et se voyait incapable de jouer au tennis avec son fils. En quelques mois, alors que sa copine prenait du poids, lui, par les effets d’une nouvelle hygiène alimentaire, s’était vu fondre, et l’individu qui se camouflait derrière de gros pulls était (re)devenu un homme séduisant, bien dans sa peau, en plus d’être un heureux papa.
Alors, pourquoi cet intĂ©rĂŞt pour les Ă©volutions physiques ?
Il faut dire que je suis entré dans l’adolescence, grande période de recherche de modèles, alors que la télévision et la radio diffusaient les différents morceaux de l’album Thriller de Mickael Jackson. Rappelez-vous du titre éponyme. Le clip était un véritable petit film d’horreur où le chanteur-acteur se métamorphosait en loup-garou et en mort-vivant, avec différents niveaux de réalité, le film dans le film, le rêve... mais, à la fin, des yeux de félin rappelaient le caractère hors norme du roi de la pop. Aujourd’hui, Mickael Jackson semble avoir perdu la tête, aux sens propre et figuré, il ne ressemble plus à grand chose, et ses évolutions physiques sont retracées ici, là ou encore ici.
Bref, il n’est point besoin de recourir à la chirurgie esthétique pour changer un peu dans le regard des autres, une coupe de cheveux originale, un piercing ou un tatouage suffisent...
Cependant, lorsque les évolutions techniques le permettront, si elles le permettent un jour (oui, je sais, je lis trop de science-fiction), je ne crois pas que je refuserais de m’implanter des yeux derrière la tête.
Ou des branchies.
Ou des ailes dans le dos.
Ou...

[Fermeture estivale de ce blog. Je m’en vais aux rencontres Remparts oĂą je vais Ă©crire en bonne compagnie dans un endroit perdu d’Ardèche, et je retrouverais certains de ces joyeux drilles ici, du cĂ´tĂ© d’Avignon. Oui, je crois qu’on peut appeler ça des vacances. À bientĂ´t !]


Mardi, le 20 juillet 2004
Plongée dans les ténèbres
Plein de trucs curieux arrivés ces derniers jours.
D’abord, une nouvelle qui m’a fait plaisir, sur l’instant : un copain qui dĂ©primait depuis plus de deux ans suite Ă  une rupture a retrouvĂ© une petite amie. Content pour lui. Je demande des dĂ©tails sur la miss. C’est une blonde de vingt ans. Ah... (il a plus de 15 ans qu’elle). Et, de la manière dont il me l’a dĂ©crite, elle est exactement comme son ex. Angoisse : l’histoire qu’il a vĂ©cue ne lui a vraiment pas servi de leçon ?
J’ai aussi eu des nouvelles de D. Un message sur mon répondeur. Depuis sa sortie de l’hôpital, il y a des mois, il n’avait plus donné signe de vie. Je l’ai aussitôt appelé. Il avait l’air complètement stone au téléphone. Il dort toute la journée, sonné par les médocs. Pourtant, avec la fin prochaine de son arrêt médical, il a pris conscience d’arriver au bout du tunnel cotonneux dans lequel on le laissait traîner depuis un an. Welcome to the real world.
Passage éclair de papa-maman. C’était sympa, ils étaient tout bronzés (la retraite, chez certains, ça signifie vraiment les vacances), et ça doit être la première fois qu’ils ont squatté dans mon nouvel appart.
Mon père avait son appareil photo. Alors petite mise à jour du sculpturoblog. Profitez-en pour voir de jolies choses...
À propos de « Jolies Choses », je vous conseille le blog de Virginie. Qui ça ? Indices : sexe, violence et drogue. Mais surtout des mots, des mots, des mots...
Sans transition : l’alcool tue au volant, et pas nĂ©cessairement celui qui a conduit bourrĂ©. Et quand il ne tue pas... ça peut donner ça... (vous n’aviez pas vu les jolies choses avant ? tant pis pour vous, c’est aussi ça, la vraie vie.)
Je crois que je vais passer Ă  la nuit Ă  Ă©crire après des semaines Ă  me contenter de bosser, mater des DVD et jouer sur l’ordi. C’est dingue, mais me faut-il l’électrochoc de me prendre une veste, voir des images fortes et lire des mots puissants pour retrouver l’essence de moi-mĂŞme ?


Mercredi, le 16 juin 2004
J’ai fait un rêve...
Retour Ă  Saint-Étienne après un passage en Alsace oĂą mon frère s’est mariĂ©, samedi dernier. Cet heureux homme, qui est actuellement avec sa charmante Ă©pouse en voyage aux Antilles, m’a fait un très beau cadeau. Lors de la cĂ©rĂ©monie, dans la petite Ă©glise protestante, j’ai eu le privilège de lire la confession de foi qu’avait prononcĂ©e le pasteur baptiste noir amĂ©ricain Martin Luther King. Bien que moins cĂ©lèbre qu’un autre, ce discours auquel j’ai adhĂ©rĂ© de toute mon âme est un message d’espoir profond et militant qui, bien que datant maintenant d’une quarantaine d’annĂ©es, reste plus que jamais d’actualitĂ©...

« Aujourd’hui, dans la nuit du monde et dans l’espĂ©rance de la Bonne Nouvelle, j’affirme avec audace ma foi dans l’avenir de l’humanitĂ©. Je refuse de croire que les circonstances actuelles rendent les hommes incapables de faire une terre meilleure. Je refuse de croire que l’être humain ne soit qu’un fĂ©tu de paille ballottĂ© par le courant de la vie, sans avoir la possibilitĂ© d’influencer en quoi que ce soit le cours des Ă©vĂ©nements. Je refuse de partager l’avis de ceux qui prĂ©tendent que l’homme est Ă  ce point captif de la nuit sans Ă©toile du racisme et de la guerre, que l’aurore radieuse de la paix et de la fraternitĂ© ne pourra jamais devenir une rĂ©alitĂ©. Je refuse de faire mienne la prĂ©diction cynique que les peuples descendront l’un après l’autre dans le tourbillon du militarisme vers l’enfer de la destruction. Je crois que la vĂ©ritĂ© et l’amour sans conditions auront le dernier mot effectivement. La vie, mĂŞme vaincue provisoirement, demeure toujours plus forte que la mort.

J’ose croire qu’un jour tous les habitants de la terre pourront recevoir trois repas par jour pour la vie de leur corps, l’éducation et la culture pour la santé de leur esprit, l’égalité et la liberté pour la vie de leur cœur. Je crois également qu’un jour, toute l’humanité reconnaîtra en Dieu la source de son amour. Je crois que la bonté salvatrice et pacifique deviendra un jour la loi. Le loup et l’agneau pourront se reposer ensemble, chaque homme pourra s’asseoir sous son figuier, dans sa vigne, et personne n’aura plus raison d’avoir peur. Je crois fermement que nous l’emporterons.

Amen. »




Dimanche, le 23 mai 2004
La fièvre et les frissons
Samedi. Le monde hispanique retient son souffle. Une femme du peuple, ancienne reine des médias, en disant oui au prince héritier, deviendra sans doute la reine d’Espagne. Amour passionné, vie princière et télévision, tel est le cocktail étonnant d’un conte de fées moderne.
Samedi, vingt heures. À Cannes, au Palais, annonce des prix du festival. Je m’en moque un peu mais je suis content d’apprendre la rĂ©compense française d’Agnès Jaoui pour le scĂ©nario et la palme Ă©tats-unienne pour Michael Moore et son documentaire engagĂ©.
Samedi, vingt heures. À Saint-Étienne, au Chaudron, coup d’envoi du dernier match de la ligue 2. De chez moi, alors que je prĂ©pare une pizza aux fruits de mer, j’entends la tension de la place de l’HĂ´tel de Ville oĂą se sont rassemblĂ©s les supporters des Verts qui n’ont pas pu se rendre au stade.
Les volets fermĂ©s et le double vitrage ne me protègent pas de l’évolution du match. Premier but de l’équipe stĂ©phanoise, cris de joie. Égalisation vingt minutes avant la fin, consternation. Mais l’ASSE rĂ©ussit Ă  doubler son score dans les derniers instants, et ainsi, en plus de passer Ă  la saison prochaine en ligue 1, l’équipe de football stĂ©phanoise devient championne de ligue 2. Après le match, c’est la fĂŞte. J’hĂ©site Ă  aller voir le concert situĂ© Ă  deux pas car, bien qu’amateur de musique populaire, je ne parviens pas Ă  me couler dans l’ambiance.
Je reste insensible à cette fièvre et à ces frissons apportés par procuration.
Non, des frissons, je les ai ressentis en ce dĂ©but de semaine lorsque, avec ces beaux jours, j’ai fait du « ski ». Oui, je suis rentrĂ© chez moi en roller, et comme je travaille sur une colline, le chemin du retour par le Parc de l’Europe et les contre-allĂ©es est entièrement en pente. Et en roller, on prend très facilement de la vitesse. Mais ici, pas de neige pour amortir les chutes, tout est un jeu de maĂ®trise de la vitesse, d’anticipation des mouvements des piĂ©tons et des voitures, des changements de glisse en fonction des diffĂ©rences revĂŞtements du sol. VoilĂ  l’occasion de se procurer quelques vrais frissons...


Dimanche, le 9 mai 2004
Football
Je ne comprends rien au jeu de la « balle au pied ». Faire du sport, je n’ai rien contre, il faut bien se maintenir en forme, mais je n’aime pas pratiquer de sport dit « collectif » (bel exemple oĂą se manifestent les rivalitĂ©s aussi bien individuelles que collectives entre deux Ă©quipes arbitrairement composĂ©es et opposĂ©es) et je ne parviens pas Ă  m’expliquer comment on peut mĂŞme aimer voir d’autres personnes faire du sport (en dehors de ces activitĂ©s esthĂ©tiques curieusement caractĂ©risĂ©es de sport que sont par exemple le patinage artistique ou les figures aĂ©riennes des plongeurs).
Voir le football à la télévision ou au stade est un comportement qui m’est définitivement étranger, et pourtant j’ai essayé, par souci de sociabilité, de m’intéresser à la Coupe du Monde de... euh... 1998 (?) et d’Europe deux ans plus tard. Mais non. Lors du match France-Brésil, j’étais en train de préparer des crêpes à l’intention de ceux qui étaient scotchées devant l’écran.
Bon, je n’aime pas le football et vous aurez beau essayer de me persuader de l’intérêt du spectacle de deux groupes en maillots poursuivant un ballon sur du gazon, cela est peine perdue.
Mais je suis maudit. Depuis que je peux habiter en centre-ville, je suis le malheureux porte-bonheur des cités qui m’accueillent. De 1999 à 2003, j’ai vécu à Lyon. Pas de bol, ces années ont vu l’Olympique lyonnais devenir champion de France (et sans doute pour la troisième fois consécutive cette année, peut-être est-ce là un résidu de mon influence bénéfique). Et quand une ville, à travers les couleurs de son club de football, gagne ce trophée dérisoire, c’est bien toute la ville (et surtout la population du Centre) qui ne peut plus dormir car les supporters, à cette occasion, se sentent dans l’obligation de manifester leur joie avinée à coup de klaxons, corne de brume et de brames absurdes.
En arrivant Ă  Saint-Étienne, en 2003, je n’imaginais pas que je tomberais sur un noyau dur de fans de football. Certes, je me rappelle dans mes très jeunes annĂ©es d’une vague chanson (?) interprĂ©tĂ©e par une speakerine Ă  la mode : « Mais qui c’est les plus forts ? Évidemment, c’est les Verts ! » (admirez au passage la belle construction de la phrase et le respect rigoureux de la grammaire). Mais les Verts en question, ce sont les joueurs de l’ASSE, l’équipe de football locale ! Au niveau de la musique actuelle, le groupe local Mickey 3D se fait le chantre de la mĂŞme Ă©quipe, parlant de ces anciens joueurs dont les noms ne me sont pas complètement inconnus, les ayant dĂ©jĂ  rencontrĂ©s sur les autocollants trouvĂ©s dans les boĂ®tes de fromage Ă  tartiner (Ă  la place, Ă  mon plus grand regret, des images des personnages des dessins animĂ©s).
Argh... Dans la rue, à la radion, je suis pris au piège. Et je suis cerné de partout. Certains de mes étudiants arborent souvent une écharpe verte, et mes collègues, qui sont très majoritairement masculins, ne manquent pas d’échanger des commentaires footballistiques les jours de match ou les lendemains. Bref, j’ai la désagréable sensation de voir mon univers envahi par des petits hommes (fans des) Verts.
Or depuis vendredi dernier, j’ai eu confirmation que la malĂ©diction qui me frappait m’avait suivi jusqu’ici : l’équipe de football de Saint-Étienne ira Ă  la saison prochaine en « ligue 1 », ce qui promet d’attirer encore plus d’individus normaux dans les rangs des supporters...

*** Soupirs... ***



Mercredi, le 5 mai 2004
La cata...
Ça commencĂ© comme ça. Jeudi 22 avril, je devais aller Ă  Lyon en dĂ©but d’après-midi pour faire de la recherche avec mes anciens collègues lorsque, suite au retard du TER prĂ©vu, j’ai suivi l’annonce des haut-parleurs de la gare de St-Étienne qui nous incitait Ă  prendre Ă  la place le TGV. Train Ă  Grande Vitesse, paraĂ®t-il, mais le TGV ne prend de la vitesse qu’entre Lyon et Paris, aussi nous traĂ®nions-nous depuis cinq minutes quand un message nous a alertĂ© que dans la voiture 8 un sac avait Ă©tĂ© trouvĂ© sans son propriĂ©taire et invitait celui-ci Ă  se manifester au plus vite auprès du contrĂ´leur. Une bombe ? ParanoĂŻa, paranoĂŻa...
Encore un peu plus tard, le train s’est arrĂŞtĂ© complètement dans un endroit appelĂ© Lorrette. Cette fois-ci, les haut-parleurs nous ont parlĂ© d’un « incident personnel ».
Au bout de quelques minutes, nous avons vu les camions des pompiers, puis les véhicules du SAMU et de la police.
Bien évidemment, je me suis aussitôt rappelé cet événement.
Dans le compartiment, les rumeurs n’ont pas tardĂ© Ă  se rĂ©pandre : « C’est un suicide » « C’est la personne qui a abandonnĂ© son sac qui s’est tuĂ©e dans les toilettes », puis Ă  se contredire : « C’est une petite fille de douze ans qui a traversĂ© la voie ». Nous nous armions de patience, mais quelques voyageurs agacĂ©s s’en sont quand mĂŞme pris aux contrĂ´leurs qui essayaient tant bien que mal de gĂ©rer la situation. Une dame d’un certain âge, paniquĂ©e de ne pouvoir attraper sa correspondance pour partir en vacances en Espagne, a lâchĂ© bien fort : « Quand mĂŞme, il aurait pu se tuer ailleurs, il embĂŞte tout le monde ! »
Ma voisine d’en face et moi n’avions pu nous empêcher de nous regarder et de commenter avec sourire l’énormité de ces propos odieusement égoïstes.
Avec près de deux heures de retard, nous sommes enfin parvenus à Lyon.
J’ai profité du reste de la journée pour faire de la recherche, prendre des notes sur mon vieil ordinateur portable et la soirée s’est achevée avec mes collègues dans un restaurant dansant de la Presqu’île.
Retour normal au petit matin Ă  St-Étienne. En lisant les journaux gratuits dans le train, ces multiples journaux distribuĂ©s depuis quelque temps aux points stratĂ©giques des stations de mĂ©tro et Ă  l’entrĂ©e de la gare, j’ai appris que l’incident de la veille Ă©tait dĂ» Ă  un homme de 21 ans qui voulait mettre fin Ă  ses jours et qui avait manquĂ© son suicide, Ă©tant toujours vivant, mais qui s’était retrouvĂ© les jambes en moins.
Je suis arrivé chez moi, j’ai rapidement pris une douche et un petit déjeuner, et j’ai sorti mon ordinateur portable... Et là, nouveau malheur, la connexion déjà bien mal en point entre l’unité centrale et l’écran a décidé de me lâcher...
Horreur ! J’avais prĂ©vu de prĂ©parer pendant le week-end un cours pour le mardi suivant sur ma machine... J’ai appelĂ© mon plus jeune frère un peu en catastrophe pour lui demander conseil au sujet d’ordinateurs portables dont j’avais vu la publicitĂ©. Je suis allĂ© Ă  la facultĂ© faire mes enseignements puis je me suis renseignĂ© auprès des magasins pour savoir si les ordinateurs dont ils faisaient la promotion Ă©taient encore disponibles. En fin d’après-midi, je m’étais dĂ©cidĂ©, et je suis allĂ© dĂ©bourser mes mille euros dans un grand magasin.
Le soir, j’ai lu avec attention le manuel, j’ai allumé la machine... et rien. Si, du son. Mais pas d’image. L’écran semblait ne pas fonctionner. J’ai vérifié les branchements, effectué deux ou trois nouveaux essais de démarrage. Toujours rien.
Dégoûté, j’ai tout rangé dans les cartons et, le lendemain, dès l’ouverture, je me suis retrouvé au magasin. Le technicien chargé de vérifier les ordinateurs n’arrivait qu’une demi-heure plus tard, bien entendu. Et lorsqu’il a mis l’ordinateur en route, l’écran s’est allumé, comme par magie.
Penaud, je suis rentré chez moi, sans comprendre, en ayant perdu pas mal de temps qui m’aurait pourtant été bien utile pour avancer la préparation de mon cours.
J’ai donc cherché à installer mes logiciels et mes données sur ma nouvelle machine, mais le lecteur de CD/DVD n’arrêtait pas de faire des siennes, faisant planter le système lorsqu’il ne parvenait pas à lire les données de mes archives.
Coup de fil Ă  la hotline, un quart d’heure d’incomprĂ©hension pour se rendre compte que l’ordinateur n’avait pas l’autocollant du numĂ©ro de sĂ©rie, et tout ça pour se rendre compte que la personne Ă  qui j’ai parlĂ© ne savait pas trop s’il s’agissait d’un problème logiciel ou matĂ©riel. À force de persĂ©vĂ©rance, je suis parvenu Ă  installer mon environnement de travail minimal, et donc j’ai pu passer mon week-end Ă  bien avancer mon cours. Mardi, après une petite nuit pour cause d’ultimes prĂ©parations, j’ai pu rĂ©aliser ma prĂ©sentation sans problème. L’après-midi, je suis allĂ© au magasin avec mes CD et DVD pour pouvoir montrer de bonne foi le problème de mon lecteur de CD/DVD, espĂ©rant que j’aurais bien les soucis qui m’avaient tant ennuyĂ©, mais les personnes du service après-vente n’ont pas Ă©tĂ© pĂ©nibles et ont bien voulu, sans faire de test, me l’échanger. Seulement, il n’y avait plus de machine de ce modèle en magasin, les derniers ordinateurs avaient Ă©tĂ© vendus... Il Ă©tait donc convenu de me rĂ©aliser un avoir sur le magasin d’un montant de mille euros. En insistant un peu, j’ai rĂ©ussi Ă  me faire rembourser.
Je me suis donc retrouvĂ© au point de dĂ©part, sans ordinateur. Toutefois, en y rĂ©flĂ©chissant, j’ai pris mes mĂ©saventures avec le sourire : finalement, j’ai eu droit Ă  une location gratuite d’ordinateur portable pour le week-end, le lundi et le mardi...
Et pour l’heure, après avoir pris un peu plus de temps pour comparer les prix et les qualités des machines, j’écris avec mon nouvel ordinateur portable, un beau SONY un peu plus cher, mais tellement mieux et qui n’a pas un mode de fonctionnement aussi caractériel que le portable anonyme qui m’avait été vendu/repris il y a deux semaines.


Samedi, le 20 mars 2004
Tramway
Affublé d’un sac rempli de mon matériel de sculpture, j’arrive à l’arrêt de l’Hôtel de Ville. Dans le tram, je trouve une place tout à l’avant, juste derrière le chauffeur, l’endroit idéal pour poser un sac imposant sans déranger personne. Il n’est pas encore neuf heures du matin, ce samedi, la rame est à moitié vide, il est facile de trouver où s’asseoir.
En sortant un livre de ma poche, mes oreilles sont distraites un instant par un air de techno. Je ne peux m’empĂŞcher d’essayer de regarder le conducteur. C’est un jeune. À l’arrĂŞt du feu rouge, il en profite pour grignoter une bricole que je ne parviens Ă  distinguer derrière la vitre fumĂ©e.
Avec un bouquin, j’arrive tout le temps Ă  m’isoler et faire abstraction de la musique que diffusent les haut-parleurs des transports en commun. Suivant les chauffeurs et les moments, c’est RTL, Nostalgie, parfois Rire et chansons ou mĂŞme France Inter. Ce matin, c’est Fun. Je me rappelle une fin de journĂ©e, il y a quelque temps, le chauffeur avait mis la radio un peu plus fort : les Verts jouaient Ă  Geoffroy Guichard, aussi les amateurs pouvaient suivre religieusement l’évolution du score.
Un peu plus tard, avant treize heures, je reprends le tram pour me rendre au centre commercial. Je vois un tramway Ă  l’arrĂŞt mais je ne me dĂ©pĂŞche pas : mĂŞme en courant, je sais que je ne parviendrais pas Ă  l’attraper. Un coup d’œil au panneau d’affichage Ă©lectronique, le prochain arrivera dans deux minutes. Mais je ne suis pas le premier Ă  l’attendre. Une jeune fille a aussi manquĂ© la rame. Elle a une vingtaine d’annĂ©es. Elle n’est pas très grande. Elle semble vouloir protĂ©ger ses doux yeux clairs derrière une paire de lunettes de vue. Ses longs cheveux sont splendides, d’une Ă©tonnante couleur fauve. Elle est vraiment ravissante. Le tram approche. Je me dĂ©place un peu vers l’avant, finissant par connaĂ®tre avec le temps la position oĂą s’ouvrent les portes malgrĂ© l’absence de repères au sol. Bien entendu, j’entre le premier, je valide mon ticket, et je trouve Ă  nouveau une place derrière le chauffeur. Cette fois-ci, la musique est du bon vieux rock. Oui, notre conducteur est d’un autre âge que le jeune de ce matin. J’ouvre le livre pour poursuivre ma lecture mais, au moment oĂą mes yeux vont se poser sur les mots de Silverberg, je croise de la jolie fille aux cheveux fauves. InstantanĂ©ment, je me mets Ă  espĂ©rer qu’elle vienne s’asseoir Ă  mes cĂ´tĂ©s, malgrĂ© les nombreuses autres places vacantes. Et elle exauce ma prière muette. En s’installant, elle remet sa chevelure en ordre d’un geste de la main, ce qui a pour effet de libĂ©rer les molĂ©cules son dĂ©licieux parfum. Mais voilĂ  dĂ©jĂ  le centre commercial. Je me lève Ă  regret, n’emportant que le souvenir des effluves subtils et de la vision angĂ©lique.


Vendredi, le 30 janvier 2004
Instant lucide
DrĂ´le de semaine Ă  se croire maudit. De nouveaux ordinateurs Ă  installer tombent en panne en ma prĂ©sence. Serais-je dotĂ© d’un mauvais fluide magnĂ©tique ou le matĂ©riel actuel n’aurait-il plus les qualitĂ©s d’antan ?
La fenêtre de mon bureau, heureusement, présente un spectacle enchanteur. La cour intérieure est enneigée, le bassin en partie gelé, des stalactites de glace se pendent sous la fontaine. Douce zénitude...
Ce matin, en prenant le bus, je suivais les périples de Flaubert dans son Voyage en Orient. De ce fait, je ne faisais guère attention à mon propre voyage. Dans mon dos, un homme s’est mis à fredonner une jolie chanson, trop bas cependant pour que je puisse en suivre les paroles. Puis son fils l’a accompagné, et le mélange de ces deux voix m’a surpris par son harmonie d’une rare beauté. Hélas, le père et l’enfant sont sortis trop tôt, étant arrivés devant l’école.
Au terminus, il n’y avait presque plus personne. J’ai rangé mon livre et ma voisine, que je n’avais pas remarquée, s’est tournée vers moi. Ce joli visage m’a demandé où se trouvait un institut dont je n’ai jamais entendu parlé. J’étais désolé de ne pouvoir l’aider.
Nous sommes tous un peu perdus hors de nos habitudes.
Non, voyons les choses autrement : il nous reste encore tout un univers Ă  dĂ©couvrir !


Samedi, le 25 octobre 2003
Avide de bonne chère : changements Ă  venir...
Vous souvenez-vous de mes recettes de cuisine ? J’avais montrĂ© qu’il Ă©tait possible de prĂ©parer de bons gâteaux en les cuisant... au four Ă  micro-ondes. Ayant fait rĂ©cemment l’acquisition d’une cuisinière Ă©quipĂ©e d’un four traditionnel, je risque donc Ă  prĂ©sent de ne plus donner que des recettes classiques.
À moins que...
On peut faire des choses assez extraordinaires avec un four qui, lui, demeure aussi ordinaire que possible.
Par exemple, un collègue, revenant d’une confĂ©rence au Japon, nous a fait goĂ»ter de curieux biscuits faisant les dĂ©lices des habitants du pays du soleil levant. Dans un bel emballage, sous les caractères en katakana et hiragana, j’ai pu lire : « camembert chocolate langue de chat » (en anglo-français dans le texte). Avec, en-dessous, un nom de marque Ă  consonance italienne Ă©crit sous forme manuscrite pour faire plus « classe ». Cette Ă©tonnante nourriture se prĂ©sente sous la forme de deux galettes saupoudrĂ©es de sucre glace (enfin, je suppose) et entre lesquelles se trouve le fameux chocolat blanc au camembert.
Prenant mon courage à deux mains et le biscuit dans l’autre (tiens, ça me fait trois mains), je croque dedans...
Eh bien, tout comme dans la blague sur la tarte aux concombres, c’est vraiment pas bon !


Mercredi, le 8 octobre 2003
Avis de dérangement
Lors des derniers jours de septembre, l’opĂ©rateur national (mais privĂ©) de tĂ©lĂ©communications (non, je ne vais pas leur faire de publicitĂ©, en plus !) me fait une proposition bien jolie : la possibilitĂ© d’envoyer des mini-messages (ou SMS, ou textos) Ă  partir de ma ligne fixe (oui, je n’ai et ne veux pas de tĂ©lĂ©phone portable sans pour autant me priver des nouvelles formes de communication).
Joie, ce vendredi-là, je vais sur le site web de l’opérateur téléphonique et je m’abonne aux options payantes d’affichage du nom ou du numéro, options nécessaires à l’activation du service gratuit de la possibilité d’envoi et de réception des textos (cherchez l’erreur) et j’attends que ma demande soit prise en compte.
Le week-end se passe, mais rien n’est changé sur ma ligne.
Je profite d’un moment de libre, le mardi matin suivant, pour aller à l’agence la plus proche de cet opérateur téléphonique. J’attends patiemment mon tour, j’expose mon problème, et on me confirme qu’il y avait effectivement un petit souci technique et que ma commande était bloquée mais que tout allait se mettre en place dans les heures qui allaient suivre.
Je rentre chez moi, bien content que tout puisse se régler aussi simplement, mais m’étonne quand même, en souhaitant faire une mise à jour de mon blog, de ne plus avoir accès à Internet. Et de ne plus pouvoir appeler depuis mon poste fixe non plus, d’ailleurs.
Je pars travailler, j’essaie d’appeler chez moi depuis mon bureau, et j’aboutis finalement Ă  une boutique de lingerie. N’ayant rien de particulier Ă  acheter, je m’excuse, un peu surpris, et raccroche. Aurais-je fait un faux numĂ©ro ?
Un peu plus tard, je rappelle, tombe Ă  nouveau sur la boutique de lingerie, j’expose mon problème et Ă  la vendeuse qui me confirme que, depuis le matin, elle a rencontrĂ© des anomalies avec son tĂ©lĂ©phone et n’a reçu aucun appel de ses clients (et surtout clientes). Je comprends : ma ligne tĂ©lĂ©phonique a Ă©tĂ© redirigĂ©e par erreur chez cette boutique voisine...
Le lendemain, je retourne à l’agence de l’opérateur téléphonique, j’attends mon tour, expose mon problème à une personne qui m’arrête tout de suite en disant que c’est au service central que je dois m’adresser. Je lui rétorque que, justement, je n’ai plus accès au téléphone, celui-ci m’indique un téléphone spécial dans son agence où je peux appeler. Je décroche, appuie sur un bouton présélectionné qui compose automatiquement le numéro, une voix enregistrée me demande de préciser mon problème en appuyant sur une touche, chose que je ne peux faire avec ce téléphone spécial, et, le premier moment de perplexité passé, j’arrive quand même à avoir un interlocuteur à qui je raconte la situation ubuesque que je vis en ce moment.
Je rentre chez moi, un peu agacĂ© quand mĂŞme, et trouve dans ma boĂ®te aux lettres deux courriers de l’opĂ©rateur tĂ©lĂ©phonique. Premier courrier, c’est le contrat d’affichage du numĂ©ro et du nom de l’appelant, ce qui me permet d’avoir l’option mini-messages... entre le lignes, je peux lire qu’on me fĂ©licite d’être un si bon client et d’avoir si bon goĂ»t. Deuxième courrier, c’est une lettre de rappel valant mise en demeure ! LĂ , c’est Ă  la limite de l’insulte, et vas-y que je te menace de te faire payer 10% de plus si tout n’est pas rĂ©glĂ© dans moins d’une semaine, ou plutĂ´t cinq jours, vu le trajet par poste.
Mais c’est quoi, ce cirque ?
Je retourne à mon bureau, appelle le numéro indiqué sur la lettre de l’opérateur téléphonique et la personne à qui je m’adresse m’indique que l’autorisation de prélèvement automatique effectuée par mes soins n’a pu être prise en compte et que donc je dois régler au plus tôt ma facture par carte bancaire. J’appelle ensuite ma banque qui me confirme que l’autorisation de prélèvement a été validée... le jour même où le prélèvement aurait dû être effectué, d’où ce couac.
Le soir-même, je retrouve ma ligne téléphonique, je peux appeler l’opérateur pour effectuer le paiement de ma facture... Las, tout commence enfin à rentrer dans l’ordre.
C’est alors que j’essaie l’option mini-messages en Ă©crivant un petit mot sur le tĂ©lĂ©phone portable de mon frère. Ça ne marche toujours pas. Quelques jours plus tard, en recevant le contrat dĂ©taillĂ© de cette option, je comprends : il ne m’est possible d’envoyer des textos qu’aux numĂ©ros de tĂ©lĂ©phones fixes Ă©quipĂ©s de la mĂŞme option (je ne connais encore personne dans ce cas) ou aux possesseurs de tĂ©lĂ©phones portables ayant comme opĂ©rateur tĂ©lĂ©phonique la filiale colorĂ©e de l’opĂ©rateur national. Cependant tous mes correspondants tĂ©lĂ©phoniques, amis ou famille, ont pris des abonnements auprès d’opĂ©rateurs concurrents...


Jeudi, le 25 septembre 2003
À visiter : Saint-Étienne
Samedi et dimanche derniers étaient organisées les Journées du Patrimoine.
J’en ai profité pour découvrir ma nouvelle ville d’adoption.
Samedi matin. Rendez-vous devant l’Office du Tourisme. Nous sommes un groupe d’une quarantaine de personnes, pas mal de personnes âgĂ©es, mais je ne suis pas le seul jeune, loin s’en faut. Saint-Étienne en 39-45. Un guide confĂ©rencier nous parle des lieux martyrs (comme l’église Saint-François bombardĂ©e, un jour de mariage, par les AmĂ©ricains qui cherchaient Ă  dĂ©truire la gare Ă  quelques rues de lĂ ), des bâtiments occupĂ©s par les Allemands, des endroits oĂą se rĂ©unissaient les groupes de rĂ©sistants. Anecdote amusante : une pharmacie appelĂ©e « Ă  la Croix de Lorraine », sur laquelle Ă©tait Ă©crit en grand « Renseignements ici », Ă©tait un grand lieu d’échanges d’information des RĂ©sistances. Et jamais cette pharmacie n’a Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©e par la gestapo. Comme quoi, plus c’est gros...
Samedi après-midi, 14 heures, visite du rez-de-chaussĂ©e de l’HĂ´tel de Villeneuve. PlongĂ©e dans le XVIIe siècle. L’association des Amis du Vieux Saint-Étienne comprend des passionnĂ©s qui se font un plaisir de raconter les anecdotes du passĂ© stĂ©phanois, des luttes entre la Seigneurie voisine et la ville industrieuse. Des cassettes audios sont donnĂ©es gratuitement, on peut y entendre des chansons et saynètes en « parler gaga », le langage populaire stĂ©phanois Ă  l’accent si particulier et aux Ă©tonnantes expressions.
Quinze heures, devant l’église Saint-Louis, nouvelle visite guidĂ©e. Tiens, c’est le mĂŞme guide confĂ©rencier. L’hĂ´tel Jullien-Chomat de Villeneuve, dont je venais de visiter une partie, est le cœur d’un Ă®lot datant du milieu du XVIIe siècle. Promenade commentĂ©e dans les Ă©troites rues mĂ©diĂ©vales, contraste avec la Grand’Rue, cette avenue aux noms divers le long de son tracĂ© (ici, la rue Gambetta) oĂą circule le tramway, du nord (le Forez) au sud (le Pilat). Explication de l’implantation de Saint-Étienne par sa rivière, le Furan (prononcez : « le Furâon » avec l’accent stĂ©phanois) qui avait des propriĂ©tĂ©s intĂ©ressantes pour la trempe des mĂ©taux, d’oĂą la fabrique d’armes sous François I et les artisans de la coutellerie et de la « clinquaillerie ». Croissance arrĂŞtĂ©e par les eaux et la « ceinture mystique », c’est-Ă -dire la prĂ©sence de nombreux couvents Ă©tablis Ă  la pĂ©riode de la Contre-RĂ©forme. Saint-Étienne avait pu s’étendre Ă  la RĂ©volution, lorsque les terrains des ordres religieux Ă©taient passĂ©s Ă  l’État.
Dimanche matin, nouvelle visite. Circuit-dĂ©couverte des monuments historiques de la ville. Tiens, un autre guide. Tiens, nous croisons le guide de hier qui fait un autre circuit. Les beaux bâtiments ont tous un lien plus ou moins direct avec l’activitĂ© des passementiers, ces artisans du ruban, frères ennemis des canuts lyonnais. Petit passage Ă  cĂ´tĂ© d’une œuvre d’art ratĂ©e au niveau de la place du Peuple : le Chronocycle, une grande roue de pierre au mouvement de rotation infime (un tour en un an) censĂ© reprĂ©senter le temps qui passe. Échec car les infiltrations du Furan ont fait rouiller les Ă©normes engrenages de la machine... (on n’entend plus le mĂ©canisme formidable qui l’actionne mais il arrive que l’on voie celle-ci parfois tourner, ce qui est un comble).
Dimanche après-midi, musée de la Mine. Plongée dans l’univers des mineurs. Instructif. Vivant. Impressionnant. Le charbon avait fait la richesse de la ville mais, aujourd’hui, cette activité n’existe plus dans la région et les crassiers se sont couverts de verdure. Une page est tournée.
Dans la cour du musĂ©e, un trio de musiciens-chanteurs-comĂ©diens appelĂ©s « les compagnies Brossard ». Je tombe sous le charme de leurs Ă©tonnantes interprĂ©tations des chansons des annĂ©es 1930 Ă  50. À 18 heures, le trio a Ă©puisĂ© son rĂ©pertoire. Je suis arrivĂ© au musĂ©e de la Mine Ă  14 heures... Que le temps passe vite !
Au final, un week-end culturel bien sympathique... les a priori nĂ©gatifs que j’avais pu avoir sur Saint-Étienne, en tant qu’ex-lyonnais, sont tombĂ©s : cette ville, certes moins gâtĂ©e par l’histoire que sa voisine Lyon, est pleine de charmes.


Samedi, le 13 septembre 2003
À viser tout le temps Ă  cĂ´tĂ©, on finit par rater sa cible
Ce titre qui a l’air d’un proverbe suisse ou d’une citation de Guillaume Tell (ou les deux) m’a été inspiré par un fait bien singulier (dans un monde pluriel, merci, vous suivez).
Il y a quelque temps, j’ai achetĂ© une lessive de marque ***bip*** qui me proposait, après avoir indiquĂ© par retour de courrier mes coordonnĂ©es, l’offre de quatre magazines : 3 numĂ©ros de Femme ***bip*** et un numĂ©ro de Cuisine ***bip***. Moi, comme j’adore les cadeaux (et donc les anniversaires ainsi que NoĂ«l), j’ai rempli le petit bulletin et — Ă´ miracle ! — un premier numĂ©ro de Femme ***bip*** est parvenu hier dans ma boĂ®te aux lettres. NumĂ©ro fort intĂ©ressant, ma foi, car mĂŞme s’il est dĂ©jĂ  Ă  la poubelle aujourd’hui (celle destinĂ©e aux journaux et emballages, faut penser Ă  recycler !), il a Ă©tĂ© rĂ©ellement « utilisĂ© » car j’y ai retirĂ© toutes les pages qui sont, pour moi, pertinentes, Ă  savoir les recettes de cuisine. J’avoue aussi que ça m’a permis de savoir que les JournĂ©es du Patrimoine auront lieu les 20 et 21 septembre, cette annĂ©e, et j’ai pu combler mes lacunes en culture people ou connaĂ®tre les tendances du maquillage pour la pĂ©riode automne-hiver (sachez, mesdames, que le « pop art mène la danse », mais ne me demandez pas ce que cela signifie, faut pas abuser non plus). Et ce magazine Ă©tait accompagnĂ© d’une lettre commençant par : « Madame, (...) ».
Ben non. Ma chère Claire, responsable des abonnements, « Fabrice », c’est un prĂ©nom de garçon.
HĂ© quoi ?!
Il n’y a pas d’autres mecs sur Terre que moi Ă  acheter des paquets de lessive ?
Et suis-je le seul ĂŞtre masculin Ă  faire de la cuisine, et Ă  plutĂ´t bien me dĂ©brouiller aux fourneaux ?
Ben mince alors !
Il arrive cependant que l’on me prenne, au lieu d’une mĂ©nagère de moins de 50 ans, pour un mĂ´me. Suffit que j’achète de la prĂ©paration en poudre instantanĂ©e pour boisson cacaotĂ©e ou de la pâte Ă  tartiner aux noisettes. Quand il n’y a pas de jeu concours ou de points Ă  collecter pour rafler des bidules, il y a presque toujours une connerie accompagnant ces produits, une bĂŞtise que l’on rĂ©cupère et pose sur le coin d’un meuble en se disant que ça fera plaisir Ă  un gamin du quartier, mais qu’on oublie toujours et qu’on finit par balancer...
Ah, mesdames et messieurs les publicitaires, Ă  force de viser tout le temps Ă  cĂ´tĂ©, vous allez finir par rater votre (cœur de) cible.
Mais vous n’êtes pas les seuls. De nombreuses personnes arrivant sur ces pages y sont parvenues à travers des mots clés tapés sur des moteurs de recherche, et je doute qu’elles y aient trouvé une réponse à leurs préoccupations.
Quelques exemples, et profitons-en pour faire, dans la mesure du possible, du Google wish :
  • « Quoi AndrĂ©-Marie Ampère a-t-il inventĂ© » ou « qu’est-ce que fait AndrĂ©-Marie Ampère dans la vie » : ah, le physicien et mathĂ©maticien lyonnais est connu pour avoir Ă©tudiĂ© les courants Ă©lectriques, et on lui doit l’électrodynamique qui a ouvert la voie Ă  une foule d’inventions ;
  • « Antares identifiant perdu » : euh... pas d’bol, collègue ;
  • « maĂ®tre de confĂ©rences comment ĂŞtre affectĂ© dans une autre universitĂ© ? » : on peut demander sa mutation au bout de trois ans (il y a plein d’infos sur le site du Ministère de l’Education nationale) ;
  • « Jess Kaan » : prix Merlin 2003 dans la catĂ©gorie nouvelle, voir mon compte-rendu de la convention de FlĂ©malle ci-dessous ;
  • « biophones » : ah, amusant, ça ! j’en parle dans ma nouvelle Cellulaire sans en avoir l’air prĂ©sente sur ce site ;
  • « oxygène hĂ´pital doit rester sous sportif » : euh, il se drogue, cet internaute ?
  • « Dunyach extrait » : certains textes de Jean-Claude Dunyach, ou au moins des extraits, doivent peut-ĂŞtre exister sur un site, mais pas ici ;
  • « sève et le givre » : de Lea Silhol, prix Merlin 2003 dans la catĂ©gorie roman, voir mon compte-rendu ci-dessous ;
  • « dessins de tramways de Lyon » : les dessins qui ornent le tramway des TCL reprĂ©sentent les monuments et bâtiments les plus fameux de la capitale des Gaules : la basilique Notre-Dame de Fourvière, la cathĂ©drale Saint-Jean, l’opĂ©ra, le Crayon (ou tour de la Part-Dieu), la gare TGV de l’aĂ©roport Saint-ExupĂ©ry, etc.
  • « Ugo Bellagamba » : voir son site perso ;
  • « FlĂ©malle convention » : voir ci-dessous ;
  • « docteur Fab » : c’est moi, Docteur Fab et Mister MĂ©reste...
  • « Michel Pagel blog » : je ne crois pas que Michel en ait un...
  • « gâteau dans four micro-ondes » et « recette de biscuit » : voir les diverses recettes dans les archives ;
  • « cuisine pĂ©kinoise » : Ă  part la recette du canard (voir dans les archives), je ne peux pas vous aider...
  • « secours singulier » : mais je suis lĂ , je peux faire quelque chose pour vous ?!
Alors, amis lecteurs, ai-je pu, d’une façon ou d’une autre, vous ĂŞtre utile ?


Vendredi, le 15 aoűt 2003
Ah, vivre avec ou sans les autres ? Et quels « Autres » ?
Hier, je suis allé rendre visite à D., un ami qui s’est retrouvé en situation d’hospitalisation d’office après avoir tenté de tuer son frère à coups de couteau.
A priori, D. va bien. Certes, ses paroles sont un peu embrumées par les anxiolytiques et neuroleptiques mais il occupe la chambre la plus spacieuse du pavillon où il est interné, il a le droit de recevoir des coups de fil et d’en passer et il peut également avoir des visites.
Pourtant, petit Ă  petit, j’ai revu mon jugement : D. ne va pas bien du tout.
D’abord, D. sait très bien que s’il quitte l’hĂ´pital, il va se retrouver dans un autre Ă©tablissement, celui-lĂ  rĂ©ellement carcĂ©ral, car, mĂŞme s’il n’y a pas eu de plainte dĂ©posĂ©e par son frère (très lĂ©gèrement blessĂ©) ou ses parents, l’État se porte partie civile dans cette histoire et il risque jusqu’à sept ans de prison.
Ensuite, D. n’a toujours pas débloqué les choses dans son esprit. Il se sent toujours victime d’un coup de folie, de la situation, de ce qu’il a ressenti comme une agression de la part de son frère, et il a tendance à ignorer la gravité de son geste. Lui, qui est si religieux, considère que Dieu l’a mis à l’épreuve et se sent maintenant perdu. Cependant, s’il parvenait à prendre conscience de son acte potentiellement meurtrier et de la portée de ce dernier, il y a fort à parier que la culpabilité l’entraînerait à une auto-dépreciation absolue, une dépression, un suicide...
D’ailleurs, D. m’a confié que sa relation avec les psychiatres et soignants restait dans une impasse. Sa situation matérielle a évolué jusqu’à atteindre le maximum de droits accordés à quelqu’un retenu en hôpital contre son gré, mais sa situation intellectuelle semble ne pas avoir avancé d’un pouce.
Enfin, et c’est sans doute ce qui, a posteriori, m’a fait le plus craindre pour son Ă©volution, D. reste toujours entourĂ© par sa « communautĂ© ». D. Ă©tait seul lorsque je suis venu le voir mais au bout d’une heure, S., une autre amie est passĂ©e lui rendre visite. S., jeune et jolie, lui apporte des bouquins. Les livres sont le plus souvent des contes pour enfants car D., avec ses mĂ©dicaments, ne parvient pas trop Ă  se concentrer sur des histoires complexes. En discutant Ă  trois, j’ai appris que S. qui, a vingt-cinq ans, poursuit encore ses Ă©tudes, s’était mariĂ©e Ă  l’âge de vingt-deux ans. Cela aurait dĂ» me mettre la puce Ă  l’oreille... Nous sommes allĂ©s dans le jardin du pavillon, toujours entourĂ© de grillage et d’yeux nous surveillant, bien entendu, pour poursuivre notre conversation. C’est alors qu’est arrivĂ© M., la cinquantaine, visiblement très proche de D., cheveux poivre et sel, un joli hâle mis en valeur par des habits blancs, et une verve sans faille... Pour moi, instinctivement, M. avait tout de l’idĂ©e que je me faisais d’un gourou. Pendant des annĂ©es, D. Ă©tait venu les samedis lui prĂŞter main forte pour l’amĂ©nagement de sa maison. S. et moi nous sommes alors prĂ©sentĂ©s Ă  M. et avons indiquĂ© comment nous avions connu D. Et très vite, la religion est apparue dans nos propos. D. et S. s’étaient rencontrĂ©s Ă  la sortie d’une « Ă©glise », Ă©glise dont le nom complexe m’était inconnu. Sourire pincĂ© de M. Ă  l’évocation de ce groupe religieux. S. explique que son mari et elle ne se rendent plus Ă  cette Ă©glise car elle a très mal vĂ©cu son passage dans celle-ci, en particulier parce que son mari est pentecĂ´tiste et que dans l’église oĂą ils allaient, il y avait des oppositions dogmatiques importantes, notamment sur le fait de renier les dons de l’esprit. Moi, j’observais cette conversation un peu ahuri. M. m’a alors demandĂ© Ă  quelle Ă©glise je me rendais (ou « j’appartenais ? ») et je lui ai rĂ©pondu que j’étais catholique romain, ce qui n’a pas manquĂ© de le surprendre. Mi-sĂ©rieux, M. a demandĂ© Ă  D. : « Tu frĂ©quentes un catholique romain ?! »
Je n’ai pas souhaitĂ© prĂ©ciser que j’étais catholique parce que je croyais en Dieu et que le catholicisme Ă©tait ma religion de baptĂŞme mĂŞme si, contrairement Ă  eux, cela n’avait pas d’influence sur certaines sphères de ma vie personnelle... en effet, comment prĂ©tendre ĂŞtre scientifique si on considère les allĂ©gories bibliques comme des faits vĂ©ritables ? comment mener une vie sexuelle dans le respect de son partenaire sans prĂ©servatif ? De tout mon ĂŞtre, je m’oppose farouchement aux dĂ©cisions du « Saint Père ».
Et lĂ , tous les petits couacs de ma relation d’amitiĂ© avec D. m’ont sautĂ© Ă  la figure : il me prĂŞtait des livres religieux mais ne voulait que très difficilement lire ceux que je lui conseillais, il ne m’accompagnait au cinĂ©ma que si le film Ă©tait en accord avec ses convictions et surtout... il ne pouvait envisager de relations intimes avec des personnes du sexe opposĂ© que s’il agissait d’une fille (1) qui partageait la mĂŞme croyance que lui et (2) qui serait son Ă©pouse.
Voilà pourquoi S. s’était mariée si jeune.
La communauté, rien que la communauté.
Fonctionnement en vase clos.
Attachement rigoureux à la doctrine, et une certaine intolérance vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions.
Dans mon dictionnaire, c’est ce qui définit une secte.
Oui, si j’avais Ă©tĂ© admis dans la sphère d’amitiĂ© de D., c’est simplement parce que j’avais suivi Ă  un moment donnĂ© son « groupe d’étude de la Bible » (lorsque, dans le cadre de l’écriture de mon roman de science-fiction, je faisais des recherches sur certains groupes religieux « chrĂ©tiens » et leur interprĂ©tation de la Bible). Puis j’avais fait connaĂ®tre Ă  D. les randonnĂ©es en roller, ce qui l’avait fait un peu sortir de son micro-monde.
MĂŞme si tes frères parlent constamment d’amour, avec les contraintes qu’ils t’imposent, ou que tu t’imposes, D., Ă  plus de vingt-cinq ans, tu n’as jamais aimĂ© et Ă©tĂ© aimĂ© de la façon la plus intime qui soit. Et le jour oĂą tu as portĂ© la main sur ton frère de sang, c’est parce que lui, avec lequel tu ne peux t’entendre parce qu’il refuse tout de cette communautĂ© Ă©touffante et castratrice qui est toute ta vie, tu t’estimais dans ton droit, tu te croyais dĂ©positaire de la loi, tu Ă©tais lĂ  pour le punir d’avoir abusĂ© du tĂ©lĂ©phone parce que ton jeune frère appelait... sa copine.
Oh, D., combien de temps mettras-tu Ă  faire le chemin qui te fera prendre conscience du fait que tu as agi sous le coup de la colère et de la jalousie ? Comment peux-tu guĂ©rir si les amis qui viennent te soutenir ne sont que les membres de cette communautĂ© aux prĂ©ceptes t’empĂŞchant de mener une vie harmonieuse ?
Quel gâchis.
Cette visite, sans doute la dernière avant longtemps puisque je quitte Lyon dans quelques jours, m’a laissé un goût bien amer.


Mercredi, le 23 juillet 2003
Ah, vivre et laisser mourir... ou Fabrice « M. », le Maudit
C’est assez terrifiant.
Un de mes très bons amis, dont je m’inquiĂ©tais de ne plus avoir de nouvelles (il ne rĂ©pondait pas aux messages que je laissais sur son rĂ©pondeur), ne va sans doute plus me voir aux randonnĂ©es roller avant que je quitte Lyon. Et pour cause : j’ai appris hier qu’il Ă©tait enfermĂ© dans un hĂ´pital psychiatrique pour avoir tenter d’agresser mortellement son frère. Oui, c’est le genre de nouvelle qui vous laisse sur le cul. Comment imaginer que quelqu’un dont on se croit proche peut en arriver lĂ  ? Il est vrai qu’il a l’esprit complètement pourri par la morale darbyste. Il est vrai aussi que je l’avais dĂ©jĂ  hĂ©bergĂ©, un soir après la randonnĂ©e en roller, car il m’avait dit qu’il Ă©tait furieux contre son frère au point d’être capable de le tuer s’il rentrait dormir chez ses parents. Mais tout cela, ce n’était que des mots, rien que des mots, et sa bouche avait toujours tendance Ă  tout exagĂ©rer. Ainsi aurait-il fini par rĂ©ellement pĂŞter un câble ?
Et ce n’est pas le seul de mes amis à qui il arrive des choses aussi surprenantes.
À vingt ans, j’avais fait un stage en Belgique oĂą j’ai fait la connaissance d’un Africain d’un petit pays que je n’avais jamais entendu parler. Nous Ă©tions vraiment des amis très proches. Puis, son diplĂ´me en poche, il a pu retourner dans son pays auprès de son Ă©pouse et de son fils. Nous avons gardĂ© contact en nous Ă©changeant très rĂ©gulièrement du courrier jusqu’à ce qu’en 1994 les actualitĂ©s ne parlent plus que de son pays. Il a connu la guerre, les exils, les camps de rĂ©fugiĂ©s, il s’est fait exploiter par des ONG, et aujourd’hui, ne parvenant Ă  retrouver sa famille, il est enquĂŞteur pour le TPI.
Et ce n’est guère plus joyeux au sujet de celles que j’ai aimées.
L’exemple le plus criant est celui de cette fille que j’ai rencontrĂ©e quand je passais mon permis de conduire (j’avais un peu plus de 18 ans, cet Ă©tĂ©-lĂ ). Cette fille, je la connaissais bien : j’étais en secret amoureux d’elle que je ne voyais qu’en cours de latin alors que j’étais au collège. Le destin nous avait remis sur la mĂŞme route, c’était trop beau. J’ai tout fait pour la revoir et nous sommes sortis ensemble, mais pas très longtemps car elle a fini par me dire qu’elle avait un copain auquel elle tenait plus que moi. Malheureux. RĂ©ponses de glace Ă  mes lettres et coups de fils passionnĂ©s. Un peu plus tard, je l’ai revue, par hasard, au restaurant universitaire oĂą elle a fait semblant de ne pas me voir. Tant pis. Et bien des annnĂ©es après, j’ai revu une autre copine de collège avec laquelle j’avais Ă©changĂ© quelques propos au sujet du « bon vieux temps ». Elle m’a alors parlĂ© de cette fameuse fille qui Ă©tait avec nous en classe de latin, sans savoir que j’en avais Ă©tĂ© Ă©pris. Cette fille, pourtant brillante, avait fini par laisser tomber ses Ă©tudes, elle vivait avec son copain (celui-lĂ  mĂŞme qu’elle avait prĂ©fĂ©rĂ© Ă  moi, ai-je compris) et Ă©tait tombĂ©e enceinte. Le jour de l’accouchement, les mĂ©decins, faisant passer une sĂ©rie de tests Ă  la maman et Ă  son enfant, ont dĂ©couvert que la jeune mère avait la leucĂ©mie. Deux mois plus tard, elle Ă©tait morte.
Oui, j’ai conscience de rapporter des faits complètement horribles. Mais ils sont hĂ©las vĂ©ridiques. Est-ce que je porte malheur Ă  ceux que j’aime (d’amour ou d’amitiĂ©) et dont je ne suis pas autant aimĂ© en retour ?
C’est une bien curieuse et bien pénible malédiction...


Dimanche, le 13 juillet 2003
À visage dĂ©couvert
Les films de ma vie...

Et pour 10 de plus :
  1. After Hours (Martin Scorsese, 1985). Parce qu’il change un tout petit peu ses habitudes, un informaticien de New York va vivre une nuit de cauchemar. Hilarant. Tragique. Absurde. Superbe.
  2. Brazil (Terry Gilliam, 1984). De l’absurde, encore, dans cette société futuriste peinte avec grand art par un ancien des Monty Python.
  3. La CitĂ© de la peur (Alain Berberian, 1993). Les Nuls, le film. À voir plusieurs fois, on y redĂ©couvre Ă  chaque fois un nouveau gag. Une bouffĂ©e d’oxygène qui rend content (Non, Dominique !)
  4. Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982). Nécessairement. La troupe du Splendide au meilleur de sa forme.
  5. C’est arrivĂ© près de chez vous (Remy Belvaux et AndrĂ© Bonzel, 1992). BenoĂ®t Poelvoorde en tueur en sĂ©rie. Humour noir, très noir, filmĂ© en noir et blanc. Complètement fou, et pourtant si rĂ©aliste (Reviens, gamin, c’était pour rire !)
  6. Simple Mortel (Pierre Jolivet, 1991). Coup de cœur pour ce film du frère de l’humoriste, hĂ©las assez peu remarquĂ© Ă  sa sortie. De la science-fiction sans effets spĂ©ciaux. Si, si. Une histoire haletante. Du grand art.
  7. The Breakfast Club (John Hughes, 1985). Mon film d’ado. Une jolie note d’espoir.
  8. Purple Rain (Albert Magnoli, 1984). Plongeon dans les annĂ©es quatre-vingt. Prince, du temps de sa splendeur. Et la bombe du moment : Apollonia Kotero. When Doves Cry, un petit bijou. Et Purple Rain, le slow de plus de huit minutes. OK, faut ĂŞtre adolescent pour vraiment apprĂ©cier.
  9. Les films de Krzysztof Kieslowski. Certes, il a une orthographe impossible (il ne peut pas s’appeler « Christophe » comme tout le monde ?) et il a eu le mauvais goĂ»t de mourir trop tĂ´t. Mais le rĂ©alisateur et scĂ©nariste polonais nous a gratifiĂ© de quelques chefs d’œuvre avant de s’éteindre. Et il filmait Ă  merveille la magnifique Irène Jacob, dans La Double Vie de VĂ©ronique ou Trois couleurs : Bleu. Sans compter les morceaux de choix de la sĂ©rie du DĂ©calogue.
  10. Les films de Claude Lelouch. Mes favoris : Un homme et une femme (Chabadabada...), ItinĂ©raire d’un enfant gâtĂ©, la Belle Histoire, Tout ça... pour ça !, Les MisĂ©rables... L’homme-orchestre du cinĂ©ma filme la vie, les sentiments, les hasards, les rencontres, ses femmes (il faut avouer qu’il a plutĂ´t bon goĂ»t) et... c’est beau !



Vendredi, le 11 juillet 2003
À visage dĂ©couvert
Les films de ma vie...

S’il ne fallait en retenir que 10 :
  1. Blade runner (Ridley Scott, 1982). AdaptĂ© de la nouvelle de Philip K. Dick portant le joli titre de Do Androids Dream of Electric Sheep?, ce film reprend, dans l’univers du cyberpunk, l’éternelle question « qui suis-je ? » en la formulant sur le mode « suis-je humain ou un ĂŞtre artificiel ? ». Film superbe, avec une esthĂ©tique que l’on trouve trop rarement en science-fiction, Ă  part quelques autres merveilles comme Bienvenue Ă  Gattaca (Andrew Niccol, 1997). Pour l’anecdote, J’ai dĂ©couvert ce film en vidĂ©o, des annĂ©es après sa sortie, je l’ai vu plus de six fois sur cassette ainsi qu’une fois, tout dernièrement, au cinĂ©ma dans le cadre de la nuit de la science-fiction d’Oullins.
  2. Metropolis (Fritz Lang, 1926). Le chef d’œuvre du genre. Source d’inspiration essentielle, par exemple du sympathique Cinquième Ă©lĂ©ment (Luc Besson, 1996). L’histoire peut sembler aujourd’hui un peu simple mais les images ont une telle force !
  3. Monty Python, la vie de Brian (Terry Jones, 1978). Mon prĂ©fĂ©rĂ© des Monty Python. La vie d’un type qui n’a pas de chance et qui ne sera pas retenu par l’Histoire, contrairement Ă  un certain JĂ©sus avec lequel il partage pourtant pas mal de points communs. Hilarant du dĂ©but Ă  la fin !
  4. La Grande menace (Jack Gold, 1978). En anglais, "The Medusa touch", film fantastique avec Richard Burton et Lino Ventura. Étonnant. Parfois j’ai cru avoir le mĂŞme pouvoir (le terme "malĂ©diction" conviendrait mieux cependant) que l’étrange Morlar, l’immortalitĂ© en moins.
  5. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (Jean Yanne, 1972). Une belle critique de la société de consommation des années Pompidou. Vu un grand nombre de fois à la télévision, ce film m’a marqué par son cynisme et son humour noir.
  6. Le fabuleux Destin d’AmĂ©lie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2000). Une adorable petite bombe d’optimisme, ou comment apprĂ©cier les petits plaisirs simples de la vie. Mention spĂ©ciale Ă  Jeunet pour sa facilitĂ© Ă  passer d’un genre l’autre : avant AmĂ©lie, il avait rĂ©alisĂ© Alien, la rĂ©surrection...
  7. Les Temps modernes (Charlie Chaplin, 1936). Avant le Dictateur (1940), dans la suite des Charlot, ce film plein d’humour et d’émotion est une description au vitriol de la sociĂ©tĂ© contemporaine et des nouvelles conditions de travail des ouvriers. Derrière les mimiques, il y a un cri. Mais les films de Chaplin, ce sont aussi sa vie Ă  l’écran : du gamin misĂ©reux Ă  sir Charles Spencer Chaplin, une vie pas vraiment rose.
  8. Moulin Rouge (Baz Luhrmann, 2001). Hallucinant ! Un Montmartre fantasmĂ© Ă  la fin du XIXe siècle. De l’émotion, de l’exubĂ©rance, des reprises musicales audacieuses, un film Ă  couper le souffle.
  9. E.T. l’extraterrestre (Steven Spielberg, 1982). J’avais Ă  peu près l’âge d’Elliot quand j’ai vu ce film au cinĂ©ma. Le premier film que j’aie vu sans ĂŞtre accompagnĂ©. Un film inoubliable. Je trouve qu’après E.T., Spielberg a eu bien du mal Ă  rĂ©aliser un bon film de science-fiction : ce n’est qu’en 2002 avec Minority report que j’ai retrouvĂ© la magie du Spielberg d’antan...
  10. Fantasia (Walt Disney, 1940). Le premier film vu au cinĂ©ma. J’étais tout petit. J’en garde un souvenir confus bien qu’émerveillĂ©. De belles images colorĂ©es, des histoires toutes simples... et la Musique ! J’ai retrouvĂ© un peu de ce bonheur, rĂ©cemment, avec Fantasia 2000. Comme beaucoup, j’ai grandi avec les films des studios Disney... mais, avec le recul, j’ai Ă©tĂ© troublĂ© de remarquer certains faits des plus dĂ©rangeants, voire malsains, dans cette œuvre. Un exemple d’une telle curiositĂ© ? Prenons le Livre de la jungle. Vous souvenez-vous de la scène oĂą Mowgli se retrouve chez le roi des singes ? À quoi ressemblent les singes ? On dirait qu’ils ont des traits nĂ©groĂŻdes. Et que chantent-ils ? Du jazz, musique black par excellence. Et quelles sont les paroles du roi singe ? « Je veux ĂŞtre un homme comme toi ! » Comme si, dans ce film, les auteurs sous-entendaient que les Noirs ne peuvent pas prĂ©tendre Ă  l’humanitĂ©... Et ça passe innocemment devant les yeux de nos chères petites tĂŞtes blondes, et rousses, et brunes ? Oui, vraiment : c’est malsain. Parents, prudence...



Mercredi, le 25 juin 2003
À visage dĂ©couvert
Impressions stéphanoises.
État d’esprit difficilement descriptible en ce moment.
Si j’étais physicien, je crois que je parlerais d’un « Ă©tat de transition ».
Déjà, je rédige ces lignes en écrivant au stylo sur un bloc-notes, dans ce bus, moi qui n’écrivais presque plus que directement au clavier.
C’est curieux. Je me trouve dans la ville où je vais sans doute passer les prochaines années de ma vie. Ville que je ne connais pas. Ville où je ne suis même pas venu une dizaine de fois. Ville que je n’ai jamais pris la peine de visiter. Je ne sais pas encore si je vais réussir à l’aimer. Je sais déjà, suite à la réunion de tout à l’heure, à quoi va ressembler une partie de mes futures activités ici même si, officiellement, je n’aurais de confirmation (ou non) de mon poste qu’à la mi-juillet.
J’ai encore un peu de temps avant de prendre mon train. Je suis là, sur le quai de la gare, en train de respirer les chaudes effluves empoisonnées brassées par les TER.
Je ne suis pas pressé. J’aurais très bien pu prendre le train suivant. J’ai hésité un moment à me promener au hasard dans la ville, à la sentir vivre autour de moi par tous les pores de ma peau, à voir si elle m’acceptera... mais, non, le soleil est trop fort pour que je me prête à un tel exercice.
Plus tard, peut-ĂŞtre... Sans doute.


Vendredi, le 20 juin 2003
Avis sur le sens de la vie
Aujourd’hui : la drogue, c’est de la merde
ou : confessions d’un ludomane mangeur de pommes

Je reviens de loin...
Il y a quelques jours, j’ai pris la douloureuse décision de désinstaller Age of Empire, un jeu de stratégie qui était en train de me bouffer la vie.
C’est terrible à dire, mais je crois bien que j’étais complètement drogué.

L’histoire :
J’ai toujours cru avoir une physiologie propre à n’être dépendant de rien. Du moins, d’aucune substance. Je n’apprécie pas vraiment l’alcool et, si jamais il m’arrive d’en boire, ce qui est très rare, c’est toujours en quantité infime (ce qui semble incompréhensible à mon entourage car je ne conduis pas). De toute ma vie, je n’ai fumé qu’un paquet de cigarettes. Sans intérêt. Quelques bouffées de cigarettes qui font rire. Sans intérêt non plus. Je ne tenterai rien de plus costaud, bien entendu, connaissant les ravages provoqués par les drogues sur le cerveau (j’ai vu ça en cours, et je tiens trop à ma tête). Enfin, je ne bois jamais de café et, s’il m’arrive de boire du thé, c’est sans doute moins d’une tasse par mois.
Et pourtant...
Combien d’heures ai-je passĂ©es devant un Tetris ?
Combien de temps ai-je perdu avec un jeu de stratĂ©gie ?
Il y a dĂ©jĂ  quelques annĂ©es, alors que je venais de recevoir Age of Empires II: The Age of Kings, ma copine de l’époque m’avait fait sentir qu’elle n’apprĂ©ciait pas d’être dĂ©laissĂ©e au profit de Jeanne d’Arc (l’un des personnages du jeu). Sur le moment, j’avais trouvĂ© sa rĂ©action ridicule. Mais elle avait raison ! Je n’avais qu’une envie, chaque jour, c’était de rentrer chez moi, d’allumer mon ordinateur et de lancer une partie. Seule la dĂ©couverte des codes permettant de fausser les règles du jeu m’a vaccinĂ© contre la ludopathie.
Il y a quelques mois, je me suis retrouvé chez mes parents, pour un week-end prolongé. J’ai passé de longues soirées à découvrir Age of Mythology: The Titans, à m’extasier des nouveautés, à vouloir progresser dans les scénarios, à poursuivre de nouvelles aventures... Mais bon, ça n’a duré que quelques jours car, ne disposant que d’un vieux PC pauvre en mémoire, à mon domicile, pas moyen d’installer ce jeu...
Il y a quelques semaines, j’ai retrouvé la première version du jeu. J’ai mis quelques jours à terminer les scénarios des diverses campagnes, puis je me suis rabattu ensuite sur les cartes aléatoires et, depuis, ce fut l’horreur.
J’avais du mal Ă  comprendre. J’ai un job passionnant. J’ai des amis. J’ai d’excellentes lectures en attente. Et j’écris. Écrire est vraiment ce qui donne un sens Ă  ma vie... Mais, c’était complètement fou, je n’avais qu’une envie, rentrer au plus vite chez moi pour faire une ou deux parties avant d’être vaincu par le sommeil. Heureusement, de temps en temps, un instant de luciditĂ© me disait de sortir de mon appartement, de voir mes amis, d’assister aux spectacles proposĂ©s dans ma bonne ville de Lyon... Bref, d’avoir une vraie vie, pas d’être un zombie avachi devant son ordinateur, passant son temps Ă  une activitĂ© vaine, asociale et dĂ©bilitante.
Tout va bien, je m’en suis sorti. Je me surprends de temps Ă  autre Ă  vouloir recommencer une partie, comme ça, pour voir, mais le jeu n’est plus sur mon ordinateur, et la raison fait son retour  « Non, Fab, arrĂŞte de perdre ton temps avec ces conneries. La vie, ce n’est pas ça ! »


Vendredi, le 23 mai 2003
Avis sur le sens de la vie
Aujourd’hui : À notre ministre bien-aimĂ©.

Plus beaucoup de posts pour cause de problèmes dans ma vie de tous les jours, ma vie de chercheur en poste (si possible permanent) d’enseignant-chercheur.
Et c’est un peu grâce aux bons soins de notre ministre adorĂ© : le philosophe Luc Ferry (qui ne va pas remplacer un dĂ©part sur deux Ă  la retraite, Ă´ joie !).
Finalement, si on y rĂ©flĂ©chit bien, ce type-lĂ , c’est un un mec bien et un futur alliĂ© : Ă  force de faire des conneries, Luc Ferry va se faire virer du gouvernement, il retrouvera son poste de prof... et donc il se mettra en grève.


Jeudi, le 3 avril 2003
Avis de retour à l’anormal
Voilà, c’est la fin de l’histoire de Cellulaire sans en avoir l’air.
Que peut-on dĂ©duire de ce petit texte ?
Que je connais un peu le quartier chinois parisien. Oui. Que je suis allergique aux téléphones portables. Aussi. Et que j’écris des textes qui ne sont pas publiés. Certes.
Bon, en tout cas, poster des bouts de cette nouvelle m’a permis de ne pas me lâcher sur mon blog. Comme tout le monde, j’aurais eu tendance Ă  laisser mon naturel agir, Ă  en vouloir au monde et joindre ma voix Ă  la sĂ©rie des "putain-ils-sont-vraiment-trop-cons-de-faire-la-guerre", Ă  en vouloir Ă  notre État bien-aimĂ© qui profite du contexte international pour supprimer des postes Ă  l’éducation nationale au profit des ministères de la DĂ©fense, de l’IntĂ©rieur et de la Justice, bref, Ă  en vouloir aussi Ă  toutes ces petits problèmes du quotidien qui nous gâchent un peu la vie (le moniteur de mon ordinateur qui grille, la grève des transports en commun, la grève du restaurant du personnel...) mais non, sans dire que tout va bien, ne disons pas que tout va mal.
Non, je ne suis pas de ceux qui chroniquent avec humour et/ou cynisme l’actualité, d’autres ont davantage de talent que moi pour le faire.
Non, j’aurais pu parler de quelques films que j’ai vus dernièrement (par exemple Adaptation de Spike Jonze), de quelques livres lus (comme Eternity Epress de Jean-Michel Truong), mais non, rien.
Explication : j’ai trouvĂ© une manière gĂ©niale d’utiliser toutes les feuilles qui encombrent mon appartement (mes brouillons de thèse, d’articles scientifiques et de textes de science-fiction). Je fais des marionnettes en papier mâchĂ©. Et des marionnettes locales, bien sĂ»r, un vĂ©ritable théâtre de Guignol.
Oui, j’ai laissé un peu tomber l’écriture (du moins de mon blog) pour concevoir des personnages de marionnettes.
Tiens, dans la sĂ©rie des coĂŻncidences amusantes, en voici une concernant le film Adaptation. Dans ce film, Jonze parle d’un scĂ©nariste (jouĂ© par Nicolas Cage) et des problèmes de la crĂ©ation littĂ©raire. Or il se trouve que ce scĂ©nariste a notamment participĂ© Ă  l’écriture de Dans la peau de John Malkovich (un autre film rĂ©alisĂ© par Spike Jonze). Oui, fiction et rĂ©alitĂ© sont bien mĂ©langĂ©es. Et quelle est la profession du personnage du film Dans la peau de John Malkovich ?
Marionnettiste de rue, tiens donc...


Lundi, le 27 janvier 2003
Ă€ visage dĂ©couvert (huitième !)
Oups, mon dernier post remonte Ă  une semaine...
Au moins, ça me rassure : je ne suis pas si accro que ça !
Des excuses ? Euh... Une semaine oĂą je n’étais pas Ă  mon bureau pour cause de confĂ©rence (c’est quand mĂŞme chouette, la recherche), un week-end Ă  Ă©crire (un grand plaisir !) et aujourd’hui, pas de rĂ©seau...

Pas trouvĂ© le questionnaire d’Un Instant/7 Instants très intĂ©ressant, alors voici mes rĂ©ponses au questionnaire de Proust...


1. Le principal trait de mon caractère.

Croire.
Croire en moi-même, bien sûr, croire en ma bonne étoile, croire aux autres, en mes amis, croire en l’amour et aux femmes, croire à mes capacités d’auteur et de chercheur, croire que demain sera meilleur qu’aujourd’hui.


2. La qualité que je désire chez un homme.

La créativité.
Si en plus, à cette qualité, s’ajoutent la capacité d’écoute, un caractère aimable et une certaine intelligence, c’est le plus précieux des amis.


3. La qualité que je préfère chez une femme.

La créativité.
Si en plus, à cette qualité, s’ajoutent la capacité d’écoute, un caractère aimable et une certaine intelligence, c’est la plus précieuse des amies.
Et si, de surcroĂ®t, elle est sensible et d’un physique agrĂ©able, je tombe amoureux sur le champ !


4. Ce que j’apprécie le plus chez mes amis.

La capacité d’écoute, un caractère aimable et une certaine intelligence...
Et un goût certain pour l’art, la littérature, la musique, la vie...


5. Mon principal défaut.

DĂ©faut ? Euh... J’ai une bonne mĂ©moire et donc je suis assez rancunier...


6. Mon occupation préférée.

Créer.
C’est pour cela que je fais de la recherche.
C’est pour cela que j’écris.


7. Mon rĂŞve de bonheur.

Pouvoir toujours créer, tout en aimant et étant aimé, dans un monde en paix.


8. Quel serait mon plus grand malheur.

Ne plus croire en l’avenir.


9. Ce que je voudrais ĂŞtre.

Au-delĂ  des modèles et des idĂ©aux : moi, tout simplement.


10. Le pays où je désirerais vivre.

J’aime bien la France et Lyon.
J’ai connu Lyon par accident et c’est une ville dont je suis tombé amoureux.


11. La couleur que je préfère.

Bleu.
Mais j’aime aussi beaucoup les couleurs blanc, noir, roux, beige et argent.


12. La fleur que j’aime.

La rose.
Pour ses couleurs, ses parfums, ses formes...
Mais aussi parce que c’est le symbole de l’amour.
Il faut voir la roseraie du Parc de la TĂŞte d’Or, Ă  Lyon. À l’époque de la floraison, c’est un enchantement.


13. L’oiseau que je préfère.

Les corvidĂ©s : le corbeau, la corneille, la pie.
Ils ne sont pas de très bons chanteurs mais, en plus d’être les plus intelligents des oiseaux, ce sont des bêtes magnifiques.


14. Mes auteurs favoris en prose.

DĂ©licat de faire un choix...
Disons la force d’écriture d’Albert Cohen, la puissance des idées de Greg Egan, l’amour de la vie de René Barjavel, l’humour de David Lodge, la rage de George Orwell et Anthony Burgess.


15. Mes poètes préférés.

Charles Baudelaire (1821-1867) et Jacques Brel (1929-1978).


16. Mes héros dans la fiction.

Mmmmm.... Non. Il n’y en a pas.
La vie est plus intéressante que la fiction.
C’est dans la vraie vie que l’on trouve des héros.


17. Mes héroïnes favorites dans la fiction.

Idem que la réponse précédente.


18. Mes compositeurs préférés.

Ludwig van Beethoven (1770-1827). Incontestablement.
Après avoir entendu le deuxième mouvement de la Septième Symphonie pour la première fois, j’ai trouvé que le génial Mozart, par comparaison devant ce géant sourd, n’était qu’un nain...


19. Mes peintres favoris.

Théodore Géricault (1791-1824) pour le Radeau de la Méduse et Eugène Delacroix (1798-1863).
Mais je préfère les sculpteurs, avec une sensibilité toute particulière pour Auguste Rodin (1840-1917) et Camille Claudel (1864-1943).


20. Mes héros dans la vie réelle.

JĂ©sus Christ (-7 avant lui-mĂŞme, 26). Si ce que les Évangiles racontent est vrai, alors lĂ , chapeau, mec !


21. Mes héroïnes dans l’histoire.

Marie Curie (1867-1934).
Mais je pense aussi à toutes ces femmes, plus ou moins anonymes, épouses, maîtresses ou mères de ces grands hommes que l’histoire a retenu et dont elles ont été les conseillères, muses, manipulatrices ou idéaux...


22. Mes noms favoris.

Pour les noms, je ne sais pas.
Pour les prénoms, j’ai une petite tendresse pour "Fabrice", parce qu’il vient de faber, "faire", et signifie "celui qui fait", aussi bien l’artisan que l’artiste.
Ça tombe bien, c’est le prĂ©nom que mes parents m’ont donnĂ©.


23. Ce que je déteste par-dessus tout.

L’imbécillité.
Oui, je déteste l’imbécillité crasse de ceux qui ne cherchent pas à aimer leur prochain, de ceux qui croient être supérieurs aux autres d’une façon ou d’une autre, parce qu’ils ont une certaine religion, une certaine couleur de peau, ou certains biens matériels.


24. Caractères historiques que je méprise le plus.

L’histoire du monde est pleine d’horreurs et de guerres.
Par exemple, j’ai de la peine à comprendre l’admiration que mes concitoyens prêtent à ce méprisable opportuniste corse qui, profitant des faiblesses de la jeune République, s’est bâti un Empire sur un monceau de cadavres.


25. Le fait militaire que j’admire le plus.

Tous ceux qui ont été évités par le talent des diplomates.


26. La réforme que j’estime le plus.

L’abrogation des "lois sécuritaires et liberticides Sarkozy".
Ah, ce n’est pas encore fait ?
Alors va falloir manifester dans les rues !


27. Le don de la nature que je voudrais avoir.

Pouvoir voler ?
Pourvoir ĂŞtre invisible Ă  volontĂ© ?
Pouvoir ĂŞtre aimĂ© de toutes les jolies filles ?
Faire en sorte que les gens puissent vivre en paix ?
Non, je ne demande pas l’impossible : j’aimerais simplement pouvoir bronzer sans prendre Ă  chaque fois de coup de soleil...


28. Comment j’aimerais mourir.

Très vite, sans souffrance, le plus tard possible, en ayant encore toutes mes capacités mentales.


29. L’état présent de mon esprit.

Occupé à chercher des réponses à ce questionnaire.


30. Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence.

Je ne sais pas, je suis assez rancunier comme garçon.
Alors, les fautes qui m’inspirent de l’indulgence sont celles que l’on ne fera plus jamais.


31. Ma devise

"Tout me touche, rien ne me blesse."


Lundi, le 20 janvier 2003
Ă€ visage dĂ©couvert (septième !)
RĂ©ponses au questionnaire d’Un Instant/7 Instants.

1/ Qu’est-ce qui, pour vous, reprĂ©sente un rĂ©el effort quotidien ?

À vrai dire, rien n’est rĂ©ellement pĂ©nible Ă  partir du moment oĂą on dĂ©cide de le faire tous les jours, mĂŞme si cela nĂ©cessite un gros effort, qu’il soit physique (comme faire des sĂ©ries de pompes et d’abdos) ou mental (comme essayer d’être agrĂ©able avec tout le monde malgrĂ© les inĂ©vitables petits ennuis de la vie).


2/ À quelle frĂ©quence interrogez-vous votre serveur de mail ?

Au bureau, très souvent, surtout quand j’attends un courrier électronique important, mais à la maison, en week-end, entre zéro et deux fois par jour.


3/ Quand vous empruntez les transports en commun et que ceux-ci sont bondĂ©s, laissez-vous votre place Ă  la vieille dame qui vient de monter, ou faites-vous comme si vous ne l’aviez pas vue en espĂ©rant que quelqu’un se dĂ©sistera ?

Mmmmmm... En fait, j’ai trouvé un truc.
Les mĂ©tros et tramways sont, pour moi, des bureaux : je travaille ou, au moins, je lis durant mes nombreux dĂ©placements en transport en commun.
Donc il est assez important que je puisse m’asseoir. Et j’arrive presque toujours à trouver une place, car je me lève très tôt et je prends les métros et trams quand il n’y a pas beaucoup de monde et donc tout le monde peut s’asseoir.
En soirée, c’est pareil, je quitte mon laboratoire assez tard...
Mais sinon, quand il y a une personne âgée qui n’a pas pu s’asseoir, je suis un des premiers à me lever pour lui proposer ma place assise.


4/ Quelle est la première image qui vous vient Ă  l’esprit quand vous vous imaginez dans 50 ans ?

Dans 50 ans ? J’en aurais 80. Imaginons...
C’est la période de Noël.
Je me vois en grand-père, au coin du feu, en train d’écrire. J’imagine mes petits-enfants qui passent par moments dans le salon en jouant et en faisant du bruit, un bien agréable dérangement.
Mon fils ou ma fille arrive en disant : « Allons, ça suffit ! Laissez votre papi travailler ! »
Et moi, je rĂ©ponds : « Mais non, mais non ! Laisse-les faire, ils ont raison ! Venez, les enfants, on va dehors, on va faire un bonhomme de neige et un igloo ! »


5/ ConsidĂ©rez-vous vos toilettes comme propres ? Qui se charge de les nettoyer ?

Bien sĂ»r que mes toilettes sont propres !
Et c’est moi qui me charge de les nettoyer !
Ce n’est pas parce que l’on vit seul que l’on doit se laisser aller à une quelconque facilité.
Ben mince, c’est brutal de passer de la poésie de la vieillesse à cette question...


6/ Vous avez jouĂ©, perdu et obtenu un gage. Sur lequel porterait votre choix : passer l’après-midi dans une maison de retraite Ă  vous occuper de grabataires, cirer des chaussures pendant trois heures, ou regarder le Bigdil en entier ?

La maison de retraite, bien entendu.
Autant faire quelque chose d’utile.


7/ Que pensez-vous de la thĂ©orie selon laquelle certains virus auraient une origine extra-terrestre ?

Mmmmmm...
Je sais que des choses étranges ont déjà été trouvées sur (ou dans) des météorites.
Mais des virus... Ça m’étonnerait quand mĂŞme un peu.


Dimanche, le 12 janvier 2003
Ă€ visage dĂ©couvert (sixième !)
RĂ©ponses au questionnaire d’Un Instant/7 Instants !

1/ Lors d’un moment de blues, Ă  quoi pensez-vous pour que ça passe ?

Mmmmm...
Je vais voir un film dĂ©primant ou j’écoute les informations Ă  la radio : penser aux malheurs des autres et Ă  la misère du monde relativise Ă©normĂ©ment nos propres petits soucis quotidiens.


2/ Quelle personne cĂ©lèbre souhaiteriez-vous voir tenir un blog ?

Euh...
Par exemple, un Ă©crivain comme Greg Egan ou un chercheur comme Marvin Minsky...

3/ De quel dessin animĂ© auriez-vous voulu ĂŞtre le hĂ©ros ?

Albator ? Bof. Je ne le trouve pas sympa avec les Sylvidres.
Ulysse 31 ? Moyen. Il se fait sans arrĂŞt mener en bateau (enfin en vaisseau spatial) par les dieux de l’Olympe.
Goldorak ? Sans intĂ©rĂŞt, Ă  moins d’aimer taper sur les Golgoths.
Capitaine Flam ? Non plus.
Alors le loup dans les Tex Avery ? Ah non, il s’en prend plein la tronche !
Un personnage de Disney peut-ĂŞtre ? Ça va pas la tĂŞte !
Un membre de la famille Simpsons ? Non mais, vous ĂŞtes pas bien dans votre tĂŞte ?!

Eh bien, finalement, je ne trouve aucun personnage de dessin animĂ©, c’est vraiment trop injuste !


4/ La critique (littĂ©raire ou cinĂ©matographique) est-elle utile ?

Chaque semaine sortent des quantitĂ©s de bouquins et de films. Peut-on les lire ou les voir tous ? Non, bien entendu. Alors la critique a Ă©videmment comme utilitĂ© de donner un autre avis que celui de l’équipe chargĂ©e de faire la promotion de l’œuvre en question. Une bonne critique devrait, Ă  mon sens, donner envie au lecteur ou cinĂ©phile de lire ou voir (ou non) le livre ou le film en question, non de le tromper, en donnant des Ă©lĂ©ments susceptibles de l’intĂ©resser...


5/ Quel est le dernier achat dont vous auriez largement pu vous passer ?

Je ne vois pas. Je ne suis pas un gros consommateur, et ce que j’achète me sert.
À la limite, j’aurais pu Ă©viter d’aller voir BrocĂ©liande, un film français (dont j’avais malheureusement lu de bonnes critiques) qui dĂ©bute comme un bon thriller et finit hĂ©las comme un mauvais fantastique (avec le pire du Pacte des Loups mĂ©langĂ© Ă  Evil dead). Dommage. Mais avec une place achetĂ©e Ă  3,6 euros, ce n’est pas la mort...


6/ Y a-t-il des collections que vous trouvez absurdes ?

Certes, la dernière collection automne-hiver de Christian Lacroix, c’est du n’importe quoi !
Non, honnêtement, les collections ont toutes quelque chose d’absurde, j’ai de la peine à comprendre le désir d’accumuler des objets d’une catégorie donnée, mais le collectionneur peut toujours donner une raison de son geste. Faut respecter les goûts des autres.


7/ Quel est votre degrĂ© de tolĂ©rance vis Ă  vis d’un fumeur qui enfreint l’interdiction dans un lieu public ?

Je crois que, dans ce cas, mon degrĂ© de tolĂ©rance est proche de zĂ©ro : je fais toujours la remarque Ă  ceux qui enfreignent les interdictions de fumer.
Oui, faut respecter les goûts des autres, mais faut pas être irrespectueux avec mes propres droits.
Je ne fume pas et je n’aime pas la fumĂ©e. Ça sent mauvais, et c’est mauvais pour la santĂ© (suffit de voir un fumeur cracher ses poumons ou un cancĂ©reux en fin de vie).


Lundi, le 6 janvier 2003
Ă€ visage dĂ©couvert (cinquième !)
Premières rĂ©ponses de l’annĂ©e au questionnaire d’Un Instant/7 Instants !

1/ « Selon que vous soyez puissant ou misĂ©rable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».
Pensez-vous que cet adage soit encore d’actualitĂ© ?


Disons que mĂŞme si certains puissants semblent pouvoir Ă©chapper Ă  la justice, la roue tourne et bien des grands d’hier ayant abusĂ© de leur pouvoir — qu’ils soient des domaines de l’industrie, de la finance ou de la politique — se retrouvent aujourd’hui derrière les barreaux.


2/ Comment expliquez-vous que certains laissent traĂ®ner une pellicule dans l’appareil photo pendant trois mois pour ensuite choisir l’option du dĂ©veloppement en une heure ?

L’être humain est plein de paradoxes.
Ceci dit, il arrive qu’il y ait une explication tout Ă  fait rationnelle Ă  ce phĂ©nomène singulier : quelqu’un achète une pellicule, la met dans son appareil photo, mais le nombre de photos prises pour garder des souvenirs quelconques ne correspond pas nĂ©cessairement au nombre de photos prĂ©sentes dans l’appareil. Du coup, la pellicule entamĂ©e traĂ®ne dans l’appareil photo, et lorsque — enfin ! — la pellicule est terminĂ©e, il est naturel de vouloir disposer au plus vite des photographies rappelant tous ces Ă©vĂ©nements.
De plus, l’option "dĂ©veloppement en une heure", dans bon nombre de magasins, n’est pas beaucoup plus chère que le dĂ©veloppement en 24 heures...


3/ LĂ©chez-vous la languette quand vous ouvrez un pot de yaourt ?

Non, mais avec la cuillère, je récupère le yaourt qui se trouve sur la languette (je le fais après avoir terminé le pot si le yaourt est bon, crémeux, et que j’attends que les autres personnes à ma table aient terminé leurs desserts).
Pourquoi cette question ? C’est sexuel ?!


4/ Lorsqu’une personne vous passe devant dans une file d’attente et qu’elle ne l’a vraisemblablement pas remarquĂ©, comment rĂ©agissez-vous ?

Ça ne m’arrive pas. Ou, si cela se produit, je tousse assez fort de manière Ă  me faire remarquer par cette personne. Après, si elle rĂ©agit et s’excuse, je lui dis que ce n’est rien et la laisse devant moi. Mais si elle m’ignore, je me fais un devoir de lui faire remarquer son manque de civilitĂ©, mĂŞme s’il s’agit d’une personne âgĂ©e.
Par contre, j’ai déjà souvent fait la morale à des jeunes (et moins jeunes) mettant leurs pieds sur les sièges du métro... et je ne me suis jamais fait taper dessus.


5/ ContrĂ´lez-vous le ticket de caisse après avoir rĂ©glĂ© vos achats ?

Pas vraiment. Lors de mes courses, je fais mentalement la somme des produits (avec des arrondis) et si la somme annoncée par l’employé(e) de la caisse ne correspond pas à ma propre somme (ce qui ne m’est arrivé qu’une fois), je contrôle mon ticket pour repérer l’erreur (dans le cas en question, il s’agissait d’un poulet en promotion dont on avait voulu me faire payer le prix sans la promo, et on m’a finalement remboursé la différence).


6/ Quelle est la personne qui ne doit absolument pas connaĂ®tre l’adresse de votre blog ?

Personne car, même si je parle ici de certains éléments personnels, mon blog est public.


7/ Pourquoi rĂ©pondez-vous aux questionnaires comme celui-ci ?

Euh... Pour avoir un sujet aujourd’hui ?
Et vous ? Pourquoi faites-vous ce questionnaire ?


Samedi, le 4 janvier 2003
Aviateurs de l’Aéropostale et cavaliers du Pony Express
Hier matin, je suis allĂ© poster des dossiers sur lesquels va se jouer mon avenir d’enseignant-chercheur. J’avais beau ĂŞtre plutĂ´t confiant, les quelques jours de "vacances" passĂ©s dans ma famille avaient Ă©tĂ© mis Ă  profit dans la rĂ©alisation de ces fameux dossiers de "qualification aux fonctions de maĂ®tre de confĂ©rences", je sentais quand mĂŞme de dĂ©sagrĂ©ables nœuds dans mon estomac... Pourtant, j’avais Ă  peine franchi la porte de la Poste que je me suis senti plus lĂ©ger.
PĂ©riode de fĂŞtes et dĂ©but de mois obligent, les personnes qui attendaient leur tour au guichet Ă©taient tout sourire, ce qui est suffisamment rare pour ĂŞtre signalĂ© : colis cadeaux Ă  envoyer, paquets ou mandats Ă  rĂ©cupĂ©rer, et, pour le collectionneur, nouveaux timbres Ă  dĂ©couvrir...
La Poste est une institution pour laquelle j’ai le plus grand respect. En effet, comment faire parvenir autrement des messages ou des biens Ă  des personnes Ă©loignĂ©es sans ĂŞtre obligĂ© de se dĂ©placer soi-mĂŞme ?
J’ai moi-mĂŞme Ă©tĂ© membre de cette institution au cours d’un Ă©tĂ© pour me faire un peu d’argent de poche. ChapeautĂ© de ma casquette de facteur, je parcourais les rues de la petite ville voisine avec mon vĂ©lo, me sentant l’hĂ©ritier des braves cavaliers du Pony Express ou des audacieux aviateurs de l’AĂ©ropostale, pour distribuer le courrier, un sourire aux lèvres lorsque je voyais la lettre d’une jeune amoureuse, identifiable aux petits cœurs dessinĂ©s sur l’enveloppe.
Aujourd’hui cependant, grâce Ă  Internet, il nous est possible de nous passer de bon nombre des services de la Poste, pour le plus grand malheur de cette institution et des amoureux de la correspondance papier. Mais la messagerie Ă©lectronique, quasiment gratuite et immĂ©diate, est devenue une nĂ©cessitĂ© de notre temps : sans elle, je me demande bien comment j’aurais pu contacter aussi facilement mon meilleur ami en Afrique, un collègue japonais ou une blogueuse canadienne que mes correspondants de l’Hexagone...


Mardi, le 31 décembre 2002
Ă€ visage dĂ©couvert (quatrième !)
Bon, ceci est le dernier post de l’année sur ce blog, et le dernier sur Blogger.
Vite, vite, vite : qu’est ce que j’ai oubliĂ© avant de dĂ©buter 2003 ?
Voyons voir... Les dossiers qui m’ont tant occupĂ© la semaine passĂ©e sont Ă  prĂ©sent achevĂ©s et prĂŞts Ă  ĂŞtre postĂ©s, j’ai renouvelĂ© mon abonnement aux Transports en Commun Lyonnais pour janvier 2003, j’ai mis en place un nouveau calendrier...
Bizarre, il me semble que j’ai oublié un truc...
J’y suis ! Je n’ai pas encore rĂ©pondu au dernier questionnaire trouvĂ© sur le Net !

1/ Imaginez ce qu’aurait été votre vie sans Internet.

C’est fait !
Ah, et alors ?
Alors quoi ?! On peut s’en passer, non ?
Pour vivre, je crois qu’on a besoin d’air, de nourriture, de sommeil et d’avoir l’esprit occupĂ© (l’amour — d’un ĂŞtre, d’un idĂ©al ou de l’argent â€” Ă©tant une grande source d’occupation).
Le Net n’a d’importance que dans la mesure où il contribue à ces besoins vitaux en proposant une forme de communication mondiale nouvelle.
Il est vrai que, pour certains, Internet est un moyen de connaître, d’échanger et de se dire qui a beaucoup d’importance (je me range sans doute dans cette catégorie), que ce soit pour une activité professionnelle ou ludique.
Ben mince alors, qu’est-ce que je peux ĂŞtre sĂ©rieux, parfois !


2/ Pourriez-vous aimer indĂ©finiment quelqu’un qui ne vous aime pas de la mĂŞme façon ?

Non, bien sur que non !
L’Amour (notez la majuscule) ne peut être que réciproque, aussi me semble-t-il impossible d’aimer quelqu’un dont la force de l’amour serait différente de la mienne, surtout pour une durée indéfinie car l’éternité, c’est long (surtout vers la fin, comme dirait Woody Allen).

3/ Que s’est-il passĂ© la dernière fois que vous vous ĂŞtes senti(e) ridicule ?

Me sentir ridicule ?
Je ne sais pas, je ne me suis jamais senti ridicule, j’ai tant l’habitude de faire le clown (d’ailleurs, j’ai toujours un nez rouge dans mon sac).
Je suis peut-ĂŞtre un peu ennuyĂ© quand mon entourage ne comprend pas mes jeux de mots, trop tordus ou trop cultivĂ©s pour ĂŞtre saisis. Dans cette situation, j’embraie rapidement sur : « C’est l’histoire de deux putes... Â» et, assez curieusement, je capte Ă  nouveau l’attention...

4/ Pourriez-vous faire votre vie avec quelqu’un qui ne peut pas dormir sans peluche ?

Oui, Ă  la condition exclusive que la peluche en question, ce soit moi.
Mais non, je ne suis pas velu comme un ours !


5/ Ambassadeur(drice) auprès d’une dĂ©lĂ©gation d’extra-terrestres, vous devez leur expliquer ce qu’est la religion. Comment vous y prenez-vous ? Ne perdez pas de vue votre responsabilitĂ© de reprĂ©sentant !

Mmmmm... Ils sont payĂ©s par les RaĂ«liens pour faire ce questionnaire ?
Bon, si j’étais ambassadeur, j’offrirais aux extra-terrestres de bons chocolats, parce que, quand mĂŞme, faut savoir recevoir des invitĂ©s qui se sont tapĂ©s 7 annĂ©es-lumière pour arriver sur notre minable planète, et encore je ne compte pas les bouchons au niveau de la ceinture d’astĂ©roĂŻdes quand on ne prend pas le nouveau contournement des anneaux de Saturne.
Alors, comment expliquer les religions ? Je crois qu’en tant qu’ambassadeur, ce ne serait pas mon rĂ´le, je convierais plutĂ´t un comitĂ© Ĺ“cumĂ©nique composĂ© d’un ensemble de reprĂ©sentants des diffĂ©rentes religions de la Terre et ce serait Ă  eux d’expliquer les divers points de vue que nous, Terriens, avons sur une entitĂ© divine.


6/ Que vous inspirent les crimes passionnels ?

Que tout ce qui est merveilleux est aussi dangereux, que ce soit l’amour, le feu ou la technologie de l’atome.
Il n’y a rien de plus beau que l’amour mais lorsque ça se passe mal dans un couple, que l’un des deux ne voit plus dans le regard de l’autre son propre amour en miroir, cela se passe mal, et quelques fois — fort heureusement plutĂ´t rarement â€” très mal...


7/ Si vous aviez le pouvoir de ressusciter une seule personne, qui serait-ce ?

Euh... Il y a tant de personnes formidables disparues injustement trop tĂ´t.
Alors, si je pouvais faire ressusciter quelqu’un, en n’utilisant ce pouvoir qu’une seule fois, ce ne serait pas une personne mais un anonyme papillon à la vie éphémère, histoire qu’il connaisse tout simplement une nouvelle aube.


Mardi, le 24 décembre 2002
Ă€ visage dĂ©couvert (troisième !)
Ce soir, c’est NoĂ«l !
Passez donc de joyeuses fêtes, que vous soyez chrétiens et que Noël ait un sens (sacré) pour vous, ou que vous ne le soyez pas, et que cette fête soit quand même l’heureuse occasion de réjouissances en famille ou avec des amis.
Voici encore mes réponses à un questionnaire trouvé sur le Net.


1/ Faut-il interdire le porno Ă  la tĂ©lĂ© ?

Surtout pas. Peut-être être plus sélectif, proposer du porno plus "tendre", plus amoureux, des histoires d’amour (ou de galipettes) où les acteurs vont jusqu’au bout, une sorte de soft-hard, si cela pouvait exister.
Non, s’il devait y avoir une quelconque censure à la télévision, ce serait au niveau de la violence qu’il faudrait s’attaquer.
Aujourd’hui, un môme devant la télé voit un nombre hallucinant de meurtres à la télé par an (je n’ai plus les statistiques en tête, mais elles sont monstrueusement élevées).
Le porno ne passe normalement pas à des heures de grandes écoutes, alors que les films violents, si... (Oui, je sais, cela fait penser au vieux slogan "faites l’amour, pas la guerre".)
Mais bon, le mieux est encore de ne pas avoir de tĂ©lĂ©vision (ce qui est mon cas) : on est davantage sĂ©lectif dans ses choix visuels lorsque l’on paie le cinĂ©ma.


2/ Qu’est-ce que mentir pour la bonne cause ?

« Les voies de l’Enfer sont pavĂ©es de bonnes intentions. Â»
Je me méfie des "bonnes causes".
L’eugénisme, c’est mettre en place une politique de "bons" gènes.
Ça craint, non ?
Combien de personnes, soldats ou martyres, sont mortes pour des "bonnes causes" ?

Quant à "mentir", c’est donner sciemment à autrui des informations que l’on sait être fausses (que je distingue du fait de ne pas donner des informations, ou "pêcher par omission").
Moralement, "mentir", ce n’est pas "bien".
On peut à la rigueur mentir aux enfants pour les faire rêver, c’est pourquoi le prestidigitateur n’explique pas ses tours.
Mais le Père NoĂ«l ?
Les petits enfants, Ă©coutez ceci : le Père NoĂ«l n’existe pas. Ceci n’est qu’une arnaque commerciale pour aller faire ses courses chez Toy’s R Us.
Noël, c’est la fête de la Nativité du Christ pour les chrétiens.
Mais si vous ĂŞtes juifs ou musulmans, ou d’une autre religion, qu’importe, les petits enfants, il y a d’autres fĂŞtes !
Si vous êtes athées ou agnostiques, c’est dommage pour vous, mais vos parents ont décidé de ne pas vous faire croire en certaines choses. Alors "en vérité je vous le dis", le Père Noël, malgré ses origines religieuses, n’est qu’un VRP déguisé en vieux bonhomme à la barbe blanche et au costume rouge.


3/ Qui sont les plus en phase avec la rĂ©alitĂ© : les philosophes, les journalistes, les politiques, les scientifiques, les artistes ? Pourquoi ?

Ni les philosophes, dont le regard sur la réalité se fait bien souvent de trop haut, ni les journalistes, qui ont le nez dans une réalité "exceptionnelle", ni les politiques, trop loin de la réalité du peuple, ni les scientifiques, trop spécialistes d’une partie infime de la réalité, ni les artistes, qui transcendent la réalité par leur art.
La réalité est celle de monsieur Tout-le-monde, lorsque celui-ci abandonne sa casquette de philosophe, de journaliste, de politique, de scientifique ou d’artiste pour vivre en simple humain parmi les humains, pour s’attrister des malheurs quotidiens et sourire des petits bonheurs de la vie.


4/ Quelle est votre dĂ©finition du mot "ami" ?

Un ami, un vrai, est quelqu’un qui, où qu’il soit, pense à vous, donne des ses nouvelles régulièrement et surtout sait écouter quand on a besoin de lui parler.
Un ami, c’est quelqu’un de précieux, de rare, de merveilleux.


5/ Quelle diffĂ©rence faites-vous entre solidaritĂ© et charitĂ© ?

Pour moi, la solidarité est aider son frère humain parce que c’est un humain. La charité est plutôt associée à un devoir moral dans la culture judéo-chrétienne (le "devoir de charité" se retrouve aussi dans l’islam ou dans d’autres cultures).
J’aurais donc tendance à dire que la solidarité obéit à un geste "naturel", voire "animal", alors que la charité obéit davantage aux codes moraux, même si dans un cas comme dans l’autre, l’aide apportée peut venir autant d’un acte réfléchi que d’un sentiment spontané (qu’il soit de révolte ou de pitié).


6/ Si vous deviez avoir un [autre] enfant, comment l’appelleriez-vous ? Pourquoi ?

Je crois que je choisirai un prĂ©nom masculin pour un garçon et un prĂ©nom fĂ©minin pour une fille. Étonnant, non ?
Plus sérieusement, ce ne sera sans doute pas un prénom d’origine anglaise.
Un prénom que l’on trouve sur le calendrier.
Un prénom pour lequel celle qui a porté cet enfant et moi-même aurons eu un coup de cœur.
Mais pour l’instant, la question est loin d’être d’actualité.


7/ Vaut-il mieux tout savoir quitte Ă  ne plus croire en rien, ou bien en savoir moins pour en croire plus ?

« Bienheureux les simples d’esprit, le Royaume des Cieux est Ă  eux. Â»
Même si on sait tout (sur un sujet donné), on peut toujours croire en quelque chose. Ça s’appelle la foi, et ça n’a rien à voir avec le savoir.
Je suis scientifique, ma quête de la vérité sur un petit domaine de la réalité est quotidienne, mais cela ne m’empêche pas d’avoir des croyances religieuses.
Il faut vivre avec ses paradoxes.
Par contre, j’aurais bien du mal à refuser de connaître certaines choses simplement parce que cela risque de mettre en péril mon état de bonheur relatif.
Je suis prêt à tout savoir, même si ma foi en l’humanité risque d’en prendre en coup.
Adam et Eve ont bien été chassés du Paradis après avoir mangé du fruit de l’Arbre de la Connaissance, et je suis bien le fils de mon (arrière arrière arrière... grand-) père.


Mercredi, le 18 décembre 2002
Ă€ visage dĂ©couvert (deuxième !)
Il s’agit d’un autre questionnaire trouvé sur le Net...

1/ Est-ce que vous pourriez programmer votre rĂ©veille-matin en sĂ©lectionnant des minutes qui ne soient pas multiples de 5 ?

Bien entendu. Je me rĂ©veille Ă  5h03. Oui, je sais, je suis matinal. Mais je crois que j’ai fait avancer mon rĂ©veil de 5 minutes, histoire de pouvoir Ă©couter les premières infos, Ă  5 heures...


2/ Prendre sa douche, se lever, écouter les informations, déjeuner, s’habiller, se brosser les dents.
Classez chronologiquement ces activités selon votre propre organisation quotidienne.
Des activitĂ©s manquent ou sont en trop ?


Des activités manquent.
Réveil. Souvent une minute ou deux avant la sonnerie du réveille-matin.
Je mets les écouteurs de ma mini-radio aux oreilles. J’écoute le flash info. Puis je passe sur les radios musicales.
Je me lève (et je te bouscule, tu ne te... ah non, je suis tout seul en ce moment).
Salle de bain.
Frigo, jus d’orange (le plus cher, avec la pulpe, c’est ma seule dope, je ne fume pas, ne bois pas, ne prends ni thé ni café).
Quelques abdos, quelques pompes.
Jus d’orange (encore).
Brossage de dents avec chronomètre (3 minutes).
Rasage (avec le rasoir à la crème pour peau sensible).
Douche (j’enlève avant mes écouteurs).
SĂ©chage.
Habillage.
Je fais mon lit.
Je tire mes rideaux et j’ouvre mes fenêtres.
Je mets mes chaussures.
Je mets ma veste.
Je ferme mes fenĂŞtres.
Je m’en vais au boulot...


3/ Pourriez-vous ĂŞtre bĂ©nĂ©vole aux Restos du CĹ“ur pour distribuer des repas aux dĂ©munis ? Si oui, quel sens donneriez-vous Ă  cette dĂ©marche ?

Oui, bien sûr. Les Restos du Cœur ou autre chose. Je me rappelle qu’enfant, j’ai souvent donné de mon temps pour collecter de l’argent pour des œuvres caritatives.
Je crois qu’aujourd’hui, j’essaie d’agir au niveau social d’une autre manière, en ne m’attaquant plus vraiment aux conséquences de la pauvreté mais aux éléments qui en sont la cause. Il faut être très vigilant face aux décisions prises par les personnes qui ont le pouvoir.


4/ Vous brossez-vous les dents au moins deux fois par jour ? Si ce n’était pas le cas, le diriez-vous ?

Brossage de dents le matin et le soir. Et chewing-gum "dentifrice" à défaut pour midi.
Je tiens Ă  mes quenottes : je mords dans la vie !


5/ Vous arrive-t-il de griffonner quelque chose lorsque vous ĂŞtes au tĂ©lĂ©phone ? Si oui, de quoi s’agit-il la plupart du temps (dessin, signature...) ?

Non, jamais. Je prends juste des notes, si la discussion téléphonique l’impose.
Le seule chose que je fais, quand je m’ennuie (autrefois dans un cours, ou aujourd’hui quand une réunion s’éternise), est de dessiner des personnages, souvent des filles aux jolis yeux.


6/ Est-ce que vous avez encore peur aujourd’hui de ce qui vous effrayait, enfant ?

Je n’ai pas le souvenir que quelque chose m’ait fait peur, enfant.
Ce n’est qu’aujourd’hui que je suis effrayé par les capacités de l’humanité à être aussi bien à l’origine du meilleur que du pire...


7/ Quelle est la dernière chose qui vous a scandalisĂ© ?

Le premier tour des élections présidentielles françaises, le 21 avril 2002.
Je ne pensais pas que mes concitoyens étaient à ce point capables de se laisser avoir par l’idée que la source de leurs problèmes, c’est l’Autre.


Vendredi, le 6 décembre 2002
Ah, Vishnu la paix...
Aujourd’hui, c’est la Saint Nicolas !
Ah... Et alors ?
Saint Nicolas, c’est le personnage qui est devenu le "Père NoĂ«l" !
Ouvrez les yeux, Noël est proche. D’ailleurs regardez les magasins, ils arrangent leurs vitrines...
Et le Père NoĂ«l serait Saint Nicolas ?
Oui, dans les pays anglophones, le Père NoĂ«l est appelĂ© "Santa Claus", c’est le bonhomme obèse et sympathique vĂŞtu de rouge. Un mot de la rĂ©cupĂ©ration de cette image du folklore chrĂ©tien : le rouge et le blanc du costume du Père NoĂ«l actuel n’est qu’une vaste arnaque publicitaire destinĂ©e Ă  mettre en valeur un soda amĂ©ricain...
Un grand nombre de lĂ©gendes abondent sur Saint Nicolas mais ce personnage aurait rĂ©ellement existĂ© au IVe siècle en Lycie (aujourd’hui en Turquie) oĂą il aurait occupĂ© la fonction d’évĂŞque.
En Grèce, Saint Nicolas est le patron des marins.
Dans ma région natale, Saint Nicolas est le patron des écoliers. Je me souviens qu’enfant, mon gros cartable sur le dos, je recevais en ce jour une brioche en forme de bonhomme avec du chocolat.
Mais bon, je ne vais pas ĂŞtre nostalgique : Ă  dĂ©faut de brioche, ce matin, un collègue algĂ©rien doit apporter des pâtisseries orientales rĂ©alisĂ©es Ă  l’occasion de la fin du ramadan.
Ah, si seulement les différentes religions pouvaient se limiter à de simples échanges gastronomiques...


Jeudi, le 5 décembre 2002
Havvy Topper !
En rentrant chez moi, hier soir, j’ai croisé plein d’enfants qui sortaient du cinéma. Ils venaient de voir Harry Potter et la chambre des secrets de Chris Columbus (d’après les romans de Joanne Kathleen Rowling).
J’entendaient nos chères petites têtes blondes (et brunes, et rousses, et châtain, et...) se raconter les uns aux autres les passages qui les avaient le plus marqué. La magie du film, dont s’étaient abreuvés leurs yeux émerveillés, jaillissait de leurs voix, irradiant aux alentours quelques instants de bonheur fugace...
Décidément, les enfants sont les meilleurs critiques du monde. Lorsque viennent les années, hélas, il est de bon ton de bouder son plaisir en achevant toute œuvre sensible et touchante par une opinion assassine.


Dimanche, le 1er décembre 2002
Ah, Vinatier, tes portes sont ouvertes sur une autre dimension spatio-temporelle...

Hier après-midi, j’étais au laboratoire (oui, c’était samedi, mais j’avais un article scientifique à terminer) et il m’est arrivé quelque chose de bien singulier alors que je rentrais chez moi par les transports en commun.

À un moment, un homme est entré dans le tramway et s’est assis à côté de moi. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire. Mais très vite, j’ai remarqué une odeur bizarre, proche du fromage trop fait, et je me suis rendu compte que mon voisin en était l’auteur. Faisant un effort pour ignorer les messages envoyés par mes cellules sensorielles olfactives, j’ai replongé dans la lecture d’Ulysse de James Joyces.

Un instant plus tard, les haut-parleurs du tramway ont annoncĂ© que pour les 7 et 8 dĂ©cembre, Ă  l’occasion de la FĂŞte des Lumières (la grande fĂŞte lyonnaise), le rĂ©seau des TCL proposeront des conditions de circulation plus avantageuses : plus de mĂ©tros, fonctionnant plus longtemps, et tickets Ă  durĂ©e de validitĂ© Ă©tendue. Suite Ă  cette annonce, mon odorifĂ©rant voisin m’a demandĂ© si demain nous serions le premier. Un coup d’œil sur ma montre pour voir le nombre "30" et je me suis tournĂ© vers lui pour lui confirmer que demain serait effectivement le premier du mois.

Et mon voisin, complètement perdu, m’a encore interrogĂ© :

« 2002 ou 2003 ? Â»

Surpris, j’ai rĂ©pondu :

« 2002 ! Le 1er dĂ©cembre 2002 ! Â»

Le monsieur m’a remercié, m’a souhaité poliment une bonne journée et est descendu du tram à la station suivante.

J’étais stupĂ©fait. Comment pouvait-on ignorer l’annĂ©e dans laquelle on se trouvait ? De quelle planète venait-il de dĂ©barquer ? De quel monde parallèle ? De quelle dimension temporelle ?

Je vivais la nuit de la science-fiction avant l’heure !

Me remémorant cette anecdote alors que je poursuivais ma route vers la station de métro, un début d’explication m’est apparu. Je me suis rappelé que ce bonhomme était monté dans le tram à l’arrêt "Vinatier". Peut-être que ce malheureux venait tout simplement de sortir du grand hôpital psychiatrique lyonnais...




Jeudi, le 28 novembre 2002
Ah, vivement l’hiver !
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La saison des batailles de boules de neige vient de dĂ©buter et je vous ai eu le premier !

À côté de chez moi, sur les pavés de la Rue de la Ré’ (la grande rue piétonne de Lyon), de jolis sapins, sculptures de glace et petits chalets montagnards ont poussé.
Cette magie urbaine s’explique par l’arrivĂ©e de l’hiver : il ne s’agit que d’un dĂ©cor publicitaire vantant les mĂ©rites des stations alpines voisines.

Ah, la neige...

Lorsque les montagnes se parent de blanc, je retombe en enfance et j’attends avec impatience le week-end pour pouvoir chausser mes skis.
La neige est, pour moi, associée à la féerie de Noël et à ces vacances trop courtes pour profiter des nouveaux jouets et terminer l’igloo dans le jardin.
Mais cette neige, j’ai l’impression qu’elle se fait toujours plus rare. Pour nous, citadins, c’est sans doute préférable car bien trop souvent, elle est cause d’accidents divers et finit par se transformer en une écœurante boue grise.
Si nous voulons de la neige, il suffit de la chercher auprès des hauteurs voisines. En enfants inconscients, nous pouvons ainsi oublier que nous sommes plus ou moins directement les malheureux auteurs du dérèglement climatique...


Mercredi, le 20 novembre 2002
Ah, vies d’anonymes dont je vole de précieux morceaux
J’adore les transports en commun. En particulier le métro (point de sonnerie de téléphone portable ou de grossier personnage s’isolant dans son monde à l’autre bout du non-fil tel un autiste).
Mais pas seulement pour prendre le temps de lire (j’ai toujours un livre dans les transports). J’aime surtout voir et écouter les gens. Exemples de ces moments plaisants et légers volés au hasard.

Deux jolies filles, l’une en face de l’autre (et réciproquement).

« Il est très chouette, ton sac. Et pratique, avec cette poche, devant, tu peux mettre des lunettes.

— Ouais. D’ailleurs, va falloir que je voie mon ocu... (elle hĂ©site) mon opticien.

— J’sais pas si tu as vu, mais il y a des montures gĂ©niales Ă  la Part-Dieu [Note : centre commercial jouxtant la gare lyonnaise du mĂŞme nom]. De grands couturiers... (Elle cherche des noms.)

— Ah ouais ?

— Ouais, et les branches, elles sont incassables, tu peux faire un tour complet, tu peux les tordre Ă  cent... (Elle rĂ©flĂ©chit.) Ă€ 380 degrĂ©s. Â»

Bon, vous conviendrez qu’il n’y a pas Ă©crit AΓEΩMETPHTOΣ MHΔEIΣ EIΣITΩ sur le fronton des bouches de mĂ©tro : ce n’est pas l’AcadĂ©mie. Pourtant, il suffit d’un rien et ces quelques vingt degrĂ©s (ou de force) excessifs m’ont fait sourire...
Un autre exemple, cette fois en croisant deux demoiselles par un frais matin, Ă  la sortie du mĂ©tro. L’une d’elle porte une grosse veste et une jupe vraiment très courte. Elle dit Ă  sa copine :

« ...Mais tu sais, moi, je n’ai pas froid en bas, juste en haut. Â»

Effectivement. Et ce n’est pas pour nous déplaire...

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De tout ce qui a trait à l’art culinaire. Recettes de cuisine. Bonnes tables. Grandes bouffes.
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>>> Regards sur le monde
Impressions et réflexions sur notre société.
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>>> Science–fiction
De tout ce qui a trait au genre artistique qui incorpore dans son imaginaire des réflexions scientifiques (plus ou moins poussées). Par excès, si on considère que les mythes et la magie peuvent tenir lieu de science, peut englober le genre fantasy.
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>>> Sculptures / Arts plastiques
Taille de pierres ou modelage, mais aussi peinture, architecture, etc. Expositions. Vernissages. Musées.
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>>> Textes de fiction
Productions littéraires personnelles, de la short short story à la nouvelle.
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>>> Tranches de vie
Impressions à la première personne.
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>>> Travaux d’écriture
Au sujet de l’art d’écrire, que ce soit sous forme romanesque, documentaire ou émotionnelle. Travaux personnels d’écriture en cours. Réflexions d’amis auteurs.
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>>> Vie professionnelle
Au sujet de mon travail d’enseignant-chercheur.
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